Le timide soutien de la France aux chrétiens d`Orient
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Le timide soutien de la France aux chrétiens d`Orient
2,20 € lundi 28 mars 2016 LE FIGARO - N° 22 279 - www.lefigaro.fr - France métropolitaine uniquement Première édition lefigaro.fr « Sans la liberté de blâmer, il n’est point d’éloge flatteur » Beaumarchais AUTISME L’IMPORTANT RETARD DE NOTRE PAYS DANS LA PRISE EN CHARGE DES JEUNES HANDICAPÉS PAGE 7 Alain Decaux, l’homme qui a fait aimer l’histoire aux Français CHASSEURS Opération séduction de la droite et de la gauche pour 2017 PAGE 4 ÉTATS-UNIS Sanders talonne Clinton aux primaires démocrates PAGE 5 ATTENTATS Quatre nouveaux complices arrêtés TIBÉHIRINE L’enquête sur la mort des moines français patine PAGE 6 IRAN LITTÉRATURE Mort de l’écrivain américain Jim Harrison PAGE 30 n n PAGES 14 À 17 @ FIGARO OUI FIGARO NON Réponses à la question de samedi : Faut-il rétablir les contrôles systématiques à la frontière entre la France et la Belgique ? OUI 85 % NON 15 % TOTAL DE VOTANTS : 47 450 M 00108 - 328 - F: 2,20 E 3’:HIKKLA=]UWWUX:?a@d@m@s@a"; Votez aujourd’hui sur lefigaro.fr Selon vous, la France aide-t-elle suffisamment les chrétiens d’Orient ? BURGER/PHANIE - MAHER AL MOUNES/AFP è LA RESTAURATION DU TOMBEAU DU CHRIST VA COMMENCER è LES RENAISSANCES DU MONASTÈRE SAINTGEORGES DANS LE SINAÏ è UN REPAS PASCAL ENTRE JOIE ET AMERTUME À ERBIL PAGES 2, 3 ET L’ÉDITORIAL Conteur inégalé, l’académicien et écrivain, qui avait transmis son goût de l’histoire notamment par ses célèbres émissions radiotélévisées, est mort dimanche à l’âge de 90 ans. Ancien ministre de la Francophonie, Alain Decaux se passionnait tout autant pour la littérature et le théâtre. PAGE 24 L’armée de Bachar el-Assad, appuyée par l’aviation russe et des combattants du Hezbollah libanais, a repris dimanche la ville aux mains de Daech depuis mai 2015. Outre la victoire symbolique, les forces syriennes ont regagné le contrôle de la route du désert et fragilisé la réputation d’invincibilité de l’État islamique, qui aurait perdu près de 400 combattants dans cette bataille. PAGE 5 ÉDITORIAL par Étienne de Montety [email protected] L Dilemme e printemps 2016 ressemble une nouvelle fois à un chemin de croix pour les milliers de réfugiés chrétiens d’Erbil chassés de leurs maisons, depuis la chute de Mossoul en juin 2014. Le monde se désintéresse d’eux. La reprise de Palmyre et de ses joyaux archéologiques attire pour l’heure les projecteurs de l’opinion internationale. La récente qualification par le département d’État américain de « génocide » pour désigner le sort qui leur est fait ne change guère leur situation au quotidien. En revanche, la politique de l’administration française à leur égard a des conséquences directes. Celle-ci n’accorde des visas aux candidats à l’exil qu’avec parcimonie : moins de cent aujourd’hui, contre trois cents il y a un an. Les chrétiens d’Irak font dramatiquement les frais de la situation en France : crise des migrants, terrorisme, etc. Et les liens historiques et spirituels séculaires unissant les Chaldéens à la France ne leur valent aucune situation de faveur. Lors de leur récente assemblée de Lourdes, les évêques ont dénoncé cette attitude et lancé un appel : des dizaines d’associations catholiques, des diocèses et des paroisses sont prêts à accueillir durablement les réfugiés d’Erbil et à les prendre en charge. Qu’attend la France ? Reste que leur situation ressemble à un dilemme. On voudrait leur ouvrir les portes au nom de l’élémentaire assistance à personne en danger. Mais leur exode en Europe, probablement définitif, parachèverait ce que l’État islamique a commencé : chasser de la plaine de Ninive la commuLes chrétiens nauté assyro-chaldéenne, effacer le sid’Irak font gne de Jonas (les trois les frais jours passés dans la baleine par le prode la crise - dont le tomdes migrants phète beau est à Mossoul préfigurent pour les chrétiens la résurrection du Christ) dans cette région d’Orient. Une lueur ? La récente offensive lancée sur Mossoul, devenu un des deux grands fiefs de l’État islamique, par l’armée irakienne et ses alliés. Si elle débouchait sur une victoire dans les mois à venir, cela permettrait (peut-être) aux chrétiens de rentrer chez eux. Mais quand et dans quel état ? À Mossoul, « la mère des deux printemps », les bourgeons tardent à éclore. ■ AND : 2,40 € - BEL : 2,20 € - CH : 3,50 FS - CAN : 4,75 $C - D : 2,70 € - A : 3,20 € - ESP : 2,50 € - Canaries : 2,60 € - GB : 2 £ - GR : 2,80 € - DOM : 2,50 € - ITA : 2,60 € LUX : 2,20 € - NL : 2,70 € - PORT.CONT : 2,50 € - MAR : 18 DH - TUN : 3,50 DT - ZONE CFA : 2.000 CFA ISSN 0182.5852 Franck Sabet la référence en Tapis d’Art et de Création GALERIE FRANCK SABET Centre Français des Tapis 217 rue du Faubourg Saint-Honoré 75008 Paris [email protected] Parking avenue Hoche Métro Ternes - Bus 31,43,93 Du lundi au Samedi de 11h00 à 19h00 ou sur rendez-vous : tél. 01 45 61 12 95 A n se en effet des conditions draconiennes, qui ne semblent pas exigées pour les autres demandeurs, ce qui expliquerait la chute de 72 % du nombre de visas délivrés aux Irakiens issus de minorités religieuses entre 2014 et début 2016. Le gouvernement dit vouloir « trouver des solutions ». La chute de Palmyre, nouveau revers pour l’État islamique ULF ANDERSEN/GAMMA CHAMPS LIBRES n PAGES 9 À 12 Le timide soutien de la France aux chrétiens d’Orient Inquiète de voir les visas accordés au compte-gouttes aux chrétiens d’Orient, l’Assemblée des évêques de France a lancé un appel, le 18 mars, pour que « les autorités françaises et internationales ne relâchent pas leurs efforts pour aider les minorités vulnérables ». Le ministère de l’Intérieur impo- Un marché toujours difficile à reconquérir PAGE 20 n LA LISTE COMPLÈTE DE LA PROMOTION DE PÂQUES Paris a nettement restreint le nombre de visas accordés aux familles appartenant aux minorités religieuses irakiennes. Une politique contraire aux engagements affichés par le ministère de l’Intérieur français. PAGE 6 Beyrouth : la guerre entre au musée Le désengagement américain change-t-il la face du monde ? Les tribunes de Claude Obadia et de François Béharel La chronique de Nicolas Baverez L’analyse de Jean-Julien Ezvan LÉGION D’HONNEUR lundi 28 mars 2016 LE FIGARO 2 L'ÉVÉNEMENT Moins de visas pour les chré Les conditions d’obtention sont devenues draconiennes pour les familles des JEAN-MARIE GUÉNOIS £@jmguenois L’APPEL DU PAPE Dans son message pascal, le pape François a choisi, sans doute pour ne pas jeter de l’huile sur le feu, de ne pas évoquer explicitement la situation des chrétiens opprimés de Terre sainte par les réseaux de Daech. Un cri que François a poussé vendredi soir, lors du chemin de croix au Colisée de Rome. Sa méditation du vendredi saint restera ainsi comme un texte fort du pontificat. Chaque phrase commençait par ces mots : « Ô Croix du Christ ». Sans nommer les chrétiens persécutés, il les a évoqués implicitement à deux reprises : « Ô Croix du Christ, nous te voyons encore aujourd’hui dressée en nos sœurs et nos frères tués, brûlés vifs, égorgés et décapités avec des épées barbares et dans le silence lâche. » Puis : « Ô Croix du Christ, nous te voyons encore aujourd’hui dans les fondamentalismes et dans le terrorisme des adeptes de certaines religions qui profanent le nom de Dieu et l’utilisent pour justifier leurs violences inouïes. » En revanche, dimanche, lors du message urbi et orbi, à la loggia de la basilique Saint-Pierre, François a surtout insisté sur « la Syrie bien aimée », un « pays déchiqueté par un long conflit, avec son triste cortège de destructions, de mort, de mépris du droit humanitaire et de décomposition de la cohabitation civile ». Il a alors « confié à la puissance du Seigneur ressuscité les discussions en cours » pour que des « fruits de paix » arrivent en vue d’une « société fraternelle, respectueuse de la dignité et des droits de tout citoyen ». Il a ensuite énuméré une longue série de crises internationales, dont l’Irak, le Yémen et la Libye, et les attentats récents - une « forme aveugle et atroce de violence ». Sans oublier la « file toujours plus nombreuse de migrants et de réfugiés fuyant la guerre, la faim, la pauvreté et l’injustice sociale. » « Ces frères et sœurs rencontrent trop souvent (..) un refus de ceux qui pourraient leur offrir un accueil et de l’aide », a-t-il asséné. J.-M. G. 3 250 Irakiens A ont été accueillis depuis septembre 2014 en France LES FAMILLES des minorités religieuses d’Irak - chrétiennes ou yazidies - qui souhaitent venir en France ne le peuvent plus, faute de visas, qu’elles n’obtiennent qu’au compte-gouttes, contrairement aux engagements pris par la France. D’où l’appel collectif, lancé le 18 mars, par l’Assemblée des évêques de France, réunie à Lourdes : « Nous manifestons notre vive inquiétude face aux lenteurs et aux difficultés d’obtention de visas pour la France pour les réfugiés et les déplacés à Erbil en Irak. Aux autorités publiques françaises et internationales, nous demandons de ne pas relâcher leurs efforts pour aider les minorités vulnérables, comme les yazidis et les chrétiens. » Renouvelant à cette occasion leur solidarité avec « les familles brisés, les enfants déscolarisés », en particulier avec les « chrétiens chassés de Mossoul et de la plaine de Ninive en Irak », les évêques ont également annoncé un voyage prochain « au Kurdistan » de Mgr Pontier, président de la conférence épiscopale « pour signifier concrètement le soutien de l’Église de France à nos frères d’Orient ». Si 3 250 Irakiens - originaires de toutes les minorités religieuses - ont en effet été accueillis depuis septembre 2014 en France, le flux s’est fortement tari ces derniers mois. Un chiffre circule dans les associations : entre janvier-février 2015 et janvier-février 2016, le nombre de visas accordés par la France serait passé de 300 à 84. Soit une chute du flux de 72 %, alors que la demande, côté irakien, continue de croître. Plusieurs raisons peuvent expliquer ce frein : le consulat général de Badgad et celui d’Erbil au Kurdistan irakien connaissent un engorgement administratif. Autre explication : « Pour des raisons politiques, les autorités de l’État n’ont pas actuellement envie d’ouvrir les frontières », explique Jean Fontanieu, secrétaire général de la Fédération d’entraide protestante de France. Ce responsable des œuvres sociales et caritatives protestantes estime que « plusieurs centaines de demandes de visas en provenance d’Irak sont en attente et n’aboutissent pas ». Une situation d’autant plus regrettable à ses yeux que « des centaines de logements les attendent ». Ils sont proposés par des personnes privées, dont certains sont allés jusqu’à « louer des appartements pour les proposer à des réfugiés ». Le « compte-gouttes » des admissions est confirmé par Patrick Karam, fondateur de la Coordination Chrétiens “ Pour des raisons politiques, les autorités de l’État n’ont pas actuellement envie d’ouvrir les frontières ” JEAN FONTANIEU, SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DE LA FÉDÉRATION D’ENTRAIDE PROTESTANTE DE FRANCE d’Orient en danger (Chredo). Même s’il reconnaît que « l’intégration des chrétiens d’orient reste compliquée » pour des raisons essentiellement culturelles, il L’inexorable exode des chrétiens d’Orient 250 km Mer Noire Mer 80 M er Caspien n e TURQUIE* Ég ée 2 040 850 Erbil 1 750 1 500 M er M éd i ter ra née Kurdistan autonome irakien SYRIE LIBAN IRAK 680 210 710 400 à 600 ISRAËL ET PALESTINE Jérusalem SINAÏ 400 350 IRAN 250 à 770 135 JORDANIE G olfe Persiqu e Tor ÉGYPTE* ÉVOLUTION DE LA POPULATION CHRÉTIENNE AU PROCHE-ORIENT, 8 000 à 10 000 Mer estimations en milliers 2015 2008-2009 *absence d’évolution significative CORRESPONDANT À JÉRUSALEM LES PRINCIPALES Églises chrétiennes de Terre sainte, souvent moquées pour leur incapacité à s’entendre, semblent avoir décidé de faire mentir cette réputation. Réunies début mars à Athènes pour évoquer l’état de délabrement avancé du tombeau du Christ, elles sont tombées d’accord pour en autoriser la restauration immédiate. L’édicule de marbre aménagé au cœur de la basilique du Saint-Sépulcre, à Jérusalem, présente en effet d’inquiétants signes de fragilité. Les travaux, qui débuteront aussitôt après les célébrations de Pâques et devraient s’achever huit mois plus tard, seront cofinancés par les Églises grecques orthodoxes, latine et arménienne apostolique, ainsi que par le gouvernement d’Athènes et un certain nombre de donateurs privés. Selon la Custodie franciscaine de Terre sainte, qui a dévoilé le détail du projet, la décision d’agir a été prise sur la base de travaux réalisés il y a peu par une équipe de scientifiques grecs. Ceux-ci démontrent que les défauts structurels de l’édifice, connus de longue date, sont inexorablement accentués par l’afflux continu des touristes et des pèlerins. La condensation de leur souffle érode le mortier qui scelle entre elles les plaques de marbre nacré, dont la surface est en outre soumise à rude épreuve par la chaleur et les fumées venant de la combustion quasi permanente de cierges. Les responsables du chantier prévoient de démonter l’édicule pour renforcer sa structure et nettoyer chaque pièce, avant de la reconstruire à l’identique, en ne remplaçant que les éléments jugés trop fragiles. Estimation haute De 2 à 10 % De 0 à 1 % Sources : Œuvre d’Orient (2015), Pew research center (2012) et M. Izady, Gulf/2000 Project - Columbia University (2008-2009) La restauration du tombeau du Christ va commencer CYRILLE LOUIS £[email protected] estimations 2012 en % Environ 40 % Rou ge Infographie PART DANS LA POPULATION TOTALE DU PAYS, La structure, assemblée en 1809 après qu’un incendie eut endommagé la basilique, s’élève sur l’emplacement présumé de la sépulture du Christ. Sa chambre funéraire, selon les Évangiles, se trouvait dans une carrière désaffectée jadis située à la lisière de Jérusalem. Ensevelie en l’an 135 sur ordre de l’empereur Hadrien, elle fut exhumée vers 324 à l’initiative de Constantin. La roche entourant cette cavité fut alors arasée pour permettre l’édification d’une première chapelle revêtue de marbre et coiffée d’un toit doré. L’édifice fut presque entièrement détruit en 1009 par le calife al-Hakim, puis remplacé par une construction romane dont la structure, usée par les siècles, dut être rénovée en profondeur en 1555. Un dialogue souvent laborieux L’actuel édicule, situé sous la rotonde du Saint-Sépulcre, est donc le quatrième monument construit pour commémorer la mort du Christ et sa résurrection. Des analyses conduites par les ingénieurs du mandat britannique après l’important tremblement de terre de 1929 révélèrent sa fragilité. De hautes poutrelles d’acier furent alors disposées sur ses flancs afin d’en éviter l’effondrement. Mais l’incapacité des trois Églises qui assument la cogestion du Saint-Sépulcre à se mettre d’accord empêcha longtemps la conduite de travaux plus substantiels. Un firman émis en 1852 par le sultan de Constantinople prévoit en effet qu’aucune rénovation des « parties communes » ne peut intervenir sans avoir été réuni l’approbation des Grecs orthodoxes, des Latins et des Arméniens. Un consensus qui, après 90 ans d’un dialogue souvent laborieux, vient miraculeusement d’être réuni. ■ Les nombreuses renaissances SAMUEL FOREY £@SamForey EL-TOR (SINAÏ) LE MONASTÈRE Saint-Georges émerge seul au milieu des ruines comme un arbre épargné par une tempête. Les vents puissants de la mer Rouge, qui soufflent sans presque jamais faiblir, cinglent le monastère de rafales d’eau et de sable, millions de gifles qui effritent sa frêle enceinte. La mer, qui le borde, l’assaille par en dessous, sape les fondations, délite les murs, fait fondre la peinture. Le monastère Saint-Georges souffre de la chaleur moite, comme quelqu’un ne parvenant pas à s’adapter au climat. Une messe se tient, ce vendredi matin. Une vingtaine de fidèles devant des chaises en plastique. L’iconostase est protégée par une bâche. L’église est en train d’être refaite. Les phrases rebondissent d’une personne à l’autre, d’une langue à l’autre, en grec et en arabe. Kyrie eleison et alléluia résonnent en chœur. La litanie résonne dans le monastère comme une goutte d’eau perle dans une grotte immense : imperceptible, on n’entend pourtant qu’elle. Le père Arsenios célèbre la messe. Il a les joues rondes et les coups de colère tonnants d’un curé de campagne. Il symbolise quelque chose d’une Égypte passée. Il parle le grec de sa famille, l’arabe de son pays, le français de son école, l’anglais des échanges. C’est l’higoumène – le supérieur – de Saint-Georges. Il se souvient de sa première nuit au monastère. Il avait 16 ans. C’était en 1979 : « C’était une nuit brûlante. Le canapé était poussiéreux et la chambre, pleine de rats. Le père Antonios, qui m’accompagnait, ronflait comme un moteur. » Israël venait d’évacuer la quasi-totalité du Sinaï, conformément aux ac- cords de Camp David, après douze ans d’occupation. Le monastère, sous l’occupation israélienne, avait été abandonné. Il a fallu reconstruire à nouveau. Ce n’était que l’une de ses nombreuses renaissances. Le monastère se trouve au bord d’une baie accueillante comme des bras ouverts. Un port naturel parfait. Les chrétiens le découvrirent lors des persécutions du IIIe siècle. Ils allaient trouver refuge dans les déserts de l’est de l’Égypte dans la Troisième Palestine – le nom, à l’époque, du Sinaï. À l’emplacement du monastère Saint-Georges, ils fondent la ville de Raithu. Les chrétiens se firent ermites, les ermites se firent moines. Ils inventent une tradition, créent un pèlerinage. Ils Le monastère Saint-Georges (à gauche) a été construit en 1876, dans l’ancienne ville de Raithu, au bord de la mer Rouge. VÉRONIQUE DE VIGUERIE LE FIGARO L'ÉVÉNEMENT é tiens d’Orient 3 minorités religieuses d’Irak accueillies en France. estime que « le gouvernement socialiste veille à ne pas se laisser déborder par son aile gauche, qui récuse toute priorité à leur donner et que la seule mention de chrétiens révulse ». Et dénonce ce risque : « Les critères dissuasifs poussent désormais la majorité des candidats à l’exil dans les bras des filières clandestines et mafieuses qui prospèrent sur leur malheur. » La procédure administrative qui avait été choisie pour filtrer les demandes de visa après les annonces de la fin de l’été 2014 de Bernard Cazeneuve, ministre de l’Intérieur, et de Laurent Fabius, alors ministre des Affaires étrangères, étaient effectivement très restrictives. Les demandeurs issus des minorités religieuses devaient commencer par un « visa pour asile », pour ensuite obtenir un statut de réfugié une fois en France. Mais cette procédure posait trois condi- tions draconiennes : que la famille en question soit en situation de vulnérabilité, qu’elle prouve un lien avec la France, qu’elle fasse également la preuve qu’elle dispose d’un logement à son arrivée. Trois conditions qui ne semblent pas exigées pour d’autres situations de demandes d’asile en France, assure une source bien informée. Alerté de cette contradiction entre la générosité des annonces de la France et la réalité par les sénateurs, en octobre 2015, Bernard Cazeneuve s’était engagé devant eux à régler cette question. Mais « rien n’a bougé », notent les associations, qui viennent une nouvelle fois de le constater lors d’une récente réunion au ministère des Affaires étrangères. D’où l’appel et la pression des évêques catholiques, bien informés du dossier. Interrogé sur cette situation par Le Figaro, le ministère de l’Intérieur répond qu’à côté des « 3 250 visas d’asile » pour les minorités religieuses d’Irak, « des chrétiens d’Orient figurent parmi les 6 000 visas d’asile accordés à des réfugiés syriens, même s’ils ne sont pas spécifiquement comptabilisés ». Le ministère de l’Intérieur ajoute qu’un préfet « spécialement chargé de la mission d’organiser l’accueil des chrétiens d’Orient en France » est à l’œuvre. Quant à « la hausse très sensible des demandes de visas, notamment auprès des consulats de Bagdad et d’Erbil » observée ces dernières semaines, le ministère de l’Intérieur assure qu’il est « parfaitement conscient de cette situation » et qu’il travaille actuellement avec le ministère des Affaires étrangères « pour trouver des solutions à cette saturation ». ■ Des déplacés chrétiens de Ninive assistent à une messe de Pâques dans l’église Mar Oda, à Ankawa, près d’Erbil, en Irak. ÉMILIENNE MALFATTO POUR LE FIGARO Un repas pascal à Erbil entre joie et amertume EMILIENNE MALFATTO £@emalfatto ERBIL (KURDISTAN IRAKIEN) Une famille chrétienne de Qaraqosh, dans le Nord de l’Irak, arrive en France en septembre 2014. OLIVIER JOBARD / M.Y.O.P du monastère Saint-Georges, dans le Sinaï Sud construisent des monastères, accueillent les premiers pèlerins d’un voyage vanté par les plus grands religieux, comme saint Jean Damascène. Au VIe siècle, l’empereur Justinien fait construire un fort au pied du mont Sinaï. C’est Sainte-Catherine. C’est l’âge d’or de l’endroit. Le vin et l’huile d’olive du Sinaï sont servis à des tablées de centaines de pèlerins, qui en retour font de généreux dons au monastère. Le tourisme de masse n’est pas une chose nouvelle, dans le Sinaï. Les Arabes conquièrent la province en 630. De province romaine, le Sinaï devient province omeyyade. Mais les pèlerins, inquiets, se font plus rares. Au VIIIe siècle, les implantations chrétiennes y sont limitées au « fort » – per- sonne n’appelle alors autrement le monastère de Sainte-Catherine – et à ses alentours. Imprenable, il continue de protéger, colosse minéral, le fragile buisson-ardent, légende végétale. Un quotidien difficile Raithu, la ville au bord de la mer, était plus vulnérable. Pillé au IVe siècle par des tribus païennes de Nubie, brûlé au XIe siècle par des bandits, détruit par les mamelouks, l’endroit est sans cesse reconstruit, avant de renaître, véritablement, au XIXe siècle. Un moine grec, Grigorios, construit le monastère Saint-Georges en 1876. Devenu russophile après un séjour à Moscou, ce qu’il fait bâtir ressemble à une vieille demeure de la bourgeoisie russe. Le mo- nastère est grand. Le port Raithu, rebaptisé El-Tor, est une étape pour les pèlerins chrétiens, notamment russes, qui reviennent en masse à Sainte-Catherine, et les pèlerins musulmans, en route vers La Mecque. Une famille russe offre une iconostase de Saint-Pétersbourg pour l’église du monastère. On y confectionne, encore aujourd’hui, des robes et des chasubles pour les moines. Une communauté grecque nombreuse habite à El-Tor. De belles maisons se bâtissent en bord de mer. Mais cette communauté part lors la guerre des Six-Jours de 1967 – pour ne plus jamais revenir. Quand le père Arsenios devient l’higoumène du monastère, en 1992, il n’y avait ni eau, ni électricité, ni jardin, ni arbres. « Il a fallu tout reconstruire, tout installer. Nous pouvons à nouveau accueillir des pèlerins », sourit le moine. Mais ceux-ci se font rares. Le Sinaï traverse une nouvelle crise. Depuis trois ans, les djihadistes de l’État islamique combattent l’armée égyptienne dans le nord-est de la péninsule. « Ils ne pourront pas descendre jusqu’ici », dit Petros, un fidèle venu assister à la messe. Il fait partie de la quinzaine de familles grecques-égyptiennes venues se réinstaller à El-Tor après l’occupation israélienne. « Mais le quotidien devient de plus en plus difficile. On ne peut plus circuler normalement. On se sent coupés du monde. Je ne sais pas combien de temps on va pouvoir rester encore. » La messe se termine. Les fidèles sortent, sous le croassement des corbeaux. Quand ces oiseaux sont-ils arrivés à El-Tor ? Le père Arsenios les a toujours connus. Tor est un port sans mouettes ni goélands. Seuls les corbeaux survolent le monastère, ombres dans un ciel sans nuage. ■ IL FAUT BIEN faire comme si. Le regard de Douraïd Suleiman Aziz reste sombre. « C’est Pâques, alors il faut bien faire comme si on était heureux. Mais à l’intérieur, que voulez-vous, j’ai tout perdu, comment pourrais-je être joyeux ? » Après bientôt deux ans d’exil, depuis qu’il a dû quitter Mossoul où il était un sculpteur reconnu, l’amertume de Douraïd semble à son comble en ce week-end pascal dans une banlieue poussiéreuse d’Erbil, capitale du Kurdistan irakien. À la sortie d’Ankawa, faubourg chrétien de la ville, des dizaines de personnes sont rassemblées dans un grand bâtiment en construction. Une église de fortune, parpaings et piliers de béton nu. Des soldats kurdes, kalachnikov à l’épaule, sont postés près de l’entrée. Le bâtiment, baptisé « Mar Oda hall », a longtemps servi d’abri aux familles chrétiennes déplacées par l’avancée de Daech. Depuis quelques mois, on y célèbre des messes. Les déplacés, eux, habitent maintenant en majorité dans le camp voisin, « Ashti 2 ». Quelques-uns ont les moyens de louer un appartement - mais, pour la plupart, les conditions de vie restent dramatiques. Les chrétiens, qui étaient un million en Irak au moment de la première guerre du Golfe, en 1991, ne seraient plus aujourd’hui que 400 000. Et, sur toutes les lèvres, se forme le même désir : quitter le pays. C’est notamment le souhait de Liwa Haddo. Mais ce photographe de 45 ans a, lui, le sourire et le rire facile. « On vient de Mossoul, de chez Daech », raille-t-il. Il préfère célébrer Pâques ici, dans cette église qui n’en est pas vraiment une, que dans les conditions « d’avant ». Car Mossoul, ville gangrenée depuis des années par la violence, n’avait pas attendu Daech pour être dangereuse. « On habitait dans le centre de la ville, et on n’osait pas sortir pour aller à la messe, explique-t-il en caressant les têtes de ses deux fillettes, Elizabeth et Eline, accrochées à ses jambes. Il y avait trop de violence, on ne se sentait pas libres. Alors, même si on est déplacés, c’est mieux d’être ici. » À Ankawa, Pâques se fête ouvertement, et en masse. Pour le vendredi saint, les nombreuses églises du quartier sont restées ouvertes une bonne partie de la nuit, les fidèles défilant devant un cercueil où reposait une statue de Jésus. Samedi, les lieux de culte étaient complets pour la messe du soir, de 21 heures à minuit. À Mar Youssif, principale église chaldéenne (catholique) d’Ankawa, des centaines de personnes étaient rassemblées dans la nef, et des retransmissions en direct avaient lieu dans des annexes du bâtiment. Fawzi, son épouse Ghanima et leurs fils Fadi et Fanar avaient réussi à s’y ménager une place. Tous sur leur trente-et-un, talons hauts, costume cravate. À minuit, quand la messe - célébrée en araméen - a pris fin, ils ont embrassé famille et amis en se souhaitant « joyeuses Pâques » : « brikheïdekh » en araméen. « J’ai été surpris qu’il n’y ait pas de contrôle de sécurité pour rentrer dans l’église », note Fawzi le lendemain, dimanche de Pâques, au déjeuner. « Si quelqu’un avait voulu faire un attentat, il y aurait eu beaucoup de victimes ». Chez les chrétiens d’Ankawa, l’idée d’une menace, même fantasmée, n’est jamais loin… Malgré les plaisanteries, le patcha - plat traditionnel pascal à base de tripes - et la bouteille de bière qui circule à la ronde, il y a quelque chose de pesant autour de la table. « Ici, quand un problème finit, un autre surgit, lâche soudain Fadi, 26 ans. Il n’y a que ça : des problèmes. Alors quel futur puis-je avoir ici ? » La famille, établie à Erbil depuis plus de 40 ans, ne fait pourtant pas partie des déplacés. Mais même ainsi, les inquiétudes ne manquent pas, et les envies d’exil non plus. Parmi les préoccupations évoquées, après Daech arrive la crise économique. Le Kurdistan irakien, qui connaissait depuis le milieu des années 2000 une croissance à deux chiffres, a plongé depuis 2014 en raison du coût de la guerre, de la chute des cours du pétrole et des bisbilles avec Bagdad, qui ne verse plus à Erbil les 17 % du budget fédéral alloués par la Constitution. La région est au bord de la faillite et les fonctionnaires n’ont “ Il y avait trop de violence, on ne se sentait pas libres. Alors, même si on est déplacés, c’est mieux d’être ici ” LIWA HADDO, RÉFUGIÉ CHRÉTIEN À ANKAWA pas reçu de salaire depuis plus de cinq mois. Un sujet qui revient fréquemment autour de la table du déjeuner. Ghanima, qui travaille comme infirmière dans un hôpital public, n’est pas payée depuis octobre. La visite d’un oncle allège l’ambiance. Ghanima distribue aux visiteurs des œufs peints de toutes les couleurs. Parents et amis se succéderont dans l’aprèsmidi, une fois que la pluie aura cessé. Une drôle d’ambiance, à la fois joyeuse et pesante, pleine d’inquiétude. À voix basse, certains avouent regretter le temps de Saddam Hussein, où « tout marchait mieux ». Ils évoquent leurs craintes quant à l’avenir politique de la région : « Massoud Barzani (le président du Kurdistan, NDLR) protège les chrétiens, mais il va devoir quitter son poste », explique Fawzi, le regard inquiet. « Et Dieu sait ce qu’il adviendra de nous. » Rien de bon, répondent, quasi unanimement, les autres. Y compris Hanna, la sœur de Fawzi, qui lit l’avenir dans le marc de café. Mais elle n’a pas besoin d’une tasse pour répondre à cette question. ■ Visite de députés français à Damas Cinq députés LR se sont rendus en Syrie pour le week-end de Pâques, « en solidarité avec les chrétiens d’Orient », selon la présentation qu’en a faite Thierry Mariani, l’initiateur de ce voyage désapprouvé par les autorités françaises, hostiles au régime de Bachar el-Assad. La messe de Pâques sera un « temps fort », a expliqué le député des Français de l’étranger. L’objectif politique de ce voyage est toutefois apparu après la rencontre entre les députés français et le président syrien, Bachar el-Assad. En novembre, déjà, Thierry Mariani s’était rendu avec quatre députés à Damas pour voir Bachar el-Assad. Ce week-end, l’association SOS Chrétiens d’Orient participait à la visite organisée par le député. (AFP) A A lundi 28 mars 2016 lundi 28 mars 2016 LE FIGARO 4 POLITIQUE Quand les politiques visent les chasseurs Les candidats de droite et de gauche cherchent à séduire les 2,5 millions d’adeptes de la chasse et de la pêche en vue de 2017. SOPHIE HUET £@sohuet1 NATURE Les chasseurs sont à l’affût. À treize mois de l’élection présidentielle, ils veillent à ce que leurs intérêts soient défendus, en multipliant les rencontres avec tous les dirigeants, de gauche comme de droite. En accordant en octobre 2015 une interview très remarquée au Chasseur français, François Hollande s’est posé en défenseur de la ruralité, soulignant avoir « beaucoup de considération pour ceux qui défendent la nature » dont « les chasseurs font d’ailleurs partie ». C’est la première fois qu’un président de la République accordait un entretien à ce mensuel. Poursuivant sur cette lancée, François Hollande a reçu le 25 novembre 2015 à l’Élysée Bernard Baudin, le président de la Fédération nationale des chasseurs (FNC), et Claude Roustan, son homologue de la pêche en France, pour évoquer certains dossiers. Le chef de l’État a notamment arbitré en faveur des chasseurs, afin que la redevance payée par ces derniers (de l’ordre de 70 millions d’euros) continue à alimenter le budget de l’Office national de la chasse (ONC) au lieu d’aller dans les caisses de l’Agence de la biodiversité, créée par le projet de loi en cours d’examen au Parlement. « Les engagements pris par le président de la République ont été tenus », s’est d’ailleurs félicité le 15 mars dernier Jean-Michel Baylet, le ministre de la Ruralité, qui était l’invité d’honneur de l’assemblée générale de la Fédération nationale de la chasse, à Paris. Baylet a tenu à souligner que « les chasseurs participent pleinement à la vie locale et contribuent au dynamisme de nos territoires ». Des propos destinés à attirer, en vue de 2017, les 1,1 million de chasseurs (3 millions de personnes avec leurs familles) et 1,4 million de pêcheurs. Plus discrètement, la ministre de l’Écologie, Ségolène Royal, a donné en début d’année la consigne de laisser la chasse aux oies (dont la fermeture était prévue le 31 janvier) se poursuivre dix jours de plus, jusqu’au 10 février, dans les trente départements concernés, pour ne pas provoquer la colère des chasseurs. Alain Juppé, lors d’un déplacement de campagne, le 16 mars, dans le Calvados. Lors de l’examen de la loi biodiversité à l’Assemblée, entre le 15 et le 18 mars, le lobby des chasseurs (220 députés et sénateurs), représenté par Philippe Plisson (PS, Gironde), le président du groupe chasse à l’Assemblée, et David Douillet, le député les Républicains des Yvelines, vice-président du groupe, s’est déchaîné. Thierry Coste, le conseiller politique de la FNC, a obtenu « le rejet de tous les amen- Dans certaines régions, les représentants du monde cynégétique occupent des places de choix dements antichasse et la reconnaissance d’une filière chasse autonome », avec le soutien inattendu du député ex-EELV des Bouches-du-Rhône, François-Michel Lambert. La rapporteure PS du texte, Geneviève Gaillard (PS, Deux-Sèvres), a souvent été mise en minorité par des alliances gauche-droite qui n’ont cours que sur ce type de sujet au Parlement. CHARLY TRIBALLEAU/AFP Nicolas Sarkozy, qui s’était engagé à ce que des représentants de la chasse figurent en position éligible sur les listes LR aux dernières régionales, est aussi en contact régulier avec Bernard Baudin. L’ex-chef de l’État rencontrera à nouveau le président de la FNC le 6 avril, en présence de Thierry Coste, pour faire le bilan des régionales. Car dans certaines régions, les représentants du monde cynégétique occupent des places de choix. C’est le cas de Guy Harlé d’Ophove, le président de la fédération des chasseurs de l’Oise, qui préside, à la demande de Xavier Bertrand, la commission environnement des Hauts-de-France (NordPas-de-Calais-Picardie). « C’est du jamais vu et c’est un symbole fort, car le Nord-Pas-de-Calais est la seule région à avoir été dirigée par les Verts », insiste Coste. Parmi des candidats déclarés à la primaire, Alain Juppé a rencontré des représentants de la fédération départementale des chasseurs. François Fillon a aussi prévu un déplacement dans les prochains jours à Fort-Mahon (Somme) pour une rencontre avec le milieu cynégéti- que. Samedi, Bruno Le Maire se rendra au Salon de la chasse et de la faune sauvage de Rambouillet. La gauche a aussi fait avec succès des offres de service aux chasseurs. Alain Rousset, le président PS de la région Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes, a permis à Henri Sabarot, le président de la puissante fédération des chasseurs de Gironde, de redevenir conseiller régional. Et en Languedoc-Roussillon-MidiPyrénées, la même stratégie de séduction à l’égard des chasseurs a été développée. Ainsi l’ex-ministre PS Carole Delga a fait réélire dans l’Hérault Ferdinand Jaoul, vice-président sortant du conseil régional et délégué chasse pêche de la région. La présidente du FN, Marine Le Pen, et Marion Maréchal-Le Pen se sont aussi lancées dans une opération de séduction du monde rural. La députée FN du Vaucluse, qui a voté contre la loi sur la biodiversité, a écrit la semaine dernière sur son site que présenter les chasseurs « comme des ennemis de la nature est une erreur qui présente le risque de supprimer à terme toute forme de chasse ». ■ Les écologistes pro-Hollande en ordre dispersé JULIEN CHABROUT £@JulienChabrout VERTS Promis, ce n’est pas une énième formation politique écologiste, mais « un club de réflexion ». Le 9 avril, à Paris, le député EELV Denis Baupin et la ministre du Logement Emmanuelle Cosse lanceront « le club Refonder une écologie responsable » (CREER). Pour Denis Baupin, il s’agit de « mettre en débat la crise d’identité dans laquelle est aujourd’hui l’écologie ». « Nous voulons réfléchir à l’évolution de l’écologie », explique le député de Paris, souhaitant « une écologie qui prend plus de responsabilités et s’ouvre plus vers la société. (...) On veut expliciter cette démarche et la rendre visible. » Pour le moment, l’écologie politique dite « réformiste » compte quasiment autant de chapelles que de responsables. Il y a d’abord l’Union des démocrates et des écologistes. Lancée en octobre, après le départ de plusieurs dirigeants d’EELV, elle est présidée par le secrétaire d’État chargé de la Réforme de l’État et de la Simplification Jean-Vincent Placé. Cette formation s’est fixé pour objectif de fédérer les petits partis de gauche et du centre favorables à François Hollande dont le Front démocrate et Écologistes ! dirigé par le député de Loire-Atlantique François de Rugy. Avec son parti, ce dernier organisait samedi à Paris une réunion en présence des dirigeants écologistes pro-Hollande, notamment Cosse, Placé et Pompili. L’occasion pour Rugy de plaider « pour une écologie qui agit, pas qui gémit » lors de ces débats sur la place des écologistes dans la majorité. « Toutes ces formations, c’est illisible », reconnaît Baupin. Mais pour le député écologiste, « qui n’a pas encore été viré » d’EELV, sourit-il, « la démarche sera plus lisible si le CREER permet aux personnes qui pensent la même chose de se structurer ». Le club peut aussi avoir une autre utilité : fragiliser encore plus EELV, leur ex-formation. « Leur but est de récupérer des gens d’EELV, notamment des élus municipaux », déclare François de Rugy. « Clarification » Rugy veut néanmoins croire que l’entrée de trois écologistes au gouvernement, Placé, Cosse et Pompili, « est une étape supplémentaire importante dans la clarification ». Le président d’Écologistes ! veut aller vers ce qu’il appelle « un parti démocrate à la française ». Il précise : « Avant 2017, ça serait mieux, mais je suis conscient des inerties. » En attendant, le député entend contribuer à « structurer MIGUEL MEDINA/AFP Les écolos « réformistes » ont désormais chacun leur propre formation. Dernière en date : le club lancé par Emmanuelle Cosse et Denis Baupin. Emmanuelle Coste et Jean-Vincent Placé lors d’une réunion d’Écologistes !, samedi. et à affirmer davantage le pôle écologiste » réformateur. Pour cela, lui et les autres comptent sur le soutien de Cosse. La ministre du Logement, expulsée du parti dont elle était pourtant la secrétaire nationale jusqu’à son entrée au gouvernement, assistera au lancement de CREER, sans doute au côté de Corinne Lepage. « Cosse est au gouvernement donc elle ne va pas créer un parti. Elle fait les choses par étapes et elle essaye de fédérer des gens. Cela peut être utile », note François de Rugy. « À partir du moment où elle en- tre au gouvernement, ce club peut contribuer à davantage de lisibilité », estime Baupin, pour qui il est « utile de mieux expliquer les raisons qui nous amènent à nous dissocier d’EELV ». François de Rugy, lui, ne prédit pas un avenir glorieux à ses anciens camarades : « Je pense que l’histoire des Verts va ressembler à celle du PSU (Parti socialiste unifié, NDLR), une formation qui a pu avoir un succès d’estime au départ mais qui n’a pas pu s’inscrire dans la durée et qui ne pesait plus rien ensuite ». ■ Pour Julien Dray, la France a « un bon président » Invité du « Grand Jury », le conseiller régional socialiste d’Île-de-France a vanté les mérites de François Hollande et a indiqué qu’il allait « mettre toutes ses forces pour qu’il soit candidat » à la présidentielle. RTL/FRÉDÉRIC BUKAJLO/SIPA PRESS A JULIEN CHABROUT £@JulienChabrout Julien Dray, dimanche, dans le studio du « Grand Jury RTL-LCI-Le Figaro ». GAUCHE S’il devait ne rester qu’un hollandais, ce serait sans doute Julien Dray. Invité dimanche du « Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI », le conseiller régional PS d’Île-de-France a fermement soutenu le chef de l’État, dont il est un proche. « Ce président a tenu bon et a été à la hauteur des événements. La France a tenu dans des situations où elle aurait pu se déliter et se déchirer », a estimé Dray. Pour l’élu socialiste, Hollande « a protégé notre modèle social ». « C’est un bon président », a-t-il ajouté, avant de plaider pour que lce dernier se représente à la prochaine présidentielle. « Je vais mettre toutes mes forces pour qu’il soit candidat », a-t-il annoncé. Pour Julien Dray, une candidature de François Hollande en 2017 peut passer par une primaire, une bonne chose selon lui car « tout le monde va pouvoir s’expliquer ». « Oui à une primaire ouverte et large », a-t-il lancé, avant de mettre en garde : « Une fois le vote passé, tout le monde devra se ranger derrière le vainqueur. » Interrogé sur la loi travail, Dray se montre désormais satisfait après la présentation de la nouvelle version du texte. « C’est sur la deuxième mouture que je me retrouve, pas sur la première », a-t-il déclaré. Pour le conseiller régional d’Îlede-France, la première version « était déséquilibrée. Elle allait trop loin, mais nous avons créé les conditions d’un retour à l’équilibre. » Dray affirme même que si le projet de loi n’avait pas été modifié, « il aurait sans problème fait partie des mani- festants ». Alors qu’une partie de la jeunesse manifeste contre le projet de loi, Dray a déclaré « préférer que les jeunes se mobilisent plutôt qu’ils jouent à la PlayStation ». Lors de sa campagne de 2012, Hollande avait fait de la jeunesse la priorité de son quinquennat. Mais, regrette Dray, « dans la politique du gouvernement, la question de la jeunesse n’a pas eu la place centrale qu’elle aurait dû avoir ». « Faire attention aux formules » Le secrétaire national du PS chargé de l’alliance populaire a aussi pris ses distances avec les propos de Patrick Kanner. Dimanche matin, le ministre de la Ville, avait affirmé lors du « Grand RendezVous » qu’il y aurait en France « une centaine de quartiers qui présentent des similitudes avec Molenbeek ». Julien Dray, lui, dit « faire attention aux formules » et « n’aime pas que l’on stigmatise ». « Depuis vingt ans, il y a dans la société française une ghettoïsation urbaine. Cela donne lieu à une montée de la délinquance et à des noyaux islamistes », a toutefois expliqué l’ancien député de l’Essonne. Alors que certains élus locaux sont accusés de laxisme devant la radicalisation, Dray a estimé que « ceux qui ont le plus fermé les yeux dans les quartiers, ce ne sont pas les maires, ce sont plus les forces de police ». Pour Julien Dray, en effet, « le trafic des stupéfiants est devenu une industrie dans certains quartiers ». Face à cette situation, il réclame davantage de moyens sur le terrain. « Dans les quartiers, nous manquons de travailleurs sociaux, d’animateurs et de maisons de quartiers », a-t-il regretté. ■ LE FIGARO INTERNATIONAL lundi 28 mars 2016 5 60 km Assad reprend Palmyre à l’État islamique Daech (contrôle ou présence) TURQUIE Alep Raqqa Lattaquié SYRIE Palmyre Homs Appuyées par l’aviation russe, les forces syriennes et leurs milices alliées ont chassé l’État islamique de la ville antique. LIBAN Damas IRAK ADRIEN JAULMES £@AdrienJaulmes SYRIE Les forces gouvernementales syriennes ont chassé dimanche l’État islamique de Palmyre, la ville oasis du désert. Appuyés par l’aviation et les hélicoptères russes, l’armée syrienne et ses alliés du Hezbollah libanais, qui constituent dorénavant les troupes de choc du régime, se sont d’abord emparés des ruines de la ville antique, avant de marcher sur la Palmyre moderne, l’actuelle Tadmor. Les djihadistes se sont repliés vers l’est, en laissant derrière eux de nombreux engins piégés et mines. L’aviation russe menait hier des raids contre les combattants islamistes en fuite sur les routes de l’est de la ville. La base aérienne de Palmyre a aussi été reprise par le régime. D’après l’Observatoire syrien des droits de l’homme, les combattants de l’État islamique étaient toujours présents dimanche dans certains faubourgs à l’est de la ville, mais selon les sources militaires syriennes, l’armée et les milices alliées contrôlaient dimanche l’ensemble de l’agglomération de Palmyre. Le directeur de l’Observatoire, Rami Abdelrahman, a annoncé que l’État islamique avait perdu 400 combattants dans la bataille, contre environ 180 soldats pour le régime et ses alliés. Bachar el-Assad a salué la victoire de ses troupes et la reprise d’une ville qui JORDANIE avait été perdue par son armée en mai dernier. « La libération de la cité historique de Palmyre est un événement important et une nouvelle preuve du succès de la stratégie suivie par l’armée syrienne et ses alliés dans la guerre contre le terrorisme », a-t-il dit en recevant une délégation comprenant des parlementaires français. La chute de Palmyre est une importante victoire remportée par la coalition syrorusso-iranienne. Bachar el-Assad et Vladimir Poutine confortent ainsi symboliquement leur position de principal Infographie “ Palmyre sera la base à partir de laquelle s’étendront les opérations militaires contre l’État islamique ” UN COMMANDEMENT SYRIEN adversaire de l’État islamique et renforcent leur statut d’interlocuteurs incontournables pour toute solution négociée à la longue guerre syrienne. La reprise de l’ancienne capitale de la reine Zénobie par l’armée de Bachar et ses alliés est aussi un camouflet pour les Occidentaux, dont les frappes aériennes n’ont eu que des effets limités en comparaison avec l’intervention russe, coordonnée avec les forces terrestres du régime. Palmyre, ville mondialement célèbre Des soldats de l’armée syrienne circulent à bord d’un véhicule blindé, dimanche, dans la cité antique de Palmyre. STRINGER/AFP pour ses ruines antiques, ensemble de temples et de colonnades gréco-romaines, avait été conquise par les djihadistes de l’État islamique en mai 2015. Les islamistes ont dynamité plusieurs monuments, dont le temple de Bêl et de Baalshamin, et détruits de nombreuses statues et tombeaux. Le théâtre antique a été utilisé pour filmer des mises à mort de prisonniers. Mais Palmyre est aussi une importante position stratégique. La reprise de cette ville et de sa base aérienne ouvre ainsi à l’armée syrienne et à ses alliés la route du désert qui mène vers Deir ez- Zor et Raqqa, les deux bastions du califat transfrontalier d’al-Baghdadi en Syrie. « Palmyre sera la base à partir de laquelle s’étendront les opérations militaires contre l’État islamique sur plusieurs axes, notamment Deir ez-Zor et Raqqa », a annoncé le commandement syrien dans un communiqué diffusé par l’agence officielle Sana. Le but est de « resserrer l’étau autour de ces terroristes, de couper leurs lignes de ravitaillement et de reprendre les territoires sous leur contrôle pour mettre fin à leur existence » en Syrie, a-t-il ajouté. Pour l’État islamique, la chute de Pal- Sanders donne du fil à retordre à Clinton Ses victoires aux caucus démocrates de samedi soulignent les failles de la campagne de la favorite. LAURE MANDEVILLE £@lauremandeville CORRESPONDANTE À WASHINGTON ÉTATS-UNIS Ce samedi, Bernie Sanders a remporté d’éclatantes victoires dans les trois États d’Alaska, de Hawaï et de l’État de Washington, qui tenaient caucus pour les primaires démocrates. Les résultats encore partiels révèlent qu’il y a écrasé la favorite Hillary Clinton, avec des scores respectifs de 71 % contre 29 %, de 72,1 % contre 27,7 % et de 79,2 % contre 20,8 % ! « Les gens arrivent en traîneau à chiens, en surf et en sandales Birkenstock par milliers pour voter en faveur de Bernie », a tweeté pendant le scrutin le cinéaste Michael Moore qui soutient Sanders, tandis que les médias américains soulignaient la forte mobilisation des électeurs. Ces succès très spectaculaires, qui confirment l’avantage net du vieux sénateur du Vermont dans les terres blanches de l’Ouest et du Pacifique, illustrent à quel point le candidat Bernie myre est un revers symbolique d’envergure. Outre la perte d’une position qui lui assurait le contrôle du désert, l’organisation terroriste voit écorner sa réputation d’invincibilité, construite à grand renfort d’atrocités habilement médiatisées. La défaite de ses combattants pourrait avoir le même effet démultiplicateur, encourageant ses ennemis à resserrer leur étau. Le président russe, Vladimir Poutine, a félicité par téléphone Bachar el-Assad pour la reprise de la ville. Assad « a donné une haute appréciation à l’aide apportée par les forces aériennes russes et souligné que des progrès comme la libération de Palmyre n’auraient jamais été possibles sans le soutien de la Russie ». Poutine a poursuivi, en assurant une fois de plus que « malgré le retrait de la partie majeure du contingent russe de Syrie, les forces armées russes vont continuer d’aider les autorités syriennes dans la lutte contre le terrorisme et dans la libération de leur sol des groupes extrémistes ». Poutine s’est aussi entretenu par téléphone avec la directrice générale de l’Unesco, Irina Bokova, pour « l’informer que des représentants du contingent russe allaient participer au déminage de cette ville ancienne avec les militaires syriens », selon le porte-parole du Kremlin. ■ EN BREF Cameroun : une lycéenne de Chibok devient djihadiste Le Nigeria devrait envoyer une délégation à Yaoundé, sous réserve de l’aval des autorités camerounaises, pour interroger une jeune kamikaze, arrêtée vendredi, qui affirme être l’une des 276 lycéennes enlevées en avril 2014 à Chibok (nord-est du Nigeria) par les islamistes de Boko Haram. de Clinton sur le sujet et mettre en évison retard et qu’il est maintenant temps Sanders - version de gauche de la rébeldence les liens étroits de la candidate de penser à rassembler le camp démolion anti-élites qui souffle sur la campaavec le lobby pétrolier et gazier. « Ne crate pour se préparer à affronter Dogne 2016 - continue d’enthousiasmer la laissez personne vous faire croire que nald Trump. Le principal souci est acbase démocrate. Et ce, malgré l’écart Hillary Clinton est la candidate la plus tuellement d’éviter qu’une bataille creusé par la favorite Hillary Clinton en forte pour affronter les républicains », a sanglante pour l’État de New York ne nombre de délégués engrangés, grâce à lancé Sanders depuis l’État de Washingdécourage les « sanderistes » de voter l’appui des minorités noires et latinos ton, devant un meeting de 15 000 perpour Hillary en novembre. Les attaques dans le Sud. Dans l’État de Washington La Turquie intercepte des sonnes, un chiffre que sa rivale n’a jacontre Sanders devraient donc rester et l’Alaska, Bernie a raflé la totalité des migrants allant vers Lesbos mais réussi à atteindre… Le paradoxe de modérées. Manière de se poser déjà en comtés, avec des marges astronomila course présidentielle est que Sanders, gagnante, Clinton a d’ailleurs choisi de ques… « Les démocrates ont envoyé un Les garde-côtes turcs ont présenté comme « inéligiconcentrer ses tirs sur Trump, qui vient message à Hillary Clinton. Ce intercepté quelque 350 migrants, ble » par sa rivale, apparaît d’annoncer sa volonté de se désengager n’est pas fini », a noté le répartis sur cinq bateaux, qui en réalité susceptible de gade l’Otan et surfe sur les attentats de journal The Atlantic. tentaient dimanche de rallier l’île gner face à Trump avec une Bruxelles en appelant à torturer les terAprès la victoire de Sangrecque de Lesbos, a rapporté marge beaucoup plus grande roristes. « Ce que les candidats républiders samedi, Clinton a 1 243 l’agence de presse Dogan. que Clinton (20 points cains proposent n’est pas seulement maudélégués contre 975 à BerManifestations à Dublin contre 12 à ce stade). vais, c’est très dangereux », a déclaré nie, un avantage qui grimpe pour Hillary Clinton Embarrassée par les sucHillary, se posant dans un récent disà 1 713 contre 1 004 si on y Des milliers de militaires cours de politique étrangère en seule ajoute les superdélégués. contre 975 pour Bernie cès persistants de Sanders, la irlandais ont défilé dimanche Sanders après campagne de la favorite récandidate capable d’assumer les foncMenacé de marginalisation, à Dublin pour marquer le tions de « commandant en chef » de la Sanders espère toutefois ca- sa victoire de samedi plique que le sénateur n’a centenaire du soulèvement aucune chance de combler première puissance du monde. ■ pitaliser sur son nouvel élan, nationaliste de Pâques 1916. d’abord dans l’Ouest, pour tenter un coup gagnant dans le Wisconsin le 5 avril, puis dans l’État de New York, qui mettra en jeu 247 délégués le 19 avril. Ces derniers y seront attribués sur une base proportionnelle, mais une victoire lui permettrait de maintenir en vie l’infime espoir qui lui reste d’arracher la nomination, et donc de justifier la poursuite de sa campagne jusqu’à la primaire de Californie, en juin. Le pari apparaît presque impossible, vu l’implantation new-yorkaise de Clinton, qui y a été sénatrice et y dispose de nombreux relais. Elle reste actuellement en tête dans les sondages avec une avance de plus de 20 points… Mais Sanders, un enfant de Brooklyn qui a levé 43,5 millions de dollars au sein de la population et joue sa dernière carte dans l’affaire, a prévu de sillonner l’État de MAISON DE L’AMÉRIQUE LATINE, New York en long et en large. Il y re217 BOULEVARD SAINT-GERMAIN, prendra ses thèmes forts - la nécessité de mettre fin au diktat de Wall Street et 75007 PARIS COLLOQUE de changer les règles de financement des campagnes. Il prévoit aussi d’attaquer sa rivale sur le thème de la production de INSCRIPTION GRATUITE ET OBLIGATOIRE AVANT gaz de schiste, un sujet qui trouve un LE 31 MARS 2016 SUR WWW.FENL.EU large écho dans l’État de New York, où «La FENL est partiellement financée par le Parlement européen et a la seule son exploitation a été interdite. Sanders responsabilité de cet événement.» devrait y souligner l’extrême prudence 1 243 délégués La nécessaire Réforme yndicale de la Représentativité syndicale anisa et le Développement des Organisations Organisations professionnelles en France : l’exemple de l’Europe SAMEDI 2 AVRIL 2016 9H - 18H JASON REDMOND/AFP A > Bernie Sanders, en campagne, vendredi à Seattle, dans l’État de Washington. lundi 28 mars 2016 LE FIGARO 6 SOCIÉTÉ Attentats : les pièces du puzzle s’assemblent « Une centaine » de Molenbeek français Une centaine de quartiers français présenteraient des similitudes avec le quartier bruxellois de Molenbeek, a déclaré dimanche le ministre de la Ville, de la Jeunesse et des Sports, Patrick Kanner. Selon lui, « Molenbeek (…) c’est une concentration énorme de pauvreté et de chômage, c’est un système ultracommunautariste, c’est un système mafieux avec une économie souterraine, c’est un système où les services publics ont quasiment disparu, c’est un système où les élus ont baissé les bras », a-t-il précisé. « Je n’ai pas de leçons à donner à la Belgique. (…) Mais il y a une différence énorme aussi (…), nous prenons le taureau par les cornes dans ces quartiers », a assuré le ministre. Quatre complices présumés ont été placés en garde à vue dimanche. CHRISTIAN LEMENESTREL À BRUXELLES TERRORISME Le puzzle sur les attentats de Paris et de Bruxelles commence à prendre forme, mais de nombreuses pièces manquent encore. Les perquisitions se multiplient et le nombre des complices présumés arrêtés augmente. Quatre personnes ont été inculpées samedi et quatre autres ont été placées en garde à vue dimanche. Mais la police belge n’est toujours pas parvenue à appréhender Mohamed Abrini, l’ami d’enfance de Salah Abdeslam, impliqué dans la préparation des attentats de Paris. L’un des hommes placés en détention, identifié comme Fayçal Cheffou par le parquet, est soupçonné d’être l’homme au chapeau filmé mardi à l’aéroport de Zaventem en compagnie des deux kamikazes Najim Laachraoui et Ibrahim El Bakraoui. Il a été reconnu par le chauffeur du taxi qui a chargé le trio à Schaerbeek et l’a déposé devant le hall d’entrée. Fayçal Cheffou. a été inculpé de « participation aux activités d’un groupe terroriste ». La comparaison de son ADN avec les traces retrouvées sur le bagage contenant une énorme charge d’explosif abandonné à l’aéroport et celles laissées dans le véhicule permettront de déterminer son rôle. Si son implication était démontrée, il serait le second exécutant capturé vivant avec Salah Abdeslam, le survivant du commando de Paris. Les trois autres inculpés, identifiés par le parquet comme Abderamane A, Rabah N. et Aboubakar A., ont été appréhendés vendredi au cours d’opérations policières musclées. Abderamane A. et Rabah N. ont été interpellés à la suite de l’arrestation en France de Reda Kriket, un complice du chef opérationnel des attentats de Paris Abdelhamid Abaaoud, tué le 18 novembre lors de l’assaut contre sa cache à Saint-Denis, dans la banlieue nord de la capitale. Arrestation en Italie Les enquêteurs belges tentent également de démanteler le réseau de complicités dont les djihadistes ont bénéficié à Bruxelles et dans le reste du pays pour louer des caches, trouver les éléments utilisés pour la fabrication du TATP, le peroxyde d’acétone utilisé pour les ceintures explosives à Fayçal Cheffou (ici en 2014, sur une vidéo où il se présente comme journaliste) a été inculpé et placé en détention par la justice belge. Il est soupçonné d’être l’homme au chapeau filmé mardi à l’aéroport de Zaventem avec les deux kamikazes. AFP Paris et les bombes à Bruxelles, et s’armer de fusils d’assaut AK-47. Un mandat d’arrêt européen a permis à la police italienne d’interpeller un ressortissant algérien, Djamal Edine Ouali, 40 ans, à Salerne, dans le sud de l’Italie. Les autorités italiennes devraient le renvoyer en Belgique. L’homme est considéré comme un membre important d’un réseau de faussaires actif à Bruxelles. Il est soupçonné d’avoir fourni les faux papiers aux noms de Soufiane Kayal et Samir Bouzid, utilisés par Najim Laachraoui et l’Algérien Mohamed Belkaïd, les deux coordinateurs des attentats de Paris. L’ampleur des actions planifiées à Bruxelles n’a pas encore été déterminée. Certains enquêteurs jugent plausible un projet d’attentat similaire à celui de Paris, avec deux équipes. L’une composée de kamikazes, comme au Stade de France, l’autre chargée d’un raid dans des lieux publics. La mort de l’Algérien Mohamed Belkaïd, tué lors d’une perquisition fortuite de la maison où il se cachait, puis l’arrestation de Salah Abdeslam, auraient mis ce plan en échec, avec pour conséquence de précipiter le passage à l’action des kamikazes. Mais il ne s’agit pour le moment que de présomptions, insistent les enquêteurs cités par les médias belges. À Bruxelles, le niveau d’alerte a été réduit pour le week-end de Pâques, mais la menace demeure et les passions s’exacerbent. Une marche citoyenne prévue dimanche a été annulée pour des raisons de sécurité et la police a été contrainte d’utiliser des canons à eau pour disperser quelque 450 sympathisants des mouvements d’extrême droite venus manifester. ■ + Tibéhirine : 20 ans après, l’enquête patine Les sept moines français, qui vivaient au sud-ouest d’Alger, avaient été enlevés puis assassinés au plus fort du conflit algérien entre les islamistes et les militaires. d’une bavure de l’armée algérienne. C’est celle de l’ex-attaché de Défense à l’ambassade de France à Alger, selon qui les religieux auraient été tués par balles puis décapités pour faire croire à une exécution islamiste. MARIE-ESTELLE PECH [email protected] ALGÉRIE Dans la nuit du 26 au 27 mars 1996, sept moines français ont été enlevés dans leur monastère Notre-Dame de l’Atlas, à Tibéhirine, au sud-ouest d’Alger : les frères Christian, Luc, Michel, Christophe, Bruno, Paul et Célestin, âgés de 45 à 82 ans. Capturés par un commando du Groupe islamique armé (GIA) qui réclamait la libération de militants emprisonnés en Algérie, ils ont été conduits vers une destination inconnue. Deux mois plus tard, le 21 mai, le GIA affirmait les avoir égorgés. Les têtes des victimes étaient retrouvées peu après, vers Médéa, puis inhumées dans le jardin de leur monastère. Pour les habitants de ce coin perdu qui appelaient les sept moines trappistes « nos babbâs » (nos pères, NDLR), c’est la consternation. Le monastère était un lieu d’entraide, d’accueil pour tous, havre de paix en ces temps troublés de conflit entre islamistes et militaires algériens. Frère Luc, le doyen du monastère, fut le médecin de la population locale pendant cinquante ans. Les villageois utilisaient le potager du monastère et les religieux empruntaient le tracteur du village. La relation entre le village et le monastère était « symbiotique », comme l’a décrit John Kiser, le journaliste et historien américain dans Passion pour l’Algérie (Ed. Nouvelle Cité). Le film de Xavier Beauvois, Des hommes et des dieux, a renforcé ce souvenir. Les sept moines, qui avaient décidé de rester sur place malgré le sanglant conflit des « années noires », s’étaient donné pour mission de « chercher Dieu avec l’islam ». A Discréditer le maquis islamiste Depuis l’ouverture de l’enquête française, en 2004, les questions restent les mêmes. Quand sont-ils morts exactement ? Qui a orchestré l’assassinat des moines ? Un commando du groupe islamique armé (GIA) comme ces derniers l’avaient revendiqué, ou des « barbouzes » travaillant pour le gouvernement algérien ? Quel rôle a joué la France ? Seule certitude, l’enlèvement a bien été effectué par le GIA. Mais d’ex-militaires algériens ont depuis affirmé que des généraux auraient été impliqués dans l’affaire en infiltrant et manipu- La thèse d’une manipulation Sur cette photo non datée figurent six des sept moines trappistes enlevés à Tibéhirine dans la nuit du 26 au 27 mars 1996. AFP lant le maquis islamiste dans le but de le discréditer sur la scène internationale et d’inciter les moines à quitter l’Algérie. Selon la thèse officielle, ce sont au contraire les islamistes qui avaient intérêt à enlever les moines pour inciter les Français à prendre leurs distances avec le régime. Les conditions dans lesquelles ces cibles de choix ont été tuées restent aussi obscures. A été évoquée l’hypothèse Côté français, le parquet a tardé à ouvrir une enquête. La France n’a-t-elle pas temporisé, soucieuse de ses bonnes relations avec les services secrets algériens ? La justice française qui a obtenu qu’une autopsie soit pratiquée en 2014, n’a toujours pas pu rapporter et analyser les échantillons. La thèse d’une manipulation visant à masquer les causes de leur mort a pris d’autant plus d’ampleur. En Algérie, il est désormais question d’honorer la mémoire de ces êtres exceptionnels. Un paradoxe de plus dans cette affaire qui empoisonne les relations franco-algériennes. Avec une incompréhension de part et d’autre. Car les « années noires », de 1991 à 2002, restent avant tout pour les Algériens celle de leurs dizaines de milliers de morts. ■ » Lire aussi la chronique de Nicolas Baverez PAGE 17 « Sans la liberté de blâmer, il n’est point d’éloge flatteur » Beaumarchais EN BREF Des écologistes assignent le Marineland d’Antibes L’association écologiste Sea Shepherd a dénoncé dimanche la réouverture du Marineland d’Antibes, et annoncé avoir assigné le plus grand parc d’attractions marin d’Europe pour « maltraitance animale » et « pollution ». L’assignation vise les conditions dans lesquelles les animaux vivent ainsi que la façon dont le parc a géré les dommages consécutifs aux inondations d’octobre. Interpellations de migrants dans les Alpes-Maritimes Une trentaine de migrants ont été interpellés, vendredi et ce week-end, par la compagnie de gendarmerie de Menton. La plupart, d’origine érythréenne, ont été interceptés dans la vallée de la Roya. Calais : huit No Borders en garde à vue Huit militants No Borders ont été interpellés et placés en garde à vue dimanche après avoir squatté durant quelques heures un bâtiment situé dans le centreville de Calais. « Les familles voient aujourd’hui leur douleur ravivée » Me Patrick Baudouin, l’avocat des parties civiles, se désole de l’enlisement de l’enquête. La thèse « d’une manipulation des autorités algériennes s’accentue au détriment de celle des islamistes » Me PATRICK BAUDOUIN LE FIGARO. - Vingt ans après les faits, où en est l’enquête? Me Patrick BAUDOUIN. - On est complètement bloqués. Nos espoirs récents ont vite été douchés. En octobre 2014, une mission emmenée par les juges français Marc Trévidic et Nathalie Poux avait pu se rendre à Tibéhirine. Une exhumation des têtes des moines et divers prélèvements ont été effectués. Mais, malgré nos demandes réitérées, ces échantillons capitaux n’ont toujours pas été envoyés en France. Rien ne justifie qu’un an et demi après l’autopsie, nous n’ayons pas reçu les échantillons qui permettraient de donner la date de leur mort ! Pourquoi l’Algérie multiplie-t-elle les entraves ? De toute évidence, cela gêne le gouvernement algérien. Pour nous, c’est une forme de reconnaissance de culpabilité. En 2015, grâce aux constats visuels, photos et radios, des experts ont néanmoins éclairé certains aspects : les moines ont été tués près d’un mois avant le 21 mai, la date avancée par le Groupe islamique armé. Ils concluent par ailleurs à une décapitation post-mortem. Si c’est confirmé par les échantillons, cela ne dit pas qui a tué, mais cela met en difficulté la version officielle. La thèse d’une manipulation des autorités algériennes s’accentue au détriment de celle des islamistes. Comment réagissent aujourd’hui les familles des victimes? Elles voient leur douleur ravivée. Elles qui ont donné leur ADN, autorisé une exhumation, sont ébranlées. Elles sont outrées qu’on prive les experts français de la possibilité d’aller jusqu’au bout de leurs analyses. Car des preuves existent, on peut avoir une certitude sur la date de la mort. Elles ont le sentiment que l’Algérie méprise aujourd’hui la mémoire des moines. Il y a un mépris vis-à-vis des familles, de la justice, de la France. La justice française est-elle active sur ce dossier? Le précédent juge, Marc Trévidic, était très investi. La juge actuelle, Nathalie Poux, discrète, peu communicante, n’a pas abandonné. Mais ce n’est pas évident : en tant que juge anti- terroriste, elle travaille parallèlement sur des dossiers brûlants récents, comme les attentats parisiens de janvier et novembre 2015. Elle nous a assuré qu’elle progresserait. Elle a obtenu des avancées. En décembre 2015, les autorités algériennes nous ont assurés de leur bonne volonté. Huit procès-verbaux d’auditions ont bien été reçus en janvier 2016 par la juge et sont en cours de traduction. Mais ils sont d’un intérêt mineur. C’est de la poudre aux yeux. Le gardien du monastère a ainsi été interrogé pour la énième fois. Et la plupart des personnalités que le juge Marc Trévidic voulait interroger ne l’ont toujours pas été par la justice algérienne. ■ PROPOS RECUEILLIS PAR M.-E. P. LE FIGARO SCIENCES lundi 28 mars 2016 7 Autisme : l’incroyable retard français L’état des lieux de la prise en charge de ces troubles est accablant pour la France. DAMIEN MASCRET £@dmascret PSYCHIATRIE Au premier regard, on se dit que la prise en charge de l’autisme n’est pas si mauvaise en France. Après tout, il y eut un rapport de l’Inserm, des recommandations de bonnes pratiques en 2012, et même un troisième « plan autisme », lancé en 2013. L’enquête menée ces deux dernières années par Florent Chapel, porte-parole du Collectif autisme, avec l’anthropologue Sophie Le Callenec, montre que l’on est loin du compte. Intitulé Autisme, la grande enquête, le livre aurait peut-être dû s’appeler « Les Sacrifiés de la République », tant le tableau brossé par les auteurs est accablant. « D’abord il y a le problème du diagnostic , explique au Figaro Florent Chapel. Certains parents doivent attendre cinq ou dix ans pour avoir un diagnostic, donc une prise en charge adaptée. » Car s’agissant d’un trouble où les interactions sociales sont perturbées, il y a bien nécessité d’une prise en charge précoce et intensive. Sinon, c’est la régression ! Heureusement, des centres experts, comme ceux du réseau Fondamental mis en place par le Pr Marion Leboyer, ont ouvert la voie à une psychiatrie basée sur la science. À la veille de la Journée mondiale de l’autisme le 2 avril, Ségolène Neuville vat-elle rompre avec des années d’approximations dans la prise en charge des autistes en France ? La secrétaire d’État chargée des personnes handicapées et de la lutte contre l’exclusion aura sous peu toutes les cartes en main pour faire vraiment bouger la prise en charge de l’autisme en France. Aux rapports qui se sont succédé ces dernières années (Comité national d’éthique, Conseil économique et social, rapport Léotard) viendra s’ajouter celui de l’Igas, « dans les toutes prochaines semaines », assure-t-on dans l’entourage de sa ministre de tutelle, Marisol Touraine. Recommandations de la HAS Mais a-t-on réellement pris la mesure des besoins ? Florent Chapel ne le pense pas : « Le plan autisme 2013-2017 fait de la scolarisation un objectif prioritaire mais ne prévoit la création que de 700 places supplémentaires en unité d’enseignement en maternelle, soit 175 par an alors que 8 000 enfants autistes naissent chaque année. » Sans parler de l’absence de remboursement des soins éducatifs et comportementaux nécessaires pour les autistes. Un jeune autiste, atteint du syndrôme d’Asperger, avec une éducatrice dans un centre d’accueil de Saint-Vincent-sur-Jard (Vendée). Et puis surtout, il reste le problème de fond des fondements psychiatriques et pyschanalytiques de la prise en charge. La prédécesseur de Mme Neuville, en charge du handicap, Marie-Arlette Carlotti, l’avait annoncé : « En France, depuis quarante ans, l’approche psychanalytique est partout, elle concentre tous les moyens. Il est temps de laisser la place à d’autres méthodes pour une raison simple : ce sont celles qui marchent et elles sont recommandées par la Haute Autorité de santé. » Sans la résistance des psychiatres français (lire ci-dessous), les recommandations de la HAS auraient dû faire basculer la situation. Il suffit pourtant d’aller sur le site de l’Inserm où le Pr Catherine Barthélémy, chef de service honoraire du service de pédopsychiatrie au CHU Bretonneau de Tours, l’explique : « L’imagerie médicale a permis de mettre en évidence des anomalies cérébrales chez certains patients, notamment dans les régions du cerveau impliquées dans le langage et la cognition sociale. La biologie moléculaire a quant à elle conduit à l’identification de nombreux gènes dont l’altération semble conduire à une plus grande susceptibilité à l’autisme. » « Maltraitant par incompétence » « Le problème, explique Florent Chapel, c’est qu’il reste des grands pontes, la vieille garde prétorienne freudienne, qui sont encore empreints de l’idée qu’il s’agit d’une Les résistances de la psychiatrie française Lorsque les recommandations de bonne pratique sur la prise en charge de l’autisme et des troubles envahissants du développement ont été édictées en 2012 par la Haute Autorité de santé (HAS), on croyait que les psychiatres français allaient enfin abandonner les chimères de l’approche psychanalytique. Celle-ci était en effet classée comme « non consensuelle », supplantée par les approches éducatives et comportementales. Dans une première version de ses recommandations, la HAS classait d’ailleurs la psychanalyse dans les « interventions non recommandées ou non consensuelles » mais les psychiatres avaient obtenu in extremis la création d’une rubrique distincte, « non consensuelle », comme l’avait révélé Le Figaro (nos éditions du 9 mars 2012). Une concession malheureuse qui assure depuis la survie de cette approche largement disqualifiée dans le reste du monde. En 2010, la HAS observait déjà en analysant les quatre recommandations internationales existantes sur l’autisme, que deux déconseillaient la psychanalyse (Espagne, NouvelleZélande) et les deux autres (ÉtatsUnis, Écosse) ne la citaient même plus ! D. M. PATRICK GAILLARDIN/LOOK AT SCIENCES psychose infantile même s’ils n’osent plus dire que l’autisme est la faute de la mère. » Or, pour les parents qui n’ont pas les ressources nécessaires, il n’y a pas d’autre choix que de laisser leurs enfants dans les centres où la prise en charge est remboursée. Tant pis si les recommandations de la HAS n’y sont pas suivies. « C’est la loterie, si votre enfant est pris en charge dans des centres comme Robert Debré (Paris) ou CHU de Montpellier ça va, mais 80 % des CHU sont maltraitants pas par plaisir mais par incompétence », accuse Florent Chapel. Ségolène Neuville l’a confirmé le 23 janvier dernier à Bordeaux, lors du congrès Autisme France, membre du Collectif autisme, « les hôpitaux de jour de pédopsychiatrie feront bien l’objet d’inspections par les Agences régionales de santé en 2016. Au centre de ces inspections, le respect des recommandations, de toutes les recommandations de la HAS (du diagnostic aux interventions) ». « Les inspecteurs des ARS auront-ils les compétences pour juger de la validité du jugement clinique à l’appui des pratiques examinées », s’inquiète le syndicat des psychiatres des hôpitaux dans un courrier adressé le 7 mars dernier à la ministre de la Santé. Ambiance! ■ Au Honduras, lutte sanglante contre les mégaprojets MEXICO (MEXIQUE) ENVIRONNEMENT L’assassinat de la militante écologiste hondurienne Berta Cáceres, dans la nuit du 2 mars, a mis en lumière l’oppression dont sont victimes les communautés indigènes qui tentent de faire valoir leurs droits territoriaux face aux grandes compagnies minières et énergétiques qui investissent dans le pays. Cáceres, lauréate du prix Goldman pour l’environnement en 2015, était bien connue pour son engagement contre les « mégaprojets » énergétiques, dont le nombre a explosé depuis le coup d’État militaire de 2009. Les autorités parlent d’un homicide aléatoire et malheureux. Les faits, comme les menaces de mort qu’elle avait reçues ces derniers mois pour son combat de militante et la protection rapprochée qui lui avait été récemment accordée, convergent plutôt vers la préméditation. « Berta était notre leader emblématique », explique l’avocat hondurien Donald Hernandez, membre du Centre hondurien pour la promotion du développement communautaire. « En la touchant elle, ils ont voulu nous envoyer un message. » Car, en réalité, c’est toute la communauté qui est visée. En quelques années seulement, le Honduras s’est imposé comme le pays le plus dangereux au monde pour les défenseurs des droits à la terre. Selon une étude de l’organisation non gouvernementale britannique Global Witness, au moins 109 personnes ont été tuées entre 2010 et 2015 pour s’être opposées à des projets miniers, d’exploitation forestière ou hydroélectrique. Depuis quelques années, le Honduras vit une réelle révolution énergétique. Les investissements dans les énergies renouvelables décollent en 2010 suite à un changement politique et l’introduction de mesures d’incitation fiscales. En cinq ans, la capacité installée totale dans le pays a crû de 40 % et les revenus énergétiques augmentent de plus de 50 %. Les projets solaires explosent, passant d’une production inexistante en 2014 à plus de 388 MW en novembre 2015. “ Ils s’en prennent aux écoles, retirent les professeurs, limitent l’accès aux médicaments, ils ont aussi brûlé des maisons DONALD HERNANDEZ, AVOCAT ” Le Honduras se retrouve alors en deuxième place, derrière le Chili, des pays d’Amérique latine leaders en énergie solaire. Leader, oui, mais à quel prix ? Une grande partie de ces projets se situent en territoires indigènes. La loi sur l’énergie renouvelable de 2007 prévoit une consultation obligatoire des populations locales, sans laquelle aucun permis de construction ne peut être délivré. Mais ces dernières dénoncent un non-respect des lois, aussi bien du côté des entreprises que des autorités, qui brillent par leur absence en cas de conflit. « La plupart de ces accords sont conclus à huis clos, et les communautés en apprennent l’existence lorsqu’elles entendent le bruit des bulldozers pour la première fois », explique Billy Kyte, activiste au sein de l’organisation Global Witness. Lors de leur visite au Honduras en novembre 2015, aucune des douze communautés avec lesquelles l’organisation s’est entretenue n’avait été proprement consultée. Et pour ceux qui tentent de s’opposer aux aspirations de certaines compagnies minières, agricoles ou énergétiques, la répression est forte. Dans le département de La Paz, où la vice-présidente de la Chambre des députés, Gladys Aurora López, a obtenu plusieurs concessions pour des projets hydroélectriques, les communautés locales subissent de lourdes pressions, ayant pour but de les pousser à quitter les lieux. « Ils s’en prennent aux écoles, retirent les professeurs, limitent l’accès aux médicaments, ils ont aussi brûlé des maisons », témoigne l’avocat et activiste Donald Hernandez. Selon lui, quatre personnes ont été tuées dans la région. Plus à l’ouest dans le département d’Olancho, un autre projet hydroélectrique, celui de la compagnie Hidroluz, menace les populations indigènes locales. Ici non plus les consultations en bonne et due forme n’ont pas eu lieu, mais l’entreprise Une militante manifeste, le 17 mars à Tegucigalpa, devant le portrait de Berta Cáceres. est parvenue à diviser la communauté en payant certains membres qui ont par la suite accepté de signer les contrats requis pour la construction du projet. La communauté est désormais interdite d’accès au fleuve Wampu, autour duquel elle avait développé tout son style de vie. « Ils pêchent, utilisent l’eau comme moyen de subsistance et pour le bétail », raconte Hernandez, qui dit avoir reçu plusieurs menaces de l’entreprise. « Sans eau, ils se verront obligés de partir. » Un rapport de la Fédération internationale des droits de l’homme sur la criminalisation des défenseurs des droits humains en Amérique latine publié le mois dernier vient confirmer ce triste tableau, et dénonce la collusion qui existe entre hommes politiques, police, militaires, officiers de justice et hommes d’affaires et l’impunité totale qui en découle. Le Honduras n’est d’ailleurs pas une exception. Comme le souligne le rapport, des cas similaires ont été relevés à travers toute l’Amérique latine. Une « crise cachée qui échappe à l’attention du public ». ■ ZOOM Première transmission sexuelle du virus Zika au Chili Le Chili a recensé son premier cas de transmission sexuelle du virus Zika, a annoncé samedi le ministère de la Santé. Le virus a été transmis à une femme de 46 ans par son partenaire, qui l’avait contracté à Haïti. Les moustiques vecteurs de la maladie, du genre Aedes, sont absents du Chili, mais dix cas y ont été dénombrés, chez des personnes contaminées en dehors du pays. Au Brésil, près de 5 000 cas de microcéphalie, une anomalie du développement fœtale, sont fortement soupçonnés d’être liés au virus Zika même si le lien n’a pas encore été complètement prouvé. A DIANE JEANTET JORGE CABRERA/REUTERS L’assassinat de la militante écologiste Berta Cáceres met en lumière l’oppression des communautés indigènes face aux grandes compagnies. lundi 28 mars 2016 LE FIGARO 8 SPORT En attaque, Deschamps a un plan B séduisant En l’absence de Benzema et Valbuena, embourbés dans l’affaire de la sextape, quatre joueurs s’émancipent chez les Bleus. AURÉLIEN BILLOT ET VINCENT DUCHESNE £@AB_Sport24 £@VinceSport24 FOOTBALL Les Bleus sont d’attaque. Même sans Karim Benzema, toujours non sélectionnable, et Mathieu Valbuena, victime collatérale. L’ombre des absents n’a nullement altéré le rendement du secteur offensif aux Pays-Bas (3-2). Et, à la veille d’affronter la Russie au Stade de France, les éléments du plan B ont du répondant. Griezmann, uAntoine le nouveau chef de file « J’espère que ce ne sera pas moi le troisième à sortir (de l’équipe) », avait-il lancé dans un sourire durant la semaine à Clairefontaine. Aucune chance au vu de l’importance prise par Antoine Griezmann (25 ans) au sein des Bleus. Très apprécié du groupe – « un petit bonhomme charmant », dixit Christophe Jallet, « un boute-en-train qui a toujours le sourire », selon Olivier Giroud –, le Mâconnais s’affirme de plus en plus comme un joueur majeur. Le nouveau leader tech- nique de l’équipe de France. « Je n’ai pas encore fait de top match en Bleu », avaitil admis, lucide, dès le premier jour du rassemblement. Une affirmation qui n’a plus lieu d’être après sa prestation aboutie aux Pays-Bas. En à peine 45 minutes, le Madrilène a totalement pressé les Oranje. Parvenant à retranscrire en sélection ce degré de performance entrevue avec l’Atlético, où il est devenu incontournable après des débuts cahincaha. Avec en point d’orgue un coup franc magistral. Son 7e but en sélection. « J’essaie de me rapprocher du joueur que je suis à l’Atlético. Il faut continuer comme ça. Et j’y arriverai. » Polyvalent et performant, le petit nouveau du Mondial 2014 a tout pour devenir le taulier offensif tant recherché à l’Euro 2016. Giroud, uOlivier calife à la place du calife ? Ne lui parlez pas de Benzema, ça l’irrite. Entre le Madrilène et le Gunner, cela n’a jamais été l’amour fou. Ni sur le terrain, ni en dehors. Dans l’ombre depuis ses débuts internationaux en 2011, Giroud se plaît dans la lumière que lui offre la Antoine Griezmann fête son but avec Dimitri Payet, vendredi soir à Amsterdam contre les Pays-Bas. mise à l’écart de l’ancien Lyonnais. « J’ai l’opportunité de plus m’exprimer, d’engranger de la confiance », a-t-il reconnu samedi à Clairefontaine, quelques heures après avoir inscrit son 14e but en bleu aux Pays-Bas (2-3), le quatrième en quatre matchs. Le Savoyard, libéré du poids de la comparaison avec son cadet, intrinsèquement plus doué, offre de la variété au jeu français. Son profil physique (1,92 m, 92 kg) se complète avec ceux des feux follets Griezmann et Martial. À Arsenal, il a perdu sa place après une longue disette en début d’année. Chez les Bleus, en revanche, Giroud a tout gagné. Si l’absence de Benzema se prolonge, il endossera le rôle de numéro 9 pendant l’Euro. Une occasion en or de s’affranchir encore. Et de s’imposer enfin comme le numéro un. Martial, le Golden Boy uAnthony Il incarne l’avenir des Bleus. Comme Kingsley Coman (19 ans, Bayern Munich). Si les deux hommes n’en finissent plus de brûler les étapes, Anthony Martial (20 ans) a une longueur d’avance dans la hiérarchie des joueurs offensifs. Son transfert mirobolant à Manchester United l’été dernier (50 millions d’euros + 30 millions d’euros de bonus) aurait pu lui brûler les ailes. Il n’a fait qu’accélérer sa carrière. Boosté par l’intransigeance de Louis van Gaal, Martial a conquis à la fois l’Angleterre, l’Europe - avec le titre de Golden Boy 2015 récompensant le meilleur joueur de moins de 21 ans - et Didier Deschamps, avec trois titularisations consécutives fin 2015. S’il n’a pas encore débloqué son compteur en sélection, ses caractéristiques de dévoreur d’espaces lui ont déjà permis de se signaler avec 4 passes décisives en 7 apparitions. Dont une vendredi à Amsterdam. « Il amène de la vitesse, de la percussion. Il a le volume de jeu pour faire les efforts, pour évoluer sur le côté, même si ça lui arrive de jouer dans l’axe aussi, a souligné Deschamps cette semaine. Il a une bonne marge de progression. » Et une maturité qui force l’admiration. Payet, le revenant uDimitri On le pensait rayé de la liste, plus ou moins brouillé avec Didier Deschamps. Dimitri Payet a pourtant effectué un Simon Delestre et Pénélope Leprévost peuvent encore sauver le podium Après un bon démarrage, les cavaliers français ont faibli samedi lors de la finale de la Coupe du monde, à Göteborg. Verdict ce lundi. MARIANNE SIMON [email protected] A ENVOYÉE SPÉCIALE À GÖTEBORG (SUÈDE) ÉQUITATION Tout avait si bien commencé pour les quatre cavaliers tricolores au départ de la finale de la Coupe du monde à Göteborg, en Suède. Vendredi, à l’issu de la première des trois épreuves, Pénélope Leprévost, Simon Delestre, Patrice Delaveau et Kevin Staut se classaient respectivement aux 1re, 2e, 6e et 12e places. Un démarrage sur les chapeaux de roues qui ravissait leur coach, Philippe Guerdat. « On savait qu’on avait des chevaux rapides, mais on ne voulait pas prendre tous les risques pour ne pas les mettre dans le rouge. Ils ont tous très bien sauté mais, le plus important, c’est le 2e jour, car une faute coûte très cher. » L’entraîneur ne croyait pas si bien dire. Après cet excellent début de championnat, les quatre cavaliers bleus ne sont pas parvenus à transformer l’essai samedi soir. Pour la deuxième manche, le chef de piste n’avait pas fait les choses à moitié en concoctant aux cavaliers et chevaux des combinaisons des plus techniques. Premier à s’élancer dans le mythique Scandinavium Arena, Kevin Staut, en selle sur For Joy, sortait de piste avec deux fautes. Venait ensuite Patrice Delaveau, associé à Lacrimoso 3 *HDC. Après un excellent début de parcours, le Normand faisait chuter une première barre avant que son cheval ne se laisse surprendre par un oxer avec bidet et le dérobe. Un obstacle imposant que Lacrimoso 3 *HDC aura bien du mal à repasser puisqu’il se déviait une nouvelle fois en faisant tomber une seconde barre. Les deux cavaliers du haras des Coudrettes sortaient de piste dépités. Redescendant à la 20e place ex aequo, ils voyaient leurs rêves de podium s’anéantir, ce lundi, lors de la dernière épreuve. De son côté, le numéro un mondial, Simon Delestre, associé à son crack Qlassic Bois Margot, sauvait les meubles en bouclant son tour avec une faute. Tous les espoirs du coach reposaient désormais sur Pénélope Leprévost et son étalon Vagabond de la Pomme, 1ers la veille. Le couple déroulait un parcours parfait et un sourire s’affichait déjà sur le visage de Sophie Dubourg, la directrice technique nationale. Hélas, la cavalière commettait une faute sur le dernier obstacle et sortait de piste avec 4 points au compteur. Pénélope Leprévost et Simon Delestre terminaient au 6e rang ex aequo du classement général provisoire. “ Si l’on avait été le soir des JO, j’aurais été effondré ” PHILIPPE GUERDAT, ENTRAÎNEUR DE L’ÉQUIPE DE FRANCE DE SAUT D’OBSTACLES « Si l’on avait été le soir des Jeux olympiques, j’aurais été effondré, confiait Philippe Guerdat. Mais ce n’est pas le cas, je suis déçu certes, mais les chevaux ont tous bien sauté, mes cavaliers ont été bons, nos fautes sont explicables. C’est la réalité de notre sport qui est dur, ingrat et où la chance a quand même une certaine place », poursuivait-il, dépité. L’Allemand Christian Ahlmann affichait lui un large sourire. Après un naufrage la veille avec son cheval Colorit, le cavalier avait décidé de changer de monture pour prendre le départ avec Taloubet Z lors du deuxième jour de compétition. Le cavalier de la Mannschaft s’est illustré en signant un parcours très rapide vierge de toute pénalité pour remporter cette manche. Grâce à sa première place, Ahlmann est remonté à la 10e place du classement et peut de nouveau espérer grimper sur le podium. « J’ai changé de cheval entre hier et aujourd’hui. C’était un pari très risqué, d’autant que j’avais très mal commencé mon championnat. Je suis heureux que cela ait bien fonctionné », déclarait-il à l’issue de son parcours. Pour autant, tout n’est pas gagné, loin de là, pour celui qui a déjà accroché une Coupe du monde à son palmarès, en 2011 à Leipzig avec le même Taloubet Z, puisque c’est le tenant du titre, Steve Guerdat (fils de l’entraîneur des cavaliers français, NDLR), qui a repris samedi les rênes du classement général provisoire. Le cavalier suisse doit son nouveau leadership a sa 4e place dans l’épreuve du samedi avec Corbinian. « Je suis vraiment très content. Corbinian est un cheval qui n’a pas encore beaucoup de métier. Je suis heureux que nous parvenions à nous améliorer », s’est-il réjoui. Si la soirée de samedi a laissé un goût amer après la contre-performance de nos cravaches bleues, tout n’est pas pour autant perdu. Avec une 6e place au classement général provisoire, Leprévost et Delestre peuvent encore monter sur le podium. C’est du moins le sentiment de leur coach. « Nous allons redresser la tête car rien n’est joué, assuret-il. Mon objectif est d’avoir deux cavaliers dans le Top 10, et un sur le podium. J’ai deux chevaux qui peuvent tout à fait gagner cette coupe, Qlassic et Vagabond. Mes cavaliers sont des compétiteurs, ils ne vont pas rester là à pleurer et ils vont donner tout ce qu’ils ont. » Verdict ce lundi, pour l’ultime épreuve de la finale, à 13 heures. ■ retour tonitruant à Amsterdam. « Avec le sélectionneur, on a discuté. Il fallait qu’on se dise les choses, a révélé le Réunionnais, séduisant chef d’orchestre des Bleus vendredi. Ça a agi comme un déclic sur ma manière de jouer. » Car, quand son implication se hisse à la hauteur de son talent, Payet est un joueur de premier plan. Capable, notamment, de faire de West Ham, club du ventre mou en Premier League, un postulant à la Ligue des champions cette saison (5e). Quasi inconnu sur la scène internationale avant de traverser la Manche l’été dernier, l’ancien Marseillais, métamorphosé par l’exigeant Marcelo Bielsa, a changé de dimension. Au point d’avoir été élu meilleur joueur londonien de l’année devant les stars d’Arsenal et Chelsea. « Je suis dans la meilleure période de ma carrière », a-til assuré. À bientôt 29 ans, le voilà mûr pour jouer un rôle majeur dans une grande compétition. Surtout si Mathieu Valbuena, miné par le retentissement de l’affaire de la sextape et son intégration ratée à Lyon, ne raccrochait pas le bon wagon. ■ ZOOM Rugby : le retour spectaculaire de Clermont Menés 19-0 par Bordeaux-Bègles, dimanche, les Clermontois ont aligné 3 essais et un 24-0 pour rétablir la situation en Gironde et conforter leur place de leaders du Top 14. La 19e journée a également été marquée par la chute à Lille du Racing 92, battu sur le fil par l’équipe B de Toulon suite à une grossière faute de Martin Castrogiovanni sanctionnée par une pénalité de Fred Michalak. Avec trois défaites en un mois, les Franciliens ont perdu de leur superbe. 19E JOURNÉE TOP 14 RACING 92 (4) 20-21 TOULON (2) BRIVE (8) 23-22 CASTRES (7) GRENOBLE (9) 39-23 LA ROCHELLE (10) PAU (11) 25-6 OYONNAX (13) AGEN (14) 21-45 MONTPELLIER (3) BORDEAUX B. (5) 19-24 CLERMONT (1) TOULOUSE (6) hier ST. FRANÇAIS (12) EN BREF Cyclisme : Quintana, Pinot et Sagan vainqueurs Pénélope Leprévost sur Vagabond de la Pomme, vendredi à Göteborg. BJORN LARSSON ROSVALL/TT/AP La FEI confiante pour les Jeux olympiques Sabrina Zeender, secrétaire générale adjointe de la Fédération équestre internationale (FEI) et première femme à occuper ce poste, a confié au Figaro son optimiste pour l’organisation des épreuves équestres aux JO de Rio : « En dépit des critiques qu’a pu essuyer le comité organisateur, nous sommes confiants quant à la bonne tenue des Jeux et le bon accueil des délégations et des chevaux. Nous travaillons étroitement avec ce comité. Depuis dix-huit mois, nous ANTHONY BIBARD/FEP/PANORAMIC nous rencontrons tous les mois pour faire un point sur l’avancée des travaux. C’est un défi immense mais nous sommes sereins. » Et d’ajouter, concernant l’importance du rendez-vous de Göteborg sur la route de Rio : « Les résultats de tous les cavaliers sont importants car les fédérations nationales vont scruter de très près les parcours des couples pour faire leur choix et déterminer qui ira représenter leurs couleurs aux JO. » M. S. Nairo Quintana (Movistar) a remporté le Tour de Catalogne en devançant Contador (2e), Bardet (6e) et Froome (8e). Thibaut Pinot s’est imposé dans le Critérium international disputé en Corse en dominant deux des trois étapes. Enfin, Peter Sagan a triomphé dans Gand-Wevelgem. Tennis : Nadal laisse filer Tsonga et Monfils Alors que Rafael Nadal a été obligé d’abandonner suite à un coup de chaud, Jo-Wilfried Tsonga et Gaël Monfils se sont qualifiés pour le 3e tour du Masters 1000 de Miami en dominant le Colombien Giraldo (6-3, 6-1) et le Japonais Ito (6-3, 6-2). Rugby : plus long que prévu pour Trinh-Duc Blessé à une cheville lors de France-Angleterre, le demi d’ouverture devrait finalement être plâtré et rester éloigné des terrains entre 8 et 10 semaines, selon Midi Libre. LE FIGARO LÉGION D'HONNEUR lundi 28 mars 2016 9 Légion d’honneur : la promotion de Pâques Célèbres ou inconnues du grand public, 535 personnalités font leur entrée dans l’ordre ou se voient promues. Grande Chancellerie de la Légion d'honneur Au grade de commandeur Jean-Paul Bailly, ingénieur, président du Conseil européen du commerce et de la réparation automobile. Juliette de La Genière, née Massenet, professeur émérite de l'université de Lille, membre de l'Académie des inscriptions et belles-lettres. Françoise Monod, née Gallot, avocat (h), présidente et membre de plusieurs associations. Bertrand Saint-Sernin, recteur, professeur émérite à l'université de Paris-Sorbonne, membre de l'Académie des sciences morales et politiques. Au grade d'officier Yves Bamberger, ancien conseiller scientifique du président d'un groupe, membre fondateur de l'Académie des technologies. Paul Cayrat, chef d'entreprise, président d'une section de la Société des membres de la Légion d'honneur. Thierry Le Chevalier, médecin cancérologue. Martine Le Noc, dite Le Noc Soudani, médecin coordonnateur de l'EHPAD Alquier Debrousse. Odile Macchi, née Danjou, directrice de recherche (h) au CNRS, membre de l'Académie des sciences. Eva Pebay-Peyroula, née Foglar, professeur de physique à l'université Fourier (Grenoble), membre de l'Académie des sciences. Georges Pedro, ancien secrétaire perpétuel de l'Académie d'agriculture de France, membre correspondant de l'Académie des sciences. Jean Philippot, ancien inspecteur général d'une compagnie aérienne, président (h) d'une section de la Société des membres de la Légion d'honneur. René Tollemer, psychiatre. Alain-Jacques Valleron, professeur à l'université Pierre et Marie Curie, membre de l'Académie des sciences. Au grade de chevalier Maria-Pilar de la Béraudière, née Irisarri, présidente de l'association « Les amis de l'œuvre Wallerstein ». Jean-Jacques Bertrand, ancien directeur général adjoint d'un centre chirurgical. Sophie Boissard, née Bombois, conseiller d'Etat, directrice générale d'un groupe européen de services aux personnes âgées. Pascal Régis Clément, ancien ministre, avocat. Jacqueline Conard, biologiste à l'hôpital Saint-Joseph (Paris). Barbara Erazmus, née Baka, directrice de recherche au CNRS. Jérôme Filippini, secrétaire général de la Cour des comptes. MarieFrance Gonnord, née Renou, ingénieur (er) ENSG, membre actif d'une association. Claude Hess, président de l'Association nationale des anciens combattants du ministère de l'environnement, de l'énergie et de la mer. Françoise Lamnabhi, née Lagarrigue, dite Lamnabhi-Lagarrigue, directrice de recherche au CNRS. Marc Ledoux, directeur de recherche émérite de classe exceptionnelle au CNRS. Guy Leonetti, ancien cadre dirigeant de La Poste, membre actif d'associations. Bernard Leroy, avocat général (h) près la également élevé à la dignité de grand officier. La même récompense est aussi accordée à l’écrivaine Benoîte Groult ainsi qu’au sociologue et philosophe Edgar Morin. Dans le monde de l’enseignement et de la recherche, Claude Cohen-Tannoudji, Prix Nobel de physique et membre de l’Académie des sciences est, quant à lui, élevé à la dignité suprême de grandcroix. Il rejoint ainsi un cénacle de 69 autres titulaires de la plus haute dignité de la Légion d’honneur. Rappelons d’ailleurs que 75 est le nombre maximal autorisé pour cette distinction. Cour d'appel de Versailles. Pierre Lespine, ancien résistant, membre actif de plusieurs associations. Jeanne Lhez, née Robert, institutrice (er), ancienne résistante. Marius Nikolli, ancien moniteur national de ski et guide de haute montagne. Jacques Ouchakoff, ancien officier supérieur, bénévole associatif. Marie-France Pantaloni, née Carlier, directrice de recherche émérite au CNRS.Philippe Plantade, avocat à la cour d'appel de Paris et membre du grand magistère de l'ordre du Saint-Sépulcre. Christian Roux, officier supérieur (er), ingénieur (er) d'études à l'université Paul-Sabatier de Toulouse. Isabelle Siben, née Chartier, dite Chartier-Siben, médecin, fondatrice et présidente d'une association. Cette promotion civile, qui applique la parité hommes-femmes, récompense bien d’autres personnalités. Le médecin et aventurier Jean-Louis Étienne est ainsi promu au rang de commandeur. Administrateur d’Artcurial, maison de ventes aux enchères, Laurent Dassault accède, quant à lui, au grade d’officier. Parmi les décorés issus du monde du cinéma figure la réalisatrice Coline Serreau, qui reçoit la rosette d’officier, tout comme l’acteur Pierre Arditi. Le réalisateur Jacques Perrin est désormais commandeur. Côté littérature, citons deux femmes. Isabelle Gallimard, PDG de Mercure de France, devient officier et Laurence des Cars, conservateur du Musée de l’Orangerie, est nommée, elle, au grade de chevalier. Représentant le monde de la musique, le violoniste Renaud Capuçon se voit attribuer le ruban rouge. Deux grands cuisiniers sont aussi décorés. Gilles Goujon, trois étoiles au guide Michelin à Fontjoncouse dans l’Aude, devient chevalier, à l’instar de Christian Le Squer, également chef étoilé à l’hôtel George V à Paris. Les hommes politiques, aussi, sont à l’honneur. Deux anciens ministres, l’un de droite à la Culture, Jean-Jacques Au grade de chevalier Benoîte Groult, journaliste, écrivaine, est élevée à la dignité de grand officier. BALTEL/SIPA Premier ministre A la dignité de grand-croix Claude Cohen-Tannoudji, Prix Nobel de physique, professeur honoraire au Collège de France, membre de l'Académie des sciences. Roger Fauroux, ancien ministre, président d'honneur d'un groupe industriel. A la dignité de grand officier Guy Canivet, ancien membre du Conseil constitutionnel, magistrat honoraire. Mireille Delmas-Marty, née Marty, professeure honoraire au Collège de France, membre de l'Académie des sciences morales et politiques. Louis Gallois, président de société, président d'une association de réinsertion. Benoîte Groult, journaliste, écrivaine. Edgar Morin, né Nahoum, sociologue, philosophe. Louis Gallois, président de société, président d'une association de réinsertion, est élevé à la dignité de grand officier. JEAN-CHRISTOPHE MARMARA/LE FIGARO Au grade de commandeur Jean-Jacques Aillagon, ancien ministre, commissaire artistique, conseiller culturel d'un groupe. Henri Paris, président d'un organisme de réflexion politique et géopolitique, général de division. Au grade d'officier Jean-Charles André, secrétaire général de la questure du Sénat. Jacques Auxiette, ancien président du conseil régional des Pays de la Loire, ancien maire de La Roche-sur-Yon (Vendée), ancien proviseur. Jean-Denis Combrexelle, président de la section sociale du Conseil d'Etat. Laurent Dassault, administrateur d'une maison de vente aux enchères, administrateur d'une association pour la promotion de l'art. Catherine Démier, née Jouanin, conseillère maître à la Cour des comptes. Albert dit Alber Elbaz, créateur de mode, styliste, designer. Marie-Gabrielle Gagnadre, née Chastel, ancienne conseillère générale du Puy-de-Dôme, maire honoraire de Lezoux. Béatrice Richard, née Lefebvre, secrétaire générale adjointe d'une chambre d'agriculture, fondatrice et présidente d'honneur d'une association pour la promotion d'une région viticole. Aillagon, et l’autre socialiste en charge de l’Économie et aujourd’hui commissaire européen, Pierre Moscovici, sont décorés. Le premier devient commandeur et le second est nommé chevalier. Fondée par Napoléon en 1802, la Légion d’honneur compte 93 000 membres, un chiffre stable depuis une dizaine d’années et qui représente 0,14 % de la population. Pour cette promotion de Pâques, 30,3 % des décorés sont issus du monde de l’entreprise, 24,1 % de la fonction publique et 8,6 % d’entre eux relèvent de la culture et de la communication. ■ A. N. Guy Canivet, ancien membre du Conseil constitutionnel, magistrat honoraire, est élevé à la dignité de grand officier. VINCENT ISORE/IP3 Arlette Arnaud-Landau, née Arnaud, ancienne vice-présidente du conseil régional d'Auvergne, ancienne maire du Puy-en-Velay (Haute-Loire). Yolande Baldeweck, née Baldeweck-Diemer, journaliste. Isabelle Baranger, née Guilleminet, administratrice d'une association médico-éducative, ancienne vice-présidente d'une communauté d'agglomération. Marie-Jeanne Béguet, née Fond, maire de Civrieux (Ain), conseillère régionale d'Auvergne - Rhône-Alpes. Geneviève Benezech, née Sentagnes, ancienne présidente-directrice générale d'une entreprise spécialisée dans le traitement de surfaces métalliques. Philippe Berthaut, directeur général des services d'une commune. Patricia Brault, née Mauduit, maire d'Abilly (Indre-etLoire), ancienne vice-présidente d'une association nationale d'établissements de formation en alternance. Gilbert Cette, directeur général adjoint des études et des relations internationales de la Banque de France. Anne Charpy, née de Rohan Chabot, directricefondatrice d'une association d'insertion, ancienne directrice d'un groupement d'intérêt public. Karin Ciavaldini, née Schor, maître des requêtes au Conseil d'Etat. Olivier Connan, chef de la division de la communication institutionnelle à l'Assemblée nationale. Simon Corley, chef du secrétariat de la commission des finances, de l'économie générale et du contrôle budgétaire à l'Assemblée nationale. Gérard Delmas, vice-président d'une chambre régionale de commerce et d'industrie, président d'une chambre de commerce et d'industrie territoriale. Michel Dreyfus, historien, directeur de recherche émérite au Centre national de la recherche scientifique. Guillaume Faury, présidentdirecteur général d'une entreprise de constructions d'hélicoptères, ancien directeur de recherche et de développement d'un groupe automobile. Carole Force, directrice d'une association sportive, ancienne joueuse de basket. Philippe Forest, écrivain, essayiste, professeur des universités en littérature française. Jean-Marc Frohard, sous-directeur, secrétaire général de la direction de l'information légale et administrative. Josiane Gonnot, cofondatrice et présidente nationale d'une association d'aide aux enfants malades, cadre de santé dans un institut de formations sanitaires. Gilles Goujon, chef cuisinier, restaurateur. Guillaume Goulard, conseiller d'Etat, président d'une sous-section du contentieux au Conseil d'Etat. Adam Hachimi, président-directeur général d'une entreprise spécialisée dans le secteur scientifique et environnemental. Odette Jannot, née Simon, résistante, membre d'une association d'anciens combattants. Odile Jubécourt, née Fontenay, directrice d'un programme pour un constructeur aéronautique. Jean Kéhayan, écrivain, essayiste, président d'honneur d'une association départementale de journalistes. Alain Kleinmann, artiste peintre, sculpteur. MarieFrance Lavarini, vice-présidente d'une société de communication. Catherine Leroy, chef de la division du secrétariat général à l'Assemblée nationale. Myriam Maestroni, présidente-fondatrice d'une société spécialisée dans la transition énergétique, ancienne dirigeante d'une société de distribution de combustibles. JeanPierre Marcon, président du conseil départemental de la Haute-Loire. Claude Mekies, chercheur en médecine, ancien président d'une association spécialisée en neurologie. Pierre Moscovici, ancien ministre, ancien député du Doubs, commissaire européen aux affaires économiques et financières, à la fiscalité et aux douanes. Monique Ramognino, ancienne première adjointe au maire d'Angers (Maine-et-Loire), ancienne directrice d'un centre départemental de documentation pédagogique. Marie-France Roux-Balandras, née Roux, présidente d'une association d'aide aux personnes âgées. Philippe RouxComoli, né Roux, directeur de l'architecture, du patrimoine et des jardins au Sénat. Maurice Sartre, historien, professeur des universités émérite, rédacteur en chef d'une revue historique. JeanLouis Silvestre, président-fondateur d'une association humanitaire, écrivain. Jean Ueberschlag, ancien député du Haut-Rhin. Gérald-Brice Viret, directeur général d'un groupe audiovisuel, ancien directeur général d'une entreprise de communication. Rémy Zilliox, chirurgien-plasticien, fondateur d'une association humanitaire. Promotion du travail Au grade de chevalier Noël Guichard, ancien présidentdirecteur général d'une société d'outillage. André Houtch, ancien président-directeur général d'une entreprise de distribution. Claude Kreb, directeur d'établissement de production dans une société conceptrice d'appareils de voie et de systèmes de signalisation. Alain Pérez, président d'une entreprise de transport, président d'une chambre de commerce et d'industrie. Ministère des Affaires étrangères et du Développement international Personnel Au grade d'officier Jacqueline Bassa-Mazzoni, née Bassa, ambassadrice extraordinaire et plénipotentiaire en Namibie. Hadelin de La Tour du Pin Chambly de La Charce, ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire à Monaco. A DISTINCTIONS Publiée dimanche au Journal officiel, la promotion civile de la Légion d’honneur de Pâques 2016 compte 535 récipiendaires. Parmi les personnes récompensées, on dénombre 433 chevaliers, 73 officiers et 22 commandeurs. Cinq d’entre elles sont par ailleurs élevées à la dignité de grand officier et deux à celle de grand-croix, les deux distinctions les plus élevées. Parmi elles, l’expatron de la SNCF de 1996 à 2006, puis d’EADS jusqu’en 2012, Louis Gallois, qui devient grand officier. Du côté de la fonction publique, l’ancien membre du Conseil constitutionnel Guy Canivet est lundi 28 mars 2016 LE FIGARO 10 LÉGION D'HONNEUR Claude Cohen-Tannoudji, Prix Nobel de physique, professeur honoraire au Collège de France, membre de l'Académie des sciences, est élevé à la dignité de grand-croix. MIGUEL MEDINA/AFP Edgar Morin, sociologue, philosophe, est élevé à la dignité de grand officier. FRED DUFOUR/AFP Jean-Jacques Aillagon, ancien ministre, commissaire artistique, conseiller culturel d'un groupe, est promu commandeur. Pierre Moscovici, ancien ministre, ancien député du Doubs, commissaire européen aux Affaires économiques et financières, à la Fiscalité et aux douanes, devient chevalier. CLEMENT MAHOUDEAU/LE FIGARO PASCAL LE SEGRETAIN/GETTY IMAGES/AFP Au grade de chevalier Thierry Bouron, intendant général. Agnès Hamilton, née Do Thi Quang Tam, responsable du service commun de gestion de l'ambassade de France à Pékin (Chine). Pascal Le Deunff, directeur de la recherche et des échanges scientifiques au ministère. Roseline Lemarié, née Bossy, responsable du service social du consulat général de France à Alger (Algérie). Yves Le Rolland, chef de la mission de l'administration générale à la direction des systèmes d'information au ministère. Marc Peltot, consul général de France à Agadir (Maroc). Odile Soupison, consule générale de France à Genève (Suisse). Protocole Au grade de commandeur Enrico Letta, de nationalité italienne, doyen de l'Ecole des affaires internationales de Sciences Po Paris, ancien président du Conseil italien. Au grade d'officier Germaine Acogny, directrice d'un centre international de danses traditionnelles et contemporaines d'Afrique (Sénégal). Françoise Vilain, née Raffarin, directrice générale d'une association visant à développer les partenariats internationaux entre les petites et moyennes entreprises. A Au grade de chevalier Anwar Abu Eisheh, professeur de droit, ancien ministre de la culture (Jérusalem). Marie Alleyrat, religieuse (Madagascar). Anne Ango Ela, née Pavlopoulos, professeur de géographie, présidente-fondatrice d'un centre d'études sur la géopolitique africaine. Béatrice Angrand, secrétaire générale d'une organisation internationale au service de la coopération franco-allemande. Laurence Argimon, née Pistre, ambassadeur, représentante permanente de l'Union européenne auprès du Saint-Siège, de l'Ordre de Malte et de l'Organisation des Nations unies à Rome (Italie). Hassan Bahsoun, médecin conseil de l'ambassade, conseiller de l'Assemblée des Français de l'étranger (Sénégal). Evgen Bavcar, photographe. Hamid Bentahar, vice-président d'une structure de promotion du tourisme (Maroc). Philippe Berthaud, gérant d'une société du secteur du textile (Lituanie). JeanClaude Bessudo, président d'une agence de voyages (Colombie). Jean-François Blanchet, traiteurrestaurateur. Daniel Bourzat, ingénieur agronome, conseiller près le représentant régional pour l'Afrique de l'Organisation mondiale de la santé animale. Michele Canonica, de nationalité italienne, journaliste, président du Comité de Paris de l'association italienne Dante Alighieri. Marie-Françoise Chesselet, professeur émérite du département de neurobiologie de l'université de Californie (EtatsUnis). Fadi Comair, directeur général des ressources hydrauliques et électriques au ministère de l'énergie et de l'eau (Liban). An- drea Frandsen, de nationalité danoise, maître luthier. Dana Gruia Dufaut, née Gruia, avocate aux barreaux de Paris et de Bucarest (Roumanie). Karine Guldemann, déléguée générale d'une fondation d'entreprise. Danièle Haïm, médecin, fondatrice d'associations humanitaires. Patrick Henriroux, chef de cuisine d'un hôtel-restaurant. Pierre Jallon, professeur invité à l'université de médecine de Hô Chi Minh-Ville (Vietnam). Michel Jarraud, ancien secrétaire général de l'Organisation météorologique mondiale (Suisse). Marie-Paule Kieny, sous-directrice générale de l'Organisation mondiale de la santé (Suisse). Catherine Larue, directrice générale d'un institut de recherche biologique (Luxembourg). Andrew Lovell, de nationalité britannique, adjoint à la responsable de l'équipe marketing France d'une société. JeanGeorges Mandon, président d'une fondation uvrant au renforcement des relations franco-allemandes. Nicolas Maure, directeur général de la filiale d'un groupe automobile (Roumanie). Danielle Merlino, née Musso, présidente d'une association de soutien à la communauté française (Monaco). François Nars, artiste maquilleur, chef d'une entreprise de cosmétiques (Etats-Unis). Cuu Nguyen, de nationalité vietnamienne, médecin généraliste. Raphaël Palti, fondateur et président-directeur général d'un groupe spécialisé dans la communication commerciale. Chhiv Kek Pung, présidente-fondatrice de la Ligue cambodgienne des droits de l'homme (Cambodge). Olivier Ribot, fondateur et associé d'un cabinet juridique et fiscal (Madagascar). Laurent Sabourin, directeur général d'un groupe spécialisé dans l'assistance médicale et la sécurité (Singapour). Anne-Marie de Sangosse, née Pesavento, vice-présidente du conseil de surveillance d'un groupe de production et de distribution de produits phytosanitaires. Darius Shayegan, professeur d'université, philosophe, écrivain (Iran). Catherine Sublime, professeur de français langue étrangère, metteur en scène (Japon). Florence Thomas, professeur de psychologie, écrivain, journaliste (Colombie). Au grade d'officier GRADES ET INSIGNES DE LA LÉGION D’HONNEUR GRAND-CROIX (CROIX ET PLAQUE ENSEMBLE) GRAND OFFICIER (CROIX ET PLAQUE ENSEMBLE) COMMANDEUR Ministère de l'Environnement, de l'Énergie et de la Mer, en charge des Relations internationales sur le climat OFFICIER Au grade de commandeur Jean-Louis Etienne, scientifique, explorateur. Jacques Perrin, né Simonet, réalisateur et producteur de cinéma. CHEVALIER Jean-Louis Amato, président d'un observatoire des transports. Jacques Barbier, professeur émérite des universités, président d'un pôle de compétitivité. Danielle Bénadon, inspectrice générale de l'administration du développement durable honoraire. René Mesure, gérant d'un cabinet de conseil et de formation dans le secteur des transports. Claude Roustan, président d'une fédération nationale du secteur de la pêche. Au grade de chevalier Jocelyne Aigueperse, directrice de la protection de l'homme à l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire. Yvonne Battiau-Queney, née Queney, professeur émérite des universités, présidente d'une association nationale de protection de l'environnement. Corinne Blanquart, directrice d'un laboratoire de recherches pour les transports. Gilles Bordes-Pagès, ancien directeur des relations stratégiques dans une compagnie aérienne. Agnès Cuvellier, née Gorisse, directrice générale d'une société de conseil et d'ingénierie en transports. Michel Dubromel, vice-président d'une association nationale de protection de l'environnement. Dominique Duval, président d'une coopérative du secteur de l'aquaculture. Nathalie Fontrel, journaliste, spécialiste de l'environnement. Gérard Gillardeau, ostréiculteur. Denis Girou, directeur de l'environnement, de l'aménagement et du logement de la Guyane. Sylvestre Guillien, ancien directeur de projets d'une société de construction. Véronique Hamayon-Tarde, née Hamayon, conseillère maître à la Cour des comptes. Claudine Joly, née Bonaldi, exploitante agricole, présidente d'un comité régional d'étude pour la protection et l'aménagement de la nature. Guillaume Lecointre, directeur de département et conseiller scientifique du président du Muséum national d'histoire naturelle. Cyril Le Picard, président d'une organisation interprofessionnelle de la filière du bois. Dominique Maguin, président-directeur général de société, président d'une organisation européenne d'industriels du recyclage. Jean-Paul Martin, ancien ingénieur au Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies renouvelables, membre de commissions locales d'information sur les installations nucléaires. Geoffroy Mauvais, coordonnateur d'un programme de protection et de conservation de l'environnement en Afrique de l'Ouest. Nelly Mognard-Campbell, née Mognard, ingénieure en hydrologie spatiale, coordinatrice d'une mission internationale. Frédéric Périn, directeur des ressources humaines d'un groupe d'ingénierie de la construction. Louis Poix, président d'une association d'exploitants de chemins de fer touristiques, maire des Hôpitaux-Vieux (Doubs). Michèle Roué, directrice de recherche au Muséum national d'histoire naturelle. Bernard Tabary, directeur général délégué international d'une société de transport public de voyageurs. Patrick Vieu, conseiller de la viceprésidente du Conseil général de l'environnement et du développement durable. Ministère de l'Éducation nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche Au grade de commandeur Philippe Descola, professeur d'anthropologie au Collège de France. Jean Gavard, inspecteur général de l'éducation nationale honoraire, déporté-résistant, vice-président de la Fondation de la Résistance. Au grade d'officier Guy Bouissou, personnel de direction honoraire, médiateur académique de l'éducation nationale et de l'enseignement supérieur. Sophie Cluet, directrice générale pour la recherche et le transfert de technologie et directrice de la culture à l'université Pierre et Marie Curie - Paris 6. Jean-Marie Krajewski, professeur honoraire de collège, ancien maire de Berck-sur-Mer (Pas-de-Calais). Maurice Laude, doyen honoraire de la faculté de médecine de l'université de Picardie Jules Verne. Paul Veyne, professeur honoraire d'histoire au Collège de France, historien de la Rome antique. Au grade de chevalier Maryse Adam-Maillet, née Adam, inspectrice d'académie-inspectrice pédagogique régionale, responsable d'un centre académique pour la scolarisation des nouveaux arrivants et des enfants du voyage. Jean-Louis Adrien, professeur émérite, médiateur pour les personnels à l'université Paris Descartes - Paris 5. Paul-Henri Antonmattei, doyen honoraire à la faculté de droit et de sciences politiques de Montpellier. Monica Baciu, professeure des universités en neurosciences à l'université de Grenoble-Alpes. Pierre Barrière, directeur académique des services de l'éducation nationale. Michèle Bartolini, déléguée académique à l'éducation artistique et à l'action culturelle. Michèle Basseville, directrice de recherche au Centre national de la recherche scientifique. Viviane de Beaufort, née Mattei, professeure dans une école supérieure de commerce. Agnès Bernet, née Grandaud, directrice de recherche à l'université Claude Bernard - Lyon 1. Jean-Louis Bouillot, médiateur de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche auprès du recteur de l'académie d'AixMarseille. Martine Breyton, née Labbé, proviseure d'une cité sco- laire. Gilles Candar, professeur de chaire supérieure d'histoire et de géographie, président d'une société d'études. Guy Chapouillié, professeur émérite à l'université Toulouse 2 et ancien directeur de l'Ecole supérieure de l'audiovisuel. Claire Charbonnel, née Pegon, proviseure de lycée professionnel. Philippe Coiffet, directeur de recherche honoraire au Centre national de la recherche scientifique, chercheur en robotique. Nathalie Costantini, née Bibollet, vice-rectrice de Mayotte. Georges Delsol, ancien directeur du centre de physiopathologie du centre hospitalier universitaire de Toulouse et coordonnateur du cancéropôle du Grand Sud-Ouest. Alain Dieckhoff, professeur et directeur de recherche au Centre national de la recherche scientifique. Chieu Do Dinh, physicien, maître de conférences honoraire. Lise Dumasy, née Queffelec, présidente de l'université GrenobleAlpes. Chantal Figueredo, née Chapalain, directrice générale des services à l'Institut d'études politiques de Lille. Catherine Gaudy, directrice générale des ressources humaines, secrétaire générale adjointe au ministère. Jocelyne Girault, née Voiron, proviseure. Yves Goudineau, directeur de l'Ecole française d'ExtrêmeOrient. Cécile Goujard, cheffe du service de médecine interne et d'immunologie clinique de l'hôpital Bicêtre. Marc Kaderabek, directeur d'une division de systèmes d'information en rectorat. Riva Kastoryano, directrice de recherche au Centre national de la recherche scientifique, affiliée au Centre de recherches internationales de Sciences Po. Pierre Ladevèze, professeur émérite à l'Ecole normale supérieure de Cachan. Maryannick Malicot, née Marol, inspectrice d'académie-inspectrice pédagogique régionale honoraire. Martine Novic, née Durkheim, directrice des soins en charge de l'institut de formation en soins infirmiers - institut de formation d'aide-soignant du centre hospitalier d'Argenteuil. Anne Pépin, directrice de la mission pour la place des femmes au Centre national de la recherche scientifique. Philippe Pesteil, professeur des écoles, chargé de mission auprès d'un directeur académique des services de l'éducation nationale, coordonnateur de la cellule des politiques éducatives. Christine Pieralli, née Chatot, professeure d'histoire et de géographie, référente d'un dispositif pour l'adaptation scolaire des élèves en situation de handicap. William Prince Agbodjan, professeur des universités, directeur d'un département et d'un laboratoire de recherche dans un institut national de sciences appliquées. Philippe Prost, directeur du centre régional des œuvres universitaires et scolaires de Montpellier. Isabelle Roussel, inspectrice générale de l'administration de l'éducation nationale et de la recherche. Huguette Rubio, viceprésidente de l'université Blaise Pascal de Clermont-Ferrand. Gisèle Sapiro, directrice de recherche au Centre national de la recherche scientifique. Guy Schultz, membre du conseil d'orientation stratégique et président honoraire LE FIGARO lundi 28 mars 2016 LÉGION D'HONNEUR Ministère des Finances et des Comptes publics Au grade d'officier Philippe Riquer, directeur régional des finances publiques. Au grade de chevalier Max Ballarin, directeur à la direction nationale du renseignement et des enquêtes douanières. Brigitte Beaucourt, née Martignoni, présidente de section d'une chambre régionale des comptes. Philippe Bordenave, directeur général délégué et membre du comité exécutif d'un groupe bancaire. Isabelle Braun-Lemaire, née Lemaire, directrice des ressources humaines, adjointe au secrétaire général du ministère. David Cugnetti, chef de division à la direction des opérations douanières. Marie-Andrée Devred, présidente d'une association d'action sociale des douanes. Jacques Fournier, directeur général des statistiques à la Banque de France. Ollivier Gloux, directeur départemental des finances publiques. Pierre Grafmeyer, expertcomptable et commissaire aux comptes. Véronique de La Bachelerie, née Margueret, administratrice déléguée d'une banque. Patricia Laplaud, cheffe de bureau à la direction du budget. Claire Lefebvre Saint-Félix, née Lefebvre, membre de la mission santé au service du contrôle général économique et financier. Nicole Léger, responsable de mission dans une direction départementale des finances publiques. Nadine Le Maner, directrice de pôle d'une direction régionale des finances publiques. Alain Mignon, directeur départemental des finances publiques. Claire Paulard-Lanapats, née Paulard, membre de la mission des audits au service du contrôle général économique et financier. Francis Saudubray, conseiller maître à la Cour des comptes. Ministère des Affaires sociales et de la Santé Au grade de commandeur William Desazars de Montgailhard, président du conseil d'administration d'une fondation d' uvres sociales, vice-président d'un groupe hospitalier. Au grade d'officier Didier-Roland Tabuteau, conseiller d'Etat, professeur associé et codirecteur d'un institut sur le droit et la santé. Au grade de chevalier Malika Achkouk, née Ben Ayen, médiatrice de santé dans une association départementale d'éducation à la santé. Nadine Attal, neurologue, praticien hospitalier, professeure associée des universités. Christian Berthou, professeur des universités-praticien hospitalier, chef d'un service d'hématologie en centre hospitalier régional. Odile Boespflug-Tanguy, née Boespflug, professeur des universités-praticien hospitalier, cheffe du service de neuropédiatrie d'un centre hospitalier. Marie-Laure Brival, directrice médicale et chef du service de gynécologie-obstétrique d'une clinique. Marie-José Daguin, née Barthet, présidente d'une association nationale d'aide à domicile en milieu rural. Anne Dautel-Morazin, née Morazin, praticien hospitalier, directrice d'une unité de formation et de recherche d'une université. Philippe Domy, ancien directeur général Jacques Perrin, né Simonet, réalisateur et producteur de cinéma, est promu commandeur. JEAN-CHRISTOPHE MARMARA/LE FIGARO d'un centre hospitalier régional universitaire. Jean-Marie Faroudja-Deveaux, médecin généraliste, ancien président d'un ordre départemental de médecins. Christian Gatard, directeur d'un centre hospitalier. Brigitte Giovannetti, directrice régionale adjointe d'une direction régionale de la jeunesse, des sports et de la cohésion sociale. Adeline Gouttenoire, présidente d'un observatoire départemental de la protection de l'enfance. Yves Lévi, professeur des universités dans une faculté de pharmacie, fondateur et directeur d'un laboratoire, membre de l'Académie nationale de pharmacie. Annick Nguyen Duc Long, née Poirier-Leclerc, vice-présidente d'une association en faveur des personnes polyhandicapées. Claire Pachaud, née Lapicida, directrice adjointe de la direction de la stratégie dans une agence régionale de santé. Minoo Rassoulzadegan, née Hassanzadeh Faal Asli, directrice de recherche au Centre national de la recherche scientifique. Nicolas Revel, directeur général d'organismes d'assurance maladie. Bruno Riou, chef d'un service des urgences, doyen d'une faculté de médecine. Gérard Rivière, président du conseil d'administration de la caisse nationale d'assurance vieillesse. Françoise Simon, née Bastide, directrice de l'enfance et de la famille dans un conseil départemental. Jérôme Vignon, président de l'Observatoire national de la pauvreté et de l'exclusion sociale, président de l'Observatoire national de la précarité énergétique. Ministère dans une direction du ministère. Laurence Demoulin, née Bordas, directrice dans un groupe industriel. Jacques Desclaux, présidentdirecteur général dans un groupe industriel de défense. Louis Doxaran, interné résistant. René Dupé, interné résistant. Vincent Duruflé, chef de service dans une direction du ministère. Jean-Baptiste Elduayen, interné résistant. JeanBaptiste Etcheverria, interné résistant. Jean-Marie Guastavino, vice-président national d'une fédération d'anciens combattants. Christine Guerrier, directrice juridique dans un groupe industriel de défense. Mireille Hincker, née Wahl, vice-présidente nationale d'une association d'anciens combattants. Martine Kientz, née Cauliez, conseiller dans une direction du ministère. Frédéric Mazzanti, directeur général adjoint dans un groupe industriel de défense. Jean Monin, vice-président national d'une association d'anciens combattants. Marie Moysan, née Siohan, internée résistante. Eric Padieu, délégué interrégional dans une direction du ministère. Pierre Petit, interné résistant. Jean Ségura, interné résistant. Cathy Thilly-Soussan, née Soussan, directrice adjointe dans une direction du ministère. Arnaud Van Robais, président-directeur général d'une société. Ministère de la Justice Au grade de commandeur Christine Chanet, conseillère honoraire à la Cour de cassation, avocate au barreau de Paris. Au grade d'officier Michèle de Bardon de Segonzac, née Bolloré, présidente de la Cour nationale du droit d'asile. Camille Gouillard, gérant de tutelles auprès du tribunal d'instance d'Haguenau. Francine LevonGuerin, née Levon, conseillère honoraire à la Cour de cassation. Alain Monod, avocat au Conseil d'Etat et à la Cour de cassation. Patrick Poirret, inspecteur général des services judiciaires. Au grade de chevalier François Ancel, premier viceprésident adjoint au tribunal de grande instance de Paris. Régine Barthelemy, avocate au barreau de Montpellier. Chantal Bartholin, de la Défense Au grade de commandeur Patrick Auroy, secrétaire général adjoint dans une organisation internationale. Au grade d'officier Philippe-René Bottrie, directeur des affaires politiques dans un groupe d'aéronautique. Serge Drouot, secrétaire national d'une fédération d'anciens combattants. Francis Hérodin, chef de département dans une direction du ministère. Henri Rouby, directeur général dans un groupe industriel de défense. Au grade de chevalier Joseph Amiel, interné résistant. Raymond Beranger, interné résistant. Benoît Berger, directeur général dans un groupe aéronautique. Jacky Berne, directeur de projet dans une direction du ministère. Marc Bombardier, conseiller dans une direction du ministère. Roger Bonneil, interné résistant. Hugues Corbeau, chef de service dans une direction du ministère. Marcjanna Couturier, née Marcinkowski, présidente nationale d'une association d'anciens combattants. Roger Cubilié, interné résistant. Linda Darmon, née Mouchabac, médecin adjoint Isabelle Gallimard, présidente-directrice générale d'une maison d'édition, est promue officier. S. ROUDEIX/OPALE/LEEMAGE Renaud Capuçon, violoniste, devient chevalier. CAROLINE DOUTRE née Roussel, présidente de chambre à la cour d'appel de Paris. Gérald Bartholomew, adjoint au haut fonctionnaire de défense et de sécurité au secrétariat général du ministère. Monique Béneix, présidente du tribunal de grande instance de Brive-la-Gaillarde. Géraldine Berhault, présidente du tribunal de grande instance de Libourne. Marie-Claude Bernard, née Gauthier, vice-présidente au tribunal de grande instance d'Angoulême. Marguerite Bertrand, née Fort, présidente départementale d'une association de soutien aux victimes d'actes de délinquance. Alain Bobant, huissier de justice honoraire à la résidence de Rochefort-sur-Mer, ancien président d'une chambre régionale des huissiers de justice. Corinne Capello, née Descamps, chef d'antenne régionale du service pénitentiaire d'insertion et de probation de la Loire. Georges Casagrande, chef d'établissement du centre pénitentiaire de SaintDenis de La Réunion. Pascale Compagnie, sous-directrice du droit économique à la direction des affaires civiles et du sceau. Maria Costa, directrice de greffe du tribunal d'instance du 13e arrondissement de Paris. Guillaume Denoix de Saint Marc, directeur général d'une association de défense des victimes du terrorisme. Anne Dompmartin-Blanchère, née Dompmartin, experte judiciaire près la cour d'appel de Caen, ancienne présidente de la Compagnie des experts judiciaires près la cour d'appel de Caen. André Dupont-Jubien, avocat au barreau de Paris. Bernard Fauliot, avocat au barreau de Paris. Gérard Flora, notaire à la résidence de Toulouse, ancien président de la chambre interdépartementale des notaires de la cour d'appel de Toulouse. Nathalie Foy, procureure de la République adjointe près le tribunal de grande instance de Nanterre. Carine Greff, procureure de la République près le tribunal de grande instance de Montbéliard. Françoise HeuillonSchnitzler, née Heuillon, avocate au barreau de Nîmes, ancienne bâtonnière. Martine Jodeau, conseillère d'Etat. Roger Labonne, juge au tribunal de commerce de Bobigny. Jean-François Merienne, avocat au barreau de Dijon, ancien bâtonnier. Vincent Nioré, avocat au barreau de Paris. Gérard Oliet, conciliateur de justice pour les cantons du ressort du tribunal d'instance de Villefranche-surSaône, vice-président d'une association d'aide aux victimes. Patricia Parisis, vice-présidente de section au conseil de prud'hommes de Paris. Alain Penin, expert judiciaire près la cour d'appel de Toulouse, agréé par la Cour de cassation, vice-président de la Compagnie nationale des experts judiciaires en psychologie. Estelle Perz, née Brochet, directrice du centre pénitentiaire de Châteauroux. Philippe Petitprez, avocat général à la Cour de cassation. Nathalie Pignon, née Rambour, présidente du tribunal de grande instance de Niort. Jacques Raynaud, premier vice-président au tribunal de grande instance de Créteil. Sylvie Regnard, née Lemercier, greffière associée du tribunal de commerce de Paris. Jean Richard de La Tour, avocat général à la Cour de cassation. Elisabeth Senot, présidente de chambre à la cour d'appel de Rouen. Hélène Tapsoba-Château, née Château, présidente de chambre à la cour d'appel de Douai. Hugues Tranchant, chef de service, directeur adjoint de la direction de la protection judiciaire de la jeunesse. Brigitte Vandenbroucke, née Sitbon, directrice de greffe du conseil de prud'hommes de Nice. Eliane Violart, née Gautier, directrice déléguée à l'administration régionale judiciaire au service administratif régional d'Agen. Ministère du Travail, de l'Emploi, de la Formation professionnelle et du Dialogue social Au grade d'officier Jean-Claude Audry, chef d'entreprises, ancien président d'une confédération générale des petites et moyennes entreprises. Au grade de chevalier Yves Attou, président-fondateur d'un comité mondial pour les apprentissages tout au long de la vie. Catherine Beauvois, secrétaire générale du Conseil national de l'emploi, de la formation et de l'orientation professionnelle. Patricia Boillaud, directrice régionale adjointe des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l'emploi. Claire Descreux, adjointe à la déléguée générale à l'emploi et à la formation professionnelle. Annie Fortems, consultante en emploi, évolution professionnelle, reclassement et recrutement auprès de Pôle emploi. Jean-Claude Guéry, ancien président d'une association d'aide à l'emploi des cadres. Danièle Linhart, sociologue, directrice de recherche émérite au Centre national de la recherche scientifique. Michel Ricochon, directeur régional des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l'emploi. Patrice Rivière, gérant d'une entreprise de fabrication de faïences et de terres cuites. Ministère de l'Aménagement du territoire, de la Ruralité et des Collectivités territoriales Au grade de commandeur Jean Milhau, ancien sénateur du Lot, ancien président du conseil général du Lot, ancien maire de Cazals. Au grade de chevalier Bernard Nugier, directeur du cabinet d'un président de conseil départemental. Ministère de l'Intérieur Au grade de commandeur Christian Galliard de Lavernée, préfet, conseiller maître en service extraordinaire à la Cour des comptes. Au grade d'officier Philippe Augier, maire de Deauville (Calvados). Jean-Yves Bassetti, médecin-colonel de sapeurs-pompiers volontaires, médecin-chef d'un service d'incendie et de secours. Jacqueline Benassayag, née Pradel, secrétaire générale d'une association d'aide aux demandeurs d'asile. Jean Durupt, ancien député de Meurtheet-Moselle, ancien conseiller régional de Lorraine, maire honoraire de Tomblaine. Michel Gérès, maire de Croissy-Beaubourg (Seine-et-Marne). Philippe Prunier, inspecteur général des services actifs de la police nationale. Patricia Willaert, préfète de Lot-et-Garonne. Au grade de chevalier Richard Aguié, colonel de sapeurs-pompiers professionnels, chef de l'état major interministériel de la zone Est. Jean-Noël Bellavoine, commandant de police, chef d'un centre de déminage. Valérie Bermond, née Martineau, commissaire divisionnaire de police. Jacques Berthou, ancien sénateur, ancien conseiller général, ancien maire de Miribel (Ain). Serge Bideau, sous-préfet, secrétaire général de la préfecture de la Côte-d'Or. Jean-Marie Binétruy, ancien député, adjoint au maire de Morteau (Doubs). Magali Blanc A de l'université de Haute-Alsace. Martine Seguier-Guis, née Seguier, responsable de politique éditoriale et de communication dans une maison d'édition. JeanYves Souben, proviseur honoraire, ancien adjoint au maire du Blanc-Mesnil (Seine-Saint-Denis). Anne Vibert, née Jeannin, inspectrice générale de l'éducation nationale, membre d'une équipe de recherche en université. Marceline Zemori, proviseure. 11 lundi 28 mars 2016 LE FIGARO 12 LÉGION D'HONNEUR Caillat, née Blanc, commissaire divisionnaire de police. Emile Blessig, ancien député, ancien conseiller général, ancien maire de Saverne (Bas-Rhin). Pascal Bolot, préfet, directeur de la protection et de la sécurité de l'Etat au secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale. Olivier Bolzinger, colonel de sapeurspompiers professionnels, directeur départemental d'un service d'incendie et de secours. Philippe Chadrys, commissaire divisionnaire de police. Jean-Louis Chesnaud, lieutenant honoraire de sapeurs-pompiers professionnels. Richard Ciok, lieutenant honoraire de sapeurs-pompiers professionnels. François Colomès, colonel de sapeurs-pompiers professionnels, directeur départemental d'un service d'incendie et de secours. Marie-Hélène Debart, inspectrice générale de l'administration. Nelly Delbosc, commissaire divisionnaire de police. Eric Delchambre, commandant de police à l'emploi fonctionnel. Catherine Delmeire, née Meric, commandante de police à l'emploi fonctionnel. Maryse De Moor, née Desmoulin, commissaire divisionnaire de police. Claude Dilhat, présidente d'un comité départemental de la prévention routière. Michèle Dujarric de Lagarde, née Bruno, commissaire divisionnaire de police. Agnès Federicci-Courson, née Federicci, commissaire divisionnaire de police. Azzedine Gaci, recteur de la mosquée Othmane à Villeurbanne (Rhône). Hélène Girardot, sous-préfète, directrice de cabinet de la préfète des Pyrénées-Orientales. Gilles Giuliani, sous-préfet de Céret (Pyrénées-Orientales). Claude Gobin, sous-préfet de Mayenne (Mayenne), ancien conseiller général de Loire-Atlantique, ancien maire de Saint-Aignan-Grandlieu (Loire-Atlantique). Alexandre Gohier-Del Re, inspecteur général de l'administration. Edith Harzic, chef du bureau de la rétention et de l'éloignement à la sous-direction de la lutte contre l'immigration irrégulière à la direction générale des étrangers en France. Jean-Noël Humbert, sous-préfet de Meaux (Seine-et-Marne). Jean-Paul Jallot, contrôleur général des services actifs de la police nationale. Odile Leperre-Verrier, née Verrier, ancienne députée européenne. Jean-Michel Lopez, contrôleur général des services actifs de la police nationale. Pierre Loustaudaudine, maire de SaintPalais (Pyrénées-Atlantiques). Pierre d'Ornellas, archevêque de Rennes, Dol et Saint-Malo (Illeet-Vilaine). Régine Pam, souspréfète chargée de mission auprès de la préfète de la région de la Guadeloupe, préfète de la Guadeloupe. Paul Rechter, membre du bureau exécutif du Conseil représentatif des institutions juives de France et du comité directeur du Fonds social juif unifié. Sylviane Rey, née Alciato, conseillère départementale, adjointe au maire de Faverges (Haute-Savoie). Christian Riguet, sous-préfet, secrétaire général de la préfecture du Bas-Rhin. Jean-Michel Roncero, commissaire divisionnaire de police. Guy Sallé, lieutenantcolonel de sapeurs-pompiers volontaires. Francis Soutric, souspréfet hors cadre. Nathalie Valleix, sous-préfète, secrétaire générale de la préfecture de l'Indre. Colette Von Tokarski, née Beaunay, conseillère d'administration, chargée des fonctions de sous-préfète de Montdidier (Somme). Jean Zielinski, commandant de sapeurs-pompiers volontaires. professionnels de la forêt privée. Régis Coudert, cofondateur et ancien promoteur d'une race bovine. Chantal Doumbouya, née Davoust, présidente d'une association nationale pour la promotion de la recherche cunicole. Gilles Falc'hun, président-directeur général d'un groupe agroalimentaire. Patrick Gratiot, président du conseil de surveillance d'un groupement de coopératives viticoles. Philippe Lacondemine, viticulteur, ancien président d'une coopérative agricole. Christian Le Squer, directeur de cuisines dans un établissement hôtelier. Jean-Louis Louvel, président-directeur général d'une entreprise de fabrication de palettes en bois. Jean-Claude Neymann, président-directeur général d'une entreprise agroalimentaire. Jean-Claude Sigoillot, directeur d'une unité mixte de recherche scientifique. Blandine Terrier, présidente d'une coopérative agricole, vice-présidente d'une chambre départementale d'agriculture. JeanClaude Vidal, administrateur d'une caisse régionale d'un organisme de protection sociale. Yolaine Villain, née Lamy, secrétaire générale d'une organisation professionnelle nationale d'entrepreneurs des secteurs agricole et forestier. Laurence des Cars, directrice du musée de l'Orangerie, devient chevalier. SOPHIE BOEGLY/MUSÉE D’ORSAY Ministère du Logement et de l'Habitat durable Au grade d'officier Bruno Arbouet, directeur général d'un opérateur global de l'habitat. Au grade de chevalier Laurence Dadillon, directrice technique d'une société d'études techniques et économiques du bâtiment. Rachel Denis-Lucas, née Denis, codirigeante d'une entreprise de matériaux. Béatrice Mariolle, architecte urbaniste, chercheuse dans un laboratoire de recherches d'une école nationale supérieure d'architecture. Sylvain Mathieu, délégué interministériel pour l'hébergement et l'accès au logement. Jean-Claude Morchoine, président d'une association pour l'amélioration de l'habitat. Jean-François Morel, sous-directeur de l'appui technique et logistique de l'administration centrale au secrétariat général du ministère. Sylvie Ruin, née Coqueau, directrice du logement d'une communauté urbaine. Ministère de l'Économie, de l'Industrie et du Numérique Au grade de commandeur Edwige Avice, née Bertrant, ancienne ministre, ancienne députée, vice-présidente associée d'une société d'études économiques. Isabelle de Kerviler, née Prost, expert-comptable, commissaire aux comptes, associée dans un cabinet d'audit et d'expertise financière. Ministère de l'Agriculture, de l'Agroalimentaire et de la Forêt Au grade d'officier A Jean-Jacques Vorimore, ancien exploitant agricole, ancien président d'une union de coopératives agricoles. Au grade de chevalier Sylvie Coisne, sylvicultrice, présidente d'une union régionale de Agnès Troublé, dite Agnès B, créatrice de mode, est promue commandeur. VIM/ABACA Coline Serreau, comédienne, scénariste et réalisatrice de cinéma, devient officier. JEAN-CHRISTOPHE MARMARA/LE FIGARO contractuel. Maxime Holder, président d'une société dans le secteur de la boulangerie. Véronique Joly, née Girardier-Serval, présidente d'une société d'essais et inspections techniques. Caroline de la Marnierre, née Sallé Phelippes de la Marnierre, présidente d'une agence de conseil en communication. Thierry Le Hénaff, président-directeur général d'une société de l'industrie chimique. Valérie Marcou des Moutis, née Marcou, coprésidente d'une entreprise de fabrication de costumes professionnels. Jean-Marc Maury, directeur de département dans un établissement financier public. Michel Messager, président d'une association nationale de tourisme. Nicolas Orance, directeur dans une société aéronautique, président d'un pôle de compétitivité. Michel Paris, présidentdirecteur général d'un fonds d'investissement. Thierry Sachot, président d'une plate-forme d'innovation industrielle. Patrick Soghomonian, président d'une société industrielle. Nicolas Théry, président du conseil d'administration d'une banque. Celeste Thomasson, née De Petris, présidente d'une société spécialisée dans la fourniture de solutions biométriques de gestion de l'identité. Régis Turrini, ancien directeur d'un service à compétence nationale. Ministère de la Culture et de la Communication Au grade de commandeur Au grade d'officier Olivier Blanchard, ancien chef économiste du Fonds monétaire international. Nicole ChaumetChavinier, née Chavinier, présidente d'honneur d'une société spécialisée dans la construction de réseaux. Michel Cymerman, directeur général d'une société de joaillerie. Philippe Demonchy, vice-président d'une chambre de commerce et d'industrie. Pierre Deroux, directeur et consultant d'un cabinet de conseil financier et opérationnel. Pierre Donnersberg, président du directoire d'un groupe de courtage en assurances. Joselyne Duplain, née Pichon, présidente d'une chambre de commerce et d'industrie. Isabelle Gallimard, présidente-directrice générale d'une maison d'édition. Franck Gentin, président de sociétés. Bernard Spitz, président d'un syndicat professionnel. Au grade de chevalier Marie Adeline-Peix, née Adeline, directrice dans un organisme français de financement et de développement des entreprises. Anne Blanche, née Janvier, associée dans un cabinet d'audit et de conseil. Ryadh Boudjemadi, directeur dans un groupe producteur et fournisseur d'électricité. Hélène Boulet-Supau, née Boulet, directrice générale d'une société de commerce électronique. Daniel Cambour, président du conseil de surveillance de sociétés de bijouterie et joaillerie. Marie Castaing, née Calas, déléguée générale d'un cercle de réflexion sur l'économie. Monique Coupé, présidente d'une société spécialisée dans la réalisation d'ensembles électroniques pour l'industrie. Odile De DamasNottin, née De Damas d'Anlezy, directrice des ressources humaines dans une entreprise pétrolière. Jean-Pierre Denis, président d'une banque mutualiste régionale. Nathalie Dufour, fondatrice et directrice générale d'une association pour le développement des arts de la mode. Axel Dumas, gérant d'une société de l'industrie du luxe. Joëlle Durieux, née Labarbe, directrice générale d'un pôle de compétitivité. Michel Emily, président de sociétés de fabrication et de commercialisation d'outils de manutention. François-Xavier Gervoson, président-directeur général d'un groupe biscuitier. Richard Girardot, président-directeur général d'une société agroalimentaire. Philippe Grangeon, directeur dans une société de services numériques et informatiques. Hervé Guenot, agent Pierre Bénichou, journaliste. Kondrat Chemetov, né Chemetoff, architecte. Agnès Troublé, dite Agnès B, créatrice de mode. Au grade d'officier Pierre Arditi, comédien. AnneJosé dite Ann-José Arlot, architecte, cheffe de l'inspection générale des affaires culturelles au ministère. Christiane Eda-Pierre, artiste lyrique. Jean-Gabriel Mitterrand, galeriste. Alain Rey, linguiste, écrivain. Coline Serreau, comédienne, scénariste et réalisatrice de cinéma. Au grade de chevalier Camille Ader, pianiste. Sophie Audouin-Mamikonian, née Tricot, écrivaine. Hervé Barbaret, directeur du Mobilier national et des manufactures des Gobelins, de Beauvais et de la Savonnerie. Saadia Bentaïeb, comédienne. Catherine Blondeau, directrice d'une salle de spectacles. Renaud Capuçon, violoniste. Laurence des Cars, née de Pérusse des Cars, directrice du musée de l'Orangerie. Louis Echelard, directeur général d'une société du secteur des médias. Philippe Faucon, scénariste, réalisateur et producteur de cinéma. Robert Guédiguian, scénariste, réalisateur et producteur de cinéma. Annette Haudiquet, directrice d'un musée. Martine Le Coz, née Rippe, écrivaine, dessinatrice. Elisabeth Lenchener, née Lentschner, documentaliste, réalisatrice et productrice de cinéma. Farid Mokart, publicitaire. Susan dite Susie Morgenstern, née Hoch, écrivaine. Claude Perrier, président-directeur général de groupes de presse. Alain Planès, pianiste. Nadia Rappaport, directrice d'un festival de musique. Delphine Rémy-Boutang, née Rémy, gérante-fondatrice d'une agence en conseil digital. Joann Sfar, dessinateur et scénariste de bandes dessinées. Jean-Luc Soulé, président-fondateur d'un festival de musique. Eric Tong Cuong, publicitaire. Georges-Philippe Vallois, galeriste. Jean Viansson Ponté, né Viansson Ponte, président d'un syndicat de presse régionale. Ministère des Familles, de l'Enfance et des Droits des femmes Au grade de chevalier Françoise Brié, directrice d'un centre d'accueil et d'hébergement de femmes victimes de violences. Ministère de la Fonction publique Au grade d'officier Gérard Simonet, maire de Moirans (Isère). Au grade de chevalier Alain Bucquet, sous-préfet du Raincy (Seine-Saint-Denis). Marie-Chantal Robin-Rodrigo, née Robin, ancienne députée des Hautes-Pyrénées, conseillère départementale des Hautes-Pyrénées. Pierre Thénard, directeur des relations internationales de l'Ecole nationale d'administration. Ministère de la Ville, de la Jeunesse et des Sports Au grade d'officier André Leclercq, ancien président de la Fédération française de volley-ball. Au grade de chevalier Ammessaad Azoug, directrice d'une mission locale. Babacar Fall, directeur régional adjoint de la jeunesse, des sports et de la cohésion sociale. Sylvie Hel-Thélier, née Hel, experte de haut niveau auprès du directeur de la jeunesse, de l'éducation populaire et de la vie associative au ministère. Saïd Kebbouche, directeur de cabinet d'un maire, membre du conseil d'administration d'un comité régional de la vie associative. Ministère des Outre-Mer Au grade de commandeur Jacques Le Blanc, secrétaire général du Comité national pour la coopération économique avec l'Asie-Pacifique. Au grade d'officier Alain Conan, président d'une association de recherches maritimes (Nouvelle-Calédonie). Lise Lucilly, née Touchard, ancienne professeure d'enseignement général de collège, ancienne présidente d'une d'association contre les violences faites aux femmes (La Réunion). Au grade de chevalier Séhnaz Bagot, née Amode-Adame, cheffe d'entreprise, présidente d'une association d'aide aux élèves en difficulté (La Réunion). Jules Bertile, ancien député de La Réunion, universitaire, ancien secrétaire général de la commission de l'océan Indien. Marie ChonNam, ancienne assistante socioéducative principale, présidente d'une association caritative (La Réunion). Fabrice Di Falco, né Rosalie, chanteur lyrique. Philippe Doki-Thonon, restaurateur (La Réunion). Moïse Moua Txong Fong, ancien combattant (Guyane). Sylvana Puhetini, représentante à l'assemblée de la Polynésie française, adjointe au maire de Papeete (Polynésie française). Pierre Sainte-Luce, médecin, directeur d'établissement de santé (Guadeloupe). Michel Sallenave, commissaire délégué de la République pour la province Nord (Nouvelle-Calédonie). Jennifer Seagoe, née Ransom, présidente de la chambre de commerce et d'industrie de la Nouvelle-Calédonie. Jean-Christophe Shigetomi, directeur de l'aviation civile de la Polynésie française. Maryse Trotet, née Payet, ancienne directrice d'école, présidente d'association (La Réunion). lundi 28 mars 2016 LE CARNET DU JOUR Le service reçoit les annonces tous les dimanches et jours fériés de 9 heures à 13 heures. par téléphone 01 56 52 27 27 par fax 01 56 52 20 90 ou par courriel carnetdujour@media.figaro.fr Reprise des annonces sur : www.carnetdujour.lefigaro.fr www.dansnoscoeurs.fr Marseille. La baronne Arnaud de Balorre, née Marie-Renée de Truchis de Varennes, son épouse, Andréa Eyssautier, son épouse, Paolo, Matéo et Liana, ses enfants, le baron et la baronne Eymart de Balorre, l'abbé Hubert de Balorre, le baron Christian de Balorre, Elisabeth et Antoine de Rochefort, le baron Hervé de Balorre, Armelle et Roger Albaret, ses enfants, Annie Eyssautier, sa mère, Jacques et Marie-Paule Eyssautier, son père et sa belle-mère, Rostislav Behalik et Marta Behalikova, ses beaux-parents, Aliénor, William, Pauline, Claire, Etienne, Antonin et Lucie, ses petits-enfants, Alix et Jean-Marc Raybaud, Sophie et Jacques Bouhana, ses sœurs et beaux-frères, Thomas, Vanina, Jules, Arthur, Antonio, ses neveux et nièce Luna, Giuliann, sa petite-nièce et son petit-neveu, vous font part, dans l'Espérance de Pâques, du retour à Dieu du général de division Arnaud de BALORRE naissances Gonzague LESORT en communion avec Maggy Lesort († 2012), ses arrière-grands-parents, Olivier Lesort et Marie-Cécile Cloître, Paulo et Francesca Solinas, ses grands-parents, Mathieu LESORT et Laura SOLINAS ses parents, ont la grande joie de faire part de la naissance de Saint-Cyr, promotion Lieutenant-Colonel Amilakvari, commandeur de la Légion d'honneur, officier de l'ordre national du Mérite, croix de la Valeur militaire, le mercredi 23 mars 2016. La cérémonie religieuse aura lieu le mardi 29 mars 2016, à 10 heures précises, en la chapelle Saint-Louis de l'École militaire, à Paris (7e), suivie de l'inhumation à 16 heures, au cimetière de Nouvion-le-Vineux (Aisne). Candy le 25 mars 2016, à Bruxelles. conférences Le Collège des Bernardins organise un colloque, le vendredi 8 avril 2016, à 14 heures, La transmission du religieux en Méditerranée : un défi partagé. Avec Jacques Huntzinger, ancien ambassadeur de France, Mohamed-Sghir Janjar, directeur adjoint de la Fondation du Roi Abdul-Aziz de Casablanca, Isabelle Saint-Martin, directrice de l'IESR (Institut européen en sciences des religions), directrice d'études à l'EPHE (École pratique des hautes études), Valentine Zuber, directrice d'études à l'EPHE, chaire religions et relations internationales. Participation à prévoir. 20, rue de Poissy, Paris (5e), téléphone : 01 53 10 74 44, www.collegedesbernardins.fr deuils Gilles et Martine Barre, Christine et Cyrille Pauphilet, François Barre, Virginie et Antoine Heidmann, ses enfants, et ses petits-enfants ont la tristesse de vous faire part du décès de Mme Claude BARRE née Denise Camus, le mercredi 23 mars 2016. La cérémonie religieuse sera célébrée le jeudi 31 mars, à 14 h 30, en l'église Saint-François-de-Sales, 6, rue Brémontier, Paris (17e). L'inhumation aura lieu le lendemain à 14 h 30, au cimetière de Crillon-le-Brave (Vaucluse). Famille Barre, 47, rue Cardinet, 75017 Paris. Alena Behalikova et Miroslav Svoboda, sa belle-sœur et son beau-frère, Elena Svobodova, sa nièce, ses filleuls, ses oncles, tantes, cousins et cousines, les familles Charlet, Griffet, Legendre, de Cagny, Raybaud, Richard et ses nombreux amis ont la tristesse de vous annoncer le décès de Paul-Eric EYSSAUTIER survenu le 19 mars, à Dubaï, à l'âge de 51 ans. La cérémonie religieuse aura lieu à Marseille, le mercredi 30 mars, à 15 heures, en l'église du Sacré-Cœur, 81, avenue du Prado, Marseille (8e), suivie de l'inhumation au cimetière Saint-Pierre, dans l'intimité familiale. Mme Claudine Bourson-Charluteau, M. et Mme Vincent Dauguet, M. et Mme Benoit Henry d'Aulnois, M. et Mme Jean-Louis Charluteau, M. Philippe Charluteau, ses enfants, La famille remercie toutes les personnes qui s'associent à leur deuil. ses petits-enfants et arrière-petits-enfants ont la douleur de vous faire part du décès de Yseult Gallois de Carbonnel de Canisy, son épouse, Philippe et Sylvie, Hervé et Frédérique, Alain et Nathalie, Laure et Emmanuel du Granrut, ses enfants, ses petits-enfants et son arrière-petite-fille Mme veuve Jean CHARLUTEAU née Eliane Boulanger, survenu le jeudi 24 mars 2016, à Compiègne, dans sa 95e année. ont la douleur de vous faire part du décès de La cérémonie religieuse sera célébrée le mercredi 30 mars 2016, à 10 h 30, en l'église Saint-Jacques de Compiègne. Didier GALLOIS de CARBONNEL de CANISY chevalier de la Légion d'honneur, survenu le 23 mars 2016, dans sa 90e année. Le comte et la comtesse Xabert de Bélizal, M. et Mme Alexandre Dulac, ses enfants, La cérémonie religieuse sera célébrée le mardi 29 mars 2016, à 14 h 30, en l'église Saint-François-de-Sales, 6, rue Brémontier, Paris (17e), suivie de l'inhumation, à 16 h 30, au cimetière de Passy, Paris (16e). Edouard et Alice Dulac, Tanneguy et Marie de Bélizal, Bérénice et François-Xavier Malcorpi, Ségolène de Bélizal, Clémence Dulac, Aymeric de Bélizal, ses petits-enfants, Cet avis tient lieu de faire-part. Isaure, Augustin, Pia, Oscar, Hortense, Arthus et Philéas, ses arrière-petits-enfants, Odile GARNIER de BOISGROLLIER de RUOLZ comte Charles-Henri de GOUZILLON de BÉLIZAL survenu le 25 mars 2016. croix du combattant volontaire 1939-1945, La cérémonie sera célébrée le mardi 29 mars, à 15 heures, en l'église de Montbonnot (Isère), suivie de l'inhumation dans le caveau familial, au cimetière de la Terrasse. le 24 mars 2016, dans sa 92e année. Il a rejoint dans la Demeure de Dieu son épouse, née (1923-2007). La cérémonie religieuse sera célébrée en la chapelle de la Providence, 77, rue des Martyrs, Paris (18e), le mardi 29 mars, à 14 h 30. L'inhumation aura lieu au cimetière de Moussoulens (Aude), le mercredi 30 mars, à 15 heures. Souvenirs, Messes... Partagez le souvenir d’un être cher dans le carnet du jour Patrick et Béatrice, née Fritz, Nicolas et Catherine, née Straub, Bruno et Geneviève, née Perrachon, Hervé et Véronique, née Clin, Gérard et Patricia, née d'Augustin, Philippe et Marie-Charlotte, née Peiffer, Véronique et Alex Lavirotte, Francis et Catherine, née Gorget, ses enfants, ses 43 petits-enfants et ses 43 arrière-petits-enfants ont la grande tristesse de vous faire part du rappel à Dieu de Mme Jacques LETELLIER née Claude Carrelet, « Mamita », © Gettyimages le 24 mars 2016, dans sa 95e année, munie des sacrements de l'Église. carnetdujour.lefigaro.fr Robert Monnier et Gillian Eatherley, Catherine Monnier-Shannon, Antoine Monnier, Nicolas et Sylvie Monnier, ses enfants, Mme Jacqueline Matisse-Monnier, leur mère, Louis, Jack, Nick, Victor, Maxime, ses petits-fils, Armand de Caumont La Force, son beau-fils, Mme Bernard Pagézy, M. Pierre Monnier, ses sœur et frère, sa dévouée Marie-Evenie Andriss ont la tristesse d'annoncer le décès de Pierre Lepape, son époux, Fabienne Vallery-Masson, Corinne Vallery-Masson, ses filles, François Sauterey, son gendre, La cérémonie religieuse sera célébrée le mercredi 30 mars, à 10 h 30, en l'église Notre-Dame-de-Grâcede-Passy, 10, rue de l'Annonciation, Paris (16e). L'inhumation aura lieu au cimetière de La Haye-Saint-Sylvestre (Eure). Recevez Le FigaRo les familles Mouline, Simonetta, de Feraudy, Brelet, Vallery-Masson, de Villepin, Vermeire, Lepape, Bréchignac chaque jouR ont la tristesse de vous faire part du rappel à Dieu de chez vous Janine VALLERY-MASSON née Brelet, le 24 mars 2016. La cérémonie religieuse aura lieu le mardi 29 mars, à 9 h 30, en la chapelle Sainte-Bernadette, 4, rue d'Auteuil, Paris (16e). Elle sera suivie à 17 heures, d'une bénédiction, en l'église de Saint-Jacut-de-la-Mer (Côtes-d'Armor). M. Bernard MONNIER le 24 mars 2016. Le culte d'action de grâce sera célébré en l'église protestante unie de Pentemont, 106, rue de Grenelle, Paris (7e), le mercredi 30 mars, à 11 h 30, suivi de l'inhumation dans la tombe familiale, au cimetière des Gonards, à Versailles (Yvelines). 108, rue du Bac, 75007 Paris. Vincent et Dominique Monsaingeon, Michel et Marie-Armande Monsaingeon, Xavier et Gwénola Monsaingeon, Agnès Crété Monsaingeon et Jean-Gérald Crété, ses enfants, Aurélie et Ciron, Timothée et Zhéva, Marie et Benjamin, Charlotte et Pierre-Jean, Céline et Benjamin, Baptiste et Gabrielle, Arthur et Morgan, Noé, Louis, Etienne, Philomène, Tiphaine, Publio, Clémence, Colombe, ses petits-enfants, ses quatorze arrière-petits-enfants ont la tristesse de vous faire part du décès le 20 mars 2016, dans sa 93e année, de Dominique MONSAINGEON chevalier de la Légion d'honneur, médaille militaire, croix de guerre 1939-1945. Il a rejoint son épouse, Le comte et la comtesse Henri de Witasse Thézy, le comte et la comtesse Patrice de Witasse Thézy, le comte et la comtesse Stéphane de Witasse Thézy, M. et Mme Jérôme Maillard, ses enfants, ses petits-enfants et arrière-petits-enfants ont la douleur de vous faire part du rappel à Dieu de René de WITASSE marquis de THÉZY Recevez Le Figaro du lundi au samedi, accompagné des suppléments et des magazines du week-end. le 25 mars 2016, dans sa 90e année. La cérémonie religieuse sera célébrée le mercredi 30 mars, à 10 h 30, en l'église Saint-Martin de Saint-Valery-sur-Somme. L'inhumation aura lieu dans la chapelle du château, à Thézy-Glimont, à 17 heures. remerciements 209s 6 mois au lieu de 421,20E Son épouse, ses enfants, petits-enfants et arrière-petits-enfants, très touchés des marques de sympathie qui leur ont été témoignées lors du décès du 50% de réduction sur le prix de vente en kiosque. comte Jacques de BOURDONCLE de SAINT SALVY vous prient de trouver ici leurs sincères remerciements. Jacqueline CARON (†) le 7 septembre 1997, et leur fille, Isabelle Monsaingeon La messe d'enterrement sera célébrée le mardi 29 mars, à 10 h 30, en l'église Notre-Damedu-Val-de-Grâce, 1, place Alphonse-Laveran, à Paris (5e). L'inhumation aura lieu le lendemain, au cimetière de Saint-Briac-sur-Mer, à 14 h 30, dans l'intimité familiale. messes Une messe du souvenir sera célébrée le vendredi 1er avril 2016, à 17 heures, en l'église Notre-Dame-d'Auteuil, Paris (16e), à l'intention de André BÉNARD (†) le 15 mars 2016. Cet avis tient lieu de faire-part. Cissy de BARBEYRAC SAINT MAURICE Tél. 01 56 52 27 27 • Fax. 01 56 52 20 90 Mme Bernard Monnier, née Virginie Lehideux-Vernimmen, son épouse, (†) le 19 mars 1979. Sa famille nous prie d'annoncer le décès de ont la tristesse de vous faire part du rappel à Dieu du carnetdujour@media.figaro.fr Vous pouvez également saisir votre annonce sur notre site 13 Ses enfants, Béatrice, Sabine (†), Sylvie, Philippe et sa compagne Marie-Cécile, ses petits-enfants, Frédéric, Stéphane, Valérie, Emmanuel, Julien, Camille, Théophile, Philippine, Philéas, Vanessa, sa filleule, et leurs conjoints, ses arrière-petits-enfants, Calystée, Margot, Maëlle, Louis, Baptiste, Guillaume, Pauline, Maxime, Emma et Jules, messes et anniversaires Geneviève RUGGIERI née Dumont, à l'âge de 93 ans, le mercredi 23 mars 2016, munie des sacrements de l'Église. La cérémonie religieuse aura lieu le mardi 29 mars, à 10 h 30, en l'église Saint-Philippe-du-Roule, 9, rue de Courcelles, Paris (8e). Cet avis tient lieu de faire-part. 30, rue Desaix, 75015 Paris. À renvoyer dans une enveloppe affranchie à : LE FIGARO ABONNEMENT 4 rue de Mouchy – 60438 NOAILLES Cedex OUI, Je m’abonne à la Formule Club pour 209e au lieu de 421,20e, et je reçois Le Figaro du lundi au samedi, accompagné des suppléments et des magazines, pendant 6 mois. Nom : Prénom : Une messe sera célébrée le samedi 2 avril 2016, à 17 heures, en la crypte de l'église Saint-Léon, Paris (15e), à la mémoire de Denis ALLARD décédé le 28 février 2013. Adresse : Code postal : Ville : Tél. : E-mail : @ Je joins mon règlement par : en majuscules Date et signature : Chèque bancaire ou postal à l’ordre du Figaro ainsi que toute sa famille ont la profonde tristesse de vous faire part du rappel à Dieu de abonnez-vous au FigaRo souvenirs CB N° Expire fin : Notez les 3 derniers chiffres figurant au verso de votre carte bancaire : FAP16005 Il y a quinze ans, le lundi 28 mars 2001, Yves LE GUAY (1926-2001), nous quittait. Que ceux qui l'ont connu et aimé aient une pensée pour lui. Que la lumière de Jésus-Christ ressuscité illumine à jamais sa face. Alexandra, son épouse, ses six enfants et leurs conjoints, ses petits-enfants et arrière-petits-enfants. Offre France Métropolitaine réservée aux nouveaux abonnés valable jusqu’au 31/12/2016. Les informations recueillies font l’objet d’un traitement informatique pour les besoins de votre abonnement. Sauf avis contraire, ces informations pourront être conservées et utilisées à des fins de prospection. En application de la loi Informatique et Libertés, vous disposez d’un droit d’accès, de rectification et de radiation des informations vous concernant que vous pouvez exercer en vous adressant à : Le Figaro Abonnement, 4 rue de Mouchy – 60438 Noailles Cedex. Si vous ne souhaitez pas que vos données soient utilisées par nos partenaires à des fins de prospection, veuillez cocher la case ci-contre ❒. Nos CGV sont consultables sur www.lefigaro.fr lundi 28 mars 2016 LE FIGARO 14 CHAMPS LIBRES REPORTAGE Le « musée de la mémoire » ouvrira à Beyrouth dans cet élégant immeuble jaune criblé d’impacts de balles. DIEGO IBARRA SANCHEZ POUR LE FIGARO Beyrouth : la guerre entre au musée Delphine Minoui £@DelphineMinoui A Envoyée spéciale à Beyrouth u premier coup d’œil, on a envie d’en parler comme d’un être vivant, une de ces rencontres qui vous hantent jusqu’au creux de la nuit. Sans doute à cause de son histoire, aussi riche et torturée que celle d’un personnage de fiction. Ou bien à cause de ses prothèses, vissées entre deux étages, pareilles à celles d’un vétéran de guerre, blessé mais résigné à vivre. Au carrefour Sodeco, au milieu du tohu-bohu des voitures, se dresse fièrement Beit Beirut (« la maison de Beyrouth ») : une vieille bâtisse jaune du quartier majoritairement chrétien d’Achrafieh, située sur l’ex-ligne de démarcation de la guerre civile libanaise (1975-1990). Égratigné de partout, l’élégant immeuble réquisitionné par les francs-tireurs lors du conflit intercommunautaire devrait prochainement rouvrir ses portes sous la forme d’un « musée de la mémoire ». Symbole audacieux dans ce pays où le fantôme du passé est absent des livres scolaires. « Après la guerre, on est passé de l’amnistie générale à l’amnésie générale », souffle Youssef Haidar, l’architecte en chef de ce projet novateur. Pas question de faux-semblants pour ce Libanais parfaitement francophone qui, à contre-courant de la mode du « lifting » express prisé des Beyrouthines, a préféré « figer » les ecchymoses du bâtiment, comme autant de rides nécessaires pour appréhender la réalité. Laissés tels quels, les impacts de balles ou de roquettes courent le long des façades, croisant à l’occasion des barres métalliques venues combler, ici, le fragment obstrué d’une fenêtre, là, la section entaillée d’une colonne. « J’ai voulu que le bâtiment garde ses stigmates plutôt que de les cacher. J’ai préféré remplacer les parties manquantes avec des prothèses comme on soigne un patient, pour lui rendre une part d’humanité », explique-t-il sur le perron de la Maison jaune – surnom donné à l’édifice. A Le repère des phalangistes embusqués À l’intérieur, les ouvriers s’activent à installer les câbles électriques, poser les vitres, dépoussiérer le hall central. Dans un pays sans président depuis deux ans, miné par une interminable crise des déchets et rattrapé par la guerre syrienne, l’ouverture de Beit Beirut n’a cessé d’être reportée. Cette fois, les travaux touchent à leur fin. Dès le rez-de-chaussée, la machine de guerre se met à nu : d’abord discrète avec ces pans de murs érodés, puis glaçante avec ce bunker, transformé en arrière-scène du nouvel auditorium. « C’est là que de nombreux miliciens de Beyrouth-Est avaient élu domicile pendant la guerre », explique Youssef Haidar. Le conflit éclate un fameux 13 avril 1975. Ce jour-là, un bus transportant des Palestiniens est mitraillé par des miliciens phalangistes (chrétiens maronites). L’incident met le feu aux poudres. Très vite, le pays se scinde en deux factions principales : d’un côté les chrétiens, de l’autre les Palestiniens et les défenseurs de l’arabisme. À Beyrouth, la fissure devient géographique : l’Est chrétien contre l’Ouest à majorité musulmane. De par sa position stratégique, à la lisière de la « ligne verte » – la fameuse ligne de démarcation envahie par une folle végétation -, la Maison jaune devient le repère des phalangistes embusqués. Pendant les quinze ans de guerre civile, cet immeuble de maître situé sur l’ex-ligne de démarcation a servi de machine à tuer. Il s’apprête à rouvrir ses portes, transformé en un musée consacré à la mémoire du conflit. Visite guidée. 750 m Mer Méditerranée Port Centre ville BEYROUTH Maison Jaune Ouest QUARTIER MUSULMAN Infographie Est QUARTIER CHRÉTIEN Ambassade de France Au fil des années, le conflit va s’internationaliser, devenant le théâtre de règlements de comptes entre pays voisins et grandes puissances. Mais pour appréhender sa dimension locale, et saisir son degré de violence (plus de 150 000 morts et 17 000 disparus en quinze ans), il faut gravir les nouveaux escaliers en colimaçon de Beit Beirut. Au premier étage, une fois traversé le corridor, on pénètre dans une chambre obscure. Murs bétonnés, plafond recouvert d’une vieille porte en bois. « C’était le deuxième bunker, la meurtrière des francs-tireurs », explique Youssef Haidar. Au fond, un mince filet de lumière filtre au travers d’une fente rectangulaire : la fameuse fenêtre de tir du milicien embusqué. « Quand on se penche, on devine la trajectoire de la balle : le salon, la cage d’escalier, le balcon voisin, puis la rue. Imaginez le nombre de pleins et de vides à parcourir avant d’atteindre l’adversaire ! Une planque idéale rendue possible, ironie de l’histoire, par l’ingénieuse architecture d’époque de l’édifice », observe-t-il. La respiration se fige. Le pouls s’accélère. Un silence de mort envahit ce huis clos. Côté salon, l’autre versant de la fente est camouflé derrière une porte. Les francs-tireurs avaient pensé à tout pour tromper l’ennemi. Même à cette silhouette, dessinée sur un autre mur. Une leçon d’histoire pour la nouvelle génération. « Je suis née après la guerre. À l’école, on ne nous en a pas parlé. Quand tu pénètres dans ce bunker, tu revis une part d’ombre de ton pays. Pas besoin d’explication ou de guide. C’est là, en face de toi. Une confrontation directe à la réalité », souffle Grace, une urbaniste de 25 ans, qui a rejoint l’équipe du projet. Un bijou d’architecture Beit Beirut, c’est même plus que ça. Ici, la guerre dévoile sa part d’intime. Sur les murs, les sentiments fleurissent là où on ne les attend pas. « Vous me manquez, mon amour », crie un graffiti en calligraphie arabe. Peints en noir, les chants d’amour des miliciens n’ont que faire des tabous. « Si mon amour pour Gilbert était un crime, que l’histoire écrive que je suis un dangereux criminel », peut-on lire sur l’un d’eux, signé « Tarzan » (pseudonyme d’un des miliciens). Soudain, on bascule dans leur quotidien, leurs fantasmes, leur sexualité. On les imagine s’embrassant dans les escaliers, buvant un café entre deux batailles, se prélassant sur un coin de matelas. On les devine cachés derrière une porte, l’oreille tendue, à l’affût du moindre bruit. On se surprend à tout vouloir savoir d’eux. Quel âge avaient-ils quand ils prirent les armes ? Combien d’hommes ont-ils tué ? Et leurs ennemis d’en face, comment vivaient-ils la guerre ? D’anciens miliciens, encore vivants, viendront-ils à l’inauguration du musée, et regrettent-ils que l’édifice ait gardé l’empreinte du passé ? L’ambition de Beit Beirut n’est pas seulement de sonder la mémoire de la guerre. « C’est aussi un lieu de débats, d’expositions », précise Youssef Haidar. Un espace où les Beyrouthins de tout bord pourront enfin faire leur catharsis… À l’origine de cette initiative, une femme d’exception, Mona Hallak. Boucles brunes encadrant un visage pétillant, cette architecte est tombée par hasard, J’ai voulu que le bâtiment garde ses stigmates. J’ai préféré remplacer les parties manquantes avec des prothèses comme on soigne un patient » YOUSSEF HAIDAR, ARCHITECTE EN CHEF DU « MUSÉE DE LA MÉMOIRE » en 1994, sur l’immeuble Barakat – le nom d’origine du bâtiment, en référence à ses propriétaires d’antan. C’était au sortir de la guerre civile. « Les bulldozers de Solidere (la société de reconstruction de l’ex-premier ministre Rafic Hariri) étaient en train de raser les ruines du centre-ville pour remettre Beyrouth à neuf. J’étais sous le choc. En remontant l’ancienne “ligne verte”, j’ai vu cette incroyable bâtisse défigurée, mais qui tenait encore debout. Une plaque indiquait sa date de construction : 1924. Avec ses façades à trois côtés, sa combinaison de pierres naturelles et de béton armé, c’était un bijou d’architecture. Je me suis glissée à l’intérieur », raconte-t-elle. En tombant sur le premier bunker, Mona est aussitôt frappée par la « deuxième peau » du bâtiment, façonnée par la guerre : « Ça m’a pris aux tripes. Comme nombre de Libanais, j’ai perdu des proches sous les balles des snipers. » Au milieu des gravats, Mona fait une autre trouvaille, celle d’une collection de lettres, brochures de cinéma, vieux journaux abandonnés par les derniers occupants au début du conflit. Une mine d’informations sur « l’âge d’or » de Beyrouth : elle y apprend que chrétiens et Palestiniens y cohabitèrent avant de s’entre-déchirer, qu’un de ses habitants, Najib Chemali, était un dentiste de renom, passionné de politique et épris de modernité. Que le coiffeur du rez-dechaussée faisait les plus beaux chignons – à trois niveaux ! – de la capitale. Que le studio photo mitoyen vit défiler tout le gratin d’Achrafieh. Pour Mona, le bâtiment va vite devenir une obsession, un lieu de pèlerinage où chaque visite devient une occasion de reconstituer le puzzle du passé. « Je me suis dit : il faut à tout prix préserver cet endroit. En faire un lieu dédié à la mémoire de Beyrouth. » «Qu’il nous serve de leçon » Mais propriétaires et promoteurs ne l’entendent pas ainsi. En 1997, le bâtiment est condamné à la destruction. Aussitôt, Mona Hallak mobilise les médias locaux. Dans ce Beyrouth version moderne menacé par la percée des gratte-ciel, cité « mille fois morte, mille fois revécue », comme l’écrivait la poétesse Nadia Tuéni, le premier débat sur la préservation du patrimoine est enclenché. Au bout de quelques mois, petite victoire : la destruction est annulée. Il faudra néanmoins attendre jusqu’en 2003 pour que la municipalité rachète le bâtiment. Quelques années plus tard, un projet de réhabilitation voit enfin le jour, avec le soutien technique de la Mairie de Paris. En 2010, la municipalité de Beyrouth nomme finalement Youssef Haydar maître d’œuvre. Son projet de musée à prothèses suscite la controverse. « Il en a trop fait. J’y vois un fétichisme de la misère qui manque de naturel », peste George Arbid, le directeur de l’Arab Center for Architecture et membre du comité scientifique de Beit Beirut, un organe indépendant qui dispose d’un droit de regard sur le projet. Mona, elle, regrette que le chantier arrive à sa fin alors que la scénographie, à laquelle elle participe, n’a pas été préalablement discutée. À ces querelles entre professionnels s’ajoutent celles qui opposent la municipalité et le gouverneur de Beyrouth, de deux bords politiques différents. Mais à l’heure où la guerre syrienne d’à côté souffle tristement ses cinq bougies, tout le monde s’accorde à espérer que ce « musée témoin » ouvre au plus vite. Y compris les ouvriers du chantier, majoritairement syriens. « Au début des travaux, je me disais : à quoi bon un musée né des ruines de la guerre ? Mais c’était avant que mon pays n’en fasse les frais. Aujourd’hui, ma vision a changé. Je n’ai qu’une envie : que ce musée serve de leçon, qu’il nous aide à nous souvenir du pire, pour ne pas recommencer… », souffle l’un d’eux. ■ lundi 28 mars 2016 CHAMPS LIBRES LE FIGARO 15 INTERNATIONAL Après l’interventionnisme de George W. Bush, les États-Unis de Barack Obama ont pris leurs distances avec le Moyen-Orient et ses crises comme avec l’Europe et ses enjeux. 1 Une puissance planétaire... CONSTRUITE AUTOUR D’UN SYSTÈME D’ALLIANCES MILITAIRES, ... OTAN Autres pays alliés (bases militaires et/ou accords de défense) ... D’UN APPAREIL MILITAIRE QUI COUVRE TOUTE LA PLANÈTE... Commandements unifiés (COCOM) Déploiement de la flotte ... ET D’ACCORDS ÉCONOMIQUES DE LIBRE-ÉCHANGE VISANT À RENFORCER SA SPHÈRE D’INFLUENCE Pays avec lesquels les États-Unis ont signé des accords de libre-échange Création de vastes zones de libreéchange transcontinentales (seul le TPP - accord de partenariat transpacifique - a jusqu’ici été signé le 4 février 2016) 2 ... qui voit s’élever de nouvelles menaces UNE POLITIQUE D’APAISEMENT MAL MAITRISÉE Retrait de conflits extérieurs alors que ces pays sont toujours en guerre Reprise de relations avec certains pays de l’« Axe du Mal »... ... qui contrarie certains de leurs alliés traditionnels LES MENACES GÉOPOLITIQUES Rivaux géostratégiques... Le désengagement américain change-t-il la face du monde ? Isabelle Lasserre [email protected] GÉOPOLITIQUE Pivot vers l’Asie, hésitations au Levant et en Ukraine, indifférence vis-à-vis de l’Europe. Depuis qu’il est à la Maison-Blanche, Barack Obama n’a eu de cesse de réorienter la politique étrangère américaine. Quel bilan peut-on en tirer, à la lueur de la situation internationale actuelle et alors que son mandat s’achève dans quelques mois ? deau », à la fois politiquement et financièrement, avec les Européens. Obsédé par l’idée de ne pas se laisser entraîner dans les conflits, il sous-traite les crises, préférant diriger depuis les coulisses (« leadership from behind »), délègue le conflit ukrainien à l’Allemagne et à la France, le problème libyen à l’Italie, à la France et à la Grande-Bretagne, la guerre en Syrie aux Russes. « On peut résumer la position américaine par une phrase : faire moins pour que nos alliés fassent plus », commente Benjamin Haddad. Le temps où l’Amérique traversait l’Atlantique pour sauver les Européens semble révolu. Comme celui où elle était la seule grande puissance capable de gérer les problèmes du monde. POURQUOI LES ÉTATSQUELLES SE MÊLENT-ILS ❙DEUNIS CONSÉQUENCES ❙ MOINS EN MOINS DES SUR LES GRANDES CRISES AFFAIRES MONDIALES ? Élu sur un programme qui promettait de mettre fin aux aventures militaires de son prédécesseur en Irak et en Afghanistan, Barack Obama a aussi été convaincu par l’échec de l’intervention militaire en Libye de la nécessité d’éviter tout nouvel engagement dans l’indomptable Moyen-Orient. Comme l’explique Jeffrey Goldberg dans un remarquable article publié dans The Atlantic, les priorités de Barack Obama dans la région sont le nucléaire iranien, l’existence d’Israël et la menace d’alQaida. L’État islamique n’a jamais été considéré par le président américain comme une menace existentielle pour les États-Unis. La Syrie est pour lui « une pente aussi dangereuse que l’Irak ». Cette certitude l’a conduit à considérer que le prix de l’action était supérieur à celui de l’inaction. Elle l’a convaincu qu’il fallait à la fois renoncer à frapper le régime de Bachar el-Assad et à soutenir militairement ses opposants. Mais la prudence américaine dépasse le Moyen-Orient. « Pour Barack Obama, le principal risque n’est ni la Syrie ni l’Ukraine, mais la sur-réaction aux crises. Le président américain se situe dans le temps long, il est persuadé qu’à terme sa stratégie sera gagnante. Il existe aujourd’hui aux États-Unis une vraie remise en cause du fait que les États-Unis ont un rôle à jouer sur la scène internationale », explique Benjamin Haddad, chercheur à l’Hudson Institute de Washington. Convaincu que les actions des États-Unis dans le monde ont souvent été négatives, comme en Irak, sceptique quant à leur capacité d’influence sur un monde globalisé, persuadé que son pays n’a pas vocation à « sauver toute la misère du monde », Barack Obama veut aussi « partager le far- ACTUELLES ? Le 30 août 2013 aurait, selon certains analystes, signé la fin du rôle de l’Amérique comme superpuissance unique et indispensable dans le monde. Ce jourlà, Barack Obama renonce à frapper le régime de Bachar el-Assad, qui venait pourtant de franchir sa « ligne rouge » sur les armes chimiques. Le retrait américain a aspiré de nouvelles puissances dans la région, avides de combler le vide. Ancien champion du monde d’échecs et opposant à Vladimir Poutine, Garry Kasparov se dit persuadé que le maître du Kremlin a conçu l’intervention russe en Syrie après le recul américain d’août 2013, « en prenant acte de la faiblesse des États-Unis ». Il pense également que l’invasion de la Crimée, en mars 2014, fut facilitée par la reculade syrienne. Les réticences américaines au Levant ont aussi laissé le champ libre à l’Iran chiite, puissance régionale qui avance ses pions et constitue l’autre béquille, avec la Russie, du régime de Bachar el-Assad. Elles ont en outre fait la part belle à la Turquie, qui combat les Kurdes jusqu’en Syrie, bien davantage que l’État islamique. En contribuant à changer les équilibres régionaux, l’effacement américain au Moyen-Orient a « nourri » le chaos régional. Il a aussi favorisé le développement des acteurs non étatiques. « L’échec à construire une force de combat crédible à partir des rebelles anti-Assad a laissé un grand vide, que les djihadistes ont aujourd’hui rempli », constate Hillary Clinton. De nombreux experts s’accordent à dire que Barack Obama a sous-estimé l’importance de Daech au moment où l’organisation s’est imposée en Irak et en Syrie. Mais les conséquences de la réticence stratégique et de l’aversion d’Obama pour la guerre se font sentir plus loin encore. En Afghanistan par exemple, où les talibans sont à nouveau en embuscade. « Finalement, le retrait américain a aggravé les difficultés et les troubles dans la région », commente Emile Hokayem, de l’institut britannique IISS, à l’occasion d’une conférence de la Chaire stratégique à la Sorbonne. Mais il faudra sans doute plusieurs années pour répondre à cette question : le 30 août 2013 restera-t-il, comme le pensent certains Français, le jour où l’Amérique a laissé tomber le Moyen-Orient, précipitant la région dans les mains de l’Iran, de Daech et de la Russie ? Ou bien celui qui permit à Barack Obama d’empêcher les États-Unis de démarrer une autre guerre régionale désastreuse ? sans les États-Unis. Le 30 août 2013, François Hollande a dû renoncer, à regret, à frapper le régime syrien après la défection de Washington. « Les Français ont toujours eu les idées plus claires que les Américains au Moyen-Orient. Mais la France est dépendante des ÉtatsUnis pour agir. Sans eux, elle ne peut rien faire », observe Emile Hokayem. Le « retrait » des États-Unis aurait dû pousser les États européens à augmenter leurs budgets de défense, les forcer à prendre enfin leur destin sécuritaire en main. Mais la réalité n’en prend pas le chemin. « Les États-Unis ne provoqueront plus le chaos dans le monde, la Grande-Bretagne prendra le relais de la puissance américaine sur le continent et l’Allemagne renouera avec la puissance militaire », prédisait récemment un diplomate américain. On n’en est pas encore là. L’incapacité de l’Europe à muscler ses budgets de défense et à élaborer une stratégie commune est sans doute l’une des plus mauvaises nouvelles induites par les changements d’équilibre dans le monde. Il y en a une autre : le risque que les courants populistes et l’extrême droite se renforcent en Europe, si celle-ci vacille face à des défis trop importants pour elle, auxquels les ÉtatsUnis refuseraient de participer. QUELLES RÉPERCUSSIONS SUR LES ❙ALLIÉS DES ÉTATS-UNIS ? De Paris à Tel-Aviv en passant Riyad, Séoul ou Le Caire, la politique non interventionniste de Barack Obama a érodé la confiance des alliés de l’Amérique. À coup sûr, le leadership américain a beaucoup perdu de sa crédibilité le 30 août 2013. Les partenaires traditionnels de l’Amérique vont-ils lui préférer la Russie de Poutine, qui paraît à certains d’entre eux à la fois plus fiable et plus fidèle ? Rien n’est moins sûr. « Un renversement d’alliances est improbable. Les alliés des États-Unis n’ont guère le choix : l’Arabie saoudite ne trouverait pas dans la Chine un protecteur aussi solide. L’Égypte ne pourra pas remplacer l’aide financière américaine par un soutien russe », relativise Bruno Tertrais, chercheur à la Fondation pour la recherche stratégique (FRS). L’Azerbaïdjan et le Turkménistan hésiteront à contrer l’influence iranienne en revenant dans l’orbite russe. L’alliance entre les États-Unis et Israël est trop stratégique pour se dissoudre en quelques années. Quant aux menaces de relance des programmes nucléaires, agitées par certains alliés de Washington comme la Corée du Sud, le Japon ou l’Arabie saoudite, elles sont surtout, selon Bruno Tertrais, « une carte pour faire pression sur les États-Unis ». Plus inquiétantes en revanche sont les éventuelles conséquences pour l’article 5 de l’Otan, qui stipule que l’Alliance doit se porter au secours de l’un de ses membres s’il est attaqué. La baisse de confiance des alliés dans les États-Unis risque d’éroder la puissance de l’Alliance atlantique, redoutent des spécialistes. Le non-interventionnisme américain a en outre cruellement rappelé aux Européens qu’ils étaient incapables d’agir LA « RÉTICENCE STRATÉGIQUE » ❙AMÉRICAINE EST-ELLE DURABLE ? Il en va ainsi en Europe et particulièrement en France : lorsque les Américains agissent, on le leur reproche, y compris en les rendant responsables de tous les maux d’une région qui pourtant n’a pas eu besoin d’eux pour s’enflammer ; mais lorsqu’ils n’agissent pas, on les critique également. Certains considèrent en outre que le « retrait » américain n’est pas forcément synonyme de chaos. « Vladimir Poutine profite de l’effacement américain. Mais le monde est-il pour autant plus dangereux qu’avant ? La situation n’est pas plus grave aujourd’hui qu’elle ne l’était après l’intervention de George W. Bush en Irak en 2003. À l’inverse, le fait que les États-Unis ne soient pas intervenus en Ukraine n’a pas encouragé Vladimir Poutine à pousser plus loin son offensive militaire », relativise Sergey Utkin, de l’Institut des relations internationales de Moscou, à l’occasion du forum annuel du German Marshall Fund à Bruxelles. Rien n’assure en outre que l’effacement stratégique américain soit durable. Si elle est élue, Hillary Clinton, la candidate démocrate, mènera sans doute une politique plus interventionniste que son prédécesseur. « Les ÉtatsUnis ne peuvent pas se désintéresser du monde aujourd’hui. Et s’ils se désintéressent du Moyen-Orient, nul doute que le Moyen-Orient s’intéressera à eux », affirme Bruno Tertrais. ■ Russie ... et zones de tensions avec eux Autres pays considérés comme hostiles États défaillants aux prises avec des organisations USEUCOM terroristes Corée du Nord Chine Corée du Sud Taïwan Birmanie Thaïlande USNORTHCOM USEUCOM Russie Canada Union européenne É TAT S - U N I S Japon Singapour Cuba Mexique 7e flotte 2 Philippines Mer de Chine USPACOM TPP TA F TA 2e flotte 3e flotte 1. Rép. dominicaine 2. Guatemala 3. Honduras 4. Salvador 5. Nicaragua 6. Costa Rica 7 Panama 3 4 6 1 Syrie 6e flotte Maroc Libye Mali 5 7 Ukraine Nigeria 4e flotte Venezuela Israël USCENTCOM Afghanistan Irak Iran Bah. Égypte Oman Yémen Arabie saoudite Somalie Colombie Inde 5e flotte USAFRICOM USSOUTHCOM USPACOM Pérou Bolivie Pakistan Brésil Zimbabwe Chili Australie Afrique du Sud Nouvelle-Zélande 7e flotte F TA A FTAA Zone de libre-échange des Amériques LES MENACES ÉCONOMIQUES TAFTA Partenariat transatlantique de commerce et d'investissement Sources : Council on Foreign Relations, US Department of Defense Infographie TPP Accord de partenariat transpacifique A Émergence de rivaux (Brics) Zones de tensions autour de risques sur l’approvisionnement en pétrole lundi 28 mars 2016 LE FIGARO 16 CHAMPS LIBRES DÉBATS École : le refus de la sélection a réduit les chances de succès des élèves modestes V oilà le ministère de l’Enseignement supérieur dans l’embarras. Comme l’a déclaré Thierry Mandon, secrétaire d’État, le gouvernement prépare un décret qui s’appliquera à la rentrée prochaine et qui « sécurisera le fonctionnement actuel du cycle du master », autrement dit garantira à certaines universités le droit de continuer à choisir leurs étudiants. En février dernier, en effet, le Conseil d’État a rendu un avis indiquant que la sélection « ne peut être mise en place pour l’accès aux formations de première ou deuxième année de master à l’université » en l’état actuel du droit – alors qu’elle est pratiquée par certaines facultés depuis belle lurette. Le gouvernement est ainsi obligé de reconnaître que la sélection, à l’image des politiques éducatives menées en France depuis quarante ans, est devenue l’épouvantail d’une époque qui n’en finit plus de céder à la tentation du déni de réalité. Le refus de la sélection est un dogme auquel chacun feint de croire. Alors que le système éducatif n’a jamais été aussi peu démocratique. Comme s’il aurait pu suffire, à la fin des années soixante, de déclarer la guerre à « la reproduction des élites » et de scander de façon incantatoire « l’impératif démocratique » pour rendre accessibles à tous les parcours de réussite ! Les faits sont là, entêtants et confirmés par tous les rapports L’affaire de la sélection en master illustre diligentés par les combien l’enseignement pâtit d’un dogme pouvoirs publics. qui a démontré sa nocivité, argumente Jamais les étudiants issus des milieux le professeur agrégé de philosophie*. CLAUDE OBADIA par Lionel Jospin. Dans les deux cas, un même postulat faux : la sélection prétendument méritocratique maquillerait une entreprise de reproduction des élites sociales et de ségrégation socioculturelle. Avec une telle grille d’analyse, il n’est guère surprenant que, de réforme en réforme, les gouvernements successifs aient progressivement neutralisé la plupart des dispositifs sélectifs. Ce qui a provoqué – en renforçant l’influence des déterminismes socio-économiques – une sélection beaucoup moins équitable que celle Depuis quarante ans, que ces réformes ont ruinée ! les gouvernements ont neutralisé Comble du la plupart des dispositifs sélectifs paradoxe, si les dans l’enseignement. Ce qui a provoqué bonnes consciences une sélection beaucoup moins équitable démocratiques fustigent que celle que ces réformes ont ruinée la sélection, chacun s’accorde à reconnaître l’efficacité des classes préparatoires le savoir constitue un bien auquel et des grandes écoles qui, chacun a le droit de prétendre. en sélectionnant les étudiants Sans doute faut-il surtout revenir au mérite, les inclinent à tirer au réquisitoire dressé contre le meilleur d’eux-mêmes. l’université par les théoriciens D’aucuns diront que ces filières marxistes dans les années soixante. sont aujourd’hui « confisquées » Dans cette entreprise, le sociologue par les élèves issus des milieux les plus Pierre Bourdieu joua un rôle favorisés. Mais que faut-il en déduire ? déterminant en affirmant Sommes-nous à ce point dupes que la fonction sociale du système de l’illusion qui nous fait prendre éducatif est de pérenniser l’effet pour la cause ? Oui, les élèves la « domination de la bourgeoisie ». issus des milieux défavorisés ont plus On ne dira jamais assez l’influence que jamais un accès problématique, de cet intellectuel sur les politiques non seulement aux classes scolaires menées ces quarante préparatoires, mais plus généralement dernières années, en particulier aux parcours de réussite. Mais cela sur la réforme du collège unique s’explique aisément. Car pour réaliser mise en œuvre en 1975 sous la l’objectif du plus grand nombre possible présidence de Valéry Giscard d’Estaing de bacheliers, il a bien fallu renoncer et sur la loi d’orientation de 1989 pilotée les plus modestes n’ont eu moins de chances de réussir leurs études supérieures, ce dont témoignent les conditions d’accès aux filières d’excellence. Pour rendre compte de cette catastrophe nationale et comprendre les crispations que suscite pourtant, sitôt qu’on le prononce, le mot de « sélection », il convient de rappeler à quel point notre culture hexagonale, héritière des Lumières qui virent Condorcet élaborer le concept d’une école libératrice, est acquise à l’idée selon laquelle « » à les sélectionner, et ce en disqualifiant les critères fondés sur les exigences de l’enseignement supérieur, accusés d’avantager les élèves issus des milieux les plus favorisés. Ainsi avons-nous mis en place les conditions d’une sélection extrascolaire beaucoup plus cynique. Dans cette affaire, les choses sont donc claires. Les filières dites sélectives sont accaparées par les élèves qui, pouvant bénéficier d’un environnement socioculturel « porteur », ont été avantageusement exhortés au travail tandis que l’institution scolaire se contentait, n’ayons pas peur des mots, d’encourager leurs camarades moins chanceux à la paresse. C’est l’abandon de la sélection au mérite qui a engendré le renforcement d’une authentique ségrégation sociale, ce que les étudiants pressentent bien qui, parvenus en licence, ont compris qu’ils sont les rescapés d’une formidable machine à produire de l’échec, raison pour laquelle le mot seul de sélection suffit à les indigner. Aucun concours, aucun examen, ne sera jamais absolument juste. Il serait naïf de le croire. Pour autant, toutes les procédures de sélection ne sont pas égales entre elles. C’est pour cette raison que le devoir de justice de l’État est d’organiser la sélection des plus méritants, y compris à l’université, pour faire barrage à l’injustice sociale qui s’est trop longtemps nourrie des faux-semblants du démocratisme. * L’auteur enseigne à l’université de Cergy-Pontoise et en classes préparatoires. Il a notamment publié « Les Lumières en berne ? » (L’Harmattan, 2011) et « Kant prophète ? Éléments pour une europhilosophie » (Ovadia, 2014). Créons un vrai référendum d’entreprise pour surmonter les blocages syndicaux F DESSINS CLAIREFOND aut-il désespérer du dialogue social à la française ? Les spasmes violents qu’il donne parfois à voir sont le symptôme d’un mal connu. Les syndicats français avancent en ordre dispersé. Le taux de syndicalisation hexagonal (5 % dans le privé) est l’un des plus faibles des pays de l’OCDE. Cette représentativité réduite à sa portion congrue trahit le manque d’attractivité des syndicats auprès des salariés. Elle laisse planer des doutes sur leur légitimité. La piste du syndicalisme de services gagnerait à être enfin explorée pour inciter les salariés à rejoindre les rangs des organisations syndicales. Reste qu’un tel changement ne se ferait pas en un jour. Dans cette attente, il appartient aux entreprises de trouver des alternatives. Le référendum d’entreprise en est une. Les entrepreneurs peuvent déjà recourir au référendum s’ils le souhaitent. Mais les conditions d’utilisation de cet Les dispositions de la loi El Khomri outil en limitent sur le référendum d’entreprise méritent d’être considérablement soutenues. Aller plus loin est même nécessaire, la portée. plaide le président du groupe Randstad France. Les syndicats, FRANÇOIS BÉHAREL par définition, sont peu favorables au référendum. Et aujourd’hui, un employeur ne peut pas organiser un référendum avant d’avoir consulté les élus du personnel, sous peine de délit d’entrave. Les conséquences de ce verrou législatif sont très regrettables. Prenons l’exemple d’un chef d’entreprise désireux de sonder ses collaborateurs alors qu’il négocie avec les partenaires sociaux. Qu’importe que cette négociation soit mal engagée ou non. Le juge ne manquera pas d’estimer que l’obligation de loyauté dont il faut faire preuve en cours de négociation n’a pas été respectée. Ce qui ouvre la voie à une condamnation du dirigeant pour délit d’entrave. En outre, même si la justice ne prononce pas cette sanction, le chef d’entreprise n’a pas le droit d’invoquer la « volonté populaire » mesurée par un référendum pour faire valoir ses vues auprès des partenaires sociaux. En effet, et c’est un point essentiel, le référendum n’a aujourd’hui qu’une valeur consultative, sans portée contraignante - à quelques exceptions près (participation, intéressement, prévoyance). Ainsi, le chef d’entreprise, même s’il est conforté par l’issue d’un référendum, doit, quoi qu’il arrive, MAGAZINE 100% NUMÉRIQUE EN EXCLUSIVITÉ SUR IPAD La qualité éditoriale du Figaro dans une application dédiée GRANDS A FORMATS EDITION SPÉCIALE VERDUN en temps de crise, touchent à la survie de l’entreprise. Ensuite, ne laissons pas aux seuls syndicats le droit d’organiser un référendum. Accordons la même faculté aux chefs d’entreprise. Pour qu’enfin cessent les situations difficilement acceptables où les salariés sont prêts à accueillir un changement Ne laissons pas aux seuls syndicats que les syndicats le droit d’organiser un référendum. refusent, souvent par dogmatisme. Accordons la même faculté Le chef d’entreprise aux chefs d’entreprise doit pouvoir, lorsqu’un dialogue social constructif ne le permet pas, Sa proposition s’articule en deux temps. recourir au référendum pour obtenir D’abord, généraliser l’accord l’aval des salariés sur les mesures majoritaire. Ensuite, permettre nécessaires à la bonne marche aux salariés de se prononcer par voie de son entreprise. À charge pour lui référendaire sur des accords signés de convaincre, bien sûr. par des syndicats représentant au moins En contrepartie de ces mesures, 30 % des voix. Le résultat du vote, prévoyons une garantie. Le recours s’il est positif, s’imposerait alors à tous. au référendum n’a pas vocation L’idée est innovante et l’initiative à devenir trop fréquent. Le dialogue courageuse. social restera prépondérant. Toutefois, Deux mesures assorties d’une le regain de légitimité des organisations garantie permettraient d’en garantir syndicales prendra du temps. l’efficacité. D’abord, sortons Dans l’attente, le référendum – bien le référendum du carcan qui le réduit pensé, bien utilisé – peut aider à l’état de symbole. Le caractère les entreprises à accroître contraignant de l’issue du référendum leur compétitivité. Au bénéfice doit être reconnu même lorsqu’il porte de la croissance et donc de l’emploi. sur des questions sensibles - celles qui, parvenir à conclure un accord avec les syndicats. On le comprend, en l’état actuel des choses, toutes les conditions sont réunies pour que le référendum d’entreprise soit voué à l’échec. Certes, la loi El Khomri ambitionne de réformer le référendum d’entreprise. « » LE NUMÉRO 3 Il y a 100 ans LA BATAILLE DE VERDUN A télécharger gratuitement, disponible sur iPad. lundi 28 mars 2016 CHAMPS LIBRES LE FIGARO OPINIONS Nicolas Baverez [email protected] + » Lire aussi PAGE 6 « Sans la liberté de blâmer, il n’est point d’éloge flatteur » Beaumarchais @ 100 000 citations et proverbes sur evene.fr Pour une stratégie de sécurité européenne A près Paris et Copenhague, Bruxelles a été la cible de la terreur de masse déployée par l’État islamique. Le mode opératoire témoigne du changement de nature et d’intensité du terrorisme. La simultanéité de frappes, dans des lieux publics très fréquentés et faiblement protégés de capitales européennes, témoigne d’un très haut degré de planification stratégique et de coordination opérationnelle. Le moment choisi, alors que les autorités gouvernementales et policières se félicitaient de la capture de Salah Abdeslam, démontre la capacité de réaction de l’État islamique et souligne notre vulnérabilité. Les cibles désignées - l’aéroport de Zaventem et la station de métro Maelbeek, à quelques centaines de mètres du siège des institutions européennes - visent, au-delà de la Belgique, l’Europe, ses valeurs démocratiques et ses principes de libre circulation des biens et des personnes. La démonstration de force de l’État islamique s’inscrit dans son redéploiement vers les théâtres extérieurs de l’Afrique du Nord et de l’Europe, qui accompagne son recul en Irak et en Syrie. Avec quatre priorités. Compromettre la timide reprise économique par la reconstitution de barrières aux échanges (la suspension de Schengen coûtant un point de croissance) et par l’installation d’un climat de peur et d’incertitude. Conforter l’emprise sur une partie de la jeunesse en amplifiant le recrutement de djihadistes (7 000 ENTRE GUILLEMETS 28 mars 1994 : mort d’Eugène Ionesco. Ionesco LOUIS MONIER/RUE DES ARCHIVES Les rédacteurs d’une revue, les partisans d’une même école, d’une même secte, ont généralement tendance à se considérer, les uns aux autres, comme des génies» ANALYSE Jean-Julien Ezvan [email protected] L’influence de Cruyff dansera longtemps entre les lignes L + » Lire aussi PAGE 8 « Sans la liberté de blâmer, il n’est point d’éloge flatteur » Beaumarchais à 8 000 se sont engagés en Syrie dont un quart sont morts et 1 500 sont revenus en Europe). Terroriser la population et instaurer un climat de guerre civile et religieuse. Initier, à partir de la décomposition de l’espace de Schengen, une dynamique de désintégration de l’Union. Le constat est tragique. L’Europe, tout à son rêve de sortie de l’histoire, ne se veut pas et ne se reconnaît pas d’ennemi. Mais elle se trouve confrontée avec l’État islamique à un ennemi qui lui a déclaré une guerre totale visant la destruction de ses valeurs et de sa civilisation. L’Europe ne peut persister dans le déni. Elle joue non seulement la poursuite de son intégration mais sa survie. Elle ne peut, sauf à sacrifier sa liberté, rester un vide de sécurité alors qu’elle est cernée par des menaces qui vont des États baltes au Maroc, que son territoire et ses citoyens sont frappés par des attentats meurtriers, qu’une partie de sa jeunesse est embrigadée par ses ennemis. Cette nouvelle donne appelle un complet renversement stratégique. Depuis soixante ans, l’Europe s’est construite par le droit et le commerce contre la guerre, faisant de la sécurité une variable d’ajustement. Aujourd’hui, une priorité absolue doit être donnée à l’élaboration et à la déclinaison opérationnelle d’une stratégie de sécurité européenne. Il est vrai que les États restent seuls compétents dans le domaine de la sécurité, régalien par excellence. Mais les attentats de Paris et Bruxelles prouvent que la menace ignore les frontières. Les interactions et les effets d’enchaînement sont aussi puissants dans le domaine du terrorisme que dans celui de la finance au sein de la zone euro. La solidité de l’ensemble ne vaut que par son maillon le plus faible : la Grèce pour la dette publique ; la Belgique pour e football se joue toujours à onze contre onze. Rien n’a changé. Et pourtant au cours des quarante dernières années, le jeu roi a subi de profondes mutations. La diététique règne dans le vestiaire quand hier, les matchs à peine éteints, brûlaient les cigarettes et tintaient les verres. Les métamorphoses les plus spectaculaires sont d’ordre physique et économique. En 1983, Tottenham s’inscrivait comme le premier d’une longue liste de clubs cotés en Bourse. En 1995, l’arrêt Bosman lançait la libéralisation du marché des transferts en Europe. Les droits télévisuels allaient connaître une inflation galopante, le football s’inscrire comme une véritable industrie. Avec des enjeux vidant souvent le jeu de sa sève. Visage grave, regard éteint, les acteurs, dans des mises en scène en mondovision toujours plus soignées, s’arrachent à leur bus repaire pour plonger dans les entrailles du stade, coiffés de leur musique. Coupés du monde. Et devant l’écran, plus les téléspectateurs en voient, moins ils partagent. L’annonce brutale de la mort de Johan Cruyff a, ces derniers jours, laissé défiler les séquences nostalgiques d’un génie du jeu, allure, tenues et arabesques arrachées à une époque durant laquelle les retransmissions télévisées étaient rares pour des adolescents ayant seulement, au cours de la période scolaire, le droit de dévorer la première mi-temps, avant de laisser l’imagination faire son œuvre. Loin de l’overdose de la programmation de la Masia, le centre de formation de Barcelone, « l’université de la passe » comme l’a un jour écrit le Financial Times. Une école d’où sortiront des joueurs de poche (Xavi, Messi, Iniesta…) résistant aux canons imposant des joueurs toujours plus grands, toujours plus forts bâtis pour réciter avec des œillères un football stéréotypé. La philosophie de Cruyff : « Dans mes équipes, le gardien est le premier attaquant et le buteur, le premier défenseur. » Label équipe. Passer. Glisser. Comme les patineurs de la mythique Elfstedentocht, course des onze villes sur les lacs gelés des PaysBas. Avaler l’espace. Laisser infuser la malice, Johan Cruyff avait la fureur dribbler l’agressivité. de vivre de Steve McQueen Créer le mouvement et la force intérieure de Björn Borg. perpétuel. Faire naître la vitesse, l’ivresse. Architecte du football moderne, Distraire plutôt il voulait tout. Vite que détruire. Imposer le partage et voir se dessiner les sourires. En hypnotisant (qui n’était pas son sponsor) de son le ballon, objet du désir. équipe nationale. Sur le terrain, Dans une interview à la radio la victoire ne lui suffisait pas. Il fallait catalane Rac1, Pep Guardiola, des fulgurances, de l’élégance. Comme entraîneur du Bayern Munich, un lors des parties jouées, enfant, dans des héritiers de Cruyff (comme Frank les rues d’Amsterdam. L’impact Rijkaard, Ronald Koeman, Danny Blind de la génération actuelle incarnée ou Marco Van Basten) a raconté : « Je ne par Lionel Messi, Cristiano Ronaldo, savais rien du football avant de connaître Neymar ou Zlatan Ibrahimovic Cruyff. Il assurait qu’il fallait envoyer le se mesurera à l’émotion laissée, ballon où tu voulais qu’il aille, et ne pas aux souvenirs semés, plus qu’aux buts courir derrière lui. Messi, celui qui court marqués, aux titres collectionnés, le moins, est le meilleur élève aux millions amassés par des hommesde Cruyff… » Le football a beaucoup sandwichs, se promenant dans des changé mais l’esprit d’un sublime spots publicitaires ou s’étalant et inoubliable anticonformiste dansera paresseusement sur papier glacé. longtemps entre les lignes… Entraîneur de talent, Johan Cruyff fit quotidienne actuelle à l’intensité sonore saturée par des commentateurs assurant quel que soit le niveau de la rencontre la promotion de leurs produits comme des bonimenteurs rivalisant sur le marché. Johan Cruyff avait la fureur de vivre de Steve McQueen et la force intérieure de Björn Borg. Architecte du football moderne, il voulait tout. Vite. Tête de gondole des années 1970, le Néerlandais perçut que le football était un business. Âpre négociateur, il s’entoura d’un agent dès ses premiers succès. Durant le Mondial 1974, il enlèvera une bande au maillot Adidas « » “Sans la liberté de blâmer il n’est point d’éloge flatteur” Beaumarchais Dassault Médias 14, boulevard Haussmann 75009 Paris Président-directeur général Serge Dassault Administrateurs Nicole Dassault, Olivier Dassault, Thierry Dassault, Jean-Pierre Bechter, Olivier Costa de Beauregard, Benoît Habert, Bernard Monassier, Rudi Roussillon SOCIÉTÉ DU FIGARO SAS 14, boulevard Haussmann 75009 Paris Président Serge Dassault Directeur général, directeur de la publication Marc Feuillée Directeur des rédactions Alexis Brézet Directeur délégué des rédactions Paul-Henri du Limbert Directeurs adjoints de la rédaction Gaëtan de Capèle (Économie), Laurence de Charette (directeur de la rédaction du Figaro.fr), Anne-Sophie von Claer (Style, Art de vivre, So Figaro), Philippe Gélie (International), Anne Huet-Wuillème (Édition, Photo, Révision), Étienne de Montety (Figaro Littéraire), Bertrand de Saint-Vincent (Culture, Figaroscope, Télévision) et Yves Thréard (Enquêtes, Opérations spéciales, Sports) Directeur artistique Pierre Bayle Rédacteur en chef Frédéric Picard (Édition) Éditeur Sofia Bengana Éditeur adjoint Robert Mergui FIGAROMEDIAS 9, rue Pillet-Will, 75430 Paris Cedex 09 Tél. : 01 56 52 20 00 Fax : 01 56 52 23 07 Président-directeur général Aurore Domont Direction, administration, rédaction 14, boulevard Haussmann 75438 Paris Cedex 09 Tél. : 01 57 08 50 00 [email protected] la sécurité en raison de son rôle de sanctuaire des islamistes et de la faiblesse de son État. Que voulons-nous faire ? Protéger la population, les infrastructures essentielles, le territoire et les frontières extérieures de l’Union tout en stabilisant sa périphérie. Que devons-nous faire ? Créer dans chaque pays un état-major en charge de la lutte contre l’islamisme rassemblant renseignement, police, justice et armée, et les coordonner. Reprendre le contrôle des frontières extérieures en renforçant les forces nationales par un corps de garde-côtes et de garde-frontières européens (Frontex est doté de 145 millions d’euros contre 32 milliards de dollars pour le Homeland Department aux États-Unis). Sécuriser l’espace de Schengen en activant enfin les échanges de données qui sont aujourd’hui limités à celles qui transitent par les États-Unis. Mettre fin à l’accueil anarchique des réfugiés, aujourd’hui infiltrés par plusieurs centaines de djihadistes, en créant un Commissariat européen, en unifiant le droit d’asile, en reconduisant tous les candidats non enregistrés. Engager une politique de codéveloppement en direction de l’Afrique du Nord, notamment de la Tunisie. Réarmer en respectant la norme Otan, qui prévoit d’affecter un moins 2 % du PIB à l’effort de défense. Ceux qui veulent détruire l’Europe pour les valeurs qu’elle incarne soulignent par défaut son identité et sa communauté de destin. Il nous faut retrouver le courage de défendre nos démocraties en produisant de la sécurité pour leurs citoyens et non pas seulement des normes. Renouons avec l’héroïsme de la raison pour combattre l’islamisme radical, sans haine mais sans répit, jusqu’à son éradication. VOX ... GRAND ENTRETIEN - Jean-Pierre Le Goff, auteur de Malaise dans la démocratie (Stock) : « La présidence Hollande est le summum du pouvoir incohérent et informe. » ... SOCIÉTÉ - Brice Couturier : « Après les attentats de Bruxelles, vive le printemps républicain ! » - De l’antiracisme au multiculturalisme, par Anastasia Colosimo. Les rencontres du FIGARO RENCONTRE AVEC FRANÇOIS-XAVIER BELLAMY Le 11 avril à 20 h Salle Gaveau. Réservations : 01 70 37 31 70 ou www.lefigaro.fr/ rencontres. Impression L’Imprimerie, 79, rue de Roissy 93290 Tremblay-en-France Midi Print, 30600 Gallargues-le-Montueux Imprimahd Casablanca Maroc. ISSN 0182-5852 Commission paritaire n° 0416 C 83022 Pour vous abonner Lundi au vendredi de 7 h à 18h ; sam. de 8 h à 13 h au 01 70 37 31 70. Fax : 01 55 56 70 11 . Gérez votre abonnement votre Espace Client : www.lefigaro.fr/ client Formules d’abonnement pour 1 an - France métropolitaine Club : 409 €. Semaine : 259 €. Week-end : 199 €. Ce journal se compose de : Édition nationale 1er cahier 18 pages Cahier 2 Économie 4 pages Cahier 3 Le Figaro et vous 8 pages A CHRONIQUE 17 lundi 28 mars 2016 LE FIGARO 18 Eléonore de Vulpillières D LE FIGARO. - Le français est-il spécifiquement une langue littéraire ? Dany LAFERRIÈRE. - Je n’aurais pas la prétention d’avoir une compétence de linguiste pour l’affirmer. En tant qu’écrivain, mon travail consiste à descendre dans la cale du navire pour mettre du charbon et faire avancer la littérature. Mon rapport à une langue avec laquelle je fais du corps-àcorps ne peut donc être que particulier. Je ne parle qu’une langue, celle de mes livres, que je tente de faire coïncider avec ma langue orale. Ce qui est fascinant c’est la diversité contenue dans la langue, qui varie selon qu’elle est parlée au Québec, en Haïti ou en France, à l’intérieur de l’Hexagone, à Paris, Rennes ou Marseille, dans un salon ou au marché, par un juriste ou un mécanicien. Mais il faut saluer le fait que de nombreux écrivains français ont intégré leurs concepts et leurs mots - tel Candide d’après la nouvelle de Voltaire - au fil des siècles, à la culture populaire. Le français, comme le disait Borges, regorge d’expressions merveilleuses comme « arc-enciel ». C’est une langue souple dans laquelle des phrases en hamac vous balancent d’un côté et de l’autre. Défenseur de la francophonie, l’académicien fait l’éloge du temps de la réflexion qui manque à une époque où on veut souvent aller trop vite. le goût d’écrire à la main ma correspondance. Pragmatiquement, cela enrichit le service postal, qui en a bien besoin. Et surtout, cela impose un rythme différent. L’écrit entretient une distance avec les gens avec lesquels on correspond. Depuis l’arrivée d’Internet, on correspond de plus en plus et de plus en plus vite avec des gens qu’on ne connaît pas, et parfois, des gens avec lesquels on ne voudrait pas. Écrire à la main calme l’enthousiasme de ceux qui veulent communiquer à tout prix, pour ne rien dire. On n’a pas besoin d’être en contact permanent avec nos contemporains. Vous êtes américain, et donc cerné par un univers anglophone. Quel est votre rapport à la langue anglaise ? Le français a eu son heure de gloire. Maintenant, c’est au tour de l’anglais. Une langue doit se garder de franchir la ligne jaune qui marquerait la perte de son identité. Mais il ne faut pas se formaliser qu’une autre langue ait pu nous pénétrer. Nous autres, francophones, serions favorables à ce que le français revienne à son prestige d’antan… Pour autant, il est aujourd’hui consternant d’observer que de nombreux francophones abu- EA UV NO présente LES 100 ANGLICISMES radio, « àÀlalatélévision, À NE PLUS JAMAIS UTILISER ! C’est tellement mieux en français. Les fossoyeurs de la langue de Molière lieu de dynamiser, au là où il conviendrait de vérifier, privilégient le au défi, décrètent ce qui n’est que charmant et trouvent ce qui n’est que drôle… Le danger est bien réel, protégeons notre si belle langue ! A Découvrez les 100 anglicismes à ne plus commettre ! 9 € ,90 « L’art de vivre que l’on pratique en France, on ne voudrait pas le sacrifier pour épouser celui qui a cours dans un New York pressé ! Alors pourquoi se livrer à une course au tout-anglais si on refuse la vision du monde véhiculée par cette langue ? » Dany Laferrière : « Une langue se nourrit aussi de silences » U Vous avez été élu à l’Académie française en 2013, et reçu en mai 2015… J’occuperai le fauteuil numéro 2 jusqu’à ma mort. Il est encore un peu tôt pour savoir ce que cela va changer pour lui, comme pour moi. Après la réception, le nouvel académicien passe six mois à écouter les débats sans y intervenir. L’initiation est longue. Le regard du public, qu’il soit admiratif ou dépréciatif en fonction de sa vision de l’institution, change sur l’écrivain nouvellement admis. Faire partie de l’Académie française a eu une portée symbolique très forte, pour un Américain comme moi. Je n’ai pas le pouvoir de faire évoluer la langue, mais j’apporte ma touche venue de Haïti et du Québec. Quant à savoir ce que l’Académie m’a apporté, dans notre monde où nous avons l’impression d’être en état d’alerte permanent, je dirais ceci : RENCONTRE ans Mythologies américaines (Grasset, février 2016), réédition de ses premiers romans, le nouvel académicien, québécois d’origine haïtienne, se définit comme un Américain au sens continental du terme. Il évoque son rapport charnel au français, une langue qui « regorge d’expressions merveilleuses ». EN VENTE ACTUELLEMENT Disponible en kiosque et sur www.figarostore.fr le silence est presque banni. Et pour ne pas rester silencieux, les gens disent parfois le contraire de ce qu’ils pensent DANY LAFERRIÈRE » sent des anglicismes, alors qu’il existe des mots très simples qui veulent dire la même chose. Une chose qui se déroule au moment où nous parlons est « en direct », pas « en live ». Ce qui est le plus grave est le présupposé qui se loge derrière ces pratiques : la langue française ne pourrait pas dire le monde d’aujourd’hui, qui serait rapide, accéléré, concret, direct. Déjà, cette hypothèse de départ est fausse : le monde n’est pas toujours rapide. Ensuite, rien n’oblige à dire rapidement, violemment ce qui va vite. Si on déplore l’aspect marchand, pressé et violent de New York, il est absurde de calquer l’imaginaire transmis par la langue parlée là-bas à une petite ville de France, de Suisse ou du Sénégal. Une langue véhicule un mode de vie, un art de vivre. Celui que l’on pratique en France, on ne voudrait pas le sacrifier pour épouser celui qui a cours à New York ! Alors pourquoi se livrer à une course au tout-anglais si on refuse la vision du monde supportée par cette langue ? Il y a certes plusieurs anglais, mais celui qui domine, c’est celui du pays dont l’hégémonie économique et culturelle est mondiale, les États-Unis. CNN, par son omniprésence sur le champ médiatique, a gagné la bataille de la langue ; nos hommes politiques, de plus en plus, veulent parler l’anglais de CNN. Comment entendez-vous la langue des politiques ? Les politiciens cherchent à parler comme ils supposent que le peuple parle : ils utilisent des termes grossiers, font des fautes, parfois volontairement. C’est une aberration totale. Les gens n’aspirent pas à mal parler. Ils sont attachés à la correction de la langue sans toujours bien la maîtriser euxmêmes. Ils aiment leurs écrivains, et la littérature en général. Au lieu de d’intégrer cela, certains politiciens rabaissent le niveau de la langue ; en la maltraitant, ils s’imaginent « faire peuple ». Rien n’est plus faux. Une langue doit-elle tout dire ? Une langue se nourrit aussi de silences. D’ailleurs on doit faire silence pour lire comme pour écrire. La ponctuation traduit le silence, l’arrêt, l’hésitation. Le point de suspension est gorgé d’espoir. C’est la partie immergée de la langue, et elle tend à disparaître dans cette fièvre verbale. À la radio, à la télévision, le silence est presque banni. Et pour ne pas rester silencieux, les gens disent parfois le contraire de ce qu’ils pensent. Est-ce pourquoi on entend si souvent cette complainte : ma parole a dépassé ma pensée. Au fond on n’a pas le temps de penser. Comment la langue d’« un Américain à Paris » jongle-t-elle entre les deux continents ? Certains peuples ont une vision abstraite des choses, d’autres plus concrètes. J’ai parfois du mal à répondre à des questions très vastes et conceptuelles. C’est sans doute mon côté américain, très concret. En Europe, on conçoit plus aisément une vision globale, totalisante de la société. Les journaux français trouvent tel livre « extraordinaire », c’est un « chef-d’œuvre », nous avons au moins vingt films par an qui sont tous « le film de l’année ». En Amérique, l’abstraction nous est moins familière, et la critique est moins généreuse. En arrivant au Québec, j’ai appris à modérer mon emploi des superlatifs et à délimiter mon espace de réflexion aux domaines où je suis compétent. Mais mon vieux fond français réémerge quand je suis de retour à Paris ! ■ NEMO PERIER/OPALE/LEEMAGE £@EdeVulpi lundi 28 mars 2016 LE FIGARO - N° 22 279 - Cahier N° 2 - Ne peut être vendu séparément - www.lefigaro.fr > FOCUS lefigaro.fr/economie SNCM JEUX LE NOUVEAU PROPRIÉTAIRE DE LA COMPAGNIE MARITIME PRÉFÈRE AJACCIO À MARSEILLE PAGE 21 LE GRAND RETOUR DU RUBIK’S CUBE PAGE 21 économie L’Iran, un marché difficile à reconquérir Le drapeau iranien sur le toit d’un immeuble de Téhéran. La chaîne Al-Jazeera supprime 500 postes MÉDIAS La direction d’Al-Jazee- ra, le groupe d’information créé il y a 20 ans par la famille royale du Qatar, vient d’annoncer la suppression de 500 postes sur un total de 4 500 dans le monde, dont une majorité au siège de Doha. Selon le directeur général de la chaîne, Mostefa Souag, « toutes les options ont été étudiées » pour maintenir la compétitivité de la chaîne. C’est finalement la réduction des effectifs qui a été choisie pour garantir sa position de lea- le PLUS du FIGARO ÉCO APPLE Le groupe américain fait une première incursion dans la production de séries télévisées PAGE 22 der, « son engagement dans le journalisme de qualité, indépendant et percutant dans le monde entier », a indiqué Mostefa Souag dans un communiqué. Selon un responsable de la chaîne, les premiers licenciements devraient intervenir dès la semaine prochaine et la plupart des départs ne concerneraient pas des journalistes. Ces suppressions d’emplois surviennent au moment où le Qatar, gros producteur de gaz mais également de pétrole, fait face à un effondrement des prix de ces sources d’énergie. Le pays prévoit un déficit budgétaire de plus 12 milliards de dollars en 2016, le premier en quinze ans. Le 13 janvier dernier, la direction de la chaîne d’information avait déjà annoncé la fermeture en avril prochain d’Al-Jazeera America, deux ans et demi seulement après son lancement. Le directeur général de la chaîne du Qatar avait alors indiqué n’avoir pas trouvé de modèle économique viable aux États-Unis où Al-Jazeera avait ouvert douze bureaux sur les 70 de la chaîne dans le monde. Son audience n’a jamais dépassé quelques dizaines de milliers de téléspectateurs. D’après le Pew Research Center, Al-Jazeera America aurait réalisé en 2014 un chiffre d’affaires inférieur à 100 millions de dollars, de très loin le plus faible de toutes les chaînes d’information nationale. Cette fermeture devait entraîner la suppression de V. C. (avec AFP) 700 postes. Le projet de loi pour la transparence de la vie économique, que Michel Sapin présentera mercredi en Conseil des ministres, doit permettre à la France de rattraper son retard dans la lutte contre le blanchiment et la corruption. Si l’essentiel de ce qui était prévu figurera bien dans le texte présenté par le ministre des Finances, la mesure la plus emblématique manquera. Jeudi soir, le Conseil d’État a retoqué la « transaction pénale » du projet de loi. Le gouvernement soumettra donc « au Parlement un texte qui ne contient pas ce dispositif », a annoncé Michel Sapin dans Le Journal du dimanche. Cette « convention de compensation d’intérêt public » aurait dû permettre aux entreprises mises en cause dans des affaires de corruption de s’éviter une condamnation pénale, en reconnaissant leurs torts et en s’acquittant d’une amende - qui aurait pu atteindre jusqu’à 30 % de leur chiffre d’affaires moyen sur les trois dernières années. « Nous verrons si les parlementaires veulent s’emparer du sujet », a précisé le locataire de Bercy. Pour le reste, l’arsenal législatif comporte, comme prévu, la création d’une agence de lutte contre la corruption, des sanctions pour des dirigeants commettant des faits de corruption à l’étranger, un statut spécifique pour les « lanceurs d’alerte » (sur lequel le Conseil d’État travaille) ou encore de nouvelles règles déontologiques concernant les lobbies… Le texte comportera aussi des mesures qui devaient à l’origine figurer dans la loi Noé d’Emmanuel Macron. Parmi celles-ci, notamment, la clarification des qualifications professionnelles obligatoires (dans la coiffure, le bâtiment, l’esthétique…). Les seuils du statut de microentreprise (anciennement autoentrepreneur) vont être également assouplis. Le texte permettra aussi, via une ordonnance, d’instaurer ce que le ministre de l’Économie appelait un « fonds de pension à la française ». Flexibiliser certaines règles prudentielles pourrait permettre d’orienter vers les entreprises et le capital-investissement une partie des fonds du régime supplémentaire de retraite des entreprises, gérés par les assureurs. M. VT. L'HISTOIRE Avec la Model 3, Tesla cherche à séduire le grand public Elon Musk (notre photo), l’ambitieux patron visionnaire de Tesla, va-t-il démocratiser la voiture électrique avec sa nouvelle berline ? Le constructeur californien de véhicules électriques de luxe doit présenter jeudi à Los Angeles la Model 3, une berline 100 % électrique, qu’il devrait vendre autour de 35 000 dollars (hors subventions publiques). Avec pour objectif de produire 500 000 voitures par an en 2020 (dix fois plus que l’an dernier), Tesla veut prouver qu’il peut fabriquer dans de gros volumes une voiture de qualité moins chère que ses précédents modèles : la berline Model S et le crossover Model X, vendus 70 000 dollars au prix de base. La Model 3 devrait donc ouvrir au constructeur le marché grand public et concrétiser les ambitions de départ d’Elon Musk : aider le monde à s’affranchir de sa dépendance au pétrole en roulant propre. Les préréservations seront ouvertes dès le 31 mars (moyennant un acompte de 1 000 dollars). Mais les amateurs vont devoir s’armer de patience avant de conduire cette berline compacte aux quatre roues motrices, dont l’autonomie devrait être comprise entre 300 et 500 kilomètres. Le démarrage de la production et les premières livraisons aux États-Unis sont prévus fin 2017, et en 2018 en Europe. General Motors annonce, lui, la commercialisation d’une berline électrique bon marché, la Chevrolet Bolt, dotée d’une autonomie de batterie de plus de 320 km, pour la fin de l’année. Mais d’autres constructeurs se sont déjà attaqués à ce marché de l’électrique abordable. Notamment Renault et Nissan, qui écoulent chaque année des dizaines de milliers de ZOE ou de Leaf. Pour imposer sa future Model 3, Tesla n’a pas d’autre choix que de faire rêver. ■ MATHILDE VISSEYRIAS A PATRICK FALLON / REUTERS, /FOTOLIA, RUBIK’S CUBE, DAVID GRAY/REUTERS Les États-Unis ont infligé de nouvelles sanctions à des sociétés britanniques. Les entreprises, notamment françaises, avancent avec prudence. PAGE 20 CORRUPTION : LA LOI SAPIN 2 ÉDULCORÉE lundi 28 mars 2016 LE FIGARO 20 ÉCONOMIE L’Iran reste un parcours d’obstacles pour les entreprises étrangères Les États-Unis ont infligé de nouvelles sanctions à des entreprises britanniques. MOYEN-ORIENT Plus de deux mois après la levée des sanctions contre l’Iran consécutive à l’accord du mois de juillet entre Téhéran et les grandes puissances sur le programme nucléaire iranien, pour les entreprises étrangères, faire des affaires au pays des mollahs reste semé de chausse-trappes. Certes, la visite à Paris fin janvier du président Hassan Rohani, partisan de l’ouverture, a été couronnée par la signature de plusieurs contrats d’envergure. L’Iran s’est ainsi engagé à acquérir 118 Airbus pour un montant évalué à 23 milliards d’euros, tandis que PSA va construire une nouvelle usine avec l’objectif de produire 200 000 véhicules par an. Dans le secteur stratégique du pétrole, aucun contrat d’exploration ou d’exploitation n’a toutefois été signé avec des entreprises occidentales, alors que Téhéran a besoin de technologie et de capitaux étrangers pour remettre son secteur pétrolier à niveau et accroître significativement sa production. « La constitution de la République islamique interdit les ressources pétrolières de passer sous le contrôle étranger », rappelle Richard Nephew, ancien diplomate américain chargé des sanctions contre l’Iran (lire interview ci-dessous). Quant aux exportations de brut, elles ont repris mais les compagnies pétrolières et de trading se heurtent notamment à l’interdiction toujours en vigueur, imposée par Washington, de faire des transactions en dollars avec l’Iran. l’ayatollah Ali Khamenei. « Ils ont dit avoir levé les sanctions (…) mais dans les faits, ils font en sorte que les effets de la levée des sanctions ne se voient pas », a-t-il déclaré. Et de préciser : « Aujourd’hui, dans l’ensemble des pays occidentaux qui sont sous leur influence, les échanges bancaires rencontrent des problèmes », « nous nous apercevons qu’ils ont peur des Américains ». Cette crainte de nouvelles sanctions américaines, comme BNP Paribas en a fait les frais en 2014, nombre d’hommes d’affaires français la confirment. De fait, si Washington a levé une partie des sanctions, certaines demeurent, et même de nouvelles viennent s’ajouter. Jeudi dernier, le Trésor a ainsi annoncé des sanctions financières contre plusieurs sociétés iraniennes pour leur soutien au programme de missiles balistiques. Surtout, deux entreprises britanniques en rapport avec la compagnie aérienne iranienne Mahan, déjà sur la liste noire américaine pour son soutien à la Force alQods des gardiens de la révolution, sont punies par Washington. La résolution 2231 des Nations unies adoptée en juillet dernier enjoint l’Iran à ne pas se livrer à des activités liées à des missiles balistiques capables d’emporter des ogives nucléaires. Les deux entreprises britanniques, Aviation Capital Solutions et Aircraft Avionic Parts and Supports (AAPS), ont vu leurs avoirs aux États-Unis gelés. Pour les entreprises européennes qui convoitent le marché iranien, à l’environnement local complexe s’ajoute l’épée de Damoclès américaine des sanctions. ■ F. N.-L. partenance de ses partenaires iraniens à une organisation visée par les sanctions. Mais si vous découvrez qu’un de vos partenaires appartient aux gardiens de la révolution, il faut arrêter, sous peine d’être sanctionné par les ÉtatsUnis. Difficile à croire… Souvenez-vous de Hillary Clinton quand elle était secrétaire d’État. Elle a dû pousser un rapport qui plaidait pour défendre davantage les intérêts économiques des États-Unis. Cette idée était controversée chez les diplomates qui assurent travailler sur la guerre et la paix, sur des questions politiques. Notre service commercial ne compte qu’une centaine de personnes. Si nous avions voulu défendre nos intérêts commerciaux, nous aurions levé l’embargo américain et Exxon pourrait aller se battre contre Total. Mais nous ne l’avons pas fait, l’embargo est toujours en place. Nos intentions suscitent la méfiance. Les dirigeants américains ont fait un sacrifice, alors c’est assez agaçant d’entendre qu’on tire les ficelles… Est-ce difficile pour des entreprises américaines comme Boeing de revenir en Iran ? C’est très difficile. Les sanctions, dites primaires, sont toujours en place, sauf pour les produits agricoles, les produits de santé et la technologie personnelle. Vous pouvez vendre un iPhone en Iran sans sanction. Boeing ou Exxon pourraient retourner en Iran uniquement avec une licence spéciale du Trésor spécifiant leurs transactions. Ils peuvent demander une licence, on leur répondra sans doute non. Les rumeurs selon lesquelles beaucoup d’Américains sont venus en Iran pour préparer des deals sont exagérées. Les Américains peuvent aller en Iran comme touristes, mais peuvent être arrêtés facilement pour espionnage. ■ Environnement local complexe Les États-Unis ne respectent pas leurs engagements pris en juillet, a accusé le 20 mars, jour du Nouvel An perse, le guide suprême, Nephew : « C’est agaçant d’entendre que les Américains tirent les ficelles » PROPOS RECUEILLIS PAR FABRICE NODÉ-LANGLOIS £@Fnodelanglois Diplomate américain jusqu’en 2015, Richard Nephew a été chargé du dossier sur les sanctions contre l’Iran. Désormais enseignant à l’université Columbia de New York, il a quitté l’administration mais a tendance à dire « nous » pour parler du gouvernement américain. Rencontré à Paris, il répond au Figaro. LE FIGARO. - Les entreprises françaises qui veulent faire des affaires en Iran sont toujours très inquiètes des sanctions qui pèsent sur les banques. Avez-vous des éléments pour les rassurer ? Richard NEPHEW. - BNP Paribas a désobéi au régime des sanctions. La banque, qui était implantée aux États-Unis, a été considérée comme une institution financière américaine et donc traitée comme telle. Et des sanctions ont été établies. Le régime des sanctions américaines est complexe. Aujourd’hui, est-il possible de faire des transactions en dollars avec l’Iran ? Il est toujours interdit de faire des transactions en dollars avec l’Iran. Les entreprises et les banques françaises peuvent-elles traiter avec des banques en Iran ? Dans l’ensemble, les sanctions bancaires sont terminées. La majorité des banques iraniennes ont été retirées des listes de personnes ou d’entités avec lesquelles une entreprise française par exemple n’a pas le droit de faire des affaires sous peine d’être interdite de commercer avec les États-Unis. La Banque Melli, pour n’en citer qu’une, n’est plus visée par les sanctions. Mais il est vrai que les banques européennes redoutent que les États-Unis puissent revenir en arrière. Le risque est que le système bancaire iranien soit encore potentiellement lié au blanchiment d’argent et au financement du terrorisme. Par ailleurs, il est toujours interdit de fournir des services financiers aux gardiens de la révolution ou à la Banque Saderat. Justement, des entreprises françaises se plaignent que les Américains exigent d’elles un degré d’information sur leurs partenaires dignes d’agences de renseignements… C’est faux. Les Américains attendent d’une entreprise européenne qu’elle fasse la preuve de sa bonne foi. Elle doit pouvoir prouver qu’elle s’est renseignée sur Google, auprès des gouvernements, au besoin au moyen d’agences d’intelligence sur l’éventuelle ap- Des techniciens iraniens travaillent sur une Peugeot 206 à l’usine Iran Khodro, près de Téhéran. BEHROUZ MEHRI/AFP Richard Nephew a été chargé du dossier sur les sanctions contre l’Iran. NEWSCOM/SIPA En France, on a le sentiment que les États-Unis tirent les ficelles des sanctions en Iran pour favoriser leurs entreprises. Que répondez-vous? Cela fait des années que j’entends ça. Je peux vous dire avec mon expérience de diplomate que les Américains du département d’État ne font pas du bon boulot pour défendre les intérêts économiques du pays. Comme fonctionnaire chargé des sanctions, je ne pensais pas aux entreprises, je pensais à la sécurité nationale. Plus d’un milliard d’Indiens ont désormais une identité digitale Safran est le premier partenaire de l’immense base de données biométriques sécurisées indienne. Une fois dotés « d’une identité incontestable, les citoyens, en particulier les plus démunis, ont accès à différents services et aides A » JESSICA WESTEROUEN VAN MEETEREN, DIRECTRICE DE LA DIVISION GOVERNMENT IDENTITY SOLUTIONS CHEZ MORPHO VÉRONIQUE GUILLERMARD £@vguillermard SÉCURITÉ Un milliard d’Indiens sont désormais dotés d’un numéro d’identification unique. C’est le cap impressionnant que franchira le programme Aadhaar (la fondation ou la base en hindi) fin mars 2016. Lancé en 2010, il vise à construire la base de données biométriques sécurisées d’un des États les plus peuplés au monde, l’Inde avec son 1,3 milliard d’habitants. Cela, en utilisant les technologies dernier cri - le relevé des empreintes digitales et le scan de l’iris, ainsi qu’une photo du visage. « Ces données sont reliées au numéro unique d’identification et constituent une preuve d’identité. Une fois dotés d’une identité vérifiable et incontestable, les citoyens indiens – en particulier les plus démunis qui représentent près de 400 millions de personnes - ont accès à différents services et aides, des allocations sociales en passant par l’ouverture d’un compte en banque ou encore d’un abonnement téléphonique », explique Jessica Westerouen van Meeteren, directrice de la division Government Identity Solutions chez Morpho. La filiale sécurité du motoriste Safran est le premier partenaire, avec 60 % du total, du grand programme public de ce type au monde. L’autre partenaire est le japonais NEC. New Delhi aura dépensé près de 1 milliard d’euros pour recenser sa population, attribuer un numéro d’identification à chaque citoyen (à partir de l’âge de 6 ans) et intégrer socialement et financièrement la frange de la population la plus pauvre. Aadhaar permet également au gouvernement de réduire la fraude aux aides sociales en s’assurant de l’identité des bénéficiaires. Les banques ont également vu l’impact très concret du programme : plus de 200 millions de nouveaux comptes ont été ouverts depuis son lancement. D’ici à 2017, New Delhi espère avoir bouclé ce gigantesque projet en ayant enregistré toute sa population. Les applications de la plateforme biométrique pourront alors être étendues notamment à l’établissement de passeports ou encore de permis de conduire. De son côté, Morpho se tient prêt à concourir pour la suite des opérations. L’Inde devrait en effet attribuer un nouveau contrat de maintenance et de mise à niveau régulière de sa plateforme d’identités digitales, qui devra évoluer afin de recueillir de nouvelles données. Près de 4 millions de petits Indiens sont nés depuis janvier 2016. Le programme Aadhaar constitue un « benchmark » grandeur nature pour d’autres pays intéres- sés par les possibilités qu’offre la construction d’une base de données biométriques sécurisée en matière de réduction de l’exclusion sociale. Mais pas seulement. « Nous avons aussi des contacts avec plusieurs pays qui ont déjà des bases de données mais qui veulent en améliorer l’efficacité et réduire les coûts », souligne Jessica Westerouen van Meeteren. « En matière d’identification, chaque pays a son approche. Des acteurs privés peuvent parfois intervenir aux côtés du gouvernement ou en substitution. Nous voyons tous les cas de figure », poursuitelle. Le marché de l’identité digitale est prometteur : il affiche une croissance à deux chiffres. ■ LE FIGARO ENTREPRISES 21 Le Rubik’s Cube fait son grand retour sur le marché du jouet Avec plus de 400 millions de pièces vendues à ce jour, Rubik’s Cube est l’un des plus grands best-sellers de tous les temps. STOLLARZ/AFP Avec 500 000 exemplaires vendus en 2015 dans l’Hexagone, c’est l’un des succès de l’an passé. KEREN LENTSCHNER £@Klentschner Il y a un « phénomène de “revival” s’agissant d’un jeu qui fait partie de l’imaginaire collectif au même titre que le Scrabble ou le Monopoly » FRANCK MATHAIS, PORTE-PAROLE DE LA GRANDE RÉCRÉ JOUET C’est l’une des surprises dans l’univers du jouet : Rubik’s Cube, ce jeu historique de cassetête, a fait un retour en force l’an passé. Il s’en est vendu 500 000 exemplaires sur le marché français (+ 70%). Soit 8,5 millions d’euros de ventes pour son distributeur Win Games. Le phénomène ne devrait pas fléchir cette année. Bien au contraire. « Nous prévoyons que près d’un million de pièces seront vendues en 2016 », déclare Thierry Karpiel, gérant de Win Games. Sur les six premières semaines de l’année, les ventes ont déjà doublé par rapport à l’an passé dans les magasins de La Grande Récré, en faisant l’un des 20 jouets les plus vendus sur cette période. Une vraie success story lorsqu’on sait que la marque était une belle endormie en 2002, quand Win Games en a racheté les droits lundi 28 mars 2016 auprès de son propriétaire, l’anglais Seven Towns. Le jeu, qui était alors distribué en France par Ravensburger, s’écoulait à 100 000 pièces. Ce succès dépasse les frontières de l’Hexagone. Sur les continents américains, plus de 6 millions de pièces ont été commercialisées l’an passé. Partout, les ventes ont connu une progression à deux chiffres. Toute la catégorie des « casse-tête » en profite avec une croissance de 39 % dans les onze pays suivis par le panéliste NPD. Avec plus de 400 millions de pièces vendues à ce jour, Rubik’s Cube est l’un des plus grands bestsellers de tous les temps. Outil pédagogique Ce nouveau départ de la marque date de 2014, l’année qui a marqué le 40e anniversaire de Rubik’s Cube, inventé par le Hongrois Erno Rubik. Partout dans le monde, des animations ont eu lieu en magasins ainsi que des expositions et des émissions TV qui ont redonné de la visibilité à la marque et suscité un regain d’intérêt des consommateurs. Parallèlement, Seven Towns a modernisé les emballages et doublé le nombre de références, créant notamment des coffrets et des multicubes. Ce qui a aussi permis d’augmenter la présence en rayons. « Il y a un phénomène de “revival” s’agissant d’un jeu qui fait partie de l’imaginaire collectif au même titre que le Scrabble ou le Monopoly, commente Franck Mathais, porte-parole de La Grande Récré, n° 2 du jouet en France. Beaucoup de quadras et de quinquagénaires qui y jouaient pendant leur enfance le rachètent et le font connaître à leurs propres enfants. Par ailleurs, il y a beaucoup de tutorials sur Internet qui aident à intéresser les nouvelles générations. » À cela s’ajoute en France un phénomène de fond, l’engouement pour ce jeu dans les collèges et lycées où l’on joue au Rubik’s Cube dans la cour ou dans les classes. « Les phénomènes de cours de récréation sont d’excellents amplificateurs de tendance », souligne Franck Mathais. L’intérêt dans les écoles est venu d’un groupe de professeurs, baptisé l’« équipe du kangourou des mathématiques », qui ont vu dans ce cube un formidable outil pédagogique pour jouer avec les chiffres. Depuis neuf ans, ils organisent un concours en équipe entre écoles avec des lots scientifiques à gagner. Des championnats ont également lieu partout en France, sous l’égide notamment de la World Cube Association. Ce come-back du Rubik’s Cube devrait également bouleverser le monde des licences. Nicolas Loufrani, PDG de Smiley Company, vient de racheter les droits d’exploitation de la marque (hors jouet). Il s’intéresse notamment à l’utilisation de Rubik’s Cube dans les vêtements. Une nouvelle vie pour la marque. ■ La Corse s’empare rapidement et sûrement de l’ex-SNCM Les bateaux changent à nouveau de propriétaire. Le siège va être transféré de Marseille à Ajaccio. MARSEILLE Patrick Rocca, chef d’entreprise corse, avait repris l’ancienne SNCM. BORIS HORVAT/AFP TRANSPORTS Sur le port de Marseille, les bateaux de l’ex-SNCM sont en train d’être repeints en rouge… Un coup de pinceau qui marque un changement important. L’ancienne SNCM est reprise par le chef d’entreprise corse Patrick Rocca sous la marque Maritima Ferries. Mais il s’apprête à changer son fusil d’épaule pour arborer la marque Corsica Linea - et sa couleur rouge. Et celle-ci appartient à… Corsica Maritima, consortium d’entrepreneurs corses qui voulaient eux aussi reprendre l’exSNCM ! Après avoir riposté en ouvrant une ligne concurrente, malgré ses engagements, Corsica Maritima, conduit par François Padrona, est en passe d’imposer la fusion des deux compagnies. Le comité d’entreprise de l’exSNCM réuni mardi s’est prononcé contre. Mais l’avis est consultatif. Patrick Rocca et François Padrona sont en train de passer outre. La fusion « est en cours », « il reste des points à régler », a précisé Rocca à La Provence. Pourtant, le jugement du tribunal de commerce de Marseille attribuant six bateaux de l’exSNCM à Patrick Rocca disposait qu’il ne pourrait ouvrir le capital de sa société (MCM) qu’à 49 % au maximum et que le siège social devait être maintenu à Marseille. Patrick Rocca a annoncé aux salariés qu’il allait céder l’intégralité des parts et que le siège allait déménager à Ajaccio. Toute la question aujourd’hui est de savoir si le président du tribunal de commerce, qui ne peut pas s’autosaisir, le sera par un tiers… Les salariés, inquiets, s’interrogent sur la meilleure voie pour préserver leur avenir. « Ni Corsica Maritima ni Rocca ne sont clairs. On voit bien que Padrona n’a pas du tout le même modèle économique que Rocca », souligne Pierre Maupoint de Vandeul, de la CFE-CGC, qui a alerté le président du tribunal de commerce, le procureur et les administrateurs judiciaires. « Nous mettons en place le plan tel que présenté par Maritima Ferries. Il sera respecté, nous ne sommes pas des voyous. Mais il y a un problème de délais, un problème de frilosité des banques, une délégation de service public à laquelle il va falloir répondre. Mieux vaut régler tout cela dans l’union plutôt que la dispersion », a précisé Patrick Rocca. La pression des nationalistes Depuis qu’il a été choisi par le tribunal de commerce, Patrick Rocca se heurte à de nouvelles difficultés. Les nationalistes ont emporté les élections régionales et l’ex-SNCM est devenue un enjeu politique. La collectivité territoriale de Corse (CTC) va fusionner avec les deux départements insulaires en 2018. De nouvelles élections sont donc programmées… Les nationalistes veulent pouvoir se prévaloir de promesses tenues, comme celle de la création d’une compagnie maritime régionale à capitaux majoritairement publics. La CTC fait tout pour que Patrick Rocca s’efface au profit du consortium d’entrepreneurs corses. Elle a lancé le processus de création d’une compagnie régionale et se fait fort de récupérer les six bateaux de l’exSNCM : elle les considère comme des « biens de retour » car ils ont été financés par les subventions de la collectivité (1,3 milliard d’euros en trente ans). C’est la clé de voûte de la société d’économie mixte locale qui porterait les navires de la future compagnie régionale. Mais l’avocat du comité d’entreprise de MCM rappelle que la SNCM était propriétaire de ses bateaux Le chinois Delta Electronics cherche à se faire un nom Cet ancien sous-traitant compte se mesurer à Schneider Electric, ABB ou encore Siemens. 5,6 milliards d’euros Chiffre d’affaires de Delta Electronics en 2015 ANNELOT HUIJGEN [email protected] INDUSTRIE Lors de la COP21, Delta Electronics avait loué des espaces au Stade de France et au Grand Palais. « Nous voulons nous faire connaître en Europe, où nous sommes depuis 1987, explique Jackie Chang, patron du conglomérat de Taïwan pour l’Europe, le MoyenOrient, l’Afrique et la Russie. Nous y réalisons pour l’instant un chiffre d’affaires équivalent à celui de notre pays d’origine. La France est un grand pays pour nous, où nous employons actuellement une quarantaine de personnes, mais nous y recrutons. » Fondé en 1971 à Taïwan comme fabricant de composants pour les téléviseurs Philips notamment, le groupe, qui a réalisé 5,6 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2015, veut maintenant se faire un nom avec des produits technologiques, allant des bornes pour véhicules électriques aux parcs de panneaux solaires, robots industriels et appareils médicaux. Et Delta Electronics a de grandes ambitions et compte se mesurer à ses grands concurrents, le français Schneider Electric (26,6 milliards de chiffre d’affaires), le suisse ABB (35,5 milliards) ou encore Siemens (75,6 milliards d’euros). « La Chine commence à ralentir mais nous visons les 10 milliards de dollars à moyen terme. Nous devons donc continuer à élargir notre offre et à regarder au-delà des frontières », affirme Yancey Hai, directeur général de Delta. Après les composants pour téléviseurs, le fondateur, Bruce Cheng, a réorienté son groupe vers les composants pour PC. Puis, sentant le vent tourner, il s’est spécialisé dans les chargeurs pour smartphones et tablettes (Apple, Sony, Lenovo…). «Nous sommes le plus grand fournisseur mondial de chargeurs, qui représentent un peu plus de la moitié de notre chiffre d’affaires. Mais ce marché commence à baisser », estime Yancey Hai. Acquisitions en Europe Pour accélérer sa réorientation, Delta n’a pas hésité à débaucher le responsable de la recherche d’IBM en Chine pour diriger ses 160 chercheurs. Et le conglomérat s’est mis à chercher des cibles, surtout dans la santé, pariant sur une forte croissance dans une Chine à la population vieillissante et où les hôpitaux sont loin des standards occidentaux. Le groupe vient d’investir dans le suisse Swissray, un petit acteur des machines à rayons X, et l’américain Optovue, un spécialiste des tests oculaires, car le « rétro-éclairage des écrans n’est pas bon pour les yeux », remarque Yancey Hai, qui a identifié des cibles en Italie et en Allemagne. «Nous voulons devenir un fournisseur de solutions globales», ajoute Jackie Chang. Delta s’est ainsi spécialisé dans la construction de bâtiments économes en énergie, pour lesquels il fournit les câbles, lampes, écrans, datacenters et bientôt des batteries de stockage, qu’il développe en partenariat avec le japonais Mitsubishi. Dernier domaine de croissance identifié, la robotisation. Delta vient de mettre au point un bras robotique, dont il en a déjà installé une centaine dans ses 38 usines, situées essentiellement en Chine. « Les robots sont flexibles et avec leur prix inférieur à 10 000 dollars, ils sont moins chers qu’un salarié chinois», appuie Yancey Hai. La Chine est le pays où le plus grand nombre de robots a été installé dans le monde en 2014. ■ avant de les mettre à disposition dans le cadre de la DSP : « Le débat sur les biens de retour n’a pas lieu d’être, ce d’autant plus qu’il n’y a pas eu d’action en revendication de la CTC dans les délais légaux. » Autre problème : la délégation de service public, dont MCM est titulaire, expire fin septembre. Il est question de l’allonger de six mois. Les nationalistes ont voté fin février des études pour la création de la compagnie régionale en espérant qu’elle pourra concourir au prochain appel d’offres. Auparavant, pour satisfaire la Commission européenne, ils testeront pendant six mois la desserte des deux ports principaux sans DSP, c’est-à-dire sans subvention. « On amuse la galerie avec cette affaire de compagnie régionale, estime, sceptique, José Rossi, président du groupe de droite à la CTC. La décision de création de la compagnie prendra un à deux ans. » ■ EN BREF MICROSOFT VEUT FINANCER LE RACHAT DE YAHOO! £ Yahoo!, dont les activités Web sont en vente, aurait attiré l’intérêt de Microsoft. Le géant de l’informatique aurait déjà rencontré plusieurs fonds de capital-investissement afin de discuter d’une éventuelle offre, d’après les informations du site américain Re/code. Il ne s’agirait a priori non pas d’un rachat à proprement parler, mais d’aider au financement d’une acquisition par l’un de ces fonds, d’une hauteur de plusieurs centaines de millions de dollars. Re/code, qui cite des sources proches du dossier, précise qu’il s’agit de discussions préliminaires et que Microsoft ne s’est pas encore engagé. +@ » La Cour des comptes préconise aux pompiers de faire payer des interventions » The Independent n’existe plus en version papier www.lefigaro.fr/economie A ALIETTE DE BROQUA lundi 28 mars 2016 LE FIGARO 22 MÉDIAS et TECH Apple va produire des séries télévisées Le groupe s’associe dans un programme sur le monde des applications coproduit par le chanteur Will.i.am. LUCIE RONFAUT £@LucieRonfaut APPLE ET LES MÉDIAS CHIFFRES CLÉS 20 milliards de dollars de chiffre d’affaires dans les services en 2015 10 millions d’abonnés à l’offre de musique en streaming Apple Music INTERNET Il y a six mois, Tim Cook affirmait que « le futur de la télévision est dans les applications ». Apple a pris ce slogan au pied de la lettre. Le groupe américain, plus connu pour ses smartphones ou ses ordinateurs que pour ses œuvres de fiction, a annoncé jeudi qu’il allait produire sa toute première série télévisée sur le thème de « l’économie des applications ». Il s’agit de rendre hommage au travail des développeurs de programmes mobile, ou au moins de s’en inspirer. « Nous avons déjà observé des histoires incroyables et inspirantes de la part de nos développeurs, sur leurs origines, comment ils ont débuté et le genre de problèmes qu’ils ont dû affronter », a commenté Eddy Cue, vice-président d’Apple, dans une interview accordée au Hollywood Reporter. L’idée, de prime abord un peu saugrenue, fait écho à d’autres séries récentes qui mettent en scène des entrepreneurs et des développeurs, comme Betas (produite et diffusée par Amazon) ou Silicon Valley (de la chaîne américaine HBO). Apple a indiqué s’être associé avec deux producteurs, Ben Silverman et Howard T. Owens, ainsi que Will.i.am, chanteur et aussi investisseur dans les nouvelles technologies. On ignore le format que prendra la série, son scénario, ses acteurs ou même sa date de sortie. Le projet semble pour le moment tenir davantage de l’expérimentation que du véritable virage stratégique. « Nous n’allons pas nous lancer soudainement dans la production de film ou de séries télévisées », a assuré Eddy Cue dans une interview accordée au New Le PDG d’Apple, Tim Cook, lors d’une conférence au siège de l’entreprise, à Cupertino, en Californie. York Times. Seule certitude : la nouvelle série devrait être distribuée sur iPhone, iPad et Apple TV. Cette initiative de la part d’Apple est rare, mais témoigne aussi de son intérêt croissant pour la télévision et les médias. Plusieurs projets l’ont précédée. Fin 2015, Apple a enfin rénové son boîtier Apple TV. L’appareil permet de regarder la télévision, des programmes exclusifs et même d’utiliser des applications directement sur grand écran. Pour étoffer son offre, Apple a multiplié les accords avec les grandes sociétés de média (HBO, Netflix, Hulu…) afin d’acheter les droits de diffusion de films, séries télévisées ou documentaires. Elle n’a toutefois pas encore lancé de bouquet télévisé payant, comme les observateurs aux États-Unis lui en prêtent l’intention. Les négociations seraient difficiles avec les networks américains. En produisant lui-même des contenus, Apple se range à un modèle initié avec succès par Netflix et adopté par Amazon, l’un de ses concurrents dans les « box » de télévision et dans la musique en ligne. Apple avait également effectué plusieurs essais dans la distribution et la production d’œuvres de fiction. Jusqu’ici, ces efforts se sont surtout concentrés sur la musique. Le géant améri- J. EDELSON/AFP cain a déjà diffusé plusieurs programmes en exclusivité sur ses plateformes (iTunes, Apple Music…), comme un documentaire sur la tournée de la chanteuse Taylor Swift ou des interviews d’artistes. Promouvoir Apple Music Apple a annoncé la semaine dernière une initiative similaire avec une série de documentaires réalisée par le groupe média Vice. Ce genre de contenus inédits est aussi une manière de valoriser les plateformes d’Apple, notamment Apple Music, son service de streaming musical qui revendique aujourd’hui 10 millions d’abonnés dans le monde. Apple n’a néanmoins jamais produit de séries télévisées. Ce nouveau projet n’est pas le seul en la matière. Dr. Dre, cofondateur de Beats et aujourd’hui membre de la direction d’Apple, prépare lui aussi sa propre série télévisée inspirée de sa carrière. Là encore, elle serait produite par Apple et pourrait être diffusée sur Apple Music, d’après des informations du Hollywood Reporter. Alors que les ventes de smartphones tendent à s’essouffler, les services sont l’une des sources de croissance pour l’entreprise américaine. Ils ont représenté 20 milliards de chiffre d’affaires en 2015, en hausse de 10 % sur un an. ■ GreenFlex allie développement durable et croissance rentable À sept ans, l’entreprise réalise plus de 190 millions d’euros de chiffre d’affaires. ELSA BEMBARON £@elsabembaron Frédéric Rodriguez, président fondateur de GreenFlex. GREENFLEX ÉCOLOGIE Loin des projecteurs, GreenFlex, une société basée dans le IXe arrondissement à Paris, est en train de réussir un sans-faute. Créée fin 2009, cette start-up se présente comme « un pure player du développement durable ». Ce créneau lui a réussi. Elle a réalisé 191 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2015, en croissance de 91 % sur un an, et emploie près de deux cents personnes, aussi bien des mathématiciens que des agronomes, des chimistes, des financiers ou des informaticiens et des développeurs. « Nous sommes rentables depuis la création, depuis notre premier bilan », souligne Frédéric Rodriguez, président et fondateur de GreenFlex. Cette performance lui a permis de financer sur ses fonds propres la croissance interne du groupe et de racheter au fil des années « une dizaine d’entreprises, des petits cabinets de conseil, des solutions technologiques destinées à la prise de mesures… », mentionne Frédéric Rodriguez, qui a levé 1 million d’euros pour lancer son entreprise, puis 15 millions « pour avoir des fonds propres ». « Changer les habitudes » Le savoir-faire de GreenFlex repose sur sa capacité à faire faire des économies à ses clients, ayant un impact direct sur leur bilan. Frédéric Rodriguez explique « chercher à relier l’écologie à l’économie. Il est impossible de parler d’environnement en ne faisant que du comportement. Éteindre la lumière ne suffit pas, il faut investir », ajoute-il. Une première étape passe par une optimisation des structures en place : mieux régler la climatisation, mettre des portes aux réfrigérateurs, des interrupteurs pour couper des équipements électriques. La deuxième étape nécessite des investissements : il faut remplacer les vieux frigos par des plus récents, moins gourmands, troquer les néons contre des LED… « C’est plus simple à mettre en place quand des solutions de financement existent. Nous avons des partenaires bancaires sur lesquels nous adossons nos contrats », précise Frédéric Rodriguez. «Nos solutions s’inscrivent sur des durées d’un à huit ans. On ne commence pas par couper dans les coûts, mais par changer les habitudes », explique le patron. Dans la gestion de flotte automobile, après avoir fait une cartographie des usages en croisant les données disponibles dans l’entreprise, GreenFlex identifie les « anomalies », comme les véhicules qui ne sont jamais utilisés. Il peut proposer de mettre en place de l’auto partage, du covoiturage, d’installer des vélos sur un grand site pour remplacer des véhicules diesels… Ces éléments changent les modes de vie, il faut donc du temps pour les mettre en place. Dans l’agriculture, la société travaille avec des coopératives à la revalorisation de filière. Elle met en place des outils permettant de faire du prédictif avec la météo, d’utiliser moins de produits phytosanitaires ou de meilleures semences. « Nous prenons un engagement de résultat », précise Frédéric Rodriguez, qui a aussi créé des Éco- guides destinés à tous. Le premier portait sur l’achat de matériel informatique, le second sera élaboré en partenariat avec le syndicat de l’éclairage. Frédéric Rodriguez porte aussi un regard critique sur sa société. « La réalité des start-up n’est pas idyllique. Au départ, c’est une bande de copains, et tous les problèmes se règlent autour d’une table. Dès qu’on emploie plus de 50 personnes, il faut un CHSCT, un comité d’entreprise. Ça coûte cher de grossir ! », explique celui qui réinvestit « 100 % des bénéfices dans le développement de l’entreprise ». Mais comme toutes les start-up, GreenFlex a un baby-foot, un programme de massages, des bureaux ouverts et même une collection d’œuvres d’art sur le thème du développement durable. ■ Herezie met du digital dans son moteur Après le rachat de 5eme Gauche, l’agence indépendante vise 17 millions d’euros de marge brute en 2016. A ALEXANDRE DEBOUTÉ £@axel_deb COMMUNICATION Herezie ajoute une nouvelle corde à son arc. L’agence de publicité fondée en 2010 par Pierre Callegari, Andrea Stillacci et Luc Wise a racheté l’agence digitale 5eme Gauche dirigée par Édouard de Pouzilhac et Thomas Couteau. Après avoir mis la main, il y a un an, sur l’agence de marketing opérationnel Vaudoo (30 salariés), Herezie complète donc son offre pour mieux répondre aux demandes de ses clients. Le nom de l’enseigne acquise sera maintenu et ses dirigeants conserveront 25 % de son capital. 5eme Gauche, qui existe depuis vingt ans et revendique 4,6 millions d’euros de marge brute, s’est spécialisée dans l’e-commerce, qui représente plus de la moitié de son activité. L’agence crée des sites, les anime et les met en scène pour amener les internautes à l’acte d’achat. Son portefeuille de clients en France (Darty, Yves Rocher, Total ou Toyota) vient s’ajouter à celui d’Herezie (Henkel, Minute Maid, Essilor, Cofidis ou Harmonie Mutuelle), déjà très international puisque plus de la moitié de la marge est réalisée pour des clients hors de France. Le nouveau groupe, confortablement installé depuis l’an dernier dans de vastes locaux du XVIe arrondissement de la capitale, compte 130 salariés - dont une cinquantaine venant de 5eme Gauche - et vise une marge brute de 17 millions d’euros cette année et un chiffre d’affaires de 40 millions. Gain du budget 1664 De gauche à droite : Thomas Couteau, Luc Wise, Andrea Stillacci, Édouard de Pouzilhac et Pierre Callegari. HEREZIE « Désormais, nous couvrons toute la chaîne de valeur : la publicité, le digital, le shopper marketing et l’événementiel », détaille Pierre Callegari, qui souligne que « les annonceurs cherchent aujourd’hui à mieux coordonner leurs actions à tous les points de contact avec leurs clients afin que l’image véhiculée par la publicité soit conforme sur les points de vente ». L’objectif de l’opération est évidemment de développer les synergies et de monter en puissance sur les appels d’offres. « Le fait de ne pas avoir d’offre digitale nous a fait rater des compétitions, comme celle sur BMW », souligne Pierre Callegari. En mariant son savoir-faire reconnu dans la publicité traditionnelle avec la créativité opérationnelle de Vaudoo dans le monde physique et 5eme Gauche sur Internet, Herezie espère décrocher des budgets « structurants ». L’agence vient de remporter la marque 1664 de Kronenbourg, connue pour être une jolie vitrine créative précédemment gérée par Fred & Farid. ■ lundi 28 mars 2016 LE FIGARO - N° 22 279 - Cahier N° 3 - Ne peut être vendu séparément - www.lefigaro.fr STYLE MODE, BEAUTÉ... LES INDISPENSABLES DE LA SEMAINE PAGE 26 Gucci LITTÉRATURE L’AMÉRICAIN JIM HARRISON, AUTEUR DE « DALVA » ET DE « LÉGENDES D’AUTOMNE », EST MORT, À 78 ANS PAGE 30 ÇA C’EST... LA HAVANE Hector Lemieux PIERRES QUI ROULENT… CONCERT DES ROLLING STONES À LA CUIDAD DEPORTIVA L Alain Decaux, toute une histoire PAUL DELORT/LE FIGARO Académicien, ministre, figure des médias, militant de la francophonie, cet homme complet est décédé à l’âge de 90 ans. PAGE 24 a Yipi (Jeep) septuagénaire, six passagers à l’arrière, trois à l’avant, avale les faubourgs de La Havane. Un Reggaeton endiablé envahit l’habitacle. Les Stones ? « Il faut voir. Nous allons les entendre pour la première fois. Nous ne les connaissions pas il y a encore quinze jours », lance Mykel, Métis de bling-bling vêtu. Ironiquement, au pays du communisme déclinant, c’est la Granma, l’organe officiel du parti cubain, qui a multiplié ces derniers jours les programmes pédagogiques pour expliquer qui sont ces Stones. Direction les plaines du complexe sportif de la Ciudad Deportiva, où ils ont posé leur scène. La foule, majoritairement adolescente, multiplie les selfies. Pas d’alcool, pas de drogues, pas d’effusion. La police nationale révolutionnaire veille. La température est douce. 20 h 34. Mick Jagger, veste rouge de circonstance, débute par Jumpin’ Jack Flash avant d’enchaîner les grands classiques du groupe pendant deux heures. Le chanteur lance en espagnol un sympathique : « Bonsoir, mes gens de Cuba. Nous sommes ici, finalement . » Au cimetière de la morale et des interdits culturels, la formation anglaise, jugée capitaliste et décadente, a longtemps eu une place de choix. Mais la faucille capitaliste a décapité le vieux marteau socialiste. À 84 ans, Raul Castro est devenu un rocker lui-même. Mick Jagger ose un commentaire : « Il semble que Cuba est en train de changer. » Les réactions des 500 000 personnes présentes sont timides. Au-delà des premiers rangs de fans qui suivent la tournée et des étrangers filmés par les télés, la jeune foule cubaine ne se passionne guère pour le concert. Les couples entament des slows sur Angie. Les enfants de Fidel aiment les musiques romantiques. Une vieille Yuma (étrangère) se promène avec une pancarte avec ce slogan « Rolling Stones, No Satisfaction » ! Préfère-t-elle les Beatles ? Jagger, patient, tente de conquérir son public, qui, au bout d’une heure et demie, bouge un peu plus. « Merci pour la musique que vous avez offerte au monde », lance-t-il à ce peuple cubain qui vit encore dans un autre monde. Avec Benjamin Millepied, l’Opéra de Paris marche sur des œufs DANSE Quelques semaines après son départ, le chorégraphe star ARIANE BAVELIER [email protected] C’ est un simple communiqué de presse de l’Opéra de Paris, envoyé le 24 mars, intitulé « Entrée au répertoire de Drumming». Un cheval de Troie idéal, tant la pièce d’Anne Teresa De Keersmaeker est un chefd’œuvre et tant ce rapprochement entre la plus importante des chorégraphes d’aujourd’hui et le Ballet de l’Opéra de Paris est un gage d’excellence pour la compagnie et une source de réjouissance pour le public. La perplexité vient en lisant le message : « La création de Benjamin Millepied et de Philippe Parreno, initialement prévue en juillet 2017 à l’Opéra Bastille, est annulée. C’est l’entrée au répertoire de Drumming, d’Anne Teresa De Keersmaeker, qui sera présentée aux mêmes dates.» Quel est ce nouvel épisode du pas de deux houleux entre le Ballet de l’Opéra de Paris et Benjamin Millepied ? Depuis l’annonce précipitée de son départ, le 4 février der- Benjamin Millepied. J.- C. MARMARA/LE FIGARO nier, le calme semblait rétabli. Aurélie Dupont, nouvelle directrice de la danse, rompue aux arcanes de la maison et complice de Millepied, saurait continuer avec douceur et intelligence la révolution entreprise. Et Millepied resterait en compagnonnage avec le Ballet : il avait deux créations pour la saison 2016-2017. L’une sur des chansons de Barbara fin novembre, dans un programme partagé avec Antony Tudor, l’autre, plus importante et audacieuse, avec le plasticien star Philippe Parreno. Contacté par téléphone, Millepied assure que la décision d’annuler cette création est de son fait. Il lui faut tourner la page. Il retrouve sa liberté avec la délicieuse sensation de « voler». Los Angeles l’attend. Il y a laissé sa compagnie toujours active du L.A. Dance Project. Avec elle, il va multiplier les projets en France. Il ouvrira la saison de la série chorégraphique TranscenDanse à l’automne au Théâtre des Champs-Élysées. Et, assure-t-il, il travaille sur d’autres gros projets. La création avec Parreno verra le jour mais autrement, et ailleurs. Quant à l’Opéra de Paris, Anne Teresa De Keersmaeker y sera très à l’honneur la saison prochaine. Outre Drumming, elle signe une création chorégraphique sur Cosi fan tutte. ■ A entretient une relation complexe avec l’institution. lundi 28 mars 2016 LE FIGARO 24 L'ÉVÉNEMENT Alain Decaux, Alain Decaux dans la bibliothèque à l’Institut de France, à Paris, en 2002. J.-C. MARMARA/LE FIGARO un historien anticonformiste et engagé pour la francophonie DISPARITION Figure des lettres et des médias, l’académicien s’est éteint à l’âge de 90 ans. I PAR JACQUES DE SAINT VICTOR l a su rendre l’histoire familière aux Français. Mais Alain Decaux, qui vient de s’éteindre à l’âge de 90 ans, n’était pas simplement un regard et une voix. Il a été un de nos derniers grands hommes complets, comme il en existait tant dans ce XIXe siècle, le siècle de Victor Hugo, qu’il chérissait tant. Tour à tour écrivain, historien, homme de radio, puis de télévision, metteur en scène de théâtre (avec son ami Robert Hossein), ministre et académicien français, Alain Decaux restera surtout dans la mémoire des Français pour son indéniable talent de conteur. C’est ce qui aura été son plus beau fait d’armes : Alain Decaux était un troubadour moderne, au regard bleu caressant et à la voix aimable et chaleureuse, l’élégance bonhomme et familière, un de ces héritiers de la lointaine tradition orale qui a été à l’origine de la civilisation et qui a su retrouver grâce à lui, dans notre société du spectacle, un rôle essentiel. “ Les historiens devraient admettre qu’ils sont des écrivains ALAIN DECAUX ” A 1 « Je voudrais mourir en faisant une découverte », déclarait cet homme d’esprit quelques années avant sa mort. La passion de la découverte historique l’aura animé toute sa vie. Chacun sait, car il l’a souvent évoqué, que son goût pour l’histoire lui est venu fort jeune. Le petit écolier, qui est né le 23 juillet 1925 à Lille, découvre à l’âge de 11 ans un roman d’Alexandre Dumas Le Comte de Monte-Cristo. La force du récit, les descriptions de l’écrivain, l’ambiance historique plongent le jeune homme dans un émerveillement. Par la suite, il cherchera à obtenir autant de bonnes notes pour pouvoir, en récompense, se voir offrir un autre livre d’Alexandre Dumas ! La collection sera bientôt complète… Il fait ses études au lycée Faidherbe, à Lille, puis à Janson-de-Sailly, à Paris, avant de suivre les cours de la faculté de droit de Paris. Mais l’univers académique n’est pas fait pour lui. Alain Alain Decaux, alors ministre délégué chargé de la Francophonie (de 1988 à 1991). LOUIS MONIER/RUE DES ARCHIVES Decaux aime la vie, les gens, le plaisir des rencontres, d’où il va tirer toute sa verve. Il a surtout l’esprit fort libre. Il abandonne très vite l’université pour découvrir seul les Archives et la Bibliothèque nationales, tout en assistant, mais en dilettante, aux cours d’histoire à la Sorbonne. Toujours pour le plaisir. Il n’entendait nullement faire une carrière d’enseignant. Ce qui l’attirait, c’était une insatiable curiosité. Un vilain défaut qui conduit normalement au journalisme. Cependant, l’écriture le titille, notamment l’écriture historique. Ainsi s’aventure-t-il vers une forme de journalisme d’un genre un peu particulier : l’enquête historique… Il commence à publier ses premiers articles à partir de 1946 en s’intéressant à certains replis obscurs de l’histoire comme celui de Louis XVII. Au fond, comme certains reporters font des enquêtes sur des énigmes du présent, Alain Decaux se passionne pour les mystères du passé. Son premier livre, Louis XVII retrouvé, est publié en 1947. Il sera ensuite très vite couronné par l’Académie française, à 25 ans, pour son second ouvrage. Dès lors, il ne cessera plus d’écrire. Il y a pour lui un lien essentiel, d’ailleurs, entre l’écriture et l’histoire. Dans un entretien avec Bernard Pivot, il déclarera, en 1979 : « Les historiens devraient admettre qu’ils sont des écrivains. » Il ne supportera jamais ce jargon pseudoscientifique d’une certaine histoire qui veut jouer aux « sciences sociales ». Intrigué par les nouveaux moyens de communication qui permettent de toucher un vaste public et de s’épanouir dans ses dons de barde moderne, il propose rapidement, dès le début des années 1950, un programme radiophonique qui connaîtra très vite un grand succès : « La Tribune de l’histoire », qu’il fonde avec ses compères André Castelot et Jean-Claude Colin-Simard, puis JeanFrançois Chiappe. Flattant ce goût si fort des Français pour l’histoire, la leur en particulier, cette émission hebdomadaire sera diffusée sans interruption jusqu’en 1997 ! Elle restera certainement comme l’un des piliers de la radio française. En 1957, Alain Decaux comprend aussi l’importance de la télévision, cette nouvelle lucarne sur le monde, et il crée pour la télévision, avec Stellio Lorenzi et André Castelot, « La caméra explore le temps », qui aura une existence plus brève (elle s’achèvera en 1966), mais l’idée de raconter l’histoire à la télévision est née. Alain Decaux méditera la manière de rendre le passé vivant et, de 1969 à 1988, il présentera « Alain Decaux raconte », émission devenue « Alain Decaux face à l’Histoire », où, chaque mois, seul à l’image pendant une heure, il réussit l’exploit de passionner la France entière en traitant d’un personnage ou d’un événement passés. Cette activité médiatique, qui le rend très célèbre, ne le détournera jamais des travaux de plume. Alain Decaux était autant un homme de l’écrit que de l’oral et il a su, tout au long d’une œuvre gigantesque, réussir à rendre ses livres, notamment ses biographies des grands personnages, de Louis XVII à saint Paul, en passant par l’Aiglon ou Danton, aussi haletants que ses récits oraux. C’est cet amour de l’histoire, comme source de savoir mais aussi source de plaisir et de confiance en l’humain, qui va conduire Alain Decaux à mener un combat fort célèbre, dans les années 1980, contre la destruction de l’enseignement historique, notamment les grandes dates et les grands événements. L’école payait alors une interprétation hasardeuse et caricaturale de l’enseignement de l’école des Annales. Tirant un signal d’alarme dans un grand article du Figaro Magazine, il s’était écrié : « Parents, on n’apprend plus l’histoire à vos enfants. » Le retentissement fut immense. Tous les journaux, les radios, les télévisions ont réagi. Et le ministre de l’époque, Christian Beullac, a fait voter un texte pour rétablir l’histoire obligatoire en CM1 et CM2 : « Il faut connaître les dates de l’histoire. Cela permet à chacun d’exercer son rôle de citoyen », déclarait le grand écrivain. Il devrait à nouveau être entendu. “ Il faut connaître les dates de l’histoire. Cela permet à chacun d’exercer son rôle de citoyen ALAIN DECAUX ” Mais Alain Decaux n’avait pas l’histoire comme une seule maîtresse. Il adorait aussi la littérature, notamment Victor Hugo, dont il dira qu’il est « le propos de ma vie entière ». Différent de Gide (« Hugo, hélas »), Decaux a découvert Hugo à 14 ans et ne l’a plus jamais abandonné ensuite. Il avait aussi une passion très affirmée pour le théâtre, celui de Sacha Guitry en particulier. Il se lança à son tour dans la mise en scène théâtrale. Il monta des grands spectacles qui furent des succès considérables, comme Ben Hur, avec Robert Hossein, ou De Gaulle, avec Alain Peyrefitte. Pour achever une carrière presque complète, Alain Decaux aura l’honneur d’être choisi pour défendre ce qu’il avait su le mieux incarner après l’histoire, la langue française. De juin 1988 à mai 1991, il fut ministre délégué, chargé de la Francophonie dans le gouvernement de Michel Rocard. Élu à l’Académie française, le 15 février 1979, au fauteuil de Jean Guéhenno (9e fauteuil), il continuera à y siéger assidûment jusqu’à ses derniers jours. Il prononcera notamment, en 2008, le discours de réception d’un autre historien populaire, Max Gallo. Mais l’une de ses plus grandes fiertés fut de prendre la parole lors du transfert des cendres d’Alexandre Dumas au Panthéon (2002). Célébrant une passion qui remontait à l’enfance, Decaux ne chercha pas à imiter le ton solennel d’un Malraux ; mais, à la fois enjoué et sémillant, il s’écria devant des millions de Français : « Enfin te voilà Alexandre. » Alain Decaux a laissé, auprès de tous ceux qui l’ont connu, l’impression d’une âme élevée, droite, passionnée mais honnête, se défiant d’une fausse « objectivité historique », mais recherchant notamment par l’histoire à rétablir des injustices que le présent n’avait pas toujours pu rectifier. Aussi accordait-il au travail d’historien une importance primordiale, insistant notamment sur sa nécessaire indépendance, non seulement à l’égard de tous les pouvoirs (ce qu’assure, en France, le statut des universités publiques), mais aussi à l’égard de la société civile, de ses modes, voire des historiens eux-mêmes. Alain Decaux s’est toujours insurgé contre la pensée unique, la bienpensance, le conformisme, y compris du milieu des universitaires. Il n’avait pourtant qu’un espoir limité sur le rôle de l’histoire. Il disait souvent que nul ne retient ses leçons… Et il était bien placé pour le savoir, lui qui, tant de fois, eut l’occasion de souligner combien telle ou telle action aurait pu être évitée si son auteur avait pris la peine de méditer les leçons du passé… Difficile, en tout cas, avec le talent d’Alain Decaux, dont l’œuvre écrite et radio-télé est immense, de ne pas les écouter. À défaut de les entendre. ■ BIBLIO 1949 Létizia. Napoléon et sa mère 1952 La Conspiration du général Mallet - La Médaille militaire 1953 La Castiglione 1954 De l’Atlantique à Mayerling 1957 Cet autre Aiglon : le prince impérial 1958 Offenbach, roi du second Empire 1960 L’Énigme Anastasia 1967 Nouveaux dossiers secrets 1968 Les Rosenberg ne doivent pas mourir (pièce) Grandes Aventures de l’Histoire 1969 Les Grands Mystères du passé 1971 Les Grandes Heures de Versailles - Grands secrets, grandes énigmes 1972 La Soumission - La Révolte 1977 Les face à face de l’histoire 1978-1981 Alain Decaux raconte (4 volumes) 1981 Dictionnaire d’histoire de France 1982 L’Empire, l’amour, l’argent 1982-1983 L’histoire en question (2 volumes) 1984 Victor Hugo 1986 Les Assassins 1988 Alain Decaux raconte l’histoire de France aux enfants 1996 C’était le XXe siècle 1997 La Course à l’abîme LE FIGARO CULTURE lundi 28 mars 2016 25 La Fondation Taylor ressuscite Albert Maignan CHRONIQUE Dans ce qui fut son atelier, une exposition rend droit de cité à un de ces maîtres oubliés du XIXe siècle, trop vite qualifié de « pompier ». LES ARTS Adrien Goetz C e sont les cloches de Pâques lancées à la volée, dans un immense tableau de près de six mètres de haut, qui sonnent la résurrection d’Albert Maignan (1845-1908), peintre oublié, grand décorateur de la IIIe République. Dans une lumière d’incendie, des corps arc-boutés s’agrippent à la haute cloche de bronze. La composition, qui l’occupa six ans, s’intitule Les Voix du tocsin – on distingue au premier plan un drapeau tricolore déchiré et, au fond, une sil- houette qui évoque la cathédrale de Strasbourg. Exposé au Salon en 1888, acquis pour le musée d’Amiens, le tableau fut oublié en réserve, roulé, dédaigné et il fallut l’enthousiasme d’un grand historien de l’art, Bruno Foucart, le défenseur du XIXe siècle, l’énergie d’Olivia Voisin, conservatrice au musée d’Amiens devenue entre-temps directeur des musées d’Orléans, l’aide des amis du musée d’Amiens et de la métropole pour que l’injustice soit réparée. Il est toujours émouvant d’assister à la réapparition d’un artiste et, plus touchant encore, de découvrir le lieu choisi pour cette révélation : les locaux de la Fondation Taylor, à côté de la place Saint-Georges, ont été l’atelier de Maignan. Devant la haute verrière, son tableau retendu sur un châssis va être restauré en public au début du mois d’avril, dans la lumière choisie par le peintre. Il n’est pas si abîmé que cela. Quelques retouches et il retrouvera son éclat. Un excellent catalogue paraît aux Éditions Norma, et une exposition permet de comprendre le génie théâtral de cet Albert Maignan, l’un des plus grands scénographes de son temps. Esquisses, dessins, tableaux inspirés et flamboyants lui rendent enfin justice. Le peintre du Train Bleu Maignan, tout le monde le connaît sans le connaître, c’est sa tragédie. Il est l’auteur des décors du Train Bleu, le restaurant de la gare de Lyon, la Sixtine des voyageurs pressés. Les esquisses montrées à la Fondation Taylor prouvent son talent pour saisir les lumières, les cou- Le Tambourin, esquisse (détail), Albert Maignan. leurs chaudes du midi. On lui doit le salon des Lettres à l’Hôtel de ville de Paris, où l’Eviradnus de Hugo côtoie Mimi Pinson et ce grand foyer de l’OpéraComique, restauré en 2013, dont les sibylles et les prophètes sont joués par Manon ou par le postillon de Longjumeau. L’autre face de Maignan, c’est l’artiste tourmenté qui décore la chapelle Notre-Dame-de-Consolation, à la mémoire des victimes de l’Incendie du Bazar de la Charité, le drame de 1897. Les études dessinées composent un cortège d’ombres, qui, à l’exposition, peuvent être rapprochées des tableaux les BOURGUET/MUSÉE DE PICARDIE plus hallucinés de Maignan. La Mort de Carpeaux est une composition onirique extraordinaire, La Fortune passe montre une femme nue au milieu des boursicoteurs du Palais Brongniart, puis apparaît la saisissante Muse verte. Qui aurait cru que l’absinthe, et la détresse de l’artiste maudit, inspirerait ce peintre couvert de gloire ? Il créait ainsi des allégories modernes, sans deviner jamais qu’aux yeux de la postérité, le maudit, ce serait lui… ■ Fondation Taylor (Paris IXe), exposition « Albert Maignan, peintre et décorateur du Paris fin de siècle », jusqu’au 7 mai, catalogue Éditions Norma, 25 €. Louis Langrée, un maître de classe à Aix CLASSIQUE Au Festival de Pâques d’Aix-en-Provence, le chef français dirigeait aux côtés d’Hélène Grimaud et dispensait, le lendemain, une leçon de direction au conservatoire. Deux moments d’une rare générosité. L classique, et un chef dont l’expérience de la double culture orchestrale américaine et européenne peut nous apprendre beaucoup, est une chance », explique Nicolas à la pause. À 24 ans, il est déjà un chef prometteur, assistant à l’Orchestre symphonique de Québec dirigé par un autre de nos compatriotes (Fabien Gabel). THIERRY HILLÉRITEAU £@thilleriteau ENVOYÉ SPÉCIAL À AIX-EN-PROVENCE a générosité. C’est ce que l’on retiendra des débuts de cette quatrième édition du Festival de Pâques d’Aix-en-Provence. Toujours dirigée par le violoniste Renaud Capuçon et Dominique Bluzet, directeur du Grand Théâtre de Provence (GTP) et du Théâtre du Jeu de Paume, la manifestation s’est ouverte le 22 mars dernier avec une opulente Troisième Symphonie de Mahler, placée sous la baguette d’Ivan Fischer (nos éditions du 24 mars). Générosité des artistes, tout d’abord, lors du second grand concert au GTP, le 23 mars. Celui qui voyait le retour dans sa cité natale de la pianiste Hélène Grimaud, aux côtés d’un orchestre qu’elle affectionne particulièrement : la Camerata Salzburg de Louis Langrée. Au programme ? Rien moins que le Concerto en sol de Ravel, dans lequel cet orchestre en formation réduite dut faire preuve d’un bel engagement face à une Grimaud en grande forme et pas avare de prouesses digitales. On préféra toutefois la seconde version du troisième et dernier mouvement, celle des bis. Alors seulement entenditon l’orchestre sonner d’une seule voix, comme ce fut le cas tout au long de la seconde partie, consacrée au cœur du répertoire de la Camerata : Mozart, en l’occurrence la Symphonie n° 40, dite « Jupiter » : les quelques spectateurs partis à l’entracte, après la prestation de Grimaud, ne savent pas ce qu’ils ont manqué. Générosité du récit, ensuite. Celui que le violoniste sud-africain Daniel Hope fit, dans l’après-midi, de ses souvenirs de Yehudi Menuhin, dont on célèbre cette année le centenaire et auquel il était venu Pédagogie et transmission Au premier plan, Louis Langrée et Hélène Grimaud, au Festival de Pâques d’Aix-en-Provence. rendre hommage, par un récital fourretout avec le pianiste Sebastian Knauer. Si cet ancien camarade de jeu des petitsenfants de Menuhin se révéla un bien meilleur interprète d’Enesco et Bartok que de Bach, il ne manqua pas d’émouvoir par la sincérité de ses évocations, dont celle du tout dernier concert de Menuhin, un mois et demi avant sa mort, où Hope interpréta le concerto d’Alfred Schnittke sous sa direction. Générosité, enfin et surtout, du chef Louis Langrée. Ce dernier avait accepté, à la demande du festival, de faire le grand écart et de donner la réplique, après Hélène Grimaud, à trois jeunes étudiants d’Aix et de Montréal, dans le cadre d’une passionnante master class de direction donnée le lendemain de son concert. Le public, venu en nombre au conservatoire Darius Milhaud, ne s’y était d’ailleurs pas trompé. Accompagné par 22 de ses musiciens d’élite, le chef, originaire de Mulhouse mais qui partage aujourd’hui sa carrière entre l’orchestre de Cincinnati aux États- CAROLINE DOUTRE Unis et la Camerata Salzbourg en Autriche, faisait cours sur la symphonie de Mozart qu’il venait de diriger : la « Jupiter. » Face à lui, trois jeunes âgés de 24 à 36 ans, originaires des conservatoires de Montréal (avec lequel Aix est en convention) et d’Aix-en-Provence, où une classe de direction s’est ouverte il y a un an. « Avoir l’opportunité de travailler avec un orchestre comme la Camerata de Salzbourg, qui plus est dans le cadre d’une classe de maître animée par Louis Langrée, qui est juste une sommité dans le répertoire Assis au milieu de son orchestre, Langrée le guide pas à pas dans le Final de la symphonie. Fin pédagogue, il décèle immédiatement la faiblesse d’un geste ou d’une intention. « Ne dirige pas par-dessus la musique, mais crée-la ! » « Il faut diriger autant avec ses yeux qu’avec ses bras ! » « Soyez schizophrènes ! », ordonne-t-il à plusieurs reprises. Dans le Menuet, il demande à l’étudiant concerné de changer de caractère à chaque nouvelle interprétation, comme un acteur travaillant devant son miroir : impérial, rageur, séducteur, d’une tristesse infinie… Avant d’inciter ses camarades à voir, dans tel passage, un tableau de Bosch, avec ses monstres rythmiques. Dans tel autre, une peinture de Cézanne, qui ne cherche pas qu’à peindre l’objet mais à donner à ressentir l’effet produit par celui-ci. Il fait songer à ces profs de français capables de vous faire percevoir une dimension érotique dans Le Corbeau et le Renard… Bien plus qu’une leçon de direction, une leçon de transmission, comme le festival a pris l’habitude d’en offrir depuis sa création. Ultime symbole de cette transmission, à l’œuvre durant toute la manifestation, une copie du violon d’Ivry Gitlis, réalisée par le luthier de Renaud Capuçon, Pierre Barthel, sera remise des mains de Gitlis en personne à une jeune violoniste du conservatoire, lors du concert de clôture du festival le 3 avril. ■ www.festivalpaques.com Marie Gillain et Christophe Paou, du cosmos au cosmétique THÉÂTRE Le talent des deux interprètes mis en scène par Marc Paquien ne cache pas le caractère artificiel de « Constellations ». U ne femme, Marianne. Elle a la grâce et le fin visage de Marie Gillain, enveloppée d’une robe couleur de nuit. Un homme, Roland. Il a la silhouette de Christophe Paou, un peu méconnaissable dans des éclairages diffus. Ils sont sur un plateau nu sur lequel est posée, comme un parquet de bal, une tournette. Au fond, un cyclo. Scénographie minimale, à l’image de la situation. Elle parle, il répond. Cela dure comme cela une heure trente, mais on se demande parfois si ce sont bien les mêmes deux personnages qui dialoguent. Constellations commence sur un mode enfantin. « Tu sais pourquoi on n’arrive pas à se lécher le bout des coudes ? », demande la jeune femme au jeune homme. Il répond sur autre chose. « Je. J’ai une copine. Donc. Bon. » Et cela reprend. Répétition, différence, légers glissements. C’est formel mais plaisant. Petite musique On apprend qu’il serait apiculteur et qu’elle travaillerait dans une célèbre université. On est en Angleterre : Nick Payne, l’auteur, est britannique. La conversation se poursuit. Phrases courtes, elliptiques. On passe du coq à l’âne, du cosmos aux questions cosmétiques, mais il faut un drame. Que diriez-vous d’une tumeur au cerveau, pour elle, la scientifique ? Franchement, on a bien du mal à comprendre l’intérêt de ce texte. Dans le métro, les affiches le proclament depuis des semaines en extraits de presse venus de Londres ou de New York : « Superbe, magnifique ! » ; « Exaltant et extraordinaire ! » Publicité mensongère ? Subtilités du texte original qui n’ont pas passé le Channel ? On ne saurait mettre en doute la qualité des adaptateurs, Élisabeth Angel-Perez et Manuel Piolat-Soleymat. On connaît l’intransigeance du metteur en scène Marc Paquien. Mais que trouvent-ils donc à ce texte qui, à la lecture aussi, exhibe ses artifices et ses faiblesses ? C’est un sentiment très étrange que celui que ressent le spectateur devant cet objet qui n’offre aucune prise. Tout glisse. Les deux comédiens sont bons et parviennent à trouver une petite musique. On les écoute. Mais eux non plus n’ont guère de prise sur ces répliques sans consistance et peinent à nous émouvoir. ■ « Constellations », Petit Saint-Martin (Paris Xe), à 20 h 30 du mardi au samedi et en matinée le samedi à 17 h. Tél. : 01 42 08 00 32. s n i t a m les 6H30 À 9H NDREDI DE MAIN À 8H55 LUNDI AU VE DE SAINT-VINCENT DE DACTION DU ND RÉ RA RT LA ture.fr BE ET R DE EL ERNE francecul GUILLAUME COUP DE CŒUR CULTUR LE iat avec en partenar RETROUVEZ A ARMELLE HÉLIOT [email protected] lundi 28 mars 2016 LE FIGARO 26 STYLE 1 5 6 7 3 2 Neuf 4 comme un lundi 8 Des oiseaux rares sur robes du soir, une carte postale d’Argentine, un cabas de rêve en crocodile et un teint de jeune fille. Encore une semaine comme on les aime. PAGE RÉALISÉE PAR MAUD GABRIELSON AVEC MARIE-ANNE BRUSCHI, VALÉRIE GUÉDON ET ÉMILIE VEYRETOUT 10 La prolifération des oiseaux sur les shows présage-t-elle l’arrivée des beaux jours ? Égayant un tailleur en toile rigide, des oies sauvages migrent chez Loewe (7) (www.loewe.com). Un couple de choucadors picore le corsage vénitien d’une robe Gucci (8) en dentelle et soie, également en une du dernier Almaviva (www.gucci.com), tandis que des hirondelles virevoltent sur un ensemble robe-pantalon griffé Sonia Rykiel (5) (www.soniarykiel.com). Sur le podium Valentino (6), ce sont les cygnes qui font le printemps, sequins d’argent posés délicatement sur un tulle de soie (www.valentino.com). Mesdames, déployez vos ailes. TERRE DE FEU « L’écrivain Jorge Luis Borges n’est pas l’esprit tutélaire de la littérature argentine. Il EST la littérature argentine », lit-on dans la nouvelle édition de la revue Holiday (9), dédiée au territoire des gauchos et des chevaux sauvages. Cette saison, le magazine promet d’emmener son lecteur vers une Patagonie romancée (par l’écrivain Bruce Chatwin), dans un Buenos Aires haut en couleur (raconté par le couple Bertrand Burgalat et Vanessa Seward), jusqu’aux plaines lointaines du top Mica Arganaraz, enfant du pays. Une idée de destination pour les vacances d’été ? [ 18 € chez Colette, OFR et WHSmith à Paris. www.holiday-magazine.com ] OFFENSIVE Observez la peau de cette fille, flashée en coulisses du défilé J.W. Anderson (3). Elle est dense, lisse, lumineuse - un modèle du genre. Épargnée à la fois par le temps (la demoiselle n’a pas 20 ans) et les excès de la vie moderne (stress, tabagisme, mauvaise alimentation et surexposition au soleil). Or, c’est désormais prouvé, le vieillissement comportemental marque le visage plus encore que les années. Sisley (4) glisse donc dans son best-seller une batterie d’actifs pour stimuler et protéger le cycle vital des cellules mis à mal par ces facteurs. Sisleÿa Global devient L’Intégral Anti-Âge, une mue bien plus que lexicale. [ 336 € les 50 ml ] ANGLO-SAXON Dans LEÇON DE STYLE Cette ligne de la mode masculine, beaucoup (trop ?) de labels à fort héritage piochent de manière littérale dans leurs archives. Ce n’est pas le cas de Farah (10). La marque a beau avoir été lancée dans les années 1920 aux États-Unis, elle est résolument actuelle. Autre paradoxe, son style East Coast composé de chinos impeccables (64 €), de chemises à fines rayures en coton souple (78 €) et de coupe-vent preppy (98 €) fait un tabac outre-Manche. Ses prix imbattables pour garçons d’à-côté devraient bientôt s’attacher les faveurs des hipsters de France, où la griffe s’installe lentement. [ Dans les boutiques Royalcheese à Paris. www.farah.co.uk ] TRIBU VOLATILE mode enfantine au nom impossible à retenir, The Animals Observatory (2), déchaîne la passion des mamans. Aux commandes, Jan Andreu et Laia Aguilar, l’ex-directrice de la création de la marque Bobo Choses. La styliste espagnole pense la mode pour les petits comme celle des grands, en travaillant les coupes de manière architecturée et la palette de couleurs de façon délicate. Exemples, des tee-shirts délavés aux imprimés naïfs (46€), de la maille à l’esprit seventies et des robes à bretelles (67€) aussi stylés que confortables. Taillés pour les petits modeux ! [ Du 6 mois au 10 ans. www.theanimalsobservatory.com ] IMAXTREE.COM, DR A 9 FOLIE DOUCE N’y voyez pas une coquille, ce sac coûte bien 29 000 euros. Le monde du luxe s’adresse aux nantis ? Adonnons-nous à la rêverie. Façonné dans une peau de crocodile ultralisse au rouge incandescent (la nuance exacte est Vesuvio, en référence au volcan), ce cabas Bottega Veneta (1) reflète à merveille le savoir-faire de tanneur de la maison vénitienne depuis cinquante ans. Tomas Maier, son directeur de création, est doué pour mettre en scène les songes - ici, celui d’une héroïne des années 1950, en jupe corolle et chemisier sage, son « Bucket Bag » au poignet, évidemment. [ Existe aussi en cuir tressé à 2 950 €. www.bottegaveneta.com ] LE FIGARO HIGH-TECH 27 Question du jour DIDIER SANZ £@sanzdidier ans un univers divisé entre Mac et PC, les Chromebooks jouent les francs-tireurs. Ils fonctionnent avec le logiciel système Chrome OS de Google, et la majorité des applications dépendent d’une connexion à Internet. Faciles à utiliser et bon marché (à partir de 250 €), ils conviennent particulièrement aux étudiants. Peuvent-ils pour autant remplacer un portable classique ? Pour en juger, nous avons passé une semaine avec un de ses représentants en testant ses capacités à s’adapter à un usage quotidien associant travail et divertissement. Pourquoi les internautes résilient-ils leurs abonnements Internet ? ■ En analysant 85 000 courriers de résiliation de l’année 2015 adressés aux principaux opérateurs, le spécialiste des offres Internet Ariase a identifié plusieurs causes de rupture de contrat. tour du propriétaire uPetit L’ordinateur en lui-même, un Toshi- ba CB30-B104 (349 € sur Amazon), n’est pas des plus séduisants avec son boîtier en plastique et ses vis apparentes en dessous. Mais il ne pèse que 1,3 kg et se transporte facilement. Son clavier est plutôt agréable et la disposition des touches rappelle celle d’un PC. L’écran Full HD de 13,3 pouces, au format panoramique, se révèle bien lumineux et une webcam permet de communiquer en visiophonie. En plus de deux connecteurs USB, il propose une sortie HDMI, une prise casque et un lecteur de cartes SD. En termes d’autonomie, il fonctionne de six à huit heures avant recharge. La majorité des applications dans Chrome OS dépendent d’une connexion à Internet. DR 7 jours avec un Chromebook en route uMise Le premier démarrage est un peu ESSAI L’ordinateur déroutant. Hormis le navigateur Web, on ne trouve aucun menu ni dossier à de Google peut-il l’écran. Il faut cliquer sur la petite icône en forme de loupe pour découvrir la remplacer un Mac poignée d’applications disponibles. Et pour aller plus loin, il faudra télécharou un PC ? Pour le ger des extensions, des applis ou des raccourcis vers des services en ligne. Il vérifier, nous l’avons suffit de saisir ses identifiants Google pour retrouver toutes les données assoutilisé plusieurs ciées à ce compte : messages Gmail, contacts, vidéos personnelles sur Youjours en situation Tube, stockage en ligne sur Google Drive, etc. réelle. Bilan mitigé. travail… uAu Pour taper mon premier texte, je dans une partie de la mémoire de l’orpeux choisir Google Docs, le traitement de texte utilisable à partir d’un navigateur Web, ou encore son équivalent signé Microsoft, Word Online, qui affiche la même interface que Word pour PC. L’idée me prend de télécharger une version du logiciel libre LibreOffice Writer… et le résultat est désastreux. Après avoir changé la langue par défaut et relancé le logiciel, je m’aperçois que la saisie est d’une lenteur rédhibitoire. J’abandonne et je passe à Google Docs. Ce traitement de texte simplifié offre plusieurs fonctions de formatage et peut lire des documents au format Word. Aucun problème pour écrire mon texte : la saisie est rapide, les options du logiciel évidentes et chaque modification est immédiatement enregistrée en ligne, sur mon espace Google Drive. Dans le bus, je continue à saisir mon texte, mais sans connexion à Internet. Les modifications sont alors enregistrées dinateur. Dès que le Chromebook retrouve une liaison Wi-Fi, il synchronise automatiquement mon document, que je pourrais importer au besoin sur un autre ordinateur. Le principe est identique avec Gmail : les réponses et les messages que je rédige seront envoyés à la prochaine connexion à Internet. De retour à mon bureau, j’envisage d’imprimer mon texte. L’ordinateur cherche alors une imprimante compatible Google Print… que je n’ai pas. Il faudrait que je configure un autre ordinateur relié à Internet et connecté à une imprimante pour lui transférer les impressions. Je préfère importer le texte sur cet autre ordinateur pour l’imprimer. photos et vidéos uManipuler En sortant de la conférence de pres- se à laquelle j’ai assisté, je repars avec une clé USB contenant les communi- qués et les fiches produit mais aussi des photos et des vidéos. L’occasion de vérifier que le Chromebook saura gérer ce type de contenus. Je branche la clé USB et une fenêtre s’affiche, me permettant de découvrir les fichiers qui y sont stockés. Pas de problème pour lire les documents Word, Excel et PDF, que l’ordinateur présente dans son navigateur Web. Les photos, elles, s’affichent à part dans une fenêtre qui propose quelques outils de retouche. Je peux recadrer l’image, la faire pivoter et ajuster sa luminosité et son contraste. Les changements ne sont pas instantanés : ce n’est qu’une fois qu’on a fini de déplacer les curseurs que le résultat apparaît. Pour travailler plus en détail les images, je peux aussi utiliser Photo Editor ou, si je suis connecté à Internet, les importer dans le service en ligne Pixlr. La lecture des vidéos est plus capricieuse. Elle fonctionne parfaitement pour certaines séquences alors qu’elle s’interrompt pour d’autres après une minute trente de lecture. J’arrive quand même à regarder une démonstration en HD. L’image est fluide et plutôt de bonne qualité. Le son, lui, laisse à désirer… J’en profite pour tester la visiophonie en téléchargeant l’application Hangout, l’équivalent de Skype pour les Chromebooks. Peut mieux faire : l’image, saccadée, se fige parfois et le son arrive en décalé. peu de détente uUn En m’aventurant sur la boutique Chrome, je découvre quelques jeux qui s’exécutent dans le navigateur Web. Des réussites, des casse-tête, des pe- tits jeux d’arcade. Rien de bien spectaculaire comparé à un PC ou à un Mac. Écoutons un peu de musique. Je branche mon iPhone sur le Chromebook. Il le reconnaît et je peux afficher les photos et les vidéos, mais pour profiter de ma bibliothèque musicale, il faudrait d’abord que je transfère tous mes morceaux sur Google Play Musique… Autant utiliser ce service. Ou accéder aux sites Web qui constituent des playlists à partir de YouTube. uBilan Difficile de comparer le Chrome- book à un Mac ou à un PC. Il remplit bien le rôle de machine à écrire et de navigateur Internet et peut servir occasionnellement à se distraire en regardant des films. Mais en usage professionnel, ses limites compliquent les choses. Des tâches aussi habituelles qu’imprimer un texte posent rapidement des problèmes, d’autres demandent beaucoup de patience. Et puis, comme le navigateur Web est le principal outil du Chromebook, il faut s’habituer à jongler entre les onglets pour passer d’une application à une autre. Et à les refermer pour y voir plus clair. Enfin, la nécessité de disposer d’une connexion à Internet réduit son champ d’utilisation. On peut certes utiliser son smartphone comme passerelle Wi-Fi, mais au risque d’exploser son forfait. Il n’en demeure pas moins qu’en raison de son prix abordable, le Chromebook constitue une solution intéressante pour les étudiants ou encore comme ordinateur d’appoint. ■ Les bons compromis du nouvel iPhone SE TEST En installant les composants de l’iPhone 6 dans le boîtier d’un iPhone 5, Apple propose un smartphone aussi compact et léger que performant. U n iPhone 6 dans le corps d’un iPhone 5… Voilà comment pourrait se résumer le nouvel iPhone SE, qui sera vendu à partir du 31 mars, et que nous avons pu tester en avant-première. Vu de l’extérieur, rien n’a changé par rapport au modèle sorti en 2012 : même boîtier allongé aux côtés rectilignes, même écran Retina de 4 pouces (1 136 × 640 pixels), mêmes boutons de volumes ronds… Il faut placer les deux produits côte à côte pour s’apercevoir que la seule différence tient à la tranche légèrement biseautée. Si Apple a choisi de revenir à ce format pour son dernier modèle, c’est parce qu’il est l’un des plus confortables à prendre en main. On retrouve ainsi les sensations de légèreté (113 g) et de maintien qui caractérisaient l’iPhone 5 et ses dérivés, le 5C et le 5S. Mais ce qui a changé, ce sont les performances. Impossible de placer le SE dans la famille des iPhone 5. C’est bien simple : sa puissance est identique à celle d’un iPhone 6S, comme nous l’avons constaté en lançant les mêmes opéra- tions sur ce modèle et sur le précédent. La rapidité des applications, la fluidité des animations, la réactivité des jeux et la qualité d’affichage nous ont bluffé. Il faut dire que l’iPhone SE reprend pratiquement tous les composants de l’iPhone 6S, du processeur A9 à l’appareil photo de 12 mégapixels. Ce qui lui donne notamment la possibilité de filmer des vidéos en Full HD à 30 ou 60 images par seconde et même en 4K à 30 images par seconde. Et le résultat est superbe, aussi bien pour les photos, très lumineuses et aux couleurs neutres, que pour les séquences vidéo, même si l’écran n’offre pas une surface d’affichage aussi large que les iPhone 6. Discret et pratique On retrouve aussi les Live Photos, ces photos qui ajoutent quelques secondes de vidéo avant et après la prise de vue. Il suffit de maintenir le doigt appuyé sur l’écran pour voir l’image s’animer. On notera au passage l’absence de la fonction 3D Touch de l’iPhone 6S, qui ajoute des options supplémentaires quand on appuie fortement sur l’écran. En revan- che, l’iPhone SE est le premier à bénéficier de la fonction Night Shift, qui adoucit l’affichage avec des nuances jaunes pour améliorer la lecture la nuit. Le capteur d’empreintes digitales se révèle particulièrement rapide et l’assistant vocal répond instantanément quand on prononce « Dis, Siri ». Ce modèle bénéficie aussi des dernières innovations en matière de connectivité, ce qui accélère la navigation en Wi-Fi et en 4G. Il semble aussi que l’autonome ait été améliorée. Après une journée à téléphoner, à envoyer des messages, à consulter des sites Web et des vidéos, la batterie affiche encore 25 % de charge. Au final, l’écran de 4 pouces pourra paraître un peu juste quand on s’est habitué à un affichage de 4,7 ou de 5,5 pouces. Mais le petit format de l’iPhone SE le rend plus discret et plus pratique à transporter qu’un « gros » iPhone. Et puis son prix plutôt raisonnable pour un produit Apple (à partir de 459 € en version 16 Go) pourrait bien convaincre ceux qui cherchent un iPhone puissant et… pas trop cher. ■ D. S. ■ Dans plus de 30 % des cas, les internautes résilient leur abonnement pour bénéficier des tarifs plus attirants d’un autre opérateur ou de services plus complets. Les promotions et les offres liées au passage à la fibre optique figurent parmi les premiers motifs déclarés. ■ Une partie importante (21 %) des abonnés justifient leur décision par un déménagement. Ariase souligne également l’effet des promotions réservées aux nouveaux clients, souvent plus intéressantes que la poursuite de leur forfait dans une autre ville. ■ Catégorie en hausse (18 %), le motif « Autres » correspond en général à un changement de situation personnelle (licenciement, maladie, emprisonnement, surendettement, etc.) ou au refus des modifications des conditions d’abonnement. Depuis 2015, constate Ariase, il apparaît plus souvent en raison de la loi Hamon de janvier 2015, qui a doublé la durée légale du droit de rétraction de 7 à 14 jours. Les abonnés peuvent résilier leur contrat sans pénalité dans plusieurs cas précis. ■ Les problèmes techniques sont invoqués dans 12,5 % des lettres de résiliation. Baisse de débit, mauvaise qualité de service (notamment sur la réception TV), connexion instable ou retards à l’installation expliquent le mécontentement des abonnés qui décident alors de changerd’opérateur. Enfin, les courriers restants ne précisent pas les causes de rupture, qui peuvent correspondre aux motifs identifiés par Ariase ou dépendre de changements dans la politique commerciale de l’opérateur. ■ L’étude observe que, principalement pour des questions tarifaires, les ex-clients Orange se sont majoritairement tournés vers Free (37,5 %) et Bouygues (22 %) alors que la plupart des déçus de Free et de SFR ont rejoint Orange (41 % et 43 %). Et si les abonnés de Numericable, généralement suite à un déménagement, préfèrent autant Orange que Bouygues, ceux de Bouygues, pénalisés par des problèmes techniques ou commerciaux, se dirigent plutôt vers Free. D. S. + @ SUR LE WEB » Notre test de l’iPhone SE en vidéo » Microsoft Surface Book, Samsung L’iPhone SE sera vendu à partir de 459 euros en version 16 Go. DR Galaxy S7 Edge, Pebble Time Round et d’autres nouveautés à découvrir en images www.lefigaro.fr/high-tech A D lundi 28 mars 2016 lundi 28 mars 2016 LE FIGARO 28 TÉLÉVISION BIEN VU Anthony Palou [email protected] La voix de Bacon « Les Nuits » France Culture l Samedi l 3 h 25 u’est-ce que la réalité ? That’s the question. La peinture, of course. « Je suis une bétonneuse, je suis comme une machine à broyer le ciment, répétait-il. Je regarde tout, j’ai toujours regardé et il y a toujours quelque chose qui sort. J’absorbe tout et tout ressort moulu très fin. » Francis Bacon, oui, absorbait tout, pouvait être fasciné par la trace d’un rouge à lèvres sur un verre, médusé à la vue d’une flaque de lait sur la table d’un bistrot ou de cette tache de sang sur l’étal d’une boucherie. France Culture a eu l’excellente idée de rediffuser les entretiens avec le peintre par Michel Couturier, enregistrés en avril 1975. Bacon y évoquait, voix douce presque chantante, la difficulté de définir la peinture, la nécessité de représenter sans illustrer depuis l’invention de la photographie et du cinéma. « Vous savez, il faut que la présence ne soit pas abstraite. Par exemple, la chose la plus difficile à faire en ce moment, c’est le portrait. C’est presque impossible à faire mais je vais continuer à essayer. (…) Il faut retrouver la figure humaine. » La base de son art ? L’accident, autrement dit la sollicitation amoureuse du hasard. Sa peinture s’adresse à notre système nerveux. L’art est un combat. Bacon est un homme des écuries. Lascaux ne l’intéresse pas beaucoup, « ces figures d’animaux ! (…) Au nord de l’Espagne, il y a des choses beaucoup plus intéressantes, des hommes qui se battent entre eux, il y a plus de mouvement ». Parle de Rembrandt, de Degas, des Danseuses de Picasso, Picasso qu’il considère comme le plus grand peintre surréaliste (sic). « Les autres sont tellement démonstratifs. » Pas faux. Parle de Duchamp, ce joueur d’échecs, qu’il semblait admirer. Mot de la fin du maître : « Vous savez, d’une bouche on peut faire un Sahara. » Comprendra qui voudra. + @ SUR LE WEB » Le festival Séries Mania lance sa septième édition » Passage à la TNT HD : une aide à domicile gratuite pour les personnes âgées ou handicapées www.lefigaro.fr Figaro top, Figaro flop Notre sélection et notre évaluation des séries et documentaires de la semaine à venir. 16/20 « FRONTIÈRES, LA GRANDE ILLUSION ? » Canal +, lundi 28 mars à 22 h 40 À l’heure où déferlent des dizaines de milliers de migrants, et plus encore après les attentats de Bruxelles, le rêve pour certains – cauchemar pour d’autres – d’ériger des frontières étanches ressurgit. Des barrières réputées infranchissables, il en existe déjà dans l’enclave espagnole de Melilla, ou en Arizona. Le journaliste et réalisateur Guillaume Pitron a emporté sa caméra, de Gibraltar aux îles grecques en passant par Izmir en Turquie et le salon « Border Security Expo » à Phoenix, pour enquêter sur le marché en plein essor des démarcations nationales sécurisées convoité par l’industrie d’armement. L’heure est aux limites électroniques et aux drones. Face à ses écrans radars ultrasophistiqués, un garde-frontière espagnol admet, fataliste : « Quand quelqu’un fuit la faim ou la guerre, peu importent les barrières, il passera. » Pour le plus grand profit des passeurs, qui prennent aussi la parole, dans ce long périple édifiant. 15/20 « HOSTAGES » Canal + Séries, mardi 29 mars à 20 h 50 La série israélienne, qui mettait en scène une chirurgienne prise en otage avec sa famille et contrainte de tuer le premier ministre hébreu lors d’une opération bénigne, revient pour une deuxième saison. En dépit des apparences, le chef du gouvernement est toujours en vie et aux mains du commando qui a organisé la mascarade. Mais leur plan, qui montrait déjà des signes de faiblesse, se grippe. Un garde du corps découvre la supercherie et les traque. Voici les kidnappeurs et leurs boucliers hu- mains récalcitrants obligés de se retrancher dans une maison isolée sur les hauteurs de Jérusalem. Ils ne tardent pas à être encerclés. Les rôles s’inversent : voici les comploteurs devenus otages dans la demeure qui leur sert d’abri. Toute la ruse d’Adam, ancien responsable des unités spéciales et meneur des preneurs d’otages, va être défiée par Orna, une négociatrice aussi coriace que lui. Dans ce huis clos, les masques ne peuvent que tomber, les liens du sang et les amitiés se déliter. Même si l’effet de surprise quant à l’originalité du concept ne joue plus, ce thriller reste d’une précision psychologique redoutable. De False Flag à Hostages en passant par Hatufim, la fiction israélienne est en pleine forme. 14/20 PROBLÈME N° 4059 HORIZONTALEMENT Les écrivains sont parfois de drôles de zèbres pour lesquels les livres qu’ils écrivent sont plus réels que la réalité. Le Prix Nobel turc Orhan Pamuk fait partie de cette catégorie. À partir de son huitième roman, Le Musée de l’innocence (2011), il a conçu un musée éponyme dans une maison du vieil Istanbul. Un quartier où son héros Kemal déambule en réfléchissant à son amour impossible pour la belle Fusun, « audacieuse et moderne parce qu’elle lui avait donné sa virginité » sans être mariée. Le musée littéraire s’articule autour de 83 vitrines remplies d’objets qui renvoient aux 83 chapitres. Des escarpins, des sacs brodés, des photos ou les 4 200 mégots de cigarettes soi-disant fumées par Fusun et marquées de son rouge à lèvres rappellent les jours heureux. Inspiré par l’ambiance surannée de la demeure, la déambulation nocturne couleur sépia dans les ruelles vides et labyrinthiques est éclairée de temps à autre par la lu- Par Vincent Labbé VERTICALEMENT 1. Amatrices de mots croisés. - 2. Conservent tout leur liquide. - 3. Au-dessus de la perche. Fumer beaucoup. - 4. Esprits forts au Canada. Pousse à la grève. Mitraille à Timisoara. - 5. A fait l'X et lettre classique. Son isthme relie le sud de la Thaïlande à la Malaisie. On le pipe pour tricher. - 6. Linge froissé ou ligne brisée. L'outre d'eau. - 7. Rond d’eau à la turque. Élément à charge. - 8. Friture. SOLUTION DU PROBLÈME N° 4058 A HORIZONTALEMENT 1. Essarter. - 2. Veulerie. - 3. Ambition. - 4. Pic. Soda. - 5. Odon. Sûr. - 6. Runes. oD. - 7. Arsenic. - 8. Taclez. - 9. Obi. Soma. - 10. Îles. Air. - 11. Renformi. - 12. Estrades. VERTICALEMENT 1. Évaporatoire. - 2. Semi-durables. - 3. Subconscient. - 4. Ali. Néel. SFR. - 5. Rets. SNES. Oa. - 6. Trios. Izoard. - 7. eioduoC. Mime. - 8. Renard. Pâris. 1 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 2 3 4 5 6 7 mière crue d’un néon comme dans un film de David Lynch. Les voix d’une ancienne vedette de cinéma, d’un chauffeur de taxi, d’un photographe ou celle de l’auteur qui s’échappe d’un poste de télévision perdu dans une cabine téléphonique ou un appartement rajoutent au charme de cette rêverie stambouliote. Menacé de mort dans son pays, Pamuk, que l’on croyait exilé aux États-Unis entre 2004 et 2010, s’y promenait ainsi durant des heures tel un fantôme. Il venait surveiller les travaux de son œuvre de pierre dans cette ville qu’il n’a jamais quittée. 12/20 « HITLER ET LES APÔTRES DU MAL » M6, mercredi 30 mars à 20 h 55 Un documentaire de plus sur Hitler ! « ORHAN PAMUK, ÉLOGE DE LA MÉLANCOLIE » Arte, lundi 28 mars à 23 h 45 MOT S C ROI S É S 1. Une pomme pour BlancheNeige ? - 2. A fait rouler bien des Américains en Plymouth. - 3. Passe une nouvelle couche. - 4. Thor et Odin. Pas couverts. - 5. Publication officielle. Coiffe pour la rousse. - 6. Taper du pied. Grosse capacité. - 7. Appelèrent en épelant. Parlé sur les trottoirs de Manille. - 8. Nation celtique. Pièce au nord. - 9. Augusta et Pierre y occupent des places importantes. Va normalement rentrer. - 10. Annexe d’écurie. - 11. Eh bien, dis donc, il y en a une qui n’a pas supporté son départ ! Grand en Espagne et long en Russie. - 12. Douloureusement aigu. CAPA , BEVERLY JOUBERT / TERRA MATER Q 8 FRONTIÈRES, LA GRANDE ILLUSION ? Canal + propose une enquête sur les démarcations nationales sécurisées, marché convoité par l’industrie d’armement. Un périple édifiant. Cette fois, c’est le Führer vu par le prisme de sa garde rapprochée Göring, Himmler, Goebbels, Speer. De sombres sbires, des courtisans fanatiques. Les images d’archives colorisées et les commentaires d’historiens mettent en évidence les rouages du système. Les témoignages de Katrin Himmler, petite nièce du chef de la SS, et de Dieter Hoess, petit-fils du commandant d’Auschwitz Rudolf Hoess, n’apportent malheureusement rien de nouveau. En revanche, celui d’Eva Mozes Kor, rescapée avec sa sœur jumelle des mains du docteur Mengele à l’âge de 11 ans, est poignant. 11/20 « L’ÂME DES ÉLÉPHANTS » France 5, lundi 28 mars à 10 h 50 L’ÂME DES ÉLÉPHANTS Dereck et Beverly Joubert proposent une belle expédition au cœur du Botswana, sur les terres des éléphants. Pourquoi le diffuser à une heure aussi ingrate ? BR I D G E PROBLÈME N° 2271 : Toute la différence 8765 A43 RDV 543 O N S E ARD4 R52 A 6 5 4 62 Contrat : Sud joue 4 Piques, après une ouverture de 2 en Est. Entame : 8 de . Mais pourquoi avoir programmé ce documentaire à une heure aussi ingrate ? C’est pourtant une belle expédition de plusieurs mois au cœur du Botswana, sur les terres des éléphants, que proposent Dereck et Beverly Joubert. Ce couple d’aventuriers vit depuis trente ans dans le pays qui rassemble la plus importante population de pachydermes au monde (130 000 individus). On les suit, embarqué sur le canot, au fil d’une rivière, capable d’approcher au plus près des bêtes. Ils parviennent même à filmer ce qui, selon eux, s’apparente à un rite funéraire. Ayant trouvé sur leur chemin le crâne d’un de leur congénère, chaque éléphant passe sa trompe sur les contours de la tête. Comme une cérémonie de deuil. BLAISE DE CHABALIER, FABRICE NODÉ-LANGLOIS ET ISABELLE SPAAK Lundi 28 mars Par Philippe Cronier www.lebridgeur.com SOLUTION DU PROBLÈME N° 2270 : Savoir défausser Contrat : Sud joue 3 Sans-Atout. Entame : 3 de pour le 8 d’Est et votre As. L’affranchissement des s’impose (impasse indirecte au Roi). Encaissez Roi et Dame de , montez au mort à l’As de et n’oubliez pas de tirer le Valet de . Au fait, qu’allez-vous défausser de votre main sur cette gagnante ? Un ? Ce serait vous priver d’une levée potentielle vitale. Un ? Voilà qui est dangereux car Est pourrait vous traverser dans la couleur. Écartez donc le 2 de , le bon choix (votre Dame est longue et bien épaulée). Il est temps d’appeler le 3 de . Admettons dans un premier temps qu’Est fournisse petit et que votre Dame fasse la levée. Vous rejouez , Ouest défausse un , un disparaît du mort et Est remporte le pli avant de contre-attaquer à . Que faitesvous ? Fournissez petit. Ouest prend de la Dame, contre-attaque à pour votre As. Vous rejouez alors en toute sérénité. Et si Est plonge du Roi au deuxième tour de ? Il contreattaquera à pour votre As. Vous encaissez la Dame de . Au pire, Est défausse. Rejouez en V 10 2 défaussant un nouveau du mort. V942 Ouest retourne . Il vous suffit de A3 couvrir la carte d’Ouest et la déD986 953 fense ne pourra pas s’adjuger plus R D 8 7 N 10 7 5 3 86 de deux levées dans la couleur, O E R 10 9 2 S quelles que soient les répartitions V 7 V43 R 10 7 5 adverses. A64 Remarque : si le Roi de est mal ARD placé, le partage 3-3 de la couleur D8654 A2 viendra à votre secours. lundi 28 mars 2016 LE FIGARO TÉLÉVISION MÉTÉO 29 PAR ÉPHÉMÉRIDE St-Gontran Soleil: Lever 07h35 - Coucher 20h16 - Lune décroissante 18.45 N’oubliez pas les paroles ! Jeu 20.00 20 heures 20.40 Parents mode d’emploi. Série 20.55 19.00 19/20 20.00 Tout le sport. Magazine 20.25 Plus belle la vie. Feuilleton. Avec Laurent Kerusoré 20.55 Série. Comédie 20.55 Série. Comédie Documentaire. Musical 18.55 Grey’s Anatomy. Série. (2 épisodes) 20.35 VDM. Série MATIN 20.55 Bachelor, le gentleman célibataire 7 70 Divertissement. Présentation : Boris Ehrgott. 1h55. Inédit. Au programme : rebondissements, jalousies et déceptions. 8 7 8 Fra. Saison 6. Comment ne pas douter ? Inédit. Avec Victoria Abril, Lucie Lucas, Alexandre de Faucher. Clem emmène Emma aux urgences. À son insu, un médecin fait un signalement pour soupçon de maltraitance. 22.50 New York, unité spéciale Série. Policière. EU. (4 épisodes) 2.10 Au fil de la nuit. Magazine. 19.10 Le Grand journal (C). Magazine 20.10 Le petit journal (C). Divertissement 20.50 Les Guignols Rizzoli & Isles : autopsie d’un meurtre EU. Saison 5. 2 épisodes. Inédits. Avec Angie Harmon, Sasha Alexander. La veuve d’un riche homme d’affaires est retrouvée morte, emportée par une embolie pulmonaire. 22.15 Rizzoli & Isles : autopsie d’un meurtre Série. Comédie 23.00 Alcaline, le mag. Magazine. Françoise Hardy, tant de belles choses 2016. Réal. : Jean-Pierre Devillers. 1h30. Inédit. Portrait de Françoise Hardy, qui n’a jamais quitté le premier rang des icônes de la chanson. 22.25 Grand Soir/3 23.05 Nous, ouvriers Série doc. Historique 23.55 Libre court. Magazine 0.55 Midi en France. Magazine 19.00 L’Europe en châteaux. Série doc. 19.45 Arte journal 20.05 28 minutes. Magazine 18.40 Chasseurs d’appart’. Jeu 19.45 Le 19.45 20.10 Scènes de ménages. Série. Avec Audrey Lamy 20.55 20.55 20.55 Série. Policière Film. Policier Jeu 7 20.00 C à vous, la suite. 20.20 Entrée libre Invitée : Sandrine Kiberlain. Série. Policière. Fra. 2013. Saison 5. Le sang des farines. Avec Jérôme Robart. Nicolas Le Floch enquête sur la mort d’un boulanger qui l’amène à soupçonner un complot d’Etat. 22.25 C dans l’air 23.35 Avis de sorties 23.40 Entrée libre 4 5 7 10 20.45 Nicolas Le Floch 1 8 8 40 2 4 7 8 8 11 5 6 8 9 22.50 4 bébés par seconde. Série documentaire Clem 7 7 7 11 7 7 6 8 10 8 9 40 10 APRÈS-MIDI 12 80 11 11 13 13 13 Magazine. Société. Prés. : Jean-Marc Morandini. 1h50. Inédit. Crimes dans le Sud-Ouest. Au sommaire : «Qui a égorgé la retraitée ?» - «Fin de soirée mortelle» - «Meurtre à l’hôtel». 14 13 22.45 Crimes en direct. Magazine 1.10 La maison du bluff - l’hebdo 21 16 20 17 18 15 15 14 40 16 15 14 14 20.55 Crimes 15 10 12 13 18.55 Le Mad Mag - La suite. Magazine 19.05 Smallville. Série 18 16 19 16 20 17 16 16 30 19 19.00 Seuls face à l’Alaska. L’enfer blanc - Parties de chasse Tunnel Fra. Saison 2. Avec Stephen Dillane, Clémence Poésy, William Ash, Angel Coulby, Laura de Boer. Le corps de Fournier, porteur d’un virus hémorragique virulent, a été déposé devant le commissariat de Calais. 22.40 Spécial investigation Mag. Société 23.35 L’œil de Links. Magazine 0.05 Voyage en Chine. Film. La corde EU. 1948. Réal. : Alfred Hitchcock. 1h20. Avec James Stewart, Farley Granger. Deux étudiants étranglent de sang-froid une de leur camarade, pour mettre en pratique les théories pseudo-nietzschéennes. 22.10 La cité sans voile Film. Poli- cier 23.45 Innocence of memories. Film. Docu-fiction. Top Chef Prés. : S. Rotenberg. 2h15. Inédit. Les cinq candidats devront faire un plat d’exception d’un steak frites salade, puis cuisiner un cabillaud avec des produits amers, et enfin relever un défi à base de pommes. 23.10 Top Chef, les secrets des grands chefs Jeu 0.40 Touch. Série. 16 T (en °c) 20.50 L’évangile de la femme de Jésus Série doc. 2015. 1h35. Inédit. Un fragment de papyrus sur lequel il serait écrit que Jésus fait référence à sa femme, a été retrouvé. 22.25 La prophétie des papes. Série doc. 23.50 Les secrets du Vatican Gyre (1 et 2/2) 2.20 Les nuits de M6 <-10 à 0 18.50 Buffy contre les vampires. Série. Météorite - Par amour 18.50 Fast and Furious. Film. Policier. All. 2001. Réal. : Rob Cohen. 1h47 18.55 Les Marseillais : South Africa 20.15 Les Simpson 20.40 Soda. Série 18.50 Touche pas à mon poste !Talkshow. Présentation : Cyril Hanouna 20.55 Fast and Furious 2 20.55 Iron Man 21.00 Safe Film. Action. EU. 2003. Réal. : John Singleton. 1h45. Avec Paul Walker. Un ancien policier rempile pour tenter de mettre fin aux agissements d’un puissant homme d’affaires. Film. Fantastique. EU. 2007. Réal. : Jon Favreau. 2h05. Avec Robert Downey Jr. Prisonnier en Afghanistan, un génial inventeur construit une armure qu’il utilise pour fuir. 23.00 Fast and Furious Drift. 09:10 23.10 Mohamed 28_03_16_Sudoku Figaro: Tokyo 26/02/2016 Page1 Dubois. Film. ComéFilm. Action. Avec Lucas Black die 1.00 Le grand bêtisier Film. Thriller. EU. 2012. Réal. : Boaz Yakin. 1h34. Avec Jason Statham. À New York, un ex-policier sauve une petite fille surdouée et déclenche ainsi une guerre des gangs. MOTS FLÉCHÉS N°1310 C'EST PRÉVOIR BÊTES EN M ARE GUETTER ABRÉVIATION DE L'ASTATE MARDI 20.55 Kaamelott 5/14 10/18 22.05 Kaamelott. Série. (16 épisodes). Avec Anne Girouard. 10/18 EAU DE LIBOURNE COLOSSALE DÉRIVE 10/20 8/16 9/14 11/17 10/13 14/18 lachainemeteo.com Tous les programmes dans TV Magazine et sur tvmag.com par téléphone : LIVE 24/24 SUR et sur 2,99 €/appel CRAQUE COM M E UN FEU ADVERBE COUP FAM ILIER ATHÉE RONGÉE NE PAYEZ PAS UN EURO DE TROP ! 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Avec Jason Statham. 15/18 10/19 0/13 6/10 6/11 15/18 ALGER BARCELONE BERNE COPENHAGUE LONDRES RABAT 10 à 20 20 à 30 30 à >40 0 à 10 AM AZONIEN PEU PRESSÉ C'EST LE PAPA RUSÉ SOLUTION DU NUMÉRO PRÉCÉDENT B E I T A C U D P R O C E S S I O N A N S E E A B A SO U R D I S S A N T E S V E L T E S S E C A S E E S I R E T U R A I N E E S O S E C E R F R A I A C E S E R A R A S E E U R O S G I E N T E R I N E R M A T E E T R E V E CO R S E T E E S E S 290 pages Prix : 6,50 € frais de port OFFERTS Réf. 1117H VOUS POUVEZ AUSSI LE COMMANDER PAR INTERNET www.leparticulier.fr rubrique Boutique PAR TÉLÉPHONE 01 55 56 71 11 du lundi au vendredi de 8h30 à 19h PAR COURRIER Le Particulier Service Abonnement 4, rue de Mouchy 60438 Noailles Cedex PAR FAX 01 57 08 73 88 A 19.00 Money Drop. Jeu. Invités : Olivier Dion, Damien Sargue 20.00 Le 20h 20.45 C’est Canteloup lundi 28 mars 2016 LE FIGARO 30 Grandeur nature P lusieurs drames ont émaillé la vie de Jim Harrison. À 7 ans, une gamine lui crève l’œil gauche avec un tesson de bouteille. Il mettra longtemps avant de dire la vérité sur cette histoire, disant aux uns avoir perdu son œil dans une rixe ou dans une chute à ski, aux autres que c’était arrivé au Vietnam. Dans En marge (Bourgois, 2002), son autobiographie, il a raconté la réalité, l’opération ratée, cette souffrance endurée – « J’avais l’impression d’avoir un clou brûlant enfoncé dans la prunelle » – et le réconfort trouvé dans la nature. Né en ville et non à la campagne, Harrison n’aurait sans doute pas surmonté son handicap. Mais ses parents, honnêtes et peu fortunés, d’ascendance scandinave, avaient choisi d’installer leur ferme à Grayling, petite ville du Michigan où il est né, le 11 décembre 1937. Le père est un grand lecteur, un chasseur et un pêcheur émérite. C’est un homme rude mais pas borné. Lorsque son fils lui avoue qu’il veut devenir écrivain, il lui achète une machine à écrire d’occasion. Plus tard, lorsque Jim abandonne la fac, le père sait que son fils suit les traces de ses modèles, Sherwood Anderson et Ernest Hemingway. Pourtant, ce n’est pas avec son père que Jim parle de littérature, mais avec sa sœur Judith. Ils s’enferment dans leur chambre, allument une bougie et écoutent Berlioz et Stravinsky sur un petit électrophone. Les héros de Harrison se nomment Dostoïevski, Faulkner, Tho- DISPARITION Le romancier américain, amoureux des grands espaces, est décédé hier à l’âge de 78 ans. PAR BRUNO CORTY [email protected] mas, Miller, Joyce et Rimbaud. À l’adolescence, Jim traverse une période religieuse mise à mal par la découverte de la sensualité. Il craque pour des actrices, Jean Peters, puis Ava Gardner « remplacée durant une période de dévotion chrétienne par Deborah Kerr, laquelle, dans Quo Vadis, était ligotée à un poteau face à un taureau enragé… ». C’est à 16 ans qu’il rencontre Linda, de deux ans sa cadette, qui deviendra quelques années plus tard la femme de sa vie. Un déménagement l’ayant privé de ses rivières et de ses truites, de ses hérons bleus, de ses lynx, de ses forêts immenses, Jim décide de prendre la route. Il découvre le vagabondage. Dans son sac à dos, des anthologies de poésie russe et chinoise, quelques volumes de Rimbaud, Apollinaire, Blake, Dostoïevski. À New York, il rencontre Kerouac, qui vient de publier Sur la route, et suit, sans Au bord du gouffre Une bourse du National Endowment lui offre une année sabbatique. Harrison achète en 1968 une ferme dans le comté de Leelanau, Michigan. Retour à la vie sauvage, à la liberté totale. Avec Dan Gerber, il lance la revue Sumac et publie Robert Duncan, Gary Snyder, Richard Hugo, James Welch. Harrison découvre aussi les Keys de Floride, lieu magique pour la pêche, l’écriture et la défonce. McGuane et Richard Brautigan sont de la fête, Jim rencontre Tennessee Williams et Truman Capote. En septembre, il part dans le Montana pêcher la truite avec McGuane. Une autre bourse, celle-là de la Fondation Guggenheim, permet de vivre sans compter. Les années passent. À part des poèmes et des reportages pour Sports Illustrated, Jim n’a rien écrit. C’est finalement un accident, la chute d’une falaise, qui le réveille. Il entame la rédaction de Wolf et d’Un bon jour pour mourir. McGuane lui présente Jack Nicholson sur le tournage de Missouri Breaks. Une amitié naît. Harrison, qui n’a pas payé d’impôts depuis des années, est au bord du gouffre. Nicholson lui donne de quoi rembourser ses CONFÉRENCE - DÉBAT IL N’Y A PAS DE CHOC DES CULTURES MAIS UN CHOC DES INCULTURES F.X Bellamy © François Bouchon François-Xavier Bellamy agrégé de philosophie enseigne en classe préparatoire. Il est l’auteur du best-seller, Les Déshérités ou l’urgence de transmettre, un texte décisif pour prendre la mesure de la crise de la culture contemporaine. Son livre n’est pas seulement un brillant réquisitoire contre l’ingratitude des esprits forts, il est surtout une magnifique ode à ce qui fait l’humanité de l’homme : la culture. François-Xavier Bellamy fait un constat implacable sur l’effondrement de l’école et livre des pistes de solutions pour son redressement. FRANÇOIS-XAVIER BELLAMY LUNDI 11 AVRIL 2016 20H00 - SALLE GAVEAU 45-47 rue La Boétie, 75008 Paris A 1 TARIF : 20 € Placement Libre Réservez vos places sur www.lefigaro.fr/rencontres Informations au 01 70 37 31 70 Jim Harrison en mars 2006. WITI DE TERA/OPALE/LEEMAGE dettes et travailler un an. Il écrit alors Légendes d’automne, une novella publiée dans Esquire et remarquée par le boss de la Warner Bros qui lui propose une grosse somme pour tout écrit qu’il voudra bien lui donner. « Et voilà que le barjot borgne, cette brebis galeuse de poète à la noix émergeant de son déplorable patrimoine génétique, vient de toucher le jackpot. » Le succès n’étant pas une habitude chez les Harrison, Jim se noie dans l’alcool, la cocaïne, fait des orgies de grouses, bécasses, gibier, huîtres, caviar, ris de veau, rognons… le tout arrosé de caisses de vin. Après une décennie infernale (1987-1997) durant laquelle il a écrit des douzaines de versions de scénarios qui n’ont pas abouti, un grand roman, Dalva, deux recueils de novellas et un recueil de poèmes, Jim Harrison choisit de s’isoler et de se consacrer pleinement à l’écriture et aux balades dans la nature. Un événement marque cette vie déjà remplie : l’écrivain quitte le Michigan, où il a vécu soixante années, pour s’installer dans le Montana avec sa femme, près de leurs filles et de leurs petits-enfants. Dans En marge, livre riche, drôle, touchant et plus passionnant que n’importe quelle biographie, le vieux borgne arrivé à son crépuscule livrait ainsi sans barguigner sa vie intérieure, ses réflexions, ses rêves, ses tourments, son amour pour la nature, ses chiens, ses amis, son culte de la beauté des femmes et du vin. Autant de sujets qu’il était l’un des seuls auteurs américains à aborder dans quasiment tous ses livres. ■ CHRONO 1937 : naissance à Grayling (Michigan) 1978-1979 : premier succès, « Légendes d’automne » 1989 : adapte sa nouvelle « Une vengeance » pour un film de Tony Scott 1992-1993 : écrit le scénario de « Wolf », d’après son roman éponyme. Le film est réalisé par Mike Nichols 2009 « Une odyssée américaine » 2012 « Grand Maître : faux roman policier » 2015 « Péchés capitaux » 2016 « The Ancient Minstrel » FIGARO-CI ... FIGARO-LÀ Épreuve du feu pour la ministre de la Culture Matignon voudrait nommer, à la tête de la Bibliothèque nationale de France, Laurence Engel, l’ancienne directrice de cabinet d’Aurélie Filippetti au ministère de la Culture et compagne d’Aquilino Morelle, ex-conseiller de François Hollande à l’Élysée. Or la nouvelle ministre, Audrey Azoulay, a d’autres candidats en tête. Il lui reste deux jours pour convaincre Manuel Valls de la pertinence de son choix. Primaire : la proposition d’Édouard Philippe L’hôpital de Remiremont menacé ? Pour être autorisé à se présenter à la primaire de la droite, les candidats doivent recueillir le parrainage d’au moins 20 parlementaires. Or, rien n’interdirait formellement dans les textes que ces élus ne puissent pas être de gauche. Pour lever toutes les ambiguïtés, le prochain bureau politique de LR devrait retenir la proposition d’Édouard Philippe, le député maire du Havre et proche d’Alain Juppé : imposer aux électeurs comme aux élus parrains de signer une charte dans laquelle ils disent se reconnaître dans les valeurs de la droite et du centre. François Vannson, député et président LR du conseil départemental des Vosges, a payé de sa poche un avocat pour obtenir le maintien de la maternité de Remiremont, que l’ARS (Agence régionale de la santé) a pour projet de fermer. Plus de 800 accouchements par an ont lieu dans cette maternité, et Vannson craint que cette décision ne laisse présager la fermeture de l’hôpital de la ville, soit la perte de 800 emplois en équivalent temps plein. NIVIERE/VILLARD/SIPA Jim Harrison oser l’aborder, Aldous Huxley. À Boston, il est serveur à la Prince Spaghetti House. À San Francisco, il est ouvrier agricole, ce qui confirme son goût pour le travail manuel. Il écrit de courts poèmes. À la fac, il rencontre Tomas McGuane, qui va devenir l’un de ses meilleurs amis et le mener à Richard Ford, Dan Gerber et Bob Dattila, son futur agent. Comme les études l’ennuient, il passe des heures à jouer au bridge, au billard, au poker puis au golf. Cette vie de poète errant vole en éclats le jour où son père et sa sœur trouvent la mort dans un accident de la route causé par un ivrogne. Assommé par la douleur, il commet l’erreur de regarder les photos du drame. « Elles provenaient des régions les plus inférieures de l’enfer », écrit Harrison, ajoutant : « Toutes les mythologies de la virilité que j’avais absorbées à partir de l’enfance étaient entièrement anéanties par la vérité de ma fragilité en tant qu’être humain. » Désespéré, il s’installe à Boston, où vit son frère aîné. Son premier livre, Plain Song, recueil de poèmes, est publié. Un ami universitaire le fait entrer à Stony Brook, où enseignent déjà Alfred Kazin et Philip Roth. Malgré tout, cette existence lui pèse. Il n’est pas fait pour l’enseignement.