Mystère à Fleury - Fleury-sur-Orne

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Mystère à Fleury - Fleury-sur-Orne
Mystère à Fleury s/ Orne.
-1- Junior, sors les mains de tes poches, s'il te plait! Plus tu nous auras aidé, plus vite ce sera terminé et tu seras
libéré!
Comment en suis-je arrivé là ? Me demandais-je en prenant un carton que me présentait un déménageur
goguenard.
Moi, c'est Junior, treize ans, parisien de pure souche, déraciné à mon béton natal par la volonté irascible de
mes parents pour atterrir à … Où déjà? Ah oui à « Fleury Sur Orne »!
Ma mère, agent immobilier, s'est prise de passion pour les moutons après un séminaire au Mont Saint Michel
où elle a découvert les moutons de Pré-Salé. Je cherche toujours la relation! Mon père change de boite
d'informatique à peu près tout les ans et trouve toujours du travail, n'a imposé qu'une seule condition: rester
proche d'une grande agglomération car ce n'est certainement pas dans la campagne qu'on a le plus besoin
d'informaticiens. Ai-je eu mon mot à dire? Bien sûr que non! Ils m'ont annoncé la «bonne nouvelle » le jour
même où les cartons ont fait leurs apparitions dans notre appartement. Et tout alla très vite!
- Tu verras, ta chambre sera plus grande.
- Tu verras, tu pourras faire du vélo sans risque.
- Tu verras, on respire mieux qu'à Paris.
- Tu verras, tu te feras rapidement des copains.
- Tu verras... tu verras... tu verras...
Tout ce que je vois pour l'instant en cette journée de fin juillet, c'est une maison en pierre jaune à deux étages
et un vaste champ derrière, sans doute là où vont paître les futurs moutons. Au bout du champ, j 'aperçus des
familles en vélo sur ce que supposais être une voie verte. Une remise au toit effondré longeait les reliefs d'un
jardin . Les pigeons parisiens remplacés par des mouettes criardes.
J'en étais à mes réflexions quand une voix retentit derrière moi:
- Salut, c'est toi qui viens habiter chez Tatie Marie?
La voix appartenait à une fille habillée en salopette de jean et en baskets trouées qui furent blanches dans un
autre temps. Ses yeux vert étaient à demi cachés par des cheveux bruns/auburns qui semblaient avoir leurs
vies propres et ennemis jurés des peignes et brosses. Un vélo tout-terrain couvert de boue complétait le tableau.
- Quoi? Dis-je ahuri.
- C'est toi qui vient habiter chez Tatie Marie, répétât-elle en désignant la maison d'où rentraient et sortaient
mes parents et les déménageurs. Tu vas au collège Marcel Pagnol?
- Ha heu...oui c'est un nom comme ça! Tatie Marie? C'est l'ancienne proprio?
- Oui, c'était une nourrice et elle en a vu passer des enfants! Mes parents sont allés chez elle et même beaucoup
de fesses de fleurysiens ont été torchées par Tata Marie. C'était presque un deuil national quand elle est morte!
- Bonjour, intervient ma mère un large sourire aux lèvres, pas son sourire d'agent immobilier. Un vrai sourire
comme je ne l'avais vu que très rarement. Je suis Jeanne et voici Paul, les parents de Junior. Et oui...nous avons
acheté cette maison!
- Et vous vous lancez dans l'élevage de moutons, n'est ce pas? Reprit la jeune fille.
- Je vois que les nouvelles vont vite! Junior n'est pas très content de venir ici mais je suis sûre qu'il va très vite
s'y faire!
- Je m'appelle Anga, t'as un vélo? Tu veux que je te montres Fleury? Me demanda t-elle.
- Oui c'est une bonne idée, tu n'es pas venu avec nous les premières fois et tu n'as rien vu de Fleury! Renchérie
ma mère.
L'idée de partir avec cette bouseuse ne me disait rien, d'un autre côté j'échappais à la corvée du déménagement.
Je pris donc mon vélo et suivis Anga.
Elle avait un bon rythme et elle n'arrêtait pas de parler. J'étais tombé sur la pipelette du bourg! J'appris donc
qu'elle était une des rares «vrais » fleurysiens car elle était née chez elle, sans l'aide de quiconque. Elle est
arrivée trop rapidement pour aller à l'hôpital. Les pompiers sont juste arrivés pour constater sa naissance et
couper le cordon. Tout en parlant, elle saluait des jeunes qui jouer au foot au City Stade tout proche de la
maison de « Tatie Marie ». Puis nous prîmes une rue qui très vite, trop vite, commença à monter. J'avais
oublier! Cette ville est construite sur des coteaux et la maison que mes parents avaient achetée était en bas,
donc...
- C'est la rue Serge Rouzière, la rue de la mairie, dis Anga en me voyant commencer à peiner et souffler, c'est
la rue la moins pentue pour monter dans le centre. Tu verras, au bout de quelques montées tu t'y feras. Y avait
pas de côtes chez toi?
- Nan, répondis-je, hors d'haleine. Je restais... dans le quartier. Parfois...je partais un peu plus loin... avec mes
parents, mais on...n'attaquait pas les montées dès le début.
Elle éclata de rire et me distança. Elle m'attendit devant un bâtiment en L avec une large terrasse en bois et
une grande baie vitrée qui dominait les coteaux, la salle des fêtes. De là on pouvait voir une partie de Caen au
loin. On resta là un bon moment que je reprenne mon souffle en admirant la vue. La mairie était juste au dessus
de la salle des fêtes et était bâtie avec les mêmes pierres jaunes que la maison de mes parents.
En traversant le bourg, je pus voir quelques commerces classiques de quartier, boulangerie, bar tabac,
boucherie,etc. Puis elle m'emmena vers le grand château d'eau que j'avais vu en arrivant sur lequel était peint
le logo de la ville. Au passage, elle me montra la bibliothèque attenante à l'école primaire, qui était également
un point internet. Ah? Internet vient jusqu'ici? Des enfants jouaient dans la cour sous la surveillance
d'animateurs : l'école servait également, comme souvent un peu partout pendant les vacances, de centre de
loisirs.
Devant les monument aux morts, celui des guerres et celui des victimes civiles des bombardements, elle me
raconta que Fleury s'appelait avant Allemagne sur Orne et qu'en 1916, le conseil municipal avait décidé de
renommer la ville en hommage à Fleury Sous Douaumont.
Elle semblait vraiment passionnée par sa ville! Elle me précisa que les entrées d'anciennes carrières de pierre
se trouvaient presque en dessous du monument et que les galeries se prolongeaient loin sur le plateau, qu'un
camion pouvait même rouler dans certaines. N'importe quoi! Elle vit ma tête sceptique.
- La maison de Tatie Marie a été construite avec ces pierres, ainsi que de nombreux bâtiments à Caen, dont le
château ducal. Les habitants y sont venus trouver refuge pendant les bombardements de la seconde guerre
mondiale! me précisa-t-elle le plus sérieusement du monde. On peut parfois les visiter pendant les journées
du Patrimoine, le réseau de galerie fait environ 30 hectares.
Elle laissa passer un bus de ville et traversa la route. Du regard on dominait une vallée de pâturages et un cours
d'eau glissait lentement.
- On n'a vraiment pas l'impression d'être aussi près de Caen, dis-je. C'est l'Orne?
- Élémentaire mon cher Watson puisque c'est Fleury SUR Orne. Regarde: une des entrées des carrières se
trouve juste en dessous de nous!
Un promontoire plat et caillouteux se pressentait à notre regard, des gros rochers bloquent le passage vers ce
que je suppose être l'entrée. On y descendit et une grande porte verte en fer, taguée, obstrue une cavité dans la
roche qui aurait put laisser passer une voiture. La végétation reprenant ses droits, on devinait que le site n'était
plus utilisé depuis un moment. Une odeur de renfermé mêlé à de l'humidité nous arrivait aux narines.
- Une culture de champignons avait occupé les lieux pendant plusieurs décennies, elle a fermé en 2011. Elle
produisait jusqu'à 600 tonnes de champignons par an! Viens, je vais te montrer l'Ile Enchantée et le pont de
chemin de fer.
- L'ile enchantée? Vous avez des fées et des elfes ici? Ricanais-je.
- Non. Ici, on est en Normandie, pas en Bretagne, répondit Anga toujours sérieuse, ce qui n'empêche pas
certains phénomènes inexpliqués.
- Genre une vache qui pond un camembert? Dis-je sarcastique.
Je commençait à être fatigué de pédaler et de l'écouter déblatérer sur son bled. Est-ce que je lui fais l'historique
de Paris, moi?
- T'es vraiment con, me répondit elle avant de prendre une rue qui descendait vers l'Orne.
Oups! J'ai peut être dû la vexer...
Après une pente tellement raide que je crus ne jamais pouvoir m'arrêter, nous arrivons sur une étendue herbeuse
au bord de l'eau, une ile bordée d'arbres juste en face de nous. Dans la quart, un restaurant dont les salles
dominaient les rives me confirma le lieu de par son nom: L'auberge de l'Île Enchantée.
- C'est ça l'Île Enchantée? Je l'avais imaginé plus grande, m'exclamais-je, pourquoi l'appelle t-on comme ça?
Sans prendre le temps de répondre, vexée de ma réflexion précédente, Anga continua sur sa lancée et prit un
chemin goudronné qui longeait l'Orne. Au loin se profilait un pont rouge qui enjambait la rivière. En passant
dessous, je m'aperçus qu'il y avait deux passerelles. Anga mit pied à terre et grimpa quatre à quatre un escalier,
son vélo à ses cotés sur une rampe bétonnée prévue à cette effet. Elle s'assit boudeuse sur une table de piquenique en marge d'une ancienne voie ferrée transformée en voie verte, celle-là même qui longeait la propriété
achetée par mes parents.
- Excuse-moi pour tout à l'heure, lui dis-je en m asseyant en face d'elle , je ne me fais toujours pas d'avoir
quitté Paris comme ça!
- Je vois, obligé de quitter tout tes copains. Ouais, je comprends.
- Bof, à dire vrai, il ne vont pas trop me manquer, beaucoup trop de prétentieux, admis-je.
- Trop de prétentieux, s'exclama-t-elle en se levant et marcha vers la balustrade du pont, c'est toi qui dit ça??
Hé bien je ne veux pas les rencontré, si ils sont encore plus prétentieux que toi! Qu'est ce qui va te manquer,
alors?
Je m'arrête un instant, le regard sur l'eau qui défile sous nos pieds, pensif. C'est vrai, qu'est-ce qui va me
manquer au juste? La pollution? Le bruit des voitures et des sirènes? Les embouteillages? Mes copains et leurs
conversations de foot et de jeux vidéos qui me saoulaient? Oui, après tout, qu'est ce qui va me manquer? Si
cette question m'avait été posée par mes parents, j'aurais trouvé dans la seconde qui suivait une bonne dizaine
d'arguments irréfutables. Mais posé par cette sauvageonne … elle prenait un autre sens.
- Je ne sais pas, finis-je par répondre, penaud. Peut-être parce que je n'ai pas eu mon mot à dire, ils ont tout
décidé sans m'en parler une seule fois. Du jour au lendemain, on allait déménager, comme ça, quitter Paris où
je suis né pour arriver dans un région que je ne connaissais que de nom. C'est hard!
- Du coup, tu te venges sur les autres en te moquant, c'est pas cool.
- Ouais, c'est pas cool, désolé.
Nous restons plusieurs minutes sans rien dire. Plusieurs vélos et marcheurs nous croisèrent.
Un groupe de jeunes arriva et interpella Anga
- Hé salut Anga, c'est ton fiancé? Dit un garçon en tenue de foot. Tu nous inviteras à ton mariage?
Les autres de la bande s'esclaffèrent.
- Hé oui! Me dit Anga, ici aussi on a quelques spécimens de lourdauds. Je te « présente » Hervé et sa bande.
Leurs seules connaissances intellectuelles ne concernent que la DS et le foot.
Tiens! Comme chez moi me dis-je. Finalement, cette fille me plaisait bien, nous avions plus ou mieux les
mêmes goûts. Sauf pour le bavardage, cette fille était un vrai moulin à paroles avant que je la vexe.
- C'est Junior, il va aller à Pagnol à la rentrée. Il habite la maison de Tatie Marie! Reprit Anga.
- La maison de Tatie Marie! S'étouffa presque Hervé qui d'un seul coup avait perdu toute son arrogance. Tu ..
Tu... Tu habites dans la maison hantée?!?
-2- Vous saviez qu'on est dans la maison de Tatie Marie, la nourrice du village? Demandais-je à mes parents
entre deux bouchées de pâtes à la carbonara sorties d'une boîte à réchauffer au micro-ondes.
- Oui, répondit ma mère. C'est ta nouvelle copine qui te l'a dit?
- Des gars qu'on a rencontrés m'ont dit qu'elle est hantée. Vous le saviez?
Le silence tomba soudain dans la cuisine où nous mangions pour la première fois au milieu des cartons.
- C'est ridicule voyons, déclara mon père, toujours terre à terre, les fantômes n'existent pas.
- Je sais que la maison ne trouvait pas preneur, mais je trouve amusant cette histoire de fantôme, renchérit ma
mère.
J'étais rentré avec Anga en prenant la voie verte qui longeait l'ancienne voie ferrée Caen -Flers. Elle me raconta
que Tatie Marie avait été retrouvée morte dans son jardin à l'arrière de la maison. On aurait pu croire à une
mort naturelle mais il y avait quelques subtils traces de lutte et des ecchymoses sur ses bras. Une enquête avait
été ouverte, mais rien n'avait disparu chez elle et l'autopsie avait révélée que le décès été due à un arrêt
cardiaque, peut être, (peut être!) suite à une grosse frayeur. L'affaire avait été classée sans suite.
Mais depuis, certaines nuits, une lueur avait été aperçue dans la maison sans que personne n'y est été découvert.
Des bruits curieux y avaient été entendus aussi, des bruits de raclement, comme des meubles que l'on déplace.
On raconte depuis que c'était le fantôme de Tatie Marie qui reviendrait la nuit.
Je dormis mal cette nuit et je sais que c'est cette histoire de Tatie Marie qui m'a travaillé. Mon père mit cela
sur le compte du changement de lieu, un sentiment de solitude par rapport à celui du quartier animé où l'on
vivait à Paris. Trop animé parfois, il est vrai. Police, pompiers , ambulances, c'était rare de ne pas entendre
leurs sirènes au moins une fois par semaine. Ma mère était déjà partie préparer l'étable qui accueillera les
moutons, elle a hâte de voir ces pelotes de laine à quatre pattes brouter derrière la maison.
Quand je sortis dans la rue, Anga fit son apparition. Je dois avouer que j'étais plutôt content de la voir. Il restait
encore un mois avant la rentrée et elle me montra le chemin du collège en vélo, même si, comme elle, je
prendrais sans aucun doute le plus souvent le bus. En chemin, nous reparlons beaucoup de cette histoire. Elle
était convaincue que Tatie Marie avait été agressée et assassinée. Elle ne m'en avait pas parlé pour ne pas
m'effrayer.
- Peut être qu'elle a surprit un cambrioleur, avançais-je, et elle a voulu l'attraper. Le gars l'a choppé aux bras
pour la forcer à dire où elle mettait son argent, elle a refusé de parler et il l'a fait tomber et elle est morte à
cause de la chute ou de peur qu'il lui fasses mal!
- Le cambrioleur était vraiment mal informé...et nul, répondit Anga. Tatie Marie avait donné depuis longtemps
toutes ses économies à des œuvres et elle n'avait rien de valeur. D'ailleurs rien n'a été touché dans la maison :
la police a même retrouvé son porte-monnaie avec une cinquantaine d'euros en petites coupures sur la table
dans la cuisine bien en évidence. Non, le vol n'est pas le « mobile » mon cher Watson.
Pendant tout le reste de la journée, nous échafaudions tour à tour des hypothèses que l'autre s'amusait à
démonter. Le soir tomba trop vite. Je m'aperçus en la quittant que je l'aimais bien, malgré sa coupe de poney
sauvage. On avait beaucoup de points en commun. J'appréhendais un peu moins la nuit quand je la quitta sur
le seuil de sa maison, à quelques pas de la mienne.
Mais cela n'allait pas durer...
-3Ce soir-là, mes parents m'apprirent qu'ils allaient au théâtre en centre ville de Caen. Je déteste cela et préfère
de loin le cinéma. Et eux, ils adorent, bien sur! C'est surtout une occasion de passer une soirée entre eux. A
Paris, cela ne me dérangeait pas de passer la soirée tout seul mais là...
Je n'eus même pas le temps de formuler la moindre protestation qu'ils étaient déjà partis et je me retrouvais
tout seul dans cette maison.
J'eus encore plus de mal à m'endormir cette nuit là. Mes parents avaient raison sur de nombreux points, entre
autre que ma chambre était plus grande. Encore plus d'espace, d'ombres pas encore maitrisées... Encore plus
de bruits non identifiés, encore plus de raison d'effroi. J'étais couché depuis un peu plus d'une heure quand
j'entendis un bruit de clefs dans la serrure.
Cool, ils rentrent plus tôt, pensais je aussitôt. Mais tout de suite un doute m'envahit: pourquoi passaient-ils
par l'arrière? Des jurons confirmèrent mes doutes: il y avait quelqu'un qui était entré dans la maison et il n'avait
pas l'air content de voir nos cartons! Un cambrioleur et non un fantôme. Entre les deux, je ne sais pas trop
lequel est le mieux.
Une lueur verdâtre, presque spectrale, envahit la cage d'escalier qui se trouvait juste devant ma porte ouverte.
Sans trop réfléchir, je me levais d'un bond et je me postais derrière une pile de cartons remplie de livres qui
trônait en haut de l'escalier. L'homme montait lentement les marches en essayant de ne pas trop faire de bruit.
Mon cœur cognait tellement fort dans ma poitrine que j'étais certain qu'il allait finir par les entendre. La
lumière verdâtre diffusée par la torche semblait flotter dans l'air, pas étonnant que de l'extérieur on l'ait prise
pour un fantôme.
Je pouvais voir le visage de l'homme et presque toucher son crâne chauve et tatoué. Sa respiration était rauque
et sifflante comme celle d'un fumeur. Il ne lui restait plus que deux marches à monter quand la sonnerie de
mon portable annonçant l'arrivée d'un SMS brisa le silence. Profitant d'un moment de surprise de l'intrus, je
poussais de toutes mes forces les cartons. La pile s'abattit sur lui et le fit tomber à la renverse. Son corps
chuta lourdement sur le sol de l'entrée. Un cri étouffé par les quelque dizaines kilos de papier me parvint.
L'homme avait été assommé par la bibliothèque de mes parents, manuels d'informatique et romans d'amour.
Je pris mon portable et vis que le SMS provenait d' Anga. On avait échangé nos numéros l'après-midi même.
Sans le lire, j enfonçais la touche d'appel.
- Anga, dis-je sans lui laisser le temps de parler, y a un homme chez moi... Il est entré par effraction... Mes
parents sont absents.
- On arrive, répondit-elle, caches toi! Ne fais rien! On est là tout de suite. Et elle raccrocha.
C'était qui « on »? L'homme essaya péniblement de s'extirper de l'amas de cartons me tirant des mes réflexions.
- Qui êtes vous, lançais-je d'une voix qui se voulait plus assurée qu'elle ne l'était en réalité. Que voulez-vous?
- J'te f'rais pas de mal, dit l'homme en repoussant du pied les derniers livres pour se remettre debout. J'veux
juste le trésor de la vieille nounou! Ça fait des mois que je le cherche. Z'êtes ses héritiers? Tu dois savoir où il
s'trouve!
Voilà autre chose! Tout d'abord, la maison est hantée et maintenant elle recel un trésor! Décidément, elle est
bien loin ma vie parisienne!
- De... De quoi vous parlez, bredouillais-je, de quel trésor?
- Du trésor de la vieille, rugit-il, c't elle qui m'en a parlé dans l'ambulance quand j'l'emmenais à l'hôpital. Elle
n'arrêtait pas d'parler de son trésor qui s' trouvait dans sa maison.
Il s'avançait de nouveau vers l'escalier à pas lents et sans crier gare, il monta quatre à quatre les marches. Il fût
sur moi avant que j'ai pu faire le moindre mouvement. Il me heurta de plein fouet tel un rugbyman et se
retrouva au dessus de moi, agrippant ma gorge, une forte odeur de transpiration rance et de tabac froid
m'agressèrent les narines.
- Où s'trouve le trésor? Répéta-t-il en hurlant et en me serrant le cou. La vieille a crevée avant d' me l'avoir dit.
Où est-ce qu'il est?
La gorge serrée par des mains puissantes mes poumons commençaient à manquer d'air. Soudain, mon agresseur
disparu de mon champ de vision en même temps que l'étreinte cessa. J'aspirais une longue bouffée d'air et vis
mon agresseur aux prises avec des gendarmes. Comment avaient-ils fait pour être là aussi rapidement? La
lutte cessa presque aussitôt et l'homme se retrouva les menottes aux poignets embarqué sans ménagement vers
la sortie.
Un visage connu se pencha sur moi en même qu'une femme gendarme m'examinait la gorge.
- Ça va ? Me demanda Anga. Je te pressente ma sœur et mes cousins gendarmes. Ils passaient la soirée à la
maison quand tu as appelé à l'aide.
-Épilogue- Tu es sûr que tu ne veux pas que je viennes avec toi, me demandait ma mère, c'est ton premier jour dans ce
collège.
- Non, maman, lui répondis-je patiemment pour la énième fois. Et puis je te rappelles que j'y vais avec Anga.
La rentrée des classes avait finie par arriver. Un mois s'était coulé depuis l'emménagement et les évènements
d'une certaine nuit.
Le cambrioleur passa aux aveux très rapidement. c'était en fait l'ambulancier qui avait transporté Tatie Marie
à l'hôpital. Au prise d'une forte fièvre, elle délirait dans l'ambulance à propos d'un trésor qu'elle aurait chez
elle. Une fois remise, il lui rendit visite pour lui faire avouer la cachette. Tatie Marie lui expliqua que ce
« trésor » n'était en fait que les dessins et les cadeaux que lui avaient fait tout les enfants qu'elle avait gardé.
Placés comme des reliques dans une malle. L'homme ne voulut pas la croire et le ton monta. Il bouscula Tatie
Marie qui se réceptionna mal et mourut au milieu de ses fleurs d'un arrêt cardiaque. Puis il prit un double de
la clef de la porte arrière pour y revenir plus tard. C'est d'ailleurs la seule chose qu'il vola. C'est sa torche qui
projetait cette lueur spectrale aperçue de l'extérieur, de même que les bruits quand il déplaçait les meubles
dans l'espoir de trouver le trésor.
Il est actuellement inculpé de meurtre, de cambriolage et de tentative de meurtre sur ma personne. L'affaire
fût dans tout les journaux pendant une semaine, puis une nouvelle chassant l'autre, les médias sont passés à
autre chose.
L'élevage de moutons de ma mère prenait forme. Elle prit même quelques poules et lapins. Mon père avait
déjà trouvé une boite d 'informatique dans le centre ville de Caen. Le mois s'était déroulé tranquillement, fait
de ballade dans le secteur avec Anga. Je montais dans le centre bourg avec beaucoup plus de facilité. En fait,
j'y allais tout les jours acheter du pain. Nous sommes même allés à Ikea sur le plateau chercher un nouveau
bureau. Finalement, j'aimais bien cette vie et pour rien au monde je ne voudrais repartir à Paris.
Après avoir embrassé mes parents, je sortis dans la rue pour rejoindre l'arrêt où je devais prendre le bus pour
le collège Marcel Pagnol. Anga me rejoignit très vite. J'eus un temps d'arrêt: elle était métamorphosée. Fini
les salopettes et les baskets trouées, fini les cheveux en bataille. C'était une fille, bien habillée en jupe aux
cheveux bien coiffés en queue de cheval que j'avais devant moi.
- Qui y a t-il? Me demanda t-elle un large sourire malicieux aux lèvres, Tu as vu un fantôme?

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