Ville-Management 3
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Christophe FAVOREU « L’évolution des modes de planification et de gestion urbaines comme réponse aux transformations de l’environnement des villes » Ville et territoires pp. 219-238 Ville-Management 3 L’évolution des modes de planification et de gestion urbaines comme réponse aux transformations de l’environnement des villes Christophe Favoreu ATER, Université d’Aix-Marseille III RESUME La rapidité et l’ampleur des changements auxquels les villes ont à faire face depuis une quinzaine d’années imposent une refonte totale des modes de pensée et d’action en matière de gestion urbaine. Ainsi et à un environnement de plus en plus complexe, concurrentiel et donc incertain répondent des processus de prise de décision et d’action de plus en plus souples, flexibles et participatifs qui s’appuient sur la mise en commun des potentialités et des initiatives endogènes. Certaines villes ont démontré depuis quelques années une remarquable capacité d’évolution et d’adaptation de leur mode de gestion aux évolutions environnementales. Cet article retrace les différents processus de changement qui se sont succédé en distinguant et en détaillant deux étapes clés : (1) le passage d’une planification de long terme essentiellement réglementaire et physique à une planification et un management de type stratégique, (2) l’implantation de systèmes de gouvernance urbaine. Les liaisons et les complémentarités existant entre ces deux nouveaux modes de management local sont mises en évidence. Il est notamment affirmé que les démarches stratégiques constituent une étape préparatoire fondamentale à l’implantation d’un système de gouvernance locale. MOTS CLES Gestion stratégique, gouvernance urbaine, management local, planification stratégique urbaine, effets d’apprentissage. ❖ Christophe FAVOREU INTRODUCTION Ainsi que l’affirmaient les villes membres du réseau Metropolis (1993) dans leur rapport de synthèse, la rapidité et l’ampleur des changements auxquels les villes ont à faire face depuis une quinzaine d’années imposent une refonte totale des modes de pensée et d’action en matière de gestion urbaine. Comme nombre d’auteurs l’ont souligné la pression des enjeux démographiques socioéconomiques et environnementaux a plongé les villes dans un environnement incertain, turbulent et complexe qui a rendu inopérant les techniques traditionnelles de planification urbaine. Face à cette obsolescence, un nombre croissant de villes ont eu recours à des techniques de planification stratégique directement inspirées des méthodologies du privé. Ce renouveau de la planification urbaine tel que l’a qualifié Asher (1991), outre ces emprunts aux techniques et méthodes de l’analyse stratégique privée, est marqué par l’intégration de la dimension concurrentielle dans la gestion urbaine. Bien que ces pratiques se soient diffusées à l’ensemble des grandes villes des pays industrialisés, elles suscitent toujours un nombre important de critiques et d’oppositions. Force est de constater cependant la transformation profonde et irréversible des logiques et des modalités de gestion et de planification urbaines depuis presque vingt ans. Cet article retrace les différents processus de changement qui se sont succédé en distinguant et en détaillant deux étapes clés : (1) le passage d’une planification de long terme essentiellement réglementaire et physique à une planification et un management de type stratégique, (2) l’implantation de systèmes de gouvernance urbaine. Une première partie vise à identifier les facteurs explicatifs et les événements à l’origine des changements concernant les manières de penser, d’organiser et de piloter le développement urbain. La deuxième partie de cet article cherche à démontrer et à mettre en évidence les relations et les complémentarités existant entre la planification stratégique et la gouvernance urbaine. Il est notamment affirmé que les démarches stratégiques constituent une étape préparatoire fondamentale à l’implantation d’un système de gouvernance locale. I. L’EVOLUTION DES MODES DE PLANIFICATION URBAINE FACE AUX BOULEVERSEMENTS SOCIOECONOMIQUES DE L’ENVIRONNEMENT DES VILLES Récemment la notion de gestion stratégique des villes ou du territoire est apparue dans la littérature sur le management des villes. La définition que nous en donnons ci-dessous résulte d’une synthèse de définitions issues de cette littérature mais aussi et surtout d’une réflexion fondée sur l’observation des pratiques des villes dans le domaine de la gestion urbaine. La gestion L’évolution des modes de planification et de gestion urbaines stratégique constitue l’état d’avancement le plus récent atteint par certaines villes dans l’élaboration et la mise en ouvre de stratégies de développement territorial. La gestion stratégique du territoire entend par une évaluation, une action globale sur l’ensemble des facteurs de développement et en s’appuyant sur une mobilisation aussi diversifiée que possible des acteurs locaux, maîtriser et orienter de manière significative l’évolution du territoire en fonction des attentes et des modifications perçues de son environnement (interne mais surtout externe). La gestion stratégique du territoire est un processus de pilotage qui prend en compte : ! la complexité : les facteurs de développement sont nombreux, difficilement discernables ou isolables et souvent interdépendants ; les acteurs à prendre en compte sont hétérogènes et poursuivent des logiques propres qui peuvent s’avérer contradictoires. ! l’incertitude : les évolutions environnementales sont faites de tendances passées mais aussi et surtout de ruptures et de renversements difficilement prévisibles ; le développement du territoire s’inscrit dans un contexte concurrentiel où les ressources sont limitées. Afin de caractériser le processus d’évolution suivi par les villes en matière de gestion du territoire et de souligner l’importance et la nature novatrice du concept de gestion stratégique territoriale, nous proposons de revenir sur l’évolution des logiques et des principes d’action qui ont régi la planification urbaine de la période de l’après guerre jusqu’à nos jours. A. UNE LOGIQUE DE PLANIFICATION URBAINE DE LONG TERME, CENTRALISEE, UNIFORME ET REGLEMENTAIRE L’aménagement du territoire, qu’il s’opère au niveau central ou au niveau local, est intrinsèquement lié à la notion de croissance 1. Cette dernière est ellemême associée à des évolutions relativement prévisibles et continues des principales grandeurs économiques. Dans ce type de contexte relativement favorable et stable, la gestion du territoire est essentiellement réactive et adaptative. Il s’agit en effet de gérer localement les effets de croissance nationale et de s’adapter aux décisions d’implantation et de croissance des acteurs privés. La gestion du territoire consiste principalement en un aménagement physique visant à contenir les excès et les effets mal anticipés d’une croissance urbaine accélérée dans les années 50 et 60. D’un point de vue 1 Selon Demmeestere et Padioleau (1989) « l'image de la croissance suggère des visions de l'action évoquant la simplicité relative des phénomènes et créant des sentiments de contrôle de l'incertitude. La conviction d'une croissance durable permet d'éprouver des sentiments de stabilité et de pouvoir faire face, ou au mieux, de résoudre les problèmes sans trop d'embarras ». Christophe FAVOREU central, l’évolution du sens de la notion d’aménagement du territoire traduit ces caractéristiques de passivité et d’adaptation. D’un aménagement d’accompagnement qui vise à déployer ex post des politiques d’aménagement urbain pour faire face aux évolutions démographiques et économiques et à l’accroissement de la population des villes, on passe progressivement à un aménagement régulatoire qui a pour objet d’opérer un rééquilibrage des populations et des activités économiques au sein du territoire national. Ainsi que le souligne Dumont (1994), « l’aménagement se définit dans son sens contemporain comme la volonté publique d’organiser la géographie humaine et économique de l’espace considéré selon un ordre équilibré, prenant en compte les données préexistantes et les contraintes spécifiques aux lieux ». Cette conception qui prévaut dans les années 50 et 60 accorde au processus d’aménagement un rôle de répartition spatiale de l’expansion économique. Du fait de la relative absence de pouvoir des institutions locales en matière d’urbanisme et d’aménagement, la gestion urbaine se limite à l’administration des services techniques et sociaux locaux. Ainsi que le souligne B. Bermils (1997), le modèle traditionnel de gestion locale « consiste à prendre des décisions de gestion au coup par coup, en fonction de la survenance d’événements ou de priorités fixés par des individus sur la base de leur stratégie propre ». La logique politique et clientéliste prédomine alors chez les gestionnaires locaux. De même, selon cette logique d'action, les villes sont considérées comme des objets impersonnels, des territoires géographiques qu'il convient de modeler, d'organiser, d'aménager en fonction des impératifs de la croissance et selon des procédures standards et homogènes. Accompagner le phénomène de croissance revient, pour les politiques urbaines, à fixer des objectifs quantitatifs précis de programmation d'infrastructures physiques et de logements sociaux et se limite d’autre part à des choix portant sur la répartition et l'occupation des sols communaux. Ainsi que le souligne Noisette et Vallérugo (1996) « la ville n’est pas pensée en tant que telle. Elle fait l’objet d’un aménagement systématique ». A un environnement stable et prévisible correspond un système de gestion et d’organisation du territoire de type centralisé, bureaucratique et dirigiste. L’Etat fort de sa légitimité constitutionnelle (il est le seul garant de l’intérêt général), de la légitimité juridique de ses interventions et de son expertise technique et scientifique 2 met en place des politiques d’aménagement centralisatrices dont les effets induits sont censés se diffuser de manière homogène sur l’ensemble du territoire national. Les collectivités locales, et les villes en particulier, ne remplissent ainsi qu’un rôle d’exécutant. A cette logique d’aménagement et d’organisation du territoire correspond un ensemble de techniques et de règles de planification urbaine. Comme le souligne le document « stratégie des villes moyennes » du réseau de villes 2 Les plans d’aménagement sont le résultat d’études rationnelles menées par des agences publiques spécialisées sur les perspectives d’évolutions socio-économiques et démographiques. L’évolution des modes de planification et de gestion urbaines RECITE 3, la planification repose sur l’utilisation d’une méthode et d’une démarche scientifique qui visent à « réajuster la croissance des villes aux nouveaux moyens de production, d’utilisation et d’appropriation de l’espace urbain ». Ce mode d’organisation de l’espace repose sur deux principes clés. Le premier – le centralisme public et la logique d’intérêt général – impose une prise en charge totale de l’aménagement de l’espace par les autorités publiques. Selon le second principe – le dirigisme – l’organisation du territoire et des acteurs qui y sont implantés est contrôlée de manière globale par une autorité centrale et orientée selon un système d’objectifs précis et de programmes d’action. Selon Noisette et Vallérugo (1996), l’urbanisme se fonde essentiellement « sur une vision globale et rationnelle de la ville. Il constitue un objet susceptible d’être compris et maîtrisé dans sa totalité, comme système contrôlable ; en ce sens il est une idéologie de la ville ». Ce mode d’action traduit d’autre part une idéologie de l’action qui se caractérise par une croyance en l’efficacité affirmée de la pensée technique et rationnelle. Le calcul rationnel est en effet conçu du milieu du XIXème jusqu’à la fin des années 60 comme étant la seule forme valable et acceptable de raisonnement par les urbanistes (Healey, 1990). Les techniques, pratiques et principes de planification reposent essentiellement sur ce mode de pensée. La planification urbaine est principalement l’œuvre de techniciens et d’urbanistes travaillant sous la responsabilité directe d’autorités publiques. Elle s’appuie, dans sa phase analytique, essentiellement sur des méthodes de prévision classiques fondées elles même sur une extrapolation des tendances passées en matière d’évolutions démographiques et économiques. L’extrapolation de ces « trends » permet de déduire sur le long terme les besoins en matière de logements et d’équipements publics et de décider les investissements (exclusivement publics) à entreprendre. Les stratégies urbaines prennent la forme de plans graphiques et de documents de planification qui définissent de matière précise les droits d’occupation et d’organisation des sols à travers des documents tels que les schémas de structure et les plans d’occupation des sols. Comme le font remarquer Bouinot et Bermils (1995) les systèmes de planification traditionnels sont « surtout orientés vers l’aménagement du territoire et l’urbanisme à caractère fortement réglementaire ». Le principe du zonage 4 est l’exemple type d’une formalisation et d’une planification poussées à l’extrême. Il est aussi révélateur d’un urbanisme essentiellement opérationnel qui fige sur le très long terme (15 à 20 ans) le développement physique et matériel du territoire. 3 Le programme RECITE créé en 1992 par le Conseil des communes et Régions d’Europe avait pour objet la mise en place d’une méthodologie de formulation de plans stratégiques pour les villes moyennes. Il s’appuyait sur l’échange d’expérience et d’information au sein d’un réseau constitué de neufs villes européennes. 4 Ce principe de planification des sols, caractérisé par sa précision et sa rigidité, a introduit notamment sur le plan économique une monofonctionnalité des zones d’activités et une difficulté d’adaptation de ces dernières aux évolutions environnementales. Christophe FAVOREU Pour résumer, ces documents sont caractérisés par : ! un fort degré de formalisme qui tend à encadrer le développement urbain selon une voie unique difficilement modifiable, ! une logique prévisionnelle essentiellement quantitative et extrapolative, ! des plans d’action directifs et réglementaires définis unilatéralement bien que s’appliquant à l’ensemble des acteurs du territoires, ! une « focalisation sur la transformation physique de la ville », ! un processus d’élaboration centralisé à dominante technique voire technocratique. B. LA CRISE ECONOMIQUE ET LA MONTEE DE CONCURRENCE TERRITORIALE COMME FACTEURS D’ACCENTUATION DU CARACTERE STRATEGIQUE ET CONCURRENTIEL DE LA PLANIFICATION URBAINE L’obsolescence des techniques de planification s’est fait ressentir dès la fin des années 70 sous l’effet de profondes mutations technico-économiques et institutionnelles. Les effets étendus dans le temps de la crise économique se sont diffusés de manière homogène sur l’ensemble des territoires bien que certains d’entre eux, moins bien adaptés à l’évolution des systèmes de production, aient connu des phases de déclin accéléré ou de dévitalisation urbaine (Kotler et al., 1993). Les mutations économiques ont ainsi grandement accéléré la modification des géographies économiques et des réalités urbaines en renversant les hiérarchies territoriales traditionnellement dominées par les régions les plus industrialisées (Fellman et Morel, 1991). Le développement urbain est devenu de plus en plus complexe et incertain, rendant inopérant un traitement à l’identique et une gestion centralisée. Il ne s’agit plus de maîtriser spatialement les effets de la croissance mais au contraire de l’impulser et de la stimuler. Cette tâche est d’autant plus complexe que les réformes institutionnelles de décentralisation ont laissé aux collectivités locales l’exercice de cette lourde responsabilité sans pour autant leur donner en contrepartie les moyens financiers de l’exercer. La gestion urbaine se complexifie à son tour passant d’une simple responsabilité d’aménageur de l’espace physique et d’administrateur de la cité à celle de développeur et d’initiateur du changement local (par la conduite de projets socio-économiques) ; changement d’autant plus problématique que les dimensions du développement territorial sont multiples et interdépendantes et ne peuvent en conséquence faire l’objet d’un traitement ponctuel et cloisonné tel qu’il était pratiqué auparavant. Les politiques publiques locales doivent dès lors s’attaquer à des problèmes socio-économiques complexes, faire face à des phénomènes tels que la restructuration économique du territoire et la lutte contre la précarité sociale, ceci dans un contexte de limite à la hausse de la pression fiscale et de baisse des dotations budgétaires du pouvoir central. L’évolution des modes de planification et de gestion urbaines Mais plus fondamentalement, l’ensemble des mutations évoquées précédemment a généré une concurrence entre territoires principalement dans le domaine du développement économique et de l’implantation d’entreprises. L’évolution des systèmes productifs et des conditions concurrentielles caractérisée par la mondialisation de l’économie, l’arrivée de nouveaux concurrents, la montée en puissance des technologies de l’information et du tertiaire supérieur, la réduction du cycle de vie des avantages concurrentiels ont profondément modifié les facteurs de localisation des entreprises. Ces dernières ont eu tendance à privilégier des facteurs plus qualitatifs et plus immatériels qui ont trait aux fonctions ou qualités urbaines dont sont dotées les villes. Ces dernières peuvent être identifiées comme des facteurs clés de leur attractivité (Musso et Castagnino, 1995 ; Asher, 1991 ; Fellmann et Morel, 1991). La présence de ces facteurs – qui sont assez proches des économies d’agglomération – stimule l’environnement économique des entreprises, accroît d’une manière globale l’efficience du tissu productif et renforce leur compétitivité externe. Parmi ces facteurs, on pourra citer la qualité de la vie, l’accessibilité internationale, le service aux entreprises, la qualification du travail, le réseau d’équipement et de communication, l’existence de zones favorisant les synergies et les transferts d’expérience. Les stratégies de développement économique des villes sont ainsi devenues plus fines plus complexes mais aussi et surtout plus volontaristes 5. Cette évolution a plus fondamentalement ouvert la voie à des comportements de différenciation et de recherche de positionnement concurrentiels chez les villes. Elle a de plus largement orienté leurs stratégies de développement vers la poursuite d’objectifs à dominante économique ; ceci parfois avec excès 6. Cette exacerbation de la concurrence a fait naître des représentations qui se sont largement diffusées chez les responsables publics locaux et les professionnels de l’aménagement. Le développement économique et la création d’emploi devenant la préoccupation dominante des gestionnaires locaux, l’accroissement de l’attractivité de la ville vis-à-vis d’acteurs externes (investisseurs et entreprises) s’impose comme l’une des problématiques centrales des politiques urbaines. Les représentations dominantes chez certains décideurs publics telles que la ville-acteur, la ville-organisation ou bien encore la ville-entreprise ont imposé l’idée selon laquelle le développement du territoire peut être contrôlé de manière significative par les décisions et les projets que conduisent les acteurs locaux (institutions communales mais aussi 5 Les autorités politiques locales n’avaient en effet que peu de prise sur les facteurs de localisation traditionnels qu’étaient les coûts de transport et les coûts de main d’œuvre. 6 La politique urbaine thatchérienne, sous l’effet notamment des thèses libérales des économistes de l’offre au début des années 80, subordonnait fortement la planification urbaine aux besoins et aux exigences des acteurs économiques privés selon un principe de subsidiarité publicprivé très tranché. Sur le thème du « market lead city planning » cf. Ascher (1991) et Farnham et Horton (1993). Christophe FAVOREU représentants de la société civile). Ces images ou schémas mentaux justifient d’autre part une réorientation de la planification urbaine vers une logique plus concurrentielle et plus différenciatrice en matière d’investissements et de politiques publiques locales. Elles soulignent en outre l’importance pour le développement de la ville de son adaptation aux évolutions technicoéconomiques de son environnement externe ; ceci aussi bien à une échelle nationale, qu’européenne voire internationale. Le début des années 80 marque ainsi chez les décideurs publics locaux et notamment chez les maires l’instauration de logiques ou de rationalités développementalistes et entrepreneuriales 7. La ville est ainsi peu à peu perçue comme un système complexe en évolution permanente, poursuivant des cycles de croissance, de maturité et de déclin que les décideurs publics locaux tentent de contrôler. Une vision organique et biologique s’impose au détriment d’une conception traditionnelle du territoire appréhendé comme un stock de logements, d’équipements et de populations. Un récapitulatif de cette évolution est donné par le schéma n°1. Ainsi et dès la fin des années 70 la nature de la planification urbaine se modifie 8 profondément et évolue vers une démarche plus : ! Systémique : il s’agit de comprendre et d’agir sur les interdépendances existant entre les dimensions économique, sociale, politique et culturelle qui participent de manière concomitante au développement de la ville. ! Concurrentielle : les décisions en matière de développement et d’aménagement doivent non seulement prendre en compte les attentes et les exigences des acteurs externes susceptibles de se localiser sur le territoire mais aussi et surtout les stratégies entreprises par les territoires voisins. L’analyse concurrentielle a ainsi poussé les villes à réfléchir en termes de positionnement, d’attractivité différentielle et d’avantages comparatifs. 7 Ainsi que le rappelle Demeestere et Padioleau (1989), le premier type de rationalité (développementaliste) valorise le particularisme et les effets de localité. « Les villes-acteurs aspirent à choisir des développements singuliers et autonomes » (reconnaissance d'une dynamique endogène, ou d'une potentialité interne). Le deuxième type de rationalité (entrepreneuriale) valorise quant à lui l'opportunisme: « l'étude des atouts ou faiblesses, la sensibilité aux situations concurrentielles invitent à rechercher des occasions et à saisir des opportunités ». 8 Il est à noter que cette évolution avait déjà eu lieu une dizaine d’années auparavant en Angleterre sous l’effet combiné (1) des mouvements de décentralisation et de transfert des responsabilités de développement aux autorités locales (rôle accru et managérialisation de l’activité des planificateurs urbains locaux à travers les « Town and Country Acts » de 1968 et 1971), (2) des principes managériaux diffusés au sein des administrations publiques par le courant du « New Public Management » au début des années 80 (mise en avant des valeurs d’efficience organisationnelle, d’efficacité et d’orientation client). En 1990, la Town and County Planning Association prônait une évolution de la planification urbaine qui se devait d’être : « plus stratégique, visionnaire autant que pragmatique, prescriptive et pas seulement communicationnelle, avec des contraintes et pas seulement des recommandations, Top-down et Bottom-up, complète mais pas trop détaillée, revue périodiquement, à moyen et long terme etc ». Cité par F. Ascher (1991). L’évolution des modes de planification et de gestion urbaines ! Stratégique et sélective : face à la raréfaction des ressources une sélection doit être opérée parmi l’ensemble des projets d’aménagement et d’investissement public. Cette hiérarchisation ne peut se faire que si préalablement auront été fixés des critères de sélection en termes d’objectifs et d’options stratégiques. Contrairement à la planification urbaine traditionnelle, la nouvelle démarche se veut résolument tournée vers l’action et vers la mise en oeuvre de projets ou de programmes considérés comme prioritaires. Elle privilégie dans un contexte de restriction budgétaire une affectation plus rationnelle des ressources locales. ! Participative : afin d’éviter les excès d’un urbanisme à dominante réglementaire, concentré entre les mains d’un nombre restreint de planificateurs et d’urbanistes et pour pouvoir faire face de manière pragmatique à l’ampleur des enjeux urbains, le processus de planification s’est peu à peu ouvert aux communautés et groupes d’intérêts locaux. Leur participation effective dans le processus de décision ainsi que leur mobilisation et leur intégration tout au long du processus de planification sont aujourd’hui reconnus comme un facteur clé de réussite dans la conduite des projets de développement territoriaux. Schéma n°1 : les logiques de gestion et d’aménagement du territoire Logique de planification stratégique et concurrentielle Décentralisée, adaptation Centralisée : objectifs quantitatifs et standardisés. aux exigences de l’environnement Développement urbain concurrentiel contrôlé et dirigé. Nécessité de flexibilité et Orientations de réactivité. réglementaires de long Principe de la mixité des terme focalisées sur sols. l’aménagement physique du territoire. Principe du « zoning ». Structure hiérarchique, Structure participative horizontale et descendante verticale (ville, SEM, (Etat, collectivités locales) opérateurs privés). Mise en avant des partenariats locaux Logique de planification urbaine traditionnelle Procédure d'intervention Structure d’intervention Christophe FAVOREU Vision systémique et organique. Ville appréhendée par ses flux d'informations, ses flux financiers, et les flux d'échanges qui la caractérisent. Notion de ville-acteur ou organisation. Plan stratégique. Outils de gestion du Plan d'urbanisme. Intégration de l'incertitude territoire Gestion des stocks et des évolutions de fonciers. l'environnement. Processus réglementaire Orientations souples et d'allocation d’infrastructures publiques modifiables. Approche multi-sectorielle selon des procédures intégrée du développement standards. urbain. Liaison entre les enjeux économiques, sociaux, culturels, d'aménagement... Les années 80 sont ainsi marquées par un profond renouvellement de la logique et de l’esprit même de la démarche de planification et de gestion urbaine. Le recours à des techniques et concepts stratégiques issus du secteur privé obéit à un processus logique de sélection qui a poussé les villes à se tourner – à l’instar des entreprises (cf. Saias et Greffeuille, 1992) – vers les techniques managériales les plus adaptées aux nouvelles exigences et nouveaux défis de leur environnement. Cette constatation infirme en partie la thèse de l’effet de mode ou d’imitation dans le domaine de la gestion stratégique urbaine. Conception de la ville Vision matérielle et physique de la ville et de l'aménagement urbain. Notion de stocks. C. LES OUTILS ET CONCEPTS DE LA NOUVELLE PLANIFICATION URBAINE : LE TRANSFERT PUBLIC-PRIVE L’évolution de la planification urbaine vers la planification stratégique s’est opérée quasi exclusivement par emprunt aux modèles et concepts développés dans le privé. Il ne s’agit néanmoins pas d’un transfert à l’identique puisque nombre de démarches ont fait l’objet de modifications substantielles chez les auteurs partisans d’un management stratégique adaptatif (Bryson, 1988 ; Nutt et Backoff, 1992). Parmi l’ensemble des démarches stratégiques adoptées par L’évolution des modes de planification et de gestion urbaines les collectivités locales, les modèles de processus dominent très largement les modèles de contenu 9. Le premier modèle à inspirer la planification urbaine est celui de la Harvard Business School 10. Faisant son apparition au Etats-Unis au début des années 80, ce modèle se diffusera progressivement en Europe à la fin des années 80. Des villes telles que Lyon ou Barcelone seront ainsi des pionniers dans l’expérimentation de ce type de méthodologie de planification. Son succès s’explique en partie par sa très grande généralité et donc son universalité d’application. Aux Etats-Unis des villes telles que San Francisco, Dallas, Los Angeles ou New York et un certain nombre d’Etats dont l’Ohio, l’Oregon et le Nebraska se sont très largement inspirés de ce modèle dans la formulation de plans de développement économique (Luke et al., 1988 ; Metropolis, 1993). En France, l’on remarque actuellement que la majorité des projets de ville ou d’agglomération s’articulent dans leur construction selon la même logique que le modèle L.C.A.G. Cette méthodologie de réflexion stratégique constitue aujourd’hui indéniablement le principal, si ce n’est le seul, cadre de référence pour les démarches stratégiques des villes. D’un point de vue technique, on ne dénote que des différences marginales entre les modèles de planification stratégique spécifiquement développés pour le secteur public par des auteurs tels que Bryson et Roering (1988) ou Nutt et Backoff (1992) et le modèle général de référence des entreprises cité précédemment. S’organisant selon un même schéma cyclique et séquentiel, la démarche stratégique urbaine vise à partir d’un diagnostic interne et externe de la ville à formuler une stratégie globale et à sélectionner les moyens de sa réalisation. A l’instar des entreprises, les ambitions stratégiques de long terme sont censées être déclinées en programmes d’action, d’investissement et d’aménagement de court et moyen terme. Le paradigme central de la stratégie a lui aussi été repris. Ainsi l’objet principal des démarches stratégiques urbaines n’est plus seulement l’adaptation aux besoins des communautés et acteurs locaux mais aussi et surtout l’adéquation du territoire face aux évolutions de son environnement socio-économique externe. Autre innovation, la formulation au sein d’un même document d’une stratégie intégrée reliant les différents secteurs du développement urbain – l’économique, le social, le culturel, le transport, l’environnement – et articulant les différents niveaux géographiques de planification : le local, le municipal, le quartier. La recherche de cohérence et de globalité implique que chaque politique ou projet sectoriels soit relié à des 9 Ceci s’explique essentiellement par le fait que ces modèles sont beaucoup plus adaptables aux organisations publiques car moins marqués que les modèles de contenu par la logique concurrentielle et commerciale et par des concepts tels que la profitabilité ou la rentabilité. 10 Nous employons indistinctement les termes de modèle de la Harvard Business School et de modèle L.C.A.G lorsque nous faisons référence au cadre général de formulation stratégique élaboré par les professeurs de la Havard Business School : E. Learned, C. Christensen, K. Andrews et W. Guth au cours des années 60. Christophe FAVOREU objectifs plus généraux et à des ambitions de développement de type qualitatif. En dehors du cadre général de l’analyse stratégique, un certain nombre d’outils et de modèles plus spécifiques ont aussi fait l’objet d’une transposition. Sans entrer dans le détail on pourra citer la matrice des enjeux stratégiques de Ansoff, le modèle de management socio-politique de Freeman, les matrices analytiques multi-critères en termes d’atouts-attraits de type ADL ou Mc Kinsey ainsi que l’ensemble des concepts analytiques et des outils de la réflexion prospective. Il serait cependant erroné d’affirmer que le transfert privé-public en matière de gestion stratégique relève d’une simple transposition technique. Certaines adaptations du processus général ont eu lieu afin de tenir compte des spécificités des modes de décision en milieu public local. Il est à noter que dans ce domaine les villes ont fait preuve d’une remarquable capacité d’apprentissage, notamment dans la manière de gérer et de piloter une réflexion stratégique inévitablement collective et participative. Les années 80 marquent indéniablement l’essor et le développement des démarches stratégiques urbaines ainsi que l’idée d’une représentation externe du territoire à travers la promotion d’une stratégie collective de développement et d’une vision consensuelle du devenir de la ville. Au cours de années 90, l’engouement général suscité par le concept de gouvernance et par les nouvelles modalités d’élaboration et de mise en œuvre des politiques publiques que celuici implique illustre pour certains l’évolution désordonnée et précipitée d’un management urbain principalement soumis à des effets de mode et à une recherche incessante de nouveauté. Les développements qui suivent ont pour objet de démontrer la continuité et la logique d’évolution existant entre les démarches stratégiques et la gouvernance urbaine ; les premières contribuant à créer des comportements et des représentations qui débouchent naturellement vers ce mode de gestion locale. II. L’EVOLUTION VERS DE NOUVELLES MODALITES DE GESTION LOCALE : LA GOUVERNANCE URBAINE A. DEFINITION ET INTERETS D’UN SYSTEME DE GOUVERNANCE URBAINE Actuellement la gouvernance est considérée comme le stade d’évolution le plus avancé des modes de gestion et de pilotage du développement urbain. Plus qu’une pratique effective, généralisée et constatée, ce concept traduit le plus souvent un référentiel théorique vers lequel un nombre croissant de responsables locaux cherchent à se rapprocher. Les recherches dans ce domaine se situent encore pour la plupart à un niveau abstrait et théorique. Ainsi Le L’évolution des modes de planification et de gestion urbaines Gales et Vion (1998) soulignent que « si les tentatives de conceptualisation se sont multipliées récemment et donnent lieu à des débats théoriques, rares sont ceux qui se sont essayés à faire travailler ce concept sur le plan empirique - par exemple à partir de monographies ». Selon une majorité d’auteurs (Biarez, 1994 ; Lefèvre, 1998 ; Le Galès, 1996 ; Asher, 1998) la gouvernance urbaine ou territoriale représente des structures de gouvernement plus adaptées aux nouvelles contraintes et opportunités de développement auxquelles sont confrontées les villes (phénomène de concurrence, crise des finances locales et de la notion d’Etat-providence, montée en puissance des N.T.I.C. et du tertiaire supérieur, mondialisation des échanges et accélération de l’intégration européenne). La gouvernance se définit comme un système de gestion et de pilotage du développement local fondé sur des relations partenariales, coopératives et consensuelles s’instaurant entre une diversité d’acteurs locaux et orienté vers la réalisation d’objectifs et de stratégie collectifs. Ainsi que le souligne Lefèvre (1998) le terme de gouvernance désigne à la fois des systèmes d’acteurs plus complexes et diversifiés et de nouvelles modalités de l’action publique. La notion de gouvernance implique en troisième lieu un élargissement et une variabilité des territoires de gestion qui progressivement, et de manière croissante, tendent à ne plus recouvrir les territoires institutionnels classiques La territorialisation des problèmes d’aménagement et de développement urbain implique ainsi des échelles d’intervention variables et contingentes qui sont fonction « des modalités de définition des problèmes eux-mêmes, des paramètres retenus et des acteurs concernés ». (Lettre du Management Public, 1998). La légitimité d’un système de gouvernance se justifie à deux niveaux. D’une part, il correspond à des aspirations et des revendications grandissantes de la part des populations locales de participer de manière effective et directe à la définition et à la réalisation des politiques de développement local. D’autre part, la complexité des enjeux urbains et des moyens à mettre en œuvre nécessite la mobilisation de compétences, d’expertises et de ressources hétérogènes et multiples qu’aucun acteur, qu’il soit public ou privé, ne possède individuellement. Ce mode de gestion flexible et partenarial mise sur les effets de synergie et de complémentarité créés par la combinaison d’actions, de ressources et de compétences réparties entre les différentes composantes institutionnelles du territoire. Ainsi que le rappelle très justement Asher (1998) les contraintes actuelles nécessitent de: « faire évoluer les modalités de gouvernement, d’administration et d’expertise encore dominantes, vers de nouvelles modalités de prise de décision et d’action, plus partenariales, plus interactives, plus flexibles, plus négociées, qui maximisent et utilisent les potentialités réflexives des divers acteurs et sujets ». Deux impératifs président à l’instauration d’un système de gouvernance. D’une part il convient que les responsables des exécutifs publics acceptent de voir leurs responsabilités se modifier et passer de fonctions de décideur unique et d’organisateur central du développement urbain à celles d’initiateur et de Christophe FAVOREU catalyseur des initiatives et des interventions de la base socio-économique locale. Cette nouvelle conception de l’action publique, beaucoup moins interventionniste et dirigiste, implique un partage des pouvoirs ainsi qu’une volonté effective d’impliquer les acteurs locaux dans la définition et la gestion des politiques publiques. Le rôle des acteurs publics et des responsables politiques devient dès lors plus périphérique en stimulant la mobilisation et l’implication de la société civile et en créant les conditions favorables à la mise en place d’une action collective, organisée et concertée. Il s’agit d’un rôle extrêmement complexe et beaucoup plus élaboré que les formes d’intervention publique classiques fondées sur la réglementation, la programmation et la planification qui consiste à favoriser les initiatives et les actions individuelles tout en agrégeant et en orientant celles-ci vers la réalisation d’un projet de développement collectif. Ce nouveau mode de régulation collective qualifiée de régulation biréflexive est fondée sur la capacité réflexive des pouvoirs publics et sur celle des individus. Ainsi que l’affirme Asher (1998) ; « les premiers synthétisent les projets des seconds » et les intègrent au sein d’une stratégie globale. « Les seconds intègrent dans leurs comportements l’image collective produite par les premiers et modifient éventuellement leurs choix ». Cette nouvelle forme de régulation collective et sociale suppose une capacité à jouer à la fois sur les dynamiques individuelles et privées tout en assurant leur compatibilité et leur mise en cohérence dans une logique d’action collective. Le deuxième impératif a trait à l’insertion volontaire des acteurs locaux dans ces systèmes d’action collectifs qui doivent être prêts à engager leurs ressources propres dans la réalisation de projet de développement collectif. Cette implication volontaire et effective de la société civile suppose de la part des différentes composantes socio-économiques locales la perception d’une convergence entre la réalisation de leurs intérêts et de leurs objectifs personnels et le développement global de leur territoire d’appartenance. B. PROCESSUS D’IMPLANTATION D’UN SYSTEME DE GOUVERNANCE : LE ROLE DES DEMARCHES STRATEGIQUES URBAINES Si l’on considère la gouvernance comme un système de décision et d’action reposant sur une gestion complexe d’interactions multiples s’établissant entre des acteurs aux intérêts et aux logiques différents voire opposés, de nombreuses difficultés sous-tendent l’implantation de ce mode de gouvernement et d’administration locale. Ce dernier ne peut en effet être considéré comme la simple résultante d’une création institutionnelle qui supposerait implicitement que de la mise en place d’une structure formelle partenariale et pluraliste découlerait automatiquement des comportements de coopération, de collaboration et d’implication des acteurs locaux dans la mise en œuvre de projets collectifs. L’étude des conditions d’émergence et de L’évolution des modes de planification et de gestion urbaines développement d’un système de gouvernance démontre que ce dernier ne peut être le fruit que d’une évolution profonde des cultures politiques et administratives. Ce mode de gestion découle de processus d’apprentissage progressifs et de phénomènes d’échanges interactifs entre les différentes composantes locales qui modifient progressivement leurs manières de concevoir et de penser le développement local. Le temps d’apprentissage et d’expérimentation constitue une variable clé dans ce processus de construction sociale et institutionnelle. Si de nombreux auteurs prônent l’instauration d’un système de gouvernance et s’attachent ainsi à décrire un état final 11, très peu d’études analysent et identifient les cheminements et les processus permettant de déboucher sur ces nouveaux systèmes d’action. Les études de cas que nous avons menées démontrent que les démarches stratégiques urbaines peuvent contribuer de manière significative à l’instauration de ces processus d’apprentissage ainsi qu’à l’enclenchement d’une dynamique débouchant sur l’institutionnalisation des pratiques coopératives et partenariales. En ce sens elles constituent un outil de construction et d’implantation d’un système de gouvernance locale. Les démarches stratégiques représentent en conséquence une étape intermédiaire fondamentale permettant aux villes de passer de leur mode de gestion traditionnelle, décrit précédemment, à l’institutionnalisation de nouvelles modalités d’action et de prises de décision plus adaptées à leur environnement actuel. Les études de cas conduites dans un certain nombre de villes européennes permettent de mettre en exergue le rôle et l’influence des démarches stratégiques – de type projet de ville, projet d’agglomération ou plan stratégique urbain – dans l’implantation d’un système de gouvernance urbain. Les développements qui suivent s’appuient plus particulièrement sur le cas de la ville de Barcelone et sur les processus ayant conduit, au cours de ces dix dernières années, à la formulation et à la mise en œuvre de ses trois plans stratégiques. Afin d’évaluer la portée et les fonctions de ce type d’outil managérial, un recensement de l’ensemble des résultats des démarches de Barcelone a été conduit. Ce thème d’investigation a permis de mettre en évidence le rôle joué par ces exercices de réflexion stratégique sur la modification des attitudes, des représentations et des comportements des composantes institutionnelles locales. Il apparaît très clairement, à la lumière des entretiens menés, que les réalisations physiques et les investissements visibles ne sont pas considérés comme les résultats les plus importants de la démarche. Lorsqu’ils sont interrogés sur ce thème, les différents responsables locaux ne citent aucun 11 Nous faisons ici référence aux travaux de Le Galès qui s’articulent dans leur ensemble autour de la description et de la définition de typologies des différents modes de gouvernance urbaine. Christophe FAVOREU exemple de réalisations précises mais insistent au contraire sur l’influence du processus de réflexion stratégique sur la transformation des valeurs et des attitudes des principaux acteurs locaux. Les résultats qui sont ainsi le plus valorisés sont de type qualitatif et socioculturel et ont trait, d’une manière générale, à la modification des perceptions et des représentations des acteurs locaux à l’égard, d’une part, des autres acteurs qui composent la ville et, d’autre part, du milieu dans lequel ils vivent. 1. La diffusion d’une logique d’action et de développement collective et unitaire L’un des résultats le plus communément cité est la capacité de la démarche à réunir et à mettre en relation différents acteurs et institutions qui, dans la gestion quotidienne de leurs activités, s’affrontent ou s’ignorent. Le seul fait d’amener les acteurs les plus influents de la société locale à débattre des problèmes généraux de la ville, de ses objectifs et de son devenir est considéré comme « l’ouput » le plus fondamental de la démarche stratégique. Ces discussions collectives sur le devenir général de la ville permettent de développer des comportements et des attitudes beaucoup plus flexibles en ce qui concerne la poursuite d’intérêts particuliers et les grandes questions de développement. Les effets d’apprentissage résultant d’une réflexion stratégique collective facilitent chez les institutions et les organisations locales l’acquisition d’une perspective plus globale et de plus long terme des problèmes et des décisions auxquels elles sont confrontées. La démarche stratégique apparaît ainsi comme un moyen de développer pour chaque groupe ou acteur influent la prise en compte d’une logique de réflexion et d’action collectives. Le développement d’un sentiment d’unicité et d’appartenance territoriale est en grande partie associé à la nature stratégique et prospective du mode de raisonnement qui sous-tend ce type de démarches. Celles-ci, en favorisant une appréhension globale et systémique des problèmes urbains et en poussant les individus à élaborer de manière collective des scénarios de développement, participent à la création d’une communauté d’intérêts et de destin au sein du milieu local. Ainsi que l’ont affirmé un certain nombre de responsables locaux, les scénarios prospectifs s’avèrent particulièrement efficaces pour développer la prise en compte de l’intérêt collectif par les acteurs individuels. Il s’instaure progressivement chez les composantes locales l’idée selon laquelle leur futur respectif est en partie conditionné par le devenir du territoire auquel ils appartiennent et par les actions qu’ils entreprennent pour assurer son développement. Plus précisément, deux transformations majeures des valeurs et des attitudes peuvent être identifiées. D’une part les acteurs locaux réalisent les bénéfices personnels qu’ils peuvent retirer du développement et de la mise en valeur du milieu dans lequel ils évoluent. L’implication dans un projet de développement collectif devient alors à leurs yeux justifiée et bénéfique. L’évolution des modes de planification et de gestion urbaines D’autre part, sous réserve d’une certaine flexibilité, il apparaît que leurs objectifs respectifs ne sont pas inconciliables et qu’il existe un certain nombre de domaines d’intérêts communs. Cette modification des valeurs débouche sur la création d’un consensus et d’un accord social sur les grandes lignes d’action et sur les principales orientations du système-ville. Elle permet la construction progressive d’une culture unique et homogène de la ville qui se traduit par une vision commune des principaux problèmes urbains et des principales voies de développement à privilégier. Cette vision commune se concrétise sur le terrain par la mise en place d’actions partenariales dans les différents domaines du développement urbain. Le partenariat public-privé dans la conduite d’actions de développement local est sans conteste l’un des résultats les plus importants et les plus visibles des deux plans stratégiques. Ainsi que l’ont affirmé un certain nombre de responsables locaux, la dynamique générée par le plan, en plus des effets de synergie liés à la coopération, a permis de développer de manière parallèle et sur des thématiques précises des processus similaires. Il apparaît ainsi qu’un certain nombre de réalisations, de nature ponctuelle et non planifiée, sont issues indirectement des rapports et des relations d’échange qui se sont créés entre institutions locales au cours de l’élaboration du plan stratégique. L’exemple le plus représentatif concerne le partenariat public-privé dans la conduite de campagnes de promotion internationale de la ville. Leurs interventions se sont peu à peu écartées des simples actions de marketing pour porter progressivement sur la définition et la mise en œuvre de véritables stratégies dans les différents champs du développement économique local. 2. Le développement d’une culture stratégique et entrepreneuriale Un autre résultat de la démarche, qui est assez proche du précédent, est la diffusion d’une part d’une pensée ou d’une culture stratégique et, d’autre part, de comportements volontaristes et entrepreneuriaux. Cette culture stratégique se traduit par une capacité de vision globale et systémique des différents enjeux urbains. A cette culture sont associés un comportement d’anticipation des problèmes et une meilleure efficience collective dans l’exploitation des opportunités. En ce qui concerne le développement de comportements volontaristes et le phénomène de mobilisation, la démarche permet de démontrer que le développement de la ville n’est pas uniquement déterminé par des macro évolutions externes sur lesquelles les acteurs locaux n’ont aucune prise mais qu’il est en partie fonction des projets et des programmes d’action locaux. La restauration de la confiance et la création d’une dynamique endogène semble reposer en grande partie sur la nature incantatoire et propagandiste de la démarche. Une démarche stratégique porte en elle-même et véhicule l’idée selon laquelle le changement peut être piloté localement de manière proactive, volontaire, et contrôlée. Dans ce cas précis, la démarche agit Christophe FAVOREU à la fois comme un révélateur et un catalyseur des possibilités de développement et d’action endogènes. Le schéma n°2 résume l’ensemble des effets d’apprentissage et des transformations socioculturelles générés par les démarches stratégiques. Schéma n° 2 : les effets qualitatifs et socioculturels des démarches stratégiques PROCESSUS Mise en relation d'acteurs, processus de discussion et de concertation élargi EFFETS D'APPRENTISSAGE # Climat de confiance Flexibilité des Attitudes et des positions individuelles # Découverte d'intérêts communs # Mise en valeur des intérêts et des bénéfices pouvant être retirés du développement du système-ville RESULTATS " " # Elargissement des " perspectives individuelles " # Intégration des implications et des effets de long " générales terme des problèmes et des " choix stratégiques en matière " " de développement urbain INSTAURATION DE NOUVELLES VALEURS ET DE NOUVEAUX COMPORTEMENTS AU SEIN DU MILIEU LOCAL Culture de ville homogène et unifiée Consensus sur la nature des principaux enjeux urbains Vision stratégique commune Partenariat dans l'action Culture stratégique et organisationnelle Comportements proactifs Attitude d'anticpation Meilleure efficience collective dans l'exploitation des opportunités D’une manière plus générale, la démarche semble contribuer à instaurer une conception organisationnelle et systémique de la ville. Les acteurs locaux s’assimilent peu à peu à des composantes (ou sous-systèmes) d’un ensemble plus vaste doté d’objectifs généraux de développement qui lui sont propres. En tant que composantes, les acteurs locaux ont dès lors intérêt, pour favoriser leur propre développement, à s’impliquer dans la stratégie de croissance du système-ville auxquels ils appartiennent. L’évolution des modes de planification et de gestion urbaines Il apparaît très clairement, au vu des entretiens menés, que le processus est davantage valorisé que le résultat de ce processus à savoir le plan stratégique. Les fonctions de mobilisation, de création de consensus sur les grandes orientations et les grands projets urbains, de mise en relation d’acteurs, de discussion et de conciliation d’intérêts divergents sont très majoritairement mises en avant pour justifier l’intérêt et la portée de ce type d’outil managérial. La démarche a ainsi une valeur en elle-même en permettant de forger une culture de ville commune et homogène. Cette dernière se conçoit comme une vision collective des grands enjeux urbains et des principales orientations de développement à privilégier sur le long terme. Derrière cette vocation de mobilisation et de développement de consensus, apparaît l’objectif plus fondamental de créer un système de gouvernance urbain fonctionnant de manière continue. Ce mode d’action prend la forme d’un comité exécutif et d’un conseil général regroupant plus de 200 institutions et acteurs socio-économiques publics et privés. Sa pérennité et son extension (les responsables du plan souhaitent étendre ce système à l’échelle métropolitaine) reposent sur une culture de la concertation, des comportements coopératifs et sur un certain nombre de valeurs qui se sont forgées et consolidées tout au long des trois démarches stratégiques. Ces outputs intangibles, qui traduisent une modification profonde des représentations et des comportements locaux, sont indiscutablement les résultantes les plus importantes, aux yeux des responsables locaux, des différents exercices de gestion stratégique menés depuis 1988. Ainsi que nous avons pu l’observer, les trois démarches stratégiques de Barcelone ont été un instrument d’élaboration et de renforcement de cette nouvelle construction institutionnelle dont la forme la plus aboutie se traduit, dans certains domaines du développement urbain, par la mise en place d’entités multi-acteurs fonctionnant de manière autonome et décentralisée : les consortium. Il nous semble ainsi que l’exemple de Barcelone démontre qu’une démarche de type planification stratégique, en introduisant de nouveaux modes de production et de gestion des politiques de développement local, dispose d’une vocation et d’une influence qui dépassent largement, et d’une manière beaucoup plus fondamentale, les fonctions que lui prête traditionnellement la littérature. La gouvernance ne peut être considérée comme un état final figé, comme un stade se traduisant par l’institutionnalisation de modalités d’action et de régulation irréversibles. Il s’agit au contraire d’un processus en perpétuelle construction-recomposition qui nécessite pour se prolonger et se renforcer une gestion continue et soutenue des interactions sociales et des relations coopératives qui s’établissent entre les différents acteurs locaux. L’action des autorités publiques, même si elle n’est plus aussi dirigiste et interventionniste qu’auparavant, reste fondamentale en assurant la mobilisation et le maintien des liens et des relations partenariales entre les principales composantes socioéconomiques du territoire. Christophe FAVOREU CONCLUSION Nos recherches sur Barcelone démontrent que le passage à un mode de gouvernance ne constitue pas une rupture par rapport aux démarches de type plan stratégique ou projet de ville mais au contraire une continuité d’évolution et d’expérimentation dans la recherche de modes de gestion locale plus complexes et plus évolués. Certaines villes ont démontré depuis quelques années une remarquable capacité d’évolution et d’adaptation de leur mode de gestion aux évolutions environnementales. Ainsi et à un environnement de plus en plus complexe, concurrentiel et donc incertain répondent des processus de prise de décision et d’action de plus en plus souples, flexibles et participatifs qui s’appuient sur la mise en commun des potentialités et des initiatives endogènes et sur la combinaison de stratégies émergentes et planifiées (Cf. Schéma n°3). Schéma n°3 : l’évolution des modes de planification et de gestion urbaines Phénomène de concurrence entre villes Processus de décentralisation Crise des finances locales Gestion physique et administrative de la ville Planification de long terme de type prévisionnel, centralisé et réglementaire Mode d'action de type réactif et adapatif Accroissement de la concurrence Phénomène de mondialisation de l'économie Changements technologiques Gestion stratégique de la ville autour d'un projet global de développement Planification stratégique décentralisée fondée sur l'exploitation des avantages concurrentiels et des potentialités endogènes Mode d'action de type proactif et volontariste Fin des années 70 Gouvernance locale Institutionalisation des relations partenariales et coopératives entre acteurs locaux dans la définition et la mise en oeuvre de politiques de développement local début des années 90 Les études de cas que nous avons menées démontrent que les démarches stratégiques constituent une étape clé dans ce processus de modernisation de l’action publique en permettant notamment d’agréger et de coordonner des stratégies et des intérêts individuels. Plus précisément, les réflexions stratégiques sont à l’origine du développement d’une certain nombre de compétences ou de capacités territoriales 12 qui vont conditionner la mise en place et l’efficacité des politiques de développement et des programmes d’action 12 Comportements entrepreneuriaux, vision collective des grands enjeux urbains, logique d’action partenariale, culture du consensus. L’évolution des modes de planification et de gestion urbaines mis en œuvre. Ces compétences 13 peuvent être définies comme des aptitudes, des savoir-faire individuels et collectifs qui caractérisent certains milieux locaux et qui vont servir de support aux efforts de redéploiement et aux actions de revitalisation urbaines. Elles représentent des conditions fondamentales et indispensables à la mise en place et au fonctionnement d’un système d’action collectif réunissant une diversité d’acteurs locaux vers la réalisation de politiques urbaines organisées et cohérentes. L’ensemble des avantages évoqués précédemment ne doit pas masquer les difficultés et les blocages suscités par ces nouveaux modes de gestion territoriale. Ceux-ci ont trait notamment aux conflits de compétences et de pouvoir qui tendent à se faire jour entre cette nouvelle structure de gestion et les structures administratives déjà existantes dont les fonctions s’exercent au niveau métropolitain ou régional. Il convient de citer d’autre part les réticences des villes périphériques à s’engager dans des structures et des projets contrôlés par les villes centrales. A la crainte d’une perte d’autonomie en matière d’aménagement et de développement local s’ajoute les risques d’un détournement du système au seul profit des villes économiquement et démographiquement dominantes. Enfin un certain nombre d’interrogations se portent sur les dangers potentiels que représente une instance de gouvernement territorial composée d’acteurs ne bénéficiant d’aucune légitimité démocratique ou politique en matière de gestion urbaine et d’aménagement du territoire. Le risque est là aussi grand de voir certaines composantes non publiques exercer une position hégémonique allant à l’encontre de l’intérêt collectif local. Malgré ces limites la gouvernance est majoritairement considérée, aussi bien de la part des chercheurs que de la part des praticiens, comme un référentiel vers lequel doivent tendre les villes. ❖ BIBLIOGRAPHIE ANSOFF H.I., 1980, « Strategic Issue Management », Strategic Management Journal, Vol 1, April-June. ANSOFF H.I., 1984, Implanting strategic management, Englewood Cliffs, NJ, Prentice Hall. 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