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www.ffbatiment.fr METIERS BATI LA REVUE TECHNIQUE DE LA FFB NUMERO 8 DOSSIER LES VOIES DE LA PERFORMANCE ENERGETIQUE GRAND TEMOIN Pierre Chemillier, président de Qualibat EQUIPEMENTS TECHNIQUES Eclairer mieux en consommant moins ENVELOPPE Blocs-portes techniques : desserrer les contraintes FINITIONS AMENAGEMENT Sols PVC collés: un consensus réussi GROS ŒUVRE LE PREMUR ALTERNATIVE AU BETON BANCHÉ? JUIN 2007 S O M M A I R E B Â T I M É T I E R S ž• R E V U E Q U A D R I M E S T R I E L L E • N U M É R O 8 • J U I N 2 0 0 7 PANORAMA Concours Bâtissiel: stimuler la créativité des jeunes INNOVATION 4 Rénovation énergétique: une formation 4 pilote sur l’offre globale Solaire: un capteur pour chauffer les locaux 65 Gros œuvre: un guide sur la TVA à 5,5% 65 5 Panneaux photovoltaïques: mise en œuvre de haute précision Performances énergétiques des bâtiments existants 5 Énergie: des éoliennes «tous vents» 66 Agenda 2007 5 Olympiades des métiers: forte participation du Bâtiment à la finale nationale Logiciels: mieux gérer ses matériels et fournitures 67 7 NORMALISATION Qualité environnementale: création de centres de ressources régionaux 7 Produits et travaux: de l’importance des normes Réhabilitation: des prix régionaux pour les 13e Rubans du Patrimoine 9 QUALIFICATION Réglementation thermique: ce qu’il faut savoir sur la RT 2005 9 Qualifications et appellations: ne pas confondre preuve et engagement de qualité Concours général: les métiers du Bâtiment à l’honneur 10 Récupération des eaux de pluie: l’usage interne en question 10 GRAND TÉMOIN Pierre Chemillier: «La qualification est un atout pour les entreprises» 20 68 70 ENVIRONNEMENT Tri sélectif: conjuguer responsabilité environnementale et bonne gestion 71 Déchets de bois: une filière régionale de valorisation Le prémur, alternative au béton banché? Monomur en terre cuite: traiter les points singuliers Enduits extérieurs en terre crue: faire respirer le bâti ancien Beau métier: le bois, partenaire naturel du patrimoine Rectification des dalles en béton: une solution haute planéité Enduiseurs de façade: valoriser 24 la profession auprès des jeunes Maçonnerie: le béton de chanvre a ses règles professionnelles Les fondations thermoactives à l’étude Déconstruction: mode d’emploi GROS ŒUVRE/ STRUCTURE Blocs-portes techniques: desserrer le verrou des contraintes Nacelles: se prémunir contre le risque électrique «Etics»: pas de travaux d’entretien sans étude préalable Fiche accessibilité: les ouvertures Cordistes: création de la certification 36 «Travaux d’accès difficile à la corde» Métallerie: toute la réglementation sur CD-Rom ENVELOPPE 72 D O S S I E R R É N O VA T I O N LES VOIES DE LA PERFORMANCE ENERGETIQUE Page 13 Revue éditée par IT-FFB (Institut technique de la Fédération française du Bâtiment). 9 rue La Pérouse 75784 Paris Cedex 16 Tél. 01 40 69 52 58 - www.ffbatiment.fr Association déclarée – Siret 301 652 673 0015 Code APE 913E ISSN 1772-3078 - Dépôt légal : juin 2007 Directeur de la publication : Christian Baffy Directeur de la rédaction : Georges Rigaud Comité de rédaction : Membres de la Fédération française du Bâtiment, de ses Fédérations départementales et régionales, de ses Unions et Syndicats de métiers MÉTIERS Cisaillement des dalles de plancher: 64 l’Eurocode 2 à amender Journalistes : Bernard Aldebert, Jean-Marc Brujaille, Didier le Gorrec, Stéphane Miget, François Salanne Conception et réalisation Idé: André Haillotte, Pierre Salanne, Nelly Hurlé, Caroline Palma, Nathalie Pilant Photogravure/Impression : Sphinx/Sib Tirage de ce numéro : 75 000 exemplaires Photo de couverture : © Rector Lesage Prix du numéro : 25 € TTC - Revue gratuite pour les adhérents de la FFB Service abonnement : SEBTP - Tél.: 01 40 69 53 05, voir p. 57 Régie publicitaire: SAGERET - Tél.: 01 55 28 15 00 24 28 30 31 32 33 34 35 35 36 40 41 42 43 43 44 Éclairer mieux en consommant moins 48 Gaz domestique: la qualité avant tout Maintenance en génie climatique: 49 une idée qui fait son chemin Solaire thermique: dimensionnement, 50 autocontrôle et maintenance Installations électriques: une qualification 51 pour leur maintenance 44 Raccords à sertir: une technique 52 devenue traditionnelle Panneaux photovoltaïques intégrables: 52 quelle assurabilité ? ÉQUIPEMENTS TECHNIQUES Sols PVC collés : un consensus réussi FINITIONS/ AMÉNAGEMENT Isolation thermique : une technique d’avenir Locaux P4 et P4S: pose collée de carrelage Peintures en phase aqueuse: quelle résistance à la corrosion? Peinture: un guide pour élaborer descriptifs et métrés 54 54 58 60 61 62 Bâtimétiers en ligne @ VOUS CHERCHEZ UN ARTICLE DE BATIMETIERS? Consultez-le sur www.ffbatiment.fr (espace adhérents) GRÂCE AU MOTEUR DE RECHERCHE DU SITE, RETROUVEZ PAR MOTS CLÉS LES ARTICLES DE BÂTIMÉTIERS. JUIN 2007 BÂTIMÉTIERS 1 É D I T O R I A L Maîtriser la technicité croissante de nos métiers © E. GALVANI/FFB E n préambule de ce numéro 8, je souhaite tout d’abord rendre hommage au président de Qualibat, Pierre Chemillier, pour avoir su mener à bien la réforme que la FFB avait justement pressentie comme indispensable. Il exprime à nouveau, en tant que grand témoin de Bâtimétiers, l’importance des qualifications pour les entreprises. Au passage, réjouissons-nous de voir enfin reconnues les qualifications dans le Code des Marchés publics. Bâtimétiers revient sur le thème majeur des travaux d’économies d’énergie avec un dossier très consistant qui présente, en avant-première, les résultats synthétiques d’une étude que la FFB a fait réaliser. C’est un véritable outil de prescription qui décline, pour une dizaine de logements types, les principales solutions d’amélioration. Les métiers proprement dits ne sont pas en reste et chacun des quatre pôles – gros œuvre/structure, enveloppe, équipements techniques et finitions/aménagement – apporte son lot d’informations fiables, actualisées et aussi concrètes que possible, pour l'entreprise comme pour ses partenaires: - avec le prémur, c’est l’ouverture vers une alternative au béton banché, qui élargit la palette des solutions possibles ; - les blocs-portes techniques présentent quant à eux de réelles difficultés de mise en œuvre. On y répond d’autant mieux qu’elles sont préalablement identifiées; - tout autre est l’approche proposée en matière d’éclairage, alliant judicieusement éclairage naturel et artificiel pour éclairer mieux en consommant moins; - s’il est enfin un DTU qui a donné lieu à de riches débats entre métiers du gros œuvre et des finitions, c’est bien celui relatif aux revêtements de sol PVC collés. Sa publication illustre que le consensus a pu être obtenu. On l’aura compris, tous les sujets techniques ont leur place dans Bâtimétiers, qui met en première ligne le traitement des interfaces, l’adéquation entre produits industriels et chantier, l’accompagnement des innovations, la qualité et la performance des ouvrages. Aux côtés des maîtres d’œuvre, architectes et bureaux d’études, et en relation permanente avec nos fournisseurs, les entrepreneurs que nous sommes ont bien compris l’intérêt de maîtriser la technicité croissante de nos métiers. Notre valeur ajoutée est au prix de cet effort. Jean-Pierre Roche, président du Conseil des professions de la Fédération française du Bâtiment. JUIN 2007 BÂTIMÉTIERS 3 P A N O R A M A Sécurité incendie: nouveau groupement intermétiers de la FFB CONCOURS BÂTISSIEL Stimuler la créativité des jeunes PALMARÈS (1) FFB-CMP, FFB Métallerie, UNCP-FFB, UCF-FFB, FFIE-FFB, SNFA-FFB, UMPI-FFB, UCI-FFB, CFA-FFB, SCMF-FFB. (2) Groupement des installateurs et mainteneurs des systèmes de sécurité incendie. Amiante: un arrêté sur la mesure de l’empoussièrement Dans le cadre de la transposition en droit français de la directive européenne du 27 mars 2003 concernant la protection des travailleurs contre les risques liés à l’exposition à l’amiante, et suite au décret du 30 juin 2006, l’arrêté relatif à la mesure de la concentration en fibres d’amiante sur les lieux de travail et aux conditions d’accréditation des laboratoires a été publié au JO du 16 mars 2007. Il s’agit du troisième arrêté sur un total de sept prévus. Le nouveau texte tient compte des remarques formulées par le groupement national Amiante de la FFB. Enfin, pour accompagner les évolutions réglementaires, Qualibat propose désormais une nouvelle qualification «Traitement de l’amiante en place». 4 BÂTIMÉTIERS JUIN 2007 Grand prix du jury Chaise de jardin en béton, collège Molière – BouilléLoretz (Deux-Sèvres) – Académie de Poitiers © S. ROUX/FFB Certains professionnels du Bâtiment se sont spécialisés dans la dimension «incendie» de leur métier, dans un contexte de complexification croissante de la réglementation. C’est le cas, par exemple, des installateurs d’exutoires de désenfumage, des menuisiers installant des portes coupe-feu ou des électriciens qui ne posent que des détecteurs d’incendie. Ces professionnels, affiliés à dix unions de métiers (1) de la FFB, disposent désormais pour les représenter du GIMSSI (2), un groupement qui défend leur point de vue vis-à-vis des administrations, organismes de prévention et de contrôle intervenant dans la sécurité incendie. Mis en place dans le cadre du Conseil des professions de la FFB, animé par la direction des affaires techniques, le GIMSSI couvre la conception, la mise en œuvre et la maintenance des systèmes de sécurité incendie, et siège de façon permanente aux commissions de normalisation et aux sous-commissions centrales de réglementation. L e concours Bâtissiel, dont la FFB est partenaire, offre aux élèves de collège – et de 3e en lycée professionnel – une opportunité de découvrir de manière stimulante l’univers du BTP. Réunis en groupes placés sous la responsabilité d’un enseignant, les élèves sont invités à concevoir et réaliser le prototype d’un objet décoratif ou utilitaire, respectant un cahier des charges qui leur demande notamment de mettre en œuvre des mortiers ou des bétons, en les associant au besoin à d’autres matériaux. Dans le cadre de l’édition 2007, les meilleurs projets ont été sélectionnés dans chaque académie par un jury – comportant entre autres des chefs d’entreprise du Bâtiment. La finale nationale a eu lieu le 23 mai. 쐍 Mentions • Meilleure qualité de réalisation: Pyramide bac à fleurs, collège Pierre de Coubertin – Saint-Jean-deBraye (Loiret) – Académie Orléans-Tours • Meilleur travail en équipe: Fontaine, collège Les Fontanilles – Castelnaudary (Aude) – Académie de Montpellier • Meilleur projet d'établissement: Aménagement d'un espace convivial, collège JeanJacques Kieffer – Bitche (Moselle) – Académie NancyMetz • Meilleure communication: Voussoir de tunnel miniature, collège Jacques Prévert – Gaillard (Haute-Savoie) – Académie de Grenoble • Meilleure recherche artistique: Fontaine, collège Jean de la Fontaine – Saint-Germain-des-Fossés (Allier) – Académie de Clermont-Ferrand RÉNOVATION ÉNERGÉTIQUE Une formation pilote sur l’offre globale P our obtenir leurs certificats d’économie d’énergie (CEE), les fournisseurs d’énergie (électricité, gaz, fioul, réseaux de chaleur et de froid) doivent soit réduire la consommation de leurs propres bâtiments ou installations, soit amener leurs clients à réaliser des économies d’énergie. Au plan national, 54 000 GWh (1) doivent être économisés entre le 1er juillet 2006 et le 30 juin 2009. C’est dans ce contexte qui favorise les économies d’énergie que la FFB propose son «offre globale» en rénovation énergétique, qui permet aux entreprises d’associer leur activité propre avec des corps d’état complémentaires pour proposer une solution cohérente. Des formations dédiées à cette «offre globale», compre- nant également la mise en œuvre de technologies innovantes (pompes à chaleur, chaudières à condensation, énergies renouvelables, isolation par l’extérieur…) seront proposées dans les régions à partir de l’automne 2007. Une première session pilote a été organisée les 25 et 26 avril dernier à Verdun (Meuse). 쐍 (1) GWh = 1 million de kWh. P A N O R A M A AGENDA 2007 GROS ŒUVRE Un guide sur la TVA à 5,5% E n fonction de leur nature et de leur importance, les travaux réalisés sur le bâti existant peuvent se voir appliquer un taux de TVA réduit de 5,5% ou un taux standard de 19,6%. Schématiquement, les travaux d’amélioration, de transformation, d’aménagement et d’entretien sont taxés à 5,5%, tandis que les travaux de rénovation, qui impliquent une intervention lourde sur le bâti, sont assimilés à de la construction neuve et, à ce titre, assujettis à un taux de TVA de 19,6%. On constate par ailleurs que, dans un ensemble de travaux programmés, ce sont le plus souvent les interventions sur le gros œuvre qui déterminent le taux applicable. Pour permettre aux professionnels du gros œuvre de mieux comprendre comment appliquer le bon taux, l’UMGO-FFB (Union de la maçonnerie et du gros œuvre) vient de publier le guide TVA à 5,5% dans le gros œuvre. Celui-ci dresse un tableau synoptique des sept conditions à remplir pour que les travaux bénéficient du taux à 5,5%: locaux achevés depuis plus de deux ans et affectés à l’habitation à l’issu des travaux; travaux d’amélioration, de transformation, d’aménagement ou d’entretien; travaux ne consti- tuant pas une surélévation ; travaux ne constituant pas une addition de construction supérieure à 9 m2 de SHOB; travaux ne concourrant pas à la production d’un immeuble neuf, c’est-à-dire modifiant le bâtiment de façon limitée; travaux n’augmentant pas la surface hors d’œuvre nette (SHON) des locaux de plus de 10 % ; remise à chaque entreprise d’une attestation précisant que les conditions pour bénéficier de la TVA à 5,5% sont toutes remplies. En complément, le guide reprend en détail le contenu de ces sept conditions, à travers des exemples qui recouvrent la grande majorité des cas. Ce document pratique, disponible auprès des FFB départementales, fait référence à un ensemble de conditions applicables jusqu’au 31 décembre 2010. 쐍 PERFORMANCES ÉNERGÉTIQUES DES BÂTIMENTS EXISTANTS Les réglementations se mettent en place L a loi sur la politique énergétique (dite loi POPE) de juillet 2005 a posé les bases d’une nouvelle réglementation concernant à la fois les bâtiments neufs et les bâtiments existants. Pour le neuf, le décret d’application du 24 mai 2006 (RT 2005) est entré en vigueur le 1er septembre 2006. Pour l’existant, le nouveau décret est paru le 19 mars 2007, et deux arrêtés vont le compléter: le premier s’appliquant aux bâtiments de moins de 1 000 m2, le second à ceux de plus de 1 000 m2. Le premier arrêté, dont la publication est récente (3 mai 2007), fixe une réglementation thermique par éléments. Celle-ci impose, lors des travaux, la mise en œuvre de composants d’enveloppe et d’équipements techniques affichant des performances thermiques minimales. La responsabilité des entreprises du Bâtiment, tous métiers confondus, s’en trouve accrue. En effet, dans le cas d’interventions sur les bâtiments existants, elles doivent bien souvent assurer à la fois la prescription et la mise en œu- vre de solutions conformes à la réglementation. D’autre part, considérés comme «sachants» et ayant un devoir de conseil, les professionnels ne doivent réaliser que des travaux dont ils ont pu s’assurer de la conformité, sous peine d’être tenus pour responsables du non-respect de la réglementation thermique. Celle applicable aux bâtiments existants de plus de 1 000 m2, proche dans son principe de celle sur les bâtiments neufs, fera l’objet d’un deuxième arrêté, pour une entrée en vigueur prévue début 2008. 쐍 DU 11 AU 13 SEPTEMBRE Expogaz Paris, Palais des Congrès, Porte Maillot. Salon dédié à l'évolution du secteur énergétique européen. DU 13 AU 15 SEPTEMBRE Congrès de l’UCF-FFB (Union climatique de France), Vannes. DU 18 AU 20 SEPTEMBRE Ecobuilding Performance, Paris. Deuxième salon professionnel international: performance énergétique, performance environnementale et développement durable dans les bâtiments et les territoires. 28 SEPTEMBRE Congrès de l’URNST-FFB (Union nationale des revêtements de sols techniques), Antibes. DU 28 AU 30 SEPTEMBRE Chauffage et Climatisation, Parc des expositions, Narbonne. Salon du chauffage, de la climatisation et des énergies renouvelables. 5 ET 6 OCTOBRE Coulisses du Bâtiment (5e édition). Les entreprises de la FFB ouvrent des centaines de chantiers au public dans toute la France. 12 OCTOBRE Congrès de l’UMPI-FFB (Union des métiers du plâtre et de l’isolation), Rouen. 18 AU 22 OCTOBRE États généraux du bois dans la construction et Salon Maison bois, Parc des expositions, Angers. DU 26 AU 29 OCTOBRE Maison Bois & Énergies Renouvelables, Parc des expositions, Toulouse. Premier salon entièrement dédié à la maison bois et aux énergies renouvelables : construire, aménager, rénover, décorer. DU 5 AU 10 NOVEMBRE Bâtimat, Paris expo, Porte de Versailles, Paris. Salon international de la construction. Stand FFB: hall 1, allée H, stand n°56. DU 13 AU 16 NOVEMBRE Elec Industrie Energie, Eurexpo, Lyon. Salon mondial de l'énergie, des produits et des solutions d'automatisme dans l'industrie et les infrastructures. DU 6 AU 8 DÉCEMBRE Energaïa, Parc des expositions, Montpellier. Salon international des énergies renouvelables de Montpellier. JUIN 2007 BÂTIMÉTIERS 5 P A N O R A M A OLYMPIADES DES MÉTIERS Forte participation du Bâtiment à la finale nationale P CAP SUR LE JAPON Les fédérations du Bâtiment ont apporté un concours actif à la manifestation, et 272 professionnels et formateurs bénévoles ont participé aux différents jurys. Le palmarès de la finale nationale sert de base à la sélection de l’équipe de France, qui ira représenter nos métiers et nos couleurs lors de la finale internationale, la troisième étape du concours, qui se déroulera au Japon en novembre prochain. 쐍 PEINTURE, MENUISERIE ou encore couverture sont quelques-uns des métiers représentés lors de ces 39e Olympiades. © B. CHARPENEL/CCCA-BTP ousser les jeunes professionnels vers l’excellence: tel est le credo des Olympiades des métiers, organisées tous les deux ans. Pour la 39e édition, 673 jeunes sélectionnés dans 48 métiers ont participé à la finale nationale, du 29 au 31 mars dernier à Amiens (Somme). Comme lors des éditions précédentes, le Bâtiment a été moteur de l’opération, avec 286 candidats dans 15 métiers. LE PALMARÈS DES MÉDAILLES D’OR • Carrelagež: Frédéric Biaunier (Carrelage Lilian Mantegna) • Chauffage: Julien Frayssinet (SECB) • Charpente: Adrien Chamoulaud (Cabanes Bartherotte et frères) • Couverture: Jérome Tocque (Dorize) • Installation électrique: Cédric Bellion (Dono) • Maçonnerie: Rémy Baudet (ESBTP) • Menuiserie: Arnaud Savry • Miroiterie: Maxime Daniau • Peinture/Décoration: Allan Patin • Plâtrerie/Staff: Benoît Baillergeant (Mercerolles) • Plomberie: Aurélien Noel (BGR Entreprise) • Serrurerie/Métallerie: Jérémie Jury (Crézé) • Taille de pierre: Bertrand Doussault. QUALITÉ ENVIRONNEMENTALE Création de centres de ressources régionaux F ace à la multiplication des opérations revendiquant une approche environnementale, l’Ademe soutient la création d’un réseau de centres de ressources régionaux « qualité environnementale du cadre bâti». Ils auront pour mission de sensibiliser, informer et former les acteurs de la construction, et de mettre à leur dispo- sition un observatoire régional des pratiques environnementales. Véritables lieux de convergence de l’information, les centres de ressources permettront également aux entreprises de confronter leurs points de vues et méthodes de travail avec l’ensemble de la filière (architectes, bureaux d’études, économistes…). Plusieurs régions (Bre- tagne, Champagne-Ardennes, Lorraine…) se sont déjà positionnées pour devenir ce lieu d’échanges unique. Parce qu’ils sont un facteur d’amélioration de la construction, la FFB entend jouer un rôle actif au sein de ces centres, qui pourront être affiliés, le cas échéant, au réseau des «centres de ressources HQE». 쐍 Diagnostic de performance énergétique: champ d’application élargi Obligatoire pour la vente de bâtiments et logements depuis le 1er novembre 2006, le diagnostic performance énergétique (DPE) le sera également pour les mises en location à compter du 1er juillet 2007. Le «DPE location» sera en tout point semblable au «DPE vente»: il comprendra une étiquette «consommation» (qui permet de classer la consommation d’énergie de A à G), une étiquette «climat» (classant les émissions de gaz à effet de serre liées à cette consommation de A à G), ainsi que des recommandations pour améliorer les performances énergétiques du bâtiment. Il sera également réalisé par des diagnostiqueurs immobiliers qui devront, à compter du 1er novembre 2007, être certifiés par un organisme agréé, en plus d’être indépendants de la maîtrise d’œuvre et des entreprises réalisant les travaux. Par ailleurs, le DPE (étiquette «consommation» + étiquette «climat») sera également rendu obligatoire pour les bâtiments neufs dont le permis de construire sera déposé à partir du 1er juillet 2007. Qualibat accueille de nouveaux acteurs de la construction Pour adapter son fonctionnement à la nouvelle norme qui régit l’activité des organismes de qualification, Qualibat accueille de nouveaux partenaires de la construction, qui pourront désormais faire entendre leur voix. Dans le collège des utilisateurs, les bureaux d’études et ingénieurs conseils – Chambre de l’ingénierie et du conseil de France, Syntec Ingénierie, Coprec Construction – sont désormais représentés, ainsi que l’Union sociale pour l’Habitat. D’autre part, la Fédération nationale des Travaux publics (FNTP) fait son entrée dans le collège des entreprises, et un nouveau collège « intérêts généraux » est créé, regroupant notamment l’Agence Qualité Construction (AQC), l’Ademe, ainsi que des associations de consommateurs comme l’Union nationale des Associations familiales (UNAF) ou l’Agence nationale de l’Habitat (ANAH). Pierre Chemillier a été reconduit à la présidence de Qualibat, la vice- présidence de l’organisme est désormais assurée par la FFB. JUIN 2007 BÂTIMÉTIERS 7 P A N O R A M A RÉHABILITATION Des prix régionaux pour les 13e Rubans du Patrimoine P réserver et mettre en valeur le patrimoine bâti, créer localement de l’activité économique et de l’emploi, soutenir les savoir-faire traditionnels liés à la rénovation, tels sont les objectifs du concours « Les Rubans du Patrimoine». Créé en 1994, organisé en partenariat par la FFB, l’Association des maires de France, la Fondation du Patrimoine et Dexia Crédit Local, ce concours permet chaque année de distinguer et de récompenser des communes qui ont entrepris des opérations de réhabilitation de leur patrimoine bâti. En 12 ans, 793 prix départementaux et 99 prix nationaux ont été décernés. S’y ajoutent désormais des prix régionaux, décernés cette année pour la première fois. Les organisateurs de l’édition 2007 ont reçu de nombreux dossiers qui ont mobilisé plus de 1 400 entreprises et artisans. Églises, châteaux, moulins, demeures anciennes, halles, sites industriels, etc., ont ainsi peau neuve aux quatre coins du pays, dans le respect de leur authenticité et des règles de l’art. QUATRE PRIX NATIONAUX Au total, 54 lauréats départementaux ont été désignés; un jury, composé des 4 partenaires, de membres du Groupement des monuments historiques, de l’Association des architectes des bâtiments de France et d’experts, a attribué le 30 mai dernier les prix nationaux dont ceux des communes de moins de 3500 habitants et de plus de 3500 habitants. Une dotation de 10000 euros est répartie par les partenaires organisateurs entre les quatre lauréats des prix nationaux. 쐍 LAURÉATS NATIONAUX • Prix national, communes de moins de 3500 habitants: Candas (Somme), restauration du moulin Fanchon. • Prix national, communes de plus de 3500 habitants: Pointe-à-Pitre (Guadeloupe), restauration du pavillon de la ville (ancien presbytère). • Prix spécial du jury: Saint-Dizier (Haute-Marne), réhabilitation de la tour Miko. • Mention spéciale: Léhon (Côte-d’Armor), restauration du château de la ville. RÉGLEMENTATION THERMIQUE Ce qu’il faut savoir sur la RT 2005 R éalisée pour les entreprises adhérentes de la FFB, une plaquette intitulée « RT 2005: l’essentiel en 8 points» est disponible auprès des fédérations départementales. Ce document de 8 pages, dans un format pratique, réunit de manière synthétique les points clés de la réglementation thermique, son champ d’application, ainsi que les conditions à respecter pour la construction d’un bâtiment. La plaquette rappelle que des composants ou équipements plus ou moins performants peuvent être mis en œuvre, à condition qu’ils présentent des performances égales ou supérieures aux valeurs «garde-fous», et qu’ils se compensent entre eux pour aboutir à une performance globale conforme à celle du bâtiment de référence . Il en résulte que le respect de la RT 2005 – dont les exigences se sont accrues de 15 à 20 % par rapport à la RT 2000 – passe par une étude thermique préalable indispensable qui, seule, permet d’avoir une vision transversale de l’ensemble des lots.쐍 Calepins de chantier: la collection s’enrichit Deux nouveaux calepins de chantier sont dorénavant disponibles : Parquets et planchers en bois et Revêtements de sol souples en PVC collés. Le premier traite de la mise en œuvre des différents types de parquets en bois sur tous les supports admissibles, en s’appuyant sur les normes NF DTU correspondantes. Il décrit toutes les étapes d’exécution de la pose d’un parquet ainsi que les spécifications pour chacun des décors de parquets possibles. Le deuxième calepin explique les points essentiels de la norme NF DTU 53.2 «Revêtement de sol PVC collés », en insistant particulièrement sur l’importance de la réception des supports ainsi que sur les techniques de collage les plus courantes. Les professionnels adhérents de la FFB peuvent s’adresser à la fédération de leur département pour se procurer ces documents. Pour en savoir plus : Parquets et planchers en bois, FFB-CMP, tél. : 01 40 69 57 40. Revêtements de sol souples en PVC collés, UNRST-FFB, tél. : 01 40 69 51 45. JUIN 2007 BÂTIMÉTIERS 9 P A N O R A M A Villavenir: construire la maison de demain CONCOURS GÉNÉRAL Les métiers du Bâtiment à l’honneur L ongtemps réservé aux élèves des lycées, le Concours général s’est ouvert aux disciplines technologiques en 1981, puis au baccalauréat professionnel en 1995 pour devenir le Concours général des lycées et des métiers. Son objectif est de distinguer les meilleurs élèves de première et de terminale des lycées d’enseignement général, de terminale des lycées d’enseignement professionnel, et les meilleurs apprentis en année terminale de formation, dont les travaux deviennent une référence pour l’ensemble des classes de France. Les élèves des filières générales sont soumis à une seule épreuve théorique, tandis que ceux des 18 filières professionnelles doivent participer à une première épreuve théorique, pour sélectionner les finalistes qui se départagent ensuite lors d’une épreuve pratique d’une durée de quatre à trente heures, consistant à réaliser une œuvre. Dans cet ensemble, les métiers du Bâtiment sont représentés dans les spécialités «techniciens, Lancé à l’initiative de la FFB Nord-Pasde-Calais, le projet Villavenir consiste à construire cinq maisons individuelles qui répondront aux impératifs de la société de demain: un habitat sain et respectueux de l’environnement, faiblement consommateur d’énergies, et de construction économique. Tous les métiers du Bâtiment vont unir leurs efforts pour obtenir une consommation inférieure à 50 kWh/m2/an, et un coût global de chaque maison en dessous de 150 000 €. Deux sites Villavenir seront construits à Loos-en-Gohelle (Pas-de-Calais) et Lambersart (Nord). Leur inauguration aura lieu fin 2008, pour le centenaire de la FFB Nord-Pas-de-Calais. Pour en savoir plus: www.villavenir.com menuisiers, agenceur» (anciennement «bois, construction et aménagement du Bâtiment»), «électrotechnique, énergie et équipements communicants», et «métal, aluminium, matériaux de synthèse». Dans cette dernière spécialité, les épreuves pratiques ont mis aux prises trois finalistes, sélectionnés parmi cinquante candidats, du 29 mai au 1er juin à Haguenau, (Bas-Rhin), avec la participation active de la Fédération française des professionnels du verre (FFPV-FFB). 쐍 Performances énergétiques et crédit d’impôt : statu quo RÉCUPÉRATION DES EAUX DE PLUIE L’usage interne en question Contrairement à certaines informations qui ont circulé au début d'année, les critères de performances énergétiques des matériels et équipements pouvant faire l'objet du crédit d'impôt ne seront pas modifiés avant le 1er janvier 2008. C'est ce que la direction générale de l’habitat, de l’urbanisme et de la construction du ministère de l'Équipement a confirmé à la FFB à la fin du mois de mai. L 10 BÂTIMÉTIERS JUIN 2007 Photovoltaïque: une prime d’intégration au bâti © EAUX DE FRANCE e projet de nouvelle loi sur l’eau prévoit d’accorder un crédit d’impôt (25%) aux particuliers qui installeront des systèmes de récupération d’eau de pluie. Un premier arrêté émanant du ministère de l’Écologie vient de paraître, qui définit les conditions d’attribution de ce crédit d’impôt, soit pour l’utilisation externe de l’eau de pluie, soit pour d’autres utilisations qui seront définies par un arrêté ultérieur. L’usage interne (pour les chasses d’eau ou machines à laver par exemple) n’est donc plus exclu contrairement à ce qu’annonçaient les projets de textes précédents, mais l’arrêté complémentaire reste toutefois très attendu. Il faut rappeler qu’une utilisation de l’eau de pluie limitée strictement à l’usage externe réduirait fortement les effets de la loi. 쐍 De nouveaux tarifs de rachat de l’électricité ont été fixés par un arrêté de juillet 2006 pour les installations bénéficiant de l’obligation de rachat. Ainsi, l’électricité produite à partir de panneaux photovoltaïques a vu son tarif augmenter pour passer à 0,30 €/kWh pour la France continentale et 0,40 €/kWh pour la Corse, les départements d’outre-mer et Mayotte. Cet arrêté précise également les modalités d’applications d’une prime d’intégration au bâti, modalités qui ont suscité beaucoup d’interprétations, donc de disparités, suivant les territoires. Afin de régler cette difficulté, le ministère en charge de l’Industrie a édité, pour la filière solaire photovoltaïque, un guide technique précisant les critères d’éligibilité des équipements de production d’électricité pour bénéficier de la prime d’intégration au bâti. DOSSIER RENOVATION LES VOIES DE LA PERFORMANCE © PHOTOARCITECTURE.COM ENERGETIQUE Dans un contexte où le prix de l’énergie et le changement climatique sont des préoccupations sociétales majeures, le monde du Bâtiment se doit de réagir pour proposer des solutions acceptables et réalistes afin de rénover l’existant en intégrant la performance énergétique. Une étude du Costic, commandée par la FFB, démontre que les solutions existent, exemples modélisés à l’appui. JUIN 2007 BÂTIMÉTIERS 13 DOSSIER PERFORMANCE ÉNERGÉTIQUE n accord avec ce slogan choc : « L’énergie est notre avenir, économisons-la», la FFB cherche à démontrer qu’il existe des solutions énergétiquement performantes et économiquement viables pour la rénovation des bâtiments existants. Pour cela, elle a demandé au Costic (Comité scientifique et technique de l’industrie climatique) une étude très concrète donnant des exemples chiffrés, avec retour sur investissement, de ce qu’il est possible de réaliser. L’un des objectifs affichés de cette étude est de démontrer que les entreprises du Bâtiment, quel que soit leur niveau d’intervention, sont à même d’apporter des solutions globales pour répondre efficacement à la double problématique environnementale et énergétique, à savoir le réchauffement clima- E © PHOTOARCHITECTURE.COM LA RÉGLEMENTATION, en imposant de prendre systématiquement en compte les aspects thermiques, devrait favoriser les travaux de rénovation énergétique des bâtiments existants. tique – plus personne n'en conteste aujourd’hui la réalité – et l’augmentation du coût des énergies. Il faut dire que le contexte les y incite. Jamais ces thèmes n’auront été autant portés sur le devant de la scène, notamment lors de la campagne présidentielle, avec le pacte écologique de Nicolas Hulot, ou précédemment avec l’adoption de la première partie du IVe rapport du Groupement intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC) au cours de la conférence de Paris, en février dernier. Rappelons également que la loi du 13 juillet 2005, qui fixe les orientations de la politique énergétique de la France, a mis en place un système incitatif d’économies d’énergie pour la période 20062009, articulé autour des certificats d’économies d’énergie. De la même façon, l’objectif Le décret du 19 mars 2007 impose la prise en compte des aspects thermiques dans toute rénovation. 14 BÂTIMÉTIERS JUIN 2007 découlant des engagements de la France sur le plan international, qui a pour ambition de diviser par quatre les émissions de gaz à effet de serre à l’horizon 2050, n’est pas sans conséquence sur le monde du Bâtiment. En effet, après les transports, ce secteur est celui qui produit le plus de CO2, donc l’un de ceux qui a le plus de marge de manœuvre, notamment dans la rénovation énergétique des bâtiments existants. Les entreprises du Bâtiment en première ligne La transposition de la directive européenne «Performance énergétique des bâtiments», dans le cadre de la loi Pope (1), fixait déjà des règles aussi bien pour les bâtiments neufs que pour les bâtiments existants. Pour ces derniers, le décret n° 2007-363 du 19 mars 2007 est venu dernièrement accélérer les choses. Le texte est relatif aux études de faisabilité des approvisionnements en énergie, aux caractéristiques thermiques, à la performance énergétique des bâtiments existants et à l’affichage du diagnostic de ladite performance. Il impose au maître d’ouvrage d’améliorer la performance énergétique de ses bâtiments lorsque leur surface hors œuvre nette est supérieure à 1 000 m2 et lorsque «le coût total prévisionnel des travaux de rénovation, portant soit sur l’enveloppe et ses installations de chauffage, de production d’eau chaude, de refroidissement, de ventilation et d’éclairage, soit sur sa seule enveloppe, est supérieur à 25% de sa valeur». Surtout, ce décret introduit des performances thermiques minimales à respecter dans tous les autres travaux de rénovation énergétique concernant les composants des bâtiments. En clair, il impose de prendre en compte systématiquement les aspects thermiques dans tous les travaux de rénovation. L’ensemble de ces dispositions devrait favoriser les travaux de rénovation énergétique des bâtiments existants. Les entreprises du Bâtiment sont bien sûr en première ligne. D’où l’intérêt de mener des actions volontaristes plutôt que de subir des évolutions aujourd’hui inéluctables. «Réaliser une analyse globale du bâti la plus objective possible» PASCAL PAYET, DIRECTEUR GÉNÉRAL DÉLÉGUÉ DE PAYET CLIMAX (75), ENTREPRISE DE GÉNIE CLIMATIQUE. J e pense que les entreprises de génie climatique sont bien placées pour proposer une offre globale dans la rénovation thermique de l’existant. Et ce, parce qu’elles ont des clients identifiés grâce notamment au contrat de maintenance. Ainsi, lorsque l’un de nos clients a une demande en matière d’économie d’énergie, nous lui proposons, dans un premier temps, un diagnostic simple et gratuit. Celui-ci porte à la fois sur le niveau d’isolation du bâti, sur la qualité des vitrages et sur les performances des équipements techniques. Nous essayons de réaliser une analyse globale du bâti, la plus objective possible, en hiérarchisant les priorités d’intervention. Lesquelles ne relèvent pas forcément de notre domaine d'activité : dans ce cas, nous les transmettons à une entreprise compétente en la matière, qui n’appartient pas forcément à notre groupe, avec laquelle nous pourrons travailler conjointement. En général, nos clients investisseurs ou propriétaires comprennent bien l’intérêt qu’ils ont à disposer de locaux performants. En revanche, il est plus difficile pour nos clients locataires de convaincre leurs propriétaires, et ça l’est encore plus lorsqu’il s’agit de copropriétaires. J'entrevois également une difficulté importante dans le domaine de l’isolation des parois opaques : l’isolation par l’extérieur n'est pas aisée à réaliser en ville pour des bâtiments haussmanniens, par exemple, et celle par l’intérieur ne peut s'effectuer que dans des immeubles vides, dans le cadre d’une rénovation lourde. Changer les fenêtres s'avère relativement plus simple. » L’une des façons d’être acteur est de développer des solutions globales de rénovation, mettant en avant le savoir-faire des entreprises. C’est exactement l’un des buts de l’étude du Costic, qui s’appuie sur une approche multimétiers en prenant soin toutefois d'éviter les combinaisons inappropriées d'interventions. Autre objectif de l'étude: évaluer, à partir de situations initiales, les performances énergétiques et environnementales résultant de différentes actions portant sur l'enveloppe et sur les équipe- ments, en combinant d'une manière sensée plusieurs de ces actions. Au final, l'étude permet d'établir un certain nombre de solutions types pouvant être proposées. Outil à l’usage des entreprises De fait, il s’agit de dégager, pour un ensemble de bâtiments, les solutions les plus satisfaisantes en termes d’économie d’énergie, en fonction des contraintes propres à chaque type de construction. Il n’existe pas une solution © PHOTOARCHITECTURE.COM © DR « unique: on ne peut pas mettre en œuvre 20 cm d’isolant thermique partout, mais on peut – et on doit – chercher à appliquer à chaque cas la meilleure combinaison de travaux ou de techniques. C’est pourquoi cette étude est un véritable outil à l’usage des entreprises. Un outil qui permet, en fonction de la typologie du bâtiment et de sa situation géographique, et en fonction des possibilités financières du maître d’ouvrage, de proposer une ou plusieurs solutions cohérentes. Concrètement, l’étude porte sur des solutions en maisons individuelles et en immeubles d'habitation collectifs. Tout a été passé au crible, du diagnostic de l’existant aux diverses propositions de travaux envisageables, en passant par le montant des économies réalisables. Que ce soit en indivi- INITIALEMENT SOMBRE, cette maison bénéficie depuis sa rénovation d’un éclairage naturel maximum. duel ou en collectif, trois à quatre niveaux d'isolation ont été étudiés, avec les équipements le plus souvent rencontrés aux époques de construction correspondantes. Trois grandes étapes dans la construction des maisons individuelles ont été retenues de manière à déterminer trois cas types de bâti: maisons d'avant 1975 (la première réglementation thermique date de 1974), maisons construites entre 1975 et 1988, et maisons d'après 1988. Une procédure identique a été retenue dans l’habitat collectif, ce qui a également déterminé trois JUIN 2007 BÂTIMÉTIERS 15 DOSSIER PERFORMANCE ÉNERGÉTIQUE «Nous pratiquons déjà l’offre globale» BENOÎT GAGNEUX, SARL MEIGNAN ARSÈNE (72), ENTREPRISE DE PLÂTRIERS PLAQUISTES N otre entreprise, qui s’est d’abord développée avec une clientèle de particuliers, a l’habitude de traiter l’ensemble des problématiques liées à l’aménagement intérieur, dont la thermique. Les clients ne souhaitent qu’un seul interlocuteur. Il y a quelques années, c’était le maçon, le second œuvre arrivait après. Mais petit à petit, les maçons sont partis sur d’autres marchés (restauration ou gros chantiers), et les plâtriers plaquistes, qui ont la capacité de gérer les chantiers, ont naturellement pris le relais. En ce qui nous concerne, nous avons même développé une activité menuiserie pour répondre au plus près des besoins. Aujourd’hui, quand j’interviens, je fais un constat de l’existant. Je propose une prestation globale. Par exemple, si je préconise le changement des fenêtres et l’isolation des murs, je conseille systématiquement le remplacement de la VMC ainsi qu’une étude sur le système de chauffage. Cette prestation n’est possible que si les entreprises de plâtrerie développent en interne un bureau d’étude ou un partenariat avec des entrepreneurs pour les lots techniques. Je pense que c’est plus facile pour celles qui ont atteint une certaine taille. Les entreprises plus artisanales auront intérêt, pour aller sur ces marchés, à se regrouper où à faire appel à une entreprise plus importante qui aura mis en place un bureau d’étude et qui lui vendra cette prestation.» types de bâti: bâtiments «barres» des années 1960, immeubles de type «haussmannien», et petits immeubles construits entre 1975 et 1988. Les différents types de bâti, combinés aux différents types d’équipements de chauffage initialement installés, ont conduit à étudier sept types de maisons individuelles et cinq types d’immeubles collectifs. Chaque bâtiment modélisé L’étude prend bien sûr en compte de nombreux paramètres. Ainsi, les différents cas ont été traités en zone climatique H1 (continentale, froide) et en zone H3 (méditerranéenne, douce) (2). Chaque bâtiment a été modélisé à l’aide d’un logiciel de simulation, 16 BÂTIMÉTIERS JUIN 2007 Trnsys (3), afin de pouvoir évaluer les consommations annuelles d’énergie. Pour connaître concrètement les résultats en espèces sonnantes et trébuchantes, ainsi qu’en émission d’équivalent CO2, l’énergie primaire a été transformée sur la base des coefficients et des prix moyens de l'énergie fournis par le ministère du Logement dans les arrêtés du 15 septembre 2006 concernant le DPE (diagnostic de performance énergétique). Le temps de retour sur © PHOTOARCHITECTURE.COM « investissement a, lui, été obtenu pour chaque solution à partir des coûts des interventions fournis par les entreprises du groupe de travail «Énergie» de la FFB. Également évalué par l’étude : le confort obtenu avant et après travaux, puisque la température opérative (4) (ou température résultante sèche) évolue sensiblement entre les deux configurations. Ces critères de confort sont appréciés à partir des indicateurs de la norme NF EN 7730. Tous les éléments susceptibles d’avoir une influence sont étudiés, du niveau d’isolation des parois ou des vitrages au type d’énergie, en passant par le rendement de la régula- SIX MÈTRES CARRÉS DE CAPTEURS solaires couvrent 40 à 50% des besoins en eau chaude sanitaire de ce bâtiment. tion, le rendement de production ou le choix de la VMC. Les consommations annuelles d’énergie ont été exprimées en énergie utile, en énergie primaire et en émission de CO2. Le coût annuel lié à ces consommations a également été évalué. Les économies ont été calculées par différence entre les consommations avant et après intervention. Le temps de retour, lui, a été L’étude distingue sept types de maisons individuelles et cinq types d’immeubles collectifs. obtenu en divisant le coût d'intervention par l'économie financière annuelle. © PHOTOARCHITECTURE.COM Retour sur investissement variable Plus intéressants que la méthode elle-même, les résultats: ces derniers ont montré de grandes disparités entre les solutions types étudiées, particulièrement en termes de retour sur investissement, ce qui, au final, intéresse davantage le maître d’ouvrage. Ainsi, certaines des solutions préconisées présentent des temps de retour très avantageux, sachant qu’on les juge acceptables lorsqu'ils sont inférieurs à quinze ans. Par exemple, le remplacement d’une chaudière avec pose d'une régulation programmable, l’isolation des parois de bâtiments anciens non isolés et le remplacement des vitrages, l'isolation des parois anciennes non isolées et le remplacement de chaudière, ou encore le remplacement de convecteurs électriques par des «splits» (PAC air/air) sont des solutions extrêmement avantageuses. En revanche, on constate des temps de retour beaucoup plus longs lorsqu’il s’agit de remplacer des convecteurs électriques par des rayonnants ou de renforcer l’isolation (y compris les fenêtres) dans des logements déjà isolés. De même, les interventions s’appuyant sur des équipements innovants (PAC haute température, VMC double flux thermodynamique), des énergies renouvelables et gratuites (PAC, photovoltaïque…) ou des énergies peu coûteuses (chaudière bois) possèdent des temps de retour relativement longs du fait d'un coût d'investissement encore élevé. Une précision s’impose cependant concernant ces équipements : l’étude n’a pas intégré les éventuelles aides de l'État (crédit d'impôts) ou locales (dépar- tement, région) dans les coûts d’investissement, en raison de leur extrême diversité. Autre paramètre qui influe fortement sur ces temps de retour: le climat. Ainsi, les économies réalisées sont à peu près deux fois plus élevées en zone H1 (zone climatique froide) qu'en zone H3 (zone climatique douce). Par conséquent, les temps de retour sont deux fois plus longs en zone climatique douce. Cette différence importante s’explique par le fait que les coûts d’investissement sont identiques, quelle que soit la zone climatique où l’on se trouve. Autre résultat important pour les entreprises: le facteur 4 (réduction de 75% de la À TERME, le but de l’offre globale énergétique est de mettre l’entreprise en situation d’interlocuteur unique, capable de conseiller ses clients sur les économies d’énergie les plus avantageuses. production initiale de gaz à effet de serre) n'est obtenu qu'avec une production de chaleur réalisée, soit à partir d'énergies renouvelables (chaudières à bois, solaire thermique…), soit à partir d'énergies renouvelables et d’énergie électrique à plus faible contenu CO2, telles les pompes à chaleur. Concrètement, cela signifie que les entreprises ont intérêt à se former rapidement à ces technologies qui, compte tenu des enjeux, vont obligatoirement progresser. D’ailleurs, pour aider les entrepreneurs, la FFB prépare un programme national de formation aux économies d’énergie. Ces formations seront réalisées sur la base de trois modules: VINGT CHANTIERS DE RÉNOVATION THERMIQUE EN OBSERVATION Le Club de l’amélioration de l’habitat réalise actuellement un suivi in situ sur 20 chantiers de rénovation thermique en Ile-deFrance, Rhône-Alpes et dans le Nord. Même si les travaux ne sont pas tout a fait terminés, un premier bilan est d’ores et déjà possible. Bilan en demi-teinte, qui montre des résultats paradoxaux. Ainsi, sur l’échantillon de logements – dont 90% étaient, avant travaux, dans le bas de l’échelle du classement énergétique (classes G et F) –, les résultats sont décevants. En effet, près de 30% ne changent pas de classe énergétique et, sur les logements restants, 50% progressent seulement d’une classe, 10% de deux classes et 5% de trois classes et plus. Ces résultats moyens s’expliquent notamment par le fait que l’isolation et la ventilation n’ont pas été suffisamment prises en compte. S’il fallait démontrer l’importance de l’offre globale énergétique, c’est chose faite! Les résultats sont bien meilleurs sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Avant travaux, plus de 70% des logements étaient en classe G ou F. Après rénovation, il n’en reste que 25%. Mais surtout, plus de 70% des logements rénovés sont dans le haut du classement (plus de 35% sont classés B ou A!). Ces bons résultats s’expliquent en partie par le recours aux énergies renouvelables. JUIN 2007 BÂTIMÉTIERS 17 PERFORMANCE ÉNERGÉTIQUE 1 © PHOTOARCHITECTURE.COM DOSSIER 2 © GAIA ENERGIES donner à l’ensemble des métiers une culture «économie d’énergie» et apprendre à la vendre; développer un outil pour réaliser le diagnostic et l’évaluation des travaux à réaliser dans ce cadre; se former techniquement à des solutions d’économie d’énergie. Acquérir une culture énergétique transversale Dans tous les cas, cette démarche exigera du professionnel une certaine forme de transversalité. Elle imposera également de parler de retour sur investissement et d’inscrire l’ensemble dans le cadre d’une offre globale. En effet, la démarche impose aux entreprises d'être à même de répondre à leurs clients sur l’ensemble des questions relatives à la rénovation énergétique, et pas seulement sur celles qui concernent leur métier spécifique. Concrètement, cela signifie qu’un entrepreneur n’est plus seulement conseil et pres18 BÂTIMÉTIERS JUIN 2007 cripteur pour son activité, mais qu’il doit également être capable de renseigner son client pour d’autres travaux liés à la rénovation énergétique : bâti, équipements techniques ou encore maintenance. Bref, les entreprises auront de plus en plus intérêt à informer leurs clients, particulièrement les maîtres d’ouvrage privés, quant à l’ensemble des travaux à mener pour économiser l’énergie. C’est en cela que l’étude constitue une aide précieuse. Car à terme, l’offre globale en rénovation énergétique ne vise qu’un seul but: mettre les entreprises en situation d’interlocuteur unique capable de conseiller leurs clients sur les solutions les plus avantageuses pour réaliser des économies d’énergie et ce, quel que soit leur métier. Aujourd’hui beaucoup plus qu’avant, la plupart des métiers du Bâtiment ont un rôle à jouer dans le cadre de la rénovation énergétique des © PHOTOARCHITECTURE.COM Chaque solution énergétique doit s’inscrire dans une offre globale. 3 1 2 LA PRODUCTION DE CHALEUR à partir d’énergies renouvelables (ici une chaudière à bois) est l’une des voies de la performance énergétique. 3 COMMANDE DOMOTIQUE pour la gestion du chauffage, actionnable à distance via le téléphone. bâtiments existants. Pour certains métiers, c’est une fonction nouvelle, mais il est nécessaire pour tous d’acquérir cette culture énergétique transversale. Qui plus est, il faut être capable d’associer à ces offres techniques, chiffrées, des propositions de financement spécifiques à ce type de travaux, accompagnées des temps de retour sur investissement. Telles sont les conditions à remplir désormais pour améliorer durablement les performances énergétiques des logements et, ainsi, répondre de manière personnalisée aux nouveaux besoins exprimés par les clients. 쐍 (1) Loi de programmation du 13 juillet 2005 fixant les orientations de la politique énergétique de la France (dite loi Pope). (2) L’étude de la zone H2 est en cours. (3) Développé par l'université du Wisconsin (E-U), Trnsys est un outil de simulation dynamique des bâtiments et des systèmes, qui permet de prévoir et d’améliorer les performances énergétiques des bâtiments et des systèmes de chauffage/climatisation/ventilation. (4) Température ressentie par l’occupant d’un local, qui correspond à la moyenne des températures des parois et de l’air ambiant. G R A N D T É M O I N LA QUALIFICATION EST UN ATOUT POUR LES ENTREPRISES La réforme de Qualibat, désormais totalement indépendant, donne une nouvelle dynamique à la démarche de qualification. Pour les entreprises, c’est un levier pour faire reconnaître leurs compétences mais aussi une clé d’accès à des marchés publics. Quel bilan tirez-vous de la récente réforme de Qualibat ? Cette réforme était nécessaire pour deux raisons principales. D’abord, comme l’avait pointé un audit approfondi, notre ancienne organisation présentait d’importantes disparités, selon les sections, en termes de charge de travail et de productivité. Ensuite, Qualibat était tenu de se mettre en conformité avec la nouvelle norme française qui régit le fonctionnement des organismes de qualification et leurs procédures – dans le secteur du Bâtiment comme dans tous les autres secteurs. Cette norme impose aux organismes des règles d’organisation et de fonctionnement. Elle exige notamment une indépendance totale, pour ce qui est des locaux et des moyens logistiques, entre l’organisme de qualification et les organisations professionnelles qui en sont membres. Nous avons donc engagé une importante réorganisation, dont les grandes lignes ont été actées dans un protocole signé avec les pouvoirs publics et la plupart des organisations professionnelles membres de Qualibat – dont la FFB. La réforme 20 BÂTIMÉTIERS JUIN 2007 s’est traduite notamment par la création d’entités régionales, avec la nomination d’une douzaine de délégués régionaux chargés d’animer notre réseau d’agences et de mieux faire connaître la qualification. Pour les entreprises, au plan pratique, le processus reste le même: les commissions d’attribution des qualifications siègent toujours dans chaque département. Qualibat est aujourd’hui un organisme plus structuré, plus performant, qui offre des services d’un meilleur rapport qualité/prix et qui a gagné en crédibilité. Et pour attester de la qualité de ses prestations et de la bonne exécution de sa mission, conformément à la nouvelle norme ou, pour certaines, au niveau national, Qualibat va être accrédité par le Cofrac (Comité français d’accréditation), ce qui implique des audits périodiques au niveau du siège mais aussi des agences territoriales et des commissions de qualification. La qualification est mentionnée dans le nouveau code des marchés publics. Qu’est-ce que cela change ? Le nouveau code précise que lors- qu’un marché le justifie, en raison de son importance ou de son niveau de technicité, le maître d’ouvrage peut exiger des entreprises candidates qu’elles produisent un certificat de qualification établi par un organisme indépendant. C’est une avancée majeure : non seulement la qualification atteste «officiellement» la capacité d’une entreprise à exécuter tel ou tel type de marché, mais elle devient la clé d’accès à certains marchés. Pour les entreprises qui ont fait ce choix, la qualification est clairement un «plus». Elles ont donc tout intérêt à en faire connaître les avantages aux maîtres d’ouvrage. Nous sommes nous-mêmes très actifs pour communiquer sur ce thème auprès de l’ensemble des acteurs du secteur. Quels sont les autres avantages de la qualification pour une entreprise ? Entreprendre une démarche de qualification implique pour l’entreprise un effort de réflexion interne, en vue de constituer son dossier et de se préparer au passage en commission de qualification. Cette démarche est en elle-même UN ENTRETIEN AVEC PIERRE CHEMILLIER, PRÉSIDENT DE QUALIBAT un élément important du management de la qualité dans l’entreprise. C’est aussi un levier pour valoriser les personnels en interne, et pour faire reconnaître les compétences à l’extérieur : l’entreprise montre qu’elle est qualifiée pour tel ou tel type de travaux, et utilise ainsi la qualification comme un atout commercial. Enfin, Qualibat atteste que l’entreprise est assurée pour les travaux visés et examine la sinistralité de l’entreprise; il faut noter, à cet égard, que certaines compagnies accordent des réductions de primes aux entreprises dûment qualifiées. Quel est le sens de la révision de la nomenclature Qualibat ? La nomenclature, qui rassemble une cinquantaine d’activités et plus de 400 possibilités de qualification, est actualisée régulièrement pour refléter l’évolution des métiers du Bâtiment. C’est indispensable pour que cet outil continue d’être très largement utilisé dans notre secteur – par les maîtres d’ouvrage et les maîtres d’œuvre lors des consultations, par des compagnies d’assurances pour définir les risques et établir les tarifications, etc. Une importante évolution a été engagée récemment avec l’introduction de quatre niveaux de technicité (courante, confirmée, supérieure, exceptionnelle) pour certaines activités, parce que l’on n’est pas qualifié de la même manière pour des travaux courants ou pour un chantier exigeant de disposer d’un bureau d’études. La révision 2006 tient compte notamment du développement des énergies renouvelables (avec par exemple une nouvelle qualification pour la mise en œuvre de capteurs solaires en toiture), de l’émergence de nouvelles techniques (déconstruction) ou encore de la montée en puissance des offres multimétiers (aménagement de salle de bains…). À plus long terme, se posera sans doute la question de créer des qualifications transversales sur des thèmes comme la qualité de l’air ou le confort acoustique. Ingénieur général honoraire des Ponts et Chaussées, Pierre Chemillier a notamment été professeur à l’École Nationale des Ponts et Chaussées (il enseignait la démarche scientifique appliquée au Bâtiment) et président de la commission des affaires scientifiques du conseil général des Ponts et Chaussées. Il a dirigé le CSTB de 1982 à 1993, et préside Qualibat depuis 1999. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages: «Démarche qualité dans les entreprises du Bâtiment» et «Comprendre et maîtriser la directive produits de construction» (éditions Afnor). © V. LELOUP Pouvez-vous nous rappeler le rôle de la “carte d’identification bâtiment” ? Nous l’avons créée dans le cadre de la réforme de Qualibat. Constatant que le nombre d’entreprises artisanales qualifiées avait tendance à diminuer, nous avons imaginé pour elles une première étape, progressive, vers la qualification. La carte d’identification bâtiment, obtenue en remplissant l’équivalent du volet administratif du dossier de qualification, est une première reconnaissance de l’entreprise, et une invitation à aller vers la qualification dans un délai de quatre ans maximum. Depuis son lancement il y a 18 mois, environ 2 000 cartes de ce type ont été attribuées. Pour les équipes de Qualibat, et en particulier pour les délégués régionaux, c’est l’occasion d’amorcer un échange avec l’artisan ou l’entrepreneur, qui se poursuit ensuite à intervalles réguliers pour l’accompagner vers la qualification. Et nous constatons même de nombreux cas où l’entreprise décide finalement de brûler l’étape de la carte d’identification pour s’engager directement dans la démarche de 쐍 qualification ! JUIN 2007 BÂTIMÉTIERS 21 GROS ŒUVRE/STRUCTURE 1 2 © RECTOR LESAGE © RECTOR LESAGE LE PRÉMUR, ALTERNATIVE AU BÉTON BANCHÉ? Livré sous forme de panneaux sur le chantier, le prémur peut être intéressant pour réaliser certains types d’ouvrages ou certaines parties de bâtiment. Sous Avis technique du CSTB, sa mise en œuvre est exigeante et les entreprises doivent se poser la question de son coût. D epuis une dizaine d’années, il existe une alternative au béton banché pour construire des murs porteurs: le prémur. Préfabriqué en usine, il se compose de deux 24 BÂTIMÉTIERS JUIN 2007 parois minces en béton armé (4,5 à 7,5 cm), généralement sans acier en attente, maintenues espacées par des raidisseurs métalliques horizontaux. Une fois positionnés et stabilisés, les panneaux de prémur font office de coffrage: on y glisse des armatures de liaison et on y coule du béton prêt à l’emploi, ce qui garantit la stabilité de la construction. Cette technique peut être employée pour réaliser différents murs porteurs de bâtiments industriels, de bureaux ou d’habitations, pouvant comporter plusieurs niveaux de sous-sols, ou pour des murs de soutènement ; elle répond aux exigences de la construction en zone sismique. En fonction des contraintes qui lui sont demandées, l’épaisseur du prémur varie de 16 à 40 cm, tandis que sa hauteur varie de 1 à 12 m, pour une largeur de panneaux allant jusqu’à 3,80 m. S’il s’agit encore d’un marché de niche, avec un petit nombre de fabricants, l’intérêt des entreprises de maçonnerie pour cette technique va croissant. «IL FAUT PRIVILÉGIER LE BÉTON COULÉ SUR PLACE, QUI CRÉE NOTRE VALEUR AJOUTÉE» Didier Brosse, Entreprise Brosse (Chazelles-sur-Lyon, Loire) 3 Avec 1,2 million de m2 en 2006, le prémur représente 7% du total des murs construits. UNE MISE EN ŒUVRE EN PLUSIEURS ÉTAPES Relevant d’une technique non traditionnelle, les prémurs ne sont encadrés par aucune norme, mais sont sous Avis technique du CSTB. Leur mise en œuvre est méthodique, exige de la rigueur et nécessite un respect absolu des règles écrites du fabricant. Elle peut être décomposée ainsi: réalisation des fondations ou coulage des planchers; implantation et traçage des murs avec repérage des joints; pose des prémurs et stabilisation à l’aide d’étais tirantpoussant ou d’un autre système stabilisateur; mise en place des armatures de liaison des joints verticaux et des chaînages éventuels, ainsi que des bandes d’arrêt 1 LE DOMAINE D’APPLICATION DU PRÉMUR est vaste et comprend à la fois les murs de locaux d’habitation, de bureaux ou à usage industriel, pouvant comporter plusieurs niveaux de sous-sol. 2 UN SOIN PARTICULIER est apporté au transport et au stockage sur le chantier. 3 L’ESPACE compris entre les deux éléments préfabriqués est rempli de béton prêt à l’emploi de classe C25/30. dans les joints; pose éventuelle des prédalles ou dalles alvéolaires; coulage du béton et remplissage par banchées successives ; mise en place des armatures de liaison des joints horizontaux ; finition des joints, en fonction de la destination de l’ouvrage. 왘 왘 왘 © RECTOR LESAGE © DR «En termes d’organisation, le prémur est un procédé très intéressant pour des opérations ponctuelles de quelques jours, pour lesquelles il n’est pas rentable de monter une grue, ou quand les délais sont très tendus. Il permet aussi de monter des murs de soutènement en toute sécurité quand on travaille sur des terrassements délicats en termes de stabilité. Il est bien adapté aux chantiers très étendus – notamment les bâtiments industriels – où la mobilité du camion grue permet de monter des murs uniformes de grande longueur en un temps record. En revanche, dès qu’il s’agit de réaliser un bâtiment comportant des façades complexes, de plusieurs niveaux, avec un grand nombre d’ouvertures, des renforts, des reprises de dalles…, le prémur est moins adapté. Pour tous ces cas, une entreprise bien équipée en banches métalliques, disposant d’un bon bureau de méthodes et maîtrisant le coulage du béton en place, ira tout aussi vite, avec une qualité équivalente, en s’adaptant parfaitement aux impératifs architecturaux et de structure de l’ouvrage. Le prémur reste un produit industrialisé lourd, peu souple, qui exige une très bonne logistique, bien coordonnée, avec des coûts et des aléas de transport non négligeables qui vont à l’encontre de la réduction des émissions de gaz à effet de serre. De plus, le traitement des joints est une contrainte importante à ne pas négliger. Je pense que les entreprises de maçonnerie qui continueront de privilégier le béton coulé en place conserveront leur savoir-faire et pourront répondre à toutes les exigences techniques et architecturales des projets les plus variés et les plus audacieux. Il serait risqué pour le bon équilibre de nos entreprises de recourir uniquement à ce type de produit industrialisé, dont la valeur ajoutée nous échappe immanquablement en grande partie. Restons donc très vigilants sur la raison d’être de nos entreprises afin de veiller à préserver leurs compétences.» Avec 1,2 million de m2 en 2006, le prémur représente 7% du total des murs construits. JUIN 2007 BÂTIMÉTIERS 25 GROS ŒUVRE/STRUCTURE «INTÉRESSANT POUR SA RAPIDITÉ ET SA SIMPLICITÉ D’EXÉCUTION» Gilbert Guderzo, Entreprise Parutto (Beynost, Ain) © DENIAU © DR «L’un des avantages du prémur est de faire gagner du temps et de la productivité dans certains cas, pour réaliser par exemple le moyeu central d’un bâtiment d’habitation. Malgré les nombreux angles des cages d’escalier et d’ascenseur, tout peut être posé en même temps, en une seule rotation. Cette technique est utile quand on doit construire contre un mur mitoyen, et permet de supprimer le terrassement qu’exigerait une banche pour les murs en sous-sol. De façon générale, le prémur est intéressant aussi quand on a de faibles surfaces en béton à réaliser: il devient alors rentable car on économise l’acheminement des grues et des banches, et une partie de la main-d’œuvre. Mais attention, il faut être formé à cette technique: prendre en compte la prise au vent des panneaux, savoir mettre en place le bon étaiement et prévoir des nacelles pour pouvoir accéder au sommet du prémur. Il faut aussi une planimétrie parfaite pour les murs de grande hauteur. Enfin, il s’agit d’un mode de construction qui impose des contraintes: on ne peut plus faire de modifications de dernière minute, et il faut une organisation spécifique pour pouvoir travailler en juste à temps.» 왘왘왘 Le béton coulé dans le prémur doit répondre à des critères précis, notamment une résistance caractéristique minimale à 28 jours de 25 MPa (classe C25/30), et avoir la granulométrie d’un microbéton. Il doit être fluide ou hyperfluide (consistance S4 ou S5). L’une des difficultés de cette technique tient au traitement des joints entre panneaux, qui doit tenir compte de chaque type de prémur – en élévation, en infrastructure, soumis à une pression hydrostatique… – et de la nature du futur revêtement : peinture, lasure, RPE… Pour prévenir les fuites de laitance de béton, il faut prévoir une bande d’arrêt dans les joints. Pour éviter la formation d’une fine fissure verticale de l’enduit au droit du joint, il faut prévoir un bourrage de celui-ci avec un mortier, puis un entoilage et un enduisage. Enfin, l’infiltration DES FAÇADES ARCHITECTONIQUES peuvent être proposées par les fabricants, avec des finitions pierre, bois… des eaux de ruissellement en infrastructure peut être évitée par un bourrage avec un mortier adapté, complété par une bande bitumineuse autoadhésive et accompagné d’un drainage efficace. UN PRODUIT AUX CARACTÉRISTIQUES INDUSTRIELLES Le prémur est compatible avec les deux types d’isolation thermique, soit par l’intérieur, soit par l’extérieur. Cette seconde technique est le plus souvent utilisée, parce qu’elle permet de corriger les légers décalages qui peuvent apparaître d’un panneau à l’autre. Concernant les finitions, toutes les Le prémur est compatible avec tous les types d’isolation thermique et toutes les finitions. 26 BÂTIMÉTIERS JUIN 2007 possibilités sont envisageables : brut de décoffrage, matricé, taloché… Les caractéristiques du prémur permettent de contourner les difficultés liées à la mise en œuvre du béton banché. Pour obtenir un parement de qualité, le béton banché exige une grande technicité, notamment dans l’application de l’agent de démoulage et dans la vibration qui donnera au béton sa consistance homogène. Des contraintes qui disparaissent avec le prémur, puisque la fabrication en usine permet de contrôler industriellement tous les paramètres du matériau. Le prémur présente donc un parement impeccable, qui correspond aux exigences croissantes des maîtres d’œuvre, en particulier pour réaliser du béton décor. Le prémur est aussi une réponse pour les entreprises de maçonnerie qui ne disposent pas des trains de banches et de la main-d’œuvre qualifiée nécessaires. Livrés prêts à poser, les panneaux de prémur peuvent permettre de gagner un temps précieux sur le phasage du chantier. En revanche, pour les entreprises qui ont investi dans des trains de banches et dans la formation des compagnons, le prémur représente un surcoût non négligeable, qui entre en contradiction avec la logique d’amortissement du matériel. Il s’agit donc d’une option technique, adaptée à certains chantiers, voire certaines parties d’ouvrage, qui doit faire l’objet d’un arbitrage au cas par cas par chaque entreprise. 쐍 GROS ŒUVRE/STRUCTURE F I C H E T E C H N I Q U E © DR MONOMUR EN TERRE CUITE : traiter les points singuliers Pour être thermiquement performant, le monomur doit traiter les points singuliers, grâce notamment au calepinage préventif. L e monomur en terre cuite met en œuvre des éléments conçus de manière à multiplier les alvéoles qui piègent l’air chaud comme l’air froid. Il n’est donc pas nécessaire d’y ajouter un isolant supplémentaire, d’où son appellation de monomur. Il s’agit d’un procédé qui permet de réaliser une isolation thermique répartie (ITR) et de lutter efficacement contre les ponts thermiques, d’où l’intérêt croissant qu’il suscite actuellement. Une bonne utilisation de briques de 37,5 cm d’épaisseur répond aux impératifs de la RT 2005, à condition de veiller scrupuleusement aux points singuliers liés à ce mode constructif. Le monomur exige d’abord une assise d’une planimétrie par- 28 BÂTIMÉTIERS JUIN 2007 faite. En effet, les briques sont assemblées au moyen d’un mortier colle à joints minces, appliqué au rouleau, dont la première couche doit être parfaitement plane. Un mortier irrégulier provoque un décalage des briques, et la tentation de le combler avec des épaisseurs de mortier qui pénalisent les performances thermiques de l’ouvrage. Pour que ces dernières soient optimales, il est conseillé d’appliquer un mortier isolant en pied de mur, sur lequel vient prendre place le premier rang de briques, afin de supprimer tout risque de pont thermique à l’intersection du mur avec la dalle de sol. La question se pose à nouveau en arrivant à hauteur du plancher haut de rez-de-chaussée : on prévient le pont thermique en intercalant une planelle isolante en about de plancher, entre la dalle et le monomur. Les performances thermiques du monomur tiennent à la trame des briques, composée d’un grand nombre d’alvéoles, et à leur petit côté, composé de parties rentrantes et de parties sortantes qui s’encastrent au moment de la construction. Cet ordonnancement est remis en cause au traitement de chaque point singulier du mur – linteaux, appuis de fenêtres ou de baies, coffres de volets roulants... – qui doivent bénéficier d’un isolant supplémentaire pour maintenir la performance de l’ensemble. Tous ces points singuliers exigent le plus souvent une découpe délicate de la brique sur le chantier, à l’aide d’une scie, qui donne rarement un résultat très net. LE CALEPINAGE PLUTÔT QUE LA DÉCOUPE Là encore, la tentation est grande de compenser les coupes imparfaites par un excès de mortier (un «calfeutrage»). La meilleure solution à ce problème technique se trouve certainement en amont: au moment de l’appel d’offres, le maçon a tout intérêt à attirer l’attention du maître d’œuvre sur le dimensionnement des éléments de structure qui doivent tenir compte de l’utilisation d’éléments spécifiques – les fournisseurs proposent un grand nombre de formats de briques, y compris des blocs poteaux et des blocs d’angles, des tableaux, des abouts de dalles, des appuis de fenêtre… – et d’un calepinage soigneux (exemple des trumeaux). Ce complément de conception, réalisé par l’architecte, apportera une mise en œuvre plus rapide et une nette amélioration de la qualité finale. PLUS PROPRE MAIS PLUS FRAGILE Les corps d’état techniques qui interviennent après le maçon – électricien, plombier… – doivent aussi travailler en respectant le monomur, dans la réalisation de leurs saignées par exemple. En finition extérieure, une brique de parement ou, plus simplement, un enduit monocouche projeté sont des solutions courantes. S’il est plus fragile que d’autres matériaux et doit être stocké avec plus de précautions, le monomur en terre cuite est plus rapide à monter, plus technique et plus propre, et il génère donc des gains de productivité intéressants. Pour se familiariser avec sa mise en œuvre, les maçons comme les architectes peuvent profiter du monitorat proposé par les fournisseurs en début de chantier. À condition de bien maîtriser ses points singuliers, il sera un allié précieux pour répondre aux futures exigences de la RT 2010. 쐍 POUR EN SAVOIR PLUS UMGO-FFB (Union de la maçonnerie et du gros œuvre), tél.: 01 40 69 51 59. GROS ŒUVRE/STRUCTURE © CHRISTIAN BOIS dureté, de sa résistance mécanique et de l’esthétique finale du parement, la formulation la plus performante sera retenue pour l’ensemble du chantier. ENDUITS EXTÉRIEURS EN TERRE CRUE Faire respirer le bâti ancien Afin de ne pas contrarier sa perméabilité à la vapeur d’eau, le bâti ancien en terre crue doit recevoir des enduits qui présentent la même propriété que lui. Q uel enduit extérieur faut-il utiliser sur un support donné? La place prépondérante prise par l’industrie depuis plusieurs décennies a favorisé la mise en œuvre de solutions «standard» et de produits universels, mais elle ne doit pas déboucher sur une « pensée unique» appliquée à l’enduit extérieur. Les maçons appliquent les produits qu’ils ont appris à mettre en œuvre: majoritairement des enduits à base de ciment. Or, il se trouve que ces produits ne sont pas adaptés à une bonne partie du patrimoine et des constructions anciennes, en particulier les constructions en pisé, en torchis, en bauge ou adobe, qui représentent environ 2,4 millions de logements en France. Cette incompatibilité tient à un phénomène simple : ces constructions traditionnelles comportent 30 BÂTIMÉTIERS JUIN 2007 entre autres de l’argile, qui a pour propriété d’être perméable à la vapeur d’eau – on parle dans ce cas de sa «perméance». Et, précisément, les enduits à base de ciment ne présentent pas ces propriétés de porosité à la vapeur d’eau. Le va-et-vient de la vapeur d’eau dans la terre crue se trouve contrarié, les actions du gel et du dégel génèrent alors un gonflement sous l’enduit et l’apparition de désordres. DES ENDUITS DE CONCEPTION ARTISANALE L’argile ayant pour propriété de se dilater et de se rétracter, le mur est atteint de fissurations qui dégradent le parement et peuvent provoquer jusqu’à l’écroulement de la structure. Depuis longtemps, on a pu constater qu’il en est de même pour les maçonneries de pierre bâties avec un mortier à base d’argile ou de chaux. Les matériaux de base qui servent à élaborer ces enduits perméables à la vapeur d’eau sont connus: il s’agit de la chaux hydraulique naturelle (NHL), de la chaux aérienne (CL) ou de l’argile qui, elle, se trouve naturellement dans la terre. Cependant, ces produits n’existent pas sous la forme «prêt à l’emploi ». Leur formulation devra être adaptée à la fonction de chacune des trois couches – gobetis, corps d’enduit, finition – et le matériau de base varie d’une région à l’autre, en fonction de la teneur du sous-sol d’où la terre crue est extraite. Pour les utiliser, il faut mettre au point des enduits dit «bâtards», qui sont des mélanges réalisés à base des ingrédients ci-dessus. Seul un essai de différentes formules sur le mur peut déterminer l’enduit qui convient: en fonction de son accroche, de sa VERS DES RÈGLES PROFESSIONNELLES Pour Nicolas Meunier, entrepreneur en maçonnerie spécialisé dans le bâti en pisé, implanté à Chambles (Loire), c’est dans la mise au point de ces enduits que réside la richesse d’un métier qu’il faut conserver et promouvoir. Ce qu’il traduit par une métaphore culinaire: «Les enduits à base de terre crue s’élaborent avec un savoir-faire comparable à celui d’un cuisinier qui mitonne une sauce. Cet exercice de réflexion est valorisant pour notre métier, et peut attirer des jeunes qui ne veulent pas uniquement appliquer des produits de manière répétitive.» À la question du coût, il répond que ces enduits sont effectivement plus onéreux, car leur mise en œuvre demande plus de temps, mais ils ont l’avantage d’être pérennes, tandis qu’un traitement inadapté ne garantira pas l’avenir de la construction. Pour promouvoir la technique des enduits extérieurs à base de terre crue, Nicolas Meunier s’est engagé dans un groupe de travail sur le sujet, piloté par le Réseau écobâtir (1) en partenariat avec la FFB, qui doit déboucher sur la publication de règles professionnelles. 쐍 (1) Le Réseau écobâtir est une association qui réunit des acteurs de la construction – fabricants de matériaux, revendeurs, architectes et maîtres d’œuvre, entreprises et artisans, usagers… – signataires d’une charte qui repose sur le respect de l’environnement et de la santé, la promotion de l’équité et de la coopération dans les échanges entre acteurs économiques, le respect des cultures constructives et des savoir-faire locaux (www.reseauecobatir.asso.fr). © SEMON-RAPAPORT ARCHITECTES BEAU CHANTIER Le bois, partenaire naturel du patrimoine S ’ils revenaient aujourd’hui sur les lieux où ils ont vécu, les habitants du vieux château de Brie-ComteRobert (Seine-et-Marne) seraient certainement surpris, mais pas choqués, d’y découvrir le Centre d’interprétation du patrimoine, un bâtiment à structure en poteaux poutres de lamellé collé et façades à ossature bois. En effet, son parement composé de lames de mélèze, qui prendra une patine gris argenté, et son toit en zinc se fondent parfaitement dans ce contexte minéral. À l’intérieur, la charpente et ses poteaux cylindriques, ainsi que les larges baies ménagées dans les façades, témoignent des possibilités architecturales offertes par le bois. Cependant, au-delà des critères esthétiques et de la résistance mécanique élevée du lamellé collé, peu déterminante pour cet édifice aux dimensions modestes, c’est bien la volonté de respecter un site protégé et fragile qui a plaidé en faveur de la construction bois. «La légèreté de la structure a épargné au site le creusement de fondations importantes et la venue de lourds engins de terrassement, commente Fran- çois Poulingue, dont l’entreprise du même nom a réalisé le chantier. Non seulement le sol a gardé son intégrité en vue d’éventuelles fouilles futures, mais le bâtiment peut être démonté à tout moment pour rendre au château son aspect antérieur.» CONSTRUCTION EXEMPLAIRE L’entrepreneur, par ailleurs chef de file de la FFB pour le développement du Plan Bois Construction Environnement, souligne l’exemplarité de cette construction, et incite la filière bois à se sai- sir d’un marché en plein essor, en produisant notamment des matériaux qui correspondent aux attentes des entreprises de construction bois. 쐍 INTERVENANTS • Maître d’ouvrage: mairie de Brie-Comte-Robert • Maître d’œuvre: agence Semon-Rapaport architectes • Entreprise de charpente bois: Poulingue JUIN 2007 BÂTIMÉTIERS 31 GROS ŒUVRE/STRUCTURE RECTIFICATION DES DALLES EN BÉTON Une solution haute planéité Pour obtenir un dallage à planéité presque parfaite, les entrepreneurs peuvent aujourd’hui faire appel à des prestataires spécialisés dans la rectification du béton. Une solution particulièrement adaptée aux sites de stockage de grande hauteur. R sont de plus en plus exigeants en la matière : pour les dallages à usage industriel, il n’est pas rare de les voir imposer une tolérance extrêmement faible, de 3 mm, voire de 2 mm sous la règle de 2 mètres. Une telle précision est notamment devenue indispensable pour les dallages destinés à des bâtiments de stockage de grande hauteur, qui utilisent des UN APPAREILLAGE de ponçage permet de corriger les irrégularités de la dalle. © ALPHAPLAN éaliser un dallage d’une planéité parfaite est extrêmement difficile, en raison du nombre de paramètres qui entrent en jeu. La formule du béton prêt à l’emploi n’est pas exactement identique d’un camion toupie à l’autre et, surtout, les nombreuses interventions humaines – réalisation de la couche d’usure, passage de l’hélicoptère... – pendant le temps de séchage multiplient les facteurs de variations planimétriques. Or, les maîtres d’œuvre chariots élévateurs. En effet, ces chariots doivent pouvoir s’élever, pour faire du gerbage, à 10 ou même 20 mètres du sol dans des allées étroites, avec une verticalité parfaite afin de ne pas heurter le sommet des racks. Ils doivent aussi pouvoir rouler à la vitesse affichée par le constructeur, sur laquelle les exploitants basent leurs calculs de productivité. Une planimétrie approximative est donc pénalisante à plusieurs titres: elle gêne l’élévation des chariots, diminue leur rendement, occasionne de mauvaises conditions de travail, tout en générant une usure prématurée du matériel et des coûts d’entretien supplémentaires. Elle peut aussi, en raison du ballottage, provoquer une casse des produits manutentionnés. 32 BÂTIMÉTIERS JUIN 2007 UNE SOLUTION : RABOTAGE OU MEULAGE S’il paraît impossible d’obtenir une planéité parfaite au moment de sa réalisation, il est possible de corriger les variations horizontales de la dalle, une fois celle-ci achevée. Les entrepreneurs de dallage peuvent faire appel à des prestataires ayant mis au point des machines spécialisées. Celles-ci aplanissent la dalle en effectuant, par allers-retours successifs, un rabotage ou un meulage du béton avec des outils diamantés. Dans certains cas, on utilise un profilographe pour enregistrer les variations planimétriques et les transmettre, sous forme de programme informatique, à la machine qui se charge de la mise à niveau. Ainsi, les machines les plus perfectionnées détectent et rectifient toutes seules les défauts de la surface. Il s’agit d’une technique propre, car les machines fonctionnent à l’énergie électrique et ne génèrent aucune émanation de nature à abîmer les produits stockés, dans le cas où l’opération est effectuée dans un entrepôt déjà en fonctionnement. Il s’agit d’une technique rapide, d’autant plus qu’on ne rectifie que les allées où les chariots élévateurs vont évoluer – pas le sol sous les racks, par exemple – et que le dallage est prêt à utiliser dès la fin de l’opération. Si elle est déjà couramment pratiquée en Europe du Nord, notamment en Allemagne et au Benelux, ainsi qu’au RoyaumeUni, la rectification des dalles en béton reste peu connue et peu utilisée en France. Elle représente un coût supplémentaire dans la réalisation du dallage, mais doit être présentée au maître d’œuvre comme un moyen d’optimiser l’exploitation de ses chariots élévateurs, donc la gestion de son entrepôt de stockage, d’autant plus qu’elle est assortie d’une garantie de résultat. C’est sans doute là une carte intéressante à jouer pour les entrepreneurs, sur un marché du stockage de grande hauteur qui devrait continuer à se développer, compte tenu de l’augmentation du prix des terrains. 쐍 POUR EN SAVOIR PLUS UNESI-FFB (Union nationale des entrepreneurs de sols industriels), tél.: 01 40 69 51 54. ENDUISEURS DE FAÇADE Valoriser la profession auprès des jeunes ’Union nationale des entrepreneurs d’enduits de façade (UNEEF-FFB) a pris à bras-lecorps la question du déficit des embauches que connaît la profession depuis plusieurs années: 150 personnes sont actuellement recrutées en rythme annuel, alors qu’on estime qu’il en faudrait 3 000 pour faire face au départ en retraite de la génération du baby boom. Un premier pas important a été franchi avec la création, en 2003, d’un certificat de qualification professionnelle (CQP) d’enduiseur façadier. En © CFC L l’absence de bac professionnel et de BEP, cette formation ouvre aux jeunes de 16 à 26 ans la perspective d’un emploi qualifié sous forme de CDI. Une formule qui attire un nombre croissant de candidats : elle est aujourd’hui proposée dans neuf centres de formation en France. L’UNEEF-FFB multiplie par ailleurs les opérations de communication sur le terrain de l’emploi pour attirer l’attention vers ses métiers. Outre un affichage actif dans les ANPE, les Assedic, les CIO (Centre d’information et d’orientation) et les centres de formation, de nombreuses réunions d’information et journées portes ouvertes créent des occasions de rencontre entre jeunes et chefs d’entreprise. Par exemple, une opération pilote in situ a démarré en décembre dernier. Issue d’un partenariat entre la mairie de Carbon-Blanc, dans la périphérie bordelaise, la FFB et le centre de formation Bernom, cette opération permettra à des jeunes de préparer et d’obtenir leur CQP à l’issue d’un an de formation pendant laquelle la façade de la salle des fêtes de la ville sera rénovée. Une façon de mettre à l’honneur la profession d’enduiseur de façade. 쐍 POUR EN SAVOIR PLUS • Greta Arras, Lille, Rennes, Tours, Angoulême, Clermont, CFA Reims, Afpa Vesoul, Association des compagnons de devoir de Nîmes. • UNEEF-FFB (Union nationale des entrepreneurs d’enduits de façade), tél.: 01 40 69 51 69. JUIN 2007 BÂTIMÉTIERS 33 GROS ŒUVRE/STRUCTURE MAÇONNERIE Le béton de chanvre a ses règles professionnelles U tilisée le plus souvent pour bâtir des murs à partir d’une ossature en bois, la maçonnerie en béton de chanvre est dans l’air du temps, et en passe de devenir une technique reconnue. L’association Construire en chanvre, qui regroupe les professionnels désireux de la promouvoir, vient d’obtenir de la Commission Prévention Produits mis en œuvre (C2P) l’inscription des règles «béton de chanvre» sur la liste des règles professionnelles (1), pour une durée expérimentale d’une année, sous trois conditions : le texte doit stipuler que tout entre- 34 BÂTIMÉTIERS JUIN 2007 niques du chanvre; l’association doit tenir informée la C2P des avancées réalisées en matière de certification de produit et des améliorations apportées aux textes. La commission statuera dans un an sur la prorogation ou non des règles professionnelles. 쐍 preneur désireux de mettre en œuvre du béton de chanvre doit contacter son assureur afin de lui apporter la preuve de son savoirfaire et de sa maîtrise du produit; l’association Construire en chanvre doit s’engager à promouvoir la formation aux tech- (1) Pour faciliter l’accès des entreprises aux techniques de mise en œuvre du chanvre, la FFB a réalisé un manuel regroupant les règles professionnelles d’exécution. POUR EN SAVOIR PLUS UMGO-FFB, tél.: 01 40 69 51 59. Les règles professionnelles sont disponibles auprès de la FFB de votre département. Rénovation des diplômes du gros œuvre Le brevet professionnel (BP) Construction en maçonnerie et béton armé et le bac pro Construction Bâtiment Gros œuvre viennent tous deux d’être rénovés pour tenir compte de l’évolution des métiers. Dorénavant, on parlera du BP de maçon et du bac pro Technicien du Bâtiment: organisation et réalisation du gros œuvre. Si le nouveau BP privilégie l’acquisition de compétences pour intervenir sur des ouvrages complexes, le bac pro met l’accent sur la préparation et l’organisation de l’intervention. Les premières sessions des examens auront lieu en 2009. DÉCONSTRUCTION Mode d’emploi L a démolition - déconstruction est un métier technique et représente des phases de chantier complexes que les maîtres d’ouvrage doivent pouvoir planifier très en amont des travaux. Or, ils ne savent pas toujours précisément comment fonctionne ce secteur ni comment s’adresser aux entreprises spécialisées. À quelles régle- mentations ces activités sont-elles soumises? Comment les risques sanitaires sont-ils pris en compte? Quelles sont les différentes méthodologies? Pour apporter des réponses à ces questions et à beaucoup d’autres, l’Union nationale des économistes de la construction et des coordonnateurs (UNTEC) et le Syndicat national des entreprises de démolition (SNED-FFB) viennent de publier un guide intitulé La démolition, la déconstruction… ou la manière «allégée» de préparer un dossier de consultation des entreprises de travaux de démolition ou de déconstruction. 쐍 Formation à la réhabilitation urbaine s’adresse à des ouvriers qualifiés, ayant au moins cinq ans d’expérience en réhabilitation et faisant office de chef d’équipe depuis au moins trois mois. La prochaine promotion démarrera en septembre 2007. 쐍 Eurocode 5: le bon calcul L es professionnels de la réhabilitation ayant besoin de disposer de chefs d’équipes adaptés aux spécificités du milieu urbain, un parcours de professionnalisation européen a été développé par l’AREF BTP Ile-deFrance Paris Petite Couronne (1). Ce parcours de 315 heures comprend sept semaines de formation en France, une semaine en Italie et une semaine en Pologne. Il (1) En partenariat avec l’UMGO-FFB (Union de la maçonnerie et du gros œuvre) et EGF BTP (Entreprises Générales de France BTP). POUR EN SAVOIR PLUS AREF BTP Ile-de-France, tél.: 01 42 27 49 49. POUR EN SAVOIR PLUS SNED-FFB, tél. : 01 40 55 12 60. P our aider les charpentiers à s’approprier le nouvel Eurocode 5 (conception et calcul des structures bois), la FFB CMP a élaboré en 2006 un manuel simplifié. Cet outil s’accompagne maintenant d’une formation «Eurocode 5», qui s’adresse en particulier aux artisans charpentiers et aux entreprises ayant déjà un bureau d’étude. La première session a eu lieu en mai dernier; des formations en régions sont organisées selon les demandes. 쐍 Fondations thermoactives à l’étude C onsistant à faire circuler une boucle d’eau dans les fondations de la maison individuelle, raccordée à une pompe à chaleur – ce qui permet de transférer la chaleur ainsi récupérée dans l’habitat –, les fondations thermoactives représentent un moyen intéressant de réduire la consommation d’énergie des bâtiments. Pour estimer la capacité réelle de récupération du système, le Costic (1) et l’UMGOFFB (2) vont mettre en place un chantier expérimental qui fera l’objet d’un suivi annuel des températures. Cette étude permettra d’évaluer l’impact de l’interaction sol/structure – et des variations de température – sur la stabilité de l’édifice, élément de réticence lié au système. 쐍 (1) Comité scientifique et technique des industries climatiques. (2) Union de la maçonnerie et du gros œuvre. JUIN 2007 BÂTIMÉTIERS 35 ENVELOPPE 2 3 1 © MALERBA BLOCS-PORTES TECHNIQUES DESSERRER LE VERROU DES CONTRAINTES La mise en œuvre des blocs-portes techniques confronte le menuisier à des difficultés multiples. Un groupe de travail constitué au sein de la FFB-CMP en fait l’inventaire pour définir les solutions «robustes» dont les professionnels ont besoin. 36 BÂTIMÉTIERS JUIN 2007 1 MANNEQUIN DE POSE MÉTALLIQUE réutilisable, à mettre en place avant le coulage du béton, pour éviter le cintrage des huisseries. 2 PORTES sous tenture intégrées dans la décoration du hall. 3 L’UTILISATION, sur cloisons en plaques de plâtre à ossature acier, d’huisseries préremplies en usine d’un matériau coupefeu permet d’obtenir un PV d’essai au feu pour l’ensemble bloc-porte et facilite l’opération de mise en œuvre: pas de découpe de plaques, pas de remplissage sur le chantier. 4 M oment crucial sur un chantier de bâtiment, l’installation des blocs-portes techniques – portes coupe-feu, acoustiques ou anti-effraction – révèle la qualité de la conception amont et le soin apporté à la réalisation… ou leurs lacunes. C’est aussi un sujet où se concentrent toutes sortes de contraintes réglementaires et techniques qui transforment parfois l’opération en un «problème inextricable», car les conditions de mise en œuvre de ces éléments déterminent étroitement leurs performances (voir encadré p. 38). «Il y a loin de la situation de pose décrite par le procès-verbal d’essais du fabricant au chantier, où le professionnel doit faire face à un empilement de contraintes », affirme Thierry France-Lanord, président de l’entreprise FranceLanord et Bichaton, à l’initiative du groupe de travail constitué sur ce thème au sein de la FFBCMP (1). Ces contraintes sont d’abord réglementaires, car les blocs-portes techniques équipent quasiment toujours un bâtiment de type ERP (établissement recevant du public) nécessitant telle ou telle adaptation (systèmes sécuritaires, accessibilité des personnes handicapées, etc.). Mais les contraintes techniques foisonnent également, d’abord parce que «la porte est l’objet le plus compliqué en aménagement», et pour une foule d’autres raisons. «Au niveau de la conception, des plans et descriptifs de la maîtrise Le menuisier doit s’adapter et apporter des solutions ignorées par la réglementation: aucun texte ne précise comment réaliser des moulures sur des portes coupe-feu. 5 d’œuvre, le bloc-porte est traité comme un détail et sa description reste très insuffisante», résume Thierry France-Lanord. Conséquence, sur les chantiers, il est courant de trouver des réservations non conformes, des cloisons légères en plaques de plâtre qu’il faut équiper d’un vantail de 85 kg, des planchers dont la planéité ne permet pas de respecter les tolérances millimétriques nécessaires aux performances d’un bloc-porte acoustique, des huisseries métalliques aux jambages cintrés dans des voiles de béton parce qu’on a négligé d’installer un mannequin avant le bétonnage, etc. Tout cela nécessite d’importantes adaptations, auxquelles s’ajoutent presque toujours des demandes de modifications de l’architecte ou du décorateur. TRAITER LES PROBLÈMES EN AMONT Le menuisier doit aussi apporter des réponses qu’ignore la réglementation, «car aucun texte ne précise comment réaliser des moulures XVIIIe sur une porte 4 BLOC-PORTE DAS (Dispositif activé de sécurité) à pivots de linteau asservis: tous les équipements sont intégrés dans le linteau de l’huisserie. 5 LES HUISSERIES SPÉCIFIQUES à la réhabilitation permettent un réglage fin lors de leur mise en place dans l’huisserie existante, facilitant la pose du vantail et le respect des performances. coupe-feu, comment traiter des portes sous tenture intégrées dans la décoration et, plus généralement, ce que l’on peut et ce que l’on ne peut pas faire sur un vantail pour l’améliorer, le modifier ou le décorer». Cette situation expose le professionnel, car le NF DTU 36.1 (Menuiserie en bois) datant de 1984, est antérieur à toutes ces problématiques, et elle conduit à multiplier les coûteux avis de chantier. «Or un chantier n’est pas un laboratoire, insiste Thierry France-Lanord. Nous avons besoin de solutions “robustes” et, lorsque nous abordons la pose de 300 blocs-portes dans un hôpital, il faut que tous les problèmes aient été traités en amont.» La nécessité d’une telle démarche a abouti en 2005 à la formation du groupe de travail «blocs-porJUIN 2007 BÂTIMÉTIERS 왘왘왘 37 ENVELOPPE PERFORMANCES DE RÉSISTANCE AU FEU ET «CONSTRUCTIONS SUPPORTS» 왘왘왘 tes » au sein de la FFB-CMP. Réunissant les menuisiers et les fabricants afin de poser toutes les questions et de réfléchir ensemble, il s’est rapidement élargi aux «sachant» que sont le CSTB(2) et le CTBA (3), pour que les solutions envisagées puissent être validées par les industriels et les centres techniques, et soient transposables lorsque sera révisé le NF DTU 36.1 car «l’objectif est clairement de tirer tout le monde vers le haut». « Les échanges au sein du groupe sont très fructueux, se félicite Thierry France-Lanord, car ils permettent aux fabricants d’identifier des points de conception à améliorer à partir des remontées des chantiers. Ils ouvrent aussi de nouvelles perspectives, en nous incitant par exemple à réfléchir à des solutions alternatives aux huisseries métalliques ou à dépasser les préjugés sur les huisseries en bois © MALERBA BLOC-PORTE D’HÔTELLERIE, nécessitant une mise en œuvre soignée afin d’assurer les performances acoustiques. massif reconstitué (BMR).» C’est enfin le meilleur moyen d’inventorier certaines bonnes pratiques, comme celle, venue d’Allemagne, du précadre qui permet à la fois d’obtenir des réservations impeccables en phase gros œuvre et de mettre le bloc-porte en place à un moment où il ne risque plus d’être endommagé par l’activité du chantier. Or, à ce jour, son usage n’est pas toujours prévu dans les textes ou PV d’essais. Quant à la réserve liée au coût d’un tel accessoire, elle tombe très vite «dès qu’on la met en balance avec le surcoût réel du temps passé et des malfaçons…» 쐍 (1) Fédération française du Bâtiment, Charpente Menuiserie Parquets. (2) Centre scientifique et technique du Bâtiment. (3) Centre technique du bois et de l’ameublement. POUR EN SAVOIR PLUS FFB-CMP, tél.: 01 40 69 57 40. La mission du groupe de travail: identifier les contraintes et inventorier les bonnes pratiques, comme celle du précadre. 38 BÂTIMÉTIERS JUIN 2007 L’arrêté du 22 mars 2004 du ministère de l’Intérieur, qui définit dans ses cinq annexes les méthodes et les conditions d’évaluation des performances de résistance au feu des produits, éléments de construction et d’ouvrages, auxquelles se réfèrent les règlements de sécurité contre l’incendie, prend en compte les changements apportés par les normes d’essais européennes (1) qui introduisent des notions nouvelles pour la mise en œuvre des blocs-portes ayant des caractéristiques de résistance au feu. Les essais sont réalisés sur des éléments de construction représentatifs de l’utilisation pratique du bloc-porte, soit trois types de constructions normalisées : • les constructions rigides à forte densité: murs ayant une masse volumique globale de (1 200 ± 400) kg/m3 et une épaisseur de (200 ± 50) mm; • les constructions rigides à faible densité: murs ayant une masse volumique globale de (650 ± 200) kg/m3 et une épaisseur ≥ 70 mm; • les constructions flexibles: constructions légères en plaques de plâtre à poteaux acier. Ces différentes constructions, désignées comme «constructions supports», puisqu’elles assurent le maintien de l’élément d’essai, ont une incidence sur le comportement de l’élément au feu en fonction de leurs propres performances. De même interviennent le vantail et le dormant, deux éléments dont le matériau, bois ou métal, influe également sur les performances mesurées. Réalisés sur chaque construction support avec les différents types de dormants et de vantaux et dans les conditions les plus sévères (sens d’ouverture du vantail), les essais aboutissent à des conclusions très différentes. • Ouvrants en bois montés dans des dormants en bois. La nature du support est négligeable avec ce type de bloc-porte. Les essais effectués dans les constructions supports normalisées rigides sont applicables aux constructions flexibles et inversement. • Ouvrants en bois montés dans des dormants métalliques. L’essai effectué sur une construction support flexible est plus sévère que celui effectué sur une construction rigide. • Ouvrants métalliques montés dans des dormants métalliques. Les performances de l’ouvrant et du dormant étant contraires selon le sens de l’ouverture du vantail au feu, des essais séparés sont requis pour chaque type de construction. (1) NF EN 1363-1 – Essais de résistance au feu – Partie 1 : exigences générales ; NF EN 1364-1 – Essais de résistance au feu des blocs-portes et blocs-fermetures – Partie 1 : portes et fermetures résistant au feu. ENVELOPPE NACELLES Se prémunir contre le risque électrique L’utilisation des nacelles dans le Bâtiment présente beaucoup d’avantages mais implique des précautions particulières face au risque électrique, très présent sur les chantiers touchant l’enveloppe. © MANITOU d’entreprise, ces obligations ne constituent pas des obstacles insurmontables. Les nacelles exposent toutefois à certains dangers. En 1998, une étude de l’INRS en proposait un inventaire qui fait toujours référence (2). Plus récemment, la généralisation de ces machines a conduit un groupe d’entrepreneurs des métiers de l’enveloppe à rappeler les risques que les lignes électriques, moyenne ou basse tension, représentent D e plus en plus répandues (leurs ventes ont augmenté de 45 % entre 2004 et 2005) et de plus en plus accessibles au travers des réseaux de location, les nacelles s’imposent dans les travaux publics et le Bâtiment. Tractables ou automotrices, à ciseaux ou à bras télescopiques, autostables ou «araignées»…, ces machines savent tout faire et permettent d’accéder aussi aisément à une toiture qu’à une façade, à la sous-face d’un tablier de pont ou à une charpente dans un bâtiment industriel. Dans les métiers de l’enveloppe, elles ont été largement adoptées par les couvreurs, les maçons et les façadiers qui, grâce à elles, réalisent dans des délais rapides et à moindre coût 40 BÂTIMÉTIERS JUIN 2007 des opérations naguère impossibles sans échafaudage. Parfaitement adaptées sur le plan opérationnel, les nacelles permettent en outre aux professionnels de respecter la réglementation sur les travaux en hauteur (1). AVANTAGES… ET DANGERS Celle-ci proscrit en effet l’usage des échelles, des escabeaux et des marchepieds comme postes de travail. Autres avantages: les nacelles suppriment beaucoup de situations à risque de chute et diminuent la pénibilité des tâches. Enfin, même si leur utilisation est liée à l’obtention d’un Caces (Certificat d’aptitude à la conduite en sécurité), à une aptitude médicale et à l’autorisation du chef pour les interventions en couverture et en façade. Dès que l’un des éléments de la nacelle s’approche à moins de 3 m d’une ligne, on court le risque de formation d’un arc électrique, donc d’électrocution du personnel. En l’absence d’une réglementation qui formalise des moyens de prévention, ces professionnels ont appelé l’attention de tous sur les bonnes pratiques mises en œuvre par les entreprises (voir ci-dessous) en invitant à les appliquer, les enrichir et les diffuser. 쐍 (1) Décret n° 65-48 du 8 janvier 1965, renouvelé par le décret n° 2004-924 du 1er septembre 2004. (2) «Nacelles élévatrices de personnel», Cahiers de notes documentaires – hygiène et sécurité du travail, n° 171, 2e trimestre 1998. «NE JAMAIS PARTIR DANS L’INCONNU AVEC UNE NACELLE» Daniel Berdeaux, responsable d’une entreprise de couverture plomberie au Petit-Quevilly (Seine-Maritime). «Mon entreprise utilise des nacelles depuis une dizaine d’années et elles sont présentes sur 50% des opérations. Nous sommes équipés d’un petit modèle tractable, d’un modèle automoteur et, bientôt, d’un petit camion nacelle. Sur les 17 personnes de l’effectif, 10 sont titulaires du Caces, mais deux seulement, qui ont suivi une formation spéciale, sont autorisées à conduire la grosse nacelle. On ne doit jamais partir dans l’inconnu avec une nacelle. Avant chaque chantier, il faut reconnaître les lieux, et quand il y a un problème de lignes électriques ou d’accès au sol, prendre des photos. Je demande les autorisations de voirie et, au besoin, je fais isoler les fils par EDF. Systématiquement, avant le début des travaux, nous organisons une réunion où l’on analyse les photos, et quand le compagnon part, il sait où il va et ce qu’il a à faire. Les machines sont régulièrement contrôlées par l’Apave. Lors des visites de la médecine du travail, des certificats spéciaux d’aptitude sont délivrés aux conducteurs. Plus formellement, j’ai inscrit les risques dans un document unique, actualisé tous les ans. Et je fais des “piqûres de rappel” tout le temps. » «ETICS» Pas de travaux d’entretien sans étude préalable Depuis deux ans, des règles professionnelles aident à prévenir le risque de sinistre dans l’entretien des systèmes d’isolation par l’extérieur (Etics). Rappel des points clés. SCHEMA D’UN SYSTEME ETICS Isolant Enduit mince Armature L ’isolation thermique d’un bâtiment par l’extérieur – plus exactement ce que les normes européennes dénomment «systèmes composites d’isolation thermique extérieure » (Etics) – est un complexe. Entre l’isolant appliqué sur la paroi et la finition (revêtement plastique épais ou semi-épais), s’intercalent successivement l’armature, les couches d’enduits intermédiaires et l’impression. Cette dernière ne doit surtout pas être négligée quand vient le moment de l’entretien ou de la rénovation. En effet, le lavage suivi d’une application de peinture, qui conviendrait pour une façade classique, risquerait dans ce cas d’aggraver le dommage, de révéler une malfaçon ou de créer une tension pouvant aboutir en très peu de temps à un décollement, voire à la destruction du système. Pour prévenir ce risque et la sinistralité sur l’entretien et la rénovation des Etics, une commission de spécialistes réunissant maîtres d’œuvre, fabricants et bureaux de contrôle autour de l’UPPF-FFB (Union professionnelle Peinture Finitions) et du SFJF-FFB (Syndicat français des joints et façades), a élaboré et publié, en décembre 2004, des règles professionnelles (1). Leur domaine d’application est clairement défini: il vise «les procédés comportant un isolant de type polystyrène expansé ou laine minérale, collés et/ou fixés mécaniquement, recouverts d’un système enduit mince (épaisseur inférieure à 10 mm) constitué d’une couche de base armée et d’un revêtement à base de liant organique (émulsion vinylique ou acrylique généralement) ou de liant silicaté». DIAGNOSTIC INDISPENSABLE Le point essentiel de ces règles est de prescrire une étude préalable avant toute opération d’entretien ou de rénovation, et ceci dès le premier mètre carré à traiter. L’étude est à la charge du maître d’ouvrage et devra être effectuée par un organisme qualifié, expert ou bureau de contrôle, et deviendra une pièce contractuelle du marché d’entretien ou de rénovation. Couche d’impression Finition RPE RPE : revêtement plastique épais Cette étude a pour but d’identifier le système Etics qui a été appliqué, de s’assurer qu’il a été mis en œuvre en respectant les prescriptions de l’Avis technique, et de caractériser les désordres observés pour définir une solution adaptée. Ces dommages sont répertoriés en quatre types, classés de I à IV par les règles (voir tableau). Les désordres autres ou plus importants qui peuvent être constatés, tel un décollement partiel de l’isolant, conduiront le maître d’ouvrage à solliciter les entreprises habilitées à réaliser des travaux de rénova- tion plus lourds, du type pelage, dépose ou mise en œuvre d’un bardage. Clarifiant le rôle de chacun, l’étude préalable met le maître d’ouvrage à l’abri d’un défaut et protège l’entreprise, dont le devoir de conseil se trouve transféré à l’organisme qualifié. 쐍 (1) Sur demande auprès de DTSB Éditions, tél. : 01 56 62 10 00. POUR EN SAVOIR PLUS • UPPF-FFB, tél.: 01 40 69 53 73. • SFJF-FFB, tél.: 01 56 62 10 03. TYPES DE DÉSORDRES DE SYSTÈMES ETICS ET SOLUTIONS CORRESPONDANTES Recensement des désordres lors du diagnostic Désordres esthétiques TYPE I (encrassement) Type d’étude Annexe B1 des règles Solution à retenir K1 Film mince TYPE II (encrassement, faïençage) K2 Film semi-épais Désordres mécaniques TYPE III (encrassement, faïençage, microfissuration localisée sauf aux joints de plaques) K3 Film semi-épais ou épais TYPE IV (encrassement, faïençage, microfissuration non généralisée au droit des joints de plaques) Annexes B1 + B2 des règles K4 Film épais JUIN 2007 BÂTIMÉTIERS 41 ENVELOPPE F I C H E A C C E S S I B I L I T É POIGNÉES ET SERRURES (PORTES DES PARTIES COMMUNES ET INTÉRIEURES) LES OUVERTURES Les textes relatifs à l’accessibilité (1) portant sur les logements (habitations collectives et maisons individuelles) et les établissements recevant du public (ERP) neufs fixent les spécifications à respecter pour: • les accès aux locaux, notamment les locaux collectifs (caves et celliers); • les portes, portiques, sas, portails, fenêtres, accès aux terrasses et balcons ; • les caractéristiques des logements. Quelques grandes règles: • Les systèmes d’ouvertures de portes et les dispositifs de manœuvre de fenêtres et de portes-fenêtres doivent être utilisables en position debout comme en position assise. • Tout signal lié au fonctionnement d’un dispositif d’accès doit être sonore et visuel ou lumineux. • Sauf exception, un espace de manœuvre de porte est exigé devant chaque porte ou portail. • L’effort d’ouverture des portes et sas doit être inférieur ou égal à 50 N. RÈGLES DIMENSIONNELLES: QUE DIT LA NOUVELLE RÉGLEMENTATION ACCESSIBILITÉ ? LOGEMENTS LARGEUR MINIMUM PASSAGE MINIMUM (VANTAIL OUVERT À 90°) Portes ou portails sur cheminements extérieurs, et porte d’entrée du logement (2) 0,90 m 0,83 m Portes intérieures locaux collectifs (caves et celliers inclus), portes intérieures du logement 0,80 m 0,77 m Circulation intérieure 0,90 m - Accès balcons/terrasses 0,80 m - Dispositifs de commande portes-fenêtres/fenêtres 0,90 m ≤ h ≤ 1,30 m Établissement recevant du public Portes principales (locaux pouvant recevoir ≥ 100 personnes) Portes principales (locaux pouvant recevoir < 100 personnes) BÂTIMÉTIERS JUIN 2007 Facilement préhensible (position assise ou debout) : «en béquille» ou «en bec de cane», à prise large de préférence. Extrémité située à plus de 0,40 m d’un angle rentrant de paroi ou de tout obstacle. Serrure Située à plus de 0,30 m d’un angle rentrant de paroi ou de tout obstacle. QUELS SONT LES POINTS DE VIGILANCE ? • Portes des parties communes, sas et portes d’entrée : les ressauts dus aux seuils peuvent constituer une gêne pour les personnes handicapées. La réglementation exige à présent, notamment pour les logements neufs, que le ressaut, s’il ne peut être évité, comporte au moins un bord arrondi ou muni d’un chanfrein. Sa hauteur maximale doit être de 2 cm. Ceci peut conduire à adapter selon les cas les prescriptions des NF DTU relatifs à la menuiserie, par exemple (4). Enfin, les portes comportant une partie vitrée importante doivent pouvoir être repérées par les personnes malvoyantes de toute taille et ne pas créer de gêne visuelle. • Portes-fenêtres donnant sur balcons, loggias ou terrasses : il est permis actuellement, si le ressaut est trop important, de rendre franchissable l’accès par un plan incliné additionnel. Les systèmes ouvrants à la française ne permettent pas de respecter l’exigence de 2 cm de ressaut. Cette règle pourrait changer à compter du 1er janvier 2008 (5). • Lieux de travail: c’est toujours la réglementation en vigueur qui s’applique (décret 92-332 du 31 mars 1992 et arrêté du 27 juin 1994). (1) Voir également Bâtimétiers n°5, p.34. (2) Dans le cas de portes à plusieurs vantaux, le vantail couramment utilisé doit respecter cette exigence. (3) 0,80 m pour les bâtiments existants. (4) NF DTU 36.1 Menuiseries en bois, NF DTU 37.1 Menuiseries métalliques. (5) Étude en cours au CSTB. 1,40 m LES TEXTES DE RÉFÉRENCE 0,90 m (3) Outre les portes isoplanes ou similaires, l’utilisation de certains types de portes est possible en fonction du milieu adapté au handicap : • Portes pliantes (simple action): leur espace de débattement est réduit de 2/3 (faible manœuvre en fauteuil roulant). Les portes pliantes à double action s’ouvrent dans les deux sens. La personne en fauteuil ouvre en poussant (facilitation). • Portes coulissantes: elles suppriment toute gêne due au débattement. Les portes fixées en hauteur suppriment la gêne possible d’un rail. • Les portes à deux vantaux réduisent l’espace de débattement. Les poignées situées sur chaque vantail font face à la personne. Les personnes en fauteuil roulant peuvent les atteindre sans contorsions et les manœuvrer sans effort. 42 Poignée (également applicable pour les ERP) • Loi n° 2005-102 du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées (JO du 12 février 2005). • Décret n° 2006-555 du 17 mai 2006 relatif à l'accessibilité des établissements recevant du public, des installations ouvertes au public et des bâtiments d'habitation (JO du 18 mai 2006). • Arrêté du 1er août 2006 relatif aux bâtiments d’habitation collectifs et aux maisons individuelles lors de leur construction (JO du 18 mai 2006). • Arrêté du 1er août 2006 relatif aux établissements recevant du public et aux installations ouvertes au public lors de leur construction ou de leur création (JO du 18 mai 2006). • Arrêté du 26 février 2007 relatif aux bâtiments d’habitation collectifs lorsqu’ils font l’objet de travaux et aux bâtiments existants où sont créés des logements par changement de destination (JO du 8 mars 2007). • Arrêté du 21 mars 2007 relatif aux établissements existants recevant du public et aux installations existantes ouvertes au public (JO du 5 avril 2007). CORDISTES Création de la certification «Travaux d’accès difficile à la corde» otés de leur référentiel métier et d’un CQP depuis 1997, reconnus par la réglementation depuis 2004 (décret 2004-924), les cordistes n’avaient plus besoin que d’une qualification pour mettre en valeur leurs savoir-faire. C’est chose faite depuis le 15 mai dernier, Qualibat ayant validé la création de la certification 14 52, « Travaux d’accès difficile à la corde». Plus exigeante que la qualification, la certification est en effet délivrée aux entreprises qui passent avec succès deux audits destinés à vérifier que l’entreprise dispose de procédures et qu’elle les met effectivement en œuvre. Pour les maîtres d’ouvrage, la certification est donc une assurance de prestations conformes à la réglementation en même temps que la garantie d’une exécution de qualité. Dans le métier à deux faces qu’est celui des cordistes, avec son volet intervention et son volet travaux, Qualibat n’a évidemment pas négligé l’attente des maîtres d’ouvrage en matière de savoirfaire bâtiment. Pour y prétendre, © L. MERCIER D les cordistes devront donc également disposer de personnel qualifié en maçonnerie, couverture, peinture ou métallerie, selon les types d’ouvrages sur lesquels ils interviennent. À côté de l’événement qu’est la création de cette certification, les cordistes poursuivent leur action pour définir et diffuser des standards de qualité dans la profession. Le Guide des bonnes pratiques des travaux à la corde, mis en chantier au printemps 2006 dans le cadre d’une convention avec l’OPPBTP (1), en charge de sa réalisation, avec le soutien de la FFB et de la FNTP, recense ainsi la totalité des volets d’une intervention à la corde : évaluation préalable des risques ; descriptif de l’opération ; qualification requise du personnel et de l’encadrement ; organisation, depuis la mise en place jusqu’au repli du chantier, y compris les procédures de secours en cas d’incident ou d’accident. Actuellement en cours de rédaction et de validation par le SFETH-FFB(2) et l’OPPBTP, ce guide sera publié à l’occasion de Batimat, en novembre prochain. Certification, Guide de bonnes pratiques…, le métier avance et devrait confirmer son attrait auprès des professionnels qualifiés du Bâtiment, qui se tournent vers lui pour donner un nouvel élan à leur parcours professionnel. 쐍 (1) Organisme professionnel de prévention du bâtiment et des travaux publics. (2) Syndicat français des entreprises de travaux en hauteur. POUR EN SAVOIR PLUS www.sfeth.com Marquage CE obligatoire pour tous les produits verriers Au terme de la période transitoire qui avait débuté le 1er juillet 2005, le marquage CE des verres courants et des verres trempés est obligatoire depuis le 1er juillet 2006. Après la publication au Journal officiel de l’arrêté du 14 juillet 2006, le marquage CE s’applique également aux autres produits verriers – vitrages isolants, vitrages feuilletés, verres trempés HST et verres alcalino-terreux trempés – et il est devenu obligatoire depuis le 1er mars 2007. Publication du DTU 43.6 Le DTU 43.6 «Étanchéité des planchers intérieurs en maçonnerie par produits hydrocarbonés» a été publié. Il définit les règles de l’art pour la réalisation des planchers intermédiaires (avec asphalte ou feuilles bitumineuses modifiées SBS). Ce nouveau texte comble le vide consécutif à la suppression de l’annexe au DTU 52.1 «Revêtements de sols scellés», lors de sa révision en 2003. Composé de quatre parties – les travaux, les matériaux, le cahier des clauses spéciales et le guide pour le maître d’ouvrage – il définit une approche beaucoup plus générale qui comprend notamment l’accessibilité pour les véhicules. Il est disponible auprès du CTSB et de l’Afnor. MÉTALLERIE Toute la réglementation sur CD-Rom À partir de juin 2007, la boîte à outils des métalliers s’enrichit grâce au Programme de Recherche Développement Métier (PRDM) de la FFB. Dans un métier varié où l’on passe de la charpente à la menuiserie, la réglementation et les normes à connaître foisonnent. Au terme d’une soixantaine de réunions, plusieurs groupes de travail de l’Union des métalliers (FFB Métallerie) ont mis au point un CD-Rom qui contient tout ce qu’il faut savoir dans ce domaine. Cet ouvrage numérique de référence offre un cheminement facile vers l’information à partir de 10 entrées qui recensent les types d’ouvrages (escaliers, garde-corps) ou des thèmes (feu, corrosion). Sélectionner une entrée donne accès à une palette de «notions» («les gardecorps dans les ERP»; «le verre dans les garde-corps », etc.) et, pour chacune d’elles, à la nomenclature des textes de référence concernés (1). Toutes les notions, développées sous forme de fiches, ainsi que les textes de référence figurent, au format PDF, dans la base de données, à laquelle il est aussi possible d’accéder par mot clé ou via un glossaire. Cet outil sera mis à jour et enrichi tous les deux ans. Voici un résultat con- cret du PRDM mis à la disposition des adhérents de l’Union des métalliers de la FFB. 쐍 (1) Pour les normes, dont les textes ne sont pas dans le domaine public, seuls sont proposés le sommaire et le champ d’application. POUR EN SAVOIR PLUS FFB Métallerie, tél.: 01 40 55 13 00. JUIN 2007 BÂTIMÉTIERS 43 ÉQUIPEMENTS TECHNIQUES 1 © FBTP AIN ÉCLAIRER MIEUX EN CONSOMMANT MOINS Pour économiser davantage d’énergie, il devient opportun d’agir sur l'éclairage, d'examiner ses possibilités concrètes, ainsi que les contraintes qu'impose son couplage avec l'éclairage naturel. La preuve par l’exemple, avec un chantier qui va bien au-delà des recommandations de la RT 2005. 44 BÂTIMÉTIERS JUIN 2007 L a consommation finale d’électricité dans le secteur tertiaire a connu un accroissement important – évalué à près de 30% – au cours des quinze dernières années. Accroissement qui s’explique par la multiplication 1 DANS LE HALL D’ENTRÉE, un grand dégagement a été créé. L’entrée de la lumière naturelle a été favorisée au maximum par la pose d’une large baie vitrée. 2 DANS LES PIÈCES DE TRAVAIL, la position des luminaires est étudiée pour éclairer au mieux les bureaux. La suspension utilisée rapproche encore la source lumineuse du plan de travail. 3 L’UTILISATION DE «downlights» équipés de grilles de défilement permet une meilleure propagation de la lumière. 2 4 des usages bureautiques, mais aussi par l’éclairage qui, à lui seul, représente 30 % des consommations d’électricité. Or, la réglementation thermique tient compte du facteur éclairage dans le secteur tertiaire, puisqu’elle impose une limitation de la consommation globale d’éner- © FBTP AIN 3 © FBTP AIN GREENLIGHT, UN PROGRAMME EUROPÉEN D’AIDE AU DIAGNOSTIC L’Ademe développe, dans le cadre du programme européen Greenlight, des aides au diagnostic et au calcul d’investissement afin de permettre au maître d’ouvrage d’opter pour des solutions compétitives sur le plan énergétique. Ce programme s’inscrit dans une démarche volontaire, dans laquelle les organismes privés et publics s’engagent, auprès de la Commission européenne, à améliorer leurs systèmes d’éclairage existants. Ils s’engagent également à concevoir leurs nouvelles installations en utilisant des systèmes d’éclairage efficients lorsque les économies d’énergie justifient l’investissement et que la qualité de l’éclairage est maintenue ou améliorée. gie d’un bâtiment. Cette approche encourage, voire impose, une réflexion sur l'intérêt d’un éclairage performant, lequel intègre dans sa gestion l'éclairage naturel, pris en compte également dans plusieurs cibles de la démarche Haute Qualité environnementale (HQE®). Bien sûr, la recherche d’économie doit également s’ori-enter du côté des techniques: limitation de la puissance selon la nature des locaux, utilisation de lampes à faible consommation, intégration de l’éclairage naturel et gestion via des systèmes de contrôle, centralisés ou non... Cette gestion n’est pas réservée au seul secteur tertiaire, et s’applique également à l’habitat. Elle est source d’économies d’énergie non négligeables: jusqu’à 40% selon les solutions retenues. DES SOLUTIONS INTÉGRÉES DÈS LA CONCEPTION DU BÂTIMENT Dans ce contexte, les solutions d’éclairage se font de plus en plus globales et doivent être intégrées dès la conception du bâtiment. Elles sont, en effet, susceptibles d’avoir une incidence sur l’architecture des lieux et sur le choix des matériaux, puisqu’elles sont de plus en plus liées aux autres pos- © FBTP AIN 4 LES DÉTECTEURS de présence commandant l’éclairage sont un facteur supplémentaire d’économie d’énergie. tes, tels que la gestion des ouvertures et des occultations, la capacité des revêtements à renvoyer ou absorber la lumière, la thermique… À ce titre, l’opération menée au sein des nouveaux locaux de l’entreprise Maisons et résidences Corbioli est exemplaire. Elle n’a nécessité que 7,7 W/m2, soit une puissance inférieure de 40 % à celle imposée par la réglementation thermique 2005 (à savoir 12 W/m2) ! Certes, l’investissement représente 50 % de plus pour la partie éclairage par rapport à une installation classique. Mais l’installation permettra d’économiser 50% sur la consommation d’électricité dédiée à l’éclairage. Compte tenu de cette 왘 왘 왘 FICHE TECHNIQUE INTERVENANTS • Maître d’ouvrage: SAS Maisons et résidences Corbioli, Ambérieu-en-Bugey (01). • Bureau d’études: Ingelux, société de valorisation du laboratoire CNRS des sciences de l’habitat (ENTPE), Vaulx-enVelin (69). • Entreprise: SA Laurent Frères, installateur électricien, Montmerle-sur-Saône (01). • Partenaires: Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie), Lyon (69). JUIN 2007 BÂTIMÉTIERS 45 ÉQUIPEMENTS TECHNIQUES • Bureaux (9): 16 luminaires suspendus 2 x 49 W, délivrant une lumière directe/indirecte. • Attentes et dégagements: 7 «downlights» 2 x 26 W + grille de défilement, 2 appliques 4 x 36 W, 1 tube de lumière de diamètre 25 cm. • Sanitaires (2): 7 «downlights» 1 x 13 W. • Rangement et local technique: 3 réglettes 36 W, 1 «downlight» 13 W. • Cafétéria: 1 «downlight» 2 x 26 W + grille de défilement, 2 luminaires suspendus 1 x 23 W. • Show-room: 3 «downlights» 2 x 26 W + grille de défilement, 4 iodures double culot 70 W, 2 réglettes 58 W fluorescentes. • Et, d’une manière générale: des ballasts électroniques, des sources à haut rendement et longue durée de vie, des optiques de type prismatique qui masquent les tubes fluorescents et des détecteurs de présence et de lumière naturelle. Bilan de l’opération • Surface des bureaux: 430 m2. • Puissance totale installée pour l’éclairage: 3 316 W. • Densité de puissance : 7,72 W/m2, contre 16,9 W/m2 pour des installations classiques. • Temps de retour sur investissement: 4,6 ans. 835 kg de CO2 évités par an pour 2 116 heures de fonctionnement. 46 BÂTIMÉTIERS performance, le surcoût est amortissable en moins de cinq ans – une durée courte si l’on considère la durée de vie du bâtiment. Et le propriétaire des lieux, Fabrice Corbioli, de conclure: «Si le projet a demandé un investissement supplémentaire, son budget est resté acceptable dans le cadre du projet d’ensemble et générera, à terme, des économies». L’opération a obtenu le label européen Greenlight (voir encadré page précédente). 왘왘왘 FICHE TECHNIQUE DU CHANTIER JUIN 2007 DÉMARCHE GLOBALE Briques monomur, pompe à chaleur eau-eau, double vitrage à faible émissivité (lame d’argon de 12 mm), sur-isolation des combles (270 mm de laine de roche), chauffe-eau solaire pour l’atelier (5 m2 de capteurs), récupération des eaux de pluie (deux cuves enterrées de 6 000 litres chacune): ce chantier expérimental s’inscrit dans une démarche globale de qualité environnementale. Tout a été étudié en termes d’économie, mais aussi de confort. Comme l’explique le maître d’ouvrage: «Nous avons également compris l’importance de l’ergonomie visuelle des bureaux.» D’où une étude poussée: travail sur l’agencement intérieur (poste de travail, position des personnes, positionnement des bureaux, écrans, typologie et usages des espaces…), sur les apports de lumière naturelle et sur la photométrie des matériaux (clarté, teintes et textures), de façon à réduire la fatigue visuelle. «Pour y parvenir, explique Laurent Escaffre, chef de projet chez Ingelux, nous avons eu recours à des optiques de type prismatique grâce auxquelles les tubes fluorescents ne sont pas visibles directement. Les luminaires permet- tent de créer une lumière mixte directe/indirecte confortable, qui met les lieux en valeur. Une attention particulière a été portée aux questions d’éblouissement. L’espace de la photocopieuse, sans fenêtre, a pu bénéficier d’un apport naturel grâce à un “puits de lumière” qui l’amène depuis le toit.» Le dernier mot revient à la représentante de l’Ademe, partenaire du projet: «L’installation de cet éclairage performant permet de tirer deux enseignements majeurs: l’importance de l’accompagnement du bureau d’études, et la reproductibilité de l’opération dans d’autres bâtiments du tertiaire, grâce à un retour sur investissement de moins de cinq ans.» 쐍 «TOUT CE QUI TOUCHE AU DÉVELOPPEMENT DURABLE CRÉE LES MÉTIERS DE DEMAIN» Bruno Gimbert, P-DG de Laurent Frères © DR © FBTP AIN LE LOCAL DE LA PHOTOCOPIEUSE est éclairé grâce à un puits de lumière reliant le toit au rez-de-chaussée. «Cette installation a été très dynamisante pour mon équipe, qui est fière du travail accompli. Elle avait parfaitement conscience de la valeur ajoutée qu’elle créait, valeur ajoutée intellectuelle, professionnelle et économique. Pour la réussite de l’opération, nous nous sommes appuyés en permanence sur les préconisations du cabinet d’ingénierie lumière sans lequel nous n’aurions pu aboutir à ce résultat. En effet, une étude spécifique éclairage est indispensable pour ce type de chantier. Globalement, nous n’avons pas rencontré de difficultés particulières, et il y avait une parfaite entente entre les différents acteurs. Seul bémol : des délais de livraison un peu longs, du fait que les matériels, encore peu demandés, ne sont pas toujours en stock chez nos fournisseurs habituels. Au final, ce fut une véritable découverte et une expérience enrichissante. Mais surtout, cela correspond à l’orientation que je souhaite donner à l’entreprise depuis que je l’ai rachetée, il y a trois ans. Je considère, en effet, que tout ce qui touche au développement durable – énergies renouvelables, solutions éclairagistes performantes, etc. – crée les métiers de demain. » ÉQUIPEMENTS TECHNIQUES GAZ DOMESTIQUE La qualité avant tout Depuis une vingtaine d’années, les organisations professionnelles (désormais regroupées sous l’appellation PG) se sont très largement mobilisées pour mettre en place un dispositif qualité des installations intérieures de gaz domestique. C ’est en 1988 qu’ont été créées les appellations PGN et PGP (professionnel gaz naturel et gaz propane). Depuis, la qualité des installations s’est continuellement et significativement améliorée. Les taux d’anomalies constatés sur les installations ont été réduits très fortement. Ainsi, pour l’appellation PGN, on est passé d’un taux d’anomalies constatées lors des audits de 22 % en 1995 à 4,4% en 2006. Quant au bilan de l’appellation PGP, il est encore plus positif puisqu’on relevait, en 1995, 33 % d’anomalies contre 4,4% en 2006, soit une diminution de 75% en un peu plus de vingt ans! Et dans les deux cas, les résultats obtenus en 2006 sont inférieurs à ceux fixés par les pou- 48 BÂTIMÉTIERS JUIN 2007 DISPOSITIF QUALITÉ «PG» La fusion des appellations PGN et PGP ne change pas fondamentalement le dispositif qualité, lequel a fait la preuve de son efficacité. Bien sûr, cette nouvelle appellation s’applique de fait aux entreprises titulaires des ex-PGN et PGP et aux nouvelles venues. Elle en reprend les grands principes : la présence d’au moins un responsable gaz habilité dans chaque entreprise, la périodicité des audits, la procédure de contrôle renforcée en cas d’anomalies, la procédure de recours et les conditions de retrait d’appellations. Pour les nouvelles entreprises en revanche, un peu de changement. Désormais, elles devront fournir un dossier complet. Leurs premières réalisations doivent être systématiquement contrôlées jusqu’à obtention de trois contrôles successifs, réalisés sur des chantiers différents, sans anomalie caractérisée (A2 ou DGI). Les entreprises répondant à cette exigence verront leurs efforts récompensés par une prolonga- tion annuelle de l’habilitation du responsable gaz, renouvelable deux fois et valable six ans maximum. ASSOCIATION HABITA+ Le contexte énergétique évolutif, caractérisé par l’ouverture totale du marché du gaz naturel aux particuliers dès juillet 2007, a obligé les fondateurs « historiques» de l’appellation à revoir le rôle et la place de Gaz de France et du CFBP (1) dans le dispositif. Les organisations professionnelles (2) ont ainsi créé l’association (1) Comité français du butane et du propane. (2) UCF-FFB, UNCP-FFB, Capeb et Synasav. (3) PMG: Professionnel maintenance gaz. «L’APPELLATION UNIQUE PG NE CHANGERA PAS NOS HABITUDES» Jean Boonen, président de l’entreprise Boonen SAS (Meurthe-et-Moselle) © DR © E&I COMMUNICATION SA - F. CAMUSAT voirs publics, soit 5%. Si le zéro défaut est difficilement atteignable, les installateurs s’en rapprochent. Le contexte énergétique évoluant, les appellations PGN et PGP ont fusionné pour n’en faire plus qu’une depuis janvier 2007: PG (professionnel du gaz). HabitA+ pour satisfaire aux objectifs qu’elles se sont toujours fixés: la qualité des installations intérieures de gaz domestique avec un taux d’anomalies le plus proche de zéro. Cette association a pour mission d’animer, de gérer et de faire évoluer les dispositifs qualité PG et PMG (3). De son côté, le Comité de coordination national gaz (CCNG) demeure la structure de pilotage au plan national. Sur le plan régional, huit comités de concertation régionaux (CCRG) remplacent les anciens comités de concertation locaux gaz (CCLG). Leur rôle : mettre en œuvre le dispositif qualité dans les régions et veiller à son application. 쐍 «L’instauration des appellations PGN et PGP a correspondu au début de la démarche qualité dans les entreprises. De fait, ces processus étaient en phase avec les attentes du marché. Ils nous ont permis de mettre en place des fiches de procédure et de contrôle, ce qui a eu une incidence certaine sur la qualité des installations. Cela a d’ailleurs débordé sur l’ensemble de nos activités. L’appellation unique PG ne changera pas nos habitudes. Certaines entreprises seront peut-être obligées de se former à l’une ou l’autre solution, qu’elles n’étaient pas habituées à mettre en œuvre jusque-là. Mais cela va nous simplifier la vie – moins de réunions, procédures plus simples… –, et cela donnera surtout une meilleure lisibilité à nos clients sur le choix d’un installateur gaz.» MAINTENANCE EN GÉNIE CLIMATIQUE Une idée qui fait son chemin Q uels que soient les travaux du génie climatique (chauffage, climatisation, ventilation, fumisterie…), la maintenance des installations prend une part importante dans l’activité des entreprises. Chacun sait qu’elle permet de créer un rapport privilégié avec le client et qu’elle peut susciter, du fait de cette bonne relation, une demande de travaux, ne serait-ce que par le bouche à oreille. C’est aussi un moyen de conserver une trésorerie stable et de mieux organiser son activité. D’où l’idée de développer une offre contractuelle de maintenance à destination des maîtres d’ouvrage. PRESTATION GLOBALE À l’instar de ce qui a été fait pour le ramonage et l’entretien des conduits de fumée, l’Union climatique de France (UCF-FFB) développe des outils pour répondre à une demande de plus en plus forte des PME et TPE qui souhaiteraient apporter à leurs clients une offre contractuelle de maintenance. En outre, l’UCFFFB incite les entreprises à offrir ces services pour conserver leur clientèle et prendre des parts de marché indispensables à leur développement face aux mutations liées à l’ouverture du marché de l’énergie. Ces mutations (augmentation du prix des combustibles, amélioration de la performance énergétique des bâtiments, arrivée de nouvelles technologies en matière d’énergies renouvelables), ainsi que la multiplication des interlocuteurs, rendent la tâche des maîtres d’ouvrage de plus en plus complexe. C’est en partie pour cette raison que l’offre globale doit devenir la règle. L’entreprise de génie climatique, capable d’offrir une prestation qui va de la conception à la réalisation, voire la maintenance avec éventuellement l’offre du gaz ou de l’électricité, est le parfait exemple de cet interlocuteur privilégié. Elle doit désormais proposer une offre qui englobe isolation, équipements techniques, maintenance… DEVOIR DE CONSEIL Cette offre inclut bien sûr le devoir de conseil de l’entrepreneur. Trop souvent négligé, il est capital car susceptible d’engager la responsabilité de l’entreprise au niveau de la garantie décennale. La remise d’un contrat de main- «RÉPONDRE RAPIDEMENT ET DE MANIÈRE AUTONOME» Bernard Davy, entreprise Hubert (Essonne) « Lorsque l’on parle de contrat de maintenance, il faut d’abord faire la différence entre une intervention chez les particuliers ou sur des équipements collectifs, car cela correspond presque, aujourd’hui, à deux métiers différents. Les connaissances à maîtriser en termes de réglementation sont plus importantes dans le collectif. Il y a donc une obligation de formation. Il en va de même sur le plan des techniques, y compris chez le particulier, car les générateurs sont de plus en plus complexes; il s’agit de savoir répondre rapidement, et de manière autonome, c'est-à-dire sans l’aide du fabricant. Lorsque l’on propose un contrat de maintenance, il importe de proposer une réponse immédiate, même le soir et le dimanche, sinon le client passe à la concurrence. Cela demande une organisation spécifique. De même, le contrat ne se signe pas un an après l’installation mais immédiatement après. C’est aussi à ce moment-là, par le biais d’un procès-verbal de réception, qu’il convient d’informer son client de l’importance de l’entretien.» © DR Pour s’ouvrir à de nouveaux marchés et fidéliser leur clientèle, les entreprises du génie climatique s’engagent dans l’offre de maintenance. Dans ce cadre, plusieurs outils sont en cours d’élaboration par l’UCF-FFB. tenance, considérée comme un acte commercial, ne suffit pas à se dédouaner en cas de sinistre et ne remplace pas le devoir de conseil. Il en va de même avec le DOE ou le DIUO (1). C’est pourquoi il importe que l’entreprise rappelle au maître d’ouvrage les spécificités de l’installation et ses obligations de maintenance – et qu’elle garde la preuve de ce rappel. Le conseil : remettre et faire signer un document en double exemplaire au client, par exemple une fiche dans laquelle figurent les spécificités de l’installation et les tâches de maintenance à réaliser régulièrement, sans oublier une mention spécifiant que le maître d’ouvrage a bien pris connaissance de ses obligations. L’UCFFFB travaille sur des documents types qui seront mis à la disposition des installateurs. 쐍 (1) DOE: dossier des ouvrages exécutés. DIUO: dossier d’intervention ultérieure sur l’ouvrage. POUR EN SAVOIR PLUS UCF-FFB (Union climatique de France), tél.: 01 40 69 52 94. JUIN 2007 BÂTIMÉTIERS 49 ÉQUIPEMENTS TECHNIQUES SOLAIRE THERMIQUE Dimensionnement, autocontrôle et maintenance Dimensionner correctement, contrôler la qualité des installations, prévoir des contrats de maintenance… Autant de solutions pour assurer la qualité des installations solaires thermiques. chaque installation est unique et non reproductible. Car reproduire, c'est courir le risque de voir apparaître rapidement les problèmes liés, entre autres, au surdimensionnement (voir Bâtimétiers n°6, octobre 2006, page 74). FICHE D’AUTOCONTRÔLE Pour éviter les contre-références, l’étude préalable de dimensionnement de l’installation est indispensable. Elle peut être réalisée avec les fabricants ou à l’aide de logiciels dédiés (voir tableau page suivante). Lors de cette étape, l’ensemble des paramètres liés à l’installation est à prendre en compte afin de voir la manière dont ils interagissent. Le but est de prévoir l’installation la plus efficace possible, et ce ne sera pas forcément celle qui aura la plus grande surface de capteurs. Mais l’étude ne fait pas tout. La qualité de la mise en œuvre est tout aussi importante. Pour y parvenir, l’UCF-FFB (Union climatique de France) est en train de mettre en place trois types de documents à destination des entreprises. Le premier, le formulaire de visite chez le client, reprend l’ensemble «CHAQUE CAS EST PARTICULIER» © L. MERCIER/FFB Didier Izert, dirigeant de l’entreprise Izert (Cher). L a production d’eau chaude solaire est envisageable sous tous les climats européens. Néanmoins, selon que l’on se trouve dans le Sud ou dans le Nord, l’installation ne sera pas la même. Ainsi, le pourtour méditerranéen reçoit environ 35% de rayonnement solaire en plus que la région de Lille. Dès lors, obtenir la même quantité d’eau chaude implique a priori une surface de capteurs plus importante dans le Nord que dans le Sud. D’autres paramètres 50 BÂTIMÉTIERS JUIN 2007 MISE EN PLACE d’une protection pour intervenir sur les réglages des capteurs solaires avant mise en service. influencent le dimensionnement de l’installation: les besoins en eau chaude sanitaire, liés au nombre d’habitants du logement ou au type d’utilisation (tertiaire, résidentiel, voire camping) ; la possibilité de réaliser ou non un appoint avec un générateur; le type de capteurs (tubulaires ou non) et leur orientation. L’ensemble de ces paramètres fait que «Pour les installations solaires thermiques, j’utilise avec mes clients une approche simple et rationnelle. Dans un premier temps, j’étudie les besoins en eau chaude sanitaire (ECS) par rapport au nombre de panneaux. Bien sûr, cela diffère en fonction du nombre d’occupants, du type de logement (individuel ou collectif) ou de bâtiment (tertiaire, industriel...). Hormis dans le logement individuel, il n'y a pas de modélisation possible, chaque situation est un cas particulier à étudier selon les attentes du maître d’ouvrage. Pour le collectif par exemple, nous étudions chaque logement en fonction de sa nature (studio, T2, T3…). Dans le tertiaire, nous nous attachons à connaître les besoins moyens. Nous sommes également amenés à travailler pour des vignerons qui ont des besoins très importants sur un laps de temps très court. Dans ce cas, nous cherchons à évaluer leur consommation annuelle. Pour y parvenir, je mets à contribution les fabricants, auxquels je fournis un précalcul que je leur demande de confirmer. Mais attention, quel que soit le type d’intervention, il ne faut pas chercher à vendre pour vendre: j’essaie de raisonner globalement pour apporter, à chaque fois, une réponse adaptée. Cela ne se conçoit pas sans avoir intégré la notion de conseil.» des éléments pour dimensionner l’installation. Le second, la fiche d’autocontrôle de fin de chantier, reprend les points essentiels à la bonne exécution des travaux (mise en place des capteurs, ballons, circuit, vase d’expansion, soupapes…); elle a pour but d’aider à la vérification des installations. Le troisième document est une fiche à utiliser lors de la réception des travaux. Il s’agit de rappeler au maître d’ouvrage, de manière formelle, les spécificités de l’installation et les opérations de maintenance qu’il aura à réaliser. Un moyen pour l’entreprise d’effectuer son devoir de conseil. La parution de ces documents est prévue prochainement sur le site www.ucf.fr. 쐍 DIX OUTILS DE SIMULATION DE SYSTÈMES SOLAIRES THERMIQUES Nom du logiciel Caractéristiques Combi Sun (Danemark) Estime les performances de différents systèmes combinés sous différents climats et différentes charges (www.elle-kilde.dk/altener-combi/dwload.html). GetSolar (Allemagne) Simulation des installations solaires thermiques (allemand, anglais et français). Disponible sur: www.getsolar.de/gsdownld.php Logiclip (France) Dimensionnement des installations d'eau chaude solaire. La version 1.0 de LogiClip est disponible auprès de Clipsol (www.clipsol.com). PolySun (Suisse) Simulation du dimensionnement d'installations thermiques solaires. Une version de démonstration est téléchargeable. PSD (France) Performances des planchers solaires directs pour la France métropolitaine, disponible en CD-Rom auprès du CSTB (www.cstb.fr). RETScreen (Canada) Logiciels gratuits : données solaires, simulation de systèmes photovoltaïques, thermiques, passifs et d'émission de gaz à effet de serre (www.retscreen.net). SimSol (France) Simulation des installations solaires collectives développée par le CSTB. Logiciel téléchargeable gratuitement en version complète (9,5 Mo) sur le site www.cstb.fr. SOLO (France) Logiciel de dimensionnement sur Internet (sur le site www.tecsol.fr, rubrique "calculs en ligne"). Calcule la couverture en eau chaude sanitaire en fonction du lieu, des besoins, du type et du volume de stockage, de la surface, de l’inclinaison et de l’orientation des capteurs. Téléchargeable gratuitement sur www.cstb.fr. T*Sol (Allemagne) Logiciel de la société Valentin, simulation d'installations thermiques. Possibilité de télécharger une version de démonstration ainsi que le manuel d'utilisation sur le site www.solar-software.net. Classeur solaire Logiciel de calcul pour ECS + chauffage et piscine sur un classeur Excel, gratuit (perso.orange.fr/herve.silve/classeursolaire.htm). POUR EN SAVOIR PLUS UCF-FFB (Union climatique de France), tél.: 01 40 69 52 94. www.ucf.fr INSTALLATIONS ÉLECTRIQUES Une qualification pour leur maintenance ien de tel qu’un contrat de maintenance pour entretenir des relations durables avec un client. Pourtant, la maintenance et le suivi de chantier qui l'accompagne sont souvent négligés par les entreprises, alors qu’il s’agit là d’un marché à très fort potentiel. Dans les seuls secteurs tertiaire et industriel, il est estimé à deux milliards d’euros par an, avec une progression annuelle de 5%. Logique, car les installations, vieillissantes, ont besoin d’être remises à niveau. C’est, entre autres, pour que les électriciens se positionnent sur ces marchés qu’a été mise en place la nouvelle qualification Mainte- © FFIE R nance installations électriques (MIE). Elle leur permet de prouver leurs compétences sur la base d’un référentiel précis. Comportant trois indices (MIE1, MIE2 et MIE3), elle a trait aux opéra- tions de maintenance d’installations d’équipements électriques sous tension inférieure à 63 kV dans toutes les catégories de locaux et pour quatre types d’usages: tableaux basse tension; postes de transformation; éclairage et éclairage de sécurité; alimentation sans interruption. Pour obtenir cette qualification, les entreprises doivent apporter, comme toujours dans ce type de dossier, la preuve de leur capacité (moyens humains et matériels, documentation et références). Pour celles qui bénéficient déjà de la qualification Électrotechnique, la démarche s'avère, bien sûr, facilitée dans la mesure où la plupart des exigences en termes d’instrumentation et de documents sont les mêmes dans les deux cas. 쐍 POUR EN SAVOIR PLUS www.qualifelec.fr JUIN 2007 BÂTIMÉTIERS 51 ÉQUIPEMENTS TECHNIQUES M odifié dans le cadre de la normalisation européenne, le NF DTU 60.5 Canalisations en cuivre a intégré, dans sa nouvelle mouture, les raccords à sertir. Il est vrai que ces derniers, qui bénéficient tous d’un Avis technique, sont aujourd’hui très communs sur les chantiers. Ils sont utilisés soit pour leur rapidité de mise en œuvre, soit dans les cas spécifiques où une flamme est interdite. Avec leur intégration au DTU, on peut désormais parler de technique traditionnelle. Chaque fabricant a développé ses propres raccords et pinces (matière et outil). La tendance les incite aujourd'hui à réfléchir à 52 BÂTIMÉTIERS JUIN 2007 des produits plus «universels». Pour une mise en œuvre dans les règles de l’art, le DTU insiste néanmoins sur la nécessaire adéquation entre outillage et raccord. Il renvoie également à la documentation technique des fabricants dans laquelle figure l’ensemble des règles de mise en œuvre. Ainsi, il importe de vérifier que les joints d’étanchéité sont bien en place et que les tubes s’insèrent correctement jusqu’à la butée. De même, lors de l'installation du raccord, le sertissage ne doit pas être interrompu et il est primordial de contrôler visuellement le résultat (empreintes des mâchoires). 쐍 POUR EN SAVOIR PLUS UNCP-FFB (Union nationale des chambres syndicales de Couverture et de Plomberie de France), tél.: 01 40 69 53 07. Panneaux photovoltaïques intégrables: quelle assurabilité? © IMERYS TOITURE © COMAP RACCORDS À SERTIR Une technique devenue traditionnelle S i les capteurs solaires thermiques peuvent bénéficier d’Avis technique, ce n’est pas encore le cas des capteurs photovoltaïques. D’où une grande frilosité des assureurs, qui ont à couvrir en garantie décennale les capteurs intégrables à la toiture. Ces derniers ont, en effet, une double fonction : production d’électricité, bien sûr, mais aussi couverture. Et, en tant que tels, ils sont soumis à la garantie décennale. Difficile, donc, de trouver aujourd’hui un assureur pour ces systèmes. Or, avec les tarifs d’achat d’électricité portés à 55 centimes pour les panneaux intégrés, le marché devrait se développer rapidement. D’ores et déjà, le CSTB s’est saisi de ces questions pour délivrer, dans un avenir proche, des Avis techniques. En attendant, il est indispensable d’informer son assureur lorsque l’on met en œuvre des panneaux solaires photovoltaïques. On attend les premières positions officielles des assureurs sur ce sujet avant l’été. 쐍 © FORBO SARLINO FINITIONS/AMÉNAGEMENT © TARKETT SOLS PVC COLLÉS: UN CONSENSUS RÉUSSI La révision du NF DTU sur la mise en œuvre des revêtements de sol PVC collés apporte des avancées significatives en matière de reconnaissance des supports. Un nouvel outil apprécié à la fois des soliers et des maçons. E n avril 2007, la nouvelle norme NF DTU 53.2 est entrée en vigueur. Révisant intégralement la précédente version de 1990, ce NF DTU a pour domaine d’application la mise en œuvre des revêtements de sol PVC manufacturés en lès ou en dalles, collés en plein dans des locaux classés P2-P3 tels 54 BÂTIMÉTIERS JUIN 2007 que définis dans la notice sur les classements UPEC des locaux («Cahier 3509 du CSTB»). Cette nouvelle norme offre une réponse à l’épineux problème de la reconnaissance des supports. En synthèse, il faut retenir que le NF DTU 53.2 fait état des conditions qui doivent désormais être remplies avant d’assurer la pose d’un revêtement de sol PVC collé. En clair, les locaux concernés ne peuvent être mis à la disposition du titulaire du lot revêtement de sol que lorsqu’ils satisfont à ces conditions. QUELLES CONDITIONS PRÉALABLES? L’une des conditions essentielles porte sur le dallage. Sur un dallage en terre-plein, la pose collée d’un revêtement de sol PVC n’est désormais plus admise en pose adhérente. Le titulaire du lot revêtement de sol doit s’assurer que le choix de l’une des trois solutions techniques suivantes est inscrit dans les Documents particuliers du marché (DPM): chape désolidarisée, sous-couche d’interposition, pose sur un complexe spécifique sur dallage armé. En ce qui concerne les sols chauffants, le titulaire du lot chauffage doit avoir mis en service et arrêté ce chauffage, conformément aux dispositions de mise en œuvre du paragraphe 6.2.4 du NF DTU, avant l’intervention du solier. Par ailleurs, la remise en chauffe devra «NOUS DISPOSONS DÉSORMAIS D’UN OUTIL PERFORMANT» © FORBO SARLINO Gérard Adamo, société CDRE (Bas-Rhin) «La reconnaissance des supports constitue incontestablement un élément clé de ce DTU 53.2, de même que l’obligation de réaliser un ouvrage d’interposition avant le collage des PVC sur dallage en terre-plein. Par ailleurs, le résultat des éléments de la reconnaissance des supports étant consigné sur un rapport du DTU, ce rapport devient une pièce contractuelle. Avec six autres entrepreneurs soliers, j’ai participé aux différentes commissions qui ont permis d’élaborer ce DTU. Nous avons, je crois, apporté notre eau au moulin, en ayant bien à l’esprit qu’il fallait éviter à l’avenir les désordres et les désagréments qu’engendre un support inadéquat. Notre métier est de plus en plus technique et nous ne pouvons plus travailler les sols PVC comme il y a 20 ou 30 ans. Nous disposons désormais d’un outil performant et nous devons sensibiliser les entreprises au respect de cette nouvelle norme.» LE NOUVEAU DTU fait état des conditions qui doivent désormais être remplies avant d’assurer la pose d’un revêtement de sol PVC collé. Les locaux concernés ne peuvent être mis à la disposition du titulaire du lot revêtement de sol que lorsqu’ils satisfont à ces conditions. être effectuée 7 jours au moins après la mise en œuvre du revêtement. Un rapport de mise en chauffe devra être remis au solier avant et après son intervention. Du côté des prescriptions relatives à l’exécution, le NF DTU définit des conditions préalables aux travaux préparatoires. Parmi elles, la température et l’hygrométrie du support revêtent une importance toute particulière. Ainsi, les températures du support et de l’atmosphère doivent être au moins égales à + 10°C. L’humidité ambiante et la température du support doivent être telles qu’il n’y ait pas de condensation au niveau du support (point de rosée). Il incombe au titulaire du lot revêtement de sol de réaliser la mesure du taux d’humidité. Pour ce faire, il doit choisir l’une des deux méthodes décrites dans l’annexe B du NF DTU. Première méthode: la «bombe au carbure». En utilisant cet appareil, le solier effectue un prélèvement sur une profondeur de 4 cm minimum du support. Le taux d’humidité résiduel ainsi mesuré doit être inférieur ou égal à 4,5% en poids. Seconde méthode : la « sonde hygrométrique». Pour l’utiliser, un percement du support doit être effectué sur une profondeur de 5 cm. Le taux d’humidité relative d’équilibre (HRE) ainsi mesuré doit être inférieur ou égal à 85%. À noter: si ce taux est dépassé, il faut mesurer avec la bombe au carbure. Dans ce cas, le taux ne doit pas dépasser les 4,5%, comme décrit plus haut. Il faut savoir que si les résultats obtenus avec l’une ou l’autre de ces méthodes sont de toute façon supérieurs aux niveaux indiqués, et si le planning ne permet pas un temps de séchage complémentaire pour atteindre les taux admis, alors la pose du revêtement de sol ne doit pas être réalisée dans les conditions initialement prévues. En cas de contestation, le maître d’ouvrage et/ou le maître d’œuvre peuvent faire effectuer à leur charge de nouvelles mesures par un laboratoire. PAS DE FISSURE DE LARGEUR SUPÉRIEURE À 0,3 MM Autre sujet capital: les fissures. Là encore, c’est l’entreprise 왘 왘 왘 JUIN 2007 BÂTIMÉTIERS 55 SOL LINOLÉUM fabriqué à partir de matières premières naturelles renouvelables, mis en œuvre au nouveau musée du Quai Branly, à Paris. titulaire du lot revêtement de sol qui doit effectuer les mesures nécessaires. La pose des sols PVC n’est possible que s’il n’existe pas de fissure ayant une largeur supérieure à 0,3 mm. Dans le cas contraire, le solier doit avertir le maître d’ouvrage afin qu’il commande les travaux nécessaires à leur traitement. La reconnaissance des supports comprend bien sûr d’autres contrôles, tels que la cohésion de 왘왘왘 56 BÂTIMÉTIERS JUIN 2007 surface, la porosité, la planéité et la présence ou non d’un produit de cure sur le support. Étant donné l’ensemble des contrôles effectués, cette reconnaissance impose de formaliser ces contrôles sur un « rapport contradictoire», dont le modèle est contenu en annexe A normative. Au cas où l’état du support conduit l’entreprise à le refuser ou à devoir définir une autre technique de pose, celle-ci doit expri- © MUSÉE DU QUAI BRANLY, DIDIER ADAM/FORBO SARLINO FINITIONS/AMÉNAGEMENT «DE NOMBREUSES AVANCÉES» Didier Brosse, entreprise Brosse (Maçonnerie-Gros œuvre, Loire) «Le DTU comporte de nombreuses avancées. L’un de ses principaux mérites est de clarifier les choses et de distinguer les responsabilités de chacun, y compris celles des maîtres d’ouvrage. Il existait des points de blocage entre les soliers et les maçons, en particulier la tolérance à l’ouverture des fissures et le taux d’humidité des supports. Après de nombreux allers-retours, ce DTU représente le fruit d’un consensus réussi.» mer ses réserves dans ce rapport contradictoire et proposer les modifications nécessaires sur le plan technique – mais aussi en termes de coût supplémentaire – au maître d’ouvrage, avec copie au maître d’œuvre. Toute modification de travaux devra ensuite faire l’objet d’un nouvel ordre de service précisant les changements de planning nécessaires, découlant de la reprise du support. 쐍 FINITIONS/AMÉNAGEMENT © CVI-Y. LAUNAY/UMPI © STO SICOF ISOLATION THERMIQUE Une technique d’avenir Dans un contexte énergétique de plus en plus sensible, l’isolation représente un véritable enjeu pour la construction. L e Bâtiment absorbe à lui seul 46% de l’énergie consommée en France. Dès lors, il est clair qu’un marché gigantesque s’offre à l’ensemble de la branche construction, et tout spécialement aux métiers du plâtre et de l’isolation. Dans l’ensemble, l’isolation est une prestation assez complexe. Elle est en interface avec de nombreuses problématiques: ventilation (lire encadré ci-contre), récupération de chaleur, optimisation des apports solaires, etc. Les connexions avec la maçonnerie, l’électricité et la menuiserie, en particulier, sont importantes, d’où la nécessité de mener un travail collectif avec les différents corps d’état concernés. Quelles sont, dans ce contexte, les possibilités offertes aux plâtriers? En neuf comme en rénovation, l’isolation peut être intérieure ou extérieure et il n’existe pas de solution universelle qui serait adaptée à la diversité de la typologie des bâtiments ou aux différents comportements des usagers. Il faut donc appliquer la 58 BÂTIMÉTIERS JUIN 2007 meilleure solution. Pour Gildas Mordret, par exemple (Isolation Bâtiment, au Mans), l’isolation extérieure ne manque pas d’atouts : «Un chantier d’isolation par l’extérieur évite de déranger les habitants, mais aussi de réduire le volume des pièces ». Cette isolation consiste à monter une structure métallique en façade, à y cheviller des panneaux isolants puis à réaliser un entoilage et un enduit. En intérieur, il s’agit de poser sur les parois des isolants, généralement à base de laine minérale, revêtus d’un parement en plaques de plâtre. Les plaques sont ensuite peintes ou tapissées (plafond ou cloison). L’isolation des combles et de la toiture utilise les mêmes produits. Standardisées, les plaques doivent toutefois faire l’objet d’une découpe souvent conséquente. FISCALITÉ INCITATIVE Alors, isolation intérieure ou extérieure? Cette dernière est généralement plus coûteuse, mais les données budgétaires pourraient bien ne plus guider le choix. Elles perdent en effet de leur force du fait des incitations fiscales toujours plus importantes, pour toute forme d’isolation thermique. «Les premières réglementations thermiques datent de 1974, rappelle Gildas Mordret. À compter de cette date, l’isolation des bâtiments neufs a été améliorée. Pour les bâtiments construits avant 1974, un vaste marché d’isolation en rénovation s’ouvre à nous. De plus, il existe déjà un diagnostic de performance énergétique obligatoire pour toutes les ventes de bâtiments et pour toutes les locations à compter du 1er juillet 2007.» Pour l’heure, les particuliers ou les entreprises qui investissent dans des travaux d’isolation bénéficient d’un crédit d’impôt – applicable sur les matériaux mais pas sur la main d’œuvre. Ce crédit d’impôt est toutefois conditionné aux performances thermiques du matériel installé. Celui-ci devra attester d’un coefficient de résistance thermique (appelé « R ») supérieur à 2,4 m2.K/W pour les planchers, murs et toitures-terrasses, ou à 4,5 m2.K/W pour les toitures sur combles. Fortement incitées par EDF et l’UMPI-FFB (1), les banques sont par ailleurs en train de créer des produits ad hoc permettant de financer les travaux d’isolation. 쐍 (1) Union du métiers du plâtre et de l’isolation. POUR EN SAVOIR PLUS UMPI-FFB, tél.01 40 69 52 14. «IL FAUT AUSSI MAÎTRISER LA VENTILATION» Pierre Cuvinnier, responsable d’exploitation de l’entreprise Isolation Bâtiment (Le Mans). «L’isolation thermique produit nécessairement un impact sur la ventilation des locaux concernés. Mieux isolés, ils doivent aussi être mieux ventilés afin que l’air circule et que des problèmes de moisissure n’apparaissent pas, en particulier dans les pièces d’eau. Pour que l’air se renouvelle, on installe généralement une ventilation mécanique contrôlée (VMC): un petit moteur logé dans les combles aspire l’air vicié des pièces humides. En contrepartie, l’air nouveau doit être insufflé depuis l’extérieur. Placées dans les menuiseries, des grilles d’aération permettront de créer un flux à l’intérieur du bâtiment. Ce balayage ne doit pas non plus être trop important, afin d’éviter d’introduire des calories “négatives” dans le logement en hiver.» FINITIONS/AMÉNAGEMENT © R. ROUSSEL LOCAUX P4 ET P4S Pose collée de carrelage Le point sur deux récents CPT concernant la pose collée de carrelage sur sols intérieurs dans les locaux à forte sollicitation, en neuf et en rénovation. L e CPT 3526-V2 de mai 2006 vise la pose collée de carrelage sur sols intérieurs dans les locaux P4 et P4S en travaux neufs. Il s’applique aux cuisines collectives sous certaines conditions: les Documents particuliers du marché (DPM) définissent la conception globale de l’ouvrage et le support béton respecte les pentes prévues. L’âge du support doit être d’au moins trois mois pour un plancher et un mois pour un dallage armé à joints conjugués exécuté conformément au NF DTU 13.3 (Dallages). Les chapes et dalles conçues pour les locaux P4 et 60 BÂTIMÉTIERS JUIN 2007 P4S sont admises comme support. La tolérance de planéité est au maximum de 5 mm sous la règle de 2 mètres et de 2 mm sous la règle de 20 cm. Par ailleurs, un grenaillage est systématique (sauf en cas de chape réalisée pour rattraper la planéité ou le niveau du support, par exemple). Le CPT 3530-V2 de mai 2006 concerne les mêmes travaux, mais en rénovation. Les cuisines collectives, les sols où une étanchéité est prévue, ainsi que les sols où un revêtement a déjà été collé sur le revêtement initial ne sont pas visés par ce document. Les supports admis sont les dallages sur terre-plein et plancher en dalles pleines, soit bruts, soit recouverts de carreaux céramiques, pierres calcaires ou dalles granito. Tout autre revêtement doit être systématiquement déposé ou éliminé. Une étude préalable de reconnaissance des sols, définie dans l’annexe A du CPT, doit être effectuée par un professionnel indépendant préalablement à la remise de l’offre. Avant le démarrage du chantier, l’entreprise doit valider la méthode de rénovation par un essai d’adhérence sur chaque type de support. Le format des carreaux utilisables est précisé dans le tableau ci-dessous. Il est toutefois important de noter qu’il n’existe pas de locaux classés P4+, mais que certains locaux P4 doivent recevoir des carreaux céramiques P4+. Dans les locaux P4 et P4S avec siphon de sol ou caniveau, la surface maximale des carreaux est limitée à 400 cm2. QUELQUES POINTS SINGULIERS Ces points concernent essentiellement les joints de dilatation, pour lesquels il y a obligation par exemple d’utiliser un profilé mécanique industriel fixé dans le décaissé du gros œuvre pour la mise en œuvre en neuf. En rénovation, les joints de dilatation sont supprimés et refaits en partant de l’origine (si une nouvelle chape est réalisée, le joint est repris dans la chape). Les textes précisent également les conditions particulières pour les autres joints (fractionnement, périphérique et joint entre carreaux). Enfin, pour une bonne exécution de l’ouvrage, une vérification à l’avancement des travaux doit être effectuée systématiquement par l’entreprise: transfert, écrasement, respect du délai d’ouverture au trafic. En rénovation, ces contrôles sont complétés par des mesures d’adhérence. Le délai de mise en service est précisé dans le certificat «certifié CSTB certified» de la colle à carrelage. Les machines d’entretien ne peuvent être utilisées qu’une semaine après la réalisation des joints. 쐍 TABLEAU : QUELS FORMATS DE CARREAUX ? P4 P4+ P4S P4S format étendu (pose collée uniquement) 100 cm2 < S ≤ 1 100 cm2 Épaisseur ≥ 7 mm 100 cm2 < S ≤ 500 cm2 Épaisseur ≥ 8 mm 100 cm2 < S ≤ 400 cm2 Épaisseur ≥ 11 mm L ≤ 250 mm 400 cm2 < S ≤ 1100 cm2 Épaisseur ≥ 13 mm 1100 cm2 < S ≤ 2200 cm2 Épaisseur ≥ 11 mm 500 cm2 < S ≤ 1100 cm2 Épaisseur ≥ 10 mm 1100 cm2 < S ≤ 2200 cm2 Épaisseur ≥ 11 mm FINITIONS/AMÉNAGEMENT PEINTURES EN PHASE AQUEUSE Quelle résistance à la corrosion? Des essais menés en laboratoire par le CEBTP (1) permettent de disposer de premières évaluations sur les performances des systèmes de peinture antirouille en phase aqueuse. D ans le domaine du Bâtiment, les systèmes de peinture applicables sur supports de type métaux ferreux sont principalement des systèmes en phase solvant. Par rapport à la corrosion, ils offrent une durabilité satisfaisante, dès lors que les règles de mise en œuvre sont respectées. Tel n’est pas le cas des systèmes de peinture en phase aqueuse qui restent, à ce jour, marginaux sur le marché de la protection des supports acier : leurs propriétés anticorrosion, donc leurs performances et leur durabilité sur le long terme, restent à établir. Cependant, la volonté des professionnels d’utiliser des produits plus respectueux de l’environnement est réelle. Les pressions réglementaires sur les teneurs en COV (2) incitent les fabricants à proposer différents types de produits en phase aqueuse. À ce titre, une étude a été entreprise pour tester certains produits existant sur le marché, en vue d’évaluer notamment leur efficacité vis-à-vis de la protection contre la corrosion. Cette étude se divise en deux par- ties: évaluation des performances, réalisée dans les laboratoires du CEBTP ; étude de la résistance au vieillissement naturel sur site, menée par l’Iref (Institut de recherche et d’études de la finition). Pour l’instant, seule la première partie a été réalisée. BONNES PERFORMANCES EN ENVIRONNEMENT PEU SÉVÈRE Portant sur plusieurs types de produits (voir tableau ci-dessous), ces essais poursuivent plusieurs objectifs. Il s’agit en particulier de caractériser les performances et la durabilité des systèmes en phase aqueuse qui revendiquent des propriétés antirouille, tout en comparant les différents résultats obtenus. Les essais cherchent aussi à mettre en perspective ces résultats avec ceux qui sont obtenus à travers un système « standard » en phase solvant. Les tests ont porté sur des applications réalisées à la brosse, selon les préconisations des fiches techniques des fabricants. Cependant, les consommations appliquées ont été parfois augmentées par rapport aux données indiquées afin d’obtenir un pouvoir couvrant satisfaisant. Les tests ont notamment comporté une série de vieillissements artificiels (pluie, gel, etc.). LES TYPES DE PRODUITS TESTÉS Référence système 1 (phase solvant) 2 (phase aqueuse) SYSTÈMES PEINTURES POUR TRAVAUX NEUFS (supports acier neufs ou dérouillés par brossage) Fabricant Produits constitutifs Nature chimique Préconisations du fabricant du système pour les applications (consommations) Peintures Gauthier Celtique Industrie 3 Rust-Oleum (phase aqueuse) Mathys 4 Dulux Valentine (phase aqueuse) Primaire FERRAVIA PRIM GL Finition ARM 130 Primaire ALKYPRIMALO Finition LACALO Primaire + finition PEGANOX Primaire + finition FER SÉCHAGE RAPIDE Alkyde modifiée au phosphate de zinc Alkyde Non indiquée Glycérophtalique Dispersion acrylique styrène plastifié Émulsion polyester polyuréthane au phosphate de zinc Aspect 1 x 100 à 120 g/m2 — 2 x 110 à 130 g/m2 1 x 115 g/m2 Satiné — 2 x 150 g/m2 1 x 60 g/m2 2 x 70 g/m2 1 x 70 g/m2 2 x 80 g/m2 Brillant Mat Satiné SYSTÈMES PEINTURES POUR TRAVAUX DE RÉNOVATION (supports acier enrouillés préalablement traités par convertisseur de rouille) Référence système Fabricant du système Produits constitutifs Nature chimique Préconisations du fabricant pour les applications (consommations) 5 (phase aqueuse) Henkel FRAMETO 1 x 75 ml/m2 Rust-Oleum Mathys Henkel PEGANOX FRAMETO Dulux Valentine FER SÉCHAGE RAPIDE Convertisseur de rouille chélatant Dispersion acrylique styrène plastifié Convertisseur de rouille chélatant Émulsion polyester polyuréthane au phosphate de zinc 6 (phase aqueuse) 62 BÂTIMÉTIERS JUIN 2007 1 x 60 g/m2 2 x 70g/m2 1 x 75 ml/m2 rouille chélatant 1 x 70 g/m2 2 x 80g/m2 Aspect Mat Satiné RÉSULTATS DES ESSAIS EN LABORATOIRES (CEBTP) SYSTÈMES PEINTURES POUR TRAVAUX NEUFS (supports acier neufs ou dérouillés par brossage) Référence système Épaisseur du système (μm) Consommations réelles 1 (phase solvant) 2 (phase aqueuse) 3 (phase aqueuse) 4 (phase aqueuse) 159 = consommation fabricant = consommation fabricant 1 couche supplémentaire 1 couche supplémentaire 117 110 89 Adhérence par quadrillage Adhérence par quadrillage après vieillissement Résistance au vieillissement cloquage enrouillement SYSTÈMES PEINTURES POUR TRAVAUX DE RÉNOVATION (supports acier enrouillés préalablement traités par convertisseur de rouille) Référence système Épaisseur du système (μm) Consommations réelles 5 (phase aqueuse) 153 1 couche supplémentaire très satisfaisant acceptable Résumés dans le tableau ci-dessus, le bilan des essais permet d’observer que deux produits conduisent à des performances correctes, à la fois en application directe sur acier neuf ou sur acier traité préalablement par convertisseur de rouille. Autre observation: les consommations annoncées par les fabricants pour les peintures en phase aqueuse sont globalement à majorer pour obtenir le pouvoir couvrant nécessaire. Par ailleurs, l’équivalent Adhérence par quadrillage Adhérence par quadrillage après vieillissement Résistance au vieillissement cloquage enrouillement insuffisant d’une quatrième couche est parfois nécessaire afin d’obtenir un aspect satisfaisant pour les systèmes monoproduit en trois couches. Enfin, la résistance à la corrosion reste globalement meilleure avec le système en phase solvant, comparativement à l’ensemble des systèmes en phase aqueuse testés. En conclusion, les systèmes de peinture en phase aqueuse qui ont été testés peuvent prétendre remplir le rôle de revêtement anti- rouille dans le domaine du Bâtiment pour des travaux courants. Cependant, la comparaison des résultats avec le système en phase solvant conduit à réserver en priorité les systèmes antirouille en phase aqueuse à des environnements peu sévères du point de vue climatique et de la pollution. Les performances de ces systèmes ne sont atteintes qu’en respectant scrupuleusement les dispositions d’application spécifiques des peintures en phase aqueuse. De mau- PEINTURE Un guide pour élaborer descriptifs et métrés L ’Union professionnelle Peinture Finitions (UPPF-FFB) a publié en 2006 un Guide pratique pour l’établissement des descriptifs et des quantitatifs, structuré en deux parties : élaboration d’un descriptif de peinture, puis d’un métré. Réalisé avec la participation de l’UNTEC (Union nationale des économistes de la construction et des coordonnateurs) et avec la collaboration de l’UNSFA (Union nationale des syndicats français d’architectes), il part de l’idée que l’ensemble des acteurs du Bâtiment ont intérêt à faire respecter les normes professionnelles. Ce document a vocation à servir de document de référence en cas de litige. 쐍 POUR EN SAVOIR PLUS UPPF-FFB, tél.: 01 40 69 53 73. vaises conditions ambiantes peuvent provoquer, par exemple, un début de corrosion ou bien de faïençage de la couche supérieure, si celle-ci est appliquée avec un délai de recouvrement trop court. Le retour d’expérience du vieillissement naturel dans la seconde partie de l’étude permettra de confirmer ou non ces premières conclusions. 쐍 (1) Centre Expérimental du Bâtiment et des Travaux Publics. (2) Composés organiques volatils. Staff: une norme européenne de résistance au feu Depuis le 20 novembre 2006, la norme européenne EN 13-815 remplace la norme NF P 73-301 de septembre 1991, qui faisait référence au classement de résistance au feu M0 des produits en staff. Grâce à une campagne d’essais au feu concluants, ces produits vont bénéficier du classement européen A1 (qui remplace le M0 français). Dès la confirmation de ce classement, il sera intégré au NF DTU 25-51 sur les ouvrages en staff, au plus tard au mois de mai 2008. JUIN 2007 BÂTIMÉTIERS 63 I N N O V A T I O N CISAILLEMENT DES DALLES DE PLANCHER L’Eurocode 2 à amender © DR solution européenne, la quantité d’acier est nettement plus élevée que dans la solution française et l’on peut aboutir, par exemple, à des radiers ou à des planchersdalles très largement surdimensionnés (au regard des habitudes nationales), donc à une augmentation très sensible des coûts des ouvrages... «Les constructions réalisées en France depuis l’établissement des premiers codes de calcul en 1906 sont là pour témoigner que notre façon de calculer n’est pas erronée, souligne Daniel Devillebichot, d’EGF-BTP (Entreprises Générales de France). Mais, pour clore le débat, nos partenaires européens nous ont demandé d’en apporter la preuve scientifique par des essais.» Une campagne de tests a montré que les dispositions du texte européen sur le renforcement au cisaillement des dalles par des armatures transversales étaient injustifiées. Les professionnels français vont demander son amendement. L es Eurocodes sont établis dans le but d’harmoniser les méthodes de calcul européennes, qui diffèrent parfois d’un pays à l’autre en fonction des postulats techniques nationaux. Des désaccords importants peuvent apparaître, comme celui qui concerne le calcul des armatures à disposer dans les dalles lorsque les efforts au cisaillement dépassent un certain niveau. D’un côté, les méthodes allemandes et anglo-saxonnes considèrent que le phénomène est le même que dans les poutres ; 64 BÂTIMÉTIERS JUIN 2007 de l’autre, le raisonnement français prend en compte une répartition dans deux directions. De ce fait, lorsque le cisaillement d’une dalle est inférieur à une certaine valeur, il n’est pas nécessaire de la renforcer par des armatures. Dans la démarche européenne, cette valeur étant presque trois fois plus élevée, le recours aux armatures transversales est beaucoup plus fréquent, voire quasi-automatique. Les conséquences sont importantes puisque, si l’on applique la LES RÈGLES FRANÇAISES RENFORCÉES La FFB et la FNTP ont donc confié au laboratoire de génie civil et d’ingénierie environnementale de l’INSA(1) de Lyon la mission de concevoir un protocole d’essais. Le résultat des opérations menées en 2005 et 2006 a été très clair : les règles françaises sont sorties de ces tests pleinement renforcées. « Nous avons alors souhaité savoir pourquoi le système que nous préconisions était plus proche de la réalité que celui de nos confrères étrangers, poursuit Daniel Devillebichot. La raison réside dans le fait que leur méthode d’essais n’est pas adaptée aux plaques. En effet, ils ont choisi, pour effectuer leurs essais, des dalles dont la largeur était d’à peine quatre fois l’épaisseur. Ce qui ne reflète pas l’image d’un plancher pour lequel ce rapport est beaucoup plus important. C’est pourquoi l’effet de distribution transversale des efforts de cisaillement n’a pas pu être décelé ni pris en compte . » Reste à faire accepter ce résultat, et à le faire traduire dans les règles européennes. « Ce qui nécessite un amendement de l’Eurocode, précise Daniel Devillebichot. Pour cela, nous préparons les rapports d’essais et des documents argumentés dont la substance est publiée par Les Annales du BTP (février 2007-n°1) dans un article d’André Coin. » En attendant cette révision, il a été convenu que la règle française continuerait de s’appliquer dans l’Hexagone pour les planchers et les radiers. Ce n’est pas le seul cas de retard d’application des Eurocodes. En effet, l’absence de publication de certaines parties qui forment un tout avec l’Eurocode 2 (calcul des structures de béton) bloque encore aujourd’hui le système. D’autres différences d’appréciation existent, comme celle qui porte, par exemple, sur la résistance aux séismes des bâtiments à murs pleins, typique de « l’exception structurelle française ». Ce sujet a aussi donné lieu à des recherches expérimentales, similaires à celles du cisaillement des dalles, qui en ont apporté la justification auprès de partenaires des autres pays, plus axés sur les structures en poteaux-poutres. 쐍 (1) Institut national des sciences appliquées. POUR EN SAVOIR PLUS EGF-BTP (Entreprises Générales de France), tél. : 01 47 20 76 50. I N N O V A T I O N SOLAIRE Un capteur pour réchauffer les locaux D istingué lors du Palmarès de l’innovation 2006 (1), le produit proposé par Solaria Systems insuffle l’air réchauffé par le soleil à l’aide d’un ventilateur alimenté par des cellules photovoltaïques. Casa (pour Capteur à Air Solaire Autonome) est une unité de production de chaleur indépendante. Elle exploite l’énergie solaire pour maintenir hors gel des locaux inoccupés, voire pour contribuer au préchauffage des maisons individuelles. Chaque panneau, d’une surface légèrement supérieure à 2 m2 (2,05 x 1,09 m) et de 9 cm d’épaisseur, peut réchauffer un volume d’environ 40 m3. Il comporte, en partie haute, un capteur solaire constitué de tubes dans lesquels circule l’air – chauffé par l’énergie solaire jusqu’à environ 35 °C. L’air est ensuite pulsé dans l’habitat, à une cadence d’environ 100 m3/h, par un ventilateur placé dans la partie basse du panneau et alimenté par un module photovoltaïque intégré, d’une puissance de 32 Wc (2). Le système s’installe en façade, orienté plutôt au sud afin de CASA : UN PRODUCTEUR DE CHALEUR INDÉPENDANT Mur SUD Isolant Couverture antiperte Absorbeur Ventilateur © SOLARIA SYSTEMS Air chaud et sec Module photovoltaïque Air extérieur bénéficier de l’ensoleillement même en hiver, saison où il est le plus utile. On peut aussi l’intégrer à une toiture si la pente est de l’ordre de 40 à 45 °. Il a vocation à équiper résidences secondaires, habitats occupés à temps partiel, locaux professionnels, industriels ou publics... Casa va ainsi réchauffer les cages d’escalier de 80 immeubles d’Ajaccio. Casa bénéficie du soutien de l’Anvar, d’EDF et, au cas par cas, des collectivités locales qui proposent parfois une aide financière (1 500 euros, sur les 2 500 que coûte l’installation). Il n’est pas encore éligible, en revanche, aux crédits d’impôt. 쐍 (1) Organisé par le Plan Urbanisme Construction Architecture avec l’appui de la FFB. (2) Le Watt crête (Wc) est l’unité de puissance d'un panneau photovoltaïque. Elle correspond à la puissance d’une cellule d'un décimètre carré, délivrée au point de puissance maximum du panneau, pour une irradiation solaire de 1 000 W/m2 et une cellule à 25 °C. PANNEAUX PHOTOVOLTAÏQUES Mise en œuvre de haute précision L’ installation de panneaux photovoltaïques est encouragée par des dispositions fiscales ou des aides directes régionales. Ces composants constituent toutefois des éléments fragiles dont la pose nécessite méthode et précautions. Ils sont constitués de cadres (en général en aluminium), fermés par deux plaques de verre enserrant des cellules formées par de très minces (1) feuilles de matériau semi-conducteur (en général du silicium), qui absorbe l’éner- gie lumineuse et la transforme directement en électricité. En fonction de la tension ou de l’intensité du courant souhaitée, les panneaux sont montés en série ou en dérivation. Le nombre de liaisons électriques donne lieu à autant de câbles. « Ces panneaux sont fragiles, confirme Georges Chambe, de la société AMSESA, dans le Rhône. Par ailleurs, à eux seuls ils représentent environ la moitié du coût de l’installation définitive. Aussi est-il particulièrement important d’apporter beaucoup de soin à leur mise en œuvre. Il faut, en premier lieu, une planéité au millimètre près car des tensions dans le verre entraîneraient sa cassure et la dégradation des cellules. En règle générale, ils sont posés sur une armature secondaire constituée de rails en aluminium, parfaitement calés. Une autre difficulté tient à la gestion un peu complexe des fils de liaison qu’il faut amener jusqu’à l’onduleur. » Si certains supports sont relati- vement faciles à travailler, il en est d’autres qui exigent un savoirfaire particulier. « C’est, par exemple, le cas des verrières, des murs rideaux ou des brise-soleil, souvent exploités pour récupérer l’énergie solaire. La parfaite maîtrise des joints d’étanchéité, comme de l’intégration des câbles, y est indispensable. C’est pourquoi il est préférable que les entreprises qui interviennent soient des spécialistes, » souligne Georges Chambe. 쐍 (1) Deux dixièmes de millimètres. JUIN 2007 BÂTIMÉTIERS 65 I N N O V A T I O N ÉNERGIE Des éoliennes «tous vents» Mangeuses d’espace, bruyantes, inesthétiques, inadaptées à un usage individuel ou à certaines conditions climatiques… Et si tous ces reproches faits aux éoliennes n’avaient plus lieu d’être ? Et si l’on pouvait désormais introduire des éoliennes en zone urbaine ou les utiliser pour des bâtiments isolés? QUELQUES CARACTÉRISTIQUES Un exemple d’éolienne à axe vertical: Windside. Production annuelle estimée: 100 W/m2 pour un vent de 10 m/s. Les plus grandes pales des turbines de série ont un diamètre de 1 mètre et une hauteur de 4 m. Poids des pales: 1, 2, 20 et 40 kg. 66 BÂTIMÉTIERS JUIN 2007 © DR L a vitesse de vent à partir de laquelle les éoliennes traditionnelles deviennent productives est de 4,8 m/s; celle à laquelle il faut les arrêter est de 25 m/s (il s’agit là de vitesses effectives, et non de vitesses moyennes évaluées sur plusieurs jours). Les éoliennes à axe vertical et aubes spiralées fonctionnent, elles, à des vitesses de vent comprises entre 1,5 m/s (ou 2,8 selon les modèles) et 60 m/s, quelles que soient les turbulences et les conditions climatiques (de - 40 °C à + 50 °C) ! Leur forme «torsadée» (elles sont composées de deux aubes spiralées), très compacte, les rend particulièrement résistantes, et, surtout, elles tournent autour d’un axe vertical, donc silencieusement et sans risque de projection de glace, ni de chute des pales. Seule contrainte: ce type d’éolienne alimente exclusivement des parcs de batteries. Une technologie qui en rappelle l’origine: elle a été conçue il y a plus de 25 ans pour alimenter en énergie des sites isolés scientifiques ou militaires. C’est pourquoi elle est commercialisée avec un système de gestion spécifique entièrement automatique SILENCIEUSES, les éoliennes à axe vertical fonctionnent quelles que soient les turbulences. (une marque déposée baptisée BcA) qui permet de basculer sur une source externe (réseau électrique ou groupe électrogène) lorsque les consommations ont été plus importantes que prévu ou que les conditions météorologiques n’ont pas été favorables. Ce système garantit que les applications seront toujours alimentées et évite aux batteries (la seule partie «sensible» de l’installation) de connaître des décharges extrêmes. Autre avantage, la partie éolienne ne nécessite strictement aucun entretien, ce qui abaisse le coût global. Les applications de ces éoliennes sont nombreuses: alimentation de petites unités comme les abribus, les équipements de surveillance, les systèmes de mesure, ou d’installations plus importantes comme des systèmes de ventilation ou d’éclairage. L’éolienne peut aussi alimenter des petits édifices indépendants ou isolés, voire des immeubles entiers. «Quand on choisit de tels systèmes, l’approche ne peut pas être traditionnelle, explique Sandrine Audras, de la société Cap-ENR. Au lieu de nous fonder uniquement sur une production en kilowatts (qui sera toujours variable), nous partons des consommations, qui sont plus fiables car plus constantes. Le choix de l’éolienne, et éventuellement d’autres sources complémentaires, dépend du degré d’autonomie souhaité ou possible en fonction des ressources naturelles du site. Une démarche de développement durable est souvent multisource. L’installation d’éoliennes est à considérer en lien avec les autres possibilités comme le solaire – on peut d’ailleurs coupler ces installations avec des panneaux photovoltaïques. Une logique évidente dès lors que l’on retient une ressource naturelle, donc éminemment aléatoire, comme le vent ou le soleil!» 쐍 POUR EN SAVOIR PLUS FFB-DAT, tél. : 01 40 69 51 91 et www.cap-enr.com Vérandas: Un nouvel outil de modélisation Le logiciel «Véranda», issu d’une recherche effectuée par le CEBTP depuis deux ans dans le cadre du PRDM (1) de la FFB, sera bientôt disponible. Il permet la modélisation du comportement d’une véranda en fonction de son orientation, de sa géométrie, de ses matériaux et des habitudes de fréquentation de ses utilisateurs. «Il s’agit de concevoir des vérandas sur un modèle éprouvé, explique Alain Grelat, son concepteur. Jusqu’à présent, aucun outil ne permettait de comparer deux projets sur la même base à partir du type d’occupation. Désormais, il sera facile, par exemple, de choisir entre une protection solaire opaque ou transparente, entre une ventilation naturelle ou mécanique, au vu des courbes d’évolution journalières de l’ensemble des paramètres de température, d’hygrométrie, etc. La modification d’un critère aboutira à l’évolution de la modélisation.» Tous les matériaux, du sol au plafond, sont pris en compte. La précision est assez élevée, en particulier pour les vitrages. «S’il existe une base de données minimale, poursuit Alain Grelat, nous envisageons de raccorder “Véranda” à la base de données générale élaborée pour “Vitrage décision”, un autre logiciel spécialisé, développé par les professionnels. » (1) Programme Recherche Développement Métiers. Pour en savoir plus : FFB Fermeture et Store, tél. : 01 40 55 13 00. SNFA-FFB, tél. : 01 40 55 11 80. I N N O V A T I O N LOGICIELS Mieux gérer ses matériels et ses fournitures Deux nouveaux outils sont disponibles en ligne sur le site www.e-bat.org (1), pour la gestion des matériels et pour celle des blocs-portes. I l n’est jamais facile, pour l’entreprise, de gérer l’entretien, la révision ou le remplacement de ses équipements et matériels, notamment lorsqu’ils sont soumis à réglementation comme les grues – objet de révisions obligatoires régulières – ou comme les casques – que l’on doit remplacer après un certain temps d’usage. Le nouveau logiciel de gestion des équipements, accessible sur le site www.e-bat.org à toutes les entreprises qui demandent un compte, assure cette fonction. Couplé à une nomenclature développée par l’OPPBTP (2), qui intègre l’ensemble des obligations légales de remplacement ou d’entretien, le logiciel gère la base de données créée par l’entreprise et génère des e-mails d’alerte lorsque la date fatidique approche. Chaque entrepreneur est libre de fixer, en fonction du matériel concerné, la période à laquelle il souhaite être alerté : quinze jours, un mois, six mois avant… La nomencla- ture de l’OPPBTP sera actualisée à chaque changement de réglementation: c’est la raison pour laquelle le logiciel n’est utilisable qu’en ligne, sur e-bat. Dans le même esprit, le logiciel de gestion des blocs-portes, développé avec le soutien de la Drire et du conseil régional d’Ile-deFrance, permet de comptabiliser l’ensemble des équipements (serrures, paumelles, poignées, etc.) à gérer dans le cadre de blocs-portes. La création d’un compte permet à l’entreprise d’ouvrir autant de dossiers qu’elle suit d’affaires. La gestion s’effectue en ligne et les sauvegardes sont assurées par le serveur. Le logiciel permet d’ob- tenir les états de sorties mentionnant toutes les fournitures en fonction de leurs caractéristiques (par exemple: ouverture à droite ou à gauche). Cet outil sera présenté dans des réunions organisées prochainement, et les entreprises sont encouragées à l’utiliser pour faire part de leurs propositions d’améliorations. 쐍 (1) e-bat est un projet d’IT-FFB sous l’égide de la FFB, cofinancé par le FSE. (2) Organisme professionnel de prévention du Bâtiment et des travaux publics. POUR EN SAVOIR PLUS www.e-bat.org FFB-CMP, tél. : 01 40 69 57 42. JUIN 2007 BÂTIMÉTIERS 67 N O R M A L I S A T I O N PRODUITS ET TRAVAUX De l’importance des normes Très souvent considérée comme une contrainte, la norme se révèle au contraire une aide précieuse lorsqu’elle est connue et bien utilisée. Ainsi, elle tient souvent lieu de contrat-type entre un entrepreneur et ses fournisseurs (norme de spécifications de produits) ou ses clients (norme d’exécution de travaux). P our l’entreprise de Bâtiment, deux types de normes sont particulièrement utiles : les normes de spécifications de produits et les normes d’exécution de travaux. LES NORMES DE SPÉCIFICATIONS DE PRODUITS Elles décrivent les caractéristiques que doit respecter un produit destiné à un usage donné (ciments pour confectionner le béton, tubes pour installation de plomberie ou colles à carrelage, par exemple). Ces normes sont utiles à l’entrepreneur pour commander les produits à son fournisseur. Au lieu de spécifier à chaque commande toutes les caractéristiques du produit recherché, il suffit de demander que le produit soit conforme à la norme. Celle-ci tient lieu de contrat-type. Elle concerne donc les produits couramment utilisés pour un ouvrage courant. Elle est utile à l’entreprise car c’est par rapport à elle que l’on vérifiera la conformité d’un produit défectueux ou de mauvaise qualité. On soumettra le produit aux mesures et essais spécifiés dans la norme, et on comparera les résultats obtenus avec ceux exigés. Toutefois, pour que la norme s’applique, l’entreprise doit en avoir indiqué les références sur sa commande. En effet, les normes ne sont opposables au fournisseur que si elles sont mentionnées dans le contrat (la commande). Elles ne sont généralement pas d’application obligatoire, et ne doivent pas être confondues avec la réglementation (voir Bâtimétiers n°4 – novembre 2005, page 78). La plupart des normes de produits sont aujourd’hui d’origine européenne. Dès lors, elles couvrent généralement un éventail de produits plus large que celui habituellement employé en France. Il faut donc souvent apporter des indications complémentaires à une simple référence à la norme, en indiquant par exemple la classe ou la valeur d’une caractéristique (voir Bâtimétiers n° 6 – octobre 2006, page 108). Par ailleurs, pour des usages très particu- liers, l’entreprise peut faire référence à la norme en indiquant les modifications apportées aux spécifications de celle-ci pour que le produit convienne à l’utilisation prévue. LES NORMES D’EXÉCUTION DE TRAVAUX Elles décrivent la façon de mettre en œuvre les matériaux et produits pour réaliser un ouvrage de Bâtiment. Ce sont généralement des normes NF DTU (voir Bâtimétiers n° 7 – mars 2007, page 68), par exemple celles sur l’étanchéité des toitures-terrasses, sur les cloisons en plaques de plâtre ou sur l’exécution des planchers chauffants. Elles constituent là encore un contrat-type entre l’entrepreneur et son client. Au contraire des normes de spécifications de produits, la norme d’exécution de travaux ne liste pas les performances à obtenir (résistance mécanique, étanchéité, isolation thermique…). Elle ne se limite pas à spécifier les essais et constatations à effectuer sur l’ouvrage terminé. L’esprit de la norme d’exécution est d’indiquer les techniques et produits à utili- NORMES DE PRODUITS, NORMES DE TRAVAUX : LES DIFFÉRENCES Contrat 68 Norme Origine Normes de produits Entre l’entreprise et son fournisseur Commande de matériaux, produits ou équipements Performancielle Généralement européenne Normes de travaux DTU Entre l’entreprise et son client Marché de travaux Descriptive Française BÂTIMÉTIERS JUIN 2007 ser pour obtenir un ouvrage adapté à sa fonction. Basée sur l’expérience acquise par de nombreux entrepreneurs, elle décrit la façon de réaliser un ouvrage courant. Autrement dit : si l’entrepreneur suit les spécifications de la norme, il y a tout lieu de penser que l’ouvrage satisfera le client. Si ce dernier conteste la qualité des travaux, l’entreprise utilisera le DTU pour montrer qu’elle les a réalisés dans les règles de l’art. DOCUMENTS DE RÉFÉRENCE Contrairement aux normes de produits, les NF DTU sont toujours d’origine française (mais elles se réfèrent et s’adaptent aux normes de produits d’origine européenne). Comme toutes les normes, les NF DTU ne sont pas d’application obligatoire. Cependant, elles s’appliquent d’office aux marchés privés qui font référence à la norme NF P 03-001. De plus, elles servent souvent de référence aux experts lors d’un sinistre. Pour un ouvrage très particulier, l’entreprise peut ne pas appliquer les NF DTU – par exemple, ils ne sont généralement pas adaptés aux travaux sur les bâtiments construits avec des techniques anciennes – mais elle doit alors avoir obtenu l’accord préalable du maître d’ouvrage, du maître d’œuvre, du contrôleur technique, des assureurs… 쐍 Q U A L I F I C A T I O N QUALIFICATIONS ET APPELLATIONS Ne pas confondre preuve et engagement de qualité D epuis plus d’un demi-siècle, le secteur du Bâtiment a su s’organiser pour faire reconnaître la compétence de ses entreprises. C’est dans ce but qu’ont été créés les organismes de qualification Qualibat puis Qualifelec (dédié au secteur de l’installation électrique). Ce sont aujourd’hui des organismes de référence qui ont acquis une reconnaissance forte, gage de pérennité. Pour les entreprises, l’attribution de qualifications dans le cadre de procédures éprouvées et rigoureusement encadrées, par un organisme indépendant faisant l’objet d’une accréditation, est une marque indéniable de professionnalisme. Après examen de son dossier par une commission paritaire, composée de « jurés » compétents, l’entreprise fait ainsi la preuve de son savoir-faire. En parallèle, on a assisté à l’émergence d’appellations qui utilisent le préfixe «quali» sans être pour autant des qualifications. S’appliquant à des domaines divers, le plus souvent ciblés sur des familles de produits ou sur des préoccupations particulières (sécurité des installations, qualité de la prestation, capacité à mettre en œuvre des techniques émergentes, notamment sur les métiers des énergies renouvelables…), avec une forte connotation «marketing», ces appellations se distinguent des marques de qualification par une différence majeure: dans le cas d’une qualification, l’entreprise a démontré qu’elle sait réaliser une prestation à un niveau de technicité donné, l’organisme de qualification ayant fourni les moyens de preuve; dans le cas d’une appellation, l’entreprise s’engage à maîtriser la technique concernée. L’organisme qui attribue l’appellation est souvent lié à un fournisseur de service, à un industriel ou à un syndicat, ne présentant pas les mêmes garanties d’indépendance que les organismes de qualification. Rappel, point par point, des principales différences dans le tableau cidessous. 쐍 QUALIFICATIONS, APPELLATIONS: PRINCIPALES DIFFÉRENCES MARQUE la marque) Engagement Dossier moral administratif Dossier technique QUALIBAT (Qualibat) Tous types d’activités du Bâtiment, hors électricité Respect du règlement de Qualibat Vérification annuelle des obligations fiscales, juridiques, sociales et d’assurance. Examen des critères financiers. Contrôle des moyens humains, matériels et de la sinistralité. Liste des chantiers réalisés. Vérification du dossier technique documenté de 3 chantiers de référence soumis à l’approbation de la commission paritaire. Pour certaines activités : solaire, énergie bois, métallerie feu, cordistes… Certificat délivré par organisme indépendant répondant aux exigences de la norme NF X 50-091. Il existe plus de 400 qualifications et différents niveaux de technicité. La qualification est mentionnée dans le code des marchés publics. Installations électriques Respect du règlement de Qualifelec Vérification annuelle des obligations fiscales, juridiques, sociales et d’assurance. Contrôle des moyens humains, matériels. 6 chantiers de référence dont 3 avec dossier technique détaillé. Oui, par sondage (systématique pour certaines qualifications). Certificat délivré par organisme indépendant répondant aux exigences de la norme NF X 50-091. Il existe 27 indices répartis en 8 activités. La qualification est mentionnée dans le code des marchés publics. Installations solaires thermiques Signature charte qualité Respect des obligations sociales, fiscales et d’assurance. Suivi formation de 2 jours ou parrainage par fabricant ou références de chantier. Oui (dans les 3 ans) L’appellation Qualisol permet de bénéficier d’aides régionales suivant les politiques locales. Installations thermiques bois Signature charte qualité Respect des obligations sociales, fiscales et d’assurance. Suivi formation de 2 jours ou parrainage par fabricant ou références de chantier. Oui (dans les 3 ans) L’appellation Qualibois permet de bénéficier d’aides régionales suivant les politiques locales. Installations solaires photovoltaïques Signature charte qualité Respect des obligations sociales, fiscales et d’assurance. Suivi formation de 2 jours ou 3 références de chantier. Oui (dans les 3 ans) Appellation en cours d’élaboration. L’appellation Quali’Pv devrait permettre de bénéficier d’aides régionales. Pompes à chaleur Signature charte qualité Respect des obligations sociales, fiscales et d’assurance. Suivi formation de 2 jours ou 3 références de chantier. Oui Respect des obligations sociales, fiscales et d’assurance. Validation d’un QCM. Oui (périodique) L’appellation PG permet d’alléger la fréquence des contrôles obligatoires. L’appellation PMG est soumise à un suivi de la satisfaction des clients. QUALIFICATIONS QUALIFELEC (Qualifelec) QUALISOL (Qualit’enr) QUALIBOIS (Qualit’enr) APPELLATIONS QUALI’PV (Qualit’enr) QUALIPAC (Afpac) PG ancient PNG/PGP (HabitA+) Installations gaz – Observations/commentaires Audit – Maintien des installations individuelles gaz Signature charte qualité Respect des obligations sociales, fiscales et d’assurance. Validation d’un QCM. Non PMG (HabitA+) QUALIFIOUL (Chauffage fioul) Installations de chauffage fioul domestique Signature charte d’engagt Qualifioul Respect des obligations sociales, fiscales et d’assurance. Suivi d’une formation de 2 jours. Oui (possible) Suivi d’une formation de 10 jours. – QUALI’EAU (Capeb) 70 CRITÈRES D’OBTENTION Objet/ Champs couverts (organisme délivrant BÂTIMÉTIERS Installations d’eau intérieures JUIN 2007 – – – Obtention de l’appellation après suivi d’une formation de 10 jours validée par un QCM. Attestation délivrée par un syndicat. E N V I R O N N E M E N T TRI SÉLECTIF Conjuguer responsabilité environnementale et bonne gestion C hez Savoie Frères, importante entreprise générale de Bâtiment de l’arrondissement de Tours, qui possède également une unité de préfabrication d’éléments architectoniques, le tri sélectif est une vieille habitude. Philippe Roussy, directeur général, considère de longue date qu’il ne s’agit pas seulement d'une pratique responsable mais aussi d'un élément de bonne gestion. «Depuis de nombreuses années, nous séparons les gravats des déchets non dangereux (déchets industriels banals) sur les chantiers, explique-t-il. Cette “culture maison” est devenue une obligation avec les nouvelles réglementations. De plus, les enjeux sont désormais financiers puisque selon la nature du déchet, les coûts d'élimination sont plus ou moins élevés.» « Si, au départ, notre tri portait essentiellement sur la séparation des cartons, films et métaux, désormais, sur chantier, nous devons obtenir le moins possible de déchets destinés à l'enfouissement, explique Christophe Brunet, de Savoie Frères. Aussi, organisons-nous généralement notre mini déchèterie foraine autour de trois bennes : la première est destinée aux gravats, la deuxième aux déchets non dangereux et la troisième à tout ce qui est valorisable (bois, film étirable, carton et généralement tous les emballages non souillés). Nous disposons enfin d'un conteneur destiné à recevoir les graisses, les solvants, les peintures et globalement 72 BÂTIMÉTIERS JUIN 2007 tous les déchets dangereux (déchets industriels spéciaux).» Chaque ouverture de chantier donne l’occasion de passer un accord avec le prestataire local chargé de la gestion des déchets de la collectivité. C'est lui qui fournit les bennes et qui organise l'affichage en liaison avec l'Ademe (1) et Savoie Frères. Chaque benne est signalée par un pictogramme (2) particulier. Une signalétique qui fait l’objet d'accords précis, de façon à répondre aussi bien aux exigences de l’Ademe qu’à la pratique du prestataire, tout en étant compréhensible par les personnels du chantier. COURRIER RECOMMANDÉ AUX MAUVAIS TRIEURS Toutes les entreprises travaillant sur le site doivent se soumettre à la règle commune. En tant qu’entreprise générale, Savoie Frères exige du prestataire qu'il adresse un courrier recommandé aux mauvais trieurs, afin que chaque intervenant du chantier soit conscient de sa responsabilité. «Avec la généralisation de la démarche de qualité environnementale, souligne Philippe Roussy, cette contrainte, souvent accompagnée de la désignation d’un responsable environnemental de chantier, est de mieux en mieux acceptée.» Le résultat est généralement satisfaisant. Tant mieux, car un mauvais tri peut finir par coûter très cher. «Il faut rappeler en permanence à tous les intervenants que le traitement de la tonne de gravats revient à 10 euros en moyen- CHAQUE BENNE de collecte de déchets sur les chantiers dispose de sa signalétique. © SAVOIE FRÈRES Exemplaire en matière de démarche environnementale, la société Savoie Frères, de Chambray-lès-Tours, soutient sa politique de tri avec des arguments sonnants et trébuchants. ne, la tonne de déchets non dangereux entre 80 et 90 euros et la tonne de déchets dangereux de 700 à 1 000 euros! C’est un poste qui finit par représenter jusqu'à 40% du compte prorata, ajoute Christophe Brunet. C’est dire combien la sensibilisation des personnels est importante. Tout le temps d’information et de formation est bien récupéré.» Cette dernière est organisée par l’entreprise avec le concours de l’Ademe et de la FFB. Elle est complétée, sur chaque site, par des interventions du prestataire local. LES PRODUITS AUSSI Mais la démarche environnementale de Savoie Frères ne s’arrête pas au tri. Elle s’étend aussi à la recherche de matériaux ou de produits sécurisants pour les compagnons. «Les maîtres d’ouvrage et les maîtres d’œuvre y sont sensibles, au point qu’on trouve maintenant des cahiers des charges qui y font référence, explique Philippe Roussy. Nous travaillons avec la médecine du travail ou le CHSCT sur le sujet». Pratiquement, le choix se portera, par exemple, sur certains ciments moins riches en chrome 6, un puissant allergisant. «Mais attention à la date de péremption, rappelle Christophe Brunet. Au-delà, ils deviennent très nocifs.» Autre préoccupation qui va dans le sens de la diminution des déchets: la récupération du bois dès lors qu’il est réutilisable, en particulier celui des mannequins. Enfin, les dirigeants de l’entreprise sont attentifs à l’énergie utilisée. «Dès que c’est possible, nous passons des accords avec EDF pour qu'une partie de l’énergie fournie soit d'origine renouvelable», conclut Christophe Brunet, qui aime à citer la phrase de l’écrivain Marguerite Yourcenar: «Construire, c’est collaborer avec la terre». 쐍 (1) Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie. (2) Des pictogrammes «Déchets de chantier» sont disponibles auprès de la SEBTP, tél. : 01 40 69 53 05.