LA FAMILLE LAQUERRE Une implication sociale s`étant

Transcription

LA FAMILLE LAQUERRE Une implication sociale s`étant
LA FAMILLE LAQUERRE
Une implication sociale s’étant échelonnée pendant sept décennies
J.Émile Laquerre naquit à Fortierville le 16 décembre 1890.
Dans la jeune vingtaine, il rêvait de s’établir, de prendre femme et d’avoir des
enfants. Il voulait offrir à sa future famille une certaine aisance qu’il n’avait pas
connue sur la terre de son père, dans le rang de la Déchirure de Ste-Philomène de
Fortierville.
Afin d’actualiser ses rêves, il travailla quelques hivers dans les forêts du Vermont
pour y amasser quelques sous. Ce capital, il voulut l’investir dans un magasin. Un
cousin, Georges Bernard, vivant à St-Édouard, serait-il celui qui a influencé Émile à
choisir le village de St-Édouard pour ouvrir ce magasin? Cette hypothèse devient
très plausible quand on y ajoute l’information suivante : M. Bernard était marié à
Ernestine Trébert-Rhéaume, sœur d’Anne-Marie qui devint l’épouse d’Émile!
Vers les années 1912-15, Émile trouva, près de l’église de St-Édouard, un endroit à
louer qui allait lui servir de local pour réaliser son objectif. Il trouva chambre et
pension chez M. Uldéric Rhéaume qui demeurait avec sa dame, Mme Mary Laliberté
et leur fille Anne-Marie. Celle-ci étudiait chez les Ursulines de Québec, afin de
devenir maitresse d’école. Ses études terminées, elle enseigna au couvent de StÉdouard pendant les années scolaires de 1914 et de 1915. Généreuse, elle fit
profiter de ses compétences à ce jeune nouvel et séduisant entrepreneur, en
l’aidant à balancer les comptes de son magasin… Il lui laissa volontiers les additions
et les calculs… lui qui avait quitté l’école tôt.
Les affaires commerciales tout comme celles de cœur progressèrent si bien, qu’il
épousa Anne-Marie le 15 mai 1916. Comme c’était la consigne à l’époque, elle dut
quitter l’enseignement en prenant mari.
Au grand bonheur de tous, le jeune couple continua d’habiter chez les nouveaux
beaux-parents.
Une décision à la fois économique et familiale. Ils y restèrent
pendant six ans et y eurent quatre enfants. Anne-Marie partageait son temps entre
ses enfants et le support donné à son époux Émile pour son magasin.
1
Émile voulait que son commerce progresse davantage, il souhaitait avoir un
emplacement bien en vue, il n’hésita donc pas à acheter un nouveau local, au centre
du village, aux 4 chemins. Il convertit le deuxième étage en logis familial et y
emménagea avec sa femme et leurs enfants nés à cette époque.
Mme Rhéaume eut beaucoup de peine de les voir ainsi partir; elle se consola en
accueillant ses petits-enfants dans sa cour qui leur servait alors de terrain de jeux.
Le magasin prit de l’expansion; Émile savait que pour attirer la clientèle il devait
répondre aux besoins des consommateurs de St-Édouard. Les marchandises étaient
réparties en 3 sections.
Il y avait le côté des hommes, celui des femmes et
l’épicerie, sans oublier, à l’extérieur, les pompes à essence. Le côté des hommes
contenait des clous qui étaient vendus à la pesée et bien d’autres choses utiles aux
fermiers; celui des femmes était composé de tissu à la verge, de sous-vêtements,
de souliers, etc. Tout était livré dans des sacs de papier, surtout des vieux
journaux de « L’Action catholique », attachés avec de la corde. Du côté de
l’épicerie, tout y était vendu en vrac, dans un emballage fort artisanal… ils avaient
déjà compris à cette époque que le vrac était économique! Le beurre d’arachides et
la mélasse étaient vendus dans des pots de conserve apportés par les clients euxmêmes. On était alors bien loin des sacs sophistiqués offerts dans les boutiques
d’aujourd’hui. Et les prix étaient aussi différents, les bonbons « lune de miel » se
vendaient 5 pour 1 cent.
Le magasin ouvrait à 7.30 heures le matin, parfois huit heures en hiver. Le soir,
c’est au dernier client à qui revenait la décision de l’heure de fermeture, parfois le
dernier pouvait partir vers 22.30 heures.
Les couples qui demeuraient plus loin venaient faire leurs emplettes ensemble. Une
fois leurs achats terminés, le magasin servait de lieu de rencontres, le mari d’un
côté, la femme de l’autre. Madame Laquerre, qui était plutôt corpulente et pas très
grande, à la fin de la veillée, s’assoyait sur son banc rond élevé, pour reposer ses
jambes et être confortable. Sa capacité à écouter sans jugement faisait d’elle une
précieuse confidente pour les clientes; elle a ainsi consacré plusieurs heures à
l’épouse qui cherchait conseil et encouragement comme au petit enfant présentant
des difficultés scolaires qu’elle savait si bien récompenser. Lorsque l’un d’eux lui
2
montrait un bulletin qui prouvait des améliorations, elle lui donnait une image. AnneMarie a été à sa manière, la pionnière du service social alors inexistant.
La famille
continua
de s’agrandir.
Émile et Anne-Marie Laquerre eurent dix
enfants; neuf filles et un garçon. L’aide précieuse de madame Emma Lemay permit
à madame Laquerre de continuer à donner de son temps au magasin. Madame Emma
Lemay s’est investie pendant dix-huit ans auprès des enfants et l’entretien de la
maison; elle faisait partie de la famille.
Au début des années 30, M. Laquerre décida d’acheter une maison située à quelques
coins de rue du magasin; un achat qui ne manqua pas de faire parler les gens quand
il annonça que cette maison, il l’a voulait annexée au magasin et que pour ce faire il
lui fallait la déménager….tout un exploit quand on pense aux moyens dont ils
disposaient à l’époque…80 ans plus tard, cette maison qu’on imaginait s’effondrer en
la déménageant résiste toujours au temps!
Elle a connu plusieurs couches de
peinture,
elle
de
nouveaux revêtements
mais
est toujours
là en 2013.
Malheureusement, le pommier de pommes blanches au pied de l’escalier n’y est plus!
Émile Laquerre s’est impliqué socialement en occupant le poste de maire de StÉdouard de 1939 à 1941. Il fut aussi organisateur politique engagé.
Homme d’affaires passionné, il investit dans des domaines différents comme par
exemple ce commerce de bois à la rivière du Chêne.
Ce projet le conduisit, au
début des années quarante, à acheter un autre commerce de bois en Abitibi, région
alors en plein développement. Son unique fils, Yvon était de cette expédition. Cette
aventure se prolongea pour son garçon qui trouva épouse à Rouyn- Noranda. Il y
fonda famille avec cette dernière et eurent six enfants. Yvon et son épouse
Victoria vinrent s’établir à St-Édouard de 1966 à 1970. A l’exception de leur aîné,
tous leurs enfants ont fréquenté l’école de St-Édouard et bénéficié des activités
de loisirs développées pour les jeunes de cet âge. Leur fille Carole a été monitrice
de terrain de jeux et duchesse du Carnaval de St-Édouard en 1969.
Revenons à Émile…À cause de ses nouvelles obligations, Émile disposait de moins en
moins de temps pour son magasin. Heureusement, son épouse Anne-Marie, épaulée
par deux de ses filles, Fernande et Gisèle, pouvait continuer son œuvre. Une équipe
d’employés fidèles a supporté la famille Laquerre pendant de nombreuses années.
3
Monsieur Léger Allaire apporta une contribution exceptionnelle à l’ambiance qui
régna dans le département de la quincaillerie. Il demeura à l’emploi du magasin
général jusqu’à sa retraite. Léger, ayant étudié au couvent de St-Édouard, aimait
dire que madame Laquerre avait été sa maitresse… d’école naturellement. D’autres
vendeurs assistèrent la famille en travaillant au magasin, quelques noms viennent à
ma mémoire, tels que, M. Antonio Laliberté, M. Marc-Émile Jacques et M.Robert
Blais. Le fils de ce dernier, René, fait maintenant partie de la famille Laquerre, en
épousant Carole, la fille d’Yvon.
Il ne faut pas oublier l’apport important d’un autre membre de la famille, Marcelle,
qui s’occupait de la maison. Entre autre, elle cuisinait de délicieux gâteaux
renversés aux ananas, et des gâteaux aux cerises et aux noix. Ces desserts étaient
appréciés autant par la famille que par les visiteurs. Des visiteurs, il y en eu…la
parenté, les amis des enfants, les gens d’affaires etc…
Après le décès des parents, à la fin des années 60, le magasin continua ses
opérations, avec Fernande, Gisèle et les employés, jusqu’à la vente du commerce en
1975. Le départ des trois sœurs pour aller s’établir à Québec, marqua la fin de la
présence de la famille Laquerre à St-Édouard.
Quant aux autres filles Laquerre, Clémence, l’ainée fut infirmière à Québec.
Deux de ses sœurs suivirent ses traces dans cette profession. Brigitte pratiqua à
Montréal. Et Laurence, la cadette après ses études à Québec, déménagea à Ottawa.
Françoise devint bibliothécaire et demeura à Québec avec l’ainée. Solange après
quelques années à la maison, s’établit à Montréal avec son mari.
Pendant 80 ans, soit entre 1895 (année de la naissance d’Anne-Marie TrébertRhéaume) et 1975(année de la vente du magasin) la famille Laquerre a développé un
attachement important à l’égard de la communauté de St-Édouard. Au fil des
années, accueillis dans la maison familiale, les enfants et petits-enfants d’Émile et
d’Anne-Marie ont pu y construire de magnifiques souvenirs. Plusieurs membres de
la famille, décédés, reposent dans le cimetière de St-Édouard. Deux filles vivent
toujours, Françoise et Laurence.
4
Deux garçons de la famille ont reçu le prénom d’Émile, le petit-fils de Laurence et
l’arrière-petit-fils d’Yvon.
Un choix fait par leurs parents pour la beauté du
prénom, certes! Et pour les membres de la famille, c’est un clin d’œil à l’aïeul!
Peu importe le nom de famille que portent aujourd’hui les descendants d’Émile et
d’Anne-Marie, ils sont fiers d’appartenir à cette famille dont les membres ont joué
un rôle social de valeur au sein de cette municipalité.
5
J. Émile Laquerre :
16 décembre 1890, à Fortierville, décédé le 1968 à StÉdouard
Anne-Marie Rhéaume
4 mars 1895, à St-Édouard, décédée le 1966 à StÉdouard
20 septembre 1917 à St-Édouard, décédée le 28 janvier
2010 à Québec
1er octobre 1918 à St-Édouard, décédée le 3 décembre
2003 à Québec
23 février 1920 à St-Édouard, décédée le 24 avril 1999
Clémence Laquerre :
Fernande Laquerre
Gisèle Laquerre
Françoise Laquerre :
Brigitte Laquerre :
Yvon Laquerre :
Solange Laquerre :
Marcelle Laquerre :
Adèle Laquerre :
Laurence Laquerre :
à St-Édouard,
13 février 1923 à St-Édouard, mariée à Fernand Larivière
le 14 août 1976, décédée à Montréal le 27 mai 2012
22 janvier 1925 à St-Édouard, marié à Victoria Giroux, le
24 avril 1947, décédé le 8 juillet 2000 à Québec
2 mars 1926, mariée à Léopold Michaud en juillet 1954,
décédée le 4 mai 1992
1er avril 1927, décédée le 6 septembre 1994 à St-Édouard
1930-1932 à St-Édouard
à St-Édouard, mariée à Gérald Pilon, le 10 octobre 1959 à
St-Édouard
6

Documents pareils