6 - accueil cyclandes

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6 - accueil cyclandes
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Anecdote cinquième
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Toute ressemblance avec un gentil fou, qui aurait pu
exister, est vraiment improbable, à moins que ?
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La photo de couverture du fascicule, n’a aucun rapport
avec l’anecdote.
Elle n’est que l’image du temps de mes SIXTIES
Richard
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Anecdote cinquième
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Commencé le vendredi 28 juin 2002 à Ezanville
Un flocon de neige dans un soleil.
Dans son cœur vivait tout un monde, le sien.
Comme le voyageur qui regarde par la vitre du
train le fuyant paysage sans le voir,
il errait
dans son existence sans savoir pourquoi. Parfois,
fantôme
vivant,
il
revenait
sur
terre,
contemplateur, parmi nous et dans ses délires il
nous menait là où rien n’existe où tout se crée.
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Grand rêveur, l’oiseau planait haut de ses ailes
de lumière dans le noir du monde qu’il peignait
de bleu. Si l’on croyait qu’il était parmi nous,
nous nous trompions, il était ailleurs, d’un mot
on
le
réveillait
et
son
sourire
de
tristesse
s’affinait sur ses lèvres.
Il écrivait souvent dans son cœur les mots qui le
faisaient survivre et quand il posait ces mots
écorchés sur un cahier d’écolier, c’était pour
devenir ce personnage imaginaire marchant sur les
nuages,
ramant
sur
les
mers
de
son
ciel,
côtoyant les anges, dansant avec une fée. Un
rêveur, un poète, un être, un ado, un enfant il
savait par avance, qu’il n’était que de passage,
dans un monde qui ne sera jamais le sien.
Un jour de décembre, comme un conte de Noël,
Sylvain crut rêver mais il ne rêvait pas. Cette
émotion lui seul peu l’évoquer, Pour qu’elle
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demeure en vous d’un vrai sentiment, je lui ai
demandé de vous la raconter.
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Le 115, oui le bus, l’autobus quoi, vous savez cet engin qui
transporte la viande du labeur chaque matin sur les lieux de
travail et qui la reprend le soir un peu défraîchie, eh bien ! ce
matin-là il avait grande peine à avancer, la neige tombée de
la nuit plus celle qui tournoyait ce matin, avait mis une sacrée
pagaille dans la circulation. Je me suis même demandé un
moment si ce monstre de ferraille allait pouvoir franchir la
côte qui nous emmenait vers Romainville. A force de patinage
et de glissade j’ai cru un moment qu’on allait être forcé de
descendre pour le pousser. Je regardais le spectacle défiler à
travers la vitre embuée, j’adorais ces jours d’avant Noël où le
monde rêvait de calme et de paix, aujourd’hui, la neige en
plus cela était féerique. Les gens marchaient avec précaution
sur les trottoirs au manteau blanc, chaque pas était
précieusement calculé, guidé par une tête penchée où les
yeux dans l’inquiétude fixaient le sol sans s’en distraire. Les
bras, les mains, eux étaient là pour rétablir un équilibre
précaire. La nuit n’avait pas fini son sommeil et son ciel
noirâtre se tachetait de millions de flocons voltigeant. Ici sur
la terre, dans les faubourgs des Lilas, les lumières des rues,
la beauté de la blancheur venue du ciel, les vitrines illuminées
montraient leurs joyaux décorés pour le scintillement des
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yeux, tout brillait comme un sou neuf on aurait dit un décor
de théâtre comme un cadeau enveloppé dans du papier glacé
de givre et ornée de rubans argentés. Pour un peu je croyais
au père Noël.
Dans l’engin transporteur de corps humains, les regards qui
souvent étaient endormis aujourd’hui semblaient hébétés.
Ces visages fatigués, à peine sortir de leur rêve ou plutôt de
leur cauchemar étaient traversés par des ombres d’enfance
dans des pensées d’autrefois. Leur corps engoncé dans des
vêtements épais était figé par le froid sur les banquettes,
dans un silence qui laissait la place libre aux vacarmes
poussifs du moteur et craillement de la boîte de vitesse qui
s’esquintait les dents, ces êtres étaient tout comme moi dans
l’errance d’un jour ; pas comme les autres.
J’aurai voulu crier ma joie, quand j’écris crier, je pense plutôt
à gueuler. Mais je restais muet dans ce troupeau d’ouvriers, à
cette heure très peu d’employés de bureau, oui je faisais parti
de ces cols bleus. Cette masse prolétarienne, soi-disant
laborieuse, qui allait être avalé par les portes ouvertes des
petits ateliers noirs, par les grilles béantes des grandes usines
froides, comme de la chair à produire.
C’était mon premier stage d’apprentissage en alternance avec
l’école, j’avais l’impression que cela faisait déjà des années
que je faisais ce trajet alors que j’arrivais seulement à la fin
de ma troisième semaine de pré-galères. L’embauche, pour
moi comme pour beaucoup d’autres, était à 7 heures devant
la machine graisseuse et le regard pesant du chef d’atelier
qui, les mains dans son dos, comptait ses moutons. Moi aussi
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je tremblais du froid qui s’engouffrait par la plate-forme
jusqu’au fond du bus ; assis comme tout le monde sur la
banquette en bois, à cette heure la place ne manquait pas, je
me sentais encore loin, encore pour un temps de l’ogre noir
bruyant. Je regardais le rêve que m’offrait la nature, tant de
beauté me faisait peur. Car les jours qui s’appelaient
« habitude » reviendraient sans plus attendre.
Alors l’angoisse baissait mes yeux, ils se posèrent sur mon
sac aux grandes anses placé entre mes jambes écartées, je
voyais mes mains reposant dessus, je les voyais affligées de
fines plaies que la tôle coupante avait laissé la veille, je
voyais cette crasse incrustée dans les pores de ma peau que
nulle brosse ne pouvait ôter, je les voyais ces crevasses que
l’humidité et le froid avaient ciselées. J’avais cette crainte qui
me faisait compter les années et comme Yves le disait, ils
nous restaient à turbiner 48 ans pour espérer avoir la retraite.
Pensant que ma vie serait toujours ainsi, comme mon père,
comme mes oncles et tous ces gens de cette époque qui ne
changeaient jamais ou rarement d’entreprise et qui ne
devenaient que des automates vieillissants.
Cette vie qui nous aguiche parfois de sa beauté et nous fait
vivre dans la poussière, cette vie qui n’est qu’un miroir de
féerie glacée, cela serait-il pour nous faire rêver devant la
carotte de l’espérance ou nous faire comprendre que ces
étoiles d’espoir ne sont que des lumières que nous allumons
nous-mêmes à force de volonté.
Mais l’enfant, l’adolescent que je suis, n’avait ce jour-là, dans
la tête que l’oisiveté qui ne voulait pas attendre, il me fallait
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vivre vite et fort à tout prix. Je ramenais mes yeux vers ces
quelques flocons qui naviguaient, errant dans l’espace fragile
de l’univers et semblaient comme moi chercher leur route
pour se fondre dans ce monde.
Je me levais à l’approche de ma station de destination,
remontant l’allée intérieure du bus vers la plate-forme,
j’entendais le cliquetis de ma gamelle qui se baladait dans le
fond de mon sac parmi mes couverts, ma serviette et un
morceau de pain, le sac était trop grand pour si peu
d’occupant d’où ce bruit de percussion qui faisait se poser les
regards sur moi à mon passage. Sur la plate forme à part le
contrôleur, il n’y avait personne vu le froid. Le bus
ralentissait, je connaissais malheureusement bien l’endroit et
à mon repère, comme d’habitude j’ôtais la chaîne de
protection me mettant dans le sens de la marche et sautant
juste avant l’arrêt final de l’engin je gardais mon équilibre en
quelques foulées rapides tout cela devant les yeux du
contrôleur, celui-là où un autre, d’un air goguenard me
laissait faire chaque matin. A quoi cela servait de rattraper le
temps perdu pour pointer à l’heure, non pour la frime,
simplement, c’était le top du mec cool, l’aventurier du bout de
la rue que l’on regarde, car on sait qu’il va un jour se casser
la margoulette pour rester poli, et ce jour-là était le jour.
L’habitude m’avait fait oublier la neige, à peine le pied
parterre celui-ci glissa, m’entraînant dans une voltige à faire
pâlir un équilibriste avec un rétablissement non
conventionnel. J’étais, pendant peu de temps, entre le ciel et
la terre, le bout d’un pied effleurant parfois le sol l’autre
cherchant un appui fuyant, les bras se balançant dans des
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arrondis elliptiquement indéfinissables, mon pardoc s’étant
ouvert comme des ailes d’un corbeau qui voulait fuir
l’épouvantail qui se débattait. Mon sac s’était échappé de ma
main et volait au-dessus de moi, le corps partait de l’avant
puis de l’arrière et le tout quitta la terre pendant une seconde
pour retomber à la renverse sur son cul dans la mélasse
neigeuse. Le sac en touchant le sol s’était ouvert, gamelle
aussi, saucisse, purée, fourchette, couteau, serviette et pain
étaient éparpillés de-ci delà, un véritable inventaire de la
bouffe d’un prolo. Ma tête avait légèrement touché le pavé et
j’étais sonné. Les étoiles se mêlaient aux lumières des
lampadaires tout ça naviguait dans un brouillard
d’inconscience quand j’entendis un rire peu délicat s’abattre
sur moi. Ouvrant un œil en cherchant l’être infâme qui
pouvait rire de ma mésaventure, et quand j’ouvris le
deuxième œil je compris que c’était un mélange de rires, puis
ils étaient plusieurs, un homme aux gros sourcils oscillants
avait ce rire sarcastique, une vieille dame édentée avait ce
rire joyeux d’une sorcière et là dans mes étoiles brumeuses
un visage d’ange pouffait de rire, sa main devant la bouche
voulant retenir l’indélicatesse de sa réaction. Je me redressais
avec peine dans une instabilité permanente, elle vint vers
moi, me tendit la main en ce pinçant les lèvres pour garder
en elle la drôlerie de mon exploit.
« Je m’excuse, mais ça été plus fort que moi, vous vous êtes
fait mal ? »
Que voulez-vous répondre dans ces moments où le ridicule
étouffe la douleur, j’avais pris sa fine main froide pour me
relever définitivement et pendant que je me brossais :
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« Non, non ça va ! »
L’homme et la vieille dame continuèrent leur chemin parmi
d’autres travailleurs du matin qui jetaient leur regard en
passant sur moi et sur l’étalage de ma mangeaille gisant dans
une bouillasse grisaille. Le bus s’était arrêté plus loin à l’arrêt
officiel et j’entendais le contrôleur qui riait encore. Je lui jetais
un regard et l’inconnue me dit :
« Ho ! Il ne faut pas lui en vouloir s’était trop marrant. Vous
faîtes ça souvent ? »
Je la dévisageais d’un regard de douce colère :
« Oui, bien sûr tous les matins je m’entraîne pour
Médrano* »
J’étais trempé de la tête aux pieds et tout péteux j’allais
ramassant le sac, la gamelle, la fourchette et la serviette
laissant saucisse, pain et purée aux oiseaux, elle me tendit le
couteau :
« Attention de ne pas vous couper maintenant ! »
« Merci du conseil »
J’avais baissé les yeux. Pendant que je remettais la
quincaillerie dans le sac, me voyant un peu à la dérive, elle
me dit :
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« Si vous voulez, vous nettoyer un peu, vous pouvez venir à
la boutique ! »
Elle me désignait un magasin qui était presque en face de
nous, le rideau de fer était baissé. J’avais les bras qui
pendaient le long du corps, le sac au bout des doigts, une
bosse derrière la tête, les cheveux se voulaient certainement
hirsutes, le pantalon déchiré, à la hauteur de la cuisse gauche
et sûrement un bleu ou une légère plaie dessous, je sentais
que ça me chauffait la couenne, le pardessus lui dégoulinait,
mes mains étaient sales et la figure garnie d’éclaboussures.
La honte glissait sa couleur rouge sur mon visage.
Elle, elle dégageait une beauté qui avait pénétré mon âme, la
bouche bée, je parcourais ce visage souligné d’un sourire
malin aux lèvres fines, les yeux lumineux aux cils longs et
recourbés légèrement maquillés, les cheveux châtains aux
reflets blonds, longs et souples reposant sur ses épaules, une
mèche balayait le haut de son front quand elle penchait la
tête. Elle attendait ma réponse. De son imperméable blanccassé ouvert à l’encolure apparaissait un pull à col roulé
couleur grenat, aux mailles fines. Elle était la belle et moi le
laid. La foudre était tombée sur moi, sûrement en même
temps que ma chute, mais pas sur elle, enfin elle hocha la
tête agitant ses longs cheveux :
« Alors on se décide ! »
Je portais ma main libre à ma tête comme pour me gratter :
« Heu ! Pardon, hé ben, oui ! Pourquoi pas ! »
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« Restez-là, je vais ouvrir le magasin »
Elle disparue par une porte qui donnait dans un sombre
couloir. Je redressais la tête et pouvais lire sur le fronton de
la boutique, ce qui était écrit blanc sur un fond vert
émeraude :
« A FLEURS DE POT »
Je vis la lumière apparaître par les fentes du rideau de fer, qui
peu à peu se levait en découvrant ainsi un parterre de fleurs
et de plantes qui prenaient de la hauteur sur des présentoirs,
les couleurs étaient joyeuses, c’était le printemps en hiver,
des guirlandes par-ci par-là, dans un des côtés un père Noël
faisait du ski sur un tapis de coton blanc ce décor brillait en
mes yeux. Elle m’ouvrit la porte :
« Entrez ! »
Je fus accueilli par un parfum de fraîcheur :
« Venez par-là ! »
Je la suivis jusqu'à l’arrière boutique, là sur une grande table,
sécateur, asparagus, papier glacé, rouleau de feuilles
argentées attendaient des mains expertes pour créer la
beauté des fleurs. Par terre alignée, s’étalaient azalées et
cyclamens dans des pots encore terreux. Elle m’ouvrit un
robinet situé au-dessus d’un évier en céramique blanc, puis
elle posa un torchon tout propre sur le dos d’une chaise près
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de moi et pendant que je nettoyais mains, figure, sac, elle
enleva son imper. Je la regardais du coin de l’œil, celui qui
était timide, elle était jolie sa taille fine faisait ressortir une
petite poitrine, ses jambes longues finissaient dans des
chaussures à petits talons. Mes pensées voguaient, je la
désirais comme on désire une douceur, comme on aime le
parfum d’une fleur qui, inaccessible, vous pénètre dans votre
corps. Je me retournais :
« Bon voilà ! »
Je cherchais quelques mots pour rester un moment encore :
« Vous êtes seule ? »
« Ho ! Pas pour longtemps! Non le patron est aux halles aux
fleurs et la patronne va arriver et moi j’ai tous ces pots à
préparer, vous voyez j’ai du travail, c’est toujours comme ça
pour les fêtes de fin d’année »
« Tu peux me tutoyer, moi c’est Sylvain et toi »
« Moi c’est Lise »
« Il ne me reste plus qu’à te remercier Lise »
« Ho ! C’est rien »
Elle me raccompagna à la porte, elle me tendit la main.
J’avais le cœur qui battait. Je lui fis un sourire :
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« Encore merci et puis peut-être à un autre jour »
Quand la porte de la boutique se referma, j’avais l’impression
d’avoir oublier mon cœur à l’intérieur. A travers la vitrine je lui
fis un signe d’au revoir avec l’air d’un gamin qui se pince les
lèvres, gardant en lui, ces mots qu’il n’osait lui offrir. Elle me
rendit mon signe avec le plus éblouissant des sourires, enfin
c’est comme ça qu’il reste en ma mémoire.
Je marchais, tête baissée, dans les pas des passants, qui
n’avaient laissé en ces lieux que leurs empreintes dans la
neige. Ce matin d’avant Noël devenait d’un seul coup lugubre
pour moi. Il faisait froid, mais à vrai dire, j’avais froid à l’âme,
je serrais contre mon cou le col de mon pardessus, se
balançait au bout de mon bras mon inséparable sac qui jouait
la musique du cliquetis de la gamelle vide. Je me voyais
honteux dans mes guenilles encore tout humides, je me
sentais un moins que rien, mon avenir grisaille me disait :
« Tu ne peux atteindre les étoiles, regarde-les seulement et
rampe sur la terre comme un ver gluant »
Oui je crois que je m’enterrai bien plus profond que l’on
enterre un mort. Moi qui ne vivais que dans les rêves des
voyages, des au-delà prestigieux, moi qui voulais toucher le
bout du monde et ne savais même pas, que le bout du
monde, était juste derrière. Dans ces rêves je me comportais
comme un papillon de nuit cherchant sa lumière pour y brûler
sa vie passée. Aujourd’hui le papillon prenait la douche froide,
un rêve fragile semblait à la moitié d’une vérité, il me suffisait
de pénétrer son cœur. Là ! Cela redevenait un rêve je
caressais ce visage d’ange d’un songe qui me murmurait,
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enfin le songe, c’était moi :
« Aime-la ! Car tu en as le droit. Aime-la ! Car ce qui court en
ton cœur c’est l’amour ! Aime-la ! Si douce soit ta douleur il
te faut vivre avec et sans perdre l’espoir. Aime-la ! Elle
t’aimera un jour ! »
Je m’arrêtais un court instant pour me poser cette question :
« Elle m’aimera un jour ? »
Puis, je repris ma marche en me faisant la réponse :
« Tes songes virent à la connerie mon p’tit pote, tu l’as vu à
peine quinze, vingt minutes et tu crois qu’elle aura un
penchant un jour pour toi ? Débile mon gars, débile ! »
Dehors le temps était glacial. La porte de l’atelier était en fer
et à l’intérieur pour moi c’était l’enfer.