Le goût de l`émeute : manifestations et violences de rue dans Paris

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Le goût de l`émeute : manifestations et violences de rue dans Paris
Le goût de l'émeute : manifestations et
violences de rue dans Paris et sa
banlieue à la Belle Epoque
GENCOD : 9782915830392
PASSAGE CHOISI
Extrait de l'introduction
«Les bourgeois ont eu peur ! Les bourgeois ont senti passer sur eux le vent de l'émeute, le
souffle de la révolte, et ils ont craint l'ouragan, la tempête qui déchaînerait les appétits
inapaisés sur leurs tables trop bien garnies. Les bourgeois ont eu peur !» écrivait Libertad
dans l'anarchie au lendemain du premier mai 1906.
Un an et demi plus tôt, à son congrès de Bourges, la CGI avait en effet décidé d'engager le
combat pour la journée de huit heures. Le premier mai 1906 devait être le temps fort de cette
mobilisation. À partir de cette date, dans toute la France et dans tous les secteurs d'activité,
les travailleurs devaient quitter leur lieu de travail après la huitième heure, et faire de même
tous les jours suivants. Dès le mois de mars, des affiches pour la journée de huit heures, huit
heures de travail, huit heures de loisir et huit heures de sommeil, avaient fait leur apparition
sur les murs des grandes villes tandis que des étiquettes porteuses du slogan «nous voulons
la journée de huit heures» étaient collées par les militants syndicaux dans les trains, les
tramways, sur les vitrines des magasins, les rampes d'escaliers et les tables de cafés. La
façade de la Bourse du travail, à Paris, arborait quant à elle une immense banderole
proclamant : «À partir du 1er mai 1906, les travailleurs ne feront plus que huit heures !»
Certains témoins des événements allèrent jusqu'à évoquer une «attente millénariste». Ils en
voulaient pour preuve ce compte à rebours des métallurgistes lorrains proclamant plusieurs
semaines à l'avance sur une banderole actualisée quotidiennement : «Dans tant de jours,
nous serons libres.» Dès le mois d'avril, des travailleurs se mirent en grève dans de
nombreux secteurs d'activité et sur l'ensemble du territoire. Cette atmosphère de «grand
soir», de lutte des classes affirmée inquiétait les membres de la bourgeoisie. Certaines
familles quittèrent Paris à l'approche de l'événement, d'autres constituèrent d'importantes
réserves de denrées alimentaires et se barricadèrent, plusieurs entrepreneurs choisirent de
ne pas ouvrir leur établissement à la date fatidique.
À Paris, 45000 policiers et soldats avaient été mobilisés pour le maintien de l'ordre, et des
responsables syndicaux furent arrêtés à titre préventif. La garde à cheval tourna sans répit
place de la République, effectuant la manoeuvre dite du manège, rendant impossible tout
regroupement. Ce fut dans les rues adjacentes que les échauffourées se produisirent, en
particulier rue de Belleville, où un funiculaire fut renversé et des barricades dressées. Le
dispositif utilisé, s'il fut assez efficace pour empêcher la tenue d'une grande manifestation,
contribua de façon paradoxale à la réussite de cette journée en renforçant la peur des uns et
la combativité des autres. Dès les premiers jours du mois de mai, le mouvement de grève
s'amplifia. Le 13, on comptait 200000 grévistes rien qu'à Paris, les métallurgistes et les
travailleurs du bâtiment étant les plus nombreux et les plus déterminés. Ces conflits durèrent
neuf jours en moyenne mais certains se poursuivirent pendant plus de trois mois.
Dans les mois et même les années qui suivirent cet exceptionnel Premier mai, la mobilisation
ne faiblit pas et le gouvernement dut affronter le mouvement social le plus dur qu'ait connu la
IIIe République. (...)
REVUE DE PRESSE
Libération du 14 mars 2013
Les premières années du XXe siècle furent marquées par un intense mouvement de
mobilisation sociale. Menées par une CGT particulièrement offensive et par la mouvance
alors très active des anarchistes et des socialistes «insurrectionnalistes», les grèves entre
1906 et 1910 ne font pas dans la dentelle...
Steiner, à qui l'on devait déjà une étude sur les illégalistes de la Belle Epoque, signe là un
petit ouvrage très vivant, illustré de nombreuses photographies, affiches, cartes postales. La
question aurait sans doute pu nourrir une analyse plus fouillée, mais l'auteur vise ici un récit,
simple et clair, qui restitue bien l'atmosphère enfiévrée de ces années où l'on croyait à
l'imminence du «Grand Soir».
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