L`histoire du film et l`Histoire Le scénario de Goodbye Bafana est

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L`histoire du film et l`Histoire Le scénario de Goodbye Bafana est
Régie du secteur socioculturel
Activité cinéma
Loriol sur Drôme
N°4 - JUIN 2007
L’histoire du film et l’Histoire
Le scénario de Goodbye Bafana est basé sur le
livre Le Regard de l'antilope écrit par James
Gregory. Ce dernier, gardien de la prison de
Robben Island, a entretenu pendant 24 ans une
relation privilégiée avec Nelson Mandela. A
l’instar de Milos Forman dans Amadeus lequel
évoque Mozart à travers Salieri, Bille August, le
réalisateur de Goodbye Bafana, a choisi de raconter l'histoire de Nelson Mandela à travers le
regard de son geôlier. Le film porte sur l’histoire récente de l’Afrique du Sud, depuis 1948,
année de l’arrivée au pouvoir du Parti national
et de la mise en place de l’Apartheid (ce mot
afrikaans ou néerlandais signifie « le fait de tenir à part » renvoie à la politique de ségrégation
raciale) jusqu’à son abolition en 1991.
Le réalisateur a rencontré la famille de feu James Gregory et s'est également documenté sur
le conflit sud-africain afin « d’éviter l'affrontement simpliste entre gentils noirs et méchants
blancs ». Le résultat est plutôt convaincant. Le
parti pris du réalisateur – le tête-à-tête, le huis
clos – y est sans doute pour quelque chose.
L’Histoire perçue à travers cette histoire singulière perd soudain de sa fureur, les couleurs sont
moins vives, moins tranchées, et, en fin de
compte, l’espoir est au-rendez-vous. Le film
s’achève sur la libération de Nelson Mandela.
Une fois sorti de la salle, le spectateur peut être
tenté d’en savoir plus sur Mandela, son combat
contre l’Apartheid, sur l’Apartheid même, sur
l’Histoire de l’Afrique du Sud… S’il est impossible de la résumer en quelques lignes, quelques
dates et évènements permettent néanmoins d’en
restituer le sens.
des archéologues ont permis d’enrichir nos
connaissances en la matière.
Des fossiles trouvés à l'embouchure de la rivière
Klasies indiqueraient que l'homme moderne vivait en Afrique du Sud il y a 90 000 ans. Ses
premiers habitants - les Khoisan - ont développé
une culture spécifique présente depuis 40 000 à
25 000 ans. Les San (ou Bochimans) étaient
d'abord des chasseurs-cueilleurs nomades. Certains d’entre eux ont pratiqué l’élevage (les Khoi
ou Hottentots) ce qui a graduellement changé
leur mode de vie. Progressant vers le sud, ils ont
rejoint le Cap de Bonne Espérance. Davantage
présents sur les côtes que les Bochimans, restés à
l'intérieur des terres, ils conservent avec eux des
liens étroits… Précédant de 10 à 20 000 ans les
Film Lux., all., belge, GB & sud
-africain – 2007 – 1h58 – Drame historique réalisé par Bille
August. Avec Joseph Fiennes,
Dennis Haysbert, Diane Kruger
La vie de James Gregory, un
Sud-Africain blanc, gardien de
prison en charge de Nelson
Mandela, de l'incarcération de
ce dernier dans les années 60 à sa libération en 1990. Pendant 25 ans, Gregory s'est occupé de Mandela jour après
jour. Il a été son geôlier, son censeur mais aussi son confident, de Robben Island à Pollsmoor, et enfin jusqu'à Victor
Verster d'où il fut libéré en 1990.
Du 30 mai au 4 juin
L’Afrique du Sud avant la colonisation : les
Khoisan et l’expansion des Bantous
L'histoire précoloniale est mal connue en raison
de l'absence d'écrits concernant un territoire
étendu et peu peuplé. Toutefois, les découvertes
Goodbye Bafana
Me 30
20h30
Sa 2
19h00
Di 3
19h00
Lu 4
21h00
NE PAS JETER SUR LA VOIE PUBLIQUE
populations noires actuelles auxquelles ils ne sont
pas apparentés, ces survivants de la préhistoire ont
été inexorablement refoulés, éliminés ou absorbés
par elles au fur et à mesure de leur expansion vers
le sud.
Des peuples Bantous sont arrivés du nord-ouest,
plus précisément du delta du Niger. Ces peuples de
l'Âge du fer, agriculteurs et éleveurs, auraient
commencé leur migration vers -1000 pour atteindre l'actuelle province du KwaZulu-Natal vers
500. D'autres ont descendu la rivière Limpopo vers
les IV° siècle ou V° siècle de notre ère pour parvenir vers le X° siècle dans l'actuelle province du
Cap-Oriental. Leur migration s'est faite en petites
vagues. Ce sont les ancêtres des peuples parlant les
langues nguni (langues bantoues d'Afrique australe
qui rassemblent quatre langues dont le zoulou et le
xhosa. Bien qu’apparentées, elles sont souvent
mutuellement inintelligibles). Le phénomène bantou est donc avant tout linguistique, il recouvre des
différences ethniques irréductibles.
L'arrivée des Européens : des Portugais aux
Hollandais
1488 : Bartolomeu Dias de Novaes découvre
l’Afrique du Sud
A la recherche d'une nouvelle route vers les Indes,
un équipage portugais placé sous le commandement Bartolomeu Dias de Novaes débarque pour la
première fois sur les rives de l’actuelle Afrique du
Sud, dans la baie de Mossel, le 3 février 1488. Il
nomme le cap Cabo da Boa Esperança (Cap de
Bonne-Espérance).
Après 1500, la région du Cap est régulièrement
visitée par des navigateurs portugais. Toutefois,
ces derniers préfèrent faire escale au Mozambique
et à l’île de Sainte Hélène (pour l’approvisionnement notamment en eau). La région du Cap bien
qu’à mi-distance à mauvaise réputation : les tempêtes y sont fréquentes et les indigènes belliqueux.
A la fin du XVI° siècle le monopole hispanoportugais commence à être ébranlé par les puissances issues de la Réforme.
En 1581, les Provinces-Unies (les Pays-Bas espagnols) proclament leur indépendance et décident
de rompre le blocus commercial imposé par le
souverain espagnol. Elles entrent désormais en
concurrence directe avec les Portugais en allant
s’approvisionner directement en Orient.
L’installation des Hollandais
Les Provinces-Unies développent dès la fin du
XVI° siècle une politique d’impérialisme commercial encouragée et supportée par de puissantes
compagnies maritimes dont la Compagnie néerlandaise des Indes orientales.
Le 6 avril 1652, Jan van Riebeeck débarque au pied
de la Montagne de la Table, avec quatre-vingts
hommes à bord du Drommedaris pour créer une «
station de rafraîchissement ». En 1657, il recommande que les hommes libérés de leurs obligations
vis-à-vis de la compagnie, soient autorisés à commercer et à s'installer comme colons. La même année, une première cargaison d'esclaves en provenance de Batavia (Jakarta) et de Madagascar arrive au
Cap (cf. l’absence de populations noires au Cap et
dans certaines régions de l'intérieur). Entre 1657 et
1667, plusieurs expéditions furent organisées pour
reconnaître l'intérieur des terres. En 1691, le territoire accède au statut officiel de colonie.
Les guerres de frontières
A la suite d’une révolte de colons contre le gouvernement local, la Compagnie des Indes réoriente la
colonie vers son utilité originelle, celle de station de
ravitaillement, et non d'être un foyer de peuplement.
Toutefois, les mesures restrictives prises en la matière vont produire l’effet contraire. Foncièrement
attachés à leurs libertés, les colons cherchent à
échapper au contrôle de la Compagnie et franchissent les frontières de la colonie pour s'établir hors
de sa juridiction, dans l'intérieur des terres. L'expansion de ces colons, éleveurs nomades (Trekboers)
augmentent les risques de conflits avec les tribus
émigrant d'Afrique centrale vers le sud et l'ouest de
l'Afrique du Sud. En 1779 ont lieu les premières
escarmouches entre Boers ou Afrikaners (SudAfricains d’ascendance hollandaise, germanique ou
huguenote) et tribus indigènes Xhosas pour la possession de bétail dans les zones frontalières
(première guerre cafre).
L’arrivée des Britanniques et les guerres angloboers
Le Grand Trek (1834-1846) et la création des
Républiques boers
Le Royaume-Uni conquiert la région du Cap de
Bonne-Espérance en 1797 pendant les guerres anglo
-hollandaises. Celle-ci est officiellement annexée en
1814. La politique britannique en faveur des autochtones et les mesures prises dans l’organisation de
l’administration locale (en 1828, l'anglais devient la
seule langue officielle pour les affaires administratives et religieuses) élargissent le fossé entre Britanniques et Boers.
L’abolition de l’esclave en 1833 heurte à la fois les
convictions et les intérêts des Boers. L’insuffisance
des compensations pécuniaires et l’arrogance des
autorités britanniques convainquent des milliers de
Boers à migrer vers l'intérieur des terres à bord de
leurs chars à bœufs, avec femmes, enfants et serviteurs. C'est le Grand Trek, expression d’une volonté farouche d’indépendance et genèse du volk
(peuple) afrikaner, le peuple élu, à la recherche de
sa terre promise. L’annexion de l’éphémère république de Natalia (le Natal) par les Britanniques
poussent les Boers à reprendre leur périple en direction du nord, au-delà des fleuves Orange et
Vaal. Ils créent deux républiques indépendantes, le
Transvaal et l’État libre d'Orange, reconnues par
les Britanniques par le Traité de Sand River
(1852).
Les guerres anglo-boers (1880-1902)
Après les guerres cafres contre les Xhosas (18341856) et une fois la résistance zouloue anéantie
(victoire des Zoulous à Isandhlwana, en janvier
1879), le gouvernement colonial britannique reporte son attention sur les républiques boers dont
le sous-sol regorge d’immenses richesses, or et
diamants.
Les Britanniques annexent le Transvaal en 1877
déclenchant la première guerre anglo-boer en 1880
-1881. À la suite de plusieurs victoires boers, le
Transvaal recouvre l'indépendance.
Arguant du prétexte que le gouvernement du
Transvaal refuse d’accorder la citoyenneté et donc
le droit de vote aux étrangers (essentiellement britanniques), une expédition est organisée pour le
ment britannique fait interner les civils ainsi que
leurs serviteurs noirs dans des camps de concentration. La mortalité y est effrayante (taux de mortalité de 350 0/00 chez les adultes) : avec la mort de
28000 civils dont 22000 enfants, soit 10% de la
population, une génération est ainsi complètement
annihilée. Un traité de paix est signé à Pretoria le
31 mai 1902. Les Boers perdent leurs républiques
et deviennent des sujets britanniques.
La constitution de 1910 et la reconquête du
pouvoir par les Afrikaners
Le Royaume-Uni crée un dominion. La constitution de l'Union de l'Afrique du Sud du 31 mai
1910 va permettre aux Afrikaners de conquérir le
pouvoir politique… Le Premier ministre élu en
1910 est le général afrikaner Louis Botha. Il doit
néanmoins affronter une opinion boer hostile au
Royaume-Uni et ségrégationniste. Pour la satisfaire, Louis Botha et son gouvernement vont s'attacher à promouvoir la communauté afrikaner : recrutement prioritaire dans la fonction publique,
soutiens financiers pour l'achat de terres et de fermes, etc. Il renforce également le Color Bar qui
réglemente les relations interraciales.
C'est pour protester contre cette loi que se rendent
en 1914 au Royaume-Uni des représentants du tout
nouveau Congrès national africain (ANC) fondé le
8 janvier 1912 à Bloemfontein pour organiser et
unifier les différents peuples africains de l'Union
afin de défendre leurs droits et leurs libertés.
Cependant, toutes ces mesures ne sont pas suffisantes pour les Afrikaners les plus radicaux… Ainsi James B. Hertzog crée en 1914 le Parti national.
D’abord isolé sur l’échiquier politique, il s’allie au
Parti travailliste et gagne les élections de 1924.
Une de ses premières mesures symboliques est de
remplacer le néerlandais par l’afrikaans (langue
germanique proche du néerlandais).
L’émergence du Parti national et la naissance
de la ligue de jeunesse de l'ANC.
renverser, en vain (1895). Un nouvel ultimatum du
Ministre des Colonies britanniques en septembre
1899 marque le début d’une nouvelle guerre. Malgré
de nombreuses victoires, les Boers ne peuvent résister bien longtemps et les républiques sont occupées
dès l'été 1900. La guérilla qui se développe immédiatement dans le pays prolonge le conflit. Pour couper
les combattants boers de leurs bases, le commande-
En 1933, devant les difficultés nées de la crise
économique, les nationalistes d'Hertzog et les libéraux de Smuts s’accordent sur la constitution d’un
gouvernement d’union nationale. En 1934, le parti
national et le parti sud-africain (libéral) fusionnent
pour créer un nouveau parti, le parti uni. Mais ce
ralliement provoque une nouvelle scission chez les
nationalistes. L'aile droite du parti sur l'initiative
du pasteur Daniel Malan refuse l'union pour rester
dans un parti national « authentique ». Sa représentation augmente encore à l’issue des élections
de 1943 (36% des suffrages).
De leurs côtés, les mouvements noirs ne restent
pas inactifs. Les leaders de la nouvelle génération
dont Nelson Mandela fondent en 1944 la ligue de
jeunesse de l'ANC, mouvement étudiant plus radical que son aînée dans son mode d'expression et
partisan de manifestations de masse pour obtenir
l'égalité raciale et démocratique.
Contre toute attente, le parti de Jan Smuts est battu
par le Parti national aux élections de 1948. La tension entre nationalistes et modérés s’est cristallisée
autour de la question raciale. Smuts avait en effet
approuvé les conclusions du rapport de la commission Fagan lequel préconisait une libéralisation du
système racial. A l'inverse, la commission Sauer
mandatée par le Parti national recommandait le
durcissement des lois ségrégationnistes.
L’Apartheid (1948-1991)
Le nouveau Premier ministre, Daniel Malan, compose un gouvernement exclusivement afrikaner.
Ce dernier applique sa doctrine de développement
séparé des races (apartheid). La question raciale
est omniprésente et touche au quotidien, les lois
ségrégationnistes visent à faire coexister deux
mondes séparés. Les Noirs sont obligés de vivre
dans des townships construits pour eux… La mise
en place un peu plus tard de bantoustans noirs
(territoires autonomes administrés par les populations autochtones) obéit à cette même logique.
En juin 1955, le Congrès du Peuple, organisé par
l'ANC et d'autres groupes anti-apartheid notamment blancs, adopte la Charte de la Liberté qui
appelle à l'égalité des droits. Concomitamment, le
mouvement noir se radicalise. Des membres de
l’ANC, opposés à son ouverture aux autres races et
hostiles à l'influence des communistes, fondent en
1959 une organisation nationaliste, le Congrès Pan
Africain (PAC).
En mars 1960, le massacre de Sharpeville (79 manifestants sont tués par la police lors d’une manifestation pacifique contre l'obligation du passeport
intérieur) déclenche une grève générale, le gouvernement d'Hendrik Verwoerd interdit l'ANC et le
PAC et décrète l'état d'urgence. La répression sera
brutale conduisant de nombreux militants noirs en
prison, en exil ou dans la clandestinité. Nelson
Mandela fonde une aile militaire de l'ANC, « la
Lance de la Nation ». En juillet 1963, plusieurs
activistes de l'ANC dont Nelson Mandela et Walter Sisulu sont arrêtés et inculpés de haute trahison
et de complots envers l'État. En 1964, ils sont
condamnés à la prison à vie.
Un homme, une voix
La suite de l’histoire est connue, le film de Bille
August nous la donne à voir, du moins en partie. A
l'automne 1989, le Président De Klerk fait supprimer les
dernières lois de l'apartheid.
En janvier 1990, il autorise les partis noirs comme
l'ANC ou le parti communiste et annonce la libération
prochaine des prisonniers politiques. La libération de
Nelson Mandela en février 1990 coïncide avec le début
des pourparlers entre le gouvernement et les ex-partis
interdits pour une transition pacifique des pouvoirs à la
majorité noire assortie de garanties pour les minorités.
En juin 1991, De Klerk fait abolir par le parlement les
dernières lois d'apartheid encore en vigueur concernant
l'habitat et la classification raciale. Au référendum du 17
mars 1992, le « oui » aux réformes l’emporte largement
avec 68,7 % des voix. En avril 1994, les premières élections multiraciales sont organisées. L’ANC arrive en
tête avec 63% des voix contre 23% au Parti national et
10,5% à l’Inkhata (parti zoulou). Le 10 mai, Mandela
est élu Président de la République par le parlement.
Olivier VENET
Directeur de la régie.
Bibliographie :
« Histoire de l’Afrique du Sud » de Bernard Lugan (Edition
Perrin);
«Le Regard de l'antilope » de James Gregory (Edition Robert
Laffont);
« Un long chemin vers la liberté » de Nelson Mandela
(Edition Fayard).
Tarif plein : 6 euros - Tarif réduit (lundi &
mercredi) : 5 euros - Films « jeune public » : 4
euros - Abonnement de 10 places : 50 euros.
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