La maladie d`Addison PDF
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La maladie d’Addison chez le chien l’apport du laboratoire A ) Hypocorticisme : de quoi parlet-on ? L’hypocorticisme * ou insuffisance surrénalienne fait référence à un déficit de la sécrétion d’hormones corticostéroïdes produites par les glandes surrénales: les glucocorticoïdes et les minéralocorticoїdes. * en toute rigueur, il conviendrait de parler d’hypominéralocorticisme puisque, chez le chien, les corticosurrénales sécrètent de la désoxycortistérone et de l’aldostérone. Le terme d’hypocorticisme est choisi dans cet article. Hypocorticisme: primaire ou secondaire ? - L’hypocorticisme primaire idiopathique, connue sous le nom de maladie d’Addison, se caractérise par une atrophie bilatérale lésionnelle des surrénales avec expression clinique dès que 90 % du tissu glandulaire est détruit. Pour cette forme idiopathique, l’étiologie communément retenue est une destruction à médiation immunitaire avec, par analogie avec l’affection décrite chez l’homme, une production d’auto-anticorps dirigés contre l’enzyme 21-hydroxylase. Des atteintes d’autres glandes endocrines ((para)thyroïde, pancréas) peuvent aussi être corrélées avec cette synthèse d’autoanticorps (polyendocrinopathies). Les sujets les plus représentés sont surtout de jeunes adultes non stérilisés (4 à 6 ans), principalement de sexe femelle, mais aussi parfois des sujets très jeunes (2 mois). Certaines races comme le dogue allemand, le chien d’eau portugais, le Rottweiler, le caniche, le Westhighland terrier ou le Soft coated wheaten terrier semblent prédisposées. Une composante héréditaire est même suspectée pour les chiens de race Colley, Leonberg et Caniche avec un mécanisme inconnu à ce jour. Quant à la forme iatrogène, elle est majoritairement ** consécutive à l’administration de médicaments ,notamment ceux employés lors du traitement de l’hypercorticisme (syndrôme de Cushing). Avec l’op’DDD (Mitotane ®), une destruction irréversible et imprévisible est rapportée chez env. 5% des patients. Des cas similaires ont été documentés avec le trilostane (Vetoryl ,Modrenal ®), un inhibiteur-réversible- de la synthèse des stéroïdes. D’où l’intérêt d’une surveillance régulière de la fonction surrénalienne par un test de stimulation à l’ACTH. Dans ces derniers cas, une supplémentation à vie en minéralocorticoïdes est nécessaire. **Causes plus rares: tumeurs, infarctus, amyloïdose, adrénalectomies bilatérales. LABOR FÜR KLINISCHE DIAGNOSTIK GMBH & CO.KG Riehenring 173 Ÿ 4058 Basel Ÿ Telefon: +41/61/319 60 60 Ÿ Fax: +41/61/319 60 65 Ÿ www.laboklin.com Info 09/2009 Page 1 correction - L’hypocorticisme secondaire a pour cause un effondrement prolongé de la sécrétion d’ACTH faisant suite le plus souvent *** à l’administration de corticoïdes (glucocorticoïdes, progestatifs). Dans cette forme réversible appelée syndrome de Cushing iatrogène, la sécrétion minéralocorticoïde, principalement celle d’aldostérone, est conservée. Cette hormone participe au niveau rénal à l’élimination du potassium (kaliurèse) et à la réabsorption du sodium, des chlorures et bien sûr de l’eau. ***: autres causes rares: lésions hypothalamohypophysaires ( traumatisme, tumeur,..) B) Quand penser hypocorticisme ? Les symptômes d’un hypocorticisme sont souvent déroutants : animal léthargique qui maigrit, appétit capricieux, ,troubles digestifs (vomissement, diarrhée, douleur abdominale).Le caractère chronique et récurrent des troubles, éventuellement entrecoupé de périodes d’aggravation ayant répondu à un traitement symptomatique (fluidothérapie, corticoïdes) peut évoquer un hypocorticisme. La plupart des signes cliniques sont communs à l’hypocorticisme primaire (Addison) et secondaire. Seuls le déficit en aldostérone et la bradychardie reflétant l’hyperkaliémie ne sont pas notés lors d’hypocortisolisme isolé. En résumé, l’hypocorticisme doit faire partie des hypothèses diagnostiques lors: - d’intolérance à l’effort et de faiblesse et tremblements musculaires - de bradychardie (indication d’ECG) - de polyuro-polydypsie - de choc hypovolémique - plus rarement, de mégaoesophage Un stress peut ainsi déclencher une crise d’Addison ou crise d’insuffisance surrénalienne aiguë engageant le pronostic vital en l’absence de traitement (fluidothérapie, des troubles hydro-électriques). L’associotion d’une déshydratation ou d’un choc à une bradychardie, en pratique extrêmement rare, est quasi spécifique de la maladie d’Addison. Devant ce tableau clinique peu évocateur, les examens sanguins sont les examens complémentaires de choix pour confirmer une suspicion de maladie d’Addison (figure 1). - la fréquente augmentation de l’urémie, avec une créatinémie normale ou faiblement augmentée, est un phénomène purement fonctionnel lié à la baisse de perfusion rénale, sous l’effet de l’hypotension et de l’hypovolémie. - l’hyposthénurie (densité urinaire comprise entre 1010 et 1030) est corrélée à la fuite de sodium. - l’hypercalcémie est attribuée à l’hémoconcentration. - l’hypoalbuminémie est imputable aux troubles digestifs, à l’origine d’une malassimilation, et à une baisse de la synthèse hépatique. Ionogramme : Les perturbations de l’ionogramme, et en particulier le rapport Na/K diminué, sont considérées comme les modifications biologiques les plus évocatrices, quoique ni systématiques, ni pathognomoniques. Rapport [Na / K] : en 2008, à LABOKLIN, sur une série de 104 échantillons soumis à un test de stimulation à l’ACTH (valeur < 60 ng/ml), ce rapport était inférieur à 25 dans environ 1/3 des cas (figure 2). Dans 10 % de formes dites atypiques, l’ionogramme est normal (début d’évolution). Par conséquent, un rapport Na/K normal (> 25) rend très improbable une insuffisance surrénalienne. Conseil du laboratoire: pour le dosage des électrolytes, une centrifugation rapide et l’absence d’hémolyse sont nécessaires (risque de fausse hyperkaliémie). Les altérations de l’hémogramme traduisent une médiocre réponse adaptative au stress (absence de ”formule de stress”). LABOR FÜR KLINISCHE DIAGNOSTIK GMBH & CO.KG Riehenring 173 Ÿ 4058 Basel Ÿ Telefon: +41/61/319 60 60 Ÿ Fax: +41/61/319 60 65 Ÿ www.laboklin.com Info 09/2009 Page 2 Figure 1: Anomalies biologiques lors de maladie d’Addison - Réalisation: elle est difficile en raison des contraintes techniques (centrifugation immédiate, congélation, tubes à prélèvements spéciaux). Son intérêt est donc assez limité. - hyperkaliémie (> 5.5 mmol/l) ↑ - hyponatrémie (< 135 mmol/l) ↓ - et rapport [ Na/ K] < 25 ↓ - hypochlorémie (<100 mmol/l) ↓ - hyperurémie (pré-rénale) ↑ - hypoglycémie (rarement) ↓ - hypercalcémie ↑ - Hypoalbuminémie ↓ - Densité urinaire < 1.030 ↓ - éosinophilie - lymphocytose - neutropénie - anémie régénérative normocytaire et normochrome Figure 2: - Test de stimulation de la cortisolémie par l’ACTH : c’est le test de référence à l’heure actuelle. Objectif: le dosage du cortisol en dehors d’un test dynamique n’a en pratique que peu d’intérêt, d’où le recours à une stimulation à l’ACTH pour évaluer la capacité sécrétoire de la glande. Mode opératoire : To : 1ère prise de sang pour mesure de la cortisolémie basale. Injection par voie intramusculaire d’ACTH de synthèse comme le Synacthene ® . T1= To + 1h 30 à 2 heures : 2ème prise de sang pour mesure de la cortisolémie post stimulation. Limite : pas de différenciation entre les insuffisances surrénales primitives ou secondaires. Conseil du laboratoire: sevrage de corticoïdes depuis au moins 24 heures (risque de réactions croisées). En 2008, LABOKLIN a réalisé 3338 tests ACTH chez le chien. Environ un tiers des chiens avaient une cortisolémie après stimulation inférieure à 50 ng/ml (figure 3). Figure 3 : C) Comment confirmer le diagnostic de maladie d’Addison ? La confirmation du diagnostic nécessite le recours aux dosages hormonaux. - Dosage de l’ACTH endogène: - Intérêt: trancher entre un hypocorticisme primaire (atypique) avec une [ACTH] > 500 ng/ml et un hypocorticisme secondaire où [ACTH] est très faible, voire à peine mesurable (< 5 ng/ml). LABOR FÜR KLINISCHE DIAGNOSTIK GMBH & CO.KG Riehenring 173 Ÿ 4058 Basel Ÿ Telefon: +41/61/319 60 60 Ÿ Fax: +41/61/319 60 65 Ÿ www.laboklin.com Info 09/2009 Page 3 Si l’on reprend les mêmes données, environ 41 % des chiens présentent des valeurs du cortisol avant et après stimulation inférieures à 60 ng/ml (Figure 4). A retenir : Le test de stimulation à l’ACTH, confronté à un résultat d’ionogramme, permet de confirmer une insuffisance surrénalienne et, la plupart du temps, de localiser son origine. Sa sensibilité et sa spécificité sont “optimales” (valeurs prédictives positives et négatives proches de 100 %). CONCLUSION : Un déficit associant glucocorticoides et minéralocorticoides a forcément une origine surrénalienne (maladie d’Addison ou surdosage en Mitotane). Face à ce tableau clinique peu spécifique, le recours au laboratoire est incontournable pour diagnostiquer cette dysendocrinie rare qui fut décrite au 19ème siècle pour la première fois chez l’homme par le médecin anglais Thomas Addison sous l’appellation „maladie de la peau de bronze“. Figure 4 : LABOR FÜR KLINISCHE DIAGNOSTIK GMBH & CO.KG Riehenring 173 Ÿ 4058 Basel Ÿ Telefon: +41/61/319 60 60 Ÿ Fax: +41/61/319 60 65 Ÿ www.laboklin.com Info 09/2009 Page 4