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Jean Pavans
Heures jamesiennes
Les Essais
Éditions de la Différence
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Heure analytique
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La scène de quelque chose.
D’une œuvre comme d’une vie achevées, nous
cherchons la source – une source unique – d’où découle le fleuve grossi de ses affluents, et qui peut être
enfouie. Ou alors, si nous voulons ne pas tenir compte
des contingences et des abscisses temporelles, si nous
considérons la vie ou l’œuvre comme un monument
échappé au Temps, nous cherchons une clef de voûte
globale, qui, en cas d’exploit architectural, peut être
immatérielle, théorique, comme ces points qu’on appelle imaginaires en géométrie descriptive. Ou bien
enfin, pour employer le vocabulaire d’un autre domaine d’analyse, nous cherchons la scène primitive,
que masquent des souvenirs écrans.
Henry James a remonté, ou descendu, le fleuve
des souvenirs dans une autobiographie qu’il a entreprise en 1911, à la suite de la mort de son frère aîné
William, dont il a fait paraître deux tomes, et qu’il
n’a pas achevée, l’ayant abandonnée après la déclaration de la Grande Guerre. Et c’est naturellement
parmi les jalons qu’il a lui-même posés à sa mémoire
que nous sommes tentés d’élire la source, la clef, la
scène, l’écran. Je vais donc le faire, mais pour un très
bref préambule seulement. Car l’objet, ou plutôt le
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socle, ou l’axe, de la présente partie de mes quelques
exercices jamesiens est un roman où il est question
de source de vie et d’inspiration, et des écrans qui la
masquent pour la protéger – The Sacred Fount, publié en 1901. Ma propre clef de voûte, c’est-à-dire la
clef de ce qui va suivre, m’a été fournie en 1995 par
un étonnant article d’Adeline R. Tintner1, un des plus
grands exploits de sa si féconde méthode de rigoureuses inductions faites à partir du texte même et de
recoupements érudits. J’avais, à vrai dire, une raison
précise de le trouver passionnant et convaincant, moi
qui, dix ans plus tôt, avais fait paraître de La Source
sacrée une traduction défaillante dont dès lors je décidai bien sûr de publier une nouvelle version2 – première traduction gravement défaillante en deux points
précis, mais surtout dans le fond général, parce que
j’avais conclu à la suite de tant d’exégètes que l’explication de l’énigme qui mettait en déroute le narrateur
de cette fascinante fantasmagorie psychologique et
mondaine était qu’il n’y avait pas d’explication.
Parmi les innombrables richesses significatives
emboîtées de A Small Boy and Others3, le souvenir que
je privilégie ici est la célèbre description du cauchemar de la Galerie d’Apollon du Louvre, et c’est naturellement une spirale à commentaires, dans laquelle je
1. Adeline R. Tintner, A Gay Reading of “The Sacred Fount” :
The Reader as Detective. Twentieth Century Literature, volume 41,
été 1995. Repris dans : The Twentieth Century World of Henry James, Changes in his Work after 1900, Lousiana State University
press, 2000.
2. La Source sacrée, Gallimard, Folio-Classique, 2005. Avec,
en préface, une version très abrégée de la présente étude.
3. Premier tome de l’autobiographie, A Small Boy and Others a
été publié en 1913. En français : Mémoires d’un jeune garçon, Rivages, 1989, trad. Christine Bouvart. Je propose ici ma traduction,
comme dans tous les passages cités par la suite.
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vais toutefois ne pas m’engouffrer, au seuil de raisonnements qui seront nécessairement ramifiés, mais enfin dont j’aimerais que l’épine dorsale reste rectiligne.
Je n’éviterai cependant pas de faire quelques remarques sur certaines formules, figurant non pas dans la
description en soi, mais dans son commentaire, qui à
vrai dire en fait partie. Quoi qu’il en soit, voici d’abord
le rêve en question, dont James ne précise pas l’époque dans sa vie, mais qui se fonde sur les souvenirs
d’une visite de Paris faite dans les années 1856 ou
1857, alors qu’il avait quatorze ans :
La Galerie d’Apollon devint durant des années ce que je
peux seulement définir comme une splendide scène de choses, même très incongrues ou, pourrait-on dire, presque indignes ; et je me souviens encore aujourd’hui, avec la dernière
acuité, du rôle précieux qu’elle joua pour moi, justement en
me faisant encore une fois l’honneur de son cadre, lorsque je
me réveillai, par une aube d’été, bien des années plus tard,
pour m’arracher aussitôt, et heureusement, à l’emprise du plus
effrayant et pourtant plus admirable cauchemar de ma vie. Le
paroxysme de cette extraordinaire expérience – qui se distingue pour moi comme une aventure onirique fondée sur le
plus profond, le plus rapide, et le plus clair des actes de choix
et de réflexion, acte en fait d’énergie salvatrice, aussi bien
que d’effroi indicible – fut la soudaine poursuite, dans un
énorme salon, d’une silhouette vague, à peine visible, qui recula de terreur en me voyant ouvrir brusquement (réaction
menaçante inspirée par une épouvante irrésistible mais honteuse) la porte que j’avais, un moment plus tôt, désespérément, et d’autant plus pitoyablement, défendue, en appuyant
mon épaule contre la pression exercée sur le verrou et la barre,
de l’autre côté. La lucidité, pour ne pas dire la sublimité, de
cet instant de crise, avait consisté dans la grande idée que
mon effroi était probablement encore plus effrayant que sa
cause redoutable, créature ou vision, peu importe, dont j’avais
deviné, dans mon très violent effort pour émerger de ce sommeil à l’intérieur du sommeil, qu’elle avait pénétré dans la
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chambre où je dormais. Le triomphe de ma réaction, dont je
m’aperçus en un éclair au moment où je l’exerçais d’un bond,
était décisif, mais l’essentiel du tout était la merveille de ma
prise de conscience finale. Dérouté, consterné, devant ce renversement de situation où je le surpassais dans la pure agression et l’intention haineuse, mon visiteur n’était déjà plus
qu’un point fuyant dans la longue perspective, cette salle glorieuse et terrible, comme je l’ai dit, sur le parquet luisant de
laquelle, débarrassé pour l’occasion du grand alignement de
vitrines sans prix, il détalait pour sauver sa vie, tandis qu’un
violent orage avec tonnerre et éclairs jouait à travers les profondes embrasures des hautes fenêtres, à droite. Les éclairs
qui révélaient cette fuite révélaient en même temps le somptueux décor et, du même coup stupéfiant, l’activité que ma
jeune imagination y avait menée bien des années plus tôt, et
dont le sens, très profond en moi, s’était entièrement conservé
pour cet usage palpitant ; car que pouvaient être ces profondes embrasures et ce parquet vernis, sinon ceux de la Galerie
d’Apollon de mon enfance ? Et avais-je donc senti à cette
époque que c’était la « scène de quelque chose » ? Eh bien,
peut-être, puisque ce devait être la scène de cette immense
hallucination.
« La scène de quelque chose » est une formule
qui a ceci d’extraordinaire qu’elle nous laisse imaginer, en des termes analogiques, que James a eu
lucidement conscience que ce cauchemar était le
souvenir-écran (ici, la « scène ») d’un événement primitif (le « quelque chose »)4. Quant à repousser, ou
refouler, si l’on veut, ce quelque chose, refuser de le
4. Leon Edel a émis l’hypothèse que ce rêve aurait été fait le
jeudi 21 juillet 1910, alors que James était au plus noir de sa longue
période de dépression ; car James nota ce matin-là dans ses carnets
s’être réveillé avec une sensation de grand soulagement. Si c’est le
cas, le fait qu’il ait évoqué ce cauchemar très tardif au cours du récit
de ses souvenirs d’adolescence rend d’autant plus plausible sa conscience d’une scène primitive depuis toujours constitutive, et ainsi
masquée, ou refoulée.
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voir et de déterminer de quoi il s’agit, c’est peut-être
un « acte d’énergie salvatrice », mais c’est aussi un
choix esthétique : on refoule le quelque chose afin de
conserver la scène, et sa splendeur, pour tout futur
« usage palpitant ». Or il y a ceci de plus curieux encore : ce n’est pas la présence du quelque chose qui a
déterminé la splendeur de la scène, puisque la découverte de la Galerie d’Apollon a, dans la vie de l’auteur,
précédé le surgissement du cauchemar. C’est la splendeur de la scène qui implique la présence refoulée
d’un quelque chose, passé, futur, présent, peu importe.
En réalité, il s’agit d’une coïncidence enfin obtenue :
un quelque chose de primitif en latence coïncide avec
une scène dont la splendeur seule lui convient ; ou,
inversement, une scène splendide et en latence trouve
un quelque chose de primitif digne de la hanter, et
qu’il faut refouler, pour des usages répétés.
La conclusion passagère qui me sert d’introduction est par conséquent celle-ci : toute œuvre, comme
toute vie, au glorieux raffinement, coïncide avec un
quelque chose de primitif dont le refoulement assure
l’ominiprésence, qui est génératrice de toutes sortes
d’usages palpitants. Un de ces plus fameux usages
palpitants fut Le Tour d’écrou.
Mais me voilà les doigts engouffrés dans la spirale dont justement je me défiais. Je les retire promptement pour reprendre en main mon objet si longtemps
réputé insaisissable, The Sacred Fount, et débuter
ma démonstration selon une chronologie « salvatrice ». Un dernier mot provisoire, cependant. Je vais
être très vite amené à évoquer une sorte de scène
primitive métaphorique dans la vie de Henry James,
qui est le chahut provoqué par la première de Guy
Domville. Or c’est la scène autour de laquelle s’organisent deux très élaborés quoique très différents
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romans récemment parus en Angleterre5, produits
d’une « jamesomania » du temps, qui fonctionne aussi
comme la « scène de quelque chose ». Je veux dire
que la « scène », largement applaudie (cela se traduit
dans les chiffres de vente de ce James historique
novélisé, ou fictionnalisé, à un siècle de distance),
refoule le « quelque chose », à savoir l’œuvre même,
dont la glorieuse fécondité ne cesse de croître dans le
monde entier, mais non les tirages.
L’infernal zoo.
C’est à la date du 17 février 1894 que Henry James inscrivit dans ses Carnets le projet de ce qui devait devenir The Sacred Fount. Il nota :
L’idée du jeune homme qui épouse une femme plus âgée,
ce qui a sur elle l’effet de la rajeunir de plus en plus, tandis
que lui-même devient aussi vieux qu’elle. Quand il atteint
l’âge qu’elle avait (quand ils se sont mariés), elle est descendue à l’âge qu’il avait, lui. Est-ce que ça ne pourrait pas être
appliqué à l’idée de l’intelligence et de la stupidité ? Une
femme intelligente épouse un homme mortellement ennuyeux,
et elle perd son esprit à mesure qu’il en montre, lui, de plus
en plus. Ou l’idée d’une liaison*, soupçonnée, mais dont il
n’y a pas d’autre preuve que cette transfusion d’une caractéristique d’un partenaire dans l’être de l’autre – cela, échange
ou conversion ? Le fait, le secret de la liaison* peut se révéler de cette façon. Les deux choses – les deux éléments –
beauté et « esprit » pourraient être exposés d’une manière
correspondante et concomitante comme faisant partie de l’histoire des deux couples – avec, dans chaque cas, une opposition qui aiderait l’ensemble à être dramatique.
5. The Master, de Colm Tòibìn, et Author! Author! de David
Lodge, tous deux publiés en 2004.
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Il y revint cinq ans plus tard, le 15 février 1899,
de la façon suivante :
Ne pas perdre de vue le petit concetto de la note, dans le
précédent carnet, concernant un jeune homme qui épouse une
vieille femme et devient vieux à mesure qu’elle devient jeune.
Jouer sur l’idée : la liaison* qui se trahit par un transfert de
qualités – qualités à déterminer – d’un partenaire à l’autre. Ils
échangent. Je vois deux couples. L’un est marié – c’est le couple vieille-jeune. J’observe leur progrès, et cela m’éclaire pour
le cas de l’autre (secret, obscur, inavoué), qui n’est pas marié.
L’emploi du « je » dans les dernières phrases de
cette deuxième série de notes tracées peu avant la mise
en exécution indique que James s’est alors décidé pour
la technique de la première personne, c’est-à-dire pour
l’emploi direct d’un narrateur, qu’il estimait pourtant
inadapté aux dimensions d’un roman (exigeant une
diversité des points de vue), et qu’il avait réservé à
quelques-unes de ses nouvelles, dont certaines des plus
marquantes. Cette question de technique est cruciale
parce que c’est elle qui, comme par accident, va orienter ou désorienter son projet initial et faire de The Sacred
Fount son seul roman à la première personne, et aussi
son œuvre la plus victorieusement énigmatique.
Par ailleurs, les années qui s’étendent entre la première note sur le projet de The Sacred Fount et sa
date de publication constituent la fin de la période
victorienne, et de ses carcans conventionnels. Victoria mourant en 1901, l’Angleterre entre dans le
XXe siècle à l’heure pile ; or, si le génie de James est
précurseur, c’est parce qu’il est ponctuel : son observation, méthodiquement réaliste autant que passionnément intuitive, se met toujours en synchronie avec
l’époque, non pas telle que l’époque se voit elle-même
(d’où le décalage apparent propre aux précurseurs –
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leurs succès publics mêmes sont chargés de malentendus), mais telle qu’elle est, et plus encore telle
qu’elle « va », et que les époques suivantes finiront
par la voir.
James, dans la période immédiatement précédente,
est occupé surtout par Guy Domville, pièce qu’il écrit
en 1893, dans laquelle, après l’honorable succès, en
1891, de son adaptation de L’Américain, il met de
grands espoirs de carrière, et qui est finalement acceptée par George Alexander, acteur vedette et directeur d’une salle en vogue à Londres, le St. James’s
Theatre. Guy Domville est un drame « en costumes »
aux données subtiles, racontant le dilemme, à la fin
du XVIIIe siècle, du dernier descendant d’une lignée
aristocratique qui entre en religion plutôt que de répondre à l’amour d’une femme et de s’assurer ainsi
une progéniture. Ce sujet a retenu James sans doute
parce qu’il est un peu à l’image de son propre dilemme constant, non pas bien sûr entre le mariage et
le célibat (sur ce point, il n’a jamais eu le moindre
doute), mais entre l’immersion dans la société et la
méditation dans l’isolement, pratiques toutes deux
salutaires à son art. Quoi qu’il en soit, il attend beaucoup de cette production non seulement pour sa renommée, mais aussi pour ses royalties.
Entre-temps, il se produit loin de lui quelque chose
qui va le marquer comme une brutale prise de conscience, ou comme le surgissement d’un monstre embusqué qu’il avait pu croire prudemment enfermé
derrière les solides barreaux de la sympathie courtoise. En janvier 1894, il apprend le décès, à Venise,
de Constance Fenimore Woolson, petite-nièce de
Fenimore Cooper et elle-même romancière. Il avait
connu avec elle une intimité, ou en tout cas une cohabitation, plus prolongée qu’avec quiconque, lorsque,
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durant tout le printemps 1887, ils avaient partagé une
villa à Bellosguardo, sur les hauteurs de Florence. Et
il y avait rédigé Les Papiers d’Aspern, où se reflète
en partie, et bien cruellement, leur moment de vie
commune6. Bouleversé par la disparition de son amie,
il se prépare à partir pour Rome, où doivent avoir lieu
les obsèques, mais il se ravise soudain, lorsqu’il
s’avère qu’elle s’est donné la mort. Solitaire et neurasthénique, elle était sûrement amoureuse de lui, et
lui-même, certainement, s’était persuadé qu’il avait
pris toutes ses précautions pour ne pas l’y encourager. L’horreur de ce destin, et de cette méprise, trouvera un puissant écho, en 1903, dans son chef-d’œuvre
peut-être le plus profondément personnel : La Bête
dans la jungle7.
6. De trois ans seulement plus âgée que James, « Fenimore »
l’avait rencontré à Florence au printemps 1880. En mai de la même
année, elle faisait paraître Miss Grief (« Mademoiselle Chagrin »),
histoire d’une vieille fille écrivain suicidaire et d’un jeune romancier
brillant qu’elle admire, où se reflètent très remarquablement les visions
qu’elle avait alors de James et d’elle-même. Mais la donnée jamesienne
(avant la lettre) la plus remarquable est qu’il y a un enjeu vital, c’està-dire mortel, autour d’un manuscrit, et surtout qu’apparaît dans le
texte l’expression « figure in the carpet », « motif dans le tapis ». Le
brillant écrivain conseille à la vieille fille de retirer un élément d’une
nouvelle qu’elle a écrite. Elle s’y refuse, en déclarant que c’était « si
intimement entremêlé à chaque partie du récit que l’enlever serait
comme ôter un motif particulier dans un tapis : c’était impossible, à
moins de défaire l’ensemble ». Nul doute que James a lu Miss Grief,
qu’il s’en est souvenu pour son portrait de la Tita de The Aspern Papers
(1888), et pour le titre et l’idée de The Figure in the Carpet (1896).
7. Quelques semaines après les obsèques de « Fenimore », James se rend toutefois à Venise pour y trier avec la sœur de la défunte
des affaires personnelles, parmi lesquelles des carnets, où il trouve
noté ce projet de récit : « Imaginer un homme vivant dans l’espoir et
dans l’attente de son “grand moment”. “Est-ce mon grand moment ?”
“Est-ce que les circonstances présentes vont le provoquer ?” Mais
le moment n’arrive jamais. » Par sa mort, son amie lui a ainsi dou-
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En décembre 1894, Guy Domville est enfin mis en
répétitions. La première a lieu le 5 janvier 1895. Agité
comme jamais encore il ne l’a été dans sa carrière, James décide de ne pas y assister, et de n’aller au théâtre
que pour la fin de la représentation. Deux ou trois heures avant le lever de rideau, il écrit à William (la lettre
est supposée s’adresser également à « chère Alice », la
belle-sœur, mais c’est manifestement à la protection
du frère aîné de toujours qu’est lancé l’appel – d’où
l’emploi du tutoiement dans la traduction que nous en
donnons ici) :
Je compte sur une intervention psychique de ta part –
c’est vraiment le moment de montrer tes capacités. Je te câblerai probablement demain dans la matinée. Les augures,
Dieu merci, sont convenablement bons. Mais que sont des
augures ? Domine in manus tuas ! C’est un de ces moments
où un homme a besoin de religion. […] Ma main tremble et
je peux seulement écrire que je suis ton vaillant, mais tout de
même seul et terrifié Henry.
La lettre suivante à William (et Alice) date du 9 janvier. On y lit :
Je ne t’ai pas câblé le dimanche 6 (à propos de la première
de ma pièce) parce que […] la situation était trop compliquée.
[…] En trois mots, cette petite pièce délicate, pittoresque,
extrêmement humaine et extrêmement artistique a été profanée
blement donné le thème de The Beast in the Jungle. Dans les mêmes
carnets, il a pu lire le passage suivant, qui semble vouloir le décrire,
et décrit sans doute en effet sa distance envers l’amour, ou du moins
son indifférence amoureuse envers les femmes : « Imaginez un
homme doué d’une volonté absolument inébranlable ; extrêmement
intelligent, il comprend parfaitement la passion, l’affection, la générosité, le sacrifice de soi etc., bien qu’il soit lui-même froid et purement égoïste. Il a un visage charmant, une voix charmante, et il
peut, quand cela lui plaît, contrefaire tous ces sentiments avec tant
d’exactitude qu’il en tire tous les bénéfices qu’il peut en obtenir. »
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par un poulailler brutal et malveillant qui a montré dès le début
des signes d’hostilité préméditée et qui, tenu en main jusqu’au
bout, a fait un tapage infernal au tomber du rideau. Puis est venu
un abominable quart d’heure durant lequel toutes les forces de la
civilisation dans la salle ont livré une bataille d’applaudissements
courageux, prolongés et soutenus, contre les sifflets, les huées
et les vociférations des rustres, dont les rugissements (comme
ceux d’une cage de bêtes dans quelque infernal « zoo ») étaient
exarcerbés (si possible !) par le conflit. C’était, tu peux imaginer,
une scène réjouissante à affronter, pour un auteur nerveux,
sensible et épuisé – et je te demande de m’épargner de revivre
cette heure horrible, et celles de déception et de dépression qui
ont suivi ; desquelles, cependant, je suis en train, Dieu merci,
d’émerger rapidement et résolument.
Le moyen d’« émerger » est de conjurer tout nouveau risque d’affrontement direct avec le public en
revenant au roman, à la fiction – comme il le note
dans ses carnets, à la date du 23 janvier, en des formules où le mot « sacré » apparaît deux fois :
Je reprends mon ancienne plume personnelle – la plume
de mes anciens efforts inoubliables et de mes combats sacrés.
À moi-même – aujourd’hui – je n’ai pas besoin d’en dire plus.
Vaste, plein et élevé, l’avenir s’ouvre encore. C’est maintenant
en fait que je puis accomplir l’œuvre de ma vie. Et je le ferai. Je
dois seulement faire face à mes problèmes. Mais tout cela relève
de l’ineffable – c’est trop profond et trop pur pour être exprimé.
Que cela repose en paix, enveloppé d’un silence sacré.
Le 2 février 1895, il écrit encore à son frère et à sa
belle-sœur :
Ce soir, ma pièce sera arrivée au terme de sa courte existence troublée de trente et une représentations, et sera « retirée », pour être suivie le 5 février par une pièce d’Oscar Wilde
qui connaîtra probablement un sort très différent. Le soir du
5 [janvier], trop nerveux pour faire autre chose, j’ai eu l’ingé-
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nieuse idée d’aller dans quelque autre théâtre pour voir quelque autre pièce afin d’être contraint de me calmer de 8 h à
10 h 45. Je me suis donc rendu au Haymarket, où se donnait
une nouvelle pièce dudit Oscar Wilde, récemment créée – Un
mari idéal. J’y suis resté jusqu’à la fin, je l’ai vue jouée avec
toutes les apparences (dans la mesure où une salle pleine est
une apparence) du succès, et cela m’a inspiré d’épouvantables
inquiétudes. Ce machin m’a semblé tellement vain, tellement
grossier, tellement mauvais, tellement maladroit, faible et vulgaire, qu’en m’en allant vers St. James’s Square pour m’enquérir de mon propre sort, la prospérité de ce que je venais de
voir m’a paru constituer un sinistre présage du naufrage de
Guy Domville ; et je me suis arrêté au milieu du square, paralysé de terreur devant cette probabilité – ayant peur de continuer et d’en savoir davantage. « Comment ma pièce peut-elle
convenir à un public qui fait un succès à une chose pareille ? »
C’était impossible – mais, « miséricordieusement », la pleine
vérité ne m’a pas été révélée sur le moment : vérité selon laquelle, un mois plus tard, ma pièce serait éjectée pour laisser
place au triomphant Oscar.
La pièce qui, le 5 février, remplace Guy Domville
est L’Importance d’être Constant. Elle obtient le succès prévu, et sera pourtant, comme sa devancière,
promptement retirée de l’affiche. Car, le 3 avril, éclate
le scandale du procès du « triomphant Oscar », se
concluant, le 25 mai, par sa condamnation à deux ans
de travaux forcés. La Bête a rugi de nouveau ; seulement, cette fois-ci, l’« infernal zoo » se trouve, non pas
parmi les « rustres » du poulailler, mais dans l’élégant
parterre, au cœur des « forces de la civilisation ». Dans
une lettre du 8 avril à Edmund Gosse – poète, critique,
traducteur (en autres d’Ibsen), et colporteur de potins
du monde des lettres –, James commente :
Oui, ça a été, c’est, hideusement, atrocement dramatique
et vraiment intéressant – dans la mesure où l’on peut dire cela
d’une chose dont l’intérêt est délimité par une horreur aussi
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écœurante. C’est la sordide gratuité de tout ça – de la pure
divulgation – qui brouille le spectacle. Mais la chute – après
vingt ans d’une brillante « visibilité » d’un genre véritablement exceptionnel (esprit, « art », conversation – « un de nos
deux ou trois dramaturges, etc. ») – dans cette immonde cellule de prison et ce gouffre d’obscénité sur lequel se penche
et jubile le public carnassier – cela, ça dépasse toute expression ironique ou tout chagrin compatissant ! [Wilde] n’a jamais présenté pour moi le moindre intérêt8 – mais cette hideuse
histoire humaine lui en donne – d’une certaine manière.
Puis, ayant fermé l’enveloppe, il y inscrit au dos,
en français, comme pour mieux déjouer une éventuelle
indiscrétion de la poste anglaise : « Quel dommage –
mais quel Bonheur – que J.A.S. ne soit plus de ce
monde ! »
« J.A.S. » est John Addington Symonds, qui vient
de mourir à l’âge de cinquante-deux ans, en laissant
une œuvre composée de recueils de poèmes, de traductions de poésie grecque antique, d’essais sur la
Renaissance italienne, pour lequel il est renommé, et
de deux ouvrages qui circulent « sous le manteau »,
et qui assurent son influence future : A problem in
Greek Ethics, écrit en 1873 et tiré à dix exemplaires
en 1883, et surtout A Problem in Modern Ethics, tiré
à cinquante exemplaires en 1891, et qu’Edmund Gosse
donne à lire à James quelque temps après. Ce Problème de morale moderne est un plaidoyer ardent et
érudit, initiateur, dans les pays anglo-saxons, de tous
les arguments intellectuels, sociaux et légaux qu’emploieront à découvert les mouvements homosexuels
constitués, des décennies plus tard. Symonds y invo8. Cette réaction d’autodéfense est curieusement proche de celle
de Gilbert Long quand le narrateur le questionne sur Guy Brissenden,
dans le chapitre II de La Source sacrée : « Rien en lui, que je sache, ne
m’a jamais frappé ! Pour moi, il ne présente pas le moindre intérêt ! »
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que la grandeur du passé et la réalité du présent de
toujours, et s’en prend d’une part aux lois répressives
anciennes ou récentes9, d’autre part aux théories nouvelles à prétention scientifique, exposées dans des
ouvrages comme Psychopathia Sexualis (1886) de
l’Allemand Krafft-Ebing, ou Des Aberrations du sens
génétique (1887) du Français Paul Moreau – dont
Proust, soit dit en passant, reprendra et transmuera
les conceptions, pour en tirer un si prodigieux parti
poétique et, partant, prosélyte.
James remercie Edmund Gosse de l’envoi de A
Problem in Modern Ethics dans une lettre datée du
7 janvier 1893, deux ans donc avant le procès Wilde,
et il exprime ainsi son sentiment :
J.A.S. est vraiment, je trouve, un être franc et cohérent, et
sa démonstration est infiniment remarquable. C’est, en somme,
je pense, un étrange terrain pour planter le critère du devoir,
mais il le fait avec un extraordinaire courage. S’il a, ou s’il
attire, une bande d’émules, nous pouvons nous attendre à des
drôleries de premier ordre. Toutefois, je ne m’étonne pas que
certains de ses parents et amis soient hantés d’un vague malaise. Je crois qu’on devrait lui souhaiter un peu plus d’humour
– c’est vraiment le sel salvateur. Mais les grands réformateurs
n’en ont jamais – et il est le Gladstone de son territoire.
Le sel salvateur de l’humour, James en saupoudre ici une pincée en faisant un rapprochement avec
un politicien animé par de grands principes moraux
9. Notons que c’est de 1885 que date, en Angleterre, l’amendement Labouchere criminalisant « any act of gross indecency » entre
hommes (mais restant silencieux sur les femmes, tandis que, au même
moment, la loi française est silencieuse sur les deux). Ce nouvel
attirail légal n’est pas étranger à la possibilité du procès Wilde – car
les mœurs, au moins judiciaires, suivent les lois autant, sinon plus,
que les lois ne suivent les mœurs. C’est d’ailleurs la conviction réaliste et profonde de tous les réformateurs.
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et religieux. Cependant, dix ans plus tôt, le cas de
Symonds, signalé cette fois encore par Gosse, lui avait
inspiré un de ses textes les plus saisissants, une nouvelle, non pas humoristique, mais troublante et tragique : L’Auteur de « Beltraffio » – qui met en scène,
dans le cadre idyllique et feutré de la campagne anglaise, la mésentente d’un écrivain esthète imprégné
d’Italie avec sa belle et noble épouse, sorte de Médée
du puritanisme faisant mourir leur délicieux petit garçon pour le soustraire au danger, selon elle, de l’influence contagieuse de son mari. C’est à la date du
26 mars 1884 qu’il en note dans ses carnets le projet,
et même le plan détaillé, dont voici le début :
Edmund Gosse m’a mentionné l’autre jour un fait qui m’a
donné l’impression d’être une donnée* possible. Il m’a parlé
de J.A.S, l’écrivain (dont, à Paris, l’autre jour, j’ai reçu une
lettre), de son esthétisme extrême et quelque peu hystérique,
etc. : les tristes conditions de sa vie, exilé à Davos par l’état de
ses poumons, la maladie de sa fille, etc. Puis il m’a dit que,
pour couronner ces malheurs, la femme du pauvre S. n’avait
absolument aucune sympathie pour ce qu’il écrivait ; désapprouvant sa manière, pensant ses livres immoraux, païens,
hyper-esthétiques, etc. « Je n’ai jamais lu aucun ouvrage de
John. Je les trouve fort indésirables. » Il m’a semblé qu’il y
avait là un drame – un drame intime ; l’opposition entre la
femme calviniste, étroite, froide, rigide et moraliste ; et le mari
imprégné – même jusqu’à la morbidité – de l’esprit de l’Italie,
de l’amour de la beauté, de l’art, d’une vue esthétique de la vie,
aggravée, rendue extravagante et perverse, par le sentiment de
la désapprobation de sa femme.
La lettre de Symonds à laquelle James fait ici allusion le félicitait pour un article sur Venise paru en
revue en 1882 et repris l’année suivante en volume,
dans Portraits of Places. Il lui répond, de Paris, le
22 février 1884, en des termes pouvant prêter à
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confusion : « il m’a semblé que les victimes d’une
passion commune devraient échanger de temps en
temps un regard ».
Il est vrai qu’il s’agit de l’amour pour un pays
vers lequel James tendra toujours et dont il écrit, dans
sa réponse : « Je nourris pour l’Italie une passion
ineffablement tendre, et vos pages ont toujours paru
m’indiquer que vous étiez du petit nombre de personnes qui l’aiment autant que je l’aime – en plus du fait
que vous la connaissiez infiniment mieux. » À cette
époque, Symonds n’a encore publié en volume que
son essai sur la peinture de la Renaissance. Et donc il
se peut en effet que la passion esthétique pour l’Italie
ait été initialement la seule « morbidité » que James
ait attribuée à Mark Ambient, auteur de Beltraffio et
père de Dolcino.
Cependant, une phrase au cours de la nouvelle enfin rédigée pourrait laisser entendre qu’il a entre-temps
lu A Problem in Greek Ethics, qui circule depuis une
dizaine d’années, ou qu’il a eu des conversations plus
précises avec Gosse au sujet de Symonds. La phrase
en question est une réflexion que se fait le narrateur,
jeune admirateur américain, à propos des ouvrages
de Mark Ambient, après son premier tête-à-tête avec
lui : « Je m’aperçus que, dans ses livres, il n’avait exprimé que la moitié de sa pensée, et que ce qu’il avait
gardé en réserve – pour des motifs que je déplorai
lorsque je les appris par la suite – en était la partie la
plus riche10. » Dans cette optique, la part la plus fé10. La part gardée en réserve est évidemment, selon le système
moral et esthétique jamesien, ce qui détermine la valeur la plus profonde d’un être comme d’un livre. Et la part la plus humaine est trop
sacrée pour être divulguée même dans l’œuvre. Admiratrice et amie
de James, Edith Wharton avait déclaré à Leon Edel : « l’homme
était plus grand que ses œuvres… et c’est beaucoup dire. »
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conde d’Ambient comme de Symonds serait leur
amour « grec », et leurs motifs déplorables relèveraient de l’hystérie secrète à laquelle leur entourage
les contraindrait.
La contrainte pour Mark Ambient est sa femme
Beatrice. Mais si l’on considère cette mère puritaine
et infanticide comme une métonymie de la société
victorienne meurtrière des spontanéités, alors on peut
voir en second lieu, dans Beltraffio, un présage du
massacre d’une innocence artistique comme celle
d’Oscar Wilde – innocence incarnée dans la nouvelle
par l’enfant Dolcino, né à l’image de l’esthétisme de
son père11. « En second lieu », parce que, en premier
lieu, se situe bien entendu un des thèmes persistants,
et les plus puissants, de toute l’œuvre de Henry James, celui du massacre des enfants par les convulsions du monde adulte – thème repris dans trois
chefs-d’œuvre suivants : en 1891 dans L’Élève, en
1897 dans Ce que savait Maisie, et en 1898 dans Le
Tour d’écrou.
Ces deux derniers ouvrages, en particulier, du fait
qu’ils sont rédigés durant les « années traîtresses »
qui précèdent la parution de La Source sacrée, apparaissent comme une manière d’autothérapie après le
traumatisme de Guy Domville : une sorte de plongée
de l’auteur en lui-même jusqu’aux racines enfantines
11. La gravité du fait que cette « vue esthétique de la vie »
soit « rendue extravagante et perverse » par des pressions et des
négations contingentes est sans doute indiquée par le choix même
du nom de Mark Ambient – comme si ce qui est naturel et réprouvé devenait nécessairement, par l’interdit même, la « marque
ambiante » d’une société qui s’en trouve obsédée. L’obsession
devient alors son propre objet – comme l’est celle du narrateur de
La Source sacrée –, brouillant, dissolvant et supplantant l’objet
même qui l’inspire confusément.
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de la sexualité, où il conclut que, devant le mal destructeur, les petites filles sont plus résistantes que les
petits garçons – avec pour conséquence implicite que,
devenues femmes, elles sont redoutablement armées
contre ceux, parmi les mêmes garçons, qui ont pu
survivre. L’autre conclusion implicite est que, pour
sa part, afin de survivre, il doit, non seulement faire
taire, contrairement à Wilde ou à « J.A.S. », le Dolcino
en lui (son tempérament toutefois l’y porte naturellement), mais plus que jamais faire parler Maisie, c’està-dire sa propre féminité – en face du péril mortel qui
envenime, non plus uniquement la sphère privée des
phobies psychiques, mais l’arène publique des névroses judiciaires.
Cette conscience d’une menace publique sur le
domaine privé est bien sûr lancinante en lui, et se manifeste régulièrement par son horreur du journalisme
fouineur – dont les ravages lui inspirent, en 1888, Les
Papiers d’Aspern et The Reverberator, puis, plus spécifiquement encore, en 1903, Les Journaux, étonnante
fantaisie prémonitoire sur le danger meurtrier de ce
qui prendra trois quarts de siècle plus tard le nom de
presse people. Mais la crise de 1895 est telle qu’elle
l’incite à quitter Londres. L’année suivante, il loue à
Rye, dans le Sussex, une élégante maison georgienne,
Lamb House, qu’il achètera en 1899, à son retour d’un
voyage en Italie. Or le style domestique même de
Lamb House est sans doute pour lui comme une figure de la mémoire. Car à l’âge de vingt ans, au moment où il publiait ses premiers textes, il vivait à
Boston, en famille, dans Beacon Hill, quartier « historique » des origines de la Nouvelle-Angleterre, avec
ses rues étroites et abruptes bordées de discrètes demeures patriciennes, si semblables à celles qui se
blotissent sur la colline de Rye.
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DU MÊME AUTEUR
AUX ÉDITIONS DE LA DIFFÉRENCE
Lazare définitif, récit, 1980.
Sauna, pastiches, 1980 ; « Minos », 2006.
Ruptures d’innocence, roman, 1982.
La Griselda, nouvelles, 1986.
Retour à Florence, théâtre, d’après Henry James, 1986.
Le Sceau brisé, esquisse jamesienne, 1988.
Le Théâtre des sentiments, roman, 1991.
Persée, légende dramatique, « Minos », 2006.
CHEZ D’AUTRES ÉDITEURS
La Traversée américaine, essai, Payot, 1999.
Les Papiers d’Aspern, théâtre, d’après Henry James, L’AvantScène, 2002.
Marlene Dietrich, biographie, Gallimard, 2007.
TRADUCTIONS DE HENRY JAMES
Retour à Florence, nouvelles, La Différence, 1983 ; 10/18, 1990.
La Source sacrée, roman, La Différence, 1984 ; 10/18, 1991 ;
« Folio », 2005.
Heures italiennes, essai, La Différence, 1985 ; 10/18, 1992 ;
« Minos », 2006.
Esquisses parisiennes, chroniques, La Différence, 1988 ; 10/18,
1994 ; « Minos », 2006.
Nouvelles complètes, tome 1 (1864-1875), La Différence, 1990.
Nouvelles complètes, tome 2 (1876-1888), La Différence, 1992.
La Scène américaine, essai, La Différence, 1993 ; « Minos »,
2008.
Le Tollé, roman, Aubier, 1996 ; GF, 2001.
Les Journaux, récit, Grasset, 1997.
La Tour d’ivoire, roman, Payot, 1998 ; Rivages/Poche, 2001.
Le Tour d’écrou, GF, édition bilingue 1999.
Daisy Miller, GF, édition bilingue, 2001.
Les Papiers d’Aspern, GF, édition bilingue, 2002.
La Bête dans la jungle, Le Motif dans le tapis, GF, édition
bilingue, 2004.
Nouvelles complètes, tome 3 (1888-1896), La Différence, 2008.
Pour la rédaction de cet ouvrage l’auteur a bénéficié d’une bourse
du Centre National du Livre.
© SNELA La Différence, 30 rue Ramponeau, 75020 Paris, 2008.
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