Le timide soutien de la France aux chrétiens d`Orient

Transcription

Le timide soutien de la France aux chrétiens d`Orient
2,20 €
lundi 28 mars 2016 LE FIGARO - N° 22 279 - www.lefigaro.fr - France métropolitaine uniquement
Première édition
lefigaro.fr
« Sans la liberté de blâmer, il n’est point d’éloge flatteur » Beaumarchais
AUTISME
L’IMPORTANT RETARD DE NOTRE
PAYS DANS LA PRISE EN CHARGE
DES JEUNES HANDICAPÉS PAGE 7
Alain Decaux, l’homme
qui a fait aimer l’histoire
aux Français
CHASSEURS
Opération
séduction
de la droite
et de la gauche
pour 2017 PAGE 4
ÉTATS-UNIS
Sanders talonne
Clinton aux
primaires
démocrates PAGE 5
ATTENTATS
Quatre nouveaux
complices arrêtés
TIBÉHIRINE
L’enquête sur
la mort des moines
français patine PAGE 6
IRAN
LITTÉRATURE
Mort de l’écrivain
américain Jim
Harrison PAGE 30
n
n
PAGES 14 À 17
@
FIGARO OUI
FIGARO NON
Réponses à la question
de samedi :
Faut-il rétablir les
contrôles systématiques à
la frontière entre la France
et la Belgique ?
OUI
85 %
NON
15 %
TOTAL DE VOTANTS : 47 450
M 00108 - 328 - F: 2,20 E
3’:HIKKLA=]UWWUX:?a@d@m@s@a";
Votez aujourd’hui
sur lefigaro.fr
Selon vous, la France
aide-t-elle suffisamment
les chrétiens d’Orient ?
BURGER/PHANIE - MAHER AL
MOUNES/AFP
è LA RESTAURATION
DU TOMBEAU DU CHRIST
VA COMMENCER
è LES RENAISSANCES
DU MONASTÈRE SAINTGEORGES DANS LE SINAÏ
è UN REPAS PASCAL
ENTRE JOIE ET AMERTUME
À ERBIL
PAGES 2, 3 ET L’ÉDITORIAL
Conteur inégalé, l’académicien et écrivain, qui avait
transmis son goût de l’histoire notamment par ses
célèbres émissions radiotélévisées, est mort dimanche
à l’âge de 90 ans. Ancien ministre de la Francophonie,
Alain Decaux se passionnait tout autant pour la littérature
et le théâtre. PAGE 24
L’armée de Bachar el-Assad,
appuyée par l’aviation russe
et des combattants du Hezbollah libanais, a repris dimanche la ville aux mains de
Daech depuis mai 2015.
Outre la victoire symbolique,
les forces syriennes ont regagné le contrôle de la route du
désert et fragilisé la réputation d’invincibilité de l’État
islamique, qui aurait perdu
près de 400 combattants
dans cette bataille. PAGE 5
ÉDITORIAL par Étienne de Montety [email protected]
L
Dilemme
e printemps 2016 ressemble une
nouvelle fois à un chemin de croix
pour les milliers de réfugiés chrétiens d’Erbil chassés de leurs maisons, depuis la chute de Mossoul en
juin 2014. Le monde se désintéresse d’eux. La
reprise de Palmyre et de ses joyaux archéologiques attire pour l’heure les projecteurs de
l’opinion internationale.
La récente qualification par le département
d’État américain de « génocide » pour désigner le sort qui leur est fait ne change guère
leur situation au quotidien. En revanche, la
politique de l’administration française à leur
égard a des conséquences directes. Celle-ci
n’accorde des visas aux candidats à l’exil
qu’avec parcimonie : moins de cent aujourd’hui, contre trois cents il y a un an. Les chrétiens d’Irak font dramatiquement les frais de
la situation en France : crise des migrants,
terrorisme, etc. Et les liens historiques et spirituels séculaires unissant les Chaldéens à la
France ne leur valent aucune situation de faveur.
Lors de leur récente assemblée de Lourdes,
les évêques ont dénoncé cette attitude et lancé un appel : des dizaines d’associations catholiques, des diocèses et des paroisses sont
prêts à accueillir durablement les réfugiés
d’Erbil et à les prendre en charge. Qu’attend
la France ?
Reste que leur situation ressemble à un dilemme. On voudrait leur ouvrir les portes au
nom de l’élémentaire assistance à personne
en danger. Mais leur exode en Europe, probablement définitif, parachèverait ce que l’État
islamique a commencé : chasser de la plaine
de Ninive la commuLes chrétiens nauté assyro-chaldéenne, effacer le sid’Irak font
gne de Jonas (les trois
les frais
jours passés dans la
baleine par le prode la crise
- dont le tomdes migrants phète
beau est à Mossoul préfigurent pour les chrétiens la résurrection
du Christ) dans cette région d’Orient.
Une lueur ? La récente offensive lancée sur
Mossoul, devenu un des deux grands fiefs de
l’État islamique, par l’armée irakienne et ses
alliés. Si elle débouchait sur une victoire dans
les mois à venir, cela permettrait (peut-être)
aux chrétiens de rentrer chez eux. Mais quand
et dans quel état ?
À Mossoul, « la mère des deux printemps »,
les bourgeons tardent à éclore. ■
AND : 2,40 € - BEL : 2,20 € - CH : 3,50 FS - CAN : 4,75 $C - D : 2,70 € - A : 3,20 € - ESP : 2,50 € - Canaries : 2,60 € - GB : 2 £ - GR : 2,80 € - DOM : 2,50 € - ITA : 2,60 €
LUX : 2,20 € - NL : 2,70 € - PORT.CONT : 2,50 € - MAR : 18 DH - TUN : 3,50 DT - ZONE CFA : 2.000 CFA
ISSN 0182.5852
Franck Sabet
la référence
en Tapis d’Art et de Création
GALERIE FRANCK SABET
Centre Français des Tapis
217 rue du Faubourg Saint-Honoré
75008 Paris
[email protected]
Parking avenue Hoche
Métro Ternes - Bus 31,43,93
Du lundi au Samedi de 11h00
à 19h00 ou sur rendez-vous :
tél. 01 45 61 12 95
A
n
se en effet des conditions draconiennes, qui ne semblent
pas exigées pour les autres demandeurs, ce qui expliquerait
la chute de 72 % du nombre de
visas délivrés aux Irakiens issus de minorités religieuses
entre 2014 et début 2016. Le
gouvernement dit vouloir
« trouver des solutions ».
La chute de Palmyre,
nouveau revers pour l’État
islamique
ULF ANDERSEN/GAMMA
CHAMPS LIBRES
n
PAGES 9 À 12
Le timide soutien
de la France
aux chrétiens
d’Orient
Inquiète de voir les visas accordés au compte-gouttes aux
chrétiens d’Orient, l’Assemblée des évêques de France a
lancé un appel, le 18 mars,
pour que « les autorités françaises et internationales ne relâchent pas leurs efforts pour aider
les minorités vulnérables ». Le
ministère de l’Intérieur impo-
Un marché
toujours difficile
à reconquérir PAGE 20
n
LA LISTE COMPLÈTE
DE LA PROMOTION DE PÂQUES
Paris a nettement restreint le nombre de visas accordés
aux familles appartenant aux minorités religieuses
irakiennes. Une politique contraire aux engagements
affichés par le ministère de l’Intérieur français.
PAGE 6
Beyrouth :
la guerre entre
au musée
Le
désengagement
américain
change-t-il la
face du monde ?
Les tribunes
de Claude
Obadia
et de François
Béharel
La chronique
de Nicolas
Baverez
L’analyse
de Jean-Julien
Ezvan
LÉGION D’HONNEUR
lundi 28 mars 2016 LE FIGARO
2
L'ÉVÉNEMENT
Moins de visas pour les chré
Les conditions d’obtention sont devenues draconiennes pour les familles des
JEAN-MARIE GUÉNOIS £@jmguenois
L’APPEL
DU PAPE
Dans son message pascal,
le pape François a choisi,
sans doute pour ne pas jeter
de l’huile sur le feu, de ne pas
évoquer explicitement
la situation des chrétiens
opprimés de Terre sainte par
les réseaux de Daech. Un cri
que François a poussé vendredi
soir, lors du chemin de croix
au Colisée de Rome.
Sa méditation du vendredi saint
restera ainsi comme un texte
fort du pontificat. Chaque
phrase commençait par ces
mots : « Ô Croix du Christ ».
Sans nommer les chrétiens
persécutés, il les a évoqués
implicitement à deux reprises :
« Ô Croix du Christ, nous
te voyons encore aujourd’hui
dressée en nos sœurs et nos
frères tués, brûlés vifs, égorgés
et décapités avec des épées
barbares et dans le silence
lâche. » Puis : « Ô Croix
du Christ, nous te voyons
encore aujourd’hui
dans les fondamentalismes et
dans le terrorisme des adeptes
de certaines religions
qui profanent le nom de Dieu
et l’utilisent pour justifier
leurs violences inouïes. »
En revanche, dimanche, lors du
message urbi et orbi, à la loggia
de la basilique Saint-Pierre,
François a surtout insisté
sur « la Syrie bien aimée », un
« pays déchiqueté par un long
conflit, avec son triste cortège
de destructions, de mort, de
mépris du droit humanitaire
et de décomposition
de la cohabitation civile ». Il a
alors « confié à la puissance
du Seigneur ressuscité
les discussions en cours »
pour que des « fruits de paix »
arrivent en vue d’une « société
fraternelle, respectueuse
de la dignité et des droits
de tout citoyen ». Il a ensuite
énuméré une longue série de
crises internationales, dont
l’Irak, le Yémen et la Libye, et
les attentats récents - une
« forme aveugle et atroce de
violence ». Sans oublier la « file
toujours plus nombreuse de
migrants et de réfugiés fuyant
la guerre, la faim, la pauvreté et
l’injustice sociale. » « Ces frères
et sœurs rencontrent trop
souvent (..) un refus de ceux qui
pourraient leur offrir un accueil
et de l’aide », a-t-il asséné.
J.-M. G.
3 250
Irakiens
A
ont été accueillis
depuis septembre 2014
en France
LES FAMILLES des minorités religieuses
d’Irak - chrétiennes ou yazidies - qui
souhaitent venir en France ne le peuvent plus, faute de visas, qu’elles n’obtiennent
qu’au
compte-gouttes,
contrairement aux engagements pris
par la France. D’où l’appel collectif,
lancé le 18 mars, par l’Assemblée des
évêques de France, réunie à Lourdes :
« Nous manifestons notre vive inquiétude
face aux lenteurs et aux difficultés d’obtention de visas pour la France pour les
réfugiés et les déplacés à Erbil en Irak.
Aux autorités publiques françaises et
internationales, nous demandons de ne
pas relâcher leurs efforts pour aider les
minorités vulnérables, comme les yazidis
et les chrétiens. »
Renouvelant à cette occasion leur
solidarité avec « les familles brisés, les
enfants déscolarisés », en particulier
avec les « chrétiens chassés de Mossoul
et de la plaine de Ninive en Irak », les
évêques ont également annoncé un
voyage prochain « au Kurdistan » de
Mgr Pontier, président de la conférence
épiscopale « pour signifier concrètement
le soutien de l’Église de France à nos
frères d’Orient ».
Si 3 250 Irakiens - originaires de
toutes les minorités religieuses - ont en
effet été accueillis depuis septembre
2014 en France, le flux s’est fortement
tari ces derniers mois. Un chiffre circule dans les associations : entre janvier-février 2015 et janvier-février
2016, le nombre de visas accordés par la
France serait passé de 300 à 84. Soit une
chute du flux de 72 %, alors que la
demande, côté irakien, continue de
croître.
Plusieurs raisons peuvent expliquer
ce frein : le consulat général de Badgad
et celui d’Erbil au Kurdistan irakien
connaissent un engorgement administratif. Autre explication : « Pour des raisons politiques, les autorités de l’État
n’ont pas actuellement envie d’ouvrir les
frontières », explique Jean Fontanieu,
secrétaire général de la Fédération
d’entraide protestante de France. Ce
responsable des œuvres sociales et caritatives protestantes estime que « plusieurs centaines de demandes de visas en
provenance d’Irak sont en attente et
n’aboutissent pas ». Une situation
d’autant plus regrettable à ses yeux que
« des centaines de logements les attendent ». Ils sont proposés par des personnes privées, dont certains sont allés
jusqu’à « louer des appartements pour
les proposer à des réfugiés ».
Le « compte-gouttes » des admissions
est confirmé par Patrick Karam, fondateur de la Coordination Chrétiens
“
Pour des raisons
politiques, les autorités
de l’État n’ont pas
actuellement envie d’ouvrir
les frontières
”
JEAN FONTANIEU, SECRÉTAIRE GÉNÉRAL
DE LA FÉDÉRATION D’ENTRAIDE PROTESTANTE
DE FRANCE
d’Orient en danger (Chredo). Même s’il
reconnaît que « l’intégration des chrétiens d’orient reste compliquée » pour des
raisons essentiellement culturelles, il
L’inexorable exode des chrétiens d’Orient
250 km
Mer Noire
Mer
80
M er
Caspien n e
TURQUIE*
Ég ée
2 040
850
Erbil
1 750
1 500
M er M éd i ter ra née
Kurdistan autonome irakien
SYRIE
LIBAN
IRAK
680
210
710
400 à 600
ISRAËL ET PALESTINE
Jérusalem
SINAÏ
400
350
IRAN
250 à 770
135
JORDANIE
G olfe
Persiqu e
Tor
ÉGYPTE*
ÉVOLUTION DE LA POPULATION
CHRÉTIENNE AU PROCHE-ORIENT,
8 000 à 10 000
Mer
estimations en milliers
2015
2008-2009
*absence d’évolution significative
CORRESPONDANT À JÉRUSALEM
LES PRINCIPALES Églises chrétiennes de
Terre sainte, souvent moquées pour leur
incapacité à s’entendre, semblent avoir
décidé de faire mentir cette réputation.
Réunies début mars à Athènes pour évoquer l’état de délabrement avancé du
tombeau du Christ, elles sont tombées
d’accord pour en autoriser la restauration
immédiate. L’édicule de marbre aménagé
au cœur de la basilique du Saint-Sépulcre,
à Jérusalem, présente en effet d’inquiétants signes de fragilité. Les travaux, qui
débuteront aussitôt après les célébrations
de Pâques et devraient s’achever huit
mois plus tard, seront cofinancés par les
Églises grecques orthodoxes, latine et
arménienne apostolique, ainsi que par le
gouvernement d’Athènes et un certain
nombre de donateurs privés.
Selon la Custodie franciscaine de Terre
sainte, qui a dévoilé le détail du projet, la
décision d’agir a été prise sur la base de
travaux réalisés il y a peu par une équipe
de scientifiques grecs. Ceux-ci démontrent que les défauts structurels de l’édifice, connus de longue date, sont inexorablement accentués par l’afflux continu
des touristes et des pèlerins. La condensation de leur souffle érode le mortier qui
scelle entre elles les plaques de marbre
nacré, dont la surface est en outre soumise à rude épreuve par la chaleur et les
fumées venant de la combustion quasi
permanente de cierges. Les responsables
du chantier prévoient de démonter l’édicule pour renforcer sa structure et nettoyer chaque pièce, avant de la reconstruire à l’identique, en ne remplaçant que
les éléments jugés trop fragiles.
Estimation
haute
De 2 à 10 %
De 0 à 1 %
Sources : Œuvre d’Orient (2015), Pew research center (2012) et M. Izady, Gulf/2000 Project - Columbia University (2008-2009)
La restauration du tombeau
du Christ va commencer
CYRILLE LOUIS £[email protected]
estimations 2012 en %
Environ 40 %
Rou ge
Infographie
PART DANS LA POPULATION
TOTALE DU PAYS,
La structure, assemblée en 1809 après
qu’un incendie eut endommagé la basilique, s’élève sur l’emplacement présumé
de la sépulture du Christ. Sa chambre
funéraire, selon les Évangiles, se trouvait
dans une carrière désaffectée jadis située à
la lisière de Jérusalem. Ensevelie en l’an
135 sur ordre de l’empereur Hadrien, elle
fut exhumée vers 324 à l’initiative de
Constantin. La roche entourant cette cavité fut alors arasée pour permettre l’édification d’une première chapelle revêtue
de marbre et coiffée d’un toit doré. L’édifice fut presque entièrement détruit en
1009 par le calife al-Hakim, puis remplacé par une construction romane dont
la structure, usée par les siècles, dut être
rénovée en profondeur en 1555.
Un dialogue souvent laborieux
L’actuel édicule, situé sous la rotonde du
Saint-Sépulcre, est donc le quatrième
monument construit pour commémorer
la mort du Christ et sa résurrection. Des
analyses conduites par les ingénieurs du
mandat britannique après l’important
tremblement de terre de 1929 révélèrent
sa fragilité. De hautes poutrelles d’acier
furent alors disposées sur ses flancs afin
d’en éviter l’effondrement. Mais l’incapacité des trois Églises qui assument la
cogestion du Saint-Sépulcre à se mettre
d’accord empêcha longtemps la conduite de travaux plus substantiels. Un firman émis en 1852 par le sultan de
Constantinople prévoit en effet qu’aucune rénovation des « parties communes » ne peut intervenir sans avoir été
réuni l’approbation des Grecs orthodoxes, des Latins et des Arméniens. Un
consensus qui, après 90 ans d’un dialogue souvent laborieux, vient miraculeusement d’être réuni. ■
Les nombreuses renaissances
SAMUEL FOREY £@SamForey
EL-TOR (SINAÏ)
LE MONASTÈRE Saint-Georges émerge
seul au milieu des ruines comme un arbre épargné par une tempête. Les vents
puissants de la mer Rouge, qui soufflent
sans presque jamais faiblir, cinglent le
monastère de rafales d’eau et de sable,
millions de gifles qui effritent sa frêle
enceinte. La mer, qui le borde, l’assaille
par en dessous, sape les fondations, délite les murs, fait fondre la peinture. Le
monastère Saint-Georges souffre de la
chaleur moite, comme quelqu’un ne
parvenant pas à s’adapter au climat.
Une messe se tient, ce vendredi matin. Une vingtaine de fidèles devant des
chaises en plastique. L’iconostase est
protégée par une bâche. L’église est en
train d’être refaite. Les phrases rebondissent d’une personne à l’autre, d’une
langue à l’autre, en grec et en arabe.
Kyrie eleison et alléluia résonnent en
chœur. La litanie résonne dans le monastère comme une goutte d’eau perle
dans une grotte immense : imperceptible, on n’entend pourtant qu’elle.
Le père Arsenios célèbre la messe. Il a
les joues rondes et les coups de colère
tonnants d’un curé de campagne. Il
symbolise quelque chose d’une Égypte
passée. Il parle le grec de sa famille,
l’arabe de son pays, le français de son
école, l’anglais des échanges. C’est l’higoumène – le supérieur – de Saint-Georges. Il se souvient de sa première nuit au
monastère. Il avait 16 ans. C’était en
1979 : « C’était une nuit brûlante. Le canapé était poussiéreux et la chambre, pleine de rats. Le père Antonios, qui m’accompagnait, ronflait comme un moteur. »
Israël venait d’évacuer la quasi-totalité du Sinaï, conformément aux ac-
cords de Camp David, après douze ans
d’occupation. Le monastère, sous l’occupation israélienne, avait été abandonné. Il a fallu reconstruire à nouveau. Ce n’était que l’une de ses
nombreuses renaissances.
Le monastère se trouve au bord
d’une baie accueillante comme des
bras ouverts. Un port naturel parfait.
Les chrétiens le découvrirent lors des
persécutions du IIIe siècle. Ils allaient
trouver refuge dans les déserts de l’est
de l’Égypte dans la Troisième Palestine
– le nom, à l’époque, du Sinaï. À l’emplacement du monastère Saint-Georges, ils fondent la ville de Raithu.
Les chrétiens se firent ermites, les
ermites se firent moines. Ils inventent
une tradition, créent un pèlerinage. Ils
Le monastère Saint-Georges (à gauche)
a été construit en 1876, dans l’ancienne
ville de Raithu, au bord de la mer Rouge.
VÉRONIQUE DE VIGUERIE
LE FIGARO
L'ÉVÉNEMENT
é tiens d’Orient
3
minorités religieuses d’Irak accueillies en France.
estime que « le gouvernement socialiste
veille à ne pas se laisser déborder par son
aile gauche, qui récuse toute priorité à leur
donner et que la seule mention de chrétiens
révulse ». Et dénonce ce risque : « Les critères dissuasifs poussent désormais la
majorité des candidats à l’exil dans les
bras des filières clandestines et mafieuses
qui prospèrent sur leur malheur. »
La procédure administrative qui avait
été choisie pour filtrer les demandes de
visa après les annonces de la fin de l’été
2014 de Bernard Cazeneuve, ministre de
l’Intérieur, et de Laurent Fabius, alors
ministre des Affaires étrangères, étaient
effectivement très restrictives. Les demandeurs issus des minorités religieuses devaient commencer par un « visa
pour asile », pour ensuite obtenir un
statut de réfugié une fois en France.
Mais cette procédure posait trois condi-
tions draconiennes : que la famille en
question soit en situation de vulnérabilité, qu’elle prouve un lien avec la
France, qu’elle fasse également la preuve qu’elle dispose d’un logement à son
arrivée. Trois conditions qui ne semblent pas exigées pour d’autres situations de demandes d’asile en France,
assure une source bien informée.
Alerté de cette contradiction entre la
générosité des annonces de la France et
la réalité par les sénateurs, en octobre
2015, Bernard Cazeneuve s’était engagé
devant eux à régler cette question. Mais
« rien n’a bougé », notent les associations, qui viennent une nouvelle fois
de le constater lors d’une récente
réunion au ministère des Affaires
étrangères. D’où l’appel et la pression
des évêques catholiques, bien informés
du dossier.
Interrogé sur cette situation par
Le Figaro, le ministère de l’Intérieur
répond qu’à côté des « 3 250 visas
d’asile » pour les minorités religieuses
d’Irak, « des chrétiens d’Orient figurent
parmi les 6 000 visas d’asile accordés à
des réfugiés syriens, même s’ils ne sont
pas spécifiquement comptabilisés ».
Le ministère de l’Intérieur ajoute
qu’un préfet « spécialement chargé de la
mission d’organiser l’accueil des chrétiens
d’Orient en France » est à l’œuvre.
Quant à « la hausse très sensible des demandes de visas, notamment auprès des
consulats de Bagdad et d’Erbil » observée
ces dernières semaines, le ministère de
l’Intérieur assure qu’il est « parfaitement
conscient de cette situation » et qu’il travaille actuellement avec le ministère des
Affaires étrangères « pour trouver des
solutions à cette saturation ». ■
Des déplacés chrétiens de Ninive assistent à une messe de Pâques dans l’église
Mar Oda, à Ankawa, près d’Erbil, en Irak. ÉMILIENNE MALFATTO POUR LE FIGARO
Un repas pascal à Erbil
entre joie et amertume
EMILIENNE MALFATTO £@emalfatto
ERBIL (KURDISTAN IRAKIEN)
Une famille chrétienne
de Qaraqosh, dans le Nord
de l’Irak, arrive en France
en septembre 2014.
OLIVIER JOBARD / M.Y.O.P
du monastère Saint-Georges, dans le Sinaï Sud
construisent des monastères, accueillent les premiers pèlerins d’un
voyage vanté par les plus grands religieux, comme saint Jean Damascène.
Au VIe siècle, l’empereur Justinien fait
construire un fort au pied du mont Sinaï. C’est Sainte-Catherine. C’est l’âge
d’or de l’endroit. Le vin et l’huile d’olive du Sinaï sont servis à des tablées de
centaines de pèlerins, qui en retour
font de généreux dons au monastère.
Le tourisme de masse n’est pas une
chose nouvelle, dans le Sinaï.
Les Arabes conquièrent la province
en 630. De province romaine, le Sinaï
devient province omeyyade. Mais les
pèlerins, inquiets, se font plus rares. Au
VIIIe siècle, les implantations chrétiennes y sont limitées au « fort » – per-
sonne n’appelle alors autrement le monastère de Sainte-Catherine – et à ses
alentours. Imprenable, il continue de
protéger, colosse minéral, le fragile
buisson-ardent, légende végétale.
Un quotidien difficile
Raithu, la ville au bord de la mer, était
plus vulnérable. Pillé au IVe siècle par
des tribus païennes de Nubie, brûlé au
XIe siècle par des bandits, détruit par
les mamelouks, l’endroit est sans cesse
reconstruit, avant de renaître, véritablement, au XIXe siècle. Un moine
grec, Grigorios, construit le monastère
Saint-Georges en 1876. Devenu russophile après un séjour à Moscou, ce qu’il
fait bâtir ressemble à une vieille demeure de la bourgeoisie russe. Le mo-
nastère est grand. Le port Raithu,
rebaptisé El-Tor, est une étape pour
les pèlerins chrétiens, notamment
russes, qui reviennent en masse à Sainte-Catherine, et les pèlerins musulmans, en route vers La Mecque.
Une famille russe offre une iconostase
de Saint-Pétersbourg pour l’église du
monastère. On y confectionne, encore
aujourd’hui, des robes et des chasubles
pour les moines. Une communauté
grecque nombreuse habite à El-Tor. De
belles maisons se bâtissent en bord de
mer. Mais cette communauté part lors la
guerre des Six-Jours de 1967 – pour ne
plus jamais revenir.
Quand le père Arsenios devient l’higoumène du monastère, en 1992, il n’y
avait ni eau, ni électricité, ni jardin, ni
arbres. « Il a fallu tout reconstruire, tout
installer. Nous pouvons à nouveau accueillir des pèlerins », sourit le moine.
Mais ceux-ci se font rares. Le Sinaï traverse une nouvelle crise. Depuis trois
ans, les djihadistes de l’État islamique
combattent l’armée égyptienne dans le
nord-est de la péninsule.
« Ils ne pourront pas descendre jusqu’ici », dit Petros, un fidèle venu assister à la messe. Il fait partie de la quinzaine de familles grecques-égyptiennes
venues se réinstaller à El-Tor après l’occupation israélienne. « Mais le quotidien
devient de plus en plus difficile. On ne peut
plus circuler normalement. On se sent
coupés du monde. Je ne sais pas combien
de temps on va pouvoir rester encore. »
La messe se termine. Les fidèles sortent, sous le croassement des corbeaux.
Quand ces oiseaux sont-ils arrivés à
El-Tor ? Le père Arsenios les a toujours
connus. Tor est un port sans mouettes ni
goélands. Seuls les corbeaux survolent le
monastère, ombres dans un ciel sans
nuage. ■
IL FAUT BIEN faire comme si. Le regard
de Douraïd Suleiman Aziz reste sombre. « C’est Pâques, alors il faut bien faire comme si on était heureux. Mais à
l’intérieur, que voulez-vous, j’ai tout
perdu, comment pourrais-je être
joyeux ? » Après bientôt deux ans
d’exil, depuis qu’il a dû quitter Mossoul
où il était un sculpteur reconnu,
l’amertume de Douraïd semble à son
comble en ce week-end pascal dans
une banlieue poussiéreuse d’Erbil, capitale du Kurdistan irakien.
À la sortie d’Ankawa, faubourg chrétien de la ville, des dizaines de personnes sont rassemblées dans un grand bâtiment en construction. Une église de
fortune, parpaings et piliers de béton
nu. Des soldats kurdes, kalachnikov à
l’épaule, sont postés près de l’entrée. Le
bâtiment, baptisé « Mar Oda hall », a
longtemps servi d’abri aux familles
chrétiennes déplacées par l’avancée de
Daech. Depuis quelques mois, on y célèbre des messes. Les déplacés, eux, habitent maintenant en majorité dans le
camp voisin, « Ashti 2 ». Quelques-uns
ont les moyens de louer un appartement - mais, pour la plupart, les conditions de vie restent dramatiques.
Les chrétiens, qui étaient un million
en Irak au moment de la première
guerre du Golfe, en 1991, ne seraient
plus aujourd’hui que 400 000. Et, sur
toutes les lèvres, se forme le même désir : quitter le pays. C’est notamment le
souhait de Liwa Haddo. Mais ce photographe de 45 ans a, lui, le sourire et le
rire facile. « On vient de Mossoul, de
chez Daech », raille-t-il. Il préfère célébrer Pâques ici, dans cette église qui
n’en est pas vraiment une, que dans les
conditions « d’avant ». Car Mossoul,
ville gangrenée depuis des années par la
violence, n’avait pas attendu Daech
pour être dangereuse. « On habitait
dans le centre de la ville, et on n’osait pas
sortir pour aller à la messe, explique-t-il
en caressant les têtes de ses deux fillettes, Elizabeth et Eline, accrochées à ses
jambes. Il y avait trop de violence, on ne
se sentait pas libres. Alors, même si on
est déplacés, c’est mieux d’être ici. »
À Ankawa, Pâques se fête ouvertement, et en masse. Pour le vendredi
saint, les nombreuses églises du quartier sont restées ouvertes une bonne
partie de la nuit, les fidèles défilant devant un cercueil où reposait une statue
de Jésus. Samedi, les lieux de culte
étaient complets pour la messe du soir,
de 21 heures à minuit. À Mar Youssif,
principale église chaldéenne (catholique) d’Ankawa, des centaines de personnes étaient rassemblées dans la nef,
et des retransmissions en direct avaient
lieu dans des annexes du bâtiment.
Fawzi, son épouse Ghanima et leurs
fils Fadi et Fanar avaient réussi à s’y
ménager une place. Tous sur leur trente-et-un, talons hauts, costume cravate. À minuit, quand la messe - célébrée
en araméen - a pris fin, ils ont embrassé
famille et amis en se souhaitant
« joyeuses Pâques » : « brikheïdekh » en
araméen.
« J’ai été surpris qu’il n’y ait pas de
contrôle de sécurité pour rentrer dans
l’église », note Fawzi le lendemain, dimanche de Pâques, au déjeuner. « Si
quelqu’un avait voulu faire un attentat, il
y aurait eu beaucoup de victimes ». Chez
les chrétiens d’Ankawa, l’idée d’une
menace, même fantasmée, n’est jamais
loin…
Malgré les plaisanteries, le patcha
- plat traditionnel pascal à base de tripes - et la bouteille de bière qui circule
à la ronde, il y a quelque chose de pesant autour de la table. « Ici, quand un
problème finit, un autre surgit, lâche
soudain Fadi, 26 ans. Il n’y a que ça : des
problèmes. Alors quel futur puis-je avoir
ici ? » La famille, établie à Erbil depuis
plus de 40 ans, ne fait pourtant pas partie des déplacés. Mais même ainsi, les
inquiétudes ne manquent pas, et les envies d’exil non plus.
Parmi les préoccupations évoquées,
après Daech arrive la crise économique. Le Kurdistan irakien, qui
connaissait depuis le milieu des années 2000 une croissance à deux chiffres, a plongé depuis 2014 en raison
du coût de la guerre, de la chute des
cours du pétrole et des bisbilles avec
Bagdad, qui ne verse plus à Erbil les
17 % du budget fédéral alloués par la
Constitution. La région est au bord de
la faillite et les fonctionnaires n’ont
“
Il y avait trop de
violence, on ne se sentait
pas libres. Alors, même
si on est déplacés,
c’est mieux d’être ici
”
LIWA HADDO, RÉFUGIÉ CHRÉTIEN À ANKAWA
pas reçu de salaire depuis plus de cinq
mois. Un sujet qui revient fréquemment autour de la table du déjeuner.
Ghanima, qui travaille comme infirmière dans un hôpital public, n’est
pas payée depuis octobre. La visite
d’un oncle allège l’ambiance. Ghanima distribue aux visiteurs des œufs
peints de toutes les couleurs. Parents
et amis se succéderont dans l’aprèsmidi, une fois que la pluie aura cessé.
Une drôle d’ambiance, à la fois joyeuse et pesante, pleine d’inquiétude.
À voix basse, certains avouent
regretter le temps de Saddam Hussein, où « tout marchait mieux ». Ils
évoquent leurs craintes quant à
l’avenir politique de la région :
« Massoud Barzani (le président du
Kurdistan, NDLR) protège les chrétiens, mais il va devoir quitter son poste », explique Fawzi, le regard inquiet. « Et Dieu sait ce qu’il adviendra
de nous. » Rien de bon, répondent,
quasi unanimement, les autres. Y
compris Hanna, la sœur de Fawzi, qui
lit l’avenir dans le marc de café. Mais
elle n’a pas besoin d’une tasse pour
répondre à cette question. ■
Visite de députés
français à Damas
Cinq députés LR se sont rendus
en Syrie pour le week-end de Pâques,
« en solidarité avec les chrétiens
d’Orient », selon la présentation
qu’en a faite Thierry Mariani, l’initiateur
de ce voyage désapprouvé
par les autorités françaises, hostiles
au régime de Bachar el-Assad.
La messe de Pâques sera un
« temps fort », a expliqué le député
des Français de l’étranger.
L’objectif politique de ce voyage est
toutefois apparu après la rencontre
entre les députés français et
le président syrien, Bachar el-Assad.
En novembre, déjà, Thierry Mariani
s’était rendu avec quatre députés
à Damas pour voir Bachar el-Assad.
Ce week-end, l’association SOS
Chrétiens d’Orient participait à la visite
organisée par le député.
(AFP)
A
A
lundi 28 mars 2016
lundi 28 mars 2016 LE FIGARO
4
POLITIQUE
Quand
les politiques
visent
les chasseurs
Les candidats de droite et de gauche
cherchent à séduire les 2,5 millions d’adeptes
de la chasse et de la pêche en vue de 2017.
SOPHIE HUET £@sohuet1
NATURE Les chasseurs sont à l’affût. À
treize mois de l’élection présidentielle, ils
veillent à ce que leurs intérêts soient défendus, en multipliant les rencontres
avec tous les dirigeants, de gauche comme de droite. En accordant en octobre 2015 une interview très remarquée au
Chasseur français, François Hollande
s’est posé en défenseur de la ruralité,
soulignant avoir « beaucoup de considération pour ceux qui défendent la nature »
dont « les chasseurs font d’ailleurs partie ». C’est la première fois qu’un président de la République accordait un entretien à ce mensuel.
Poursuivant sur cette lancée, François
Hollande a reçu le 25 novembre 2015 à
l’Élysée Bernard Baudin, le président de
la Fédération nationale des chasseurs
(FNC), et Claude Roustan, son homologue
de la pêche en France, pour évoquer certains dossiers. Le chef de l’État a notamment arbitré en faveur des chasseurs, afin
que la redevance payée par ces derniers
(de l’ordre de 70 millions d’euros) continue à alimenter le budget de l’Office national de la chasse (ONC) au lieu d’aller
dans les caisses de l’Agence de la biodiversité, créée par le projet de loi en cours
d’examen au Parlement. « Les engagements pris par le président de la République
ont été tenus », s’est d’ailleurs félicité le
15 mars dernier Jean-Michel Baylet, le
ministre de la Ruralité, qui était l’invité
d’honneur de l’assemblée générale de la
Fédération nationale de la chasse, à Paris.
Baylet a tenu à souligner que « les
chasseurs participent pleinement à la vie
locale et contribuent au dynamisme de nos
territoires ». Des propos destinés à attirer, en vue de 2017, les 1,1 million de
chasseurs (3 millions de personnes avec
leurs familles) et 1,4 million de pêcheurs.
Plus discrètement, la ministre de
l’Écologie, Ségolène Royal, a donné en
début d’année la consigne de laisser la
chasse aux oies (dont la fermeture était
prévue le 31 janvier) se poursuivre dix
jours de plus, jusqu’au 10 février, dans les
trente départements concernés, pour ne
pas provoquer la colère des chasseurs.
Alain Juppé, lors d’un déplacement de campagne, le 16 mars, dans le Calvados.
Lors de l’examen de la loi biodiversité à
l’Assemblée, entre le 15 et le 18 mars, le
lobby des chasseurs (220 députés et sénateurs), représenté par Philippe Plisson
(PS, Gironde), le président du groupe
chasse à l’Assemblée, et David Douillet, le
député les Républicains des Yvelines, vice-président du groupe, s’est déchaîné.
Thierry Coste, le conseiller politique de la
FNC, a obtenu « le rejet de tous les amen-
Dans certaines régions,
les représentants du monde
cynégétique occupent
des places de choix
dements antichasse et la reconnaissance
d’une filière chasse autonome », avec le
soutien inattendu du député ex-EELV des
Bouches-du-Rhône,
François-Michel
Lambert. La rapporteure PS du texte,
Geneviève Gaillard (PS, Deux-Sèvres), a
souvent été mise en minorité par des alliances gauche-droite qui n’ont cours que
sur ce type de sujet au Parlement.
CHARLY TRIBALLEAU/AFP
Nicolas Sarkozy, qui s’était engagé à ce
que des représentants de la chasse figurent en position éligible sur les listes LR
aux dernières régionales, est aussi en
contact régulier avec Bernard Baudin.
L’ex-chef de l’État rencontrera à nouveau le président de la FNC le 6 avril, en
présence de Thierry Coste, pour faire le
bilan des régionales. Car dans certaines
régions, les représentants du monde cynégétique occupent des places de choix.
C’est le cas de Guy Harlé d’Ophove, le
président de la fédération des chasseurs
de l’Oise, qui préside, à la demande de
Xavier Bertrand, la commission environnement des Hauts-de-France (NordPas-de-Calais-Picardie). « C’est du jamais vu et c’est un symbole fort, car le
Nord-Pas-de-Calais est la seule région à
avoir été dirigée par les Verts », insiste
Coste. Parmi des candidats déclarés à la
primaire, Alain Juppé a rencontré des représentants de la fédération départementale des chasseurs. François Fillon a
aussi prévu un déplacement dans les prochains jours à Fort-Mahon (Somme) pour
une rencontre avec le milieu cynégéti-
que. Samedi, Bruno Le Maire se rendra au
Salon de la chasse et de la faune sauvage
de Rambouillet.
La gauche a aussi fait avec succès des
offres de service aux chasseurs. Alain
Rousset, le président PS de la région
Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes,
a permis à Henri Sabarot, le président de
la puissante fédération des chasseurs de
Gironde, de redevenir conseiller régional. Et en Languedoc-Roussillon-MidiPyrénées, la même stratégie de séduction
à l’égard des chasseurs a été développée.
Ainsi l’ex-ministre PS Carole Delga a fait
réélire dans l’Hérault Ferdinand Jaoul,
vice-président sortant du conseil régional et délégué chasse pêche de la région.
La présidente du FN, Marine Le Pen, et
Marion Maréchal-Le Pen se sont aussi
lancées dans une opération de séduction
du monde rural. La députée FN du Vaucluse, qui a voté contre la loi sur la biodiversité, a écrit la semaine dernière sur
son site que présenter les chasseurs
« comme des ennemis de la nature est une
erreur qui présente le risque de supprimer à
terme toute forme de chasse ». ■
Les écologistes pro-Hollande
en ordre dispersé
JULIEN CHABROUT £@JulienChabrout
VERTS Promis, ce n’est pas une énième
formation politique écologiste, mais « un
club de réflexion ». Le 9 avril, à Paris, le
député EELV Denis Baupin et la ministre
du Logement Emmanuelle Cosse lanceront « le club Refonder une écologie responsable » (CREER). Pour Denis Baupin,
il s’agit de « mettre en débat la crise
d’identité dans laquelle est aujourd’hui
l’écologie ». « Nous voulons réfléchir à
l’évolution de l’écologie », explique le député de Paris, souhaitant « une écologie
qui prend plus de responsabilités et s’ouvre
plus vers la société. (...) On veut expliciter
cette démarche et la rendre visible. »
Pour le moment, l’écologie politique
dite « réformiste » compte quasiment
autant de chapelles que de responsables.
Il y a d’abord l’Union des démocrates et
des écologistes. Lancée en octobre, après
le départ de plusieurs dirigeants d’EELV,
elle est présidée par le secrétaire d’État
chargé de la Réforme de l’État et de la
Simplification Jean-Vincent Placé.
Cette formation s’est fixé pour objectif
de fédérer les petits partis de gauche et du
centre favorables à François Hollande
dont le Front démocrate et Écologistes !
dirigé par le député de Loire-Atlantique
François de Rugy. Avec son parti, ce dernier organisait samedi à Paris une réunion en présence des dirigeants écologistes pro-Hollande, notamment Cosse,
Placé et Pompili. L’occasion pour Rugy
de plaider « pour une écologie qui agit, pas
qui gémit » lors de ces débats sur la place
des écologistes dans la majorité.
« Toutes ces formations, c’est illisible »,
reconnaît Baupin. Mais pour le député
écologiste, « qui n’a pas encore été viré »
d’EELV, sourit-il, « la démarche sera plus
lisible si le CREER permet aux personnes
qui pensent la même chose de se structurer ». Le club peut aussi avoir une autre
utilité : fragiliser encore plus EELV, leur
ex-formation. « Leur but est de récupérer
des gens d’EELV, notamment des élus municipaux », déclare François de Rugy.
« Clarification »
Rugy veut néanmoins croire que l’entrée
de trois écologistes au gouvernement,
Placé, Cosse et Pompili, « est une étape
supplémentaire importante dans la clarification ». Le président d’Écologistes ! veut
aller vers ce qu’il appelle « un parti démocrate à la française ». Il précise : « Avant
2017, ça serait mieux, mais je suis
conscient des inerties. » En attendant, le
député entend contribuer à « structurer
MIGUEL MEDINA/AFP
Les écolos « réformistes » ont désormais chacun leur propre formation.
Dernière en date : le club lancé par Emmanuelle Cosse et Denis Baupin.
Emmanuelle Coste et Jean-Vincent Placé lors d’une réunion d’Écologistes !, samedi.
et à affirmer davantage le pôle écologiste »
réformateur. Pour cela, lui et les autres
comptent sur le soutien de Cosse. La ministre du Logement, expulsée du parti
dont elle était pourtant la secrétaire nationale jusqu’à son entrée au gouvernement, assistera au lancement de CREER,
sans doute au côté de Corinne Lepage.
« Cosse est au gouvernement donc elle ne
va pas créer un parti. Elle fait les choses
par étapes et elle essaye de fédérer des
gens. Cela peut être utile », note François
de Rugy. « À partir du moment où elle en-
tre au gouvernement, ce club peut contribuer à davantage de lisibilité », estime
Baupin, pour qui il est « utile de mieux expliquer les raisons qui nous amènent à nous
dissocier d’EELV ».
François de Rugy, lui, ne prédit pas un
avenir glorieux à ses anciens camarades :
« Je pense que l’histoire des Verts va ressembler à celle du PSU (Parti socialiste
unifié, NDLR), une formation qui a pu avoir
un succès d’estime au départ mais qui n’a
pas pu s’inscrire dans la durée et qui ne pesait plus rien ensuite ». ■
Pour Julien Dray, la France a « un bon président »
Invité du « Grand Jury », le conseiller régional socialiste d’Île-de-France a vanté les mérites de François
Hollande et a indiqué qu’il allait « mettre toutes ses forces pour qu’il soit candidat » à la présidentielle.
RTL/FRÉDÉRIC BUKAJLO/SIPA PRESS
A
JULIEN CHABROUT £@JulienChabrout
Julien Dray, dimanche, dans le studio
du « Grand Jury RTL-LCI-Le Figaro ».
GAUCHE S’il devait ne rester qu’un hollandais, ce serait sans doute Julien Dray.
Invité dimanche du « Grand Jury RTL-Le
Figaro-LCI », le conseiller régional PS
d’Île-de-France a fermement soutenu le
chef de l’État, dont il est un proche. « Ce
président a tenu bon et a été à la hauteur
des événements. La France a tenu dans des
situations où elle aurait pu se déliter et se
déchirer », a estimé Dray. Pour l’élu socialiste, Hollande « a protégé notre modèle
social ». « C’est un bon président », a-t-il
ajouté, avant de plaider pour que lce dernier se représente à la prochaine présidentielle. « Je vais mettre toutes mes forces pour qu’il soit candidat », a-t-il
annoncé.
Pour Julien Dray, une candidature de
François Hollande en 2017 peut passer par
une primaire, une bonne chose selon lui
car « tout le monde va pouvoir s’expliquer ». « Oui à une primaire ouverte et large », a-t-il lancé, avant de mettre en garde : « Une fois le vote passé, tout le monde
devra se ranger derrière le vainqueur. »
Interrogé sur la loi travail, Dray se
montre désormais satisfait après la présentation de la nouvelle version du texte.
« C’est sur la deuxième mouture que je me
retrouve, pas sur la première », a-t-il déclaré. Pour le conseiller régional d’Îlede-France, la première version « était
déséquilibrée. Elle allait trop loin, mais
nous avons créé les conditions d’un retour à
l’équilibre. » Dray affirme même que si le
projet de loi n’avait pas été modifié, « il
aurait sans problème fait partie des mani-
festants ». Alors qu’une partie de la jeunesse manifeste contre le projet de loi,
Dray a déclaré « préférer que les jeunes se
mobilisent plutôt qu’ils jouent à la PlayStation ». Lors de sa campagne de 2012,
Hollande avait fait de la jeunesse la priorité de son quinquennat. Mais, regrette
Dray, « dans la politique du gouvernement, la question de la jeunesse n’a pas eu
la place centrale qu’elle aurait dû avoir ».
« Faire attention aux formules »
Le secrétaire national du PS chargé de
l’alliance populaire a aussi pris ses distances avec les propos de Patrick Kanner.
Dimanche matin, le ministre de la Ville,
avait affirmé lors du « Grand RendezVous » qu’il y aurait en France « une centaine de quartiers qui présentent des similitudes avec Molenbeek ». Julien Dray, lui,
dit « faire attention aux formules » et
« n’aime pas que l’on stigmatise ». « Depuis vingt ans, il y a dans la société française une ghettoïsation urbaine. Cela donne lieu à une montée de la délinquance et à
des noyaux islamistes », a toutefois expliqué l’ancien député de l’Essonne. Alors
que certains élus locaux sont accusés de
laxisme devant la radicalisation, Dray a
estimé que « ceux qui ont le plus fermé les
yeux dans les quartiers, ce ne sont pas les
maires, ce sont plus les forces de police ».
Pour Julien Dray, en effet, « le trafic des
stupéfiants est devenu une industrie dans
certains quartiers ». Face à cette situation, il réclame davantage de moyens sur
le terrain. « Dans les quartiers, nous manquons de travailleurs sociaux, d’animateurs et de maisons de quartiers », a-t-il
regretté. ■
LE FIGARO
INTERNATIONAL
lundi 28 mars 2016
5
60 km
Assad reprend
Palmyre à l’État
islamique
Daech (contrôle
ou présence)
TURQUIE
Alep
Raqqa
Lattaquié
SYRIE
Palmyre
Homs
Appuyées par l’aviation russe, les forces
syriennes et leurs milices alliées ont chassé
l’État islamique de la ville antique.
LIBAN
Damas
IRAK
ADRIEN JAULMES £@AdrienJaulmes
SYRIE Les forces gouvernementales syriennes ont chassé dimanche l’État islamique de Palmyre, la ville oasis du désert.
Appuyés par l’aviation et les hélicoptères
russes, l’armée syrienne et ses alliés du
Hezbollah libanais, qui constituent dorénavant les troupes de choc du régime, se
sont d’abord emparés des ruines de la ville antique, avant de marcher sur la Palmyre moderne, l’actuelle Tadmor. Les
djihadistes se sont repliés vers l’est, en
laissant derrière eux de nombreux engins
piégés et mines. L’aviation russe menait
hier des raids contre les combattants islamistes en fuite sur les routes de l’est de la
ville. La base aérienne de Palmyre a aussi
été reprise par le régime.
D’après l’Observatoire syrien des
droits de l’homme, les combattants de
l’État islamique étaient toujours présents
dimanche dans certains faubourgs à l’est
de la ville, mais selon les sources militaires syriennes, l’armée et les milices alliées contrôlaient dimanche l’ensemble
de l’agglomération de Palmyre. Le directeur de l’Observatoire, Rami Abdelrahman, a annoncé que l’État islamique avait
perdu 400 combattants dans la bataille,
contre environ 180 soldats pour le régime
et ses alliés.
Bachar el-Assad a salué la victoire de
ses troupes et la reprise d’une ville qui
JORDANIE
avait été perdue par son armée en mai
dernier. « La libération de la cité historique de Palmyre est un événement important et une nouvelle preuve du succès de la
stratégie suivie par l’armée syrienne et ses
alliés dans la guerre contre le terrorisme »,
a-t-il dit en recevant une délégation
comprenant des parlementaires français.
La chute de Palmyre est une importante
victoire remportée par la coalition syrorusso-iranienne. Bachar el-Assad et
Vladimir Poutine confortent ainsi symboliquement leur position de principal
Infographie
“
Palmyre sera la base
à partir de laquelle
s’étendront les opérations
militaires contre l’État
islamique
”
UN COMMANDEMENT SYRIEN
adversaire de l’État islamique et renforcent leur statut d’interlocuteurs incontournables pour toute solution négociée à
la longue guerre syrienne.
La reprise de l’ancienne capitale de la
reine Zénobie par l’armée de Bachar et ses
alliés est aussi un camouflet pour les Occidentaux, dont les frappes aériennes n’ont
eu que des effets limités en comparaison
avec l’intervention russe, coordonnée
avec les forces terrestres du régime.
Palmyre, ville mondialement célèbre
Des soldats de l’armée syrienne circulent à bord d’un véhicule blindé, dimanche,
dans la cité antique de Palmyre. STRINGER/AFP
pour ses ruines antiques, ensemble de
temples et de colonnades gréco-romaines, avait été conquise par les djihadistes
de l’État islamique en mai 2015. Les islamistes ont dynamité plusieurs monuments, dont le temple de Bêl et de Baalshamin, et détruits de nombreuses statues
et tombeaux. Le théâtre antique a été utilisé pour filmer des mises à mort de prisonniers. Mais Palmyre est aussi une importante position stratégique. La reprise
de cette ville et de sa base aérienne ouvre
ainsi à l’armée syrienne et à ses alliés la
route du désert qui mène vers Deir ez-
Zor et Raqqa, les deux bastions du califat
transfrontalier d’al-Baghdadi en Syrie.
« Palmyre sera la base à partir de laquelle
s’étendront les opérations militaires contre
l’État islamique sur plusieurs axes, notamment Deir ez-Zor et Raqqa », a annoncé le
commandement syrien dans un communiqué diffusé par l’agence officielle Sana.
Le but est de « resserrer l’étau autour de
ces terroristes, de couper leurs lignes de
ravitaillement et de reprendre les territoires sous leur contrôle pour mettre fin à leur
existence » en Syrie, a-t-il ajouté.
Pour l’État islamique, la chute de Pal-
Sanders donne du fil à retordre à Clinton
Ses victoires aux caucus démocrates de samedi soulignent les failles de la campagne de la favorite.
LAURE MANDEVILLE £@lauremandeville
CORRESPONDANTE À WASHINGTON
ÉTATS-UNIS Ce samedi, Bernie Sanders
a remporté d’éclatantes victoires dans
les trois États d’Alaska, de Hawaï et de
l’État de Washington, qui tenaient caucus pour les primaires démocrates. Les
résultats encore partiels révèlent qu’il y
a écrasé la favorite Hillary Clinton, avec
des scores respectifs de 71 % contre
29 %, de 72,1 % contre 27,7 % et de
79,2 % contre 20,8 % ! « Les gens arrivent en traîneau à chiens, en surf et en
sandales Birkenstock par milliers pour
voter en faveur de Bernie », a tweeté
pendant le scrutin le cinéaste Michael
Moore qui soutient Sanders, tandis que
les médias américains soulignaient la
forte mobilisation des électeurs.
Ces succès très spectaculaires, qui
confirment l’avantage net du vieux sénateur du Vermont dans les terres blanches de l’Ouest et du Pacifique, illustrent à quel point le candidat Bernie
myre est un revers symbolique d’envergure. Outre la perte d’une position qui lui
assurait le contrôle du désert, l’organisation terroriste voit écorner sa réputation
d’invincibilité, construite à grand renfort
d’atrocités habilement médiatisées. La
défaite de ses combattants pourrait avoir
le même effet démultiplicateur, encourageant ses ennemis à resserrer leur étau.
Le président russe, Vladimir Poutine, a
félicité par téléphone Bachar el-Assad
pour la reprise de la ville. Assad « a donné
une haute appréciation à l’aide apportée
par les forces aériennes russes et souligné
que des progrès comme la libération de
Palmyre n’auraient jamais été possibles
sans le soutien de la Russie ». Poutine a
poursuivi, en assurant une fois de plus
que « malgré le retrait de la partie majeure
du contingent russe de Syrie, les forces armées russes vont continuer d’aider les
autorités syriennes dans la lutte contre le
terrorisme et dans la libération de leur sol
des groupes extrémistes ». Poutine s’est
aussi entretenu par téléphone avec la directrice générale de l’Unesco, Irina
Bokova, pour « l’informer que des représentants du contingent russe allaient participer au déminage de cette ville ancienne
avec les militaires syriens », selon le
porte-parole du Kremlin. ■
EN BREF
Cameroun : une lycéenne
de Chibok devient djihadiste
Le Nigeria devrait envoyer
une délégation à Yaoundé, sous
réserve de l’aval des autorités
camerounaises, pour interroger
une jeune kamikaze, arrêtée
vendredi, qui affirme être l’une
des 276 lycéennes enlevées
en avril 2014 à Chibok (nord-est
du Nigeria) par les islamistes
de Boko Haram.
de Clinton sur le sujet et mettre en évison retard et qu’il est maintenant temps
Sanders - version de gauche de la rébeldence les liens étroits de la candidate
de penser à rassembler le camp démolion anti-élites qui souffle sur la campaavec le lobby pétrolier et gazier. « Ne
crate pour se préparer à affronter Dogne 2016 - continue d’enthousiasmer la
laissez personne vous faire croire que
nald Trump. Le principal souci est acbase démocrate. Et ce, malgré l’écart
Hillary Clinton est la candidate la plus
tuellement d’éviter qu’une bataille
creusé par la favorite Hillary Clinton en
forte
pour
affronter
les
républicains
»,
a
sanglante pour l’État de New York ne
nombre de délégués engrangés, grâce à
lancé Sanders depuis l’État de Washingdécourage les « sanderistes » de voter
l’appui des minorités noires et latinos
ton, devant un meeting de 15 000 perpour Hillary en novembre. Les attaques
dans le Sud. Dans l’État de Washington
La Turquie intercepte des
sonnes, un chiffre que sa rivale n’a jacontre Sanders devraient donc rester
et l’Alaska, Bernie a raflé la totalité des
migrants allant vers Lesbos
mais réussi à atteindre… Le paradoxe de
modérées. Manière de se poser déjà en
comtés, avec des marges astronomila course présidentielle est que Sanders,
gagnante, Clinton a d’ailleurs choisi de
ques… « Les démocrates ont envoyé un
Les garde-côtes turcs ont
présenté comme « inéligiconcentrer ses tirs sur Trump, qui vient
message à Hillary Clinton. Ce
intercepté quelque 350 migrants,
ble » par sa rivale, apparaît
d’annoncer sa volonté de se désengager
n’est pas fini », a noté le
répartis sur cinq bateaux, qui
en réalité susceptible de gade l’Otan et surfe sur les attentats de
journal The Atlantic.
tentaient dimanche de rallier l’île
gner face à Trump avec une
Bruxelles en appelant à torturer les terAprès la victoire de Sangrecque de Lesbos, a rapporté
marge beaucoup plus grande
roristes. « Ce que les candidats républiders samedi, Clinton a 1 243
l’agence de presse Dogan.
que
Clinton
(20 points
cains proposent n’est pas seulement maudélégués contre 975 à BerManifestations à Dublin
contre 12 à ce stade).
vais, c’est très dangereux », a déclaré
nie, un avantage qui grimpe
pour Hillary Clinton
Embarrassée par les sucHillary, se posant dans un récent disà 1 713 contre 1 004 si on y
Des milliers de militaires
cours de politique étrangère en seule
ajoute les superdélégués. contre 975 pour Bernie cès persistants de Sanders, la
irlandais ont défilé dimanche
Sanders après
campagne de la favorite récandidate capable d’assumer les foncMenacé de marginalisation,
à Dublin pour marquer le
tions de « commandant en chef » de la
Sanders espère toutefois ca- sa victoire de samedi plique que le sénateur n’a
centenaire du soulèvement
aucune chance de combler
première puissance du monde. ■
pitaliser sur son nouvel élan,
nationaliste de Pâques 1916.
d’abord dans l’Ouest, pour
tenter un coup gagnant dans le Wisconsin le 5 avril, puis dans l’État de New
York, qui mettra en jeu 247 délégués le
19 avril. Ces derniers y seront attribués
sur une base proportionnelle, mais une
victoire lui permettrait de maintenir en
vie l’infime espoir qui lui reste d’arracher la nomination, et donc de justifier
la poursuite de sa campagne jusqu’à la
primaire de Californie, en juin.
Le pari apparaît presque impossible,
vu l’implantation new-yorkaise de
Clinton, qui y a été sénatrice et y dispose
de nombreux relais. Elle reste actuellement en tête dans les sondages avec une
avance de plus de 20 points… Mais
Sanders, un enfant de Brooklyn qui a
levé 43,5 millions de dollars au sein de la
population et joue sa dernière carte dans
l’affaire, a prévu de sillonner l’État de
MAISON DE L’AMÉRIQUE LATINE,
New York en long et en large. Il y re217 BOULEVARD SAINT-GERMAIN,
prendra ses thèmes forts - la nécessité
de mettre fin au diktat de Wall Street et
75007 PARIS
COLLOQUE
de changer les règles de financement des
campagnes. Il prévoit aussi d’attaquer sa
rivale sur le thème de la production de
INSCRIPTION GRATUITE ET OBLIGATOIRE AVANT
gaz de schiste, un sujet qui trouve un
LE 31 MARS 2016 SUR WWW.FENL.EU
large écho dans l’État de New York, où
«La FENL est partiellement financée par le Parlement européen et a la seule
son exploitation a été interdite. Sanders
responsabilité de cet événement.»
devrait y souligner l’extrême prudence
1 243
délégués
La nécessaire Réforme
yndicale
de la Représentativité syndicale
anisa
et le Développement des Organisations
Organisations
professionnelles en France :
l’exemple de l’Europe
SAMEDI 2 AVRIL 2016 9H - 18H
JASON REDMOND/AFP
A
>
Bernie Sanders, en campagne, vendredi
à Seattle, dans l’État de Washington.
lundi 28 mars 2016 LE FIGARO
6
SOCIÉTÉ
Attentats :
les pièces
du puzzle
s’assemblent
« Une centaine » de
Molenbeek français
Une centaine de quartiers français
présenteraient des similitudes avec
le quartier bruxellois de Molenbeek, a
déclaré dimanche le ministre de la Ville,
de la Jeunesse et des Sports, Patrick
Kanner. Selon lui, « Molenbeek (…)
c’est une concentration énorme
de pauvreté et de chômage, c’est
un système ultracommunautariste,
c’est un système mafieux avec une
économie souterraine, c’est un
système où les services publics ont
quasiment disparu, c’est un système
où les élus ont baissé les bras », a-t-il
précisé. « Je n’ai pas de leçons
à donner à la Belgique. (…) Mais il y a
une différence énorme aussi (…), nous
prenons le taureau par les cornes dans
ces quartiers », a assuré le ministre.
Quatre complices présumés ont été placés
en garde à vue dimanche.
CHRISTIAN LEMENESTREL
À BRUXELLES
TERRORISME Le puzzle sur les attentats
de Paris et de Bruxelles commence à
prendre forme, mais de nombreuses pièces manquent encore. Les perquisitions
se multiplient et le nombre des complices
présumés arrêtés augmente. Quatre personnes ont été inculpées samedi et quatre
autres ont été placées en garde à vue dimanche. Mais la police belge n’est toujours pas parvenue à appréhender Mohamed Abrini, l’ami d’enfance de Salah
Abdeslam, impliqué dans la préparation
des attentats de Paris.
L’un des hommes placés en détention,
identifié comme Fayçal Cheffou par le
parquet, est soupçonné d’être l’homme
au chapeau filmé mardi à l’aéroport de
Zaventem en compagnie des deux kamikazes Najim Laachraoui et Ibrahim El
Bakraoui. Il a été reconnu par le chauffeur du taxi qui a chargé le trio à Schaerbeek et l’a déposé devant le hall d’entrée.
Fayçal Cheffou. a été inculpé de « participation aux activités d’un groupe terroriste ». La comparaison de son ADN avec
les traces retrouvées sur le bagage contenant une énorme charge d’explosif abandonné à l’aéroport et celles laissées dans
le véhicule permettront de déterminer
son rôle. Si son implication était démontrée, il serait le second exécutant capturé
vivant avec Salah Abdeslam, le survivant
du commando de Paris.
Les trois autres inculpés, identifiés par
le parquet comme Abderamane A, Rabah
N. et Aboubakar A., ont été appréhendés
vendredi au cours d’opérations policières
musclées. Abderamane A. et Rabah N.
ont été interpellés à la suite de l’arrestation en France de Reda Kriket, un complice du chef opérationnel des attentats
de Paris Abdelhamid Abaaoud, tué le
18 novembre lors de l’assaut contre sa cache à Saint-Denis, dans la banlieue nord
de la capitale.
Arrestation en Italie
Les enquêteurs belges tentent également
de démanteler le réseau de complicités
dont les djihadistes ont bénéficié à Bruxelles et dans le reste du pays pour louer des
caches, trouver les éléments utilisés pour
la fabrication du TATP, le peroxyde d’acétone utilisé pour les ceintures explosives à
Fayçal Cheffou (ici en 2014, sur une vidéo où il se présente comme journaliste) a été
inculpé et placé en détention par la justice belge. Il est soupçonné d’être l’homme
au chapeau filmé mardi à l’aéroport de Zaventem avec les deux kamikazes. AFP
Paris et les bombes à Bruxelles, et s’armer
de fusils d’assaut AK-47.
Un mandat d’arrêt européen a permis à
la police italienne d’interpeller un ressortissant algérien, Djamal Edine Ouali, 40
ans, à Salerne, dans le sud de l’Italie. Les
autorités italiennes devraient le renvoyer
en Belgique. L’homme est considéré
comme un membre important d’un réseau de faussaires actif à Bruxelles. Il est
soupçonné d’avoir fourni les faux papiers
aux noms de Soufiane Kayal et Samir
Bouzid, utilisés par Najim Laachraoui et
l’Algérien Mohamed Belkaïd, les deux
coordinateurs des attentats de Paris.
L’ampleur des actions planifiées à
Bruxelles n’a pas encore été déterminée.
Certains enquêteurs jugent plausible un
projet d’attentat similaire à celui de Paris,
avec deux équipes. L’une composée de
kamikazes, comme au Stade de France,
l’autre chargée d’un raid dans des lieux
publics. La mort de l’Algérien Mohamed
Belkaïd, tué lors d’une perquisition fortuite de la maison où il se cachait, puis
l’arrestation de Salah Abdeslam, auraient
mis ce plan en échec, avec pour conséquence de précipiter le passage à l’action
des kamikazes. Mais il ne s’agit pour le
moment que de présomptions, insistent
les enquêteurs cités par les médias belges.
À Bruxelles, le niveau d’alerte a été réduit pour le week-end de Pâques, mais la
menace demeure et les passions s’exacerbent. Une marche citoyenne prévue dimanche a été annulée pour des raisons de
sécurité et la police a été contrainte d’utiliser des canons à eau pour disperser quelque 450 sympathisants des mouvements
d’extrême droite venus manifester. ■
+
Tibéhirine : 20 ans après, l’enquête patine
Les sept moines français, qui vivaient au sud-ouest d’Alger, avaient été enlevés puis assassinés
au plus fort du conflit algérien entre les islamistes et les militaires.
d’une bavure de l’armée algérienne. C’est
celle de l’ex-attaché de Défense à l’ambassade de France à Alger, selon qui les
religieux auraient été tués par balles puis
décapités pour faire croire à une exécution islamiste.
MARIE-ESTELLE PECH [email protected]
ALGÉRIE Dans la nuit du 26 au 27 mars
1996, sept moines français ont été enlevés
dans leur monastère Notre-Dame de l’Atlas, à Tibéhirine, au sud-ouest d’Alger :
les frères Christian, Luc, Michel, Christophe, Bruno, Paul et Célestin, âgés de 45 à
82 ans. Capturés par un commando du
Groupe islamique armé (GIA) qui réclamait la libération de militants emprisonnés en Algérie, ils ont été conduits vers
une destination inconnue. Deux mois plus
tard, le 21 mai, le GIA affirmait les avoir
égorgés. Les têtes des victimes étaient retrouvées peu après, vers Médéa, puis inhumées dans le jardin de leur monastère.
Pour les habitants de ce coin perdu qui
appelaient les sept moines trappistes
« nos babbâs » (nos pères, NDLR), c’est la
consternation. Le monastère était un lieu
d’entraide, d’accueil pour tous, havre de
paix en ces temps troublés de conflit entre islamistes et militaires algériens. Frère
Luc, le doyen du monastère, fut le médecin de la population locale pendant cinquante ans. Les villageois utilisaient le
potager du monastère et les religieux empruntaient le tracteur du village. La relation entre le village et le monastère était
« symbiotique », comme l’a décrit John
Kiser, le journaliste et historien américain dans Passion pour l’Algérie (Ed. Nouvelle Cité). Le film de Xavier Beauvois,
Des hommes et des dieux, a renforcé ce
souvenir. Les sept moines, qui avaient
décidé de rester sur place malgré le sanglant conflit des « années noires »,
s’étaient donné pour mission de « chercher Dieu avec l’islam ».
A
Discréditer le maquis islamiste
Depuis l’ouverture de l’enquête française,
en 2004, les questions restent les mêmes.
Quand sont-ils morts exactement ? Qui a
orchestré l’assassinat des moines ? Un
commando du groupe islamique armé
(GIA) comme ces derniers l’avaient revendiqué, ou des « barbouzes » travaillant
pour le gouvernement algérien ? Quel rôle
a joué la France ? Seule certitude, l’enlèvement a bien été effectué par le GIA. Mais
d’ex-militaires algériens ont depuis affirmé que des généraux auraient été impliqués dans l’affaire en infiltrant et manipu-
La thèse d’une manipulation
Sur cette photo non datée figurent six des sept moines trappistes enlevés à Tibéhirine
dans la nuit du 26 au 27 mars 1996. AFP
lant le maquis islamiste dans le but de le
discréditer sur la scène internationale et
d’inciter les moines à quitter l’Algérie. Selon la thèse officielle, ce sont au contraire
les islamistes qui avaient intérêt à enlever
les moines pour inciter les Français à
prendre leurs distances avec le régime.
Les conditions dans lesquelles ces cibles de choix ont été tuées restent aussi
obscures. A été évoquée l’hypothèse
Côté français, le parquet a tardé à ouvrir
une enquête. La France n’a-t-elle pas
temporisé, soucieuse de ses bonnes relations avec les services secrets algériens ?
La justice française qui a obtenu qu’une
autopsie soit pratiquée en 2014, n’a toujours pas pu rapporter et analyser les
échantillons. La thèse d’une manipulation visant à masquer les causes de leur
mort a pris d’autant plus d’ampleur.
En Algérie, il est désormais question
d’honorer la mémoire de ces êtres exceptionnels. Un paradoxe de plus dans cette
affaire qui empoisonne les relations franco-algériennes. Avec une incompréhension de part et d’autre. Car les « années
noires », de 1991 à 2002, restent avant
tout pour les Algériens celle de leurs dizaines de milliers de morts. ■
» Lire aussi la chronique
de Nicolas Baverez PAGE 17
« Sans la liberté de blâmer, il n’est point d’éloge flatteur » Beaumarchais
EN BREF
Des écologistes assignent
le Marineland d’Antibes
L’association écologiste Sea
Shepherd a dénoncé dimanche
la réouverture du Marineland
d’Antibes, et annoncé avoir
assigné le plus grand parc
d’attractions marin d’Europe
pour « maltraitance animale »
et « pollution ». L’assignation
vise les conditions dans
lesquelles les animaux vivent
ainsi que la façon dont le parc a
géré les dommages consécutifs
aux inondations d’octobre.
Interpellations de migrants
dans les Alpes-Maritimes
Une trentaine de migrants
ont été interpellés, vendredi et
ce week-end, par la compagnie
de gendarmerie de Menton.
La plupart, d’origine
érythréenne, ont été interceptés
dans la vallée de la Roya.
Calais : huit No Borders
en garde à vue
Huit militants No Borders ont
été interpellés et placés en garde
à vue dimanche après avoir
squatté durant quelques heures
un bâtiment situé dans le centreville de Calais.
« Les familles voient aujourd’hui leur douleur ravivée »
Me Patrick Baudouin, l’avocat des
parties civiles, se désole de l’enlisement de l’enquête.
La thèse
« d’une
manipulation
des autorités
algériennes
s’accentue
au détriment
de celle des
islamistes
»
Me PATRICK BAUDOUIN
LE FIGARO. - Vingt ans après
les faits, où en est l’enquête?
Me Patrick BAUDOUIN. - On est
complètement bloqués. Nos espoirs récents ont vite été douchés.
En octobre 2014, une mission emmenée par les juges français Marc
Trévidic et Nathalie Poux avait pu
se rendre à Tibéhirine. Une exhumation des têtes des moines et divers prélèvements ont été effectués. Mais, malgré nos demandes
réitérées, ces échantillons capitaux n’ont toujours pas été envoyés en France. Rien ne justifie
qu’un an et demi après l’autopsie,
nous n’ayons pas reçu les échantillons qui permettraient de donner la date de leur mort ! Pourquoi
l’Algérie multiplie-t-elle les entraves ? De toute évidence, cela
gêne le gouvernement algérien.
Pour nous, c’est une forme de reconnaissance de culpabilité. En
2015, grâce aux constats visuels,
photos et radios, des experts ont
néanmoins éclairé certains aspects : les moines ont été tués près
d’un mois avant le 21 mai, la date
avancée par le Groupe islamique
armé. Ils concluent par ailleurs à
une décapitation post-mortem. Si
c’est confirmé par les échantillons, cela ne dit pas qui a tué,
mais cela met en difficulté la version officielle. La thèse d’une manipulation des autorités algériennes s’accentue au détriment de
celle des islamistes.
Comment réagissent aujourd’hui
les familles des victimes?
Elles voient leur douleur ravivée.
Elles qui ont donné leur ADN,
autorisé une exhumation, sont
ébranlées. Elles sont outrées
qu’on prive les experts français
de la possibilité d’aller jusqu’au
bout de leurs analyses. Car des
preuves existent, on peut avoir
une certitude sur la date de la
mort. Elles ont le sentiment que
l’Algérie méprise aujourd’hui la
mémoire des moines. Il y a un
mépris vis-à-vis des familles, de
la justice, de la France.
La justice française est-elle
active sur ce dossier?
Le précédent juge, Marc Trévidic, était très investi. La juge actuelle, Nathalie Poux, discrète,
peu communicante, n’a pas
abandonné. Mais ce n’est pas
évident : en tant que juge anti-
terroriste, elle travaille parallèlement sur des dossiers brûlants
récents, comme les attentats parisiens de janvier et novembre
2015. Elle nous a assuré qu’elle
progresserait. Elle a obtenu des
avancées. En décembre 2015, les
autorités algériennes nous ont
assurés de leur bonne volonté.
Huit procès-verbaux d’auditions ont bien été reçus en janvier 2016 par la juge et sont en
cours de traduction. Mais ils
sont d’un intérêt mineur. C’est
de la poudre aux yeux. Le gardien du monastère a ainsi été interrogé pour la énième fois. Et la
plupart des personnalités que le
juge Marc Trévidic voulait interroger ne l’ont toujours pas été
par la justice algérienne. ■
PROPOS RECUEILLIS PAR
M.-E. P.
LE FIGARO
SCIENCES
lundi 28 mars 2016
7
Autisme : l’incroyable retard français
L’état des lieux de la prise en charge de ces troubles est accablant pour la France.
DAMIEN MASCRET £@dmascret
PSYCHIATRIE Au premier regard, on se
dit que la prise en charge de l’autisme
n’est pas si mauvaise en France. Après
tout, il y eut un rapport de l’Inserm, des
recommandations de bonnes pratiques
en 2012, et même un troisième « plan
autisme », lancé en 2013. L’enquête menée ces deux dernières années par Florent Chapel, porte-parole du Collectif
autisme, avec l’anthropologue Sophie Le
Callenec, montre que l’on est loin du
compte. Intitulé Autisme, la grande enquête, le livre aurait peut-être dû s’appeler « Les Sacrifiés de la République »,
tant le tableau brossé par les auteurs est
accablant.
« D’abord il y a le problème du diagnostic , explique au Figaro Florent Chapel.
Certains parents doivent attendre cinq ou
dix ans pour avoir un diagnostic, donc une
prise en charge adaptée. » Car s’agissant
d’un trouble où les interactions sociales
sont perturbées, il y a bien nécessité
d’une prise en charge précoce et intensive. Sinon, c’est la régression ! Heureusement, des centres experts, comme ceux
du réseau Fondamental mis en place par
le Pr Marion Leboyer, ont ouvert la voie à
une psychiatrie basée sur la science.
À la veille de la Journée mondiale de
l’autisme le 2 avril, Ségolène Neuville vat-elle rompre avec des années d’approximations dans la prise en charge des autistes en France ? La secrétaire d’État
chargée des personnes handicapées et de
la lutte contre l’exclusion aura sous peu
toutes les cartes en main pour faire vraiment bouger la prise en charge de l’autisme en France. Aux rapports qui se sont
succédé ces dernières années (Comité
national d’éthique, Conseil économique
et social, rapport Léotard) viendra
s’ajouter celui de l’Igas, « dans les toutes
prochaines semaines », assure-t-on dans
l’entourage de sa ministre de tutelle, Marisol Touraine.
Recommandations de la HAS
Mais a-t-on réellement pris la mesure
des besoins ? Florent Chapel ne le pense
pas : « Le plan autisme 2013-2017 fait de la
scolarisation un objectif prioritaire mais ne
prévoit la création que de 700 places supplémentaires en unité d’enseignement en
maternelle, soit 175 par an alors que 8 000
enfants autistes naissent chaque année. »
Sans parler de l’absence de remboursement des soins éducatifs et comportementaux nécessaires pour les autistes.
Un jeune autiste, atteint du syndrôme d’Asperger, avec une éducatrice dans un centre d’accueil de Saint-Vincent-sur-Jard (Vendée).
Et puis surtout, il reste le problème de
fond des fondements psychiatriques et
pyschanalytiques de la prise en charge.
La prédécesseur de Mme Neuville, en
charge du handicap, Marie-Arlette Carlotti, l’avait annoncé : « En France, depuis
quarante ans, l’approche psychanalytique
est partout, elle concentre tous les moyens.
Il est temps de laisser la place à d’autres
méthodes pour une raison simple : ce sont
celles qui marchent et elles sont recommandées par la Haute Autorité de santé. »
Sans la résistance des psychiatres français (lire ci-dessous), les recommandations de la HAS auraient dû faire basculer
la situation.
Il suffit pourtant d’aller sur le site de
l’Inserm où le Pr Catherine Barthélémy,
chef de service honoraire du service de
pédopsychiatrie au CHU Bretonneau de
Tours, l’explique : « L’imagerie médicale
a permis de mettre en évidence des anomalies cérébrales chez certains patients,
notamment dans les régions du cerveau
impliquées dans le langage et la cognition
sociale. La biologie moléculaire a quant à
elle conduit à l’identification de nombreux gènes dont l’altération semble
conduire à une plus grande susceptibilité
à l’autisme. »
« Maltraitant par incompétence »
« Le problème, explique Florent Chapel,
c’est qu’il reste des grands pontes, la vieille
garde prétorienne freudienne, qui sont encore empreints de l’idée qu’il s’agit d’une
Les résistances de la psychiatrie française
Lorsque les recommandations
de bonne pratique sur la prise en
charge de l’autisme et des troubles
envahissants du développement ont
été édictées en 2012 par la Haute
Autorité de santé (HAS), on croyait que
les psychiatres français allaient enfin
abandonner les chimères de l’approche
psychanalytique. Celle-ci était en effet
classée comme « non consensuelle »,
supplantée par les approches
éducatives et comportementales.
Dans une première version de ses
recommandations, la HAS classait
d’ailleurs la psychanalyse dans les
« interventions non recommandées
ou non consensuelles » mais les
psychiatres avaient obtenu in extremis
la création d’une rubrique distincte,
« non consensuelle », comme l’avait
révélé Le Figaro (nos éditions
du 9 mars 2012). Une concession
malheureuse qui assure depuis la
survie de cette approche largement
disqualifiée dans le reste du monde.
En 2010, la HAS observait déjà en
analysant les quatre recommandations
internationales existantes sur
l’autisme, que deux déconseillaient
la psychanalyse (Espagne, NouvelleZélande) et les deux autres (ÉtatsUnis, Écosse) ne la citaient même plus !
D. M.
PATRICK GAILLARDIN/LOOK AT SCIENCES
psychose infantile même s’ils n’osent plus
dire que l’autisme est la faute de la mère. »
Or, pour les parents qui n’ont pas les ressources nécessaires, il n’y a pas d’autre
choix que de laisser leurs enfants dans les
centres où la prise en charge est remboursée. Tant pis si les recommandations
de la HAS n’y sont pas suivies. « C’est la
loterie, si votre enfant est pris en charge
dans des centres comme Robert Debré
(Paris) ou CHU de Montpellier ça va, mais
80 % des CHU sont maltraitants pas par
plaisir mais par incompétence », accuse
Florent Chapel. Ségolène Neuville l’a
confirmé le 23 janvier dernier à Bordeaux, lors du congrès Autisme France,
membre du Collectif autisme, « les hôpitaux de jour de pédopsychiatrie feront bien
l’objet d’inspections par les Agences régionales de santé en 2016. Au centre de ces
inspections, le respect des recommandations, de toutes les recommandations de la
HAS (du diagnostic aux interventions) ».
« Les inspecteurs des ARS auront-ils les
compétences pour juger de la validité du
jugement clinique à l’appui des pratiques
examinées », s’inquiète le syndicat des
psychiatres des hôpitaux dans un courrier adressé le 7 mars dernier à la ministre
de la Santé. Ambiance! ■
Au Honduras, lutte sanglante
contre les mégaprojets
MEXICO (MEXIQUE)
ENVIRONNEMENT L’assassinat de la militante écologiste hondurienne Berta Cáceres, dans la nuit du 2 mars, a mis en lumière l’oppression dont sont victimes les
communautés indigènes qui tentent de
faire valoir leurs droits territoriaux face
aux grandes compagnies minières et énergétiques qui investissent dans le pays. Cáceres, lauréate du prix Goldman pour l’environnement en 2015, était bien connue
pour son engagement contre les « mégaprojets » énergétiques, dont le nombre a
explosé depuis le coup d’État militaire de
2009. Les autorités parlent d’un homicide
aléatoire et malheureux. Les faits, comme
les menaces de mort qu’elle avait reçues
ces derniers mois pour son combat de militante et la protection rapprochée qui lui
avait été récemment accordée, convergent
plutôt vers la préméditation.
« Berta était notre leader emblématique », explique l’avocat hondurien Donald
Hernandez, membre du Centre hondurien
pour la promotion du développement
communautaire. « En la touchant elle, ils
ont voulu nous envoyer un message. » Car,
en réalité, c’est toute la communauté qui
est visée. En quelques années seulement, le
Honduras s’est imposé comme le pays le
plus dangereux au monde pour les défenseurs des droits à la terre. Selon une étude
de l’organisation non gouvernementale
britannique Global Witness, au moins
109 personnes ont été tuées entre 2010 et
2015 pour s’être opposées à des projets miniers, d’exploitation forestière ou hydroélectrique.
Depuis quelques années, le Honduras vit
une réelle révolution énergétique. Les investissements dans les énergies renouvelables décollent en 2010 suite à un changement politique et l’introduction de mesures
d’incitation fiscales. En cinq ans, la capacité installée totale dans le pays a crû de 40 %
et les revenus énergétiques augmentent de
plus de 50 %. Les projets solaires explosent,
passant d’une production inexistante en
2014 à plus de 388 MW en novembre 2015.
“
Ils s’en prennent
aux écoles, retirent les
professeurs, limitent l’accès
aux médicaments, ils ont
aussi brûlé des maisons
DONALD HERNANDEZ, AVOCAT
”
Le Honduras se retrouve alors en deuxième
place, derrière le Chili, des pays d’Amérique latine leaders en énergie solaire. Leader, oui, mais à quel prix ?
Une grande partie de ces projets se situent en territoires indigènes. La loi sur
l’énergie renouvelable de 2007 prévoit une
consultation obligatoire des populations
locales, sans laquelle aucun permis de
construction ne peut être délivré. Mais ces
dernières dénoncent un non-respect des
lois, aussi bien du côté des entreprises que
des autorités, qui brillent par leur absence
en cas de conflit.
« La plupart de ces accords sont conclus à
huis clos, et les communautés en apprennent
l’existence lorsqu’elles entendent le bruit des
bulldozers pour la première fois », explique
Billy Kyte, activiste au sein de l’organisation Global Witness. Lors de leur visite au
Honduras en novembre 2015, aucune des
douze communautés avec lesquelles l’organisation s’est entretenue n’avait été proprement consultée. Et pour ceux qui tentent de s’opposer aux aspirations de
certaines compagnies minières, agricoles
ou énergétiques, la répression est forte.
Dans le département de La Paz, où la vice-présidente de la Chambre des députés,
Gladys Aurora López, a obtenu plusieurs
concessions pour des projets hydroélectriques, les communautés locales subissent de
lourdes pressions, ayant pour but de les
pousser à quitter les lieux. « Ils s’en prennent aux écoles, retirent les professeurs, limitent l’accès aux médicaments, ils ont aussi
brûlé des maisons », témoigne l’avocat et
activiste Donald Hernandez. Selon lui, quatre personnes ont été tuées dans la région.
Plus à l’ouest dans le département
d’Olancho, un autre projet hydroélectrique, celui de la compagnie Hidroluz, menace les populations indigènes locales. Ici
non plus les consultations en bonne et due
forme n’ont pas eu lieu, mais l’entreprise
Une militante manifeste, le 17 mars à Tegucigalpa, devant le portrait de Berta Cáceres.
est parvenue à diviser la communauté en
payant certains membres qui ont par la
suite accepté de signer les contrats requis
pour la construction du projet. La communauté est désormais interdite d’accès au
fleuve Wampu, autour duquel elle avait
développé tout son style de vie. « Ils pêchent, utilisent l’eau comme moyen de subsistance et pour le bétail », raconte Hernandez, qui dit avoir reçu plusieurs menaces
de l’entreprise. « Sans eau, ils se verront
obligés de partir. »
Un rapport de la Fédération internationale des droits de l’homme sur la criminalisation des défenseurs des droits humains
en Amérique latine publié le mois dernier
vient confirmer ce triste tableau, et dénonce la collusion qui existe entre hommes
politiques, police, militaires, officiers de
justice et hommes d’affaires et l’impunité
totale qui en découle.
Le Honduras n’est d’ailleurs pas une exception. Comme le souligne le rapport, des
cas similaires ont été relevés à travers toute l’Amérique latine. Une « crise cachée qui
échappe à l’attention du public ». ■
ZOOM
Première transmission
sexuelle du virus Zika
au Chili
Le Chili a recensé son premier
cas de transmission sexuelle
du virus Zika, a annoncé samedi
le ministère de la Santé. Le virus
a été transmis à une femme
de 46 ans par son partenaire,
qui l’avait contracté à Haïti.
Les moustiques vecteurs de
la maladie, du genre Aedes,
sont absents du Chili, mais
dix cas y ont été dénombrés,
chez des personnes contaminées
en dehors du pays.
Au Brésil, près de 5 000 cas
de microcéphalie, une anomalie
du développement fœtale, sont
fortement soupçonnés d’être liés
au virus Zika même si le lien n’a
pas encore été complètement
prouvé.
A
DIANE JEANTET
JORGE CABRERA/REUTERS
L’assassinat de la militante écologiste Berta Cáceres met en lumière
l’oppression des communautés indigènes face aux grandes compagnies.
lundi 28 mars 2016 LE FIGARO
8
SPORT
En attaque,
Deschamps
a un plan B
séduisant
En l’absence de Benzema et Valbuena,
embourbés dans l’affaire de la sextape,
quatre joueurs s’émancipent chez les Bleus.
AURÉLIEN BILLOT ET VINCENT DUCHESNE
£@AB_Sport24 £@VinceSport24
FOOTBALL Les Bleus sont d’attaque.
Même sans Karim Benzema, toujours
non sélectionnable, et Mathieu Valbuena, victime collatérale. L’ombre des
absents n’a nullement altéré le rendement du secteur offensif aux Pays-Bas
(3-2). Et, à la veille d’affronter la Russie
au Stade de France, les éléments du
plan B ont du répondant.
Griezmann,
uAntoine
le nouveau chef de file
« J’espère que ce ne sera pas moi le troisième à sortir (de l’équipe) », avait-il
lancé dans un sourire durant la semaine
à Clairefontaine. Aucune chance au vu
de l’importance prise par Antoine Griezmann (25 ans) au sein des Bleus. Très apprécié du groupe – « un petit bonhomme
charmant », dixit Christophe Jallet, « un
boute-en-train qui a toujours le sourire »,
selon Olivier Giroud –, le Mâconnais
s’affirme de plus en plus comme un
joueur majeur. Le nouveau leader tech-
nique de l’équipe de France. « Je n’ai pas
encore fait de top match en Bleu », avaitil admis, lucide, dès le premier jour du
rassemblement. Une affirmation qui n’a
plus lieu d’être après sa prestation aboutie aux Pays-Bas. En à peine 45 minutes,
le Madrilène a totalement pressé les
Oranje. Parvenant à retranscrire en sélection ce degré de performance entrevue avec l’Atlético, où il est devenu incontournable après des débuts cahincaha. Avec en point d’orgue un coup
franc magistral. Son 7e but en sélection.
« J’essaie de me rapprocher du joueur que
je suis à l’Atlético. Il faut continuer comme
ça. Et j’y arriverai. » Polyvalent et performant, le petit nouveau du Mondial
2014 a tout pour devenir le taulier offensif tant recherché à l’Euro 2016.
Giroud,
uOlivier
calife à la place du calife ?
Ne lui parlez pas de Benzema, ça l’irrite.
Entre le Madrilène et le Gunner, cela n’a
jamais été l’amour fou. Ni sur le terrain,
ni en dehors. Dans l’ombre depuis ses
débuts internationaux en 2011, Giroud
se plaît dans la lumière que lui offre la
Antoine Griezmann fête son but avec Dimitri Payet, vendredi soir à Amsterdam contre les Pays-Bas.
mise à l’écart de l’ancien Lyonnais. « J’ai
l’opportunité de plus m’exprimer, d’engranger de la confiance », a-t-il reconnu
samedi à Clairefontaine, quelques heures après avoir inscrit son 14e but en bleu
aux Pays-Bas (2-3), le quatrième en
quatre matchs. Le Savoyard, libéré du
poids de la comparaison avec son cadet,
intrinsèquement plus doué, offre de la
variété au jeu français. Son profil physique (1,92 m, 92 kg) se complète avec
ceux des feux follets Griezmann et Martial. À Arsenal, il a perdu sa place après
une longue disette en début d’année.
Chez les Bleus, en revanche, Giroud a
tout gagné. Si l’absence de Benzema se
prolonge, il endossera le rôle de numéro 9 pendant l’Euro. Une occasion en or
de s’affranchir encore. Et de s’imposer
enfin comme le numéro un.
Martial, le Golden Boy
uAnthony
Il incarne l’avenir des Bleus. Comme
Kingsley Coman (19 ans, Bayern Munich). Si les deux hommes n’en finissent
plus de brûler les étapes, Anthony Martial (20 ans) a une longueur d’avance
dans la hiérarchie des joueurs offensifs.
Son transfert mirobolant à Manchester
United l’été dernier (50 millions d’euros
+ 30 millions d’euros de bonus) aurait pu
lui brûler les ailes. Il n’a fait qu’accélérer
sa carrière. Boosté par l’intransigeance
de Louis van Gaal, Martial a conquis à la
fois l’Angleterre, l’Europe - avec le titre
de Golden Boy 2015 récompensant le
meilleur joueur de moins de 21 ans - et
Didier Deschamps, avec trois titularisations consécutives fin 2015. S’il n’a pas
encore débloqué son compteur en sélection, ses caractéristiques de dévoreur
d’espaces lui ont déjà permis de se signaler avec 4 passes décisives en 7 apparitions. Dont une vendredi à Amsterdam.
« Il amène de la vitesse, de la percussion. Il
a le volume de jeu pour faire les efforts,
pour évoluer sur le côté, même si ça lui arrive de jouer dans l’axe aussi, a souligné
Deschamps cette semaine. Il a une bonne
marge de progression. » Et une maturité
qui force l’admiration.
Payet, le revenant
uDimitri
On le pensait rayé de la liste, plus ou
moins brouillé avec Didier Deschamps.
Dimitri Payet a pourtant effectué un
Simon Delestre et Pénélope Leprévost
peuvent encore sauver le podium
Après un bon démarrage, les cavaliers français ont faibli samedi
lors de la finale de la Coupe du monde, à Göteborg. Verdict ce lundi.
MARIANNE SIMON [email protected]
A
ENVOYÉE SPÉCIALE À GÖTEBORG (SUÈDE)
ÉQUITATION Tout avait si bien commencé pour les quatre cavaliers tricolores au départ de la finale de la Coupe du
monde à Göteborg, en Suède. Vendredi,
à l’issu de la première des trois épreuves, Pénélope Leprévost, Simon Delestre, Patrice Delaveau et Kevin Staut se
classaient respectivement aux 1re, 2e, 6e
et 12e places. Un démarrage sur les chapeaux de roues qui ravissait leur coach,
Philippe Guerdat. « On savait qu’on
avait des chevaux rapides, mais on ne
voulait pas prendre tous les risques pour
ne pas les mettre dans le rouge. Ils ont
tous très bien sauté mais, le plus important, c’est le 2e jour, car une faute coûte
très cher. » L’entraîneur ne croyait pas
si bien dire. Après cet excellent début
de championnat, les quatre cavaliers
bleus ne sont pas parvenus à transformer l’essai samedi soir.
Pour la deuxième manche, le chef de
piste n’avait pas fait les choses à moitié
en concoctant aux cavaliers et chevaux
des combinaisons des plus techniques.
Premier à s’élancer dans le mythique
Scandinavium Arena, Kevin Staut, en
selle sur For Joy, sortait de piste avec
deux fautes. Venait ensuite Patrice Delaveau, associé à Lacrimoso 3 *HDC. Après
un excellent début de parcours, le Normand faisait chuter une première barre
avant que son cheval ne se laisse surprendre par un oxer avec bidet et le dérobe. Un obstacle imposant que Lacrimoso 3 *HDC aura bien du mal à repasser
puisqu’il se déviait une nouvelle fois en
faisant tomber une seconde barre. Les
deux cavaliers du haras des Coudrettes
sortaient de piste dépités. Redescendant
à la 20e place ex aequo, ils voyaient leurs
rêves de podium s’anéantir, ce lundi,
lors de la dernière épreuve.
De son côté, le numéro un mondial,
Simon Delestre, associé à son crack
Qlassic Bois Margot, sauvait les meubles
en bouclant son tour avec une faute.
Tous les espoirs du coach reposaient désormais sur Pénélope Leprévost et son
étalon Vagabond de la Pomme, 1ers la
veille. Le couple déroulait un parcours
parfait et un sourire s’affichait déjà sur le
visage de Sophie Dubourg, la directrice
technique nationale. Hélas, la cavalière
commettait une faute sur le dernier obstacle et sortait de piste avec 4 points au
compteur. Pénélope Leprévost et Simon
Delestre terminaient au 6e rang ex aequo
du classement général provisoire.
“
Si l’on avait été
le soir des JO, j’aurais
été effondré
”
PHILIPPE GUERDAT, ENTRAÎNEUR
DE L’ÉQUIPE DE FRANCE DE SAUT D’OBSTACLES
« Si l’on avait été le soir des Jeux olympiques, j’aurais été effondré, confiait Philippe Guerdat. Mais ce n’est pas le cas, je
suis déçu certes, mais les chevaux ont
tous bien sauté, mes cavaliers ont été
bons, nos fautes sont explicables. C’est la
réalité de notre sport qui est dur, ingrat et
où la chance a quand même une certaine
place », poursuivait-il, dépité.
L’Allemand Christian Ahlmann affichait lui un large sourire. Après un
naufrage la veille avec son cheval Colorit, le cavalier avait décidé de changer
de monture pour prendre le départ avec
Taloubet Z lors du deuxième jour de
compétition. Le cavalier de la Mannschaft s’est illustré en signant un parcours très rapide vierge de toute pénalité pour remporter cette manche.
Grâce à sa première place, Ahlmann est
remonté à la 10e place du classement et
peut de nouveau espérer grimper sur le
podium. « J’ai changé de cheval entre
hier et aujourd’hui. C’était un pari très
risqué, d’autant que j’avais très mal
commencé mon championnat. Je suis
heureux que cela ait bien fonctionné »,
déclarait-il à l’issue de son parcours.
Pour autant, tout n’est pas gagné,
loin de là, pour celui qui a déjà accroché
une Coupe du monde à son palmarès,
en 2011 à Leipzig avec le même Taloubet
Z, puisque c’est le tenant du titre, Steve
Guerdat (fils de l’entraîneur des cavaliers français, NDLR), qui a repris samedi les rênes du classement général
provisoire. Le cavalier suisse doit son
nouveau leadership a sa 4e place dans
l’épreuve du samedi avec Corbinian.
« Je suis vraiment très content. Corbinian est un cheval qui n’a pas encore
beaucoup de métier. Je suis heureux que
nous parvenions à nous améliorer »,
s’est-il réjoui.
Si la soirée de samedi a laissé un goût
amer après la contre-performance de
nos cravaches bleues, tout n’est pas
pour autant perdu. Avec une 6e place au
classement général provisoire, Leprévost et Delestre peuvent encore monter
sur le podium. C’est du moins le sentiment de leur coach. « Nous allons redresser la tête car rien n’est joué, assuret-il. Mon objectif est d’avoir deux
cavaliers dans le Top 10, et un sur le podium. J’ai deux chevaux qui peuvent tout
à fait gagner cette coupe, Qlassic et Vagabond. Mes cavaliers sont des compétiteurs, ils ne vont pas rester là à pleurer et
ils vont donner tout ce qu’ils ont. »
Verdict ce lundi, pour l’ultime
épreuve de la finale, à 13 heures. ■
retour tonitruant à Amsterdam. « Avec
le sélectionneur, on a discuté. Il fallait
qu’on se dise les choses, a révélé le Réunionnais, séduisant chef d’orchestre
des Bleus vendredi. Ça a agi comme un
déclic sur ma manière de jouer. » Car,
quand son implication se hisse à la
hauteur de son talent, Payet est un
joueur de premier plan. Capable, notamment, de faire de West Ham, club
du ventre mou en Premier League, un
postulant à la Ligue des champions cette saison (5e). Quasi inconnu sur la scène internationale avant de traverser la
Manche l’été dernier, l’ancien Marseillais, métamorphosé par l’exigeant
Marcelo Bielsa, a changé de dimension.
Au point d’avoir été élu meilleur joueur
londonien de l’année devant les stars
d’Arsenal et Chelsea. « Je suis dans la
meilleure période de ma carrière », a-til assuré. À bientôt 29 ans, le voilà mûr
pour jouer un rôle majeur dans une
grande compétition. Surtout si Mathieu
Valbuena, miné par le retentissement
de l’affaire de la sextape et son intégration ratée à Lyon, ne raccrochait pas le
bon wagon. ■
ZOOM
Rugby : le retour
spectaculaire de Clermont
Menés 19-0 par Bordeaux-Bègles,
dimanche, les Clermontois ont
aligné 3 essais et un 24-0 pour
rétablir la situation en Gironde
et conforter leur place de leaders
du Top 14. La 19e journée
a également été marquée par
la chute à Lille du Racing 92,
battu sur le fil par l’équipe B
de Toulon suite à une grossière
faute de Martin Castrogiovanni
sanctionnée par une pénalité de
Fred Michalak. Avec trois défaites
en un mois, les Franciliens
ont perdu de leur superbe.
19E JOURNÉE TOP 14
RACING 92 (4) 20-21 TOULON (2)
BRIVE (8) 23-22 CASTRES (7)
GRENOBLE (9) 39-23 LA ROCHELLE (10)
PAU (11) 25-6 OYONNAX (13)
AGEN (14) 21-45 MONTPELLIER (3)
BORDEAUX B. (5) 19-24 CLERMONT (1)
TOULOUSE (6) hier ST. FRANÇAIS (12)
EN BREF
Cyclisme : Quintana, Pinot
et Sagan vainqueurs
Pénélope Leprévost sur Vagabond
de la Pomme, vendredi à Göteborg.
BJORN LARSSON ROSVALL/TT/AP
La FEI confiante pour les Jeux olympiques
Sabrina Zeender, secrétaire générale
adjointe de la Fédération équestre
internationale (FEI) et première femme
à occuper ce poste, a confié au Figaro
son optimiste pour l’organisation
des épreuves équestres aux JO de Rio :
« En dépit des critiques qu’a pu
essuyer le comité organisateur, nous
sommes confiants quant à la bonne
tenue des Jeux et le bon accueil
des délégations et des chevaux.
Nous travaillons étroitement avec
ce comité. Depuis dix-huit mois, nous
ANTHONY BIBARD/FEP/PANORAMIC
nous rencontrons tous les mois
pour faire un point sur l’avancée
des travaux. C’est un défi immense
mais nous sommes sereins. »
Et d’ajouter, concernant l’importance
du rendez-vous de Göteborg
sur la route de Rio : « Les résultats
de tous les cavaliers sont importants
car les fédérations nationales
vont scruter de très près les parcours
des couples pour faire leur choix
et déterminer qui ira représenter
leurs couleurs aux JO. »
M. S.
Nairo Quintana (Movistar)
a remporté le Tour de Catalogne
en devançant Contador (2e),
Bardet (6e) et Froome (8e).
Thibaut Pinot s’est imposé dans
le Critérium international disputé
en Corse en dominant deux des
trois étapes. Enfin, Peter Sagan a
triomphé dans Gand-Wevelgem.
Tennis : Nadal laisse
filer Tsonga et Monfils
Alors que Rafael Nadal a été obligé
d’abandonner suite à un coup
de chaud, Jo-Wilfried Tsonga
et Gaël Monfils se sont qualifiés
pour le 3e tour du Masters 1000
de Miami en dominant
le Colombien Giraldo (6-3, 6-1)
et le Japonais Ito (6-3, 6-2).
Rugby : plus long que prévu
pour Trinh-Duc
Blessé à une cheville lors
de France-Angleterre, le demi
d’ouverture devrait finalement
être plâtré et rester éloigné des
terrains entre 8 et 10 semaines,
selon Midi Libre.
LE FIGARO
LÉGION D'HONNEUR
lundi 28 mars 2016
9
Légion d’honneur : la promotion de Pâques
Célèbres ou inconnues du grand public, 535 personnalités font leur entrée dans l’ordre
ou se voient promues.
Grande Chancellerie
de la Légion d'honneur
Au grade de commandeur
Jean-Paul Bailly, ingénieur, président du Conseil européen du
commerce et de la réparation
automobile. Juliette de La Genière, née Massenet, professeur émérite de l'université de Lille, membre de l'Académie des inscriptions
et belles-lettres. Françoise Monod, née Gallot, avocat (h), présidente et membre de plusieurs associations. Bertrand Saint-Sernin,
recteur, professeur émérite à
l'université de Paris-Sorbonne,
membre de l'Académie des sciences morales et politiques.
Au grade d'officier
Yves Bamberger, ancien conseiller
scientifique du président d'un
groupe, membre fondateur de
l'Académie des technologies. Paul
Cayrat, chef d'entreprise, président d'une section de la Société
des membres de la Légion d'honneur. Thierry Le Chevalier, médecin cancérologue. Martine Le Noc,
dite Le Noc Soudani, médecin
coordonnateur de l'EHPAD Alquier Debrousse. Odile Macchi,
née Danjou, directrice de recherche (h) au CNRS, membre de
l'Académie des sciences. Eva Pebay-Peyroula, née Foglar, professeur de physique à l'université
Fourier (Grenoble), membre de
l'Académie des sciences. Georges
Pedro, ancien secrétaire perpétuel
de l'Académie d'agriculture de
France, membre correspondant
de l'Académie des sciences. Jean
Philippot, ancien inspecteur général d'une compagnie aérienne,
président (h) d'une section de la
Société des membres de la Légion
d'honneur. René Tollemer, psychiatre. Alain-Jacques Valleron,
professeur à l'université Pierre et
Marie Curie, membre de l'Académie des sciences.
Au grade de chevalier
Maria-Pilar de la Béraudière, née
Irisarri, présidente de l'association « Les amis de l'œuvre Wallerstein ». Jean-Jacques Bertrand,
ancien directeur général adjoint
d'un centre chirurgical. Sophie
Boissard, née Bombois, conseiller
d'Etat, directrice générale d'un
groupe européen de services aux
personnes âgées. Pascal Régis Clément, ancien ministre, avocat.
Jacqueline Conard, biologiste à
l'hôpital Saint-Joseph (Paris).
Barbara Erazmus, née Baka, directrice de recherche au CNRS.
Jérôme Filippini, secrétaire général de la Cour des comptes. MarieFrance Gonnord, née Renou, ingénieur (er) ENSG, membre actif
d'une association. Claude Hess,
président de l'Association nationale des anciens combattants du
ministère de l'environnement, de
l'énergie et de la mer. Françoise
Lamnabhi, née Lagarrigue, dite
Lamnabhi-Lagarrigue, directrice
de recherche au CNRS. Marc Ledoux, directeur de recherche
émérite de classe exceptionnelle
au CNRS. Guy Leonetti, ancien cadre dirigeant de La Poste, membre
actif d'associations. Bernard Leroy, avocat général (h) près la
également élevé à la dignité de grand officier. La même récompense est aussi accordée à l’écrivaine Benoîte Groult ainsi
qu’au sociologue et philosophe Edgar
Morin.
Dans le monde de l’enseignement et
de la recherche, Claude Cohen-Tannoudji, Prix Nobel de physique et membre
de l’Académie des sciences est, quant à
lui, élevé à la dignité suprême de grandcroix. Il rejoint ainsi un cénacle de
69 autres titulaires de la plus haute dignité de la Légion d’honneur. Rappelons
d’ailleurs que 75 est le nombre maximal
autorisé pour cette distinction.
Cour d'appel de Versailles. Pierre
Lespine, ancien résistant, membre actif de plusieurs associations.
Jeanne Lhez, née Robert, institutrice (er), ancienne résistante.
Marius Nikolli, ancien moniteur
national de ski et guide de haute
montagne. Jacques Ouchakoff,
ancien officier supérieur, bénévole associatif. Marie-France Pantaloni, née Carlier, directrice de recherche émérite au CNRS.Philippe
Plantade, avocat à la cour d'appel
de Paris et membre du grand magistère de l'ordre du Saint-Sépulcre. Christian Roux, officier supérieur (er), ingénieur (er) d'études
à l'université Paul-Sabatier de
Toulouse. Isabelle Siben, née
Chartier, dite Chartier-Siben,
médecin, fondatrice et présidente
d'une association.
Cette promotion civile, qui applique la
parité hommes-femmes, récompense
bien d’autres personnalités. Le médecin
et aventurier Jean-Louis Étienne est ainsi
promu au rang de commandeur. Administrateur d’Artcurial, maison de ventes
aux enchères, Laurent Dassault accède,
quant à lui, au grade d’officier. Parmi les
décorés issus du monde du cinéma figure
la réalisatrice Coline Serreau, qui reçoit
la rosette d’officier, tout comme l’acteur
Pierre Arditi. Le réalisateur Jacques Perrin est désormais commandeur.
Côté littérature, citons deux femmes.
Isabelle Gallimard, PDG de Mercure de
France, devient officier et Laurence des
Cars, conservateur du Musée de l’Orangerie, est nommée, elle, au grade de
chevalier. Représentant le monde de la
musique, le violoniste Renaud Capuçon
se voit attribuer le ruban rouge.
Deux grands cuisiniers sont aussi décorés. Gilles Goujon, trois étoiles au guide Michelin à Fontjoncouse dans l’Aude,
devient chevalier, à l’instar de Christian
Le Squer, également chef étoilé à l’hôtel
George V à Paris.
Les hommes politiques, aussi, sont à
l’honneur. Deux anciens ministres, l’un
de droite à la Culture, Jean-Jacques
Au grade de chevalier
Benoîte Groult, journaliste,
écrivaine, est élevée à la dignité
de grand officier. BALTEL/SIPA
Premier ministre
A la dignité de grand-croix
Claude Cohen-Tannoudji, Prix
Nobel de physique, professeur honoraire au Collège de France,
membre de l'Académie des sciences. Roger Fauroux, ancien ministre, président d'honneur d'un
groupe industriel.
A la dignité de grand officier
Guy Canivet, ancien membre du
Conseil constitutionnel, magistrat
honoraire. Mireille Delmas-Marty, née Marty, professeure honoraire au Collège de France, membre de l'Académie des sciences
morales et politiques. Louis Gallois, président de société, président d'une association de réinsertion. Benoîte Groult, journaliste,
écrivaine. Edgar Morin, né Nahoum, sociologue, philosophe.
Louis Gallois, président de société,
président d'une association de réinsertion,
est élevé à la dignité de grand officier.
JEAN-CHRISTOPHE MARMARA/LE FIGARO
Au grade de commandeur
Jean-Jacques Aillagon, ancien ministre, commissaire artistique,
conseiller culturel d'un groupe.
Henri Paris, président d'un organisme de réflexion politique et
géopolitique, général de division.
Au grade d'officier
Jean-Charles André, secrétaire
général de la questure du Sénat.
Jacques Auxiette, ancien président du conseil régional des Pays
de la Loire, ancien maire de La
Roche-sur-Yon (Vendée), ancien
proviseur. Jean-Denis Combrexelle, président de la section
sociale du Conseil d'Etat. Laurent
Dassault, administrateur d'une
maison de vente aux enchères,
administrateur d'une association
pour la promotion de l'art. Catherine Démier, née Jouanin,
conseillère maître à la Cour des
comptes. Albert dit Alber Elbaz,
créateur de mode, styliste, designer. Marie-Gabrielle Gagnadre,
née Chastel, ancienne conseillère
générale du Puy-de-Dôme, maire
honoraire de Lezoux. Béatrice Richard, née Lefebvre, secrétaire
générale adjointe d'une chambre
d'agriculture, fondatrice et présidente d'honneur d'une association
pour la promotion d'une région
viticole.
Aillagon, et l’autre socialiste en charge
de l’Économie et aujourd’hui commissaire européen, Pierre Moscovici, sont
décorés. Le premier devient commandeur et le second est nommé chevalier.
Fondée par Napoléon en 1802, la Légion d’honneur compte 93 000 membres, un chiffre stable depuis une dizaine
d’années et qui représente 0,14 % de la
population. Pour cette promotion de Pâques, 30,3 % des décorés sont issus du
monde de l’entreprise, 24,1 % de la
fonction publique et 8,6 % d’entre eux
relèvent de la culture et de la communication. ■
A. N.
Guy Canivet, ancien membre
du Conseil constitutionnel, magistrat
honoraire, est élevé à la dignité
de grand officier. VINCENT ISORE/IP3
Arlette Arnaud-Landau, née Arnaud, ancienne vice-présidente
du conseil régional d'Auvergne,
ancienne maire du Puy-en-Velay
(Haute-Loire). Yolande Baldeweck, née Baldeweck-Diemer,
journaliste. Isabelle Baranger, née
Guilleminet,
administratrice
d'une association médico-éducative, ancienne vice-présidente
d'une communauté d'agglomération. Marie-Jeanne Béguet, née
Fond, maire de Civrieux (Ain),
conseillère régionale d'Auvergne
- Rhône-Alpes. Geneviève Benezech, née Sentagnes, ancienne
présidente-directrice
générale
d'une entreprise spécialisée dans
le traitement de surfaces métalliques. Philippe Berthaut, directeur
général des services d'une commune. Patricia Brault, née Mauduit, maire d'Abilly (Indre-etLoire), ancienne vice-présidente
d'une association nationale d'établissements de formation en alternance. Gilbert Cette, directeur
général adjoint des études et des
relations internationales de la
Banque de France. Anne Charpy,
née de Rohan Chabot, directricefondatrice d'une association d'insertion, ancienne directrice d'un
groupement d'intérêt public. Karin Ciavaldini, née Schor, maître
des requêtes au Conseil d'Etat.
Olivier Connan, chef de la division de la communication institutionnelle à l'Assemblée nationale.
Simon Corley, chef du secrétariat
de la commission des finances, de
l'économie générale et du contrôle budgétaire à l'Assemblée nationale. Gérard Delmas, vice-président d'une chambre régionale de
commerce et d'industrie, président d'une chambre de commerce
et d'industrie territoriale. Michel
Dreyfus, historien, directeur de
recherche émérite au Centre national de la recherche scientifique. Guillaume Faury, présidentdirecteur général d'une entreprise
de constructions d'hélicoptères,
ancien directeur de recherche et
de développement d'un groupe
automobile. Carole Force, directrice d'une association sportive,
ancienne joueuse de basket. Philippe Forest, écrivain, essayiste,
professeur des universités en littérature française. Jean-Marc
Frohard, sous-directeur, secrétaire général de la direction de
l'information légale et administrative. Josiane Gonnot, cofondatrice et présidente nationale d'une
association d'aide aux enfants
malades, cadre de santé dans un
institut de formations sanitaires.
Gilles Goujon, chef cuisinier, restaurateur. Guillaume Goulard,
conseiller d'Etat, président d'une
sous-section du contentieux au
Conseil d'Etat. Adam Hachimi,
président-directeur général d'une
entreprise spécialisée dans le secteur scientifique et environnemental. Odette Jannot, née Simon, résistante, membre d'une
association d'anciens combattants. Odile Jubécourt, née Fontenay, directrice d'un programme
pour un constructeur aéronautique. Jean Kéhayan, écrivain, essayiste, président d'honneur
d'une association départementale
de journalistes. Alain Kleinmann,
artiste peintre, sculpteur. MarieFrance Lavarini, vice-présidente
d'une société de communication.
Catherine Leroy, chef de la division du secrétariat général à l'Assemblée nationale. Myriam Maestroni,
présidente-fondatrice
d'une société spécialisée dans la
transition énergétique, ancienne
dirigeante d'une société de distribution de combustibles. JeanPierre Marcon, président du
conseil départemental de la Haute-Loire. Claude Mekies, chercheur en médecine, ancien président d'une association spécialisée
en neurologie. Pierre Moscovici,
ancien ministre, ancien député du
Doubs, commissaire européen
aux affaires économiques et financières, à la fiscalité et aux
douanes. Monique Ramognino,
ancienne première adjointe au
maire d'Angers (Maine-et-Loire),
ancienne directrice d'un centre
départemental de documentation
pédagogique.
Marie-France
Roux-Balandras, née Roux, présidente d'une association d'aide aux
personnes âgées. Philippe RouxComoli, né Roux, directeur de
l'architecture, du patrimoine et
des jardins au Sénat. Maurice Sartre, historien, professeur des universités émérite, rédacteur en
chef d'une revue historique. JeanLouis Silvestre, président-fondateur d'une association humanitaire, écrivain. Jean Ueberschlag,
ancien député du Haut-Rhin. Gérald-Brice Viret, directeur général d'un groupe audiovisuel, ancien directeur général d'une
entreprise de communication.
Rémy Zilliox, chirurgien-plasticien, fondateur d'une association
humanitaire.
Promotion
du travail
Au grade de chevalier
Noël Guichard, ancien présidentdirecteur général d'une société
d'outillage. André Houtch, ancien
président-directeur général d'une
entreprise de distribution. Claude
Kreb, directeur d'établissement
de production dans une société
conceptrice d'appareils de voie et
de systèmes de signalisation.
Alain Pérez, président d'une entreprise de transport, président
d'une chambre de commerce et
d'industrie.
Ministère
des Affaires
étrangères
et du Développement
international
Personnel
Au grade d'officier
Jacqueline Bassa-Mazzoni, née
Bassa, ambassadrice extraordinaire et plénipotentiaire en Namibie. Hadelin de La Tour du Pin
Chambly de La Charce, ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire à Monaco.
A
DISTINCTIONS Publiée dimanche au
Journal officiel, la promotion civile de la
Légion d’honneur de Pâques 2016 compte
535 récipiendaires. Parmi les personnes
récompensées, on dénombre 433 chevaliers, 73 officiers et 22 commandeurs.
Cinq d’entre elles sont par ailleurs élevées à la dignité de grand officier et deux
à celle de grand-croix, les deux distinctions les plus élevées. Parmi elles, l’expatron de la SNCF de 1996 à 2006, puis
d’EADS jusqu’en 2012, Louis Gallois, qui
devient grand officier. Du côté de la
fonction publique, l’ancien membre du
Conseil constitutionnel Guy Canivet est
lundi 28 mars 2016 LE FIGARO
10
LÉGION D'HONNEUR
Claude Cohen-Tannoudji, Prix Nobel
de physique, professeur honoraire
au Collège de France, membre
de l'Académie des sciences, est élevé
à la dignité de grand-croix. MIGUEL MEDINA/AFP
Edgar Morin, sociologue, philosophe,
est élevé à la dignité de grand
officier. FRED DUFOUR/AFP
Jean-Jacques Aillagon, ancien ministre,
commissaire artistique, conseiller culturel
d'un groupe, est promu commandeur.
Pierre Moscovici, ancien ministre, ancien
député du Doubs, commissaire européen
aux Affaires économiques et financières,
à la Fiscalité et aux douanes, devient
chevalier. CLEMENT MAHOUDEAU/LE FIGARO
PASCAL LE SEGRETAIN/GETTY IMAGES/AFP
Au grade de chevalier
Thierry Bouron, intendant général. Agnès Hamilton, née Do Thi
Quang Tam, responsable du service commun de gestion de l'ambassade de France à Pékin
(Chine). Pascal Le Deunff, directeur de la recherche et des échanges scientifiques au ministère. Roseline Lemarié, née Bossy,
responsable du service social du
consulat général de France à Alger
(Algérie). Yves Le Rolland, chef de
la mission de l'administration générale à la direction des systèmes
d'information au ministère. Marc
Peltot, consul général de France à
Agadir (Maroc). Odile Soupison,
consule générale de France à Genève (Suisse).
Protocole
Au grade de commandeur
Enrico Letta, de nationalité italienne, doyen de l'Ecole des affaires internationales de Sciences Po
Paris, ancien président du Conseil
italien.
Au grade d'officier
Germaine Acogny, directrice d'un
centre international de danses
traditionnelles et contemporaines
d'Afrique (Sénégal). Françoise Vilain, née Raffarin, directrice générale d'une association visant à
développer les partenariats internationaux entre les petites et
moyennes entreprises.
A
Au grade de chevalier
Anwar Abu Eisheh, professeur de
droit, ancien ministre de la culture (Jérusalem). Marie Alleyrat, religieuse (Madagascar). Anne Ango
Ela, née Pavlopoulos, professeur
de géographie, présidente-fondatrice d'un centre d'études sur la
géopolitique africaine. Béatrice
Angrand, secrétaire générale
d'une organisation internationale
au service de la coopération franco-allemande. Laurence Argimon, née Pistre, ambassadeur,
représentante permanente de
l'Union européenne auprès du
Saint-Siège, de l'Ordre de Malte et
de l'Organisation des Nations
unies à Rome (Italie). Hassan Bahsoun, médecin conseil de l'ambassade, conseiller de l'Assemblée
des Français de l'étranger (Sénégal). Evgen Bavcar, photographe.
Hamid Bentahar, vice-président
d'une structure de promotion du
tourisme (Maroc). Philippe Berthaud, gérant d'une société du
secteur du textile (Lituanie). JeanClaude Bessudo, président d'une
agence de voyages (Colombie).
Jean-François Blanchet, traiteurrestaurateur. Daniel Bourzat, ingénieur agronome, conseiller près
le représentant régional pour
l'Afrique de l'Organisation mondiale de la santé animale. Michele
Canonica, de nationalité italienne,
journaliste, président du Comité
de Paris de l'association italienne
Dante Alighieri. Marie-Françoise
Chesselet, professeur émérite du
département de neurobiologie de
l'université de Californie (EtatsUnis). Fadi Comair, directeur général des ressources hydrauliques
et électriques au ministère de
l'énergie et de l'eau (Liban). An-
drea Frandsen, de nationalité danoise, maître luthier. Dana Gruia
Dufaut, née Gruia, avocate aux
barreaux de Paris et de Bucarest
(Roumanie). Karine Guldemann,
déléguée générale d'une fondation
d'entreprise. Danièle Haïm, médecin, fondatrice d'associations
humanitaires. Patrick Henriroux,
chef de cuisine d'un hôtel-restaurant. Pierre Jallon, professeur invité à l'université de médecine de
Hô Chi Minh-Ville (Vietnam). Michel Jarraud, ancien secrétaire
général de l'Organisation météorologique mondiale (Suisse). Marie-Paule Kieny, sous-directrice
générale de l'Organisation mondiale de la santé (Suisse). Catherine Larue, directrice générale d'un
institut de recherche biologique
(Luxembourg). Andrew Lovell, de
nationalité britannique, adjoint à
la responsable de l'équipe marketing France d'une société. JeanGeorges Mandon, président d'une
fondation uvrant au renforcement des relations franco-allemandes. Nicolas Maure, directeur
général de la filiale d'un groupe
automobile (Roumanie). Danielle
Merlino, née Musso, présidente
d'une association de soutien à la
communauté française (Monaco).
François Nars, artiste maquilleur,
chef d'une entreprise de cosmétiques (Etats-Unis). Cuu Nguyen,
de nationalité vietnamienne, médecin généraliste. Raphaël Palti,
fondateur et président-directeur
général d'un groupe spécialisé
dans la communication commerciale. Chhiv Kek Pung, présidente-fondatrice de la Ligue cambodgienne des droits de l'homme
(Cambodge). Olivier Ribot, fondateur et associé d'un cabinet juridique et fiscal (Madagascar).
Laurent Sabourin, directeur général d'un groupe spécialisé dans
l'assistance médicale et la sécurité
(Singapour). Anne-Marie de Sangosse, née Pesavento, vice-présidente du conseil de surveillance
d'un groupe de production et de
distribution de produits phytosanitaires. Darius Shayegan, professeur d'université, philosophe,
écrivain (Iran). Catherine Sublime, professeur de français langue
étrangère, metteur en scène (Japon). Florence Thomas, professeur de psychologie, écrivain,
journaliste (Colombie).
Au grade d'officier
GRADES ET
INSIGNES DE
LA LÉGION
D’HONNEUR
GRAND-CROIX
(CROIX ET PLAQUE
ENSEMBLE)
GRAND OFFICIER
(CROIX ET PLAQUE
ENSEMBLE)
COMMANDEUR
Ministère
de l'Environnement,
de l'Énergie
et de la Mer, en charge
des Relations
internationales
sur le climat
OFFICIER
Au grade de commandeur
Jean-Louis Etienne, scientifique,
explorateur. Jacques Perrin, né
Simonet, réalisateur et producteur de cinéma.
CHEVALIER
Jean-Louis Amato, président d'un
observatoire des transports. Jacques Barbier, professeur émérite
des universités, président d'un
pôle de compétitivité. Danielle
Bénadon, inspectrice générale de
l'administration du développement durable honoraire. René
Mesure, gérant d'un cabinet de
conseil et de formation dans le
secteur des transports. Claude
Roustan, président d'une fédération nationale du secteur de la pêche.
Au grade de chevalier
Jocelyne Aigueperse, directrice de
la protection de l'homme à l'Institut de radioprotection et de sûreté
nucléaire. Yvonne Battiau-Queney, née Queney, professeur
émérite des universités, présidente d'une association nationale de
protection de l'environnement.
Corinne Blanquart, directrice d'un
laboratoire de recherches pour les
transports. Gilles Bordes-Pagès,
ancien directeur des relations
stratégiques dans une compagnie
aérienne. Agnès Cuvellier, née
Gorisse, directrice générale d'une
société de conseil et d'ingénierie
en transports. Michel Dubromel,
vice-président d'une association
nationale de protection de l'environnement. Dominique Duval,
président d'une coopérative du
secteur de l'aquaculture. Nathalie
Fontrel, journaliste, spécialiste de
l'environnement. Gérard Gillardeau, ostréiculteur. Denis Girou,
directeur de l'environnement, de
l'aménagement et du logement de
la Guyane. Sylvestre Guillien, ancien directeur de projets d'une société de construction. Véronique
Hamayon-Tarde, née Hamayon,
conseillère maître à la Cour des
comptes. Claudine Joly, née Bonaldi, exploitante agricole, présidente d'un comité régional d'étude pour la protection et
l'aménagement de la nature.
Guillaume Lecointre, directeur de
département et conseiller scientifique du président du Muséum national d'histoire naturelle. Cyril Le
Picard, président d'une organisation interprofessionnelle de la filière du bois. Dominique Maguin,
président-directeur général de
société, président d'une organisation européenne d'industriels du
recyclage. Jean-Paul Martin, ancien ingénieur au Commissariat à
l'énergie atomique et aux énergies
renouvelables, membre de commissions locales d'information sur
les installations nucléaires. Geoffroy Mauvais, coordonnateur d'un
programme de protection et de
conservation de l'environnement
en Afrique de l'Ouest. Nelly Mognard-Campbell, née Mognard,
ingénieure en hydrologie spatiale,
coordinatrice d'une mission internationale. Frédéric Périn, directeur des ressources humaines
d'un groupe d'ingénierie de la
construction. Louis Poix, président d'une association d'exploitants de chemins de fer touristiques, maire des Hôpitaux-Vieux
(Doubs). Michèle Roué, directrice
de recherche au Muséum national
d'histoire naturelle. Bernard Tabary, directeur général délégué
international d'une société de
transport public de voyageurs.
Patrick Vieu, conseiller de la viceprésidente du Conseil général de
l'environnement et du développement durable.
Ministère
de l'Éducation
nationale,
de l'Enseignement
supérieur
et de la Recherche
Au grade de commandeur
Philippe Descola, professeur d'anthropologie au Collège de France.
Jean Gavard, inspecteur général
de l'éducation nationale honoraire, déporté-résistant, vice-président de la Fondation de la Résistance.
Au grade d'officier
Guy Bouissou, personnel de direction honoraire, médiateur académique de l'éducation nationale et
de l'enseignement supérieur. Sophie Cluet, directrice générale
pour la recherche et le transfert de
technologie et directrice de la
culture à l'université Pierre et Marie Curie - Paris 6. Jean-Marie
Krajewski, professeur honoraire
de collège, ancien maire de
Berck-sur-Mer (Pas-de-Calais).
Maurice Laude, doyen honoraire
de la faculté de médecine de l'université de Picardie Jules Verne.
Paul Veyne, professeur honoraire
d'histoire au Collège de France,
historien de la Rome antique.
Au grade de chevalier
Maryse Adam-Maillet, née Adam,
inspectrice d'académie-inspectrice pédagogique régionale, responsable d'un centre académique
pour la scolarisation des nouveaux
arrivants et des enfants du voyage. Jean-Louis Adrien, professeur
émérite, médiateur pour les personnels à l'université Paris Descartes - Paris 5. Paul-Henri Antonmattei, doyen honoraire à la
faculté de droit et de sciences politiques de Montpellier. Monica
Baciu, professeure des universités
en neurosciences à l'université de
Grenoble-Alpes. Pierre Barrière,
directeur académique des services
de l'éducation nationale. Michèle
Bartolini, déléguée académique à
l'éducation artistique et à l'action
culturelle. Michèle Basseville, directrice de recherche au Centre
national de la recherche scientifique. Viviane de Beaufort, née
Mattei, professeure dans une école
supérieure de commerce. Agnès
Bernet, née Grandaud, directrice
de recherche à l'université Claude
Bernard - Lyon 1. Jean-Louis
Bouillot, médiateur de l'éducation
nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche auprès
du recteur de l'académie d'AixMarseille. Martine Breyton, née
Labbé, proviseure d'une cité sco-
laire. Gilles Candar, professeur de
chaire supérieure d'histoire et de
géographie, président d'une société d'études. Guy Chapouillié,
professeur émérite à l'université
Toulouse 2 et ancien directeur de
l'Ecole supérieure de l'audiovisuel. Claire Charbonnel, née Pegon, proviseure de lycée professionnel.
Philippe
Coiffet,
directeur de recherche honoraire
au Centre national de la recherche
scientifique, chercheur en robotique. Nathalie Costantini, née Bibollet, vice-rectrice de Mayotte.
Georges Delsol, ancien directeur
du centre de physiopathologie du
centre hospitalier universitaire de
Toulouse et coordonnateur du
cancéropôle du Grand Sud-Ouest.
Alain Dieckhoff, professeur et directeur de recherche au Centre
national de la recherche scientifique. Chieu Do Dinh, physicien,
maître de conférences honoraire.
Lise Dumasy, née Queffelec, présidente de l'université GrenobleAlpes. Chantal Figueredo, née
Chapalain, directrice générale des
services à l'Institut d'études politiques de Lille. Catherine Gaudy,
directrice générale des ressources
humaines, secrétaire générale adjointe au ministère. Jocelyne Girault, née Voiron, proviseure.
Yves Goudineau, directeur de
l'Ecole française d'ExtrêmeOrient. Cécile Goujard, cheffe du
service de médecine interne et
d'immunologie clinique de l'hôpital Bicêtre. Marc Kaderabek, directeur d'une division de systèmes d'information en rectorat.
Riva Kastoryano, directrice de recherche au Centre national de la
recherche scientifique, affiliée au
Centre de recherches internationales de Sciences Po. Pierre Ladevèze, professeur émérite à l'Ecole
normale supérieure de Cachan.
Maryannick Malicot, née Marol,
inspectrice d'académie-inspectrice pédagogique régionale honoraire. Martine Novic, née
Durkheim, directrice des soins en
charge de l'institut de formation
en soins infirmiers - institut de
formation d'aide-soignant du
centre hospitalier d'Argenteuil.
Anne Pépin, directrice de la mission pour la place des femmes au
Centre national de la recherche
scientifique. Philippe Pesteil, professeur des écoles, chargé de mission auprès d'un directeur académique des services de l'éducation
nationale, coordonnateur de la
cellule des politiques éducatives.
Christine Pieralli, née Chatot,
professeure d'histoire et de géographie, référente d'un dispositif
pour l'adaptation scolaire des élèves en situation de handicap.
William Prince Agbodjan, professeur des universités, directeur
d'un département et d'un laboratoire de recherche dans un institut
national de sciences appliquées.
Philippe Prost, directeur du centre régional des œuvres universitaires et scolaires de Montpellier.
Isabelle Roussel, inspectrice générale de l'administration de l'éducation nationale et de la recherche. Huguette Rubio, viceprésidente de l'université Blaise
Pascal de Clermont-Ferrand. Gisèle Sapiro, directrice de recherche au Centre national de la recherche scientifique. Guy Schultz,
membre du conseil d'orientation
stratégique et président honoraire
LE FIGARO
lundi 28 mars 2016
LÉGION D'HONNEUR
Ministère
des Finances
et des Comptes publics
Au grade d'officier
Philippe Riquer, directeur régional des finances publiques.
Au grade de chevalier
Max Ballarin, directeur à la direction nationale du renseignement et
des enquêtes douanières. Brigitte
Beaucourt, née Martignoni, présidente de section d'une chambre
régionale des comptes. Philippe
Bordenave, directeur général délégué et membre du comité exécutif d'un groupe bancaire. Isabelle
Braun-Lemaire, née Lemaire, directrice des ressources humaines,
adjointe au secrétaire général du
ministère. David Cugnetti, chef de
division à la direction des opérations douanières. Marie-Andrée
Devred, présidente d'une association d'action sociale des douanes.
Jacques Fournier, directeur général des statistiques à la Banque de
France. Ollivier Gloux, directeur
départemental des finances publiques. Pierre Grafmeyer, expertcomptable et commissaire aux
comptes. Véronique de La Bachelerie, née Margueret, administratrice déléguée d'une banque. Patricia Laplaud, cheffe de bureau à
la direction du budget. Claire Lefebvre Saint-Félix, née Lefebvre,
membre de la mission santé au
service du contrôle général économique et financier. Nicole Léger,
responsable de mission dans une
direction départementale des finances publiques. Nadine Le Maner, directrice de pôle d'une direction régionale des finances
publiques. Alain Mignon, directeur
départemental des finances publiques. Claire Paulard-Lanapats, née
Paulard, membre de la mission des
audits au service du contrôle général économique et financier.
Francis Saudubray, conseiller
maître à la Cour des comptes.
Ministère des Affaires
sociales et de la Santé
Au grade de commandeur
William Desazars de Montgailhard, président du conseil d'administration d'une fondation
d' uvres sociales, vice-président
d'un groupe hospitalier.
Au grade d'officier
Didier-Roland
Tabuteau,
conseiller d'Etat, professeur associé et codirecteur d'un institut
sur le droit et la santé.
Au grade de chevalier
Malika Achkouk, née Ben Ayen,
médiatrice de santé dans une association départementale d'éducation à la santé. Nadine Attal, neurologue, praticien hospitalier,
professeure associée des universités. Christian Berthou, professeur
des universités-praticien hospitalier, chef d'un service d'hématologie en centre hospitalier régional.
Odile Boespflug-Tanguy, née
Boespflug, professeur des universités-praticien hospitalier, cheffe
du service de neuropédiatrie d'un
centre hospitalier. Marie-Laure
Brival, directrice médicale et chef
du service de gynécologie-obstétrique d'une clinique. Marie-José
Daguin, née Barthet, présidente
d'une association nationale d'aide
à domicile en milieu rural. Anne
Dautel-Morazin, née Morazin,
praticien hospitalier, directrice
d'une unité de formation et de recherche d'une université. Philippe
Domy, ancien directeur général
Jacques Perrin, né Simonet,
réalisateur et producteur de cinéma,
est promu commandeur.
JEAN-CHRISTOPHE MARMARA/LE FIGARO
d'un centre hospitalier régional
universitaire. Jean-Marie Faroudja-Deveaux, médecin généraliste,
ancien président d'un ordre départemental de médecins. Christian Gatard, directeur d'un centre
hospitalier. Brigitte Giovannetti,
directrice régionale adjointe d'une
direction régionale de la jeunesse,
des sports et de la cohésion sociale.
Adeline Gouttenoire, présidente
d'un observatoire départemental
de la protection de l'enfance. Yves
Lévi, professeur des universités
dans une faculté de pharmacie,
fondateur et directeur d'un laboratoire, membre de l'Académie nationale de pharmacie. Annick
Nguyen Duc Long, née Poirier-Leclerc, vice-présidente d'une association en faveur des personnes
polyhandicapées. Claire Pachaud,
née Lapicida, directrice adjointe de
la direction de la stratégie dans une
agence régionale de santé. Minoo
Rassoulzadegan, née Hassanzadeh
Faal Asli, directrice de recherche
au Centre national de la recherche
scientifique. Nicolas Revel, directeur général d'organismes d'assurance maladie. Bruno Riou, chef
d'un service des urgences, doyen
d'une faculté de médecine. Gérard
Rivière, président du conseil d'administration de la caisse nationale
d'assurance vieillesse. Françoise
Simon, née Bastide, directrice de
l'enfance et de la famille dans un
conseil départemental. Jérôme Vignon, président de l'Observatoire
national de la pauvreté et de l'exclusion sociale, président de l'Observatoire national de la précarité
énergétique.
Ministère
dans une direction du ministère.
Laurence Demoulin, née Bordas,
directrice dans un groupe industriel. Jacques Desclaux, présidentdirecteur général dans un groupe
industriel de défense. Louis Doxaran, interné résistant. René Dupé,
interné résistant. Vincent Duruflé,
chef de service dans une direction
du ministère. Jean-Baptiste Elduayen, interné résistant. JeanBaptiste Etcheverria, interné résistant. Jean-Marie Guastavino,
vice-président national d'une fédération d'anciens combattants.
Christine Guerrier, directrice juridique dans un groupe industriel de
défense. Mireille Hincker, née
Wahl, vice-présidente nationale
d'une association d'anciens combattants. Martine Kientz, née
Cauliez, conseiller dans une direction du ministère. Frédéric Mazzanti, directeur général adjoint
dans un groupe industriel de défense. Jean Monin, vice-président
national d'une association d'anciens combattants. Marie Moysan,
née Siohan, internée résistante.
Eric Padieu, délégué interrégional
dans une direction du ministère.
Pierre Petit, interné résistant. Jean
Ségura, interné résistant. Cathy
Thilly-Soussan, née Soussan, directrice adjointe dans une direction du ministère. Arnaud Van
Robais, président-directeur général d'une société.
Ministère de la Justice
Au grade de commandeur
Christine Chanet, conseillère honoraire à la Cour de cassation,
avocate au barreau de Paris.
Au grade d'officier
Michèle de Bardon de Segonzac,
née Bolloré, présidente de la Cour
nationale du droit d'asile. Camille
Gouillard, gérant de tutelles
auprès du tribunal d'instance
d'Haguenau. Francine LevonGuerin, née Levon, conseillère
honoraire à la Cour de cassation.
Alain Monod, avocat au Conseil
d'Etat et à la Cour de cassation.
Patrick Poirret, inspecteur général des services judiciaires.
Au grade de chevalier
François Ancel, premier viceprésident adjoint au tribunal de
grande instance de Paris. Régine
Barthelemy, avocate au barreau
de Montpellier. Chantal Bartholin,
de la Défense
Au grade de commandeur
Patrick Auroy, secrétaire général
adjoint dans une organisation internationale.
Au grade d'officier
Philippe-René Bottrie, directeur
des affaires politiques dans un
groupe d'aéronautique. Serge
Drouot, secrétaire national d'une
fédération d'anciens combattants.
Francis Hérodin, chef de département dans une direction du ministère. Henri Rouby, directeur
général dans un groupe industriel
de défense.
Au grade de chevalier
Joseph Amiel, interné résistant.
Raymond Beranger, interné résistant. Benoît Berger, directeur général dans un groupe aéronautique. Jacky Berne, directeur de
projet dans une direction du ministère.
Marc
Bombardier,
conseiller dans une direction du
ministère. Roger Bonneil, interné
résistant. Hugues Corbeau, chef
de service dans une direction du
ministère. Marcjanna Couturier,
née Marcinkowski, présidente
nationale d'une association d'anciens combattants. Roger Cubilié,
interné résistant. Linda Darmon,
née Mouchabac, médecin adjoint
Isabelle Gallimard, présidente-directrice générale
d'une maison d'édition, est promue officier.
S. ROUDEIX/OPALE/LEEMAGE
Renaud Capuçon, violoniste, devient
chevalier. CAROLINE DOUTRE
née Roussel, présidente de chambre à la cour d'appel de Paris. Gérald Bartholomew, adjoint au haut
fonctionnaire de défense et de sécurité au secrétariat général du
ministère. Monique Béneix, présidente du tribunal de grande instance de Brive-la-Gaillarde. Géraldine Berhault, présidente du
tribunal de grande instance de Libourne. Marie-Claude Bernard,
née Gauthier, vice-présidente au
tribunal de grande instance d'Angoulême. Marguerite Bertrand,
née Fort, présidente départementale d'une association de soutien
aux victimes d'actes de délinquance. Alain Bobant, huissier de
justice honoraire à la résidence de
Rochefort-sur-Mer, ancien président d'une chambre régionale des
huissiers de justice. Corinne Capello, née Descamps, chef d'antenne régionale du service pénitentiaire d'insertion et de
probation de la Loire. Georges
Casagrande, chef d'établissement
du centre pénitentiaire de SaintDenis de La Réunion. Pascale
Compagnie, sous-directrice du
droit économique à la direction
des affaires civiles et du sceau.
Maria Costa, directrice de greffe
du tribunal d'instance du 13e arrondissement de Paris. Guillaume
Denoix de Saint Marc, directeur
général d'une association de défense des victimes du terrorisme.
Anne
Dompmartin-Blanchère,
née Dompmartin, experte judiciaire près la cour d'appel de
Caen, ancienne présidente de la
Compagnie des experts judiciaires
près la cour d'appel de Caen. André Dupont-Jubien, avocat au
barreau de Paris. Bernard Fauliot,
avocat au barreau de Paris. Gérard
Flora, notaire à la résidence de
Toulouse, ancien président de la
chambre interdépartementale des
notaires de la cour d'appel de
Toulouse. Nathalie Foy, procureure de la République adjointe
près le tribunal de grande instance
de Nanterre. Carine Greff, procureure de la République près le tribunal de grande instance de
Montbéliard. Françoise HeuillonSchnitzler, née Heuillon, avocate
au barreau de Nîmes, ancienne
bâtonnière. Martine Jodeau,
conseillère d'Etat. Roger Labonne,
juge au tribunal de commerce de
Bobigny. Jean-François Merienne, avocat au barreau de Dijon,
ancien bâtonnier. Vincent Nioré,
avocat au barreau de Paris. Gérard
Oliet, conciliateur de justice pour
les cantons du ressort du tribunal
d'instance de Villefranche-surSaône, vice-président d'une association d'aide aux victimes. Patricia Parisis, vice-présidente de
section au conseil de prud'hommes de Paris. Alain Penin, expert
judiciaire près la cour d'appel de
Toulouse, agréé par la Cour de
cassation, vice-président de la
Compagnie nationale des experts
judiciaires en psychologie. Estelle
Perz, née Brochet, directrice du
centre pénitentiaire de Châteauroux. Philippe Petitprez, avocat
général à la Cour de cassation. Nathalie Pignon, née Rambour, présidente du tribunal de grande instance de Niort. Jacques Raynaud,
premier vice-président au tribunal de grande instance de Créteil.
Sylvie Regnard, née Lemercier,
greffière associée du tribunal de
commerce de Paris. Jean Richard
de La Tour, avocat général à la
Cour de cassation. Elisabeth Senot, présidente de chambre à la
cour d'appel de Rouen. Hélène
Tapsoba-Château, née Château,
présidente de chambre à la cour
d'appel de Douai. Hugues Tranchant, chef de service, directeur
adjoint de la direction de la protection judiciaire de la jeunesse.
Brigitte Vandenbroucke, née Sitbon, directrice de greffe du
conseil de prud'hommes de Nice.
Eliane Violart, née Gautier, directrice déléguée à l'administration
régionale judiciaire au service administratif régional d'Agen.
Ministère du Travail,
de l'Emploi,
de la Formation
professionnelle
et du Dialogue social
Au grade d'officier
Jean-Claude Audry, chef d'entreprises, ancien président d'une
confédération générale des petites
et moyennes entreprises.
Au grade de chevalier
Yves Attou, président-fondateur
d'un comité mondial pour les apprentissages tout au long de la vie.
Catherine Beauvois, secrétaire générale du Conseil national de
l'emploi, de la formation et de
l'orientation professionnelle. Patricia Boillaud, directrice régionale adjointe des entreprises, de la
concurrence, de la consommation, du travail et de l'emploi.
Claire Descreux, adjointe à la déléguée générale à l'emploi et à la
formation professionnelle. Annie
Fortems, consultante en emploi,
évolution professionnelle, reclassement et recrutement auprès de
Pôle emploi. Jean-Claude Guéry,
ancien président d'une association
d'aide à l'emploi des cadres. Danièle Linhart, sociologue, directrice de recherche émérite au
Centre national de la recherche
scientifique. Michel Ricochon, directeur régional des entreprises,
de la concurrence, de la consommation, du travail et de l'emploi.
Patrice Rivière, gérant d'une entreprise de fabrication de faïences
et de terres cuites.
Ministère
de l'Aménagement
du territoire,
de la Ruralité
et des Collectivités
territoriales
Au grade de commandeur
Jean Milhau, ancien sénateur du
Lot, ancien président du conseil
général du Lot, ancien maire de
Cazals.
Au grade de chevalier
Bernard Nugier, directeur du cabinet d'un président de conseil
départemental.
Ministère
de l'Intérieur
Au grade de commandeur
Christian Galliard de Lavernée,
préfet, conseiller maître en service extraordinaire à la Cour des
comptes.
Au grade d'officier
Philippe Augier, maire de Deauville (Calvados). Jean-Yves Bassetti, médecin-colonel de sapeurs-pompiers
volontaires,
médecin-chef d'un service d'incendie et de secours. Jacqueline
Benassayag, née Pradel, secrétaire
générale d'une association d'aide
aux demandeurs d'asile. Jean Durupt, ancien député de Meurtheet-Moselle, ancien conseiller régional de Lorraine, maire
honoraire de Tomblaine. Michel
Gérès, maire de Croissy-Beaubourg (Seine-et-Marne). Philippe
Prunier, inspecteur général des
services actifs de la police nationale. Patricia Willaert, préfète de
Lot-et-Garonne.
Au grade de chevalier
Richard Aguié, colonel de sapeurs-pompiers professionnels,
chef de l'état major interministériel de la zone Est. Jean-Noël Bellavoine, commandant de police,
chef d'un centre de déminage.
Valérie Bermond, née Martineau,
commissaire divisionnaire de police. Jacques Berthou, ancien sénateur, ancien conseiller général,
ancien maire de Miribel (Ain).
Serge Bideau, sous-préfet, secrétaire général de la préfecture de la
Côte-d'Or. Jean-Marie Binétruy,
ancien député, adjoint au maire de
Morteau (Doubs). Magali Blanc
A
de l'université de Haute-Alsace.
Martine Seguier-Guis, née Seguier, responsable de politique
éditoriale et de communication
dans une maison d'édition. JeanYves Souben, proviseur honoraire, ancien adjoint au maire du
Blanc-Mesnil (Seine-Saint-Denis). Anne Vibert, née Jeannin,
inspectrice générale de l'éducation nationale, membre d'une
équipe de recherche en université. Marceline Zemori, proviseure.
11
lundi 28 mars 2016 LE FIGARO
12
LÉGION D'HONNEUR
Caillat, née Blanc, commissaire
divisionnaire de police. Emile
Blessig, ancien député, ancien
conseiller général, ancien maire
de Saverne (Bas-Rhin). Pascal Bolot, préfet, directeur de la protection et de la sécurité de l'Etat au
secrétariat général de la défense et
de la sécurité nationale. Olivier
Bolzinger, colonel de sapeurspompiers professionnels, directeur départemental d'un service
d'incendie et de secours. Philippe
Chadrys, commissaire divisionnaire de police. Jean-Louis Chesnaud, lieutenant honoraire de sapeurs-pompiers professionnels.
Richard Ciok, lieutenant honoraire de sapeurs-pompiers professionnels. François Colomès, colonel
de
sapeurs-pompiers
professionnels, directeur départemental d'un service d'incendie et
de secours. Marie-Hélène Debart,
inspectrice générale de l'administration. Nelly Delbosc, commissaire divisionnaire de police. Eric
Delchambre, commandant de police à l'emploi fonctionnel. Catherine Delmeire, née Meric, commandante de police à l'emploi
fonctionnel. Maryse De Moor, née
Desmoulin, commissaire divisionnaire de police. Claude Dilhat,
présidente d'un comité départemental de la prévention routière.
Michèle Dujarric de Lagarde, née
Bruno, commissaire divisionnaire
de police. Agnès Federicci-Courson, née Federicci, commissaire
divisionnaire de police. Azzedine
Gaci, recteur de la mosquée Othmane à Villeurbanne (Rhône).
Hélène Girardot, sous-préfète, directrice de cabinet de la préfète
des Pyrénées-Orientales. Gilles
Giuliani, sous-préfet de Céret
(Pyrénées-Orientales).
Claude
Gobin, sous-préfet de Mayenne
(Mayenne), ancien conseiller général de Loire-Atlantique, ancien
maire de Saint-Aignan-Grandlieu
(Loire-Atlantique).
Alexandre
Gohier-Del Re, inspecteur général
de l'administration. Edith Harzic,
chef du bureau de la rétention et
de l'éloignement à la sous-direction de la lutte contre l'immigration irrégulière à la direction générale des étrangers en France.
Jean-Noël Humbert, sous-préfet
de Meaux (Seine-et-Marne).
Jean-Paul Jallot, contrôleur général des services actifs de la police
nationale. Odile Leperre-Verrier,
née Verrier, ancienne députée
européenne. Jean-Michel Lopez,
contrôleur général des services
actifs de la police nationale. Pierre
Loustaudaudine, maire de SaintPalais
(Pyrénées-Atlantiques).
Pierre d'Ornellas, archevêque de
Rennes, Dol et Saint-Malo (Illeet-Vilaine). Régine Pam, souspréfète chargée de mission auprès
de la préfète de la région de la
Guadeloupe, préfète de la Guadeloupe. Paul Rechter, membre du
bureau exécutif du Conseil représentatif des institutions juives de
France et du comité directeur du
Fonds social juif unifié. Sylviane
Rey, née Alciato, conseillère départementale, adjointe au maire
de Faverges (Haute-Savoie).
Christian Riguet, sous-préfet, secrétaire général de la préfecture
du Bas-Rhin. Jean-Michel Roncero, commissaire divisionnaire
de police. Guy Sallé, lieutenantcolonel de sapeurs-pompiers volontaires. Francis Soutric, souspréfet hors cadre. Nathalie
Valleix, sous-préfète, secrétaire
générale de la préfecture de l'Indre. Colette Von Tokarski, née
Beaunay, conseillère d'administration, chargée des fonctions de
sous-préfète de Montdidier (Somme). Jean Zielinski, commandant
de sapeurs-pompiers volontaires.
professionnels de la forêt privée.
Régis Coudert, cofondateur et ancien promoteur d'une race bovine. Chantal Doumbouya, née Davoust,
présidente
d'une
association nationale pour la promotion de la recherche cunicole.
Gilles Falc'hun, président-directeur général d'un groupe agroalimentaire. Patrick Gratiot, président du conseil de surveillance
d'un groupement de coopératives
viticoles. Philippe Lacondemine,
viticulteur, ancien président
d'une coopérative agricole. Christian Le Squer, directeur de cuisines dans un établissement hôtelier.
Jean-Louis
Louvel,
président-directeur général d'une
entreprise de fabrication de palettes en bois. Jean-Claude Neymann, président-directeur général
d'une
entreprise
agroalimentaire. Jean-Claude Sigoillot, directeur d'une unité mixte de recherche scientifique. Blandine Terrier, présidente d'une
coopérative agricole, vice-présidente d'une chambre départementale d'agriculture. JeanClaude Vidal, administrateur
d'une caisse régionale d'un organisme de protection sociale. Yolaine Villain, née Lamy, secrétaire
générale d'une organisation professionnelle nationale d'entrepreneurs des secteurs agricole et forestier.
Laurence des Cars, directrice du musée
de l'Orangerie, devient chevalier.
SOPHIE BOEGLY/MUSÉE D’ORSAY
Ministère
du Logement
et de l'Habitat durable
Au grade d'officier
Bruno Arbouet, directeur général
d'un opérateur global de l'habitat.
Au grade de chevalier
Laurence Dadillon, directrice
technique d'une société d'études
techniques et économiques du bâtiment. Rachel Denis-Lucas, née
Denis, codirigeante d'une entreprise de matériaux. Béatrice Mariolle, architecte urbaniste, chercheuse dans un laboratoire de
recherches d'une école nationale
supérieure d'architecture. Sylvain
Mathieu, délégué interministériel
pour l'hébergement et l'accès au
logement. Jean-Claude Morchoine, président d'une association
pour l'amélioration de l'habitat.
Jean-François Morel, sous-directeur de l'appui technique et logistique de l'administration centrale
au secrétariat général du ministère. Sylvie Ruin, née Coqueau, directrice du logement d'une communauté urbaine.
Ministère
de l'Économie,
de l'Industrie
et du Numérique
Au grade de commandeur
Edwige Avice, née Bertrant, ancienne ministre, ancienne députée, vice-présidente associée
d'une société d'études économiques. Isabelle de Kerviler, née
Prost, expert-comptable, commissaire aux comptes, associée
dans un cabinet d'audit et d'expertise financière.
Ministère
de l'Agriculture,
de l'Agroalimentaire
et de la Forêt
Au grade d'officier
A
Jean-Jacques Vorimore, ancien
exploitant agricole, ancien président d'une union de coopératives
agricoles.
Au grade de chevalier
Sylvie Coisne, sylvicultrice, présidente d'une union régionale de
Agnès Troublé, dite Agnès B,
créatrice de mode, est promue
commandeur. VIM/ABACA
Coline Serreau, comédienne, scénariste
et réalisatrice de cinéma, devient officier.
JEAN-CHRISTOPHE MARMARA/LE FIGARO
contractuel. Maxime Holder, président d'une société dans le secteur de la boulangerie. Véronique
Joly, née Girardier-Serval, présidente d'une société d'essais et inspections techniques. Caroline de la
Marnierre, née Sallé Phelippes de
la Marnierre, présidente d'une
agence de conseil en communication. Thierry Le Hénaff, président-directeur général d'une société de l'industrie chimique.
Valérie Marcou des Moutis, née
Marcou, coprésidente d'une entreprise de fabrication de costumes professionnels. Jean-Marc
Maury, directeur de département
dans un établissement financier
public. Michel Messager, président d'une association nationale
de tourisme. Nicolas Orance, directeur dans une société aéronautique, président d'un pôle de compétitivité. Michel Paris, présidentdirecteur général d'un fonds
d'investissement. Thierry Sachot,
président d'une plate-forme d'innovation industrielle. Patrick Soghomonian, président d'une société industrielle. Nicolas Théry,
président du conseil d'administration d'une banque. Celeste Thomasson, née De Petris, présidente
d'une société spécialisée dans la
fourniture de solutions biométriques de gestion de l'identité. Régis
Turrini, ancien directeur d'un service à compétence nationale.
Ministère
de la Culture et
de la Communication
Au grade de commandeur
Au grade d'officier
Olivier Blanchard, ancien chef
économiste du Fonds monétaire
international. Nicole ChaumetChavinier, née Chavinier, présidente d'honneur d'une société
spécialisée dans la construction de
réseaux. Michel Cymerman, directeur général d'une société de
joaillerie. Philippe Demonchy, vice-président d'une chambre de
commerce et d'industrie. Pierre
Deroux, directeur et consultant
d'un cabinet de conseil financier
et opérationnel. Pierre Donnersberg, président du directoire d'un
groupe de courtage en assurances.
Joselyne Duplain, née Pichon,
présidente d'une chambre de
commerce et d'industrie. Isabelle
Gallimard, présidente-directrice
générale d'une maison d'édition.
Franck Gentin, président de sociétés. Bernard Spitz, président
d'un syndicat professionnel.
Au grade de chevalier
Marie Adeline-Peix, née Adeline,
directrice dans un organisme
français de financement et de développement des entreprises.
Anne Blanche, née Janvier, associée dans un cabinet d'audit et de
conseil. Ryadh Boudjemadi, directeur dans un groupe producteur et fournisseur d'électricité.
Hélène Boulet-Supau, née Boulet,
directrice générale d'une société
de commerce électronique. Daniel
Cambour, président du conseil de
surveillance de sociétés de bijouterie et joaillerie. Marie Castaing,
née Calas, déléguée générale d'un
cercle de réflexion sur l'économie.
Monique Coupé, présidente d'une
société spécialisée dans la réalisation d'ensembles électroniques
pour l'industrie. Odile De DamasNottin, née De Damas d'Anlezy,
directrice des ressources humaines dans une entreprise pétrolière.
Jean-Pierre Denis, président
d'une banque mutualiste régionale. Nathalie Dufour, fondatrice et
directrice générale d'une association pour le développement des
arts de la mode. Axel Dumas, gérant d'une société de l'industrie du
luxe. Joëlle Durieux, née Labarbe,
directrice générale d'un pôle de
compétitivité. Michel Emily, président de sociétés de fabrication et
de commercialisation d'outils de
manutention.
François-Xavier
Gervoson,
président-directeur
général d'un groupe biscuitier. Richard Girardot, président-directeur général d'une société agroalimentaire. Philippe Grangeon,
directeur dans une société de services numériques et informatiques. Hervé Guenot, agent
Pierre Bénichou, journaliste.
Kondrat Chemetov, né Chemetoff, architecte. Agnès Troublé,
dite Agnès B, créatrice de mode.
Au grade d'officier
Pierre Arditi, comédien. AnneJosé dite Ann-José Arlot, architecte, cheffe de l'inspection générale des affaires culturelles au
ministère. Christiane Eda-Pierre,
artiste lyrique. Jean-Gabriel Mitterrand, galeriste. Alain Rey, linguiste, écrivain. Coline Serreau,
comédienne, scénariste et réalisatrice de cinéma.
Au grade de chevalier
Camille Ader, pianiste. Sophie
Audouin-Mamikonian, née Tricot, écrivaine. Hervé Barbaret,
directeur du Mobilier national et
des manufactures des Gobelins, de
Beauvais et de la Savonnerie. Saadia Bentaïeb, comédienne. Catherine Blondeau, directrice d'une
salle de spectacles. Renaud Capuçon, violoniste. Laurence des
Cars, née de Pérusse des Cars, directrice du musée de l'Orangerie.
Louis Echelard, directeur général
d'une société du secteur des médias. Philippe Faucon, scénariste,
réalisateur et producteur de cinéma. Robert Guédiguian, scénariste, réalisateur et producteur de cinéma.
Annette
Haudiquet,
directrice d'un musée. Martine Le
Coz, née Rippe, écrivaine, dessinatrice. Elisabeth Lenchener, née
Lentschner, documentaliste, réalisatrice et productrice de cinéma.
Farid Mokart, publicitaire. Susan
dite Susie Morgenstern, née Hoch,
écrivaine. Claude Perrier, président-directeur général de groupes de presse. Alain Planès, pianiste. Nadia Rappaport, directrice
d'un festival de musique. Delphine Rémy-Boutang, née Rémy, gérante-fondatrice d'une agence en
conseil digital. Joann Sfar, dessinateur et scénariste de bandes
dessinées. Jean-Luc Soulé, président-fondateur d'un festival de
musique. Eric Tong Cuong, publicitaire. Georges-Philippe Vallois,
galeriste. Jean Viansson Ponté, né
Viansson Ponte, président d'un
syndicat de presse régionale.
Ministère des
Familles, de l'Enfance
et des Droits des
femmes
Au grade de chevalier
Françoise Brié, directrice d'un
centre d'accueil et d'hébergement
de femmes victimes de violences.
Ministère de
la Fonction publique
Au grade d'officier
Gérard Simonet, maire de Moirans
(Isère).
Au grade de chevalier
Alain Bucquet, sous-préfet du
Raincy (Seine-Saint-Denis). Marie-Chantal Robin-Rodrigo, née
Robin, ancienne députée des Hautes-Pyrénées, conseillère départementale des Hautes-Pyrénées.
Pierre Thénard, directeur des relations internationales de l'Ecole
nationale d'administration.
Ministère de la Ville,
de la Jeunesse
et des Sports
Au grade d'officier
André Leclercq, ancien président
de la Fédération française de volley-ball.
Au grade de chevalier
Ammessaad Azoug, directrice
d'une mission locale. Babacar Fall,
directeur régional adjoint de la
jeunesse, des sports et de la cohésion sociale. Sylvie Hel-Thélier,
née Hel, experte de haut niveau
auprès du directeur de la jeunesse,
de l'éducation populaire et de la
vie associative au ministère. Saïd
Kebbouche, directeur de cabinet
d'un maire, membre du conseil
d'administration d'un comité régional de la vie associative.
Ministère
des Outre-Mer
Au grade de commandeur
Jacques Le Blanc, secrétaire général du Comité national pour la
coopération économique avec
l'Asie-Pacifique.
Au grade d'officier
Alain Conan, président d'une association de recherches maritimes
(Nouvelle-Calédonie). Lise Lucilly, née Touchard, ancienne
professeure d'enseignement général de collège, ancienne présidente d'une d'association contre
les violences faites aux femmes
(La Réunion).
Au grade de chevalier
Séhnaz Bagot, née Amode-Adame, cheffe d'entreprise, présidente d'une association d'aide aux
élèves en difficulté (La Réunion).
Jules Bertile, ancien député de La
Réunion, universitaire, ancien secrétaire général de la commission
de l'océan Indien. Marie ChonNam, ancienne assistante socioéducative principale, présidente
d'une association caritative (La
Réunion). Fabrice Di Falco, né
Rosalie, chanteur lyrique. Philippe Doki-Thonon, restaurateur (La
Réunion). Moïse Moua Txong
Fong, ancien combattant (Guyane). Sylvana Puhetini, représentante à l'assemblée de la Polynésie
française, adjointe au maire de
Papeete (Polynésie française).
Pierre Sainte-Luce, médecin, directeur d'établissement de santé
(Guadeloupe). Michel Sallenave,
commissaire délégué de la République pour la province Nord
(Nouvelle-Calédonie).
Jennifer
Seagoe, née Ransom, présidente
de la chambre de commerce et
d'industrie de la Nouvelle-Calédonie. Jean-Christophe Shigetomi, directeur de l'aviation civile
de la Polynésie française. Maryse
Trotet, née Payet, ancienne directrice d'école, présidente d'association (La Réunion).
lundi 28 mars 2016
LE CARNET DU JOUR
Le service reçoit
les annonces tous les
dimanches et jours fériés
de 9 heures à 13 heures.
par téléphone
01 56 52 27 27
par fax
01 56 52 20 90
ou par courriel
carnetdujour@media.figaro.fr
Reprise des annonces sur :
www.carnetdujour.lefigaro.fr
www.dansnoscoeurs.fr
Marseille.
La baronne Arnaud de Balorre,
née Marie-Renée
de Truchis de Varennes,
son épouse,
Andréa Eyssautier,
son épouse,
Paolo, Matéo et Liana,
ses enfants,
le baron et la baronne
Eymart de Balorre,
l'abbé Hubert de Balorre,
le baron Christian de Balorre,
Elisabeth et Antoine
de Rochefort,
le baron Hervé de Balorre,
Armelle et Roger Albaret,
ses enfants,
Annie Eyssautier,
sa mère,
Jacques et Marie-Paule
Eyssautier,
son père et sa belle-mère,
Rostislav Behalik
et Marta Behalikova,
ses beaux-parents,
Aliénor, William, Pauline,
Claire, Etienne, Antonin
et Lucie,
ses petits-enfants,
Alix et Jean-Marc Raybaud,
Sophie et Jacques Bouhana,
ses sœurs et beaux-frères,
Thomas, Vanina, Jules, Arthur,
Antonio,
ses neveux et nièce
Luna, Giuliann,
sa petite-nièce
et son petit-neveu,
vous font part,
dans l'Espérance de Pâques,
du retour à Dieu du
général de division
Arnaud de BALORRE
naissances
Gonzague LESORT
en communion avec
Maggy Lesort († 2012),
ses arrière-grands-parents,
Olivier Lesort
et Marie-Cécile Cloître,
Paulo et Francesca Solinas,
ses grands-parents,
Mathieu LESORT
et Laura SOLINAS
ses parents,
ont la grande joie de faire part
de la naissance de
Saint-Cyr, promotion
Lieutenant-Colonel Amilakvari,
commandeur
de la Légion d'honneur,
officier
de l'ordre national du Mérite,
croix de la Valeur militaire,
le mercredi 23 mars 2016.
La cérémonie religieuse
aura lieu
le mardi 29 mars 2016,
à 10 heures précises,
en la chapelle Saint-Louis
de l'École militaire, à Paris (7e),
suivie de l'inhumation
à 16 heures, au cimetière
de Nouvion-le-Vineux (Aisne).
Candy
le 25 mars 2016, à Bruxelles.
conférences
Le Collège des Bernardins
organise un colloque,
le vendredi 8 avril 2016,
à 14 heures,
La transmission du religieux
en Méditerranée :
un défi partagé.
Avec
Jacques Huntzinger, ancien
ambassadeur de France,
Mohamed-Sghir Janjar,
directeur adjoint de
la Fondation du Roi Abdul-Aziz
de Casablanca,
Isabelle Saint-Martin,
directrice de l'IESR (Institut
européen en sciences
des religions), directrice
d'études à l'EPHE (École
pratique des hautes études),
Valentine Zuber, directrice
d'études à l'EPHE,
chaire religions et relations
internationales.
Participation à prévoir.
20, rue de Poissy, Paris (5e),
téléphone : 01 53 10 74 44,
www.collegedesbernardins.fr
deuils
Gilles et Martine Barre,
Christine et Cyrille Pauphilet,
François Barre,
Virginie et Antoine Heidmann,
ses enfants,
et ses petits-enfants
ont la tristesse
de vous faire part du décès de
Mme Claude BARRE
née Denise Camus,
le mercredi 23 mars 2016.
La cérémonie religieuse
sera célébrée
le jeudi 31 mars, à 14 h 30,
en l'église
Saint-François-de-Sales,
6, rue Brémontier, Paris (17e).
L'inhumation aura lieu
le lendemain à 14 h 30,
au cimetière de
Crillon-le-Brave (Vaucluse).
Famille Barre,
47, rue Cardinet, 75017 Paris.
Alena Behalikova
et Miroslav Svoboda,
sa belle-sœur et son beau-frère,
Elena Svobodova,
sa nièce,
ses filleuls,
ses oncles, tantes, cousins
et cousines,
les familles Charlet, Griffet,
Legendre, de Cagny, Raybaud,
Richard
et ses nombreux amis
ont la tristesse
de vous annoncer le décès de
Paul-Eric EYSSAUTIER
survenu le 19 mars, à Dubaï,
à l'âge de 51 ans.
La cérémonie religieuse
aura lieu à Marseille,
le mercredi 30 mars,
à 15 heures, en l'église
du Sacré-Cœur,
81, avenue du Prado,
Marseille (8e),
suivie de l'inhumation
au cimetière Saint-Pierre,
dans l'intimité familiale.
Mme Claudine
Bourson-Charluteau,
M. et Mme Vincent Dauguet,
M. et Mme
Benoit Henry d'Aulnois,
M. et Mme
Jean-Louis Charluteau,
M. Philippe Charluteau,
ses enfants,
La famille remercie
toutes les personnes
qui s'associent à leur deuil.
ses petits-enfants
et arrière-petits-enfants
ont la douleur
de vous faire part du décès de
Yseult Gallois
de Carbonnel de Canisy,
son épouse,
Philippe et Sylvie,
Hervé et Frédérique,
Alain et Nathalie,
Laure et Emmanuel du Granrut,
ses enfants,
ses petits-enfants
et son arrière-petite-fille
Mme veuve
Jean CHARLUTEAU
née Eliane Boulanger,
survenu le jeudi 24 mars 2016,
à Compiègne,
dans sa 95e année.
ont la douleur
de vous faire part du décès de
La cérémonie religieuse
sera célébrée le mercredi
30 mars 2016, à 10 h 30,
en l'église Saint-Jacques
de Compiègne.
Didier GALLOIS
de CARBONNEL de CANISY
chevalier
de la Légion d'honneur,
survenu le 23 mars 2016,
dans sa 90e année.
Le comte et la comtesse
Xabert de Bélizal,
M. et Mme Alexandre Dulac,
ses enfants,
La cérémonie religieuse
sera célébrée
le mardi 29 mars 2016,
à 14 h 30, en l'église
Saint-François-de-Sales,
6, rue Brémontier, Paris (17e),
suivie de l'inhumation,
à 16 h 30, au cimetière de Passy,
Paris (16e).
Edouard et Alice Dulac,
Tanneguy et Marie de Bélizal,
Bérénice et François-Xavier
Malcorpi,
Ségolène de Bélizal,
Clémence Dulac,
Aymeric de Bélizal,
ses petits-enfants,
Cet avis tient lieu de faire-part.
Isaure, Augustin, Pia, Oscar,
Hortense, Arthus et Philéas,
ses arrière-petits-enfants,
Odile GARNIER
de BOISGROLLIER de RUOLZ
comte Charles-Henri
de GOUZILLON de BÉLIZAL
survenu le 25 mars 2016.
croix du combattant
volontaire 1939-1945,
La cérémonie sera célébrée
le mardi 29 mars, à 15 heures,
en l'église de Montbonnot
(Isère), suivie de l'inhumation
dans le caveau familial,
au cimetière de la Terrasse.
le 24 mars 2016,
dans sa 92e année.
Il a rejoint dans la Demeure
de Dieu son épouse, née
(1923-2007).
La cérémonie religieuse
sera célébrée
en la chapelle de la Providence,
77, rue des Martyrs, Paris (18e),
le mardi 29 mars, à 14 h 30.
L'inhumation aura lieu
au cimetière de Moussoulens
(Aude), le mercredi 30 mars,
à 15 heures.
Souvenirs, Messes...
Partagez le souvenir d’un être cher dans le carnet du jour
Patrick
et Béatrice, née Fritz,
Nicolas
et Catherine, née Straub,
Bruno
et Geneviève, née Perrachon,
Hervé
et Véronique, née Clin,
Gérard
et Patricia, née d'Augustin,
Philippe
et Marie-Charlotte, née Peiffer,
Véronique
et Alex Lavirotte,
Francis
et Catherine, née Gorget,
ses enfants,
ses 43 petits-enfants
et ses 43 arrière-petits-enfants
ont la grande tristesse
de vous faire part
du rappel à Dieu de
Mme Jacques LETELLIER
née Claude Carrelet,
« Mamita »,
© Gettyimages
le 24 mars 2016,
dans sa 95e année, munie
des sacrements de l'Église.
carnetdujour.lefigaro.fr
Robert Monnier
et Gillian Eatherley,
Catherine Monnier-Shannon,
Antoine Monnier,
Nicolas et Sylvie Monnier,
ses enfants,
Mme Jacqueline
Matisse-Monnier,
leur mère,
Louis, Jack, Nick, Victor,
Maxime,
ses petits-fils,
Armand de Caumont La Force,
son beau-fils,
Mme Bernard Pagézy,
M. Pierre Monnier,
ses sœur et frère,
sa dévouée
Marie-Evenie Andriss
ont la tristesse d'annoncer
le décès de
Pierre Lepape,
son époux,
Fabienne Vallery-Masson,
Corinne Vallery-Masson,
ses filles,
François Sauterey,
son gendre,
La cérémonie religieuse sera
célébrée le mercredi 30 mars,
à 10 h 30, en l'église
Notre-Dame-de-Grâcede-Passy, 10, rue
de l'Annonciation, Paris (16e).
L'inhumation aura lieu
au cimetière
de La Haye-Saint-Sylvestre
(Eure).
Recevez
Le FigaRo
les familles Mouline,
Simonetta, de Feraudy, Brelet,
Vallery-Masson, de Villepin,
Vermeire, Lepape, Bréchignac
chaque jouR
ont la tristesse de vous
faire part du rappel à Dieu de
chez vous
Janine VALLERY-MASSON
née Brelet,
le 24 mars 2016.
La cérémonie religieuse
aura lieu le mardi 29 mars,
à 9 h 30, en la chapelle
Sainte-Bernadette,
4, rue d'Auteuil, Paris (16e).
Elle sera suivie à 17 heures,
d'une bénédiction, en l'église
de Saint-Jacut-de-la-Mer
(Côtes-d'Armor).
M. Bernard MONNIER
le 24 mars 2016.
Le culte d'action de grâce
sera célébré en l'église
protestante unie de Pentemont,
106, rue de Grenelle, Paris (7e),
le mercredi 30 mars, à 11 h 30,
suivi de l'inhumation
dans la tombe familiale,
au cimetière des Gonards,
à Versailles (Yvelines).
108, rue du Bac,
75007 Paris.
Vincent et Dominique
Monsaingeon,
Michel et Marie-Armande
Monsaingeon,
Xavier et Gwénola
Monsaingeon,
Agnès Crété Monsaingeon
et Jean-Gérald Crété,
ses enfants,
Aurélie et Ciron,
Timothée et Zhéva,
Marie et Benjamin,
Charlotte et Pierre-Jean,
Céline et Benjamin,
Baptiste et Gabrielle,
Arthur et Morgan,
Noé, Louis, Etienne, Philomène,
Tiphaine, Publio, Clémence,
Colombe,
ses petits-enfants,
ses quatorze
arrière-petits-enfants
ont la tristesse
de vous faire part du décès
le 20 mars 2016,
dans sa 93e année, de
Dominique MONSAINGEON
chevalier
de la Légion d'honneur,
médaille militaire,
croix de guerre 1939-1945.
Il a rejoint son épouse,
Le comte et la comtesse
Henri de Witasse Thézy,
le comte et la comtesse
Patrice de Witasse Thézy,
le comte et la comtesse
Stéphane de Witasse Thézy,
M. et Mme Jérôme Maillard,
ses enfants,
ses petits-enfants
et arrière-petits-enfants
ont la douleur
de vous faire part
du rappel à Dieu de
René de WITASSE
marquis de THÉZY
Recevez Le Figaro
du lundi au samedi,
accompagné des suppléments
et des magazines du week-end.
le 25 mars 2016,
dans sa 90e année.
La cérémonie religieuse
sera célébrée
le mercredi 30 mars, à 10 h 30,
en l'église Saint-Martin
de Saint-Valery-sur-Somme.
L'inhumation aura lieu
dans la chapelle du château,
à Thézy-Glimont, à 17 heures.
remerciements
209s
6 mois
au lieu de 421,20E
Son épouse,
ses enfants, petits-enfants
et arrière-petits-enfants,
très touchés des marques
de sympathie qui leur ont été
témoignées lors du décès du
50% de réduction
sur le prix de vente en kiosque.
comte
Jacques de BOURDONCLE
de SAINT SALVY
vous prient de trouver ici
leurs sincères remerciements.
Jacqueline CARON
(†) le 7 septembre 1997,
et leur fille,
Isabelle Monsaingeon
La messe d'enterrement
sera célébrée
le mardi 29 mars, à 10 h 30,
en l'église Notre-Damedu-Val-de-Grâce,
1, place Alphonse-Laveran,
à Paris (5e).
L'inhumation aura lieu
le lendemain, au cimetière
de Saint-Briac-sur-Mer,
à 14 h 30, dans l'intimité
familiale.
messes
Une messe du souvenir
sera célébrée
le vendredi 1er avril 2016,
à 17 heures, en l'église
Notre-Dame-d'Auteuil,
Paris (16e), à l'intention de
André BÉNARD
(†) le 15 mars 2016.
Cet avis tient lieu de faire-part.
Cissy de BARBEYRAC
SAINT MAURICE
Tél. 01 56 52 27 27 • Fax. 01 56 52 20 90
Mme Bernard Monnier,
née Virginie
Lehideux-Vernimmen,
son épouse,
(†) le 19 mars 1979.
Sa famille
nous prie d'annoncer
le décès de
ont la tristesse
de vous faire part
du rappel à Dieu du
carnetdujour@media.figaro.fr
Vous pouvez également saisir votre annonce sur notre site
13
Ses enfants,
Béatrice, Sabine (†), Sylvie,
Philippe et sa compagne
Marie-Cécile,
ses petits-enfants,
Frédéric,
Stéphane, Valérie, Emmanuel,
Julien, Camille,
Théophile, Philippine, Philéas,
Vanessa, sa filleule,
et leurs conjoints,
ses arrière-petits-enfants,
Calystée, Margot, Maëlle,
Louis, Baptiste, Guillaume,
Pauline, Maxime, Emma
et Jules,
messes
et anniversaires
Geneviève RUGGIERI
née Dumont,
à l'âge de 93 ans,
le mercredi 23 mars 2016,
munie des sacrements
de l'Église.
La cérémonie religieuse
aura lieu le mardi 29 mars,
à 10 h 30, en l'église
Saint-Philippe-du-Roule,
9, rue de Courcelles, Paris (8e).
Cet avis tient lieu de faire-part.
30, rue Desaix,
75015 Paris.
À renvoyer dans une enveloppe affranchie à :
LE FIGARO ABONNEMENT
4 rue de Mouchy – 60438 NOAILLES Cedex
OUI, Je m’abonne à la Formule Club
pour 209e au lieu de 421,20e, et je reçois
Le Figaro du lundi au samedi, accompagné
des suppléments et des magazines, pendant 6 mois.
Nom :
Prénom :
Une messe sera célébrée
le samedi 2 avril 2016,
à 17 heures, en la crypte
de l'église Saint-Léon,
Paris (15e), à la mémoire de
Denis ALLARD
décédé le 28 février 2013.
Adresse :
Code postal :
Ville :
Tél. :
E-mail :
@
Je joins mon règlement par :
en majuscules
Date et signature :
Chèque bancaire ou postal
à l’ordre du Figaro
ainsi que toute sa famille
ont la profonde tristesse
de vous faire part
du rappel à Dieu de
abonnez-vous
au FigaRo
souvenirs
CB N°
Expire fin :
Notez les 3 derniers
chiffres figurant au verso
de votre carte bancaire :
FAP16005
Il y a quinze ans,
le lundi 28 mars 2001,
Yves LE GUAY
(1926-2001),
nous quittait.
Que ceux qui l'ont connu et
aimé aient une pensée pour lui.
Que la lumière de Jésus-Christ
ressuscité illumine
à jamais sa face.
Alexandra, son épouse,
ses six enfants
et leurs conjoints,
ses petits-enfants
et arrière-petits-enfants.
Offre France Métropolitaine réservée aux nouveaux abonnés valable
jusqu’au 31/12/2016. Les informations recueillies font l’objet d’un
traitement informatique pour les besoins de votre abonnement. Sauf
avis contraire, ces informations pourront être conservées et utilisées à
des fins de prospection. En application de la loi Informatique et
Libertés, vous disposez d’un droit d’accès, de rectification et de
radiation des informations vous concernant que vous pouvez exercer
en vous adressant à : Le Figaro Abonnement, 4 rue de Mouchy –
60438 Noailles Cedex. Si vous ne souhaitez pas que vos données
soient utilisées par nos partenaires à des fins de prospection, veuillez
cocher la case ci-contre ❒.
Nos CGV sont consultables sur www.lefigaro.fr
lundi 28 mars 2016 LE FIGARO
14
CHAMPS LIBRES
REPORTAGE
Le « musée de la mémoire »
ouvrira à Beyrouth dans
cet élégant immeuble jaune
criblé d’impacts de balles.
DIEGO IBARRA SANCHEZ
POUR LE FIGARO
Beyrouth : la guerre entre au musée
Delphine Minoui
£@DelphineMinoui
A
Envoyée spéciale à Beyrouth
u premier coup d’œil, on a envie
d’en parler comme d’un être vivant, une de ces rencontres qui
vous hantent jusqu’au creux de la
nuit. Sans doute à cause de son
histoire, aussi riche et torturée
que celle d’un personnage de fiction. Ou bien à cause de ses prothèses, vissées entre
deux étages, pareilles à celles d’un vétéran de guerre,
blessé mais résigné à vivre. Au carrefour Sodeco, au
milieu du tohu-bohu des voitures, se dresse fièrement Beit Beirut (« la maison de Beyrouth ») : une
vieille bâtisse jaune du quartier majoritairement
chrétien d’Achrafieh, située sur l’ex-ligne de démarcation de la guerre civile libanaise (1975-1990).
Égratigné de partout, l’élégant immeuble réquisitionné par les francs-tireurs lors du conflit intercommunautaire devrait prochainement rouvrir ses
portes sous la forme d’un « musée de la mémoire ».
Symbole audacieux dans ce pays où le fantôme du
passé est absent des livres scolaires.
« Après la guerre, on est passé de l’amnistie générale à l’amnésie générale », souffle Youssef Haidar,
l’architecte en chef de ce projet novateur. Pas question de faux-semblants pour ce Libanais parfaitement francophone qui, à contre-courant de la mode
du « lifting » express prisé des Beyrouthines, a préféré « figer » les ecchymoses du bâtiment, comme
autant de rides nécessaires pour appréhender la réalité. Laissés tels quels, les impacts de balles ou de roquettes courent le long des façades, croisant à l’occasion des barres métalliques venues combler, ici, le
fragment obstrué d’une fenêtre, là, la section entaillée d’une colonne. « J’ai voulu que le bâtiment
garde ses stigmates plutôt que de les cacher. J’ai préféré remplacer les parties manquantes avec des prothèses comme on soigne un patient, pour lui rendre une
part d’humanité », explique-t-il sur le perron de la
Maison jaune – surnom donné à l’édifice.
A
Le repère des phalangistes embusqués
À l’intérieur, les ouvriers s’activent à installer les câbles électriques, poser les vitres, dépoussiérer le hall
central. Dans un pays sans président depuis deux
ans, miné par une interminable crise des déchets et
rattrapé par la guerre syrienne, l’ouverture de Beit
Beirut n’a cessé d’être reportée. Cette fois, les travaux touchent à leur fin. Dès le rez-de-chaussée, la
machine de guerre se met à nu : d’abord discrète
avec ces pans de murs érodés, puis glaçante avec ce
bunker, transformé en arrière-scène du nouvel
auditorium. « C’est là que de nombreux miliciens de
Beyrouth-Est avaient élu domicile pendant la guerre »,
explique Youssef Haidar. Le conflit éclate un fameux
13 avril 1975. Ce jour-là, un bus transportant des Palestiniens est mitraillé par des miliciens phalangistes
(chrétiens maronites). L’incident met le feu aux
poudres. Très vite, le pays se scinde en deux factions
principales : d’un côté les chrétiens, de l’autre les
Palestiniens et les défenseurs de l’arabisme. À Beyrouth, la fissure devient géographique : l’Est chrétien contre l’Ouest à majorité musulmane. De par sa
position stratégique, à la lisière de la « ligne verte »
– la fameuse ligne de démarcation envahie par une
folle végétation -, la Maison jaune devient le repère
des phalangistes embusqués.
Pendant les quinze ans
de guerre civile,
cet immeuble de maître
situé sur l’ex-ligne
de démarcation a servi
de machine à tuer.
Il s’apprête à rouvrir
ses portes, transformé
en un musée consacré
à la mémoire du conflit.
Visite guidée.
750 m
Mer
Méditerranée
Port
Centre
ville
BEYROUTH
Maison Jaune
Ouest
QUARTIER MUSULMAN
Infographie
Est
QUARTIER
CHRÉTIEN
Ambassade
de France
Au fil des années, le conflit va s’internationaliser,
devenant le théâtre de règlements de comptes entre
pays voisins et grandes puissances. Mais pour appréhender sa dimension locale, et saisir son degré de
violence (plus de 150 000 morts et 17 000 disparus en
quinze ans), il faut gravir les nouveaux escaliers en
colimaçon de Beit Beirut. Au premier étage, une fois
traversé le corridor, on pénètre dans une chambre
obscure. Murs bétonnés, plafond recouvert d’une
vieille porte en bois. « C’était le deuxième bunker, la
meurtrière des francs-tireurs », explique Youssef
Haidar. Au fond, un mince filet de lumière filtre au
travers d’une fente rectangulaire : la fameuse fenêtre
de tir du milicien embusqué. « Quand on se penche,
on devine la trajectoire de la balle : le salon, la cage
d’escalier, le balcon voisin, puis la rue. Imaginez le
nombre de pleins et de vides à parcourir avant d’atteindre l’adversaire ! Une planque idéale rendue possible, ironie de l’histoire, par l’ingénieuse architecture
d’époque de l’édifice », observe-t-il. La respiration se
fige. Le pouls s’accélère. Un silence de mort envahit
ce huis clos. Côté salon, l’autre versant de la fente est
camouflé derrière une porte. Les francs-tireurs
avaient pensé à tout pour tromper l’ennemi. Même à
cette silhouette, dessinée sur un autre mur. Une leçon d’histoire pour la nouvelle génération. « Je suis
née après la guerre. À l’école, on ne nous en a pas parlé. Quand tu pénètres dans ce bunker, tu revis une part
d’ombre de ton pays. Pas besoin d’explication ou de
guide. C’est là, en face de toi. Une confrontation directe à la réalité », souffle Grace, une urbaniste de
25 ans, qui a rejoint l’équipe du projet.
Un bijou d’architecture
Beit Beirut, c’est même plus que ça. Ici, la guerre dévoile sa part d’intime. Sur les murs, les sentiments
fleurissent là où on ne les attend pas. « Vous me manquez, mon amour », crie un graffiti en calligraphie
arabe. Peints en noir, les chants d’amour des miliciens n’ont que faire des tabous. « Si mon amour pour
Gilbert était un crime, que l’histoire écrive que je suis un
dangereux criminel », peut-on lire sur l’un d’eux, signé « Tarzan » (pseudonyme d’un des miliciens).
Soudain, on bascule dans leur quotidien, leurs fantasmes, leur sexualité. On les imagine s’embrassant dans
les escaliers, buvant un café entre deux batailles, se
prélassant sur un coin de matelas. On les devine cachés derrière une porte, l’oreille tendue, à l’affût du
moindre bruit. On se surprend à tout vouloir savoir
d’eux. Quel âge avaient-ils quand ils prirent les armes ? Combien d’hommes ont-ils tué ? Et leurs ennemis d’en face, comment vivaient-ils la guerre ?
D’anciens miliciens, encore vivants, viendront-ils à
l’inauguration du musée, et regrettent-ils que l’édifice ait gardé l’empreinte du passé ? L’ambition de Beit
Beirut n’est pas seulement de sonder la mémoire de la
guerre. « C’est aussi un lieu de débats, d’expositions »,
précise Youssef Haidar. Un espace où les Beyrouthins
de tout bord pourront enfin faire leur catharsis…
À l’origine de cette initiative, une femme d’exception, Mona Hallak. Boucles brunes encadrant un visage pétillant, cette architecte est tombée par hasard,
J’ai voulu que le bâtiment garde
ses stigmates. J’ai préféré remplacer
les parties manquantes avec des prothèses
comme on soigne un patient
»
YOUSSEF HAIDAR, ARCHITECTE EN CHEF DU « MUSÉE DE LA MÉMOIRE »
en 1994, sur l’immeuble Barakat – le nom d’origine
du bâtiment, en référence à ses propriétaires d’antan.
C’était au sortir de la guerre civile. « Les bulldozers de
Solidere (la société de reconstruction de l’ex-premier
ministre Rafic Hariri) étaient en train de raser les ruines du centre-ville pour remettre Beyrouth à neuf.
J’étais sous le choc. En remontant l’ancienne “ligne
verte”, j’ai vu cette incroyable bâtisse défigurée, mais
qui tenait encore debout. Une plaque indiquait sa date
de construction : 1924. Avec ses façades à trois côtés,
sa combinaison de pierres naturelles et de béton armé,
c’était un bijou d’architecture. Je me suis glissée à l’intérieur », raconte-t-elle. En tombant sur le premier
bunker, Mona est aussitôt frappée par la « deuxième
peau » du bâtiment, façonnée par la guerre : « Ça m’a
pris aux tripes. Comme nombre de Libanais, j’ai perdu
des proches sous les balles des snipers. »
Au milieu des gravats, Mona fait une autre trouvaille, celle d’une collection de lettres, brochures de
cinéma, vieux journaux abandonnés par les derniers
occupants au début du conflit. Une mine d’informations sur « l’âge d’or » de Beyrouth : elle y apprend
que chrétiens et Palestiniens y cohabitèrent avant de
s’entre-déchirer, qu’un de ses habitants, Najib Chemali, était un dentiste de renom, passionné de politique et épris de modernité. Que le coiffeur du rez-dechaussée faisait les plus beaux chignons – à trois
niveaux ! – de la capitale. Que le studio photo mitoyen vit défiler tout le gratin d’Achrafieh. Pour
Mona, le bâtiment va vite devenir une obsession, un
lieu de pèlerinage où chaque visite devient une occasion de reconstituer le puzzle du passé. « Je me suis
dit : il faut à tout prix préserver cet endroit. En faire un
lieu dédié à la mémoire de Beyrouth. »
«Qu’il nous serve de leçon »
Mais propriétaires et promoteurs ne l’entendent pas
ainsi. En 1997, le bâtiment est condamné à la destruction. Aussitôt, Mona Hallak mobilise les médias locaux. Dans ce Beyrouth version moderne menacé par
la percée des gratte-ciel, cité « mille fois morte, mille
fois revécue », comme l’écrivait la poétesse Nadia
Tuéni, le premier débat sur la préservation du patrimoine est enclenché. Au bout de quelques mois, petite victoire : la destruction est annulée. Il faudra
néanmoins attendre jusqu’en 2003 pour que la municipalité rachète le bâtiment. Quelques années plus
tard, un projet de réhabilitation voit enfin le jour,
avec le soutien technique de la Mairie de Paris. En
2010, la municipalité de Beyrouth nomme finalement
Youssef Haydar maître d’œuvre. Son projet de musée
à prothèses suscite la controverse. « Il en a trop fait.
J’y vois un fétichisme de la misère qui manque de naturel », peste George Arbid, le directeur de l’Arab Center for Architecture et membre du comité scientifique de Beit Beirut, un organe indépendant qui
dispose d’un droit de regard sur le projet. Mona, elle,
regrette que le chantier arrive à sa fin alors que la
scénographie, à laquelle elle participe, n’a pas été
préalablement discutée. À ces querelles entre professionnels s’ajoutent celles qui opposent la municipalité et le gouverneur de Beyrouth, de deux bords politiques différents. Mais à l’heure où la guerre syrienne
d’à côté souffle tristement ses cinq bougies, tout le
monde s’accorde à espérer que ce « musée témoin »
ouvre au plus vite. Y compris les ouvriers du chantier, majoritairement syriens. « Au début des travaux, je me disais : à quoi bon un musée né des ruines de
la guerre ? Mais c’était avant que mon pays n’en fasse
les frais. Aujourd’hui, ma vision a changé. Je n’ai
qu’une envie : que ce musée serve de leçon, qu’il nous
aide à nous souvenir du pire, pour ne pas recommencer… », souffle l’un d’eux. ■
lundi 28 mars 2016
CHAMPS LIBRES
LE FIGARO
15
INTERNATIONAL
Après
l’interventionnisme
de George W. Bush,
les États-Unis
de Barack Obama
ont pris leurs
distances avec
le Moyen-Orient
et ses crises comme
avec l’Europe
et ses enjeux.
1 Une puissance
planétaire...
CONSTRUITE AUTOUR D’UN SYSTÈME
D’ALLIANCES MILITAIRES, ...
OTAN
Autres pays alliés (bases militaires
et/ou accords de défense)
... D’UN APPAREIL MILITAIRE QUI
COUVRE TOUTE LA PLANÈTE...
Commandements unifiés (COCOM)
Déploiement de la flotte
... ET D’ACCORDS ÉCONOMIQUES
DE LIBRE-ÉCHANGE VISANT À
RENFORCER SA SPHÈRE D’INFLUENCE
Pays avec lesquels les États-Unis
ont signé des accords de libre-échange
Création de vastes zones de libreéchange transcontinentales
(seul le TPP - accord de partenariat
transpacifique - a jusqu’ici été signé
le 4 février 2016)
2 ... qui voit s’élever
de nouvelles
menaces
UNE POLITIQUE D’APAISEMENT
MAL MAITRISÉE
Retrait de conflits extérieurs alors que
ces pays sont toujours en guerre
Reprise de relations avec certains
pays de l’« Axe du Mal »...
... qui contrarie certains
de leurs alliés traditionnels
LES MENACES GÉOPOLITIQUES
Rivaux géostratégiques...
Le désengagement américain
change-t-il la face du monde ?
Isabelle Lasserre
[email protected]
GÉOPOLITIQUE Pivot vers l’Asie, hésitations au Levant et en Ukraine, indifférence vis-à-vis de l’Europe. Depuis
qu’il est à la Maison-Blanche, Barack
Obama n’a eu de cesse de réorienter la
politique étrangère américaine. Quel
bilan peut-on en tirer, à la lueur de la
situation internationale actuelle et alors
que son mandat s’achève dans quelques
mois ?
deau », à la fois politiquement et financièrement, avec les Européens. Obsédé
par l’idée de ne pas se laisser entraîner
dans les conflits, il sous-traite les crises,
préférant diriger depuis les coulisses
(« leadership from behind »), délègue le
conflit ukrainien à l’Allemagne et à la
France, le problème libyen à l’Italie, à la
France et à la Grande-Bretagne, la guerre en Syrie aux Russes. « On peut résumer la position américaine par une phrase : faire moins pour que nos alliés fassent
plus », commente Benjamin Haddad. Le
temps où l’Amérique traversait l’Atlantique pour sauver les Européens semble
révolu. Comme celui où elle était la seule
grande puissance capable de gérer les
problèmes du monde.
POURQUOI LES ÉTATSQUELLES
SE MÊLENT-ILS
❙DEUNIS
CONSÉQUENCES
❙
MOINS EN MOINS DES
SUR LES GRANDES CRISES
AFFAIRES MONDIALES ?
Élu sur un programme qui promettait de
mettre fin aux aventures militaires de
son prédécesseur en Irak et en Afghanistan, Barack Obama a aussi été
convaincu par l’échec de l’intervention
militaire en Libye de la nécessité d’éviter tout nouvel engagement dans l’indomptable Moyen-Orient. Comme l’explique Jeffrey Goldberg dans un
remarquable article publié dans The
Atlantic, les priorités de Barack Obama
dans la région sont le nucléaire iranien,
l’existence d’Israël et la menace d’alQaida. L’État islamique n’a jamais été
considéré par le président américain
comme une menace existentielle pour
les États-Unis. La Syrie est pour lui « une
pente aussi dangereuse que l’Irak ». Cette
certitude l’a conduit à considérer que le
prix de l’action était supérieur à celui de
l’inaction. Elle l’a convaincu qu’il fallait
à la fois renoncer à frapper le régime de
Bachar el-Assad et à soutenir militairement ses opposants.
Mais la prudence américaine dépasse le
Moyen-Orient. « Pour Barack Obama, le
principal risque n’est ni la Syrie ni
l’Ukraine, mais la sur-réaction aux crises. Le président américain se situe dans
le temps long, il est persuadé qu’à terme
sa stratégie sera gagnante. Il existe
aujourd’hui aux États-Unis une vraie remise en cause du fait que les États-Unis
ont un rôle à jouer sur la scène internationale », explique Benjamin Haddad,
chercheur à l’Hudson Institute de
Washington. Convaincu que les actions
des États-Unis dans le monde ont souvent été négatives, comme en Irak,
sceptique quant à leur capacité d’influence sur un monde globalisé, persuadé que son pays n’a pas vocation à
« sauver toute la misère du monde », Barack Obama veut aussi « partager le far-
ACTUELLES ?
Le 30 août 2013 aurait, selon certains
analystes, signé la fin du rôle de l’Amérique comme superpuissance unique et
indispensable dans le monde. Ce jourlà, Barack Obama renonce à frapper le
régime de Bachar el-Assad, qui venait
pourtant de franchir sa « ligne rouge »
sur les armes chimiques. Le retrait américain a aspiré de nouvelles puissances
dans la région, avides de combler le
vide. Ancien champion du monde
d’échecs et opposant à Vladimir Poutine, Garry Kasparov se dit persuadé que
le maître du Kremlin a conçu l’intervention russe en Syrie après le recul américain d’août 2013, « en prenant acte de la
faiblesse des États-Unis ». Il pense également que l’invasion de la Crimée, en
mars 2014, fut facilitée par la reculade
syrienne. Les réticences américaines au
Levant ont aussi laissé le champ libre à
l’Iran chiite, puissance régionale qui
avance ses pions et constitue l’autre
béquille, avec la Russie, du régime de
Bachar el-Assad. Elles ont en outre fait la
part belle à la Turquie, qui combat les
Kurdes jusqu’en Syrie, bien davantage
que l’État islamique. En contribuant à
changer les équilibres régionaux, l’effacement américain au Moyen-Orient a
« nourri » le chaos régional. Il a aussi favorisé le développement des acteurs non
étatiques. « L’échec à construire une force de combat crédible à partir des rebelles
anti-Assad a laissé un grand vide, que les
djihadistes ont aujourd’hui rempli »,
constate Hillary Clinton. De nombreux
experts s’accordent à dire que Barack
Obama a sous-estimé l’importance de
Daech au moment où l’organisation
s’est imposée en Irak et en Syrie. Mais
les conséquences de la réticence stratégique et de l’aversion d’Obama pour la
guerre se font sentir plus loin encore. En
Afghanistan par exemple, où les talibans
sont à nouveau en embuscade. « Finalement, le retrait américain a aggravé les
difficultés et les troubles dans la région »,
commente Emile Hokayem, de l’institut
britannique IISS, à l’occasion d’une
conférence de la Chaire stratégique à la
Sorbonne. Mais il faudra sans doute plusieurs années pour répondre à cette
question : le 30 août 2013 restera-t-il,
comme le pensent certains Français, le
jour où l’Amérique a laissé tomber le
Moyen-Orient, précipitant la région
dans les mains de l’Iran, de Daech et de
la Russie ? Ou bien celui qui permit à Barack Obama d’empêcher les États-Unis
de démarrer une autre guerre régionale
désastreuse ?
sans les États-Unis. Le 30 août 2013,
François Hollande a dû renoncer, à regret, à frapper le régime syrien après la
défection de Washington. « Les Français ont toujours eu les idées plus claires
que les Américains au Moyen-Orient.
Mais la France est dépendante des ÉtatsUnis pour agir. Sans eux, elle ne peut rien
faire », observe Emile Hokayem. Le
« retrait » des États-Unis aurait dû
pousser les États européens à augmenter
leurs budgets de défense, les forcer à
prendre enfin leur destin sécuritaire en
main. Mais la réalité n’en prend pas le
chemin. « Les États-Unis ne provoqueront plus le chaos dans le monde, la Grande-Bretagne prendra le relais de la puissance américaine sur le continent et
l’Allemagne renouera avec la puissance
militaire », prédisait récemment un diplomate américain. On n’en est pas encore là. L’incapacité de l’Europe à muscler ses budgets de défense et à élaborer
une stratégie commune est sans doute
l’une des plus mauvaises nouvelles induites par les changements d’équilibre
dans le monde. Il y en a une autre : le
risque que les courants populistes et
l’extrême droite se renforcent en Europe, si celle-ci vacille face à des défis trop
importants pour elle, auxquels les ÉtatsUnis refuseraient de participer.
QUELLES
RÉPERCUSSIONS SUR LES
❙ALLIÉS
DES ÉTATS-UNIS ?
De Paris à Tel-Aviv en passant Riyad,
Séoul ou Le Caire, la politique non interventionniste de Barack Obama a érodé
la confiance des alliés de l’Amérique. À
coup sûr, le leadership américain a
beaucoup perdu de sa crédibilité le
30 août 2013. Les partenaires traditionnels de l’Amérique vont-ils lui préférer
la Russie de Poutine, qui paraît à certains
d’entre eux à la fois plus fiable et plus fidèle ? Rien n’est moins sûr. « Un renversement d’alliances est improbable. Les
alliés des États-Unis n’ont guère le choix :
l’Arabie saoudite ne trouverait pas dans la
Chine un protecteur aussi solide. L’Égypte
ne pourra pas remplacer l’aide financière
américaine par un soutien russe », relativise Bruno Tertrais, chercheur à la Fondation pour la recherche stratégique
(FRS). L’Azerbaïdjan et le Turkménistan
hésiteront à contrer l’influence iranienne en revenant dans l’orbite russe. L’alliance entre les États-Unis et Israël est
trop stratégique pour se dissoudre en
quelques années. Quant aux menaces de
relance des programmes nucléaires,
agitées par certains alliés de Washington
comme la Corée du Sud, le Japon ou
l’Arabie saoudite, elles sont surtout, selon Bruno Tertrais, « une carte pour faire
pression sur les États-Unis ».
Plus inquiétantes en revanche sont les
éventuelles conséquences pour l’article 5 de l’Otan, qui stipule que l’Alliance
doit se porter au secours de l’un de ses
membres s’il est attaqué. La baisse de
confiance des alliés dans les États-Unis
risque d’éroder la puissance de l’Alliance atlantique, redoutent des spécialistes.
Le non-interventionnisme américain a
en outre cruellement rappelé aux Européens qu’ils étaient incapables d’agir
LA « RÉTICENCE
STRATÉGIQUE »
❙AMÉRICAINE
EST-ELLE
DURABLE ?
Il en va ainsi en Europe et particulièrement en France : lorsque les Américains
agissent, on le leur reproche, y compris
en les rendant responsables de tous les
maux d’une région qui pourtant n’a pas
eu besoin d’eux pour s’enflammer ; mais
lorsqu’ils n’agissent pas, on les critique
également. Certains considèrent en
outre que le « retrait » américain n’est
pas forcément synonyme de chaos.
« Vladimir Poutine profite de l’effacement
américain. Mais le monde est-il pour
autant plus dangereux qu’avant ? La situation n’est pas plus grave aujourd’hui
qu’elle ne l’était après l’intervention de
George W. Bush en Irak en 2003. À l’inverse, le fait que les États-Unis ne soient
pas intervenus en Ukraine n’a pas encouragé Vladimir Poutine à pousser plus loin
son offensive militaire », relativise Sergey
Utkin, de l’Institut des relations internationales de Moscou, à l’occasion du forum annuel du German Marshall Fund à
Bruxelles. Rien n’assure en outre que
l’effacement stratégique américain soit
durable. Si elle est élue, Hillary Clinton,
la candidate démocrate, mènera sans
doute une politique plus interventionniste que son prédécesseur. « Les ÉtatsUnis ne peuvent pas se désintéresser
du monde aujourd’hui. Et s’ils se désintéressent du Moyen-Orient, nul doute
que le Moyen-Orient s’intéressera à eux »,
affirme Bruno
Tertrais. ■
Russie
... et zones de tensions avec eux
Autres pays considérés
comme hostiles
États défaillants
aux prises avec des
organisations
USEUCOM
terroristes
Corée
du Nord
Chine
Corée
du Sud
Taïwan
Birmanie
Thaïlande
USNORTHCOM
USEUCOM
Russie
Canada
Union
européenne
É TAT S - U N I S
Japon
Singapour
Cuba
Mexique
7e flotte
2
Philippines
Mer de Chine
USPACOM
TPP
TA F TA
2e flotte
3e flotte
1. Rép. dominicaine
2. Guatemala
3. Honduras
4. Salvador
5. Nicaragua
6. Costa Rica
7 Panama
3
4
6
1
Syrie
6e flotte
Maroc
Libye
Mali
5
7
Ukraine
Nigeria
4e flotte
Venezuela
Israël
USCENTCOM
Afghanistan
Irak
Iran
Bah.
Égypte
Oman
Yémen
Arabie
saoudite
Somalie
Colombie
Inde
5e flotte
USAFRICOM
USSOUTHCOM
USPACOM
Pérou
Bolivie
Pakistan
Brésil
Zimbabwe
Chili
Australie
Afrique du Sud
Nouvelle-Zélande
7e flotte
F TA A
FTAA
Zone de libre-échange
des Amériques
LES MENACES
ÉCONOMIQUES
TAFTA
Partenariat transatlantique
de commerce et d'investissement
Sources : Council on Foreign Relations, US Department of Defense
Infographie
TPP
Accord de partenariat transpacifique
A
Émergence de rivaux (Brics)
Zones de tensions autour de risques
sur l’approvisionnement en pétrole
lundi 28 mars 2016 LE FIGARO
16
CHAMPS LIBRES
DÉBATS
École : le refus de la sélection a réduit
les chances de succès des élèves modestes
V
oilà le ministère de
l’Enseignement supérieur
dans l’embarras. Comme
l’a déclaré Thierry
Mandon, secrétaire
d’État, le gouvernement
prépare un décret qui s’appliquera
à la rentrée prochaine et qui
« sécurisera le fonctionnement actuel
du cycle du master », autrement dit
garantira à certaines universités le droit
de continuer à choisir leurs étudiants.
En février dernier, en effet, le Conseil
d’État a rendu un avis indiquant
que la sélection « ne peut être mise
en place pour l’accès aux formations
de première ou deuxième année
de master à l’université » en l’état
actuel du droit – alors qu’elle est
pratiquée par certaines facultés
depuis belle lurette.
Le gouvernement est ainsi obligé
de reconnaître que la sélection,
à l’image des politiques éducatives
menées en France depuis quarante ans,
est devenue l’épouvantail d’une époque
qui n’en finit plus de céder
à la tentation du déni de réalité.
Le refus de la sélection est un dogme
auquel chacun feint de croire.
Alors que le système éducatif n’a jamais
été aussi peu démocratique. Comme
s’il aurait pu suffire, à la fin des années
soixante, de déclarer la guerre
à « la reproduction des élites »
et de scander de façon incantatoire
« l’impératif démocratique » pour
rendre accessibles à tous les parcours
de réussite !
Les faits sont là,
entêtants
et confirmés par
tous les rapports
L’affaire de la sélection en master illustre
diligentés par les
combien l’enseignement pâtit d’un dogme
pouvoirs publics.
qui a démontré sa nocivité, argumente
Jamais les étudiants
issus des milieux
le professeur agrégé de philosophie*.
CLAUDE OBADIA
par Lionel Jospin. Dans les deux cas,
un même postulat faux : la sélection
prétendument méritocratique
maquillerait une entreprise
de reproduction des élites sociales
et de ségrégation socioculturelle.
Avec une telle grille d’analyse,
il n’est guère surprenant que,
de réforme en réforme,
les gouvernements successifs
aient progressivement neutralisé
la plupart des dispositifs sélectifs.
Ce qui a provoqué – en renforçant
l’influence des déterminismes
socio-économiques – une sélection
beaucoup moins
équitable que celle
Depuis quarante ans,
que ces réformes
ont ruinée !
les gouvernements ont neutralisé
Comble du
la plupart des dispositifs sélectifs
paradoxe, si les
dans l’enseignement. Ce qui a provoqué bonnes consciences
une sélection beaucoup moins équitable démocratiques
fustigent
que celle que ces réformes ont ruinée
la sélection,
chacun s’accorde
à reconnaître
l’efficacité des classes préparatoires
le savoir constitue un bien auquel
et des grandes écoles qui,
chacun a le droit de prétendre.
en sélectionnant les étudiants
Sans doute faut-il surtout revenir
au mérite, les inclinent à tirer
au réquisitoire dressé contre
le meilleur d’eux-mêmes.
l’université par les théoriciens
D’aucuns diront que ces filières
marxistes dans les années soixante.
sont aujourd’hui « confisquées »
Dans cette entreprise, le sociologue
par les élèves issus des milieux les plus
Pierre Bourdieu joua un rôle
favorisés. Mais que faut-il en déduire ?
déterminant en affirmant
Sommes-nous à ce point dupes
que la fonction sociale du système
de l’illusion qui nous fait prendre
éducatif est de pérenniser
l’effet pour la cause ? Oui, les élèves
la « domination de la bourgeoisie ».
issus des milieux défavorisés ont plus
On ne dira jamais assez l’influence
que jamais un accès problématique,
de cet intellectuel sur les politiques
non seulement aux classes
scolaires menées ces quarante
préparatoires, mais plus généralement
dernières années, en particulier
aux parcours de réussite. Mais cela
sur la réforme du collège unique
s’explique aisément. Car pour réaliser
mise en œuvre en 1975 sous la
l’objectif du plus grand nombre possible
présidence de Valéry Giscard d’Estaing
de bacheliers, il a bien fallu renoncer
et sur la loi d’orientation de 1989 pilotée
les plus modestes n’ont eu moins
de chances de réussir leurs études
supérieures, ce dont témoignent
les conditions d’accès aux filières
d’excellence.
Pour rendre compte de cette
catastrophe nationale et comprendre
les crispations que suscite pourtant,
sitôt qu’on le prononce, le mot
de « sélection », il convient
de rappeler à quel point notre culture
hexagonale, héritière des Lumières
qui virent Condorcet élaborer
le concept d’une école libératrice,
est acquise à l’idée selon laquelle
«
»
à les sélectionner, et ce en disqualifiant
les critères fondés sur les exigences
de l’enseignement supérieur, accusés
d’avantager les élèves issus
des milieux les plus favorisés.
Ainsi avons-nous mis en place
les conditions d’une sélection
extrascolaire beaucoup plus cynique.
Dans cette affaire, les choses sont
donc claires. Les filières dites sélectives
sont accaparées par les élèves
qui, pouvant bénéficier d’un
environnement socioculturel
« porteur », ont été avantageusement
exhortés au travail tandis que
l’institution scolaire se contentait,
n’ayons pas peur des mots,
d’encourager leurs camarades moins
chanceux à la paresse. C’est l’abandon
de la sélection au mérite qui a engendré
le renforcement d’une authentique
ségrégation sociale, ce que les étudiants
pressentent bien qui, parvenus
en licence, ont compris qu’ils sont
les rescapés d’une formidable machine
à produire de l’échec, raison pour
laquelle le mot seul de sélection suffit
à les indigner.
Aucun concours, aucun examen,
ne sera jamais absolument juste.
Il serait naïf de le croire. Pour autant,
toutes les procédures de sélection
ne sont pas égales entre elles. C’est
pour cette raison que le devoir
de justice de l’État est d’organiser
la sélection des plus méritants,
y compris à l’université, pour faire
barrage à l’injustice sociale
qui s’est trop longtemps nourrie
des faux-semblants du démocratisme.
* L’auteur enseigne à l’université
de Cergy-Pontoise et en classes
préparatoires. Il a notamment publié
« Les Lumières en berne ? »
(L’Harmattan, 2011) et « Kant prophète ?
Éléments pour une europhilosophie »
(Ovadia, 2014).
Créons un vrai référendum d’entreprise
pour surmonter les blocages syndicaux
F
DESSINS CLAIREFOND
aut-il désespérer
du dialogue social à la
française ? Les spasmes
violents qu’il donne parfois
à voir sont le symptôme
d’un mal connu.
Les syndicats français avancent
en ordre dispersé. Le taux
de syndicalisation hexagonal (5 % dans
le privé) est l’un des plus faibles des
pays de l’OCDE. Cette représentativité
réduite à sa portion congrue trahit
le manque d’attractivité des syndicats
auprès des salariés. Elle laisse planer
des doutes sur leur légitimité.
La piste du syndicalisme de services
gagnerait à être enfin explorée pour
inciter les salariés à rejoindre les rangs
des organisations syndicales. Reste
qu’un tel changement ne se ferait pas
en un jour. Dans cette attente,
il appartient aux entreprises
de trouver des alternatives.
Le référendum d’entreprise en est une.
Les entrepreneurs peuvent déjà
recourir
au référendum
s’ils le souhaitent.
Mais les conditions
d’utilisation de cet
Les dispositions de la loi El Khomri
outil en limitent
sur le référendum d’entreprise méritent d’être
considérablement
soutenues. Aller plus loin est même nécessaire,
la portée.
plaide le président du groupe Randstad France.
Les syndicats,
FRANÇOIS BÉHAREL
par définition, sont peu favorables
au référendum. Et aujourd’hui,
un employeur ne peut pas organiser
un référendum avant d’avoir consulté
les élus du personnel, sous peine
de délit d’entrave.
Les conséquences de ce verrou
législatif sont très regrettables.
Prenons l’exemple d’un chef
d’entreprise désireux de sonder
ses collaborateurs alors qu’il négocie
avec les partenaires sociaux.
Qu’importe que cette négociation
soit mal engagée ou non. Le juge
ne manquera pas d’estimer
que l’obligation de loyauté dont il faut
faire preuve en cours de négociation
n’a pas été respectée. Ce qui ouvre
la voie à une condamnation du dirigeant
pour délit d’entrave. En outre, même
si la justice ne prononce pas cette
sanction, le chef d’entreprise n’a pas
le droit d’invoquer la « volonté
populaire » mesurée par un référendum
pour faire valoir ses vues auprès
des partenaires sociaux. En effet, et
c’est un point essentiel, le référendum
n’a aujourd’hui qu’une valeur
consultative, sans portée contraignante
- à quelques exceptions près
(participation, intéressement,
prévoyance). Ainsi, le chef d’entreprise,
même s’il est conforté par l’issue
d’un référendum, doit, quoi qu’il arrive,
MAGAZINE 100% NUMÉRIQUE
EN EXCLUSIVITÉ SUR IPAD
La qualité éditoriale du Figaro dans une application dédiée
GRANDS
A
FORMATS
EDITION SPÉCIALE VERDUN
en temps de crise, touchent à la survie
de l’entreprise.
Ensuite, ne laissons pas aux seuls
syndicats le droit d’organiser
un référendum. Accordons la même
faculté aux chefs d’entreprise.
Pour qu’enfin cessent les situations
difficilement acceptables où les salariés
sont prêts à accueillir
un changement
Ne laissons pas aux seuls syndicats
que les syndicats
le droit d’organiser un référendum.
refusent, souvent
par dogmatisme.
Accordons la même faculté
Le chef d’entreprise
aux chefs d’entreprise
doit pouvoir,
lorsqu’un dialogue
social constructif ne le permet pas,
Sa proposition s’articule en deux temps.
recourir au référendum pour obtenir
D’abord, généraliser l’accord
l’aval des salariés sur les mesures
majoritaire. Ensuite, permettre
nécessaires à la bonne marche
aux salariés de se prononcer par voie
de son entreprise. À charge pour lui
référendaire sur des accords signés
de convaincre, bien sûr.
par des syndicats représentant au moins
En contrepartie de ces mesures,
30 % des voix. Le résultat du vote,
prévoyons une garantie. Le recours
s’il est positif, s’imposerait alors à tous.
au référendum n’a pas vocation
L’idée est innovante et l’initiative
à devenir trop fréquent. Le dialogue
courageuse.
social restera prépondérant. Toutefois,
Deux mesures assorties d’une
le regain de légitimité des organisations
garantie permettraient d’en garantir
syndicales prendra du temps.
l’efficacité. D’abord, sortons
Dans l’attente, le référendum – bien
le référendum du carcan qui le réduit
pensé, bien utilisé – peut aider
à l’état de symbole. Le caractère
les entreprises à accroître
contraignant de l’issue du référendum
leur compétitivité. Au bénéfice
doit être reconnu même lorsqu’il porte
de la croissance et donc de l’emploi.
sur des questions sensibles - celles qui,
parvenir à conclure un accord
avec les syndicats. On le comprend,
en l’état actuel des choses, toutes
les conditions sont réunies pour
que le référendum d’entreprise
soit voué à l’échec.
Certes, la loi El Khomri ambitionne
de réformer le référendum d’entreprise.
«
»
LE NUMÉRO 3
Il y a 100 ans
LA BATAILLE DE VERDUN
A télécharger gratuitement,
disponible sur iPad.
lundi 28 mars 2016
CHAMPS LIBRES
LE FIGARO
OPINIONS
Nicolas Baverez
[email protected]
+
» Lire aussi PAGE 6
« Sans la liberté de blâmer, il n’est point d’éloge flatteur » Beaumarchais
@
100 000 citations
et proverbes sur evene.fr
Pour une stratégie de sécurité européenne
A
près Paris et Copenhague,
Bruxelles a été la cible
de la terreur de masse
déployée par l’État
islamique. Le mode
opératoire témoigne
du changement de nature et d’intensité
du terrorisme. La simultanéité de frappes,
dans des lieux publics très fréquentés et
faiblement protégés de capitales
européennes, témoigne d’un très haut
degré de planification stratégique
et de coordination opérationnelle.
Le moment choisi, alors que les autorités
gouvernementales et policières se
félicitaient de la capture de Salah
Abdeslam, démontre la capacité de
réaction de l’État islamique et souligne
notre vulnérabilité. Les cibles désignées
- l’aéroport de Zaventem et la station
de métro Maelbeek, à quelques centaines
de mètres du siège des institutions
européennes - visent, au-delà
de la Belgique, l’Europe, ses valeurs
démocratiques et ses principes de libre
circulation des biens et des personnes.
La démonstration de force de l’État
islamique s’inscrit dans son
redéploiement vers les théâtres extérieurs
de l’Afrique du Nord et de l’Europe, qui
accompagne son recul en Irak et en Syrie.
Avec quatre priorités. Compromettre
la timide reprise économique
par la reconstitution de barrières aux
échanges (la suspension de Schengen
coûtant un point de croissance)
et par l’installation d’un climat de peur
et d’incertitude. Conforter l’emprise
sur une partie de la jeunesse en amplifiant
le recrutement de djihadistes (7 000
ENTRE GUILLEMETS
28 mars 1994 : mort d’Eugène Ionesco.
Ionesco
LOUIS MONIER/RUE DES ARCHIVES
Les rédacteurs d’une revue,
les partisans d’une même
école, d’une même secte,
ont généralement tendance
à se considérer, les uns aux
autres, comme des génies»
ANALYSE
Jean-Julien Ezvan
[email protected]
L’influence de Cruyff dansera
longtemps entre les lignes
L
+
» Lire aussi PAGE 8
« Sans la liberté de blâmer, il n’est point d’éloge flatteur » Beaumarchais
à 8 000 se sont engagés en Syrie dont
un quart sont morts et 1 500 sont revenus
en Europe). Terroriser la population
et instaurer un climat de guerre
civile et religieuse. Initier, à partir
de la décomposition de l’espace
de Schengen, une dynamique
de désintégration de l’Union.
Le constat est tragique. L’Europe, tout
à son rêve de sortie de l’histoire, ne se
veut pas et ne se reconnaît pas d’ennemi.
Mais elle se trouve confrontée avec l’État
islamique à un ennemi qui lui a déclaré
une guerre totale visant la destruction de
ses valeurs et de sa civilisation. L’Europe
ne peut persister dans le déni. Elle joue
non seulement la poursuite de son
intégration mais sa survie. Elle ne peut,
sauf à sacrifier sa liberté, rester un vide
de sécurité alors qu’elle est cernée
par des menaces qui vont des États baltes
au Maroc, que son territoire et ses
citoyens sont frappés par des attentats
meurtriers, qu’une partie de sa jeunesse
est embrigadée par ses ennemis.
Cette nouvelle donne appelle un
complet renversement stratégique.
Depuis soixante ans, l’Europe s’est
construite par le droit et le commerce
contre la guerre, faisant de la sécurité
une variable d’ajustement. Aujourd’hui,
une priorité absolue doit être donnée
à l’élaboration et à la déclinaison
opérationnelle d’une stratégie de sécurité
européenne. Il est vrai que les États
restent seuls compétents dans le domaine
de la sécurité, régalien par excellence.
Mais les attentats de Paris et Bruxelles
prouvent que la menace ignore
les frontières. Les interactions et les effets
d’enchaînement sont aussi puissants dans
le domaine du terrorisme que dans celui
de la finance au sein de la zone euro.
La solidité de l’ensemble ne vaut que
par son maillon le plus faible : la Grèce
pour la dette publique ; la Belgique pour
e football se joue toujours
à onze contre onze. Rien
n’a changé. Et pourtant
au cours des quarante
dernières années, le jeu roi
a subi de profondes
mutations. La diététique règne
dans le vestiaire quand hier,
les matchs à peine éteints, brûlaient
les cigarettes et tintaient les verres.
Les métamorphoses les plus
spectaculaires sont d’ordre physique
et économique. En 1983, Tottenham
s’inscrivait comme le premier d’une
longue liste de clubs cotés en Bourse.
En 1995, l’arrêt Bosman lançait la
libéralisation du marché des transferts
en Europe. Les droits télévisuels allaient
connaître une inflation galopante, le
football s’inscrire comme une véritable
industrie. Avec des enjeux vidant
souvent le jeu de sa sève. Visage grave,
regard éteint, les acteurs, dans des
mises en scène en mondovision
toujours plus soignées, s’arrachent
à leur bus repaire pour plonger dans
les entrailles du stade, coiffés de leur
musique. Coupés du monde. Et devant
l’écran, plus les téléspectateurs en
voient, moins ils partagent. L’annonce
brutale de la mort de Johan Cruyff
a, ces derniers jours, laissé défiler
les séquences nostalgiques d’un génie
du jeu, allure, tenues et arabesques
arrachées à une époque durant laquelle
les retransmissions télévisées étaient
rares pour des adolescents ayant
seulement, au cours de la période
scolaire, le droit de dévorer la première
mi-temps, avant de laisser
l’imagination faire son œuvre. Loin
de l’overdose de la programmation
de la Masia, le centre de formation de
Barcelone, « l’université de la passe »
comme l’a un jour écrit le Financial
Times. Une école d’où sortiront
des joueurs de poche (Xavi, Messi,
Iniesta…) résistant aux canons imposant
des joueurs toujours plus grands,
toujours plus forts bâtis pour réciter
avec des œillères un football stéréotypé.
La philosophie de Cruyff : « Dans mes
équipes, le gardien est le premier
attaquant et le buteur, le premier
défenseur. » Label équipe. Passer.
Glisser. Comme les patineurs de la
mythique Elfstedentocht, course des
onze villes sur les lacs gelés des PaysBas. Avaler l’espace.
Laisser infuser la malice,
Johan Cruyff avait la fureur
dribbler l’agressivité.
de vivre de Steve McQueen
Créer le mouvement
et la force intérieure de Björn Borg. perpétuel. Faire naître
la vitesse, l’ivresse.
Architecte du football moderne,
Distraire plutôt
il voulait tout. Vite
que détruire. Imposer
le partage et voir
se dessiner les sourires. En hypnotisant
(qui n’était pas son sponsor) de son
le ballon, objet du désir.
équipe nationale. Sur le terrain,
Dans une interview à la radio
la victoire ne lui suffisait pas. Il fallait
catalane Rac1, Pep Guardiola,
des fulgurances, de l’élégance. Comme
entraîneur du Bayern Munich, un
lors des parties jouées, enfant, dans
des héritiers de Cruyff (comme Frank
les rues d’Amsterdam. L’impact
Rijkaard, Ronald Koeman, Danny Blind
de la génération actuelle incarnée
ou Marco Van Basten) a raconté : « Je ne
par Lionel Messi, Cristiano Ronaldo,
savais rien du football avant de connaître
Neymar ou Zlatan Ibrahimovic
Cruyff. Il assurait qu’il fallait envoyer le
se mesurera à l’émotion laissée,
ballon où tu voulais qu’il aille, et ne pas
aux souvenirs semés, plus qu’aux buts
courir derrière lui. Messi, celui qui court
marqués, aux titres collectionnés,
le moins, est le meilleur élève
aux millions amassés par des hommesde Cruyff… » Le football a beaucoup
sandwichs, se promenant dans des
changé mais l’esprit d’un sublime
spots publicitaires ou s’étalant
et inoubliable anticonformiste dansera
paresseusement sur papier glacé.
longtemps entre les lignes…
Entraîneur de talent, Johan Cruyff fit
quotidienne actuelle à l’intensité sonore
saturée par des commentateurs
assurant quel que soit le niveau
de la rencontre la promotion de leurs
produits comme des bonimenteurs
rivalisant sur le marché.
Johan Cruyff avait la fureur de vivre
de Steve McQueen et la force intérieure
de Björn Borg. Architecte du football
moderne, il voulait tout. Vite.
Tête de gondole des années 1970,
le Néerlandais perçut que le football
était un business. Âpre négociateur,
il s’entoura d’un agent dès ses premiers
succès. Durant le Mondial 1974,
il enlèvera une bande au maillot Adidas
«
»
“Sans la liberté de blâmer il n’est point d’éloge flatteur” Beaumarchais
Dassault Médias
14, boulevard Haussmann
75009 Paris
Président-directeur général
Serge Dassault
Administrateurs
Nicole Dassault, Olivier
Dassault, Thierry Dassault,
Jean-Pierre Bechter, Olivier
Costa de Beauregard, Benoît
Habert, Bernard Monassier,
Rudi Roussillon
SOCIÉTÉ DU FIGARO SAS
14, boulevard Haussmann
75009 Paris
Président
Serge Dassault
Directeur général,
directeur de la publication
Marc Feuillée
Directeur des rédactions
Alexis Brézet
Directeur délégué des rédactions
Paul-Henri du Limbert
Directeurs adjoints de la rédaction
Gaëtan de Capèle (Économie),
Laurence de Charette (directeur
de la rédaction du Figaro.fr),
Anne-Sophie von Claer
(Style, Art de vivre, So Figaro),
Philippe Gélie (International),
Anne Huet-Wuillème
(Édition, Photo, Révision),
Étienne de Montety
(Figaro Littéraire),
Bertrand de Saint-Vincent
(Culture, Figaroscope, Télévision)
et Yves Thréard (Enquêtes,
Opérations spéciales, Sports)
Directeur artistique
Pierre Bayle
Rédacteur en chef
Frédéric Picard (Édition)
Éditeur
Sofia Bengana
Éditeur adjoint
Robert Mergui
FIGAROMEDIAS
9, rue Pillet-Will, 75430 Paris Cedex 09
Tél. : 01 56 52 20 00
Fax : 01 56 52 23 07
Président-directeur général
Aurore Domont
Direction, administration, rédaction
14, boulevard Haussmann
75438 Paris Cedex 09
Tél. : 01 57 08 50 00
[email protected]
la sécurité en raison de son rôle
de sanctuaire des islamistes
et de la faiblesse de son État.
Que voulons-nous faire ? Protéger
la population, les infrastructures
essentielles, le territoire et les frontières
extérieures de l’Union tout en stabilisant
sa périphérie. Que devons-nous faire ?
Créer dans chaque pays un état-major
en charge de la lutte contre l’islamisme
rassemblant renseignement, police,
justice et armée, et les coordonner.
Reprendre le contrôle des frontières
extérieures en renforçant les forces
nationales par un corps de garde-côtes et
de garde-frontières européens (Frontex
est doté de 145 millions d’euros contre
32 milliards de dollars pour le Homeland
Department aux États-Unis). Sécuriser
l’espace de Schengen en activant
enfin les échanges de données qui sont
aujourd’hui limités à celles qui transitent
par les États-Unis. Mettre fin à l’accueil
anarchique des réfugiés, aujourd’hui
infiltrés par plusieurs centaines
de djihadistes, en créant un Commissariat
européen, en unifiant le droit d’asile,
en reconduisant tous les candidats
non enregistrés. Engager une politique
de codéveloppement en direction
de l’Afrique du Nord, notamment
de la Tunisie. Réarmer en respectant
la norme Otan, qui prévoit d’affecter
un moins 2 % du PIB à l’effort de défense.
Ceux qui veulent détruire l’Europe
pour les valeurs qu’elle incarne
soulignent par défaut son identité
et sa communauté de destin. Il nous faut
retrouver le courage de défendre
nos démocraties en produisant
de la sécurité pour leurs citoyens
et non pas seulement des normes.
Renouons avec l’héroïsme de la raison
pour combattre l’islamisme radical,
sans haine mais sans répit, jusqu’à
son éradication.
VOX
...
GRAND ENTRETIEN
- Jean-Pierre Le Goff,
auteur de Malaise dans
la démocratie (Stock) :
« La présidence Hollande
est le summum
du pouvoir incohérent
et informe. »
...
SOCIÉTÉ
- Brice Couturier : « Après
les attentats de Bruxelles,
vive le printemps
républicain ! »
- De l’antiracisme
au multiculturalisme,
par Anastasia Colosimo.
Les rencontres
du FIGARO
RENCONTRE AVEC
FRANÇOIS-XAVIER
BELLAMY
Le 11 avril à 20 h
Salle Gaveau.
Réservations :
01 70 37 31 70 ou
www.lefigaro.fr/
rencontres.
Impression
L’Imprimerie, 79, rue de Roissy
93290 Tremblay-en-France
Midi Print, 30600 Gallargues-le-Montueux
Imprimahd Casablanca Maroc. ISSN 0182-5852
Commission paritaire n° 0416 C 83022
Pour vous abonner Lundi au vendredi de 7 h à 18h ;
sam. de 8 h à 13 h au 01 70 37 31 70. Fax : 01 55 56 70 11 .
Gérez votre abonnement votre Espace Client : www.lefigaro.fr/
client
Formules d’abonnement pour 1 an - France métropolitaine
Club : 409 €. Semaine : 259 €. Week-end : 199 €.
Ce journal
se compose de :
Édition nationale
1er cahier 18 pages
Cahier 2 Économie
4 pages
Cahier 3 Le Figaro
et vous 8 pages
A
CHRONIQUE
17
lundi 28 mars 2016 LE FIGARO
18
Eléonore de Vulpillières
D
LE FIGARO. - Le français est-il spécifiquement
une langue littéraire ?
Dany LAFERRIÈRE. - Je n’aurais pas la prétention
d’avoir une compétence de linguiste pour l’affirmer. En tant qu’écrivain, mon travail consiste à
descendre dans la cale du navire pour mettre du
charbon et faire avancer la littérature. Mon rapport à une langue avec laquelle je fais du corps-àcorps ne peut donc être que particulier. Je ne parle
qu’une langue, celle de mes livres, que je tente de
faire coïncider avec ma langue orale. Ce qui est
fascinant c’est la diversité contenue dans la langue, qui varie selon qu’elle est parlée au Québec,
en Haïti ou en France, à l’intérieur de l’Hexagone,
à Paris, Rennes ou Marseille, dans un salon ou au
marché, par un juriste ou un mécanicien.
Mais il faut saluer le fait que de nombreux écrivains français ont intégré leurs concepts et leurs
mots - tel Candide d’après la nouvelle de
Voltaire - au fil des siècles, à la culture populaire. Le français, comme le disait Borges, regorge
d’expressions merveilleuses comme « arc-enciel ». C’est une langue souple dans laquelle des
phrases en hamac vous balancent d’un côté et de
l’autre.
Défenseur de la francophonie, l’académicien fait l’éloge du temps de la réflexion
qui manque à une époque où on veut souvent aller trop vite.
le goût d’écrire à la main ma correspondance.
Pragmatiquement, cela enrichit le service postal,
qui en a bien besoin. Et surtout, cela impose un
rythme différent. L’écrit entretient une distance
avec les gens avec lesquels on correspond. Depuis
l’arrivée d’Internet, on correspond de plus en
plus et de plus en plus vite avec des gens qu’on ne
connaît pas, et parfois, des gens avec lesquels on
ne voudrait pas. Écrire à la main calme l’enthousiasme de ceux qui veulent communiquer à tout
prix, pour ne rien dire. On n’a pas besoin d’être
en contact permanent avec nos contemporains.
Vous êtes américain, et donc cerné par un univers
anglophone. Quel est votre rapport à la langue
anglaise ?
Le français a eu son heure de gloire. Maintenant,
c’est au tour de l’anglais. Une langue doit se garder de franchir la ligne jaune qui marquerait la
perte de son identité. Mais il ne faut pas se formaliser qu’une autre langue ait pu nous pénétrer.
Nous autres, francophones, serions favorables à
ce que le français revienne à son prestige d’antan… Pour autant, il est aujourd’hui consternant
d’observer que de nombreux francophones abu-
EA
UV
NO
présente
LES 100 ANGLICISMES
radio,
« àÀlalatélévision,
À NE PLUS JAMAIS UTILISER !
C’est tellement mieux en français.
Les fossoyeurs de la langue de Molière
lieu de dynamiser,
au
là où il conviendrait de
vérifier, privilégient le
au défi, décrètent
ce qui n’est que charmant et trouvent
ce qui n’est que drôle… Le danger est bien réel,
protégeons notre si belle langue !
A
Découvrez les 100 anglicismes à ne plus
commettre !
9
€
,90
« L’art de vivre
que l’on pratique
en France, on ne voudrait
pas le sacrifier pour
épouser celui qui a cours
dans un New York
pressé ! Alors pourquoi
se livrer à une course au
tout-anglais si on refuse
la vision du monde
véhiculée par cette
langue ? »
Dany Laferrière : « Une langue
se nourrit aussi de silences »
U
Vous avez été élu à l’Académie française en 2013,
et reçu en mai 2015…
J’occuperai le fauteuil numéro 2 jusqu’à ma mort.
Il est encore un peu tôt pour savoir ce que cela va
changer pour lui, comme pour moi. Après la réception, le nouvel académicien passe six mois à
écouter les débats sans y intervenir. L’initiation
est longue. Le regard du public, qu’il soit admiratif
ou dépréciatif en fonction de sa vision de l’institution, change sur l’écrivain nouvellement admis.
Faire partie de l’Académie française a eu une portée symbolique très forte, pour un Américain
comme moi. Je n’ai pas le pouvoir de faire évoluer
la langue, mais j’apporte ma touche venue de Haïti
et du Québec.
Quant à savoir ce que l’Académie m’a apporté,
dans notre monde où nous avons l’impression
d’être en état d’alerte permanent, je dirais ceci :
RENCONTRE
ans Mythologies américaines (Grasset, février 2016), réédition de ses
premiers romans, le nouvel académicien, québécois d’origine haïtienne, se définit comme un Américain
au sens continental du terme. Il évoque son rapport charnel au français, une langue
qui « regorge d’expressions merveilleuses ».
EN VENTE ACTUELLEMENT
Disponible en kiosque et sur www.figarostore.fr
le silence est
presque banni.
Et pour ne pas
rester silencieux,
les gens disent
parfois le
contraire de ce
qu’ils pensent
DANY LAFERRIÈRE
»
sent des anglicismes, alors qu’il existe des mots
très simples qui veulent dire la même chose. Une
chose qui se déroule au moment où nous parlons
est « en direct », pas « en live ». Ce qui est le plus
grave est le présupposé qui se loge derrière ces
pratiques : la langue française ne pourrait pas dire
le monde d’aujourd’hui, qui serait rapide, accéléré, concret, direct. Déjà, cette hypothèse de départ est fausse : le monde n’est pas toujours rapide. Ensuite, rien n’oblige à dire rapidement,
violemment ce qui va vite.
Si on déplore l’aspect marchand, pressé et violent de New York, il est absurde de calquer
l’imaginaire transmis par la langue parlée là-bas
à une petite ville de France, de Suisse ou du Sénégal. Une langue véhicule un mode de vie, un
art de vivre. Celui que l’on pratique en France,
on ne voudrait pas le sacrifier pour épouser celui
qui a cours à New York ! Alors pourquoi se livrer
à une course au tout-anglais si on refuse la vision
du monde supportée par cette langue ? Il y a certes plusieurs anglais, mais celui qui domine, c’est
celui du pays dont l’hégémonie économique et
culturelle est mondiale, les États-Unis. CNN, par
son omniprésence sur le champ médiatique, a
gagné la bataille de la langue ; nos hommes politiques, de plus en plus, veulent parler l’anglais
de CNN.
Comment entendez-vous la langue des politiques ?
Les politiciens cherchent à parler comme ils supposent que le peuple parle : ils utilisent des termes
grossiers, font des fautes, parfois volontairement.
C’est une aberration totale. Les gens n’aspirent
pas à mal parler. Ils sont attachés à la correction
de la langue sans toujours bien la maîtriser euxmêmes. Ils aiment leurs écrivains, et la littérature
en général. Au lieu de d’intégrer cela, certains politiciens rabaissent le niveau de la langue ; en la
maltraitant, ils s’imaginent « faire peuple ». Rien
n’est plus faux.
Une langue doit-elle tout dire ?
Une langue se nourrit aussi de silences. D’ailleurs
on doit faire silence pour lire comme pour écrire.
La ponctuation traduit le silence, l’arrêt, l’hésitation. Le point de suspension est gorgé d’espoir.
C’est la partie immergée de la langue, et elle tend
à disparaître dans cette fièvre verbale. À la radio,
à la télévision, le silence est presque banni. Et
pour ne pas rester silencieux, les gens disent parfois le contraire de ce qu’ils pensent. Est-ce pourquoi on entend si souvent cette complainte : ma
parole a dépassé ma pensée. Au fond on n’a pas le
temps de penser.
Comment la langue d’« un Américain à Paris »
jongle-t-elle entre les deux continents ?
Certains peuples ont une vision abstraite des choses, d’autres plus concrètes. J’ai parfois du mal à
répondre à des questions très vastes et conceptuelles. C’est sans doute mon côté américain, très
concret. En Europe, on conçoit plus aisément une
vision globale, totalisante de la société. Les journaux français trouvent tel livre « extraordinaire », c’est un « chef-d’œuvre », nous avons au
moins vingt films par an qui sont tous « le film de
l’année ». En Amérique, l’abstraction nous est
moins familière, et la critique est moins généreuse.
En arrivant au Québec, j’ai appris à modérer mon
emploi des superlatifs et à délimiter mon espace de
réflexion aux domaines où je suis compétent. Mais
mon vieux fond français réémerge quand je suis de
retour à Paris ! ■
NEMO PERIER/OPALE/LEEMAGE
£@EdeVulpi
lundi 28 mars 2016 LE FIGARO - N° 22 279 - Cahier N° 2 - Ne peut être vendu séparément - www.lefigaro.fr
> FOCUS
lefigaro.fr/economie
SNCM
JEUX
LE NOUVEAU PROPRIÉTAIRE
DE LA COMPAGNIE MARITIME PRÉFÈRE
AJACCIO À MARSEILLE PAGE 21
LE GRAND RETOUR
DU RUBIK’S CUBE
PAGE 21
économie
L’Iran, un marché
difficile à reconquérir
Le drapeau iranien
sur le toit d’un immeuble
de Téhéran.
La chaîne Al-Jazeera supprime 500 postes
MÉDIAS La direction d’Al-Jazee-
ra, le groupe d’information créé il
y a 20 ans par la famille royale du
Qatar, vient d’annoncer la suppression de 500 postes sur un total
de 4 500 dans le monde, dont une
majorité au siège de Doha.
Selon le directeur général de la
chaîne, Mostefa Souag, « toutes les
options ont été étudiées » pour
maintenir la compétitivité de la
chaîne. C’est finalement la réduction des effectifs qui a été choisie
pour garantir sa position de lea-
le PLUS du
FIGARO ÉCO
APPLE
Le groupe
américain fait
une première
incursion
dans la production
de séries
télévisées
PAGE 22
der, « son engagement dans le
journalisme de qualité, indépendant
et percutant dans le monde entier »,
a indiqué Mostefa Souag dans un
communiqué. Selon un responsable de la chaîne, les premiers licenciements devraient intervenir
dès la semaine prochaine et la
plupart des départs ne concerneraient pas des journalistes.
Ces suppressions d’emplois surviennent au moment où le Qatar,
gros producteur de gaz mais également de pétrole, fait face à un
effondrement des prix de ces
sources d’énergie. Le pays prévoit
un déficit budgétaire de plus
12 milliards de dollars en 2016, le
premier en quinze ans.
Le 13 janvier dernier, la direction
de la chaîne d’information avait
déjà annoncé la fermeture en avril
prochain d’Al-Jazeera America,
deux ans et demi seulement après
son lancement. Le directeur général de la chaîne du Qatar avait
alors indiqué n’avoir pas trouvé de
modèle économique viable aux
États-Unis où Al-Jazeera avait
ouvert douze bureaux sur les 70 de
la chaîne dans le monde. Son
audience n’a jamais dépassé quelques dizaines de milliers de téléspectateurs. D’après le Pew Research Center, Al-Jazeera America
aurait réalisé en 2014 un chiffre
d’affaires inférieur à 100 millions
de dollars, de très loin le plus faible de toutes les chaînes d’information nationale. Cette fermeture
devait entraîner la suppression de
V. C. (avec AFP)
700 postes.
Le projet de loi pour la transparence
de la vie économique, que Michel Sapin présentera mercredi en Conseil
des ministres, doit permettre à la
France de rattraper son retard dans
la lutte contre le blanchiment et la
corruption. Si l’essentiel de ce qui
était prévu figurera bien dans le texte
présenté par le ministre des Finances, la mesure la plus emblématique
manquera. Jeudi soir, le Conseil d’État
a retoqué la « transaction pénale »
du projet de loi. Le gouvernement
soumettra donc « au Parlement un
texte qui ne contient pas ce dispositif », a annoncé Michel Sapin dans Le
Journal du dimanche.
Cette « convention de compensation
d’intérêt public » aurait dû permettre
aux entreprises mises en cause dans
des affaires de corruption de s’éviter
une condamnation pénale, en reconnaissant leurs torts et en s’acquittant
d’une amende - qui aurait pu atteindre jusqu’à 30 % de leur chiffre d’affaires moyen sur les trois dernières
années. « Nous verrons si les parlementaires veulent s’emparer du sujet », a précisé le locataire de Bercy.
Pour le reste, l’arsenal législatif comporte, comme prévu, la création
d’une agence de lutte contre la corruption, des sanctions pour des dirigeants commettant des faits de corruption à l’étranger, un statut
spécifique pour les « lanceurs d’alerte » (sur lequel le Conseil d’État travaille) ou encore de nouvelles règles
déontologiques concernant les
lobbies…
Le texte comportera aussi des mesures qui devaient à l’origine figurer
dans la loi Noé d’Emmanuel Macron.
Parmi celles-ci, notamment, la clarification des qualifications professionnelles obligatoires (dans la coiffure, le
bâtiment, l’esthétique…). Les seuils
du statut de microentreprise (anciennement autoentrepreneur) vont être
également assouplis. Le texte permettra aussi, via une ordonnance,
d’instaurer ce que le ministre de
l’Économie appelait un « fonds de
pension à la française ». Flexibiliser
certaines règles prudentielles pourrait permettre d’orienter vers les entreprises et le capital-investissement
une partie des fonds du régime supplémentaire de retraite des entreprises, gérés par les assureurs.
M. VT.
L'HISTOIRE
Avec la Model 3, Tesla
cherche à séduire le grand public
Elon Musk (notre photo), l’ambitieux patron
visionnaire de Tesla, va-t-il démocratiser la
voiture électrique avec sa nouvelle berline ?
Le constructeur californien de véhicules
électriques de luxe doit présenter jeudi
à Los Angeles la Model 3, une berline 100 %
électrique, qu’il devrait vendre autour de
35 000 dollars (hors subventions publiques).
Avec pour objectif de produire
500 000 voitures par an en 2020 (dix fois
plus que l’an dernier), Tesla veut prouver qu’il
peut fabriquer dans de gros volumes une
voiture de qualité moins chère que ses
précédents modèles : la berline Model S
et le crossover
Model X, vendus
70 000 dollars
au prix de base.
La Model 3 devrait
donc ouvrir au
constructeur le
marché grand public
et concrétiser les
ambitions de départ
d’Elon Musk :
aider le monde
à s’affranchir de
sa dépendance au
pétrole en roulant propre. Les préréservations
seront ouvertes dès le 31 mars (moyennant un
acompte de 1 000 dollars). Mais les amateurs
vont devoir s’armer de patience avant de
conduire cette berline compacte aux quatre
roues motrices, dont l’autonomie devrait être
comprise entre 300 et 500 kilomètres.
Le démarrage de la production et les premières
livraisons aux États-Unis sont prévus fin 2017,
et en 2018 en Europe. General Motors annonce,
lui, la commercialisation d’une berline électrique
bon marché, la Chevrolet Bolt, dotée d’une
autonomie de batterie de plus de 320 km,
pour la fin de l’année. Mais d’autres
constructeurs
se sont déjà attaqués
à ce marché de
l’électrique abordable.
Notamment Renault
et Nissan, qui écoulent
chaque année des
dizaines de milliers
de ZOE ou de Leaf.
Pour imposer sa
future Model 3, Tesla
n’a pas d’autre choix
que de faire rêver. ■
MATHILDE VISSEYRIAS
A
PATRICK FALLON / REUTERS, /FOTOLIA, RUBIK’S CUBE, DAVID GRAY/REUTERS
Les États-Unis ont infligé de nouvelles sanctions
à des sociétés britanniques. Les entreprises, notamment
françaises, avancent avec prudence. PAGE 20
CORRUPTION :
LA LOI SAPIN 2
ÉDULCORÉE
lundi 28 mars 2016 LE FIGARO
20
ÉCONOMIE
L’Iran reste un parcours d’obstacles
pour les entreprises étrangères
Les États-Unis ont infligé de nouvelles sanctions à des entreprises britanniques.
MOYEN-ORIENT Plus de deux
mois après la levée des sanctions
contre l’Iran consécutive à l’accord du mois de juillet entre Téhéran et les grandes puissances
sur le programme nucléaire iranien, pour les entreprises étrangères, faire des affaires au pays
des mollahs reste semé de chausse-trappes. Certes, la visite à Paris fin janvier du président Hassan
Rohani,
partisan
de
l’ouverture, a été couronnée par
la signature de plusieurs contrats
d’envergure. L’Iran s’est ainsi
engagé à acquérir 118 Airbus pour
un montant évalué à 23 milliards
d’euros, tandis que PSA va
construire une nouvelle usine
avec l’objectif de produire
200 000 véhicules par an.
Dans le secteur stratégique du
pétrole, aucun contrat d’exploration ou d’exploitation n’a toutefois été signé avec des entreprises
occidentales, alors que Téhéran a
besoin de technologie et de capitaux étrangers pour remettre son
secteur pétrolier à niveau et accroître significativement sa production. « La constitution de la
République islamique interdit les
ressources pétrolières de passer
sous le contrôle étranger », rappelle Richard Nephew, ancien diplomate américain chargé des
sanctions contre l’Iran (lire interview ci-dessous). Quant aux exportations de brut, elles ont repris
mais les compagnies pétrolières et
de trading se heurtent notamment à l’interdiction toujours en
vigueur, imposée par Washington, de faire des transactions en
dollars avec l’Iran.
l’ayatollah Ali Khamenei. « Ils ont
dit avoir levé les sanctions (…) mais
dans les faits, ils font en sorte que
les effets de la levée des sanctions
ne se voient pas », a-t-il déclaré.
Et de préciser : « Aujourd’hui,
dans l’ensemble des pays occidentaux qui sont sous leur influence,
les échanges bancaires rencontrent
des problèmes », « nous nous
apercevons qu’ils ont peur des
Américains ». Cette crainte de
nouvelles sanctions américaines,
comme BNP Paribas en a fait les
frais en 2014, nombre d’hommes
d’affaires français la confirment.
De fait, si Washington a levé
une partie des sanctions, certaines
demeurent, et même de nouvelles
viennent s’ajouter. Jeudi dernier,
le Trésor a ainsi annoncé des
sanctions financières contre plusieurs sociétés iraniennes pour
leur soutien au programme de
missiles balistiques.
Surtout, deux entreprises britanniques en rapport avec la compagnie aérienne iranienne Mahan,
déjà sur la liste noire américaine
pour son soutien à la Force alQods des gardiens de la révolution, sont punies par Washington.
La résolution 2231 des Nations
unies adoptée en juillet dernier
enjoint l’Iran à ne pas se livrer à
des activités liées à des missiles
balistiques capables d’emporter
des ogives nucléaires. Les deux
entreprises britanniques, Aviation
Capital Solutions et Aircraft Avionic Parts and Supports (AAPS),
ont vu leurs avoirs aux États-Unis
gelés. Pour les entreprises européennes qui convoitent le marché
iranien, à l’environnement local
complexe s’ajoute l’épée de Damoclès
américaine
des
sanctions. ■
F. N.-L.
partenance de ses partenaires iraniens à une organisation visée par
les sanctions. Mais si vous découvrez qu’un de vos partenaires appartient aux gardiens de la révolution, il faut arrêter, sous peine
d’être sanctionné par les ÉtatsUnis.
Difficile à croire…
Souvenez-vous de Hillary Clinton
quand elle était secrétaire d’État.
Elle a dû pousser un rapport qui
plaidait pour défendre davantage
les intérêts économiques des
États-Unis. Cette idée était
controversée chez les diplomates
qui assurent travailler sur la
guerre et la paix, sur des questions politiques. Notre service
commercial ne compte qu’une
centaine de personnes. Si nous
avions voulu défendre nos intérêts commerciaux, nous aurions
levé l’embargo américain et
Exxon pourrait aller se battre
contre Total. Mais nous ne l’avons
pas fait, l’embargo est toujours en
place. Nos intentions suscitent la
méfiance. Les dirigeants américains ont fait un sacrifice, alors
c’est assez agaçant d’entendre
qu’on tire les ficelles…
Est-ce difficile pour
des entreprises américaines
comme Boeing de revenir
en Iran ?
C’est très difficile. Les sanctions,
dites primaires, sont toujours en
place, sauf pour les produits agricoles, les produits de santé et la
technologie personnelle. Vous
pouvez vendre un iPhone en Iran
sans sanction. Boeing ou Exxon
pourraient retourner en Iran uniquement avec une licence spéciale
du Trésor spécifiant leurs transactions. Ils peuvent demander une
licence, on leur répondra sans
doute non. Les rumeurs selon lesquelles beaucoup d’Américains
sont venus en Iran pour préparer
des deals sont exagérées. Les
Américains peuvent aller en Iran
comme touristes, mais peuvent
être arrêtés facilement pour espionnage. ■
Environnement local
complexe
Les États-Unis ne respectent pas
leurs engagements pris en juillet,
a accusé le 20 mars, jour du Nouvel An perse, le guide suprême,
Nephew : « C’est agaçant
d’entendre que les Américains
tirent les ficelles »
PROPOS RECUEILLIS PAR
FABRICE NODÉ-LANGLOIS
£@Fnodelanglois
Diplomate américain jusqu’en
2015, Richard Nephew a été chargé du dossier sur les sanctions
contre l’Iran. Désormais enseignant à l’université Columbia de
New York, il a quitté l’administration mais a tendance à dire
« nous » pour parler du gouvernement américain. Rencontré à
Paris, il répond au Figaro.
LE FIGARO. - Les entreprises
françaises qui veulent faire des
affaires en Iran sont toujours très
inquiètes des sanctions qui pèsent
sur les banques. Avez-vous
des éléments pour les rassurer ?
Richard NEPHEW. - BNP Paribas
a désobéi au régime des sanctions.
La banque, qui était implantée aux
États-Unis, a été considérée comme une institution financière
américaine et donc traitée comme
telle. Et des sanctions ont été établies.
Le régime des sanctions
américaines est complexe.
Aujourd’hui, est-il possible
de faire des transactions en dollars
avec l’Iran ?
Il est toujours interdit de faire des
transactions en dollars avec l’Iran.
Les entreprises et les banques
françaises peuvent-elles traiter
avec des banques en Iran ?
Dans l’ensemble, les sanctions
bancaires sont terminées. La majorité des banques iraniennes ont
été retirées des listes de personnes
ou d’entités avec lesquelles une
entreprise française par exemple
n’a pas le droit de faire des affaires
sous peine d’être interdite de
commercer avec les États-Unis.
La Banque Melli, pour n’en citer
qu’une, n’est plus visée par les
sanctions. Mais il est vrai que les
banques européennes redoutent
que les États-Unis puissent revenir en arrière. Le risque est que le
système bancaire iranien soit encore potentiellement lié au blanchiment d’argent et au financement du terrorisme. Par ailleurs, il
est toujours interdit de fournir des
services financiers aux gardiens
de la révolution ou à la Banque Saderat.
Justement, des entreprises
françaises se plaignent
que les Américains exigent d’elles
un degré d’information sur leurs
partenaires dignes d’agences
de renseignements…
C’est faux. Les Américains attendent d’une entreprise européenne
qu’elle fasse la preuve de sa bonne
foi. Elle doit pouvoir prouver
qu’elle s’est renseignée sur Google, auprès des gouvernements,
au besoin au moyen d’agences
d’intelligence sur l’éventuelle ap-
Des techniciens iraniens
travaillent sur une
Peugeot 206
à l’usine Iran Khodro,
près de Téhéran.
BEHROUZ MEHRI/AFP
Richard Nephew a été
chargé du dossier sur
les sanctions contre
l’Iran. NEWSCOM/SIPA
En France, on a le sentiment
que les États-Unis tirent
les ficelles des sanctions en Iran
pour favoriser leurs entreprises.
Que répondez-vous?
Cela fait des années que j’entends
ça. Je peux vous dire avec mon
expérience de diplomate que les
Américains du département
d’État ne font pas du bon boulot
pour défendre les intérêts économiques du pays. Comme fonctionnaire chargé des sanctions, je
ne pensais pas aux entreprises, je
pensais à la sécurité nationale.
Plus d’un milliard d’Indiens ont désormais une identité digitale
Safran est le premier partenaire de l’immense base de données biométriques sécurisées indienne.
Une fois dotés
« d’une
identité
incontestable,
les citoyens,
en particulier les
plus démunis,
ont accès
à différents
services
et aides
A
»
JESSICA WESTEROUEN VAN
MEETEREN, DIRECTRICE DE
LA DIVISION GOVERNMENT
IDENTITY SOLUTIONS
CHEZ MORPHO
VÉRONIQUE GUILLERMARD
£@vguillermard
SÉCURITÉ Un milliard d’Indiens
sont désormais dotés d’un numéro d’identification unique. C’est
le cap impressionnant que franchira le programme Aadhaar (la
fondation ou la base en hindi) fin
mars 2016. Lancé en 2010, il vise à
construire la base de données
biométriques sécurisées d’un des
États les plus peuplés au monde,
l’Inde avec son 1,3 milliard d’habitants. Cela, en utilisant les
technologies dernier cri - le relevé des empreintes digitales et le
scan de l’iris, ainsi qu’une photo
du visage.
« Ces données sont reliées au numéro unique d’identification et
constituent une preuve d’identité.
Une fois dotés d’une identité vérifiable et incontestable, les citoyens
indiens – en particulier les plus démunis qui représentent près de
400 millions de personnes - ont accès à différents services et aides,
des allocations sociales en passant
par l’ouverture d’un compte en
banque ou encore d’un abonnement
téléphonique », explique Jessica
Westerouen van Meeteren, directrice de la division Government
Identity Solutions chez Morpho.
La filiale sécurité du motoriste
Safran est le premier partenaire,
avec 60 % du total, du grand programme public de ce type au
monde. L’autre partenaire est le
japonais NEC.
New Delhi aura dépensé près de
1 milliard d’euros pour recenser sa
population, attribuer un numéro
d’identification à chaque citoyen
(à partir de l’âge de 6 ans) et intégrer socialement et financièrement la frange de la population la
plus pauvre. Aadhaar permet également au gouvernement de réduire la fraude aux aides sociales
en s’assurant de l’identité des bénéficiaires. Les banques ont également vu l’impact très concret du
programme : plus de 200 millions
de nouveaux comptes ont été
ouverts depuis son lancement.
D’ici à 2017, New Delhi espère
avoir bouclé ce gigantesque projet
en ayant enregistré toute sa population. Les applications de la plateforme biométrique pourront alors
être étendues notamment à l’établissement de passeports ou encore de permis de conduire. De son
côté, Morpho se tient prêt à
concourir pour la suite des opérations. L’Inde devrait en effet attribuer un nouveau contrat de maintenance et de mise à niveau
régulière de sa plateforme d’identités digitales, qui devra évoluer
afin de recueillir de nouvelles
données. Près de 4 millions de petits Indiens sont nés depuis janvier 2016.
Le programme Aadhaar constitue un « benchmark » grandeur
nature pour d’autres pays intéres-
sés par les possibilités qu’offre la
construction d’une base de données biométriques sécurisée en
matière de réduction de l’exclusion sociale. Mais pas seulement.
« Nous avons aussi des contacts
avec plusieurs pays qui ont déjà des
bases de données mais qui veulent
en améliorer l’efficacité et réduire
les coûts », souligne Jessica Westerouen van Meeteren.
« En matière d’identification,
chaque pays a son approche. Des
acteurs privés peuvent parfois intervenir aux côtés du gouvernement
ou en substitution. Nous voyons
tous les cas de figure », poursuitelle. Le marché de l’identité digitale est prometteur : il affiche une
croissance à deux chiffres. ■
LE FIGARO
ENTREPRISES
21
Le Rubik’s Cube fait
son grand retour sur
le marché du jouet
Avec plus de 400 millions
de pièces vendues à ce jour,
Rubik’s Cube est l’un des plus
grands best-sellers de tous
les temps. STOLLARZ/AFP
Avec 500 000 exemplaires vendus en 2015 dans
l’Hexagone, c’est l’un des succès de l’an passé.
KEREN LENTSCHNER £@Klentschner
Il y a un
« phénomène
de “revival”
s’agissant
d’un jeu qui
fait partie de
l’imaginaire
collectif
au même
titre que
le Scrabble
ou le
Monopoly
»
FRANCK MATHAIS,
PORTE-PAROLE
DE LA GRANDE RÉCRÉ
JOUET C’est l’une des surprises
dans l’univers du jouet : Rubik’s
Cube, ce jeu historique de cassetête, a fait un retour en force l’an
passé. Il s’en est vendu 500 000
exemplaires sur le marché français (+ 70%). Soit 8,5 millions
d’euros de ventes pour son distributeur Win Games. Le phénomène
ne devrait pas fléchir cette année.
Bien au contraire. « Nous prévoyons que près d’un million de pièces seront vendues en 2016 », déclare Thierry Karpiel, gérant de
Win Games. Sur les six premières
semaines de l’année, les ventes
ont déjà doublé par rapport à l’an
passé dans les magasins de La
Grande Récré, en faisant l’un des
20 jouets les plus vendus sur cette
période.
Une vraie success story lorsqu’on sait que la marque était une
belle endormie en 2002, quand
Win Games en a racheté les droits
lundi 28 mars 2016
auprès de son propriétaire, l’anglais Seven Towns. Le jeu, qui
était alors distribué en France
par Ravensburger, s’écoulait à
100 000 pièces.
Ce succès dépasse les frontières
de l’Hexagone. Sur les continents
américains, plus de 6 millions de
pièces ont été commercialisées
l’an passé. Partout, les ventes ont
connu une progression à deux
chiffres. Toute la catégorie des
« casse-tête » en profite avec une
croissance de 39 % dans les onze
pays suivis par le panéliste NPD.
Avec plus de 400 millions de pièces vendues à ce jour, Rubik’s
Cube est l’un des plus grands bestsellers de tous les temps.
Outil pédagogique
Ce nouveau départ de la marque
date de 2014, l’année qui a marqué
le 40e anniversaire de Rubik’s
Cube, inventé par le Hongrois
Erno Rubik. Partout dans le monde, des animations ont eu lieu en
magasins ainsi que des expositions
et des émissions TV qui ont redonné de la visibilité à la marque et
suscité un regain d’intérêt des
consommateurs. Parallèlement,
Seven Towns a modernisé les emballages et doublé le nombre de
références, créant notamment des
coffrets et des multicubes. Ce qui a
aussi permis d’augmenter la présence en rayons.
« Il y a un phénomène de “revival” s’agissant d’un jeu qui fait
partie de l’imaginaire collectif au
même titre que le Scrabble ou le
Monopoly, commente Franck Mathais, porte-parole de La Grande
Récré, n° 2 du jouet en France.
Beaucoup de quadras et de quinquagénaires qui y jouaient pendant
leur enfance le rachètent et le font
connaître à leurs propres enfants.
Par ailleurs, il y a beaucoup de tutorials sur Internet qui aident à intéresser les nouvelles générations. »
À cela s’ajoute en France un
phénomène de fond, l’engouement pour ce jeu dans les collèges
et lycées où l’on joue au Rubik’s
Cube dans la cour ou dans les classes. « Les phénomènes de cours de
récréation sont d’excellents amplificateurs de tendance », souligne
Franck Mathais. L’intérêt dans les
écoles est venu d’un groupe de
professeurs, baptisé l’« équipe du
kangourou des mathématiques »,
qui ont vu dans ce cube un formidable outil pédagogique pour jouer
avec les chiffres. Depuis neuf ans,
ils organisent un concours en
équipe entre écoles avec des lots
scientifiques à gagner. Des championnats ont également lieu partout en France, sous l’égide notamment de la World Cube
Association.
Ce come-back du Rubik’s Cube
devrait également bouleverser le
monde des licences. Nicolas Loufrani, PDG de Smiley Company,
vient de racheter les droits d’exploitation de la marque (hors
jouet). Il s’intéresse notamment à
l’utilisation de Rubik’s Cube dans
les vêtements. Une nouvelle vie
pour la marque. ■
La Corse s’empare rapidement et sûrement de l’ex-SNCM
Les bateaux changent à nouveau de propriétaire. Le siège va être transféré de Marseille à Ajaccio.
MARSEILLE
Patrick Rocca, chef
d’entreprise corse,
avait repris l’ancienne
SNCM. BORIS HORVAT/AFP
TRANSPORTS Sur le port de Marseille, les bateaux de l’ex-SNCM
sont en train d’être repeints en rouge… Un coup de pinceau qui marque un changement important.
L’ancienne SNCM est reprise par le
chef d’entreprise corse Patrick
Rocca sous la marque Maritima
Ferries. Mais il s’apprête à changer
son fusil d’épaule pour arborer la
marque Corsica Linea - et sa couleur rouge. Et celle-ci appartient
à… Corsica Maritima, consortium
d’entrepreneurs corses qui voulaient eux aussi reprendre l’exSNCM ! Après avoir riposté en
ouvrant une ligne concurrente,
malgré ses engagements, Corsica
Maritima, conduit par François Padrona, est en passe d’imposer la fusion des deux compagnies.
Le comité d’entreprise de l’exSNCM réuni mardi s’est prononcé
contre. Mais l’avis est consultatif.
Patrick Rocca et François Padrona
sont en train de passer outre. La fusion « est en cours », « il reste des
points à régler », a précisé Rocca à
La Provence. Pourtant, le jugement
du tribunal de commerce de Marseille attribuant six bateaux de l’exSNCM à Patrick Rocca disposait
qu’il ne pourrait ouvrir le capital de
sa société (MCM) qu’à 49 % au
maximum et que le siège social devait être maintenu à Marseille. Patrick Rocca a annoncé aux salariés
qu’il allait céder l’intégralité des
parts et que le siège allait déménager à Ajaccio.
Toute la question aujourd’hui est
de savoir si le président du tribunal
de commerce, qui ne peut pas
s’autosaisir, le sera par un tiers…
Les salariés, inquiets, s’interrogent
sur la meilleure voie pour préserver
leur avenir. « Ni Corsica Maritima
ni Rocca ne sont clairs. On voit bien
que Padrona n’a pas du tout le même
modèle économique que Rocca »,
souligne Pierre Maupoint de Vandeul, de la CFE-CGC, qui a alerté le
président du tribunal de commerce, le procureur et les administrateurs judiciaires.
« Nous mettons en place le plan tel
que présenté par Maritima Ferries. Il
sera respecté, nous ne sommes pas
des voyous. Mais il y a un problème
de délais, un problème de frilosité des
banques, une délégation de service
public à laquelle il va falloir répondre.
Mieux vaut régler tout cela dans
l’union plutôt que la dispersion », a
précisé Patrick Rocca.
La pression
des nationalistes
Depuis qu’il a été choisi par le tribunal de commerce, Patrick Rocca
se heurte à de nouvelles difficultés.
Les nationalistes ont emporté les
élections régionales et l’ex-SNCM
est devenue un enjeu politique. La
collectivité territoriale de Corse
(CTC) va fusionner avec les deux
départements insulaires en 2018.
De nouvelles élections sont donc
programmées… Les nationalistes
veulent pouvoir se prévaloir de
promesses tenues, comme celle de
la création d’une compagnie maritime régionale à capitaux majoritairement publics.
La CTC fait tout pour que Patrick
Rocca s’efface au profit du consortium d’entrepreneurs corses. Elle a
lancé le processus de création d’une
compagnie régionale et se fait fort
de récupérer les six bateaux de l’exSNCM : elle les considère comme
des « biens de retour » car ils ont
été financés par les subventions de
la collectivité (1,3 milliard d’euros
en trente ans). C’est la clé de voûte
de la société d’économie mixte locale qui porterait les navires de la
future compagnie régionale.
Mais l’avocat du comité d’entreprise de MCM rappelle que la SNCM
était propriétaire de ses bateaux
Le chinois Delta Electronics cherche à se faire un nom
Cet ancien sous-traitant compte se mesurer à Schneider Electric, ABB ou encore Siemens.
5,6
milliards
d’euros
Chiffre d’affaires
de Delta Electronics
en 2015
ANNELOT HUIJGEN
[email protected]
INDUSTRIE Lors de la COP21, Delta Electronics avait loué des espaces au Stade de France et au Grand
Palais. « Nous voulons nous faire
connaître en Europe, où nous sommes depuis 1987, explique Jackie
Chang, patron du conglomérat de
Taïwan pour l’Europe, le MoyenOrient, l’Afrique et la Russie. Nous
y réalisons pour l’instant un chiffre
d’affaires équivalent à celui de notre pays d’origine. La France est un
grand pays pour nous, où nous employons actuellement une quarantaine de personnes, mais nous y recrutons. »
Fondé en 1971 à Taïwan comme
fabricant de composants pour les
téléviseurs Philips notamment, le
groupe, qui a réalisé 5,6 milliards
d’euros de chiffre d’affaires en
2015, veut maintenant se faire un
nom avec des produits technologiques, allant des bornes pour véhicules électriques aux parcs de
panneaux solaires, robots industriels et appareils médicaux.
Et Delta Electronics a de grandes
ambitions et compte se mesurer à
ses grands concurrents, le français
Schneider Electric (26,6 milliards
de chiffre d’affaires), le suisse ABB
(35,5 milliards) ou encore Siemens
(75,6 milliards d’euros). « La
Chine commence à ralentir mais
nous visons les 10 milliards de dollars à moyen terme. Nous devons
donc continuer à élargir notre offre
et à regarder au-delà des frontières », affirme Yancey Hai, directeur général de Delta.
Après les composants pour téléviseurs, le fondateur, Bruce
Cheng, a réorienté son groupe vers
les composants pour PC. Puis,
sentant le vent tourner, il s’est
spécialisé dans les chargeurs pour
smartphones et tablettes (Apple,
Sony, Lenovo…). «Nous sommes le
plus grand fournisseur mondial de
chargeurs, qui représentent un peu
plus de la moitié de notre chiffre
d’affaires. Mais ce marché commence à baisser », estime Yancey
Hai.
Acquisitions en Europe
Pour accélérer sa réorientation,
Delta n’a pas hésité à débaucher le
responsable de la recherche
d’IBM en Chine pour diriger ses
160 chercheurs. Et le conglomérat
s’est mis à chercher des cibles,
surtout dans la santé, pariant sur
une forte croissance dans une
Chine à la population vieillissante
et où les hôpitaux sont loin des
standards occidentaux. Le groupe
vient d’investir dans le suisse
Swissray, un petit acteur des machines à rayons X, et l’américain
Optovue, un spécialiste des tests
oculaires, car le « rétro-éclairage
des écrans n’est pas bon pour les
yeux », remarque Yancey Hai, qui
a identifié des cibles en Italie et en
Allemagne. «Nous voulons devenir
un fournisseur de solutions globales», ajoute Jackie Chang. Delta
s’est ainsi spécialisé dans la
construction de bâtiments économes en énergie, pour lesquels il
fournit les câbles, lampes, écrans,
datacenters et bientôt des batteries de stockage, qu’il développe
en partenariat avec le japonais
Mitsubishi.
Dernier domaine de croissance
identifié, la robotisation. Delta
vient de mettre au point un bras
robotique, dont il en a déjà installé
une centaine dans ses 38 usines,
situées essentiellement en Chine.
« Les robots sont flexibles et avec
leur prix inférieur à 10 000 dollars,
ils sont moins chers qu’un salarié
chinois», appuie Yancey Hai. La
Chine est le pays où le plus grand
nombre de robots a été installé
dans le monde en 2014. ■
avant de les mettre à disposition
dans le cadre de la DSP : « Le débat
sur les biens de retour n’a pas lieu
d’être, ce d’autant plus qu’il n’y a
pas eu d’action en revendication de la
CTC dans les délais légaux. »
Autre problème : la délégation de
service public, dont MCM est titulaire, expire fin septembre. Il est
question de l’allonger de six mois.
Les nationalistes ont voté fin février
des études pour la création de la
compagnie régionale en espérant
qu’elle pourra concourir au prochain appel d’offres. Auparavant,
pour satisfaire la Commission européenne, ils testeront pendant six
mois la desserte des deux ports
principaux sans DSP, c’est-à-dire
sans subvention.
« On amuse la galerie avec cette
affaire de compagnie régionale, estime, sceptique, José Rossi, président
du groupe de droite à la CTC. La décision de création de la compagnie
prendra un à deux ans. » ■
EN BREF
MICROSOFT VEUT
FINANCER LE RACHAT
DE YAHOO!
£ Yahoo!, dont les activités
Web sont en vente, aurait attiré
l’intérêt de Microsoft. Le géant
de l’informatique aurait déjà
rencontré plusieurs fonds de
capital-investissement afin de
discuter d’une éventuelle offre,
d’après les informations du site
américain Re/code. Il ne
s’agirait a priori non pas d’un
rachat à proprement parler,
mais d’aider au financement
d’une acquisition par l’un
de ces fonds, d’une hauteur de
plusieurs centaines de millions
de dollars. Re/code, qui cite des
sources proches du dossier,
précise qu’il s’agit de
discussions préliminaires
et que Microsoft ne s’est pas
encore engagé.
+@
» La Cour des comptes
préconise aux pompiers
de faire payer des interventions
» The Independent n’existe plus
en version papier
www.lefigaro.fr/economie
A
ALIETTE DE BROQUA
lundi 28 mars 2016 LE FIGARO
22
MÉDIAS et TECH
Apple va produire des séries télévisées
Le groupe s’associe dans un programme sur le monde des applications coproduit par le chanteur Will.i.am.
LUCIE RONFAUT £@LucieRonfaut
APPLE ET LES MÉDIAS
CHIFFRES CLÉS
20
milliards
de dollars
de chiffre d’affaires
dans les services en 2015
10
millions
d’abonnés à l’offre
de musique
en streaming Apple Music
INTERNET Il y a six mois, Tim
Cook affirmait que « le futur de la
télévision est dans les applications ». Apple a pris ce slogan au
pied de la lettre. Le groupe américain, plus connu pour ses smartphones ou ses ordinateurs que
pour ses œuvres de fiction, a annoncé jeudi qu’il allait produire sa
toute première série télévisée sur
le thème de « l’économie des applications ». Il s’agit de rendre hommage au travail des développeurs
de programmes mobile, ou au
moins de s’en inspirer.
« Nous avons déjà observé des
histoires incroyables et inspirantes
de la part de nos développeurs, sur
leurs origines, comment ils ont débuté et le genre de problèmes qu’ils
ont dû affronter », a commenté
Eddy Cue, vice-président d’Apple,
dans une interview accordée au
Hollywood Reporter. L’idée, de
prime abord un peu saugrenue,
fait écho à d’autres séries récentes
qui mettent en scène des entrepreneurs et des développeurs,
comme Betas (produite et diffusée
par Amazon) ou Silicon Valley (de
la chaîne américaine HBO).
Apple a indiqué s’être associé
avec deux producteurs, Ben Silverman et Howard T. Owens, ainsi
que Will.i.am, chanteur et aussi
investisseur dans les nouvelles
technologies. On ignore le format
que prendra la série, son scénario,
ses acteurs ou même sa date de
sortie. Le projet semble pour le
moment tenir davantage de l’expérimentation que du véritable virage stratégique. « Nous n’allons
pas nous lancer soudainement dans
la production de film ou de séries télévisées », a assuré Eddy Cue dans
une interview accordée au New
Le PDG d’Apple, Tim Cook, lors d’une conférence au siège de l’entreprise, à Cupertino, en Californie.
York Times. Seule certitude : la
nouvelle série devrait être distribuée sur iPhone, iPad et Apple TV.
Cette initiative de la part d’Apple est rare, mais témoigne aussi
de son intérêt croissant pour la télévision et les médias. Plusieurs
projets l’ont précédée. Fin 2015,
Apple a enfin rénové son boîtier
Apple TV. L’appareil permet de
regarder la télévision, des programmes exclusifs et même d’utiliser des applications directement
sur grand écran.
Pour étoffer son offre, Apple a
multiplié les accords avec les
grandes sociétés de média (HBO,
Netflix, Hulu…) afin d’acheter les
droits de diffusion de films, séries
télévisées ou documentaires. Elle
n’a toutefois pas encore lancé de
bouquet télévisé payant, comme
les observateurs aux États-Unis lui
en prêtent l’intention. Les négociations seraient difficiles avec les
networks américains.
En produisant lui-même des
contenus, Apple se range à un
modèle initié avec succès par Netflix et adopté par Amazon, l’un de
ses concurrents dans les « box »
de télévision et dans la musique
en ligne. Apple avait également
effectué plusieurs essais dans la
distribution et la production
d’œuvres de fiction. Jusqu’ici, ces
efforts se sont surtout concentrés
sur la musique. Le géant améri-
J. EDELSON/AFP
cain a déjà diffusé plusieurs programmes en exclusivité sur ses
plateformes
(iTunes,
Apple
Music…), comme un documentaire sur la tournée de la chanteuse
Taylor Swift ou des interviews
d’artistes.
Promouvoir Apple Music
Apple a annoncé la semaine dernière une initiative similaire avec
une série de documentaires réalisée par le groupe média Vice. Ce
genre de contenus inédits est aussi
une manière de valoriser les plateformes d’Apple, notamment Apple
Music, son service de streaming
musical qui revendique aujourd’hui 10 millions d’abonnés dans le
monde. Apple n’a néanmoins jamais produit de séries télévisées.
Ce nouveau projet n’est pas le
seul en la matière. Dr. Dre, cofondateur de Beats et aujourd’hui
membre de la direction d’Apple,
prépare lui aussi sa propre série télévisée inspirée de sa carrière. Là
encore, elle serait produite par
Apple et pourrait être diffusée sur
Apple Music, d’après des informations du Hollywood Reporter.
Alors que les ventes de smartphones tendent à s’essouffler, les
services sont l’une des sources de
croissance pour l’entreprise américaine. Ils ont représenté 20 milliards de chiffre d’affaires en 2015,
en hausse de 10 % sur un an. ■
GreenFlex allie développement durable et croissance rentable
À sept ans, l’entreprise réalise plus de 190 millions d’euros de chiffre d’affaires.
ELSA BEMBARON £@elsabembaron
Frédéric Rodriguez,
président fondateur
de GreenFlex. GREENFLEX
ÉCOLOGIE Loin des projecteurs,
GreenFlex, une société basée dans
le IXe arrondissement à Paris, est en
train de réussir un sans-faute.
Créée fin 2009, cette start-up se
présente comme « un pure player
du développement durable ». Ce
créneau lui a réussi. Elle a réalisé
191 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2015, en croissance de
91 % sur un an, et emploie près de
deux cents personnes, aussi bien
des mathématiciens que des agronomes, des chimistes, des financiers ou des informaticiens et des
développeurs. « Nous sommes rentables depuis la création, depuis notre premier bilan », souligne Frédéric Rodriguez, président et
fondateur de GreenFlex.
Cette performance lui a permis
de financer sur ses fonds propres la
croissance interne du groupe et de
racheter au fil des années « une dizaine d’entreprises, des petits cabinets de conseil, des solutions technologiques destinées à la prise de
mesures… », mentionne Frédéric
Rodriguez, qui a levé 1 million
d’euros pour lancer son entreprise,
puis 15 millions « pour avoir des
fonds propres ».
« Changer les habitudes »
Le savoir-faire de GreenFlex repose sur sa capacité à faire faire des
économies à ses clients, ayant un
impact direct sur leur bilan. Frédéric Rodriguez explique « chercher à relier l’écologie à l’économie.
Il est impossible de parler d’environnement en ne faisant que du
comportement. Éteindre la lumière
ne suffit pas, il faut investir », ajoute-il. Une première étape passe par
une optimisation des structures en
place : mieux régler la climatisation, mettre des portes aux réfrigérateurs, des interrupteurs pour
couper des équipements électriques. La deuxième étape nécessite
des investissements : il faut remplacer les vieux frigos par des plus
récents, moins gourmands, troquer les néons contre des LED…
« C’est plus simple à mettre en place
quand des solutions de financement
existent. Nous avons des partenaires bancaires sur lesquels nous
adossons nos contrats », précise
Frédéric Rodriguez.
«Nos solutions s’inscrivent sur des
durées d’un à huit ans. On ne commence pas par couper dans les coûts,
mais par changer les habitudes »,
explique le patron. Dans la gestion
de flotte automobile, après avoir
fait une cartographie des usages en
croisant les données disponibles
dans l’entreprise, GreenFlex identifie les « anomalies », comme les
véhicules qui ne sont jamais utilisés. Il peut proposer de mettre en
place de l’auto partage, du covoiturage, d’installer des vélos sur un
grand site pour remplacer des véhicules diesels… Ces éléments changent les modes de vie, il faut donc
du temps pour les mettre en place.
Dans l’agriculture, la société
travaille avec des coopératives à la
revalorisation de filière. Elle met
en place des outils permettant de
faire du prédictif avec la météo,
d’utiliser moins de produits phytosanitaires ou de meilleures semences. « Nous prenons un engagement
de résultat », précise Frédéric Rodriguez, qui a aussi créé des Éco-
guides destinés à tous. Le premier
portait sur l’achat de matériel informatique, le second sera élaboré
en partenariat avec le syndicat de
l’éclairage.
Frédéric Rodriguez porte aussi
un regard critique sur sa société.
« La réalité des start-up n’est pas
idyllique. Au départ, c’est une bande
de copains, et tous les problèmes se
règlent autour d’une table. Dès
qu’on emploie plus de 50 personnes,
il faut un CHSCT, un comité d’entreprise. Ça coûte cher de grossir ! », explique celui qui réinvestit
« 100 % des bénéfices dans le développement de l’entreprise ». Mais
comme toutes les start-up, GreenFlex a un baby-foot, un programme de massages, des bureaux
ouverts et même une collection
d’œuvres d’art sur le thème du développement durable. ■
Herezie met du digital dans son moteur
Après le rachat de 5eme Gauche, l’agence indépendante vise 17 millions d’euros de marge brute en 2016.
A
ALEXANDRE DEBOUTÉ £@axel_deb
COMMUNICATION Herezie ajoute
une nouvelle corde à son arc.
L’agence de publicité fondée en
2010 par Pierre Callegari, Andrea
Stillacci et Luc Wise a racheté
l’agence digitale 5eme Gauche dirigée par Édouard de Pouzilhac et
Thomas Couteau. Après avoir mis
la main, il y a un an, sur l’agence de
marketing opérationnel Vaudoo
(30 salariés), Herezie complète
donc son offre pour mieux répondre aux demandes de ses clients. Le
nom de l’enseigne acquise sera
maintenu et ses dirigeants conserveront 25 % de son capital.
5eme Gauche, qui existe depuis
vingt ans et revendique 4,6 millions d’euros de marge brute, s’est
spécialisée dans l’e-commerce,
qui représente plus de la moitié de
son activité. L’agence crée des sites, les anime et les met en scène
pour amener les internautes à
l’acte d’achat. Son portefeuille de
clients en France (Darty, Yves Rocher, Total ou Toyota) vient
s’ajouter à celui d’Herezie (Henkel, Minute Maid, Essilor, Cofidis
ou Harmonie Mutuelle), déjà très
international puisque plus de la
moitié de la marge est réalisée
pour des clients hors de France.
Le nouveau groupe, confortablement installé depuis l’an dernier
dans de vastes locaux du XVIe arrondissement de la capitale, compte 130 salariés - dont une cinquantaine venant de 5eme Gauche - et
vise une marge brute de 17 millions
d’euros cette année et un chiffre
d’affaires de 40 millions.
Gain du budget 1664
De gauche à droite : Thomas Couteau, Luc Wise, Andrea
Stillacci, Édouard de Pouzilhac et Pierre Callegari. HEREZIE
« Désormais, nous couvrons toute la
chaîne de valeur : la publicité, le digital, le shopper marketing et l’événementiel », détaille Pierre Callegari, qui souligne que « les annonceurs
cherchent aujourd’hui à mieux coordonner leurs actions à tous les points
de contact avec leurs clients afin que
l’image véhiculée par la publicité soit
conforme sur les points de vente ».
L’objectif de l’opération est évidemment de développer les synergies et de monter en puissance sur
les appels d’offres. « Le fait de ne
pas avoir d’offre digitale nous a fait
rater des compétitions, comme celle
sur BMW », souligne Pierre Callegari. En mariant son savoir-faire
reconnu dans la publicité traditionnelle avec la créativité opérationnelle de Vaudoo dans le monde
physique et 5eme Gauche sur Internet, Herezie espère décrocher
des budgets « structurants ».
L’agence vient de remporter la
marque 1664 de Kronenbourg,
connue pour être une jolie vitrine
créative précédemment gérée par
Fred & Farid. ■
lundi 28 mars 2016 LE FIGARO - N° 22 279 - Cahier N° 3 - Ne peut être vendu séparément - www.lefigaro.fr
STYLE
MODE, BEAUTÉ...
LES INDISPENSABLES
DE LA SEMAINE PAGE 26
Gucci
LITTÉRATURE
L’AMÉRICAIN JIM HARRISON,
AUTEUR DE « DALVA » ET
DE « LÉGENDES D’AUTOMNE »,
EST MORT, À 78 ANS PAGE 30
ÇA C’EST...
LA HAVANE
Hector Lemieux
PIERRES
QUI ROULENT…
CONCERT DES ROLLING STONES
À LA CUIDAD DEPORTIVA
L
Alain Decaux,
toute une histoire
PAUL DELORT/LE FIGARO
Académicien, ministre, figure des médias,
militant de la francophonie, cet homme
complet est décédé à l’âge de 90 ans. PAGE 24
a Yipi (Jeep) septuagénaire, six passagers à l’arrière, trois à l’avant,
avale les faubourgs de La Havane.
Un Reggaeton endiablé envahit
l’habitacle. Les Stones ? « Il faut voir. Nous
allons les entendre pour la première fois. Nous
ne les connaissions pas il y a encore quinze
jours », lance Mykel, Métis de bling-bling
vêtu. Ironiquement, au pays du communisme déclinant, c’est la Granma, l’organe officiel du parti cubain, qui a multiplié ces derniers jours les programmes pédagogiques
pour expliquer qui sont ces Stones. Direction
les plaines du complexe sportif de la Ciudad
Deportiva, où ils ont posé leur scène. La foule, majoritairement adolescente, multiplie
les selfies. Pas d’alcool, pas de drogues, pas
d’effusion. La police nationale révolutionnaire veille. La température est douce.
20 h 34. Mick Jagger, veste rouge de circonstance, débute par Jumpin’ Jack Flash
avant d’enchaîner les grands classiques
du groupe pendant deux heures. Le chanteur lance en espagnol un sympathique :
« Bonsoir, mes gens de Cuba. Nous sommes
ici, finalement . » Au cimetière de la morale
et des interdits culturels, la formation anglaise, jugée capitaliste et décadente, a
longtemps eu une place de choix. Mais la
faucille capitaliste a décapité le vieux marteau socialiste. À 84 ans, Raul Castro est
devenu un rocker lui-même. Mick Jagger
ose un commentaire : « Il semble que Cuba
est en train de changer. » Les réactions des
500 000 personnes présentes sont timides.
Au-delà des premiers rangs de fans qui
suivent la tournée et des étrangers filmés
par les télés, la jeune foule cubaine ne se
passionne guère pour le concert. Les couples entament des slows sur Angie. Les enfants de Fidel aiment les musiques romantiques. Une vieille Yuma (étrangère) se
promène avec une pancarte avec ce slogan
« Rolling Stones, No Satisfaction » ! Préfère-t-elle les Beatles ? Jagger, patient, tente
de conquérir son public, qui, au bout d’une
heure et demie, bouge un peu plus. « Merci
pour la musique que vous avez offerte au
monde », lance-t-il à ce peuple cubain qui
vit encore dans un autre monde.
Avec Benjamin Millepied,
l’Opéra de Paris marche sur des œufs
DANSE Quelques semaines après son départ, le chorégraphe star
ARIANE BAVELIER [email protected]
C’
est un simple communiqué
de presse de l’Opéra de
Paris, envoyé le 24 mars,
intitulé « Entrée au répertoire de Drumming». Un
cheval de Troie idéal, tant la pièce d’Anne
Teresa De Keersmaeker est un chefd’œuvre et tant ce rapprochement entre la
plus importante des chorégraphes
d’aujourd’hui et le Ballet de l’Opéra de Paris est un gage d’excellence pour la compagnie et une source de réjouissance pour
le public. La perplexité vient en lisant le
message : « La création de Benjamin Millepied et de Philippe Parreno, initialement
prévue en juillet 2017 à l’Opéra Bastille, est
annulée. C’est l’entrée au répertoire de
Drumming, d’Anne Teresa De Keersmaeker, qui sera présentée aux mêmes dates.»
Quel est ce nouvel épisode du pas de deux
houleux entre le Ballet de l’Opéra de Paris et
Benjamin Millepied ? Depuis l’annonce
précipitée de son départ, le 4 février der-
Benjamin Millepied.
J.- C. MARMARA/LE FIGARO
nier, le calme semblait rétabli. Aurélie Dupont, nouvelle directrice de la danse, rompue aux arcanes de la maison et complice de
Millepied, saurait continuer avec douceur
et intelligence la révolution entreprise. Et
Millepied resterait en compagnonnage avec
le Ballet : il avait deux créations pour la saison 2016-2017. L’une sur des chansons de
Barbara fin novembre, dans un programme
partagé avec Antony Tudor, l’autre, plus
importante et audacieuse, avec le plasticien
star Philippe Parreno.
Contacté par téléphone, Millepied assure que la décision d’annuler cette création
est de son fait. Il lui faut tourner la page. Il
retrouve sa liberté avec la délicieuse sensation de « voler». Los Angeles l’attend. Il
y a laissé sa compagnie toujours active du
L.A. Dance Project.
Avec elle, il va multiplier les projets en
France. Il ouvrira la saison de la série chorégraphique TranscenDanse à l’automne
au Théâtre des Champs-Élysées. Et, assure-t-il, il travaille sur d’autres gros projets. La création avec Parreno verra le jour
mais autrement, et ailleurs. Quant à
l’Opéra de Paris, Anne Teresa De Keersmaeker y sera très à l’honneur la saison
prochaine. Outre Drumming, elle signe
une création chorégraphique sur Cosi fan
tutte. ■
A
entretient une relation complexe avec l’institution.
lundi 28 mars 2016 LE FIGARO
24
L'ÉVÉNEMENT
Alain
Decaux,
Alain Decaux
dans la bibliothèque
à l’Institut de France,
à Paris, en 2002.
J.-C. MARMARA/LE FIGARO
un historien
anticonformiste
et engagé pour
la francophonie
DISPARITION Figure des lettres
et des médias, l’académicien s’est éteint
à l’âge de 90 ans.
I
PAR JACQUES DE SAINT VICTOR
l a su rendre l’histoire familière
aux Français. Mais Alain Decaux, qui vient de s’éteindre à
l’âge de 90 ans, n’était pas simplement un regard et une voix. Il
a été un de nos derniers grands
hommes complets, comme il en
existait tant dans ce XIXe siècle,
le siècle de Victor Hugo, qu’il chérissait
tant. Tour à tour écrivain, historien,
homme de radio, puis de télévision,
metteur en scène de théâtre (avec son
ami Robert Hossein), ministre et académicien français, Alain Decaux restera
surtout dans la mémoire des Français
pour son indéniable talent de conteur.
C’est ce qui aura été son plus beau fait
d’armes : Alain Decaux était un troubadour moderne, au regard bleu caressant
et à la voix aimable et chaleureuse,
l’élégance bonhomme et familière, un
de ces héritiers de la lointaine tradition
orale qui a été à l’origine de la civilisation et qui a su retrouver grâce à lui,
dans notre société du spectacle, un rôle
essentiel.
“
Les historiens
devraient admettre
qu’ils sont des écrivains
ALAIN DECAUX
”
A
1
« Je voudrais mourir en faisant une découverte », déclarait cet homme d’esprit
quelques années avant sa mort. La passion de la découverte historique l’aura
animé toute sa vie. Chacun sait, car il l’a
souvent évoqué, que son goût pour
l’histoire lui est venu fort jeune.
Le petit écolier, qui est né le 23 juillet
1925 à Lille, découvre à l’âge de 11 ans
un roman d’Alexandre Dumas Le Comte
de Monte-Cristo. La force du récit, les
descriptions de l’écrivain, l’ambiance
historique plongent le jeune homme
dans un émerveillement. Par la suite, il
cherchera à obtenir autant de bonnes
notes pour pouvoir, en récompense, se
voir offrir un autre livre d’Alexandre
Dumas ! La collection sera bientôt complète… Il fait ses études au lycée Faidherbe, à Lille, puis à Janson-de-Sailly,
à Paris, avant de suivre les cours de la
faculté de droit de Paris. Mais l’univers
académique n’est pas fait pour lui. Alain
Alain Decaux, alors ministre délégué
chargé de la Francophonie (de 1988
à 1991). LOUIS MONIER/RUE DES ARCHIVES
Decaux aime la vie, les gens, le plaisir
des rencontres, d’où il va tirer toute sa
verve. Il a surtout l’esprit fort libre. Il
abandonne très vite l’université pour
découvrir seul les Archives et la Bibliothèque nationales, tout en assistant,
mais en dilettante, aux cours d’histoire
à la Sorbonne. Toujours pour le plaisir. Il
n’entendait nullement faire une carrière d’enseignant. Ce qui l’attirait, c’était
une insatiable curiosité. Un vilain défaut
qui conduit normalement au journalisme. Cependant, l’écriture le titille, notamment l’écriture historique. Ainsi
s’aventure-t-il vers une forme de journalisme d’un genre un peu particulier :
l’enquête historique… Il commence à
publier ses premiers articles à partir de
1946 en s’intéressant à certains replis
obscurs de l’histoire comme celui de
Louis XVII. Au fond, comme certains
reporters font des enquêtes sur des
énigmes du présent, Alain Decaux se
passionne pour les mystères du passé.
Son premier livre, Louis XVII retrouvé, est publié en 1947. Il sera ensuite très
vite couronné par l’Académie française,
à 25 ans, pour son second ouvrage. Dès
lors, il ne cessera plus d’écrire. Il y a
pour lui un lien essentiel, d’ailleurs, entre l’écriture et l’histoire. Dans un entretien avec Bernard Pivot, il déclarera,
en 1979 : « Les historiens devraient admettre qu’ils sont des écrivains. » Il ne
supportera jamais ce jargon pseudoscientifique d’une certaine histoire qui
veut jouer aux « sciences sociales ».
Intrigué par les nouveaux moyens de
communication qui permettent de toucher un vaste public et de s’épanouir
dans ses dons de barde moderne, il propose rapidement, dès le début des années
1950, un programme radiophonique qui
connaîtra très vite un grand succès :
« La Tribune de l’histoire », qu’il fonde
avec ses compères André Castelot et
Jean-Claude Colin-Simard, puis JeanFrançois Chiappe. Flattant ce goût si fort
des Français pour l’histoire, la leur en
particulier, cette émission hebdomadaire sera diffusée sans interruption
jusqu’en 1997 ! Elle restera certainement comme l’un des piliers de la radio
française.
En 1957, Alain Decaux comprend
aussi l’importance de la télévision, cette
nouvelle lucarne sur le monde, et il crée
pour la télévision, avec Stellio Lorenzi et
André Castelot, « La caméra explore le
temps », qui aura une existence plus
brève (elle s’achèvera en 1966), mais
l’idée de raconter l’histoire à la télévision est née. Alain Decaux méditera la
manière de rendre le passé vivant et, de
1969 à 1988, il présentera « Alain Decaux raconte », émission devenue
« Alain Decaux face à l’Histoire », où,
chaque mois, seul à l’image pendant
une heure, il réussit l’exploit de passionner la France entière en traitant
d’un personnage ou d’un événement
passés.
Cette activité médiatique, qui le rend
très célèbre, ne le détournera jamais des
travaux de plume. Alain Decaux était
autant un homme de l’écrit que de l’oral
et il a su, tout au long d’une œuvre gigantesque, réussir à rendre ses livres,
notamment ses biographies des grands
personnages, de Louis XVII à saint Paul,
en passant par l’Aiglon ou Danton, aussi
haletants que ses récits oraux. C’est cet
amour de l’histoire, comme source de
savoir mais aussi source de plaisir et de
confiance en l’humain, qui va conduire
Alain Decaux à mener un combat fort
célèbre, dans les années 1980, contre la
destruction de l’enseignement historique, notamment les grandes dates et les
grands événements. L’école payait alors
une interprétation hasardeuse et caricaturale de l’enseignement de l’école
des Annales.
Tirant un signal d’alarme dans un
grand article du Figaro Magazine, il
s’était écrié : « Parents, on n’apprend
plus l’histoire à vos enfants. » Le retentissement fut immense. Tous les journaux, les radios, les télévisions ont réagi. Et le ministre de l’époque, Christian
Beullac, a fait voter un texte pour rétablir l’histoire obligatoire en CM1 et
CM2 : « Il faut connaître les dates de
l’histoire. Cela permet à chacun d’exercer son rôle de citoyen », déclarait le
grand écrivain. Il devrait à nouveau être
entendu.
“
Il faut connaître
les dates de l’histoire. Cela
permet à chacun d’exercer
son rôle de citoyen
ALAIN DECAUX
”
Mais Alain Decaux n’avait pas l’histoire comme une seule maîtresse. Il
adorait aussi la littérature, notamment
Victor Hugo, dont il dira qu’il est « le
propos de ma vie entière ». Différent de
Gide (« Hugo, hélas »), Decaux a découvert Hugo à 14 ans et ne l’a plus jamais abandonné ensuite. Il avait aussi
une passion très affirmée pour le théâtre, celui de Sacha Guitry en particulier.
Il se lança à son tour dans la mise en scène théâtrale. Il monta des grands spectacles qui furent des succès considérables,
comme Ben Hur, avec Robert Hossein,
ou De Gaulle, avec Alain Peyrefitte.
Pour achever une carrière presque
complète, Alain Decaux aura l’honneur
d’être choisi pour défendre ce qu’il
avait su le mieux incarner après l’histoire, la langue française. De juin 1988 à
mai 1991, il fut ministre délégué, chargé
de la Francophonie dans le gouvernement de Michel Rocard.
Élu à l’Académie française, le 15 février 1979, au fauteuil de Jean Guéhenno (9e fauteuil), il continuera à y
siéger assidûment jusqu’à ses derniers
jours. Il prononcera notamment, en
2008, le discours de réception d’un
autre historien populaire, Max Gallo.
Mais l’une de ses plus grandes fiertés
fut de prendre la parole lors du transfert
des cendres d’Alexandre Dumas au
Panthéon (2002). Célébrant une passion
qui remontait à l’enfance, Decaux ne
chercha pas à imiter le ton solennel
d’un Malraux ; mais, à la fois enjoué et
sémillant, il s’écria devant des millions
de Français : « Enfin te voilà Alexandre. »
Alain Decaux a laissé, auprès de tous
ceux qui l’ont connu, l’impression d’une
âme élevée, droite, passionnée mais
honnête, se défiant d’une fausse « objectivité historique », mais recherchant
notamment par l’histoire à rétablir des
injustices que le présent n’avait pas toujours pu rectifier. Aussi accordait-il au
travail d’historien une importance primordiale, insistant notamment sur sa
nécessaire indépendance, non seulement à l’égard de tous les pouvoirs (ce
qu’assure, en France, le statut des universités publiques), mais aussi à l’égard
de la société civile, de ses modes, voire
des historiens eux-mêmes.
Alain Decaux s’est toujours insurgé
contre la pensée unique, la bienpensance, le conformisme, y compris
du milieu des universitaires. Il n’avait
pourtant qu’un espoir limité sur le rôle
de l’histoire. Il disait souvent que nul ne
retient ses leçons… Et il était bien placé
pour le savoir, lui qui, tant de fois, eut
l’occasion de souligner combien telle ou
telle action aurait pu être évitée si son
auteur avait pris la peine de méditer les
leçons du passé… Difficile, en tout cas,
avec le talent d’Alain Decaux, dont
l’œuvre écrite et radio-télé est immense, de ne pas les écouter. À défaut de les
entendre. ■
BIBLIO
1949 Létizia. Napoléon et sa mère
1952 La Conspiration du général
Mallet - La Médaille militaire
1953 La Castiglione
1954 De l’Atlantique à Mayerling
1957 Cet autre Aiglon :
le prince impérial
1958 Offenbach, roi du second
Empire
1960 L’Énigme Anastasia
1967 Nouveaux dossiers secrets
1968 Les Rosenberg
ne doivent pas mourir (pièce) Grandes Aventures de l’Histoire
1969 Les Grands Mystères
du passé
1971 Les Grandes Heures
de Versailles - Grands secrets,
grandes énigmes
1972 La Soumission - La Révolte
1977 Les face à face de l’histoire
1978-1981 Alain Decaux raconte
(4 volumes)
1981 Dictionnaire d’histoire
de France
1982 L’Empire, l’amour, l’argent
1982-1983 L’histoire en question
(2 volumes)
1984 Victor Hugo
1986 Les Assassins
1988 Alain Decaux raconte
l’histoire de France aux enfants
1996 C’était le XXe siècle
1997 La Course à l’abîme
LE FIGARO
CULTURE
lundi 28 mars 2016
25
La Fondation Taylor
ressuscite Albert Maignan
CHRONIQUE Dans ce qui fut son atelier, une exposition rend droit de cité
à un de ces maîtres oubliés du XIXe siècle, trop vite qualifié de « pompier ».
LES ARTS
Adrien Goetz
C
e sont les cloches de Pâques
lancées à la volée, dans un
immense tableau de près de
six mètres de haut, qui sonnent la résurrection d’Albert
Maignan (1845-1908), peintre oublié,
grand décorateur de la IIIe République.
Dans une lumière d’incendie, des corps
arc-boutés s’agrippent à la haute cloche
de bronze. La composition, qui l’occupa
six ans, s’intitule Les Voix du tocsin – on
distingue au premier plan un drapeau
tricolore déchiré et, au fond, une sil-
houette qui évoque la cathédrale de
Strasbourg. Exposé au Salon en 1888,
acquis pour le musée d’Amiens, le tableau fut oublié en réserve, roulé, dédaigné et il fallut l’enthousiasme d’un
grand historien de l’art, Bruno Foucart,
le défenseur du XIXe siècle, l’énergie
d’Olivia Voisin, conservatrice au musée
d’Amiens devenue entre-temps directeur des musées d’Orléans, l’aide des
amis du musée d’Amiens et de la métropole pour que l’injustice soit réparée. Il
est toujours émouvant d’assister à la
réapparition d’un artiste et, plus touchant encore, de découvrir le lieu choisi
pour cette révélation : les locaux de la
Fondation Taylor, à côté de la place
Saint-Georges, ont été l’atelier de
Maignan. Devant la haute verrière, son
tableau retendu sur un châssis va être
restauré en public au début du mois
d’avril, dans la lumière choisie par le
peintre. Il n’est pas si abîmé que cela.
Quelques retouches et il retrouvera son
éclat. Un excellent catalogue paraît aux
Éditions Norma, et une exposition permet de comprendre le génie théâtral de
cet Albert Maignan, l’un des plus grands
scénographes de son temps. Esquisses,
dessins, tableaux inspirés et flamboyants lui rendent enfin justice.
Le peintre du Train Bleu
Maignan, tout le monde le connaît sans
le connaître, c’est sa tragédie. Il est
l’auteur des décors du Train Bleu, le restaurant de la gare de Lyon, la Sixtine des
voyageurs pressés. Les esquisses montrées à la Fondation Taylor prouvent son
talent pour saisir les lumières, les cou-
Le Tambourin, esquisse (détail), Albert Maignan.
leurs chaudes du midi. On lui doit le salon des Lettres à l’Hôtel de ville de Paris,
où l’Eviradnus de Hugo côtoie Mimi
Pinson et ce grand foyer de l’OpéraComique, restauré en 2013, dont les sibylles et les prophètes sont joués par
Manon ou par le postillon de Longjumeau. L’autre face de Maignan, c’est
l’artiste tourmenté qui décore la chapelle Notre-Dame-de-Consolation, à la
mémoire des victimes de l’Incendie du
Bazar de la Charité, le drame de 1897.
Les études dessinées composent un cortège d’ombres, qui, à l’exposition, peuvent être rapprochées des tableaux les
BOURGUET/MUSÉE DE PICARDIE
plus hallucinés de Maignan. La Mort de
Carpeaux est une composition onirique
extraordinaire, La Fortune passe montre
une femme nue au milieu des boursicoteurs du Palais Brongniart, puis apparaît
la saisissante Muse verte. Qui aurait cru
que l’absinthe, et la détresse de l’artiste
maudit, inspirerait ce peintre couvert de
gloire ? Il créait ainsi des allégories modernes, sans deviner jamais qu’aux yeux
de la postérité, le maudit, ce serait lui… ■
Fondation Taylor (Paris IXe), exposition
« Albert Maignan, peintre et décorateur
du Paris fin de siècle », jusqu’au 7 mai,
catalogue Éditions Norma, 25 €.
Louis Langrée, un maître de classe à Aix
CLASSIQUE Au Festival de Pâques d’Aix-en-Provence, le chef français dirigeait aux côtés d’Hélène Grimaud
et dispensait, le lendemain, une leçon de direction au conservatoire. Deux moments d’une rare générosité.
L
classique, et un chef dont l’expérience de la
double culture orchestrale américaine et
européenne peut nous apprendre beaucoup, est une chance », explique Nicolas à
la pause. À 24 ans, il est déjà un chef prometteur, assistant à l’Orchestre symphonique de Québec dirigé par un autre de
nos compatriotes (Fabien Gabel).
THIERRY HILLÉRITEAU
£@thilleriteau
ENVOYÉ SPÉCIAL À AIX-EN-PROVENCE
a générosité. C’est ce que
l’on retiendra des débuts de cette quatrième édition du Festival de Pâques
d’Aix-en-Provence. Toujours dirigée par
le violoniste Renaud Capuçon et Dominique Bluzet, directeur du Grand Théâtre
de Provence (GTP) et du Théâtre du Jeu
de Paume, la manifestation s’est ouverte
le 22 mars dernier avec une opulente
Troisième Symphonie de Mahler, placée
sous la baguette d’Ivan Fischer (nos éditions du 24 mars).
Générosité des artistes, tout d’abord,
lors du second grand concert au GTP, le
23 mars. Celui qui voyait le retour dans sa
cité natale de la pianiste Hélène Grimaud,
aux côtés d’un orchestre qu’elle affectionne particulièrement : la Camerata
Salzburg de Louis Langrée. Au programme ? Rien moins que le Concerto en sol de
Ravel, dans lequel cet orchestre en formation réduite dut faire preuve d’un bel
engagement face à une Grimaud en grande forme et pas avare de prouesses digitales. On préféra toutefois la seconde version du troisième et dernier mouvement,
celle des bis. Alors seulement entenditon l’orchestre sonner d’une seule voix,
comme ce fut le cas tout au long de la seconde partie, consacrée au cœur du répertoire de la Camerata : Mozart, en l’occurrence la Symphonie n° 40, dite
« Jupiter » : les quelques spectateurs
partis à l’entracte, après la prestation de
Grimaud, ne savent pas ce qu’ils ont
manqué.
Générosité du récit, ensuite. Celui que
le violoniste sud-africain Daniel Hope fit,
dans l’après-midi, de ses souvenirs de
Yehudi Menuhin, dont on célèbre cette
année le centenaire et auquel il était venu
Pédagogie et transmission
Au premier plan, Louis Langrée et Hélène Grimaud, au Festival de Pâques d’Aix-en-Provence.
rendre hommage, par un récital fourretout avec le pianiste Sebastian Knauer. Si
cet ancien camarade de jeu des petitsenfants de Menuhin se révéla un bien
meilleur interprète d’Enesco et Bartok
que de Bach, il ne manqua pas d’émouvoir par la sincérité de ses évocations,
dont celle du tout dernier concert de Menuhin, un mois et demi avant sa mort, où
Hope interpréta le concerto d’Alfred
Schnittke sous sa direction.
Générosité, enfin et surtout, du chef
Louis Langrée. Ce dernier avait accepté, à
la demande du festival, de faire le grand
écart et de donner la réplique, après Hélène Grimaud, à trois jeunes étudiants
d’Aix et de Montréal, dans le cadre d’une
passionnante master class de direction
donnée le lendemain de son concert. Le
public, venu en nombre au conservatoire
Darius Milhaud, ne s’y était d’ailleurs pas
trompé.
Accompagné par 22 de ses musiciens
d’élite, le chef, originaire de Mulhouse
mais qui partage aujourd’hui sa carrière
entre l’orchestre de Cincinnati aux États-
CAROLINE DOUTRE
Unis et la Camerata Salzbourg en Autriche, faisait cours sur la symphonie de
Mozart qu’il venait de diriger : la « Jupiter. » Face à lui, trois jeunes âgés de 24 à
36 ans, originaires des conservatoires de
Montréal (avec lequel Aix est en convention) et d’Aix-en-Provence, où une classe de direction s’est ouverte il y a un an.
« Avoir l’opportunité de travailler avec un
orchestre comme la Camerata de Salzbourg, qui plus est dans le cadre d’une
classe de maître animée par Louis Langrée,
qui est juste une sommité dans le répertoire
Assis au milieu de son orchestre, Langrée
le guide pas à pas dans le Final de la symphonie. Fin pédagogue, il décèle immédiatement la faiblesse d’un geste ou d’une
intention. « Ne dirige pas par-dessus la
musique, mais crée-la ! » « Il faut diriger
autant avec ses yeux qu’avec ses bras ! »
« Soyez schizophrènes ! », ordonne-t-il à
plusieurs reprises. Dans le Menuet, il demande à l’étudiant concerné de changer
de caractère à chaque nouvelle interprétation, comme un acteur travaillant devant son miroir : impérial, rageur, séducteur, d’une tristesse infinie…
Avant d’inciter ses camarades à voir,
dans tel passage, un tableau de Bosch,
avec ses monstres rythmiques. Dans tel
autre, une peinture de Cézanne, qui ne
cherche pas qu’à peindre l’objet mais à
donner à ressentir l’effet produit par celui-ci. Il fait songer à ces profs de français capables de vous faire percevoir
une dimension érotique dans Le Corbeau
et le Renard… Bien plus qu’une leçon de
direction, une leçon de transmission,
comme le festival a pris l’habitude d’en
offrir depuis sa création. Ultime symbole de cette transmission, à l’œuvre durant toute la manifestation, une copie
du violon d’Ivry Gitlis, réalisée par le
luthier de Renaud Capuçon, Pierre Barthel, sera remise des mains de Gitlis en
personne à une jeune violoniste du
conservatoire, lors du concert de clôture du festival le 3 avril. ■
www.festivalpaques.com
Marie Gillain et Christophe Paou, du cosmos au cosmétique
THÉÂTRE Le talent des deux interprètes mis en scène par Marc Paquien ne cache pas le caractère artificiel de « Constellations ».
U
ne femme, Marianne. Elle a
la grâce et le fin visage de
Marie Gillain, enveloppée
d’une robe couleur de nuit.
Un homme, Roland. Il a la
silhouette de Christophe Paou, un peu
méconnaissable dans des éclairages diffus. Ils sont sur un plateau nu sur lequel
est posée, comme un parquet de bal, une
tournette. Au fond, un cyclo. Scénographie minimale, à l’image de la situation.
Elle parle, il répond. Cela dure comme
cela une heure trente, mais on se demande parfois si ce sont bien les mêmes deux
personnages qui dialoguent.
Constellations commence sur un mode
enfantin. « Tu sais pourquoi on n’arrive
pas à se lécher le bout des coudes ? », demande la jeune femme au jeune homme.
Il répond sur autre chose. « Je. J’ai une
copine. Donc. Bon. » Et cela reprend. Répétition, différence, légers glissements.
C’est formel mais plaisant.
Petite musique
On apprend qu’il serait apiculteur et
qu’elle travaillerait dans une célèbre université. On est en Angleterre : Nick Payne, l’auteur, est britannique. La conversation se poursuit. Phrases courtes,
elliptiques. On passe du coq à l’âne, du
cosmos aux questions cosmétiques, mais
il faut un drame. Que diriez-vous d’une
tumeur au cerveau, pour elle, la scientifique ? Franchement, on a bien du mal à
comprendre l’intérêt de ce texte. Dans le
métro, les affiches le proclament depuis
des semaines en extraits de presse venus
de Londres ou de New York : « Superbe,
magnifique ! » ; « Exaltant et extraordinaire ! » Publicité mensongère ? Subtilités du texte original qui n’ont pas passé le
Channel ?
On ne saurait mettre en doute la qualité
des adaptateurs, Élisabeth Angel-Perez
et Manuel Piolat-Soleymat. On connaît
l’intransigeance du metteur en scène
Marc Paquien. Mais que trouvent-ils
donc à ce texte qui, à la lecture aussi, exhibe ses artifices et ses faiblesses ? C’est
un sentiment très étrange que celui que
ressent le spectateur devant cet objet qui
n’offre aucune prise. Tout glisse. Les deux
comédiens sont bons et parviennent à
trouver une petite musique. On les écoute. Mais eux non plus n’ont guère de prise
sur ces répliques sans consistance et peinent à nous émouvoir. ■
« Constellations », Petit Saint-Martin
(Paris Xe), à 20 h 30 du mardi au samedi et en
matinée le samedi à 17 h. Tél. : 01 42 08 00 32.
s
n
i
t
a
m
les
6H30 À 9H
NDREDI DE
MAIN À 8H55
LUNDI AU VE DE SAINT-VINCENT DE
DACTION DU
ND
RÉ
RA
RT
LA
ture.fr
BE
ET
R
DE
EL
ERNE
francecul
GUILLAUME COUP DE CŒUR CULTUR
LE
iat avec
en partenar
RETROUVEZ
A
ARMELLE HÉLIOT [email protected]
lundi 28 mars 2016 LE FIGARO
26
STYLE
1
5
6
7
3
2
Neuf
4
comme un lundi
8
Des oiseaux rares sur robes du soir, une carte postale d’Argentine,
un cabas de rêve en crocodile et un teint de jeune fille.
Encore une semaine comme on les aime.
PAGE RÉALISÉE PAR MAUD GABRIELSON AVEC MARIE-ANNE BRUSCHI, VALÉRIE GUÉDON ET ÉMILIE VEYRETOUT
10
La prolifération
des oiseaux sur les shows présage-t-elle l’arrivée des beaux jours ? Égayant
un tailleur en toile rigide, des oies
sauvages migrent chez Loewe (7)
(www.loewe.com). Un couple de
choucadors picore le corsage vénitien
d’une robe Gucci (8) en dentelle et soie,
également en une du dernier Almaviva
(www.gucci.com), tandis que des
hirondelles virevoltent sur un ensemble
robe-pantalon
griffé Sonia
Rykiel (5) (www.soniarykiel.com). Sur
le podium Valentino (6), ce sont les cygnes qui font le printemps, sequins
d’argent posés délicatement sur un tulle de soie (www.valentino.com). Mesdames, déployez vos ailes.
TERRE DE FEU
« L’écrivain Jorge
Luis Borges n’est pas l’esprit tutélaire de
la littérature argentine. Il EST la littérature argentine », lit-on dans la nouvelle
édition de la revue Holiday (9), dédiée
au territoire des gauchos et des chevaux
sauvages. Cette saison, le magazine
promet d’emmener son lecteur vers
une Patagonie romancée (par l’écrivain
Bruce Chatwin), dans un Buenos Aires
haut en couleur (raconté par le couple
Bertrand Burgalat et Vanessa Seward),
jusqu’aux plaines lointaines du top Mica
Arganaraz, enfant du pays. Une idée de
destination pour les vacances d’été ?
[ 18 € chez Colette, OFR et WHSmith à
Paris. www.holiday-magazine.com ]
OFFENSIVE Observez la peau de
cette fille, flashée en coulisses du défilé
J.W. Anderson (3). Elle est dense, lisse,
lumineuse - un modèle du genre. Épargnée à la fois par le temps (la demoiselle
n’a pas 20 ans) et les excès de la vie moderne (stress, tabagisme, mauvaise alimentation et surexposition au soleil).
Or, c’est désormais prouvé, le vieillissement comportemental marque le visage
plus encore que les années. Sisley (4)
glisse donc dans son best-seller une
batterie d’actifs pour stimuler et protéger le cycle vital des cellules mis à mal
par ces facteurs. Sisleÿa Global devient
L’Intégral Anti-Âge, une mue bien plus
que lexicale. [ 336 € les 50 ml ]
ANGLO-SAXON Dans
LEÇON DE STYLE Cette ligne de
la mode
masculine, beaucoup (trop ?) de labels
à fort héritage piochent de manière
littérale dans leurs archives. Ce n’est
pas le cas de Farah (10). La marque a
beau avoir été lancée dans les années
1920 aux États-Unis, elle est résolument actuelle. Autre paradoxe, son
style East Coast composé de chinos
impeccables (64 €), de chemises à fines rayures en coton souple (78 €) et
de coupe-vent preppy (98 €) fait un
tabac outre-Manche. Ses prix imbattables pour garçons d’à-côté devraient
bientôt s’attacher les faveurs des hipsters de France, où la griffe s’installe
lentement. [ Dans les boutiques Royalcheese à Paris. www.farah.co.uk ]
TRIBU VOLATILE
mode enfantine au nom impossible à
retenir, The Animals Observatory (2),
déchaîne la passion des mamans. Aux
commandes, Jan Andreu et Laia Aguilar, l’ex-directrice de la création de la
marque Bobo Choses. La styliste espagnole pense la mode pour les petits
comme celle des grands, en travaillant
les coupes de manière architecturée et
la palette de couleurs de façon délicate. Exemples, des tee-shirts délavés
aux imprimés naïfs (46€), de la maille
à l’esprit seventies et des robes à bretelles (67€) aussi stylés que confortables. Taillés pour les petits modeux !
[ Du 6 mois au 10 ans. www.theanimalsobservatory.com ]
IMAXTREE.COM, DR
A
9
FOLIE DOUCE N’y voyez pas une
coquille, ce sac coûte bien 29 000 euros.
Le monde du luxe s’adresse aux nantis ?
Adonnons-nous à la rêverie. Façonné
dans une peau de crocodile ultralisse au
rouge incandescent (la nuance exacte
est Vesuvio, en référence au volcan), ce
cabas Bottega Veneta (1) reflète à
merveille le savoir-faire de tanneur de
la maison vénitienne depuis cinquante
ans. Tomas Maier, son directeur de
création, est doué pour mettre en scène
les songes - ici, celui d’une héroïne des
années 1950, en jupe corolle et chemisier sage, son « Bucket Bag » au
poignet, évidemment. [ Existe aussi en
cuir tressé à 2 950 €. www.bottegaveneta.com ]
LE FIGARO
HIGH-TECH
27
Question
du jour
DIDIER SANZ
£@sanzdidier
ans un univers divisé entre Mac et PC, les Chromebooks jouent
les francs-tireurs. Ils fonctionnent avec
le logiciel système Chrome OS de Google, et la majorité des applications dépendent d’une connexion à Internet.
Faciles à utiliser et bon marché (à partir
de 250 €), ils conviennent particulièrement aux étudiants. Peuvent-ils pour
autant remplacer un portable classique ? Pour en juger, nous avons passé
une semaine avec un de ses représentants en testant ses capacités à s’adapter à un usage quotidien associant travail et divertissement.
Pourquoi
les internautes
résilient-ils leurs
abonnements
Internet ?
■ En analysant 85 000 courriers
de résiliation de l’année 2015
adressés aux principaux
opérateurs, le spécialiste
des offres Internet Ariase
a identifié plusieurs causes
de rupture de contrat.
tour du propriétaire
uPetit
L’ordinateur en lui-même, un Toshi-
ba CB30-B104 (349 € sur Amazon),
n’est pas des plus séduisants avec son
boîtier en plastique et ses vis apparentes
en dessous. Mais il ne pèse que 1,3 kg et
se transporte facilement. Son clavier est
plutôt agréable et la disposition des touches rappelle celle d’un PC. L’écran
Full HD de 13,3 pouces, au format panoramique, se révèle bien lumineux et une
webcam permet de communiquer en
visiophonie. En plus de deux connecteurs USB, il propose une sortie HDMI,
une prise casque et un lecteur de cartes
SD. En termes d’autonomie, il fonctionne de six à huit heures avant recharge.
La majorité
des applications
dans Chrome OS
dépendent
d’une connexion
à Internet. DR
7 jours avec un Chromebook
en route
uMise
Le premier démarrage est un peu
ESSAI L’ordinateur
déroutant. Hormis le navigateur Web,
on ne trouve aucun menu ni dossier à
de
Google peut-il
l’écran. Il faut cliquer sur la petite icône
en forme de loupe pour découvrir la
remplacer
un Mac
poignée d’applications disponibles. Et
pour aller plus loin, il faudra télécharou
un
PC
?
Pour le
ger des extensions, des applis ou des
raccourcis vers des services en ligne. Il
vérifier,
nous
l’avons
suffit de saisir ses identifiants Google
pour retrouver toutes les données assoutilisé plusieurs
ciées à ce compte : messages Gmail,
contacts, vidéos personnelles sur Youjours en situation
Tube, stockage en ligne sur Google
Drive, etc.
réelle. Bilan mitigé.
travail…
uAu
Pour taper mon premier texte, je
dans une partie de la mémoire de l’orpeux choisir Google Docs, le traitement de texte utilisable à partir d’un
navigateur Web, ou encore son équivalent signé Microsoft, Word Online,
qui affiche la même interface que
Word pour PC. L’idée me prend de télécharger une version du logiciel libre
LibreOffice Writer… et le résultat est
désastreux. Après avoir changé la langue par défaut et relancé le logiciel, je
m’aperçois que la saisie est d’une lenteur rédhibitoire. J’abandonne et je
passe à Google Docs. Ce traitement de
texte simplifié offre plusieurs fonctions de formatage et peut lire des documents au format Word. Aucun problème pour écrire mon texte : la saisie
est rapide, les options du logiciel évidentes et chaque modification est immédiatement enregistrée en ligne, sur
mon espace Google Drive. Dans le
bus, je continue à saisir mon texte,
mais sans connexion à Internet. Les
modifications sont alors enregistrées
dinateur. Dès que le Chromebook retrouve une liaison Wi-Fi, il synchronise
automatiquement
mon
document, que je pourrais importer
au besoin sur un autre ordinateur. Le
principe est identique avec Gmail : les
réponses et les messages que je rédige
seront envoyés à la prochaine
connexion à Internet.
De retour à mon bureau, j’envisage
d’imprimer mon texte. L’ordinateur
cherche alors une imprimante compatible Google Print… que je n’ai pas. Il
faudrait que je configure un autre ordinateur relié à Internet et connecté à
une imprimante pour lui transférer les
impressions. Je préfère importer le
texte sur cet autre ordinateur pour
l’imprimer.
photos et vidéos
uManipuler
En sortant de la conférence de pres-
se à laquelle j’ai assisté, je repars avec
une clé USB contenant les communi-
qués et les fiches produit mais aussi
des photos et des vidéos. L’occasion de
vérifier que le Chromebook saura gérer ce type de contenus. Je branche la
clé USB et une fenêtre s’affiche, me
permettant de découvrir les fichiers
qui y sont stockés. Pas de problème
pour lire les documents Word, Excel et
PDF, que l’ordinateur présente dans
son navigateur Web. Les photos, elles,
s’affichent à part dans une fenêtre qui
propose quelques outils de retouche.
Je peux recadrer l’image, la faire pivoter et ajuster sa luminosité et son
contraste. Les changements ne sont
pas instantanés : ce n’est qu’une fois
qu’on a fini de déplacer les curseurs
que le résultat apparaît. Pour travailler
plus en détail les images, je peux aussi
utiliser Photo Editor ou, si je suis
connecté à Internet, les importer dans
le service en ligne Pixlr.
La lecture des vidéos est plus capricieuse. Elle fonctionne parfaitement
pour certaines séquences alors qu’elle
s’interrompt pour d’autres après une
minute trente de lecture. J’arrive
quand même à regarder une démonstration en HD. L’image est fluide et
plutôt de bonne qualité. Le son, lui,
laisse à désirer… J’en profite pour tester
la visiophonie en téléchargeant l’application Hangout, l’équivalent de Skype
pour les Chromebooks. Peut mieux faire : l’image, saccadée, se fige parfois et
le son arrive en décalé.
peu de détente
uUn
En m’aventurant sur
la boutique
Chrome, je découvre quelques jeux qui
s’exécutent dans le navigateur Web.
Des réussites, des casse-tête, des pe-
tits jeux d’arcade. Rien de bien spectaculaire comparé à un PC ou à un Mac.
Écoutons un peu de musique. Je branche mon iPhone sur le Chromebook. Il
le reconnaît et je peux afficher les
photos et les vidéos, mais pour profiter
de ma bibliothèque musicale, il faudrait d’abord que je transfère tous mes
morceaux sur Google Play Musique…
Autant utiliser ce service. Ou accéder
aux sites Web qui constituent des
playlists à partir de YouTube.
uBilan
Difficile de comparer le Chrome-
book à un Mac ou à un PC. Il remplit
bien le rôle de machine à écrire et de
navigateur Internet et peut servir occasionnellement à se distraire en regardant des films. Mais en usage professionnel, ses limites compliquent
les choses. Des tâches aussi habituelles qu’imprimer un texte posent rapidement des problèmes, d’autres demandent beaucoup de patience. Et
puis, comme le navigateur Web est le
principal outil du Chromebook, il faut
s’habituer à jongler entre les onglets
pour passer d’une application à une
autre. Et à les refermer pour y voir
plus clair.
Enfin, la nécessité de disposer d’une
connexion à Internet réduit son
champ d’utilisation. On peut certes
utiliser son smartphone comme passerelle Wi-Fi, mais au risque d’exploser son forfait. Il n’en demeure pas
moins qu’en raison de son prix abordable, le Chromebook constitue une
solution intéressante pour les étudiants ou encore comme ordinateur
d’appoint. ■
Les bons compromis du nouvel iPhone SE
TEST En installant les composants de l’iPhone 6 dans le boîtier d’un iPhone 5,
Apple propose un smartphone aussi compact et léger que performant.
U
n iPhone 6 dans le corps
d’un iPhone 5… Voilà comment pourrait se résumer le
nouvel iPhone SE, qui sera
vendu à partir du 31 mars, et
que nous avons pu tester en avant-première. Vu de l’extérieur, rien n’a changé
par rapport au modèle sorti en 2012 :
même boîtier allongé aux côtés rectilignes, même écran Retina de 4 pouces
(1 136 × 640 pixels), mêmes boutons de
volumes ronds… Il faut placer les deux
produits côte à côte pour s’apercevoir
que la seule différence tient à la tranche
légèrement biseautée. Si Apple a choisi
de revenir à ce format pour son dernier
modèle, c’est parce qu’il est l’un des plus
confortables à prendre en main. On retrouve ainsi les sensations de légèreté
(113 g) et de maintien qui caractérisaient
l’iPhone 5 et ses dérivés, le 5C et le 5S.
Mais ce qui a changé, ce sont les performances. Impossible de placer le SE
dans la famille des iPhone 5. C’est bien
simple : sa puissance est identique à celle
d’un iPhone 6S, comme nous l’avons
constaté en lançant les mêmes opéra-
tions sur ce modèle et sur le précédent.
La rapidité des applications, la fluidité
des animations, la réactivité des jeux et la
qualité d’affichage nous ont bluffé. Il faut
dire que l’iPhone SE reprend pratiquement tous les composants de l’iPhone 6S,
du processeur A9 à l’appareil photo de 12
mégapixels. Ce qui lui donne notamment
la possibilité de filmer des vidéos en Full
HD à 30 ou 60 images par seconde et
même en 4K à 30 images par seconde. Et
le résultat est superbe, aussi bien pour les
photos, très lumineuses et aux couleurs
neutres, que pour les séquences vidéo,
même si l’écran n’offre pas une surface
d’affichage aussi large que les iPhone 6.
Discret et pratique
On retrouve aussi les Live Photos, ces
photos qui ajoutent quelques secondes
de vidéo avant et après la prise de vue. Il
suffit de maintenir le doigt appuyé sur
l’écran pour voir l’image s’animer. On
notera au passage l’absence de la fonction 3D Touch de l’iPhone 6S, qui ajoute
des options supplémentaires quand on
appuie fortement sur l’écran. En revan-
che, l’iPhone SE est le premier à bénéficier de la fonction Night Shift, qui adoucit l’affichage avec des nuances jaunes
pour améliorer la lecture la nuit.
Le capteur d’empreintes digitales se
révèle particulièrement rapide et l’assistant vocal répond instantanément quand
on prononce « Dis, Siri ». Ce modèle bénéficie aussi des dernières innovations
en matière de connectivité, ce qui accélère la navigation en Wi-Fi et en 4G. Il
semble aussi que l’autonome ait été
améliorée. Après une journée à téléphoner, à envoyer des messages, à consulter
des sites Web et des vidéos, la batterie
affiche encore 25 % de charge.
Au final, l’écran de 4 pouces pourra
paraître un peu juste quand on s’est habitué à un affichage de 4,7 ou de 5,5 pouces. Mais le petit format de l’iPhone SE le
rend plus discret et plus pratique à
transporter qu’un « gros » iPhone. Et
puis son prix plutôt raisonnable pour un
produit Apple (à partir de 459 € en version 16 Go) pourrait bien convaincre
ceux qui cherchent un iPhone puissant
et… pas trop cher. ■
D. S.
■ Dans plus de 30 % des cas,
les internautes résilient leur
abonnement pour bénéficier
des tarifs plus attirants d’un
autre opérateur ou de services
plus complets. Les promotions
et les offres liées au passage
à la fibre optique figurent parmi
les premiers motifs déclarés.
■ Une partie importante (21 %)
des abonnés justifient leur
décision par un déménagement.
Ariase souligne également
l’effet des promotions réservées
aux nouveaux clients,
souvent plus intéressantes
que la poursuite de leur forfait
dans une autre ville.
■ Catégorie en hausse (18 %),
le motif « Autres » correspond
en général à un changement
de situation personnelle
(licenciement, maladie,
emprisonnement,
surendettement, etc.)
ou au refus des modifications
des conditions d’abonnement.
Depuis 2015, constate Ariase,
il apparaît plus souvent
en raison de la loi Hamon
de janvier 2015, qui a doublé
la durée légale du droit
de rétraction de 7 à 14 jours.
Les abonnés peuvent résilier
leur contrat sans pénalité
dans plusieurs cas précis.
■ Les problèmes techniques
sont invoqués dans 12,5 %
des lettres de résiliation.
Baisse de débit, mauvaise
qualité de service (notamment
sur la réception TV),
connexion instable ou retards
à l’installation expliquent
le mécontentement
des abonnés qui décident
alors de changerd’opérateur.
Enfin, les courriers restants
ne précisent pas les causes
de rupture, qui peuvent
correspondre aux motifs
identifiés par Ariase
ou dépendre de changements
dans la politique commerciale
de l’opérateur.
■ L’étude observe que,
principalement pour
des questions tarifaires,
les ex-clients Orange se sont
majoritairement tournés
vers Free (37,5 %) et Bouygues
(22 %) alors que la plupart des
déçus de Free et de SFR ont
rejoint Orange (41 % et 43 %).
Et si les abonnés de Numericable,
généralement suite
à un déménagement, préfèrent
autant Orange que Bouygues,
ceux de Bouygues, pénalisés
par des problèmes techniques
ou commerciaux, se dirigent
plutôt vers Free.
D. S.
+ @ SUR LE WEB
» Notre test de l’iPhone SE en vidéo
» Microsoft Surface Book, Samsung
L’iPhone SE sera vendu à partir
de 459 euros en version 16 Go. DR
Galaxy S7 Edge, Pebble Time Round
et d’autres nouveautés à découvrir
en images
www.lefigaro.fr/high-tech
A
D
lundi 28 mars 2016
lundi 28 mars 2016 LE FIGARO
28
TÉLÉVISION
BIEN VU
Anthony Palou
[email protected]
La voix
de Bacon
« Les Nuits »
France Culture l Samedi l 3 h 25
u’est-ce que la réalité ?
That’s the question.
La peinture, of course.
« Je suis une bétonneuse,
je suis comme une machine
à broyer le ciment, répétait-il.
Je regarde tout, j’ai toujours
regardé et il y a toujours quelque
chose qui sort. J’absorbe tout
et tout ressort moulu très fin. »
Francis Bacon, oui, absorbait
tout, pouvait être fasciné par
la trace d’un rouge à lèvres
sur un verre, médusé à la vue
d’une flaque de lait sur la table
d’un bistrot ou de cette tache
de sang sur l’étal d’une
boucherie. France Culture a eu
l’excellente idée de rediffuser
les entretiens avec le peintre
par Michel Couturier, enregistrés
en avril 1975. Bacon y évoquait,
voix douce presque chantante,
la difficulté de définir
la peinture, la nécessité
de représenter sans illustrer
depuis l’invention de la
photographie et du cinéma.
« Vous savez, il faut que
la présence ne soit pas abstraite.
Par exemple, la chose la plus
difficile à faire en ce moment,
c’est le portrait. C’est presque
impossible à faire mais je vais
continuer à essayer. (…) Il faut
retrouver la figure humaine. »
La base de son art ? L’accident,
autrement dit la sollicitation
amoureuse du hasard. Sa peinture
s’adresse à notre système
nerveux. L’art est un combat.
Bacon est un homme des écuries.
Lascaux ne l’intéresse pas beaucoup,
« ces figures d’animaux ! (…) Au
nord de l’Espagne, il y a des choses
beaucoup plus intéressantes,
des hommes qui se battent entre
eux, il y a plus de mouvement ».
Parle de Rembrandt, de Degas,
des Danseuses de Picasso, Picasso
qu’il considère comme le plus
grand peintre surréaliste (sic).
« Les autres sont tellement
démonstratifs. » Pas faux. Parle
de Duchamp, ce joueur d’échecs,
qu’il semblait admirer. Mot
de la fin du maître : « Vous savez,
d’une bouche on peut faire
un Sahara. » Comprendra
qui voudra.
+ @ SUR LE WEB
» Le festival Séries Mania
lance sa septième édition
» Passage à la TNT HD : une aide à domicile
gratuite pour les personnes âgées
ou handicapées
www.lefigaro.fr
Figaro top,
Figaro flop
Notre sélection et notre évaluation des séries
et documentaires de la semaine à venir.
16/20
« FRONTIÈRES,
LA GRANDE ILLUSION ? »
Canal +, lundi 28 mars à 22 h 40
À l’heure où déferlent des dizaines de
milliers de migrants, et plus encore
après les attentats de Bruxelles, le rêve
pour certains – cauchemar pour
d’autres – d’ériger des frontières étanches ressurgit. Des barrières réputées
infranchissables, il en existe déjà dans
l’enclave espagnole de Melilla, ou en
Arizona. Le journaliste et réalisateur
Guillaume Pitron a emporté sa caméra,
de Gibraltar aux îles grecques en passant par Izmir en Turquie et le salon
« Border Security Expo » à Phoenix,
pour enquêter sur le marché en plein
essor des démarcations nationales sécurisées convoité par l’industrie d’armement. L’heure est aux limites électroniques et aux drones. Face à ses
écrans radars ultrasophistiqués, un
garde-frontière espagnol admet, fataliste : « Quand quelqu’un fuit la faim ou
la guerre, peu importent les barrières, il
passera. » Pour le plus grand profit des
passeurs, qui prennent aussi la parole,
dans ce long périple édifiant.
15/20
« HOSTAGES »
Canal + Séries,
mardi 29 mars à 20 h 50
La série israélienne, qui mettait en scène une chirurgienne prise en otage avec
sa famille et contrainte de tuer le premier ministre hébreu lors d’une opération bénigne, revient pour une deuxième saison. En dépit des apparences, le
chef du gouvernement est toujours en
vie et aux mains du commando qui a
organisé la mascarade. Mais leur plan,
qui montrait déjà des signes de faiblesse, se grippe. Un garde du corps découvre la supercherie et les traque. Voici
les kidnappeurs et leurs boucliers hu-
mains récalcitrants obligés de se retrancher dans une maison isolée sur les
hauteurs de Jérusalem. Ils ne tardent
pas à être encerclés. Les rôles s’inversent : voici les comploteurs devenus
otages dans la demeure qui leur sert
d’abri. Toute la ruse d’Adam, ancien
responsable des unités spéciales et meneur des preneurs d’otages, va être défiée par Orna, une négociatrice aussi
coriace que lui. Dans ce huis clos, les
masques ne peuvent que tomber, les
liens du sang et les amitiés se déliter.
Même si l’effet de surprise quant à l’originalité du concept ne joue plus, ce
thriller reste d’une précision psychologique redoutable. De False Flag à Hostages en passant par Hatufim, la fiction
israélienne est en pleine forme.
14/20
PROBLÈME N° 4059
HORIZONTALEMENT
Les écrivains sont parfois de drôles de
zèbres pour lesquels les livres qu’ils
écrivent sont plus réels que la réalité. Le
Prix Nobel turc Orhan Pamuk fait partie
de cette catégorie. À partir de son huitième roman, Le Musée de l’innocence
(2011), il a conçu un musée éponyme
dans une maison du vieil Istanbul. Un
quartier où son héros Kemal déambule
en réfléchissant à son amour impossible
pour la belle Fusun, « audacieuse et moderne parce qu’elle lui avait donné sa virginité » sans être mariée. Le musée littéraire s’articule autour de 83 vitrines
remplies d’objets qui renvoient aux
83 chapitres. Des escarpins, des sacs
brodés, des photos ou les 4 200 mégots
de cigarettes soi-disant fumées par Fusun et marquées de son rouge à lèvres
rappellent les jours heureux. Inspiré par
l’ambiance surannée de la demeure, la
déambulation nocturne couleur sépia
dans les ruelles vides et labyrinthiques
est éclairée de temps à autre par la lu-
Par Vincent Labbé
VERTICALEMENT
1. Amatrices de mots croisés.
- 2. Conservent tout leur liquide.
- 3. Au-dessus de la perche. Fumer
beaucoup. - 4. Esprits forts au
Canada. Pousse à la grève. Mitraille
à Timisoara. - 5. A fait l'X et lettre
classique. Son isthme relie le sud
de la Thaïlande à la Malaisie. On le
pipe pour tricher. - 6. Linge froissé
ou ligne brisée. L'outre d'eau. - 7.
Rond d’eau à la turque. Élément à
charge. - 8. Friture.
SOLUTION DU PROBLÈME N° 4058
A
HORIZONTALEMENT 1. Essarter. - 2. Veulerie. - 3. Ambition.
- 4. Pic. Soda. - 5. Odon. Sûr. - 6. Runes. oD. - 7. Arsenic. - 8. Taclez.
- 9. Obi. Soma. - 10. Îles. Air. - 11. Renformi. - 12. Estrades.
VERTICALEMENT 1. Évaporatoire. - 2. Semi-durables. - 3. Subconscient.
- 4. Ali. Néel. SFR. - 5. Rets. SNES. Oa. - 6. Trios. Izoard. - 7. eioduoC.
Mime. - 8. Renard. Pâris.
1
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
2
3
4
5
6
7
mière crue d’un néon comme dans un
film de David Lynch. Les voix d’une
ancienne vedette de cinéma, d’un
chauffeur de taxi, d’un photographe ou
celle de l’auteur qui s’échappe d’un
poste de télévision perdu dans une cabine téléphonique ou un appartement
rajoutent au charme de cette rêverie
stambouliote. Menacé de mort dans son
pays, Pamuk, que l’on croyait exilé aux
États-Unis entre 2004 et 2010, s’y promenait ainsi durant des heures tel un
fantôme. Il venait surveiller les travaux
de son œuvre de pierre dans cette ville
qu’il n’a jamais quittée.
12/20
« HITLER ET LES APÔTRES
DU MAL »
M6, mercredi 30 mars à 20 h 55
Un documentaire de plus sur Hitler !
« ORHAN PAMUK,
ÉLOGE DE LA MÉLANCOLIE »
Arte, lundi 28 mars à 23 h 45
MOT S C ROI S É S
1. Une pomme pour BlancheNeige ? - 2. A fait rouler bien
des Américains en Plymouth.
- 3. Passe une nouvelle couche.
- 4. Thor et Odin. Pas couverts.
- 5. Publication officielle. Coiffe
pour la rousse. - 6. Taper du pied.
Grosse capacité. - 7. Appelèrent
en épelant. Parlé sur les trottoirs
de Manille. - 8. Nation celtique.
Pièce au nord. - 9. Augusta et
Pierre y occupent des places
importantes. Va normalement
rentrer. - 10. Annexe d’écurie. - 11.
Eh bien, dis donc, il y en a une qui
n’a pas supporté son départ !
Grand en Espagne et long en
Russie. - 12. Douloureusement
aigu.
CAPA , BEVERLY JOUBERT / TERRA MATER
Q
8
FRONTIÈRES, LA GRANDE ILLUSION ?
Canal + propose une enquête sur les démarcations nationales sécurisées, marché
convoité par l’industrie d’armement. Un
périple édifiant.
Cette fois, c’est le Führer vu par le prisme de sa garde rapprochée Göring,
Himmler, Goebbels, Speer. De sombres
sbires, des courtisans fanatiques. Les
images d’archives colorisées et les
commentaires d’historiens mettent en
évidence les rouages du système. Les
témoignages de Katrin Himmler, petite
nièce du chef de la SS, et de Dieter
Hoess, petit-fils du commandant
d’Auschwitz Rudolf Hoess, n’apportent
malheureusement rien de nouveau. En
revanche, celui d’Eva Mozes Kor, rescapée avec sa sœur jumelle des mains
du docteur Mengele à l’âge de 11 ans, est
poignant.
11/20
« L’ÂME DES ÉLÉPHANTS »
France 5, lundi 28 mars à 10 h 50
L’ÂME DES ÉLÉPHANTS
Dereck et Beverly Joubert proposent une
belle expédition au cœur du Botswana, sur
les terres des éléphants. Pourquoi le diffuser à une heure aussi ingrate ?
BR I D G E
PROBLÈME N° 2271 :
Toute la différence
8765
A43
RDV
543
O
N
S
E
ARD4
R52
A 6 5 4
62
Contrat : Sud joue 4 Piques,
après une ouverture de 2
en Est.
Entame : 8 de .
Mais pourquoi avoir programmé ce documentaire à une heure aussi ingrate ?
C’est pourtant une belle expédition de
plusieurs mois au cœur du Botswana,
sur les terres des éléphants, que proposent Dereck et Beverly Joubert. Ce couple d’aventuriers vit depuis trente ans
dans le pays qui rassemble la plus importante population de pachydermes
au monde (130 000 individus). On les
suit, embarqué sur le canot, au fil d’une
rivière, capable d’approcher au plus
près des bêtes. Ils parviennent même à
filmer ce qui, selon eux, s’apparente à
un rite funéraire. Ayant trouvé sur leur
chemin le crâne d’un de leur congénère, chaque éléphant passe sa trompe sur
les contours de la tête. Comme une cérémonie de deuil.
BLAISE DE CHABALIER,
FABRICE NODÉ-LANGLOIS
ET ISABELLE SPAAK
Lundi 28 mars
Par Philippe Cronier www.lebridgeur.com
SOLUTION DU PROBLÈME N° 2270 :
Savoir défausser
Contrat : Sud joue 3 Sans-Atout.
Entame : 3 de pour le 8 d’Est et votre As.
L’affranchissement des s’impose (impasse indirecte au Roi).
Encaissez Roi et Dame de , montez au mort à l’As de et
n’oubliez pas de tirer le Valet de . Au fait, qu’allez-vous défausser
de votre main sur cette gagnante ? Un ? Ce serait vous priver
d’une levée potentielle vitale. Un ? Voilà qui est dangereux car
Est pourrait vous traverser dans la couleur. Écartez donc le 2 de ,
le bon choix (votre Dame est longue et bien épaulée).
Il est temps d’appeler le 3 de . Admettons dans un premier
temps qu’Est fournisse petit et que votre Dame fasse la levée.
Vous rejouez , Ouest défausse un , un disparaît du mort
et Est remporte le pli avant de contre-attaquer à . Que faitesvous ? Fournissez petit. Ouest prend de la Dame, contre-attaque
à pour votre As. Vous rejouez alors en toute sérénité.
Et si Est plonge du Roi au deuxième tour de ? Il contreattaquera à pour votre As. Vous encaissez la Dame de .
Au pire, Est défausse. Rejouez en
V 10 2
défaussant un nouveau du mort.
V942
Ouest retourne . Il vous suffit de
A3
couvrir la carte d’Ouest et la déD986
953
fense ne pourra pas s’adjuger plus R D 8 7
N
10
7
5
3
86
de deux levées dans la couleur,
O E R 10 9 2
S
quelles que soient les répartitions V 7
V43
R 10 7 5
adverses.
A64
Remarque : si le Roi de est mal
ARD
placé, le partage 3-3 de la couleur
D8654
A2
viendra à votre secours.
lundi 28 mars 2016
LE FIGARO
TÉLÉVISION
MÉTÉO
29
PAR
ÉPHÉMÉRIDE St-Gontran
Soleil: Lever 07h35 - Coucher 20h16 - Lune décroissante
18.45 N’oubliez pas les paroles ! Jeu
20.00 20 heures 20.40 Parents
mode d’emploi. Série
20.55
19.00 19/20 20.00 Tout le sport.
Magazine 20.25 Plus belle la vie.
Feuilleton. Avec Laurent Kerusoré
20.55
Série. Comédie
20.55
Série. Comédie
Documentaire. Musical
18.55 Grey’s Anatomy. Série. (2 épisodes) 20.35 VDM. Série
MATIN
20.55 Bachelor,
le gentleman célibataire
7
70
Divertissement. Présentation :
Boris Ehrgott. 1h55. Inédit. Au programme : rebondissements, jalousies et déceptions.
8
7
8
Fra. Saison 6. Comment ne pas douter ? Inédit. Avec Victoria Abril, Lucie
Lucas, Alexandre de Faucher. Clem
emmène Emma aux urgences. À son
insu, un médecin fait un signalement
pour soupçon de maltraitance.
22.50 New York, unité spéciale
Série. Policière. EU. (4 épisodes) 2.10
Au fil de la nuit. Magazine.
19.10 Le Grand journal (C). Magazine
20.10 Le petit journal (C). Divertissement 20.50 Les Guignols
Rizzoli & Isles :
autopsie d’un meurtre
EU. Saison 5. 2 épisodes. Inédits.
Avec Angie Harmon, Sasha Alexander. La veuve d’un riche homme
d’affaires est retrouvée morte, emportée par une embolie pulmonaire.
22.15 Rizzoli & Isles : autopsie
d’un meurtre Série. Comédie 23.00
Alcaline, le mag. Magazine.
Françoise Hardy, tant
de belles choses
2016. Réal. : Jean-Pierre Devillers.
1h30. Inédit. Portrait de Françoise
Hardy, qui n’a jamais quitté le premier rang des icônes de la chanson.
22.25 Grand Soir/3
23.05 Nous, ouvriers Série doc.
Historique 23.55 Libre court. Magazine 0.55 Midi en France. Magazine
19.00 L’Europe en châteaux. Série
doc. 19.45 Arte journal 20.05 28
minutes. Magazine
18.40 Chasseurs d’appart’. Jeu 19.45
Le 19.45 20.10 Scènes de ménages.
Série. Avec Audrey Lamy
20.55
20.55
20.55
Série. Policière
Film. Policier
Jeu
7
20.00 C à vous, la suite. 20.20 Entrée libre Invitée : Sandrine Kiberlain.
Série. Policière. Fra. 2013. Saison 5.
Le sang des farines. Avec Jérôme
Robart. Nicolas Le Floch enquête sur
la mort d’un boulanger qui l’amène à
soupçonner un complot d’Etat.
22.25 C dans l’air 23.35 Avis de sorties 23.40 Entrée libre
4
5
7
10
20.45 Nicolas Le Floch
1
8
8
40
2
4
7
8
8
11
5
6
8
9
22.50 4 bébés par seconde. Série
documentaire
Clem
7
7
7
11
7
7
6
8
10
8
9
40
10
APRÈS-MIDI
12
80
11
11
13
13
13
Magazine. Société. Prés. : Jean-Marc
Morandini. 1h50. Inédit. Crimes dans
le Sud-Ouest. Au sommaire : «Qui a
égorgé la retraitée ?» - «Fin de soirée mortelle» - «Meurtre à l’hôtel».
14
13
22.45 Crimes en direct. Magazine
1.10 La maison du bluff - l’hebdo
21
16
20
17
18
15
15
14
40
16
15
14
14
20.55 Crimes
15
10
12
13
18.55 Le Mad Mag - La suite. Magazine 19.05 Smallville. Série
18
16
19
16
20
17
16
16
30
19
19.00 Seuls face à l’Alaska. L’enfer
blanc - Parties de chasse
Tunnel
Fra. Saison 2. Avec Stephen Dillane,
Clémence Poésy, William Ash, Angel
Coulby, Laura de Boer. Le corps de
Fournier, porteur d’un virus hémorragique virulent, a été déposé devant le commissariat de Calais.
22.40 Spécial investigation Mag.
Société 23.35 L’œil de Links. Magazine 0.05 Voyage en Chine. Film.
La corde
EU. 1948. Réal. : Alfred Hitchcock.
1h20. Avec James Stewart, Farley
Granger. Deux étudiants étranglent
de sang-froid une de leur camarade,
pour mettre en pratique les théories
pseudo-nietzschéennes.
22.10 La cité sans voile Film. Poli-
cier 23.45 Innocence of memories.
Film. Docu-fiction.
Top Chef
Prés. : S. Rotenberg. 2h15. Inédit. Les
cinq candidats devront faire un plat
d’exception d’un steak frites salade,
puis cuisiner un cabillaud avec des
produits amers, et enfin relever un
défi à base de pommes.
23.10 Top Chef, les secrets des
grands chefs Jeu 0.40 Touch. Série.
16
T (en °c)
20.50 L’évangile de
la femme de Jésus
Série doc. 2015. 1h35. Inédit. Un
fragment de papyrus sur lequel il
serait écrit que Jésus fait référence
à sa femme, a été retrouvé.
22.25 La prophétie des papes. Série
doc. 23.50 Les secrets du Vatican
Gyre (1 et 2/2) 2.20 Les nuits de M6
<-10 à 0
18.50 Buffy contre les vampires.
Série. Météorite - Par amour
18.50 Fast and Furious. Film. Policier.
All. 2001. Réal. : Rob Cohen. 1h47
18.55 Les Marseillais : South Africa
20.15 Les Simpson 20.40 Soda. Série
18.50 Touche pas à mon poste !Talkshow. Présentation : Cyril Hanouna
20.55 Fast and Furious 2
20.55 Iron Man
21.00 Safe
Film. Action. EU. 2003. Réal. : John
Singleton. 1h45. Avec Paul Walker.
Un ancien policier rempile pour tenter de mettre fin aux agissements
d’un puissant homme d’affaires.
Film. Fantastique. EU. 2007. Réal. :
Jon Favreau. 2h05. Avec Robert
Downey Jr. Prisonnier en Afghanistan, un génial inventeur construit
une armure qu’il utilise pour fuir.
23.00 Fast and Furious
Drift. 09:10
23.10 Mohamed
28_03_16_Sudoku
Figaro: Tokyo
26/02/2016
Page1 Dubois. Film. ComéFilm. Action. Avec Lucas Black
die 1.00 Le grand bêtisier
Film. Thriller. EU. 2012. Réal. : Boaz
Yakin. 1h34. Avec Jason Statham.
À New York, un ex-policier sauve
une petite fille surdouée et déclenche ainsi une guerre des gangs.
MOTS FLÉCHÉS N°1310
C'EST
PRÉVOIR
BÊTES
EN M ARE
GUETTER
ABRÉVIATION DE
L'ASTATE
MARDI
20.55 Kaamelott
5/14
10/18
22.05 Kaamelott. Série. (16 épisodes). Avec Anne Girouard.
10/18
EAU DE
LIBOURNE
COLOSSALE
DÉRIVE
10/20
8/16
9/14
11/17
10/13
14/18
lachainemeteo.com
Tous les programmes
dans TV Magazine
et sur tvmag.com
par téléphone :
LIVE 24/24 SUR
et sur
2,99 €/appel
CRAQUE
COM M E
UN FEU
ADVERBE
COUP
FAM ILIER
ATHÉE
RONGÉE
NE PAYEZ PAS UN EURO DE TROP !
En vente
actuellement
chez votre
marchand
de journaux
RECO M M AN DE
BO IS
PO UR
LA M ARIN E
BRILLER
M ESURE
SUR PISTE
SUITE
DE M OTS
A FAIT DES
ÉCLATS
EN
PORTÉE
INCORRECT
UN BON
CONTRAT
HYPERACTIF
GRANDS
CHEFS
AUDESSUS
DE LA
CHLORE
DIVISION
D'UNE
ADDITION
PUR
BOUT DE
VIANDE
ENTRE
PONEY ET
CAVALIER
RAYON
PRÉCÈDE
UN VERBE
PRONOM INAL
BATTERIES
BAVARD
BRÉSILIEN
ENNUIERA
INDICE
D'ACIDITÉ
ACCUM ULATION
DE CYCLES
COUPES
7/10
9/14
CONDUIRE
ANNEAU
DE
CORDAGE
DISPOSÉ
EN
PALIERS
6/9
9/16
FORCE 2
PAS ÂM E
QUI VIVE
PUBLICATION
CAPITALE
DU
PRUNEAU
JEUDI
5/12
7/11
6/14
6/15
1/13
13/16
8/15
12/23
ATHÈNES
BERLIN
BUDAPEST
LISBONNE
PRAGUE
TUNIS
MERCREDI
5/13
8/13
7/10
5/14
7/12
2/11
6/13
11/15
AMSTERDAM
BELGRADE
BRUXELLES
DUBLIN
MADRID
ROME
5/12
Série. Comédie. Fra. 8 épisodes.
Avec Alexandre Astier. Ve siècle
après Jésus-Christ. Le Christianisme naissant, les anciennes traditions celtes s’entrechoquent.
22.50 Rogue, l’ultime affrontement.
Film. Action. Avec Jason Statham.
15/18
10/19
0/13
6/10
6/11
15/18
ALGER
BARCELONE
BERNE
COPENHAGUE
LONDRES
RABAT
10 à 20 20 à 30 30 à >40
0 à 10
AM AZONIEN PEU
PRESSÉ
C'EST
LE PAPA
RUSÉ
SOLUTION DU NUMÉRO PRÉCÉDENT
B
E
I
T
A
C
U
D
P R O C E S S I O N
A N S E E
A B A SO U R D I S S A N T E
S V E L T E S S E
C A S E E S
I R E
T U
R A I N E E
S
O S E
C E R F
R A I A
C E
S E R A
R A S E
E U R O S
G I
E N T E R I N E R
M A T E E
T R E V E
CO R S E T E E
S E S
290
pages
Prix : 6,50 €
frais de
port
OFFERTS
Réf. 1117H
VOUS POUVEZ AUSSI
LE COMMANDER
PAR INTERNET
www.leparticulier.fr
rubrique Boutique
PAR TÉLÉPHONE
01 55 56 71 11
du lundi au vendredi de 8h30 à 19h
PAR COURRIER
Le Particulier
Service Abonnement
4, rue de Mouchy
60438 Noailles Cedex
PAR FAX
01 57 08 73 88
A
19.00 Money Drop. Jeu. Invités : Olivier Dion, Damien Sargue 20.00 Le
20h 20.45 C’est Canteloup
lundi 28 mars 2016 LE FIGARO
30
Grandeur
nature
P
lusieurs drames ont
émaillé la vie de Jim Harrison. À 7 ans, une gamine
lui crève l’œil gauche
avec un tesson de bouteille. Il mettra longtemps
avant de dire la vérité sur
cette histoire, disant aux
uns avoir perdu son œil dans une rixe ou
dans une chute à ski, aux autres que
c’était arrivé au Vietnam. Dans En marge
(Bourgois, 2002), son autobiographie, il a
raconté la réalité, l’opération ratée, cette
souffrance endurée – « J’avais l’impression d’avoir un clou brûlant enfoncé dans la
prunelle » – et le réconfort trouvé dans la
nature.
Né en ville et non à la campagne, Harrison n’aurait sans doute pas surmonté son
handicap. Mais ses parents, honnêtes et
peu fortunés, d’ascendance scandinave,
avaient choisi d’installer leur ferme à
Grayling, petite ville du Michigan où il est
né, le 11 décembre 1937. Le père est un
grand lecteur, un chasseur et un pêcheur
émérite. C’est un homme rude mais pas
borné. Lorsque son fils lui avoue qu’il veut
devenir écrivain, il lui achète une machine à écrire d’occasion. Plus tard, lorsque
Jim abandonne la fac, le père sait que son
fils suit les traces de ses modèles, Sherwood Anderson et Ernest Hemingway.
Pourtant, ce n’est pas avec son père
que Jim parle de littérature, mais avec sa
sœur Judith. Ils s’enferment dans leur
chambre, allument une bougie et écoutent Berlioz et Stravinsky sur un petit
électrophone. Les héros de Harrison se
nomment Dostoïevski, Faulkner, Tho-
DISPARITION
Le romancier
américain, amoureux
des grands espaces,
est décédé hier
à l’âge de 78 ans.
PAR BRUNO CORTY
[email protected]
mas, Miller, Joyce et Rimbaud. À l’adolescence, Jim traverse une période religieuse mise à mal par la découverte de la
sensualité. Il craque pour des actrices,
Jean Peters, puis Ava Gardner « remplacée durant une période de dévotion chrétienne par Deborah Kerr, laquelle, dans
Quo Vadis, était ligotée à un poteau face à
un taureau enragé… ». C’est à 16 ans qu’il
rencontre Linda, de deux ans sa cadette,
qui deviendra quelques années plus tard
la femme de sa vie.
Un déménagement l’ayant privé de ses
rivières et de ses truites, de ses hérons
bleus, de ses lynx, de ses forêts immenses, Jim décide de prendre la route. Il découvre le vagabondage. Dans son sac à
dos, des anthologies de poésie russe et
chinoise, quelques volumes de Rimbaud,
Apollinaire, Blake, Dostoïevski.
À New York, il rencontre Kerouac, qui
vient de publier Sur la route, et suit, sans
Au bord du gouffre
Une bourse du National Endowment lui
offre une année sabbatique. Harrison
achète en 1968 une ferme dans le comté
de Leelanau, Michigan. Retour à la vie
sauvage, à la liberté totale. Avec Dan
Gerber, il lance la revue Sumac et publie
Robert Duncan, Gary Snyder, Richard
Hugo, James Welch. Harrison découvre
aussi les Keys de Floride, lieu magique
pour la pêche, l’écriture et la défonce.
McGuane et Richard Brautigan sont de la
fête, Jim rencontre Tennessee Williams et
Truman Capote. En septembre, il part
dans le Montana pêcher la truite avec
McGuane. Une autre bourse, celle-là de
la Fondation Guggenheim, permet de vivre sans compter.
Les années passent. À part des poèmes
et des reportages pour Sports Illustrated,
Jim n’a rien écrit. C’est finalement un accident, la chute d’une falaise, qui le réveille. Il entame la rédaction de Wolf et
d’Un bon jour pour mourir. McGuane lui
présente Jack Nicholson sur le tournage
de Missouri Breaks. Une amitié naît. Harrison, qui n’a pas payé d’impôts depuis
des années, est au bord du gouffre. Nicholson lui donne de quoi rembourser ses
CONFÉRENCE - DÉBAT
IL N’Y A PAS DE CHOC DES CULTURES
MAIS UN CHOC DES INCULTURES
F.X Bellamy © François Bouchon
François-Xavier Bellamy agrégé de philosophie enseigne en classe préparatoire. Il est l’auteur du best-seller,
Les Déshérités ou l’urgence de transmettre, un texte décisif pour prendre la mesure de la crise de la culture
contemporaine. Son livre n’est pas seulement un brillant réquisitoire contre l’ingratitude des esprits forts, il est
surtout une magnifique ode à ce qui fait l’humanité de l’homme : la culture. François-Xavier Bellamy fait un constat
implacable sur l’effondrement de l’école et livre des pistes de solutions pour son redressement.
FRANÇOIS-XAVIER
BELLAMY
LUNDI 11 AVRIL 2016
20H00 - SALLE GAVEAU
45-47 rue La Boétie, 75008 Paris
A
1
TARIF : 20 €
Placement Libre
Réservez vos places sur
www.lefigaro.fr/rencontres
Informations au 01 70 37 31 70
Jim Harrison en mars 2006.
WITI DE TERA/OPALE/LEEMAGE
dettes et travailler un an. Il écrit alors Légendes d’automne, une novella publiée
dans Esquire et remarquée par le boss de
la Warner Bros qui lui propose une grosse
somme pour tout écrit qu’il voudra bien
lui donner. « Et voilà que le barjot borgne,
cette brebis galeuse de poète à la noix
émergeant de son déplorable patrimoine
génétique, vient de toucher le jackpot. »
Le succès n’étant pas une habitude
chez les Harrison, Jim se noie dans l’alcool, la cocaïne, fait des orgies de grouses,
bécasses, gibier, huîtres, caviar, ris de
veau, rognons… le tout arrosé de caisses
de vin. Après une décennie infernale
(1987-1997) durant laquelle il a écrit des
douzaines de versions de scénarios qui
n’ont pas abouti, un grand roman, Dalva,
deux recueils de novellas et un recueil de
poèmes, Jim Harrison choisit de s’isoler
et de se consacrer pleinement à l’écriture
et aux balades dans la nature.
Un événement marque cette vie déjà
remplie : l’écrivain quitte le Michigan, où
il a vécu soixante années, pour s’installer
dans le Montana avec sa femme, près de
leurs filles et de leurs petits-enfants.
Dans En marge, livre riche, drôle, touchant et plus passionnant que n’importe
quelle biographie, le vieux borgne arrivé
à son crépuscule livrait ainsi sans barguigner sa vie intérieure, ses réflexions, ses
rêves, ses tourments, son amour pour la
nature, ses chiens, ses amis, son culte de
la beauté des femmes et du vin. Autant de
sujets qu’il était l’un des seuls auteurs
américains à aborder dans quasiment
tous ses livres. ■
CHRONO
1937 : naissance à Grayling
(Michigan)
1978-1979 : premier succès,
« Légendes d’automne »
1989 : adapte sa nouvelle
« Une vengeance »
pour un film de Tony Scott
1992-1993 : écrit le scénario
de « Wolf », d’après son roman
éponyme. Le film est réalisé
par Mike Nichols
2009 « Une odyssée américaine »
2012 « Grand Maître :
faux roman policier »
2015 « Péchés capitaux »
2016 « The Ancient Minstrel »
FIGARO-CI ... FIGARO-LÀ
Épreuve du feu pour la ministre
de la Culture
Matignon voudrait nommer, à la tête
de la Bibliothèque nationale de France,
Laurence Engel, l’ancienne directrice de cabinet
d’Aurélie Filippetti au ministère de la Culture
et compagne d’Aquilino Morelle, ex-conseiller
de François Hollande à l’Élysée. Or la nouvelle
ministre, Audrey Azoulay, a d’autres candidats
en tête. Il lui reste deux jours pour convaincre
Manuel Valls de la pertinence de son choix.
Primaire : la proposition
d’Édouard Philippe
L’hôpital de Remiremont
menacé ?
Pour être autorisé à se présenter
à la primaire de la droite, les candidats
doivent recueillir le parrainage
d’au moins 20 parlementaires.
Or, rien n’interdirait formellement
dans les textes que ces élus ne puissent
pas être de gauche. Pour lever toutes
les ambiguïtés, le prochain bureau
politique de LR devrait retenir
la proposition d’Édouard Philippe,
le député maire du Havre et proche
d’Alain Juppé : imposer aux électeurs
comme aux élus parrains de signer
une charte dans laquelle ils disent
se reconnaître dans les valeurs
de la droite et du centre.
François Vannson, député
et président LR du conseil
départemental des Vosges,
a payé de sa poche un avocat
pour obtenir le maintien
de la maternité de Remiremont,
que l’ARS (Agence régionale de
la santé) a pour projet de fermer.
Plus de 800 accouchements
par an ont lieu dans cette
maternité, et Vannson
craint que cette décision
ne laisse présager la fermeture
de l’hôpital de la ville,
soit la perte de 800 emplois
en équivalent temps plein.
NIVIERE/VILLARD/SIPA
Jim
Harrison
oser l’aborder, Aldous Huxley. À Boston,
il est serveur à la Prince Spaghetti House.
À San Francisco, il est ouvrier agricole, ce
qui confirme son goût pour le travail manuel. Il écrit de courts poèmes. À la fac, il
rencontre Tomas McGuane, qui va devenir l’un de ses meilleurs amis et le mener
à Richard Ford, Dan Gerber et Bob Dattila, son futur agent. Comme les études
l’ennuient, il passe des heures à jouer au
bridge, au billard, au poker puis au golf.
Cette vie de poète errant vole en éclats
le jour où son père et sa sœur trouvent la
mort dans un accident de la route causé
par un ivrogne. Assommé par la douleur,
il commet l’erreur de regarder les photos
du drame. « Elles provenaient des régions
les plus inférieures de l’enfer », écrit Harrison, ajoutant : « Toutes les mythologies
de la virilité que j’avais absorbées à partir
de l’enfance étaient entièrement anéanties
par la vérité de ma fragilité en tant qu’être
humain. » Désespéré, il s’installe à Boston, où vit son frère aîné. Son premier livre, Plain Song, recueil de poèmes, est
publié. Un ami universitaire le fait entrer
à Stony Brook, où enseignent déjà Alfred
Kazin et Philip Roth. Malgré tout, cette
existence lui pèse. Il n’est pas fait pour
l’enseignement.