Théâtre Saint-Denis : TGP : 100 ans de création

Théâtre Saint-Denis : TGP : 100 ans de
création en banlieue
GENCOD : 9791030700565
PASSAGE CHOISI
C'EST VENT DEBOUT QU'ON AVANCE
Voilà plus d'un demi-siècle et le pouce que le Théâtre Gérard Philipe se dresse, tel un phare,
au coeur de la cité de Saint-Denis, laquelle est tout à la fois puissamment historique et
populaire au grand sens du mot.
Il était temps qu'un beau livre soit consacré à l'odyssée que cela représente, engendrée par
une volonté politique ferme et le désir d'artistes de la scène pressés d'agir là, au sein même
de contradictions socio-culturelles qu'il fallut, dès le début, s'interdire de déclarer
insurmontables.
L'ouvrage de Michel Migette arrive donc à point nommé pour retracer dans le détail les
métamorphoses significatives, survenues au fil des ans, d'une entreprise à vocation de
service public, issue d'un vaste mouvement d'émancipation voulue dans l'élan du
programme du Conseil national de la Résistance. Jean Vilar n'en fut-il pas, dans le domaine
de l'art dramatique, le pionnier valeureux ?
Ce n'est donc pas hasard si le nom de Gérard Philipe, jeune premier bondissant et
mélancolique comme on n'en fait plus, est inscrit désormais au fronton de l'édifice néo
classique - inauguré en 1902, érigé d'après les plans d'Albert Richter - alors pensé comme
une salle des fêtes flanquée d'un gymnase et d'un local pour les pompiers.
On lira avec un intérêt soutenu tout ce qui a trait à la préhistoire, en somme, des spectacles
et divertissements à Saint-Denis, depuis les baladins du Moyen-Âge jusqu'au cabaret, à
l'opérette, aux concerts, voire à la boxe. N'est-ce pas qu'en 1914, à quelques jours de la
déclaration de guerre où Richter le bâtisseur laissera sa peau, on affiche Snob «le boxeur
comique» et des épisodes de Fantômas, feuilleton cinématographique de Louis Feuillade, tiré
des fascicules écrits à la hâte par Pierre Souvestre et Marcel Allain dont l'univers de mystère
enchantait les surréalistes, Paul Éluard en tête, au demeurant natif de Saint-Denis ?
C'est à partir d'archives, de documents et de témoignages dûment recueillis à la source que
Michel Migette et Etienne Labrunie se font ici historiographes de l'activité théâtrale à
Saint-Denis. Travail sérieux, informé, précis, mené avec le meilleur souci de clarté, sans
cesse lié à la volonté de vérité sans quoi toute tentative de ce genre serait de peu de prix.
C'est ainsi qu'il n'est pas indifférent d'apprendre que la première salle de théâtre proprement
dit dans l'agglomération fut à l'origine implantée dans une église, celle de la paroisse des
Trois Patrons, vendue comme bien national - le 22 Germinal de l'an II, soit le 11 avril 17 - au
citoyen Broisse. Bien plus tard, en 1895, seront créés les «Théâtres du Peuple», dans le
dessein de rendre accessible le théâtre au monde ouvrier. Signe des temps, un quart de
siècle après la Commune noyée dans le sang, des aspirations renaissantes du socialisme et
du syndicalisme. J'avoue avoir découvert la plupart des faits relatés dans cette partie
introductive, qui rend compte finalement de prémices dont a hérité à Saint-Denis, avec des
hauts et des bas, c'est la vie, l'aventure théâtrale jumelée à l'enjeu politique.
(...)
REVUE DE PRESSE
L'Humanité du 13 octobre 2016
Un bel ouvrage revient sur l'histoire mouvementée, joyeuse et dynamique d'un théâtre en
banlieue, toujours debout, toujours vivant...
Au fil des pages de l'ouvrage de Michel Migette, Théâtre Saint-Denis, TGP  : 100 ans
de création en banlieue, extrêmement documenté et fort d'une iconographie d'une très
grande richesse, on est frappé par les liens qui unissent la ville, ses édiles, ses habitants et le
théâtre. Dès les débuts. Les questions économiques sous-tendent les questions esthétiques,
éthiques...
Le TGP serait-il ce qu'il est devenu sans l'investissement d'hommes et de femmes militants
du théâtre  ? Non. Et le livre de Michel Migette leur rend hommage. Ils se sont investis
dans le théâtre, leur théâtre, distribuant et collant des affichettes dans les halls d'immeubles,
allant draguer le spectateur dans les cafés, les squares, à la sortie des écoles, des comités
d'entreprise. Ils ont été la cheville «oeuvrière» du TGP, mais aussi de la Commune, du T des
Quartiers d'Ivry, de la MC93... bref, de ces lieux où la pensée circule, où il est fait appel à
l'intelligence du spectateur pour penser un monde meilleur. Hier et aujourd'hui plus que
jamais.
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