Fêtes et manifestations dans la ville impériale de Strasbourg (1870

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Fêtes et manifestations dans la ville impériale de Strasbourg (1870
MARIE-NOELE DENIS
Fêtes et manifestations
dans la ville impériale de
Strasbourg (1870-1918)
Entre dérision et blasphème
En 1871, après l'annexion
de l'Alsace-Lorraine,
Strasbourg devient capitale
de la nouvelle Terre d'Empire
(Reichsland). Cette vocation
politique et administrative
s'accompagne de l'édification
d'une ville nouvelle au nord et
à l'est de l'ancienne cité,
autour de l'axe majeur
constitué par le Palais
Impérial et le Palais
Universitaire.
Mane-Noële
C
12
et urbanisme wilhelminien, qui
surés"», les caricaturistes emprisonnés ', le
triple la superficie de la ville est
blasphème interdit et la dérision... dérisoire .
destiné aux militaires et fonction-
D'autre part la politique de germanisation
naires allemands qui affluent à Strasbourg (la
reprend à son compte les traditions de la ville.
(3)
population passe de 85.000 habitants en
1871 à 179.000 en 1910).
Il s'agit alors pour le gouvernement de
Les fêtes officielles
Berlin, de forger, par une propagande habi-
Le gouvernement réactive à cette fin les
lement menée, une nouvelle identité à cette
fêtes populaires à caractère germanique. Le
double structure. Et les fêtes font partie de la
carnaval, tombé en désuétude à Strasbourg
stratégie culturelle mise en place pour inté-
mais encore bien vivant dans les villes voi-
grer les deux populations strasbourgeoises et
sines de Suisse et d'Allemagne, est remis à
plus généralement l'Alsace dans l'espace
l'honneur. Les organisations professionnel-
allemand.
les, les sociétés carnavalesques créées à cet
Les Alsaciens francophiles vont essayer
effet, sont invitées à construire des chars qui
de s'y opposer, mais leur marge de manoeu-
ajoutent aux thèmes des vieux métiers stras-
vre est limitée : les manifestations publiques
bourgeois (répétés depuis plus d'un siècle à
sont étroitement surveillées, les journaux cen-
chaque fête urbaine* '), des motifs qui illus-
4
Denis
Chargée de recherche C.N.R.S.
er
L'accueil de Guillaume I sur les hauteurs de Hausbergen. Fresque de la gare de
Strasbourg reproduite dans "Strassburg und seine Bauten" (1894).
Revue des Sciences Sociales de la France de l'Est, 1994
12
trent la vie paysanne, l'actualité municipale
ou mondiale. Ce carnaval officiel disparaîtra
au tournant du siècle. Mais les autorités vont
s'appliquer surtout à créer de nouvelles fêtes,
plus directement liées à la propagande politique. Afin d'exalter les réalisations impériales elles multiplieront les inaugurations
grandioses: inauguration de l'université le
(5)
1 er mai 1872 , de ses nouveaux bâtiments en
<6)
1884 , du palais impérial en 1889, de la staer
tue de Guillaume I en 1911.
Les visites du souverain sont fréquentes.
er
Guillaume I qui vient à Strasbourg en 1877
se voit gratifier d'une fête champêtre sur les
(7)
hauteurs de Hausbergen . Il revient en
1879 accompagné de son petit-fils, le futur
Guillaume IL Celui-ci fera son entrée solennelle dans la ville le 20 août 1889, avec
8
l'impératrice' '.
Les sociétés patriotiques sont mobilisées,
de même que toutes les garnisons du Bas-
Guillaume II et son état major rentrant à Strasbourg après
Archives de l'atelier Carabin.
une revue au Polygone.
Rhin, cette visite coïncide avec l'inauguration
du palais impérial. Le matin l'empereur passe
retour théâtral dans Strasbourg à la tête de la
Puis il reviendra chaque année, parfois
les troupes en revue. Le soir il se rend au palais
compagnie des drapeaux. Des milliers de
incognito (1893, 1908, 1912), mais le plus
du Statthalter et à l'hôtel de ville. Une soirée
curieux massés autour du palais l'accueillent
souvent escorté de grandes fêtes et parades' '.
de bière est offerte aux étudiants et aux
avec des vivats. A six heures du soir 190 per-
A ces événements majeurs, il faut ajou-
patriotes dans les brasseries de la ville. Le
sonnes sont invitées au palais avec concert de
ter les commémorations qui tentent, par leur
22 août l'empereur va assister aux manoeu-
musique militaire et chorale de 600 chanteurs
périodicité, d'instituer la durée. Le 10 an-
et 500 élèves des écoles. La soirée se termine
niversaire de la création de l'Université est
par un feu d'artifice. L'empereur remerciera
célébré avec faste, de même que, chaque
vres du Polygone. A midi il accomplit un
9
e
en des termes sans équivoque : «Les fêtes qui
année, les anniversaires des empereurs
ont été organisées pour rendre notre séjour
Guillaume I et Guillaume II.
er
aussi agréable que possible, les hommages qui
nous ont été rendus par toutes les classes de la
population, ont contribué à nous donner la
Les
conviction que ce pays, allemand par son ori-
acteurs
gine, est habité par une brave et intelligente
Bien que ces fêtes officielles reprennent
population qui s'attachera de nouveau de plus
dans leur processus des éléments plus
en plus à la patrie allemande ».
anciens tels que concerts, banquets et distributions gratuites de vin et de bière, elles
Inauguration de la statue de
Guillaume I ", Kaiserplatz à Strasbourg,
le 6 mai 1911. De g. à d. le Grand Duc
de Bade, Guillaume II, le Statthalter
Comte de Wedel, le Chancelier
Bethmann-Hollweg.
(Leipziger Neue Illustrierte).
e
Revue des Sciences Sociales de la France de l'Est. 1994
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mettent surtout en scène des défilés militaires qui mobilisent plus sûrement les protagonistes, c'est-à-dire l'armée à laquelle se
joignent obligatoirement les autorités politiques et académiques. Ces grandes parades
soulignent par le nombre, la discipline, le
bruit et les couleurs, la puissance militaire
de l'Empire. Guillaume II lui-même ne
veille. Par ailleurs «La ville est maigrement
riale du Moyen-Age et d'effacer ainsi la
vient jamais en Alsace-Lorraine qu'en uni-
pavoisée par les immigrés et par ceux qui
période française. L'inauguration de l'uni-
forme. Il se présente aux populations en
sont contraints de le faire : aubergistes, four-
versité le 1 mai 1872 a lieu bien sûr dans
costume de garde de corps à cuirasse noire
nisseurs, administrations. Les autochtones
la cour du palais des princes-évêques de
et casque d'argent, en hussard rouge de
s'en abstiennent» (Ritleng, 1973, p. 48).
Rohan, où elle se trouve provisoirement ins-
Postdam, entouré de son état-major.
er
Au début la foule manifeste son opposi-
tallée, mais aussi près de la cathédrale. Sur
A l'occasion de ces visites toute la garni-
tion. En 1872, lors de l'inauguration de
la tribune officielle apparaît déjà une sta-
son est mobilisée, 16.000 hommes, et la fête
l'université «les étudiants allemands [sont]
tuaire symbolique ; les bustes de l'empereur
comporte toujours des manoeuvres et revues
accueillis par des sifflets» (W. Wiegand,
Ferdinand II (qui créa la première universi-
au terrain militaire du Polygone. En ville, les
1926, p. 57) et «le soir, quand leur retraite
té le 1 mai 1621) et de Guillaume 1 fon-
différentes armes participent aux manifesta-
aux flambeaux pass[e] sur la place Guten-
dateur, 250 après, de celle que l'on fête. Il
tions qui se structurent autour des défilés.
berg, quelques coups de sifflet retenti[ssent]
s'agit ainsi de renouer avec la tradition ger-
Ainsi en 1911, lors de l'inauguration de la
dans la foule» (A. Hallays, p. 250). Puis
manique. La retraite aux flambeaux
l'opinion est gagnée. En 1889 l'empereur
déroule sur l'ancienne place de l'hôtel de
er
statue de Guillaume I , «pénètrent dans
er
er
(U)
se
l'enceinte les vingt-trois drapeaux et étendards de la garnison, flottant au vent : rouges,
bleus, verts, noirs qui se rangent des deux
côtés de la statue» (R. Henry, 1925, p. 256).
Les autorités civiles sont là aussi, en uniforme, embrigadées et bénéficiant d'un jour de
congé, de même que le corps enseignant.
«En tête march[e] le Rector Magnificus, une
chaîne d'or se balanc[e] sur sa poitrine»
(R. Redslob, 1958, p. 14); puis les corporations d'étudiants, aussi en uniformes mais
vêtues de fantaisies romantico-médiévales.
«[...] bonnets de toutes formes, [...] casquettes de toutes couleurs, [...] gants à crispin, [...] rapières traînant sur le sol. Chaque
corporation [est] précédée de sa bannière,
portée par un étudiant affublé d'un costume
ridicule». Et le Général Taufflieb (1934, p.
84) de conclure : «Je croyais voir la parade
du Petit Faust». R. Henry (1925, p. 256)
décrit aussi en d'autres occasions «cette
cavalcade moyenâgeuse, ces costumes bleu
pâle, rose, jaune blanc, aux grandes panaches,
aux lourdes bottes éperonnées, aux longues
rapières, aux drapeaux multicolores »
(10)
.
Une fête anniversaire de l'empereur devant le palais impérial- 1872.
Archives de l'atelier Garabin.
est accueilli par des vivats et le peuple chan-
ville où fut érigée en 1840 une statue de
te le «Wacht am Rhein» quand il apparaît
Gutenberg.
au balcon du palais. Les photos de l'époque
Puis on édifie une aire de parade, en rela-
Les enfants des écoles, en congé, sont
montrent à chaque fois une population
tion avec les éléments majeurs de la symbo-
réquisitionnés. Cinq cents d'entre eux chan-
dense, compacte, au moins curieuse, qui
lique impériale. Au centre de leurs places
tent au palais impérial lors de son inaugura-
assiste au spectacle.
circulaires, deux palais se font face (le
tion. En 1911, pour la cérémonie précédem-
palais impérial et le palais universitaire) liés
ment citée, 14.000 enfants sont embrigadés
Les lieux symboliques
et rangés dans l'espace circulaire qui entou-
entre eux par une large avenue (l'avenue
Empereur-Guillaume) bordée d'immeubles
re le jardin central. Des répétitions d'en-
Au début, ces fêtes officielles essayent
de luxe dont les terrasses en entresol per-
thousiasme ont eu lieu la veille et l'avant-
de renouer avec la tradition de la ville impé-
mettent aux dames de jouir du spectacle.
Revue des Sciences Sociales de la France de l'Est, 1994
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Cette voie, doublée au nord et au sud par
deux axes de circulation, (l'avenue des Vosges et l'avenue royale) est conçue uniquement pour les fêtes solennelles. Se font face
aussi sur chacune des deux places, deux statues symboliques, Goethe à l'Université,
er
02
Guillaume I sur la place impériale '.
Contre-fêtes et
manifestations
Face à ce déploiement de fêtes officielles qui tentent de leur imposer une histoire et une culture germaniques, les Strasbourgeois les plus contestataires vont jouer
le jeu des contraires. A partir de 1900 ils
décident de lutter contre l'assimilation. A
l'occasion du carnaval, les fêtes rurales traditionnelles sont transposées dans les différents quartiers de la ville et interprétées à
Le cortège impérial rue du Vieux Marché Aux Vins. Archives de l'atelier Carabin
juste titre par la population comme des
manifestations d'opposition politique.
cantinières, les patriotes à bonnet phrygien,
Alsaciens-Lorrains. Prenant en tous points le
Des kermesses brillantes et encore plus
mais aussi les demoiselles du Directoire, les
contre-pied des fêtes officielles, celui-ci se
hardies, puisqu'elles avaient lieu dans le
dames en costume Louis XVI. Les vête-
déroule chaque année à la mi-février, sous
cadre quasi-privé du Musée Alsacien, mettent
ments du XVIII siècle alsacien, urbains et
forme d'un cortège silencieux d'hommes en
en scène des reconstitutions historiques qui
ruraux, abondent. L'Alsace traditionnelle
habit noir qui défilent autour de la statue de
« défendent, évoquent et créent les traditions »
est représentée aussi par ses métiers : le for-
Kléber. L'opposition avec le faste des défi-
(R. Henry, 1825, p. 169). Celle de 1907 fait
geron, le colporteur. On vend aux comptoirs
lés organisés par les Allemands est manifes-
e
des objets alsaciens (étoffes, broderies, grès
te : la cérémonie a lieu la nuit, en silence, les
siècle. L'année suivante, la fête Erckmann-
de Betschdorf, faïences de Soufflenheim,
protagonistes sont habillés de noir et mar-
Chatrian illustre les thèmes de deux romans
chaises, marqueteries de Spindler) mais
chent en file indienne. Interdit en 1900, puis
de ces auteurs: Histoire d'un paysan et
aussi des bonbonnières républicaines, roya-
en 1906, le monôme aura lieu néanmoins
Madame
évoquée
listes et régionalistes et la silhouette peinte
jusqu'en 1914. L'abbé Wetterlé ', interpel-
revivre une «Kilbe» du milieu du XIX
Thérèse.
«L'épopée
e
03
(1789-1799) [pleine d'allusions] était une des
de Kléber. Cette fête contestataire réunit
lant à ce sujet le gouvernement, qualifie un
plus héroïques de l'Alsace où la Révolution
«une foule strasbourgeoise du vingtième
peu abusivement ce monôme de «tradition »,
Française, assiégée par l'Europe, se préparait
siècle, grouillante, pleine d'entrain et de vie
de «vieille habitude» '. Généralisant le
glorieusement à cette formidable sortie...
[...] que les souvenirs environnants du passé
débat il ajoute : «Laissez-nous nos moeurs,
avec pour superbe avant-garde les Lorrains et
rend plus lucide » (R. Henry, 1925, pp. 169-
nos coutumes, nos habitudes et notre
les Wallons, les Rhénans et les Alsaciens»
181). «où tout bon alsacien peut [...] retrem-
langue... Deux mots peuvent qualifier cette
(R.Henry, 1925, p. 171).
per ses énergies essentielles, s'aguerrir
cérémonie : liberté et dignité» (P. Bourson,
contre les influences dissolvantes et prendre
1932, pp. 110-111).
Pas de défilé militaire, d'organisation
contrainte, mais une aimable pagaille où
sont évoqués, «dans un éblouissement tricolore» (R. Henry, 1925, p. 172) toutes les
conscience de sa personnalité tout en se
réjouissant de ses origines» («Une kermesse au Musée Alsacien », p. 2).
04
Le Monôme, organisé par le Cercle des
anciens étudiants alsaciens-lorrains, attirait
une participation très informelle: 166 per-
périodes glorieuses de l'histoire de France
Mais la manifestation d'opposition la
sonnes en 1911 dont 50 étudiants. Les prota-
en Alsace : l'armée révolutionnaire et les
plus efficace fut sans doute, pendant toute
gonistes sont peu nombreux, la saison froi-
volontaires de 1792, les enfants-héros, les
cette période, le monôme des étudiants
de, l'heure tardive, mais l'impact énorme.
Revue des Sciences Sociales de la France de l'Est, 1994
15
rés et superpose deux agglomérations distinctes ayant l'une et l'autre leur population,
leurs fêtes et leurs symboles. «Les deux
villes ont désormais chacune son âme et
chacune sa physionomie, chacune sa statue» (R. Henry, 1925, p. 253).
Sources
et bibliographie
-
Boiteux (M.), 1989 : «Fête et révolution
Des
célébrations
aux
commémora-
tions », Annales de la recherche urbaine,
n° 43, pp. 45-54.
-
Bourson (P.), 1928: «Guillaume II en
Alsace et Lorraine», La Vie en Alsace.
-
Bourson (P.), 1932: «Guillaume II et
son «Kaiserpalast» », La Vie en Alsace.
La symbolique des lieux, là aussi, à son
et avec eux conquérant de la rive gauche du
importance. Le Monôme se tient sur
Rhin; en Egypte lieutenant de Bonaparte [...]
l'ancienne place d'Armes de la ville fran-
puis général en chef». La statue (qui semble
çaise, il défile devant la statue de Kléber
l'antithèse de celle de Guillaume I ) repré-
édifiée en 1838, lors de la translation des
sente «le géant alsacien, au port majestueux,
Revue
cendres du général d'empire. Un journalis-
sa tête de lion rejetée en arrière, la main
France de l'Est, n° 7.
te allemand ayant posé la question : «Pour-
impérative» (R. Henry, 1925, pp. 253-254).
-
quoi ne pas tourner autour de Gutenberg ? »
Ainsi aux fêtes officielles mises en place
-
l'abbé Wetterlé lui répond: «Vos grands
par le gouvernement pour assurer sa propa-
er
hommes [...] ne sont pas les nôtres... Nous
gande, la ville autochtone répond par des
avons un autre passé et d'autres héros au
manifestations de fidélité à son passé de cité
sujet desquels nous pouvons éprouver un
française.
Ce culte de la patrie perdue paraît trop
parmi eux il y en ait quelques-uns qui ont
grave pour utiliser, au moins publiquement,
administré de fortes raclées aux Prussiens.
les ressorts de la satire, de la dérision ou du
[...] Kléber était alsacien... Il est tout natu-
blasphème. La population préfère marquer
rel que nous honorions Kléber» (cité par
plus dignement son opposition, sans défilé
P. Bourson, 1932, pp. 109-110).
militaire ni organisation contrainte, en
évoque «la statue du Strasbourg français:
Alsace.
-
-
Les fêtes ont échoué dans leur mission
humain des guerres de Vendée ; avec Mar-
d'intégration identitaire. Strasbourg, telle
ceau encore, lieutenant de Jourdan à Fleurus
une cité coloniale, vit en deux espaces sépa-
Revue des Sciences Sociales de la France de l'Est, 1994
16
des
Sciences
Sociales
de
la
Elsâsser Journal, 26 et 28 octobre 1884.
Henry (R.), 1925: «Témoignage pour
Kieffer (F.), 1933: «Les visites impériales», La Vie en Alsace.
Livet (G.) et Rapp (F.), 1982: «Histoire
de Strasbourg des origines à nos jours »,
Strasbourg, éd. DNA/Istra.
-
Niederrheinischer Kurier - Courrier du
er
Bas-Rhin, 1 et 2 mai 1872.
-
Nohlen (K.), 1982: «Baupolitik im
Reischland Elsass-Lothringen», Berlin,
Gebr. Mann Verlag.
-
Kléber avec Marceau héros magnanime et
Cerf(E.), 1978: «Carnavals en Alsace»,
les Alsaciens-Lorrains», Paris, Pion.
reproduisant simplement à l'inverse les
fêtes impériales.
Bourson (P.), 1932 : «Monônes et banquets des étudiants alsaciens », La vie en
-
sentiment de légitime fierté, encore que
Un autre témoin, dans un élan patriotique,
-
Ozouf (M.), 1976 : «La fête révolutionnaire», Paris, Gallimard.
-
Redslob (R.), 1958: «Aima Mater»,
Paris-Strasbourg, Berger-Levrault.
-
Régamey (J. et Fr.), «Le sabotage de la
Annuaire de la Société des Amis du
germanisation en Alsace-Lorraine», Je
Vieux-Strasbourg, 1987, pp. 53-76.
sais tour, 15 janvier 1914.
-
Ritleng (G.), 1973: «Souvenirs d'un
vieux
strasbourgeois »,
Strasbourg,
Alsatique de poche.
-
2.
Strassburger Zeitung, 30 avril 1872.
Taufflieb (Gai.), 1934 : « Souvenirs d'un
Notes
enfant de l'Alsace», Strasbourg, Impri1.
merie Alsacienne.
-
«Une kermesse au Musée Alsacien»,
1903, Strasbourg, publication de la
Revue Alsacienne Illustrée.
-
Wiegand
(W.),
1926:
«Elssäsiche
Lebens-Erinnerungen », Zeitschrift für die
Geschichte des Oberrheins, N.F. XXXIX,
pp. 84-117. Traduction de J.-Y. Mariotte,
L'Union d'Alsace-Lorraine (1880-84) est interdite après plusieurs perquisitions et procès.
L'Elsass-Lothringen Volkszeitung (1890-94)
est poursuivi en justice et supprimé. L'Abeille
d'Alsace-Lorraine (1885) cesse de paraître en
1887. Les journaux catholiques le Mûlhauser
Volksblatt et la Colmarer Zeitung (1892) sont
interdits en 1897 pour avoir publié un article
contre la participation à la célébration du centenaire de Guillaume 1 . L'Elsaesser Journal
(1873) quotidien démocrate libéral, autonomis-
3.
4.
5.
6.
7.
er
8.
9.
Le monôme autour de la statue de Kléber. Carte postale illustrée du banquet de 1903.
10.
11.
12.
13.
14.
Revue des Sciences Sociales de la France de l'Est, 1994
17
te puis francophile, fusionné en 1874 avec le
Niederrheinischer Kurier, sera lui-même supprimé en 1914. Le directeur du journal socialiste
Freie Presse fürs Elsass-Lothringen, Jacques
Peirotes, est condamné en 1905 à cinq mois de
forteresse. Ne subsistent que les journaux gouvernementaux : le Strassburger Zeitung, son
successeur l'Elsass-Lothringische Zeitung et la
Strassburger Post.
Hansi fut condamné une première fois en 1909,
puis à un an de prison en 1914.
J. et Fr. Régamey, 15 janvier 1914.
En particulier en 1744 lors de la visite de
Louis XV, en 1810 pour celle de l'impératrice
Marie-Louise et en 1840 pour l'inauguration de la
statue de Gutenberg avec le « Cortège industriel ».
Strassburger Zeitung, 30 avril 1872, Niederrheinischer Kurier-Courrier du Bas-Rhin, 1" et
2 mai 1872.
Eisässer Journal, 26 et 28 octobre 1884.
Cette fête qui eut lieu dans la banlieue proche,
mais encore rurale, de la ville, a été immortalisée par une grande fresque dans la gare de
Strasbourg qui fait pendant à une représentation
de l'entrée de Frédéric Barberousse dans la cité.
Cette démarche est une constante à Strasbourg,
où Louis XV, Marie Leczinska, MarieAntoinette, Napoléon, Joséphine, Marie-Louise,
Charles X et Louis-Philippe ont fait ainsi des
entrées solennelles accompagnées de grandes
fêtes pour le peuple.
En 1913 un fonctionnaire mécontent envoya un
faux télégramme annonçant l'arrivée de l'empereur, ce qui eut pour effet de mobiliser les
16.000 soldats de la garnison pendant deux
heures au Polygone. «Le journal Strassburger
Post avait immédiatement publié un tirage spécial et on avait fait pavoiser en toute hâte. Les
anciens guerriers formaient la haie [...]. Rarement les Strasbourgeois avaient été à pareille
fête». F. Keffer, 1933.
Il arrive que ces défilés pittoresques soient
troublés par des conflits et que l'ordre en soit
rompu. En 1911, lors de l'inauguration déjà décrite, les corps d'étudiants «s'alignent (devant)
les drapeaux militaires qu'ils masquent. Un
général s'oppose énergiquement à ce qu'ils
restent là : plutôt que de changer de place, les
étudiants, irrités et intransigeants reprennent
leur procession. Ils s'en vont» (R. Henry,
1925, p. 256).
Cette retraite aux flambeaux reprend d'ailleurs
curieusement une vieille tradition des fêtes
royales.
Seule la première a survécu. La seconde excita
tout de suite la verve des Strasbourgeois qui la
comparaient à la silhouette «d'un gros bourgeois, un spiessbürger, qui se promène sur un
lourd cheval de ferme» (R. Henry, 1925,
p. 253).
Abbé Wetterlé (1861-1931) autonomiste alsacien, député au Reischtag de 1898 à 1914 et à la
Délégation d'Alsace-Lorraine à partir de 1900.
Nous avons retrouvé trace de ce monôme pour
le 15 février 1910, le 5 février 1903, le 16 février 1905 et le 14 février 1912, mais cela
n'exclut pas qu'il ait eu lieu tous les ans.