Athlète et livre d`histoire(s)

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Athlète et livre d`histoire(s)
38 << montélimag
Portrait de Montilien
L'équipe de l'UMS avec son
maillot d'époque lors du
Championnat Drôme/Ardèche
de 1941 à Romans, stade
Marcel Guillermos.
En haut en civil : Gustou
Estival et Charles Meneroud
puis Fernand Bonnieu, M.
Couston, G. Marcelin, Jouve,
Granier, R. Giraud, M. Monier
En bas : Besson, Gandon, R.
Serret et A. Gazarian
<<
Fernand Bonnieu
Athlète et livre d'histoire(s)
Assis à table avec Fernand Bonnieu, commerçant historique et athlète de notre cité, nous entreprenons en tout début
d'année, un voyage digne d'un tour de ville à bord de la DeLorean. Il est question de sa brillante carrière sportive ci-après
résumée mais aussi de vieilles anecdotes truculentes de son Montélimar, ci-après volontairement omises… On sait se
rendre dignes de la confidence par chez nous !
Mise en bouche
<< Sur la table du salon, notre homme a préparé
Et un palmarès au championnat des Alpes qui
laisse rêveur !
quelques clichés d'époque, impeccables malgré
70 à 80 ans d'archivage, où l'on reconnaît sans
peine le sportif montilien qui dépasse toujours
les autres d'une bonne dizaine de centimètres.
Puis l'entrevue débute, précise comme un cours
d'histoire. « Cette année, savez-vous que nous fêtons
le centenaire de la Montilienne (club de gymnastique
montilien - NDLR) qu'Alexandre Tropénas avait créé
en 1912 ? entame Fernand, avec un sourire qui
semble dire « je sais que vous ne le savez pas »
et « je vais vous en apprendre de belles »... C'est
d'ailleurs son fils qui, en 1923, fit cadeau du terrain
de stade éponyme à la Ville ».
« Si mes calculs sont bons, j'ai dû signer près de
150 licences à l'UMS, dans 7 disciplines différentes
(gymnastique, athlétisme, handball, basketball, judo,
rugby et haltérophilie - NDLR). J'aimais le sport en
général mais la gymnastique par-dessus tout. Puis
naturellement, je me suis ensuite dirigé vers l'athlétisme
et lui-même m'a conduit vers l'haltérophilie ». En 1941,
Fernand a 18 ans et remporte son premier titre
au lancement du poids en devenant champion de
la Drôme. Les deux années suivantes, il sera deux
fois champion des Alpes avec l'équipe de Handball.
Le boom des associations sportives
Début de siècle, la loi 1901 définit le contrat
d'association. Les clubs omnisports fleurissent en
France et pas moins de quatre équipes de football
s'entraînent à Montélimar. En juin 1924, l'UMS
(football) fusionne avec l'équipe du Collège (rugby)
et celle de l'Etoile (course à pieds et gymnastique)
et Fernand intègre le club 11 ans plus tard. Il est
alors âgé d'à peine 12 ans. S'en suivront des années
d'entraînement aussi enthousiaste qu'intensif...
« Puisque en 2024 nous fêterons le centenaire
des Jeux Olympiques de Paris, pourquoi ne
pas demander à les accueillir de nouveau
pour cette date anniversaire ?" »
Sportif par vocation
L'étincelle qui met le feu aux poudres
« A cette époque, j'ai compris qu'il fallait que je prenne
des muscles, alors, avec mon ami Henri Martelli, on
a acheté une barre olympique à deux. Je me souviens
qu'elle coûtait précisément 44 000 francs ! C'est elle
qui fut à l'origine de l'Haltérophile Club Montilien dont
j'ai été président jusqu'en 2011 ». En 1943, alors
que Fernand est aux chantiers de la jeunesse et
s'essaie au lancer de marteau, le président de la
Montilienne, M. Boissel, lui adresse une invitation
qui devait lui laisser un souvenir impérissable. Il lui
demande de faire prêter le serment de l'athlète,
le 10 juillet, lors du championnat de gymnastique
féminin. Devant près de 4000 personnes, Fernand
entend alors les 800 gymnastes féminines réunies
au stade Tropenas répéter après lui « nous le
jurons ! ». Etonnament, loin devant les trophées,
c'est cet honneur-là qui semble avoir le plus
marqué notre grand sportif...
Ce qu'il lance, il le transforme en or
De retour à Montélimar après la Libération et avec
son marteau (le nouvel objet qu'il expédie dans la
stratosphère), il remporte en 1946 son premier
titre de champion des Alpes... Un titre qu'il ne
remportera pas moins de 11 fois au marteau, une
fois aux poids et haltères et deux fois en handball
à 11 joueurs ! Soit 15 titres jusqu'en 1959.
Pendant ce temps...
Puis soudain, on écarte les photos sépia qui
jonchent la table. Chez certains, l'âge a cela de
beau qu'il apporte avec lui une véritable humilité.
C'est l'heure de parler de tous les petits et grands
secrets qui ont construit notre ville et ses habitants.
Avec une précision temporelle déconcertante,
Fernand raconte son Montélimar, celui qu'il a pu
contempler depuis les loges VIP du comptoir de
l'Etape (aujourd'hui Café des Allées) qu'il a tenu
jusqu'en 1995 et le rôle actif qu'il a tenu dans la vie
de la cité. C'est donc bien vrai que les barmen sont
au cœur des plus grandes confidences ! Mais ce
que nous avons appris ce jour-là... C'est à Fernand
de vous le raconter.