LA VILLE A L`HEURE DU ROLLER

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LA VILLE A L`HEURE DU ROLLER
MATE / ADEME
LA VILLE A L’HEURE DU ROLLER
Evaluation des usages et de la gestion d’un nouveau mode de
déplacement urbain non motorisé
En France et à l’étranger
ANNEXES
Paris, septembre 2001
Etudes & Conseil
Annexes du rapport La ville à l’heure du roller
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Sommaire
Annexe 1 – Chronologie du roller (page 3)
Annexe 2 – Panorama du roller à l’étranger (page 8)
Annexe 3 – Le roller à Paris (page 27)
Annexe 4 – Le roller à Berlin (page 37)
Annexe 5 – Le roller à Rennes (page 50)
Annexe 6 – Le roller à Annecy (page 55)
Annexe 7 – Le roller à Lausanne (page 59)
Documents (page 62)
Guides d’entretien (page 67)
Bibliographie (page 72)
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Annexe 1 – Chronologie du roller
1760 : Merlin, inventeur et musicien originaire de Liège, conçoit un patin avec des roues métalliques
1789 : Le hollandais Van Lede (sculpteur) fabrique un patin à roulettes recensé dans l’Almanach de
Gotha de 1790
1818 : Le premier spectacle sur roulettes « Le peintre ou les plaisirs de l’hiver » a lieu en Allemagne
¬ 1819 : Le premier brevet d’invention du patin à roulettes est déposé par le français Petitbled
(mécanicien) : la seule différence avec les patins à glace consistait dans la substitution de trois
roulettes à la lame d’acier. A la même époque, l’Ecossais Spence conçoit un patin à roulettes à
partir d’un patin à glaces dont les lames étaient montés sur des roulettes
1823 : L’anglais Tyers (marchand de fruits) conçoit des appareils à fixer aux chaussures, dans le but
de se déplacer et de se divertir, qu’il nomme Volito (je voltige). Il crée aussi la première école de
patinage.
1825 : L’autrichien Löhner (horloger) conçoit des « chaussures mécaniques à roues », les premiers
patins dont les roulettes ne sont pas en ligne
1828 : Le français Garcin (patineur sur glace) crée le Cingar (anagramme de son nom), machines à
roulettes munies de montants ou d’« éclisses » qu’il attachait au niveau du mollet
1845 : Le français Legrand (charcutier) crée un modèle plus simple (à 2 roues) et un modèle plus
stable (avec des roues doubles pour les débutants)
1848 : Le français Constant exécute des prouesses en patins à roulettes sur l’asphalte environnant
l’obélisque de la Place de la Concorde
¬ 1852 : L’anglais Gidman fait breveter des patins dont les roues sont montées sur roulements à
billes
¬ 1862 : Une loi interdit sur la voie publique les jeux susceptibles d’occasionner des accidents
¬ 1863 : L’américain Plimpton invente le premier patin à roulettes orientable (l’ancêtre du quad) :
un modèle qui repose sur à 4 roues montées sur 2 essieux rendus mobiles par des articulations et
qui permet de tourner
1876 : La mode des skating-rings s’étend en Europe. Edition du livre de Charles Dolivet, Le Skatingrink et de H. Mouhot La Rinkomanie
¬ 1884 : L’américain Richardson industrialise le patin à roulettes moderne (roulements à billes et
système orientable)
θ
1890-1900’ : Multiplication des lieux spécifiques pour la pratique du patin à roulettes, soit en les
créant ex nihilo (patinoires), soit en réhabilitant des anciens courts de tennis, salles de balle,
gymnases…). Le grand Hall de l’Olympia, construite à Londres en 1889, pouvait accueillir
jusqu’à 10.000 patineurs ; le Columbia skating ring, construit à Paris pour l’Exposition universelle
de 1889, proposait aux patineurs une piste de 3500 m2… Les Parisiens entre 1910 et 1914,
disposent d’une douzaine de d’établissements dédiés à la pratique du patin à roulettes
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1893 : La première fédération de roller-skating (la National Skating Association) est fondée en
Angleterre par des patineurs sur glace
1895 : L’anglais Ritter conçoit le road-skate ou patins de route : la paire pèse 3kg, le patineur est haut
perché car les deux roues sont placées sous le pied et mesurent 15 cm de diamètre. La roue AV est
équipée d’un système anti-recul précieux dans les montées.
1896 : Sortie du film Patineurs au Parc central de Louis Lumière (France)
1898: Le français Richard-Choubersky conçoit le cycle-patins ou patins-bicyclettes, à plate-forme
surbaissée, dont les roues sont placées l’AV et à l’AR du pied (son engouement est tel qu’on
l’envisage même comme moyen de locomotion militaire, pour le déplacement des infanteries)
1906 : Invention du patin à roulettes à moteur par le Français Constantini
¬ 1910 : Création de la première fédération française de patin à roulettes. Le patin à roulettes devient
un sport de compétition. Les 3 spécialités (inspirées du patin à glaces) sont les figures, la vitesse et
le rink-hockey. Organisation des premiers championnats de France. Deuxième vogue en Europe
des skating-rinks
1916 : Sortie du film The Rink (Charlot patine), de Charlie Chaplin (USA)
1918 : Développement du patin à roulettes comme jeu enfantin
1920’ : Développement du fédéralisme et du sport de compétition, constitution des principales
disciplines sportives
1923 : L’aviateur Kirsch invente le patin monoroue, muni de pneus et tout terrain (roue de 30 cm de
diamètre)
1925 : Le suisse Schill invente un patin polyvalent pouvant être utiliser sur la glace ou sur le sol (les
roues sont fixées à la lame par des papillons)
1926 : Organisation du premier championnat d’Europe de rink-hockey
1932 : Organisation du premier championnats de France de vitesse sur route
1935 : Création à Chicago du premier roller derby ou roller catch : à la fois sport et spectacle, il s’agit
de courses sprint (consistant à prendre un tour de piste au peloton), de courses poursuites, de courses
relais… Organisation des premiers championnats d’Europe de vitesse avec participation féminine
1936 : Organisation du premier championnat du monde de rink-hockey
1937 : Organisation du premier championnat d’Europe de figures et du premier championnat du
monde de vitesse
1941 : Invention de la butée avant sur les patins à roulettes
1941/43 : Sous l’Occupation, organisation à Paris d’une course annuelle Madeleine/Bastille
1942 : Création aux USA du premier spectacle de music hall sur roulettes : les Skating vanities
1947 : Organisation du premier championnat du monde artistique
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Fin 1950’ : Mouvement de contestation dans le sport qui naît sur les plages californiennes autour
de la pratique du surf. Réhabilitation de l’idée d’un sport nature, de l’homme aux prises et en
harmonie avec les éléments naturels contre l’idéologie disciplinaire de l’éducation physique et la
conception élitaire et fédéraliste du sport de compétition
1962 : Devant le déclin de la mode des patins à roulettes aux USA, les fabricants lancent un nouveau
produit sur le marché - le skateboard – dont le marché explose en France seulement à partir de
1977/1978
1965 : Fabrication des premières roues en uréthane
θ
1970’ : Développement des mouvements écologiques au sein des sociétés occidentales.
1975 : Sortie du film Rollerball de N. Jewison (USA)
1976 : Sortie du film Comme sur des roulettes de Nina Campanez (France)
1979 : A son tour, le skateboard connaît un déclin et devient un facteur de relance et de progrès du
patin à roulettes (notamment progrès dans la qualité des roues). A Paris, création de la Main Jaune,
discothèque spécialisée dans le roller disco
θ
1980’ : Développement général des activités sportives et de remise en forme (gros succès des
salles de fitness). A Paris, les adeptes du patin à roulettes sont visibles dans la rue, sur les dalles,
les places et les esplanades (la dalle de Montparnasse, l’Esplanade du Trocadéro, du Palais de
Tokyo, de la Défense ou de Notre-Dame). Nouvelles pratiques : le roller-disco, le roller
acrobatique, le rink-hockey… Le mobilier urbain est pris comme obstacle et terrain de jeu. A la
même période, le roller relie les villes : développement des randonnées de longue distance (ParisNice, Paris-Grenoble, Paris-Biarritz, tour du lac Léman, tour de France, traversée des EtatsUnis…)
1980 : Sortie des films Roller Boogie de M. Lester (USA) et Rolling Star le Justicier de S. Hara
(dessin animé, Japon)
1981 : Création de « Paris sur roulettes », randonnée qui attire chaque année au mois de mai jusqu’à
20.000 patineurs. Des voitures ouvreuses et un service d’ordre assurent la sécurité. Des prix sont remis
aux participants qui récompensent les plus beaux déguisements
1983 : Le patineur n’a pas d’existence légale : une note de service du ministère des Transports
l’assimile à un piéton : à ce titre, il est tenu de circuler en ville sur les trottoirs, à emprunter les
passages cloutés et à respecter les feux de signalisation et sur route à rouler du côté gauche (selon les
dispositions R217 à R219-4 du Code de la route)
1989 : Aux Etats-Unis, Rolleblade lance le roller in line, qui n’est importé en France qu’à partir de
1993
θ
1990’ : L’écologie devient une force politique et les thèmes écologiques sont repris peu ou prou
par toutes les formations politiques. Développement du tourisme vert. Explosion du marché du
VTT, puis du roller. Politique urbaine favorable aux modes de circulation douce et aux réseaux
verts. Création des zones 30 par décret du 29 novembre 1990.
1990 : La Fédération française de patinage à roulettes devient la Fédération française de roller-skating.
A San Francisco, création de la Friday Night Skate, l’ancêtre modèle pour les randonnées urbaines
européennes
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1991 : Parution du livre « Rollermania » de Sam Nieswitski aux Editions Gallimard, dans la collection
Sports et Jeux. Création de Rollermania, première association loi 1901 dont l’objet est l’intégration du
roller dans le paysage urbain (suite à la fermeture aux rolleurs de la dalle Montparnasse). Rollermania
organise des randonnées « sauvages » dans Paris au départ de Montparnasse.
1992 : Le rink-hockey figure comme sport de démonstration aux Jeux Olympiques de Barcelone
1993 : Création à Paris de la randonnée du vendredi soir par Rollermania qui transfère le lieu de départ
de ses randonnées « sauvages » de la dalle Montparnasse à la Place d’Italie (avec pour objectif de
limiter le nombre de participants à environ 60 ou 80)
1994 : En Suisse, organisation à Lausanne du premier Roller International Contest (grande
manifestation de roller sponsorisée, organisée dans la ville sur plusieurs jours d’août, devant 80000
spectateurs, avec des démonstrations de rampe, de street, de descente…). Les participants qui viennent
du monde entier (Etats-Unis, Australie, Allemagne, France, Italie…), font ainsi de Lausanne la
capitale internationale du roller. Création en France de l’association Jeune horizon, qui deviendra
France Roller et dont le but est l’insertion sociale par le roller.
¬ 1995 : En décembre, les grèves des transports poussent les gens à redécouvrir le vélo et à utiliser
le roller comme mode de déplacement utilitaire. Les médias s’emparent du phénomène. Effet
boule de neige sur la randonnée du vendredi soir. Les ventes de roller augmentent de 40% par
rapport à l’année précédente. Parution aux Editions Autrement du livre d’Alain Loret « Les sports
de glisse ».
1996 : La Mairie de Paris, en concertation avec les associations cyclistes, élaborent un plan vélo. Une
première tranche du réseau des pistes cyclables est ouverte en août. La Fédération française de
randonnée pédestre se lance dans la balade urbaine en balisant deux parcours Paris intra-muros, le long
de la Seine et dans le Marais. La loi sur l’air du 30 décembre oblige les villes ou agglomérations de
plus de 100.000 habitants à faire un PDU (Plan de déplacement urbain) pour mieux coordonner tous
les modes de déplacements et instaurer un meilleur partage de l’espace public, notamment en faveur
des transports publics et des modes de circulations douce
¬ 1997 : En mars, à Paris, première fête du vélo et du piéton avec l’ouverture au public des berges
de la Seine le dimanche jusqu’en octobre. A Paris, la préfecture de police, responsable de la
circulation, demande aux organisateurs de la randonnée du vendredi soir de fonder une association
afin de penser l’encadrement du mouvement qui rassemble alors plusieurs centaines de patineurs.
Création de l’association Pari Roller, qui gère la randonnée du vendredi soir. En octobre, création
de Planet Roller, une association qui propose des randonnées touristiques en roller (à Tahiti, à
Cuba, en Californie mais aussi en France dans le Jura, à Belle Ile…). En novembre, création de
Roller Squad Institut (RSI), association qui a pour but la promotion du roller en ville,
l’organisation de randonnées en roller (découverte des quartiers de Paris) et l’initiation au roller
(stages d’apprentissage). En décembre, création de Roller & Coquillages, association qui organise
une nouvelle randonnée parisienne le dimanche après-midi. Création d’une commission
interministérielle chargée de réfléchir sur le statut du roller et de faire des propositions aux
collectivité locales et à l’Etat pour définir un statut du roller. Participent à cette commission les
ministères de l’Equipement, de la Jeunesse et des Sports, de l’Intérieur et de la Justice).
1998 : La préfecture de police crée la première brigade en roller (7 agents). Création de « Coursiersrollers », service de livraison de plis aux entreprises et de livraison à domicile (courses, médicaments).
Le roller est présent dans certains hypermarchés où il permet aux employés de se déplacer plus
rapidement d’un rayon à l’autre. Certains tour-opérateurs étrangers intègrent les randonnées
parisiennes dans leurs circuits. Le roller est un vecteur d’image dans la publicité, il est visible dans les
séries TV… Organisation de marathons en roller (par ex., Marathon du val d’Oise). Première journée
sans voiture le 22 septembre : opération patronnée par le ministère de l’Environnement, organisée dans
35 villes de France.
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1999 : A Paris, La randonnée du vendredi soir devenue « Friday Night Fever » compte jusqu’à 30.000
participants (5000 en moyenne). Roller & Coquillages, jusqu’à 10.000 participants (2000 en
moyenne). A Rennes, plus de 4000 personnes participent à la randonnée Rennes sur Roulettes en
septembre. A Lausanne, l’IRCL est devenue un événement mondial qui attire 150.000 spectateurs (54
pays retransmettent l’événement à la TV, dont la Chine, le Népal, le Koweït, l’Islande, la Corée…)
2000 : On compte 4 à 5 millions de rollers en France (10 millions en Allemange). 1 à 2 clubs se créent
chaque jour en France. A Paris, la fréquentation des berges de la Seine atteint 13000 rollers et 10000
vélos le dimanche 19 mars. A l’Espace Champerret, se tient un salon du roller. Publication du livre
« Paris comme sur des roulettes », Dakota Editions. Le roller trouve sa place dans le cadre des
recherches du Prédit sur les déplacements non motorisés. Première thèse de médecine soutenue sur
l’accidentologie et la traumatologie liées au roller.
¬ 2001 : Une enquête du ministère de la Jeunesse et des Sports/INRETS sur les pratiques sportives
des Français (portant sur un échantillon représentatif de 6500 personnes, de 15 à 75 ans) estime à
1,9 millions le nombre de pratiquants en France (le roller entre ainsi dans le top 10 des sports les
plus pratiqués).
D’autre part, évolution de la jurisprudence vers la reconnaissance du roller comme un véritable
moyen de locomotion. Alors que jusqu’ici le roller était assimilé à un piéton (attendant toujours de
la part du gouvernement la clarification de son statut), un arrêt de la Cour de cassation du 1er mars
casse la verbalisation prise par un policier à l’encontre d’un patineur roulant sur la chaussée. Le
policier avait verbalisé l’usager en se fondant sur l’ordonnance du 25 juillet 1862 toujours en
vigueur, qui interdit « la pratique de tous jeux susceptibles de gêner la circulation ou
d’occasionner des accidents ». Le tribunal de police n’avait pas suivi le policier répressif en
estimant que le roller constituait un « véritable moyen de locomotion au même titre que les
vélocipèdes, les patinettes ou les trottinettes qui empruntent la chaussée ». La plus haute instance
judiciaire du pays a confirmé la relaxe du patineur en observant que le gardien de la paix
« n’explique pas en quoi il gênait la circulation ou était susceptible de provoquer des accidents ».
A Paris, radicalisation de la politique en faveur des transports publics et des modes de circulation
douce. Les voies sur berge sont fermées à la circulation automobile et dédiées aux modes de
circulation douce du 15 juillet au 15 août. Mise en chantier d’un programme de 41 km de couloirs
de bus protégés.
A Rennes, la mairie donne enfin son autorisation officielle pour la tenue de la randonnée urbaine
du jeudi soir.
Le livre blanc de la commission interministérielle doit rendre ses propositions publiques en
septembre.
Le vocable « rolleur » fait son entrée dans les dictionnaires de la langue française.
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Annexe 2 – Panorama du roller à l’étranger
Les différentes modalités du roller se développent en Europe du Nord, et semblent ne pas
séduire les pays de l’Europe du Sud où les randonnées urbaines y sont à l’heure actuelle
absentes. Dans les pays d’Europe Centrale, le phénomène importé par des jeunes cadres en
mission dans ces capitales, fait tache d’huile auprès des publics adolescents et des jeunes
adultes.
Allemagne
Depuis une dizaine d’années, le nombre d’adeptes ne cesse de s’accroître et la pratique se
diffuse dans toutes les villes en Allemagne1. En juillet 2001, 18 villes allemandes, à l’est
comme à l’ouest du pays, petites ou grandes villes, ont un site invitant à leurs randonnées
urbaines (Bielefeld, Bonn, Brem, Darmstadt, Dresden, Frankfort, Hambourg, Münich, etc.)2.
Ces randonnées rassemblant plusieurs dizaines de milliers d’adultes et de jeunes sont en
quelque sorte une vitrine de ce phénomène. Officialisés et encadrés par la police dans la
plupart des cas, ces randonnées, grâce au travail des médis, contribuent à légitimer la
circulation à roller. Cela dit, comme le soulignent les experts allemands interrogés dans le
cadre de cette consultation, l’acceptation des rollers par les automobilistes, cyclistes et piétons
est encore loin d’être réelle. Les différentes consultations allemandes montrent que les
patineurs ne sont acceptés ni sur la chaussées, ni dans les voix des bus, ni sur les pistes
cyclables, ni sur les trottoirs. De nouvelles études sont en cours et devront contribuer à la mise
en place d’aménagements urbains, les zones 30 notamment, et d’une réglementation
nationale.
A Berlin : La Blade Night de Berlin (BNB) et la Berlin Parade
L’organisateur de la BNB, Jan-Philipp Sexauer, avocat en droit civil de 33 ans, lance une
randonnée à Berlin qui, par sa topographie et son étendue se prête particulièrement bien au
déplacement à roller. Pourtant, comme le souligne Sabine Dingel3, la capitale allemande avec
ses trottoirs défoncés, ses nids-de-poule et ses nombreux pavés, n’est pas a priori une ville
favorable à la glisse comme l’est par exemple Münster en Westphalie qui bénéficie d’un
important réseau de pistes cyclables. De plus, le code de la route allemand interdit strictement
le patinage sur la route. La loi considère la pratique du roller comme un jeu qui ne peut se
dérouler que sur le trottoir. Le non respect est sanctionné par une contravention d’environ 90
FF. Et pour finir, les patineurs ne sont pas autorisés à monter dans les transports en commun
leurs rollers aux pieds. En raison de l’interdiction de circulation en patin à roulettes par le
code de la route, il prend l’initiative de créer des manifestations à caractères revendicatifs afin
de faire évoluer la perception de tout un chacun par rapport à ce nouveau mode de
déplacement non motorisé et donc non polluant et de changer la réglementation. Pour JanPhilipp Sexauer, la législation pour les rollers doit être semblable à celle du vélo. Le patineur
doit être reconnu officiellement comme un autre usager des voix de circulation. Il opte pour la
négociation et non la confrontation avec les autorités. Son idée est de lancer une manifestation
« pour l’admission et l’émancipation des patineurs dans le trafic routier ». A partir de juin
1
3,2 millions de paires de roller ont été vendues en 1998 en Allemagne et le nombre de patineurs en Allemagne,
en 1999, est estimé à 10 millions. Spiegel, 02.08.1999, p. 100-104.
2
Des liens avec ces sites allemands sont disponibles sur http://www.berlinparade.com
3
in, Glisse urbaine, Autrement, 2001.
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2000 la BNB est annoncée dans la rubrique sport du Tip et du Zitty, les deux magazines de
programmation culturelle de Berlin. Le nombre de randonneurs participant à la BNB s’élève à
60 000. En trois ans, la randonnée allemande est devenue la manifestation à rollers la plus
importante du monde4.
Depuis cinq ans environ le nombre de patineurs se multiple à Berlin. La modalité loisir, c’està-dire, les promenades en petit groupe sur les trottoirs est assez répandue, les week-end
notamment. Par contre, l’usage quotidien des rollers comme moyen de déplacements
professionnels ne concerne qu’une minorité de patineurs.
Les revendications de la BNB
Les revendications de la BNB concernent l’ouverture des voix de circulation aux patineurs et
leur reconnaissance par les pouvoirs publics qui passerait par la définition d’un statut des
patineurs dans le code de la route. Sexauer propose que des lignes de signalisation soient
peintes sur les grandes axes de la ville afin de séparer les rollers du trafic motorisé. Il suggère
également davantage de zones limitées à 30 km/h et se prononce pour plus de tolérance entre
automobilistes et patineurs. En outre la BNB souhaite que la municipalité du nouveau Berlin
autorise les patineurs sur la route le dimanche : elle jouerait ainsi un rôle d’avant-garde dans
la gestion du trafic urbain.
Une politisation rapide du mouvement
Contrairement à la France, les organisateurs de randonnées allemandes ont clamé leurs
revendications en faveur de l’ouverture des voix de circulations aux patineurs ou au niveau de
l’amélioration des conditions de pratique. Les randonnées ont donc un caractère plus politique
qu’en France. Les leaders des mouvements de rollers interpellent, en se servant des médias,
les responsables des partis politiques qui se sont positionnés par rapport au développement du
rollers dans les villes.
Ainsi, comme l’indique Sabine Dingel, le ministre fédéral des Transports, Jürgen Klemann
(CDU), déclare que la BNB sera interdite par ordre judiciaire parce que elle n’est pas, selon
lui, une vraie manifestation politique, mais simplement un amusement qui gêne la circulation
automobile dans le centre névralgique de Berlin, c’est-à-dire le nouveau centre
gouvernemental. Puisque le droit de manifestation n’est pas de son ressort mais de celui du
ministre de l’Intérieur qui ne partage pas l’avis de son collègue de parti sur la nature de la
manifestation, un compromis est trouvé afin que la BNB puisse continuer.
Les succès politiques
Sabine Dingel souligne quatre faits majeurs dans la reconnaissance des revendications de la
BNB :
1. Tous les week-ends du mois d’août 1999 la John-Foster-Dulles-Allee au Tiergarten a été
fermée au trafic automobile de 10 à 20 heures afin de créer un espace pour les amateurs de
roller pendant les vacances scolaires. Cette mesure sera répétée en août 2000.
2. En 1999, le ministre fédéral chargé du trafic (SPD) à demandé une étude qui examinera la
façon dont les patineurs pourraient être intégré au trafic routier5.
3. En mai 2000 le parti écologiste, Die Grünen, a adopté la revendication de la BNB : « la
reconnaissance des rollers comme moyen de transport individuel »6.
4
Berliner Zeitung, n° 127, 02.06.2000, cité par S. Dingel.
Taz, 17.05.2000, p.19.
6
Taz, n° 6134, 05.05.2000, p. 21
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4. En juin 2000 les démocrates chrétiens, CDU, revendiquent eux aussi l’intégration du roller
au trafic routier7.
D’abord les Verts, puis la CDU et dernièrement la SPD ont fait des auditions au parlement en
soutenant tous l’idée de trouver une solution d’intégration du roller à la circulation urbaine.
Les Verts sont les plus radicaux dans leur soutien des revendications de la BNB, la SPD se
rapproche de la position des Verts et la CDU cherche une solution intermédiaire qui puisse
satisfaire les rollers et les automobilistes. Les résultats d’une étude ministérielle sont
attendues à l’automne 2001 et devraient permettre de relancer les débats qui n’apparaissent
pas comme prioritaires dans cette capitale en pleine reconstruction et actuellement en
situation de faillite.
Qui sont les patineurs ?
La grande majorité des patineurs sont des adolescents et de jeunes adultes (trentenaires). Mais
on trouve également de très jeunes patineurs, accompagnés ou non de leurs parents, ainsi que
des patineurs de cinquante ou soixante ans. L’ancienne séparation Est/Ouest ne semble plus
pertinente puisque les patineurs proviennent des deux côtés de la ville. L’état franchement
mauvais des revêtements des trottoirs à l’est de la ville explique que les patineurs fréquentent
plus souvent les quartiers de l’ouest. Les femmes et jeunes filles représentent un tiers environ
des patineurs.
A Dresden : La Dresdner Nachtskaten : une randonnée « jeune » organisée par la ville8.
Si Berlin, la nouvelle capitale allemande, est leader au niveau des revendications et de la
discussion avec les pouvoirs publics, d’autres villes, plus petites, se saisissent, par
l’intermédiaires d’hommes ou de femmes politiques, de ce phénomène plutôt médiatique,
pour donner à la ville une image « jeune » et « branchée ». C’est la cas de Dresden. La
randonnée Dresden n’est pas l’initiative de citoyens qui militent pour l’amélioration des
conditions de pratique ou pour la reconnaissance du roller comme moyen de transport, mais
celle d’une conseillère municipale qui cherche à améliroer l’image de cette ville. L’histoire de
cette randonnée est aux antipodes de celle de Lille en France, retracée par Eric Passavant9, où
les organisateurs ont dû lutter pour la faire reconnaître par les pouvoirs publics.
Le 6 février 1998, dans le journal de la nuit d’une chaîne de télévision allemande, un
reportage sur la Friday night fever de Paris est au programme. On y voyait des patineurs
heureux et tout le monde avait l’air de bien s’y amuser. La cassette de la Friday night fever de
Paris a été envoyée sur recommandation de Barbara Laessig, conseillère municipale, aux
représentants de la police de Dresden en formulant le souhait de pourvoir organiser dans cette
ville une randonnée du même type.
Pour favoriser la communication autour de cet événement, un slogan est trouvé. Il s’adresse
spécialement aux jeunes : « von der Strasse auf die Strasse ! » (les pratiques issues de la rue
doivent prendre place dans la rue).
Ainsi, et sans difficulté avec les autorités de la ville, la première édition de la Nachtskaten
(nuit de roller) de Dresden a lieu le 8 mai 1998. Pour la première randonnée 1 500 participants
font le déplacement alors que les organisateurs n’en attendait que 2 ou 300. C’est beaucoup
pour une ville de 450 000 habitants et tous les espoirs sont alors permis. Durant l’été 2000, ce
7
www.bladenight.de, 27.04.2000
Interview avec Barbara Laessig, conseillère municipale de Dresden, responsable des affaires sportives.
9
In Glisse urbaine, op. cit.
8
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sont entre 3 000 et 5 000 randonneurs qui se sont présentés au départ. Baptisé la Dresdner
Nachtskaten, les organisateurs construisent un site : www.nachtskaten-dresden.de afin de faire
connaître l’événement. Ils communiquent également avec la presse locale et nationale. Le
phénomène se stabilise en 2001 avec 3000 à 4000 participants.
Au départ, cinq bénévoles assurent l’organisation et la gestion de cette randonnée. C’est le
Dresden skate club qui soutient l’organisation. Une équipe de staffers de 50 à 60 personnes
est sollicitée en partie ou dans leur totalité selon le nombre de participants. Ils portent tous un
gilet facilement reconnaissable et typique des services d’ordre. Pour leur aide, ils reçoivent un
dédommagement ce qui n’est jamais le cas dans les randonnées organisées par des civils.
Le financement de la Dresdner Nachtskaten est assuré en partie par le soutien de sponsors :
un grand magasin, le Mälzerei, a été le premier sponsor et en 2001, ce sont cinq sponsors qui
assurent les dépenses (entretien du site, communication, ambulance, etc.). L’information est
largement relayée par les médias locaux qui donnent une image très positive du mouvement.
Les relations avec la police sont très bonnes et l’esprit est constructif. Barbara Laessig
encadre les randonnées du vendredi. La police dispose d’un budget spécial pour ce genre de
manifestation « sport à la place de la violence ». C’est pour cela que la police prend
complètement en charge le financement de l’encadrement.
La participation à la randonnée est complètement gratuite. Aucune carte d’adhésion n’est
exigée. Un système de pass a été mis en place : les randonneurs présents à la randonnée se
faire tamponner une carte. Lorsqu’ils ont été six fois présents aux randonnées, ils peuvent
gagner un voyage à Paris leur permettant de participer à la Friday Night Fever parisienne. Sur
ce pass figure des consignes de sécurité ainsi que des informations relatives aux protections et
des conseils. C’est une incitation à la fidélisation.
La randonnée démarre toujours du même endroit et commence à la même heure : 21h. Elle
suit un parcours de 18 km environ durant 2 heures. Le retour se fait aussi au même endroit.
Une sono ambulante accompagne toujours la randonnée : elle est située en avant du cortège. Il
y a de la musique pendant les pauses et sur l’ensemble du parcours. Les patineurs peuvent
apporter leurs CD et solliciter le DJ pour faire passer leur groupe favoris.
Les patineurs ne viennent pas déguisés et il n’y a pas l’esprit de carnaval. L’ambiance est très
bonne.
Les différences avec les randonnées parisienne ou berlinoise se situent au niveau de la
moyenne d’âge : les patineurs parisiens et berlinois sont plus âgés. La vitesse est supérieure.
A Paris, la police est à roller alors que les policiers de Dresden ou de Berlin suivent le cortège
en voiture et bloquent les carrefours afin de laisser passer le cortège. Les codes de bonne
conduite sont semblables : lorsqu’il y a un danger, les patineurs lèvent les bras afin que ceux
qui les suivent soient avertis du danger. Durant les pauses, des conseils techniques sont
donnés à ceux qui le demandent.
Cette Nachtskaten apparaît comme quelque chose de tout nouveau à Dresden : plus qu’une
mode, une façon d’être ou de se sentir « occidental » et « moderne ». C’est un lieu d’échange
qui est très favorable à la communication et à l’échange des codes vestimentaires et
langagiers. C’est aussi une façon de se tenir informé des nouvelles tendances au niveau des
nouvelles technologies de l’information et de la communication : ces randonnées sont un
véritable salon d’exposition des nouveaux appareils high tech : baladeurs MP3, disc-man,
mini-disc, téléphone portables, etc.
Cette randonnée est un défi social puisque, avec très peu de moyens financiers, elle parvient à
rassembler des jeunes et moins jeunes issus de milieux sociaux très différents qui partagent
durant deux heures quelques choses en commun. C’est aussi une cible très convoitée par les
annonceurs.
Pour l’instant aucun débordement n’a été signalé.
Etudes & Conseil
Annexes du rapport La ville à l’heure du roller
MATE / ADEME
11
Contrairement à Munich où les Verts font partie du mouvement des patineurs, les
organisateurs de Dresden n’ont pas entamé de discussions. La nouveauté du phénomène fait
qu’à Dresden les médias se sont intéressés davantage aux rollers qu’au mouvement des
cyclistes. Les leaders des associations cyclistes ne sont pas très heureux de s’être fait volé la
vedette.
Pour le moment, les revendications des randonneurs ne sont pas explicites. Bien entendu,
beaucoup sont favorables à ce que l’on fasse plus pour les vélos et les patineurs dans la
commune : des pistes cyclables plus larges, des passages piétons pieux protéger. Mais les élus
ne sont pas investis sur ce créneau comme ils l’ont fait à Berlin. La plupart des députés de
tous les partis confondus ont d’abord considéré le roller comme une mode qui passerait. Ils
commencent à se rendre compte qu’il faudra compter avec les patineurs puisque le
mouvement perdure et s’institutionnalise.
Concernant les autres modalités de pratique à Dresden, outre la pratique loisir et le
déplacement utilitaire, la ville ne compte aucune association ou de club de roller agressif à
Dresden. Les riders viennent également patiner dans la randonnée qui est devenu l’événement
de référence de tous les patineurs.
En 2000, on compte régulièrement plusieurs milliers skaters dans les rues. Les filles sont
presque aussi nombreuses que les garçons et les âges sont très variés puisqu’on trouve des
jeunes de 8 ans et des adultes de 70 ans. La moyenne se situe entre 25 et 30 ans. Toutes les
classes sociales sont représentées.
PAYS-BAS10
La tradition des jeunes hollandais à partir aux Etats-Unis pour compléter leur formation
universitaire et parfaire leur anglais a favorisé l’importation du roller dans ce pays où la
bicyclette est depuis très longtemps déjà un moyen de déplacement utilisé par toutes les
catégories sociales.
Les pistes cyclables qui traversent toutes les villes hollandaises sont de véritables atouts pour
que le roller soient un mode de transport alternatif. La culture de tolérance par rapport aux
nouveautés fait que le patineur ne perd pas plus son statut social sur ses patins que le cyclistes
ne le perd lorsqu’il arrive au bureau ou à un rendez-vous professionnel sur son vélo. Ce n’est
ni le cas en Allemagne, ni en France, ni en Pologne où le patineur comme le cycliste est
assimilé à un personnage atypique. Dans les métiers de la mode, des nouvelles technologies,
de la communication ce non-conformisme est recherché. Ailleurs, le milieu des avocats par
exemple, il faut porter un nom, comme celui d’Arnaud Klarsfeld, pour que cet anticonformisme soit accepté.
Les inconvénients sont liés aux intempéries et aux types de revêtements des chaussées,
trottoirs et pistes cyclables. Les pavés ou dalles sont glissantes et les interstices rendent la
pratique périlleuse sinon dangereuse. Les rails des trams représentent un danger
supplémentaire et les nombreux ponts (à Amsterdam du moins), souvent gelés en hiver, ne
gênent mois les cyclistes que les patineurs. Par contre la tradition, qui se perd, du patin à glace
sur les lacs et les canaux gelés, est un facteur qui concours au développement du patin à
roulettes.
Toutes les grandes villes hollandaises ont des randonnées (Amsterdam et Rotterdam).
10
Interviews avec Saskia Lutter (journaliste), Yuri Engelhardt (initiateur de la Friday night Skate d’Amsterdam)
et Erik Tange (nouveau leader de la randonnée d’Amsterdam).
Etudes & Conseil
Annexes du rapport La ville à l’heure du roller
MATE / ADEME
12
La Friday night Skate d’Amsterdam11
C’est un groupe d’étudiants en mathématiques qui pratiquaient déjà le patin à glace qui se
rassemblait les hivers pour faire des parcours de randonnée en patin dans la campagne
hollandaise. Mais en été il n’y a pas de glace sur les canaux, il fallait donc trouver autre chose.
Ils décident de changer leur lames pour des roulettes et commencent à rouler à partir de l’été
1997.
Une partie des étudiants partent à San Francisco, la mère de toutes les night-skates, pour finir
leurs études. Ils reviennent avec le virus du skate dont ils ne se débarrasseront pas. A leur
retour, ils rencontrent un autre groupe de skaters qui a été à la randonnée parisienne la Friday
Night Fever et qui ne pensent plus qu’à patiner dans les rues la nuit. Ils décident, en 1998, de
transformer les vendredis soirs, Amsterdam en une vaste piste de skate : la Friday Night Skate
est née. Ils parcouraient de longues distances pour le plaisir de la glisse. Selon Yuri
Engelhardt, un de ces étudiants « c’était un grand moment de skate ». Yuri est l’un des
fondateurs de la Friday Night Skate « tout le monde adore le roller et on se sent comme des
rebelles avec nos rollers aux pieds. On était une bande de 30 jeunes et on envahissait la ville
en prenant le contrôle de tout. On avait le sentiment d’être ‘moi, contre tous. On avait la
musique à fond. Tout le monde nous regardait interloqué. On adorait cela. C’était un grand
moment ».
En octobre 1998, Erik Tange (alias Hyperik), Elwin Swinkels, Filippien van der Kooi,
Cathelijne van den Bercken et Jeroen de Kreek reprennent le projet des fondateurs qui ont
vieillit. Ils font évoluer l’esprit de la randonnée afin qu’elle conserve son esprit fun. Ils
parviennent à convaincre Lipton-ice et Roces (marque de rollers) de devenir partenaires de
Skate !, mettent en place une équipe médicale d’urgence (les flying nurses) et sont à l’origine
des manifestations comme la Midsummernight-skate et la spécial Halloween-skate. Leur
objectif est de garantir une randonnée en toute sécurité qui ne perd pas pour autant son côté
farfelu et marginal.
Chaque vendredi, le départ est donné à 20 heures dans le Vondelpark (grand parc au centre
d’Amsterdam). Il y a les blockers (staffers) et les flying nurses (infirmières volantes) qui
assistent les blessés légers et les sweepers (les balayeurs, allusion à la voiture balais des
courses sportives) qui en fin de randonnée conseillent à ceux qui ne peuvent suivre le rythme
de s’entraîner un peu plus et de revenir ensuite.
La police n’était pas enthousiasmée par le projet. Erik Tange, un des promoteurs de ces
randonnées, leur explique que de toute façon les patineurs patineront dans Amsterdam le
vendredi soir et qu’il valait mieux avoir un groupe organisé d’une centaine de personnes
qu’une meute inorganisée de patineurs dans la ville. La détermination de Erik Tange a eu
raison : la police s’est résolu à trouver une solution pour encadrer ce mouvement populaire
qui ne faisait que prendre de l’importance. Erik et ses amis se sont investis dans la Friday
Night Skate : ils distribuent des informations aux patineurs, aux piétons et aux automobilistes
afin d’expliquer ce mouvement. La croissance appelle la croissance : les randonneurs se
multiplient toutes les semaines. La randonnée est connue des citadins et devient un rendezvous.
Qui sont les randonneurs?
Selon Saskia Lutter, ce mélange de population est représentatif de la population
d’Amsterdam. Si une majorité de randonneurs ont entre 15 et 50 ans, on en trouve des bien
plus jeunes et des bien plus âgés. La classe d’âge la mieux représentée est celle des
11
Mission de 3 jours à Amsterdam en juin 2000 : interview des deux leaders ; Yuri Engelhardt et Erik Tange par
Anne-Marie Waser et commande d’un article à Saskia Lutter, pigiste, pour le numéro d’Autrement (son papier
ne sera finalement pas retenu).
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Annexes du rapport La ville à l’heure du roller
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trentenaires. Comparée à la randonnée de Paris, la Friday Night Skate se caractérise par un
public plus âgé. Ils sont tout comme à Paris détenteur de diplômes plutôt élevés.
On y trouve les passionnés de skate qui ne pensent qu’aux patins toute la journée et ne font
que ça. A côté d’eux, des cadres supérieurs d’entreprise qui viennent se dégourdir les jambes,
garder la forme et entretenir leurs relations d’affaire. La plupart vivent à Amsterdam même si
quelques riders des faubourgs voisins se joignent au groupe. Certains, attirés par la popularité
de la manifestation font le déplacement de l’autre bout de la Hollande pour y participer. Des
étrangers de passage à Amsterdam chaussent leur roller le vendredi soir pour visiter la ville
autrement.
Le parcours
La randonnée hollandaise impose un rythme soutenu que seuls les patineurs habitués peuvent
soutenir. L’aspect sportif et de glisse y est favorisé au détriment de l’ambiance populaire.
Aucun orchestre roulant n’accompagne le groupe et les manifestations de solidarité entre
patineurs sont plus réduites : pas de holla, pas de chansons, pas de jeu avec les citadins.
Silence, on roule. Ce n’est que durant les attentes et lorsque les staffers libèrent les patineurs
aux carrefours qu’ils sifflent, soufflent ou frappent dans tout sorte d’instruments qu’ils ont
apporté. Quelques klaxons bien connus des supporters de football sont lâchés ici et là pour
prévenir les citadins du passage de la randonnée. Les spectateurs non habitués restent
interloqués et applaudissent comme ils applaudiraient et saluerait le passage d’un peloton de
cyclistes. Les fenêtres s’ouvrent et les rues s’animent sur le passage des patineurs. Lorsque les
patineurs quittent l’avenue, les spectateurs restent encore quelques étourdi par le spectacle
autant déconcertant qu’imprévu.
La ville n’étant pas si étendue, les organisateurs peuvent aisément prévoir une partie nature et
une partie centre-ville dans leur parcours. Lorsque le parcours est entièrement à l’extérieur de
la ville, les patineurs sont silencieux et semblent vouloir profiter de ces instants de paix et de
la beauté des paysages. Puis vers 23 heures, c’est le retour au Vondelpark. Les randonneurs
restent ensuite boire des bières dans le blue theehouse, un café qui se situe au milieu du parc.
Jusqu’aux dernières heures de la nuit, on trouve des randonneurs attablés, buvant et discutant
de roller et d’autres choses.
POLOGNE
Le travail de Beata Komand12 sur le milieu du roller-skating polonais permet d’affirmer qu’il
est constitué d’un patchwork étonnant. On trouve des rouleurs fougueux et révoltés, appelés
« yuppies »13, qui sont des jeunes cadres polonais convertis à la mode occidentale, plutôt
conformistes et libéraux ; commerciaux, employés de banques ou de firmes privées qui
profitent le plus des changements politiques et économiques ; des ribambelles d'enfants
chaussés de rollers depuis leur première communion ; des papas grisés de se voir encore
agiles ; des filles soucieuses du galbe de leur postérieur ou encore d’anciens sportifs fringants
et balaises accompagnés par des membres de la Fédération de roller-skating, etc. Ce milieu
agité par des querelles intestines laissent entrevoir quelques d'inquiétudes pour son avenir.
Dans la capitale, les conditions de pratique ne sont pas favorables et la municipalité tarde à
construire de nouvelles pistes cyclables. Souvent couvertes de dalles en brique, Varsovie
comme un bon nombre d’autres villes, reconstruisent avec des pavés, aussi bien sur les
chaussées que dans les zones piétonnes des centres villes. Le climat en Pologne n'est pas non
12
Journaliste polonaise, elle a réalisé un travail d’investigation dans le cadre de l’ouvrage « Glisse urbaine »
publié chez Autrement.
13
Terme anglais signifiant jeune cadre dynamique.
Etudes & Conseil
Annexes du rapport La ville à l’heure du roller
MATE / ADEME
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plus très propice aux skateurs puisqu'en hiver il neige fréquemment. Même si certains jeunes
pratiquant le roller agressif arrivent à y prendre du plaisir, l'hiver recouvre habituellement les
rues d'un mélange de neige fondue et d'eau, qui est loin d'être idéal pour le roller ou le skate.
A la fin des années 70 et dans les années 80, le skateboarding était très en vogue chez les
adolescents et les garçons polonais. La plupart des patineurs utilisaient alors des équipements
de fabrication locale. Généralement de faible qualité, ces skate-boards limitaient
drastiquement les possibilités techniques de leurs utilisateurs. Or si le skate-board est
considéré par la plupart des gens comme un jouet à l'usage des gamins, dans le milieu des
skateurs on en connaît les difficultés techniques, qui du reste font son prestige auprès des
amateurs de roulettes de tous bords.
Qui sont les pratiquants ?
Beaucoup de Polonais associent les patins à roulettes à l'univers des enfants, voire des
délinquants. Les jeunes qui pratiquent le roller agressif sur les murets ou sur les rampes sont
souvent perçus comme des jeunes qui ont du temps à perdre. Les premiers adultes ayant eu le
courage de se montrer sur des rollers se sont sentis observés et montré du doigt.
Selon Beata Kommand, les rollers in-line ont fait leur apparition dans le monde des yuppies,
qui le pratiquent comme un loisir, le plus souvent avec leurs amies. Les yuppies qui pratiquent
le roller dans un pur esprit de détente font l'objet de sentiments mitigés de la part de leur
entourage. D'un coté ils expriment l'image de jeunes à l'aise dans leurs baskets dans un pays
en voie de modernisation, bronzés en été comme en hiver, presque toujours souriants et relax
par opposition à la majorité, frustrée, pâle et pas sportive pour un sou. D'un autre coté ils sont
souvent montrés du doigt comme des spécimen suscitant la dérision et caractéristique d’un
snobisme de nouveaux riches.
Le fitness quant à lui reste presque exclusivement féminin, les filles concevant le patinage
comme un moyen efficace de garder la forme, plus agréable et plus doux que le jogging ; si
bien qu'à l'arrivée des beaux jours elles désertent les salles d'aérobic ou de step pour pratiquer
le patinage en toute sécurité, que ce soit dans des parcs, des zones vertes ou piétonnes.
Chez les 40-60 ans, les patineurs sont souvent des parents qui s’y sont mis afin de suivre leurs
enfants dans les skate-parcs, le dimanche, pour la promenade dominicale. Parmi eux se
trouvent aussi des skateurs ayant commencé à l'étranger, certains Polonais étant revenus après
le changement du système politique.
Les streeters et les dresiarzé
Les jeunes adeptes de l'agressif se voient souvent reprocher leur pratique par des adultes qui
la trouve dégradante aussi bien sur le plan du comportement qu’au niveau du mobilier urbain
fortement dégradé par les passages répétés des streeters. Ces derniers trouvent injuste que ces
accusations alors que ces même personnes restent impassibles face aux dresiarzé14, connus
pour leur dangerosité. En effet, ces derniers n’hésitent pas à s’attaquer aux streeters et leur
racketter leurs téléphones portables ou leur porte-monnaie, quand ce n'est pas pour les
tabasser. Les Polonais savent pourtant que les streeters ne sont pas des voyous, qu'ils ne
volent pas et n'ont jamais attaqué personne : ils peuvent donc leur faire la morale sans prendre
trop de risque. La glisse, qu'elle s'effectue sur la chaussée et ou sur le trottoir, génère aussi des
tensions avec la police. Les skateurs interrogés par Beata Kommand affirment que les
policiers sont prêts à les pourchasser à travers toute la ville pour cause de « dégradation du
mobilier urbain » quand ce n'est pas pour « trouble à l'ordre public », sous prétexte que les
14
Dresiarzé, du mot dres en polonais qui signifie survêtement, et qui désigne les jeunes à la dérive, très souvent
issus des cités, qui pour vaincre leur ennui sèment la terreur en utilisant des bats de base-ball et s’en prennent
aux passants et les dépouillent et attaquent systématiquement les skateurs.
Etudes & Conseil
Annexes du rapport La ville à l’heure du roller
MATE / ADEME
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sauts en patins sont bruyants... Il en résulte des contraventions, que les parents ou les sponsors
règlent. Parfois les amendes impayées constituent un titre de gloire dans la collection privée,
un véritable trophée qu'on exhibe aux copains.
Entre les streeters et la Fédération règne un climat tendu
Beaucoup de pratiquants reprochent à la Fédération de ne rien faire en leur faveur, de ne
soutenir que des proches par l'entremise du cercle étroit des clubs de sport, au lieu de se
concentrer sur les événements de masse et d’agir en faveur de la popularisation du patinage. A
cela les dirigeants rétorquent que la Fédération n'est pas une vache à lait. Les dirigeants
soulignent leur intérêt pour les « vrais » compétiteurs et insistent sur le fait que ces derniers
n'appartiennent à aucune subculture. Ils ajoutent qu'en général les agressifs eux-mêmes
refusent d'adhérer à la Fédération et de suivre la réglementation. Ils sont nonchalants, libres
comme l'air, ils établissent leurs propres règles, regrettent les dirigeants de la Fédération. Ils
contestent toujours les décisions des juges, et, ce qui est un comble pour les autorités
sportives, les juges sont issus du milieu roller et ne seraient pas impartiaux dans leur
jugement. En compétition les sympathies et les inimitiés reprennent vite le dessus et tout finit
habituellement par une dispute. Les streeters reconnaissent, non sans fierté, détester les
contraintes sportives telles que les entraînements soutenus. Ce qui compte pour eux, c’est la
liberté, la spontanéité, la détente en fin de semaine et le « zajawka » (les sensations superbes
de glisse, spécifiques au roller). D'après les dirigeants de la Fédération, les jeunes streeters
ont tendance à compenser leurs insuffisances techniques ou physiques par la consommation
de drogues ou d'alcool. Il en résulte parfois des dents ou des poignets cassés, des chutes sur la
tête, d'autant plus qu'il est d'usage pour les skateurs téméraires de ne pas utiliser de
protections. Pourtant les skateurs refusent de voir leur milieu décrit comme un ramassis de
drogués, mais ils n’ignorent pas que nombreux sont les jeunes polonais qui se droguent.
En Pologne, les compétitions ont lieu quatre fois par an. Elles réunissent en général une
centaine de concurrents. On peut y gagner jusqu'à 1 700 francs (soit un peu plus que la moitié
d'un salaire moyen), des équipements, des coupes et des diplômes. Les abonnés aux places
d'honneur y côtoient les nouveaux venus. Les dirigeants de la Fédération sont confus de voir
arriver dans les classements des concurrents qui ignorent tout de la pratique sportive (hygiène
de vie, entraînement, respect des règles, etc.). Ils feignent de les ignorer. Le classement
national n'a pourtant rien d'officiel. Ce que gagnent les meilleurs est essentiellement une
popularité dans le milieu : le travail de séduction des rares filles qui osent se montrer dans ce
milieu en est facilité.
L’intolérance des chauffeurs face aux patineurs
Les conducteurs de voitures particulières ou de camions sont résolument hostiles au partage
des voix de circulation et n’hésitent pas à effrayer les skateurs qui se risquent sur la chaussée.
Les limitations de vitesse sont rarement respectées et c’est la règle du plus gros et du plus vite
qui impose la priorité.
Comme l’analyse très bien Beata Kommand, la Pologne n'a tourné la page du socialisme
qu'en 1989, plaçant dès lors ses espoirs et sa foi dans la libre concurrence, élevant
l'individualisme au rang de valeur suprême. La voiture neuve, a fortiori la voiture chère,
symbolise le succès, la puissance de ceux qui ont su tirer profit des changements économiques
récents. Les laissés pour compte des réformes, cette frange de la société dont les conditions
d'existence n'ont fait qu'empirer - les retraités notamment - n'est pas considérée comme un
groupe de citoyens légitimes mais comme un problème social regrettable qui ralentit la
croissance. Ce qui se passe sur la chaussée en est la métaphore. L'opinion selon laquelle la
voiture constitue le seul usager qualifié pour circuler sur la chaussée est très répandue. Tous
les autres, tels que les piétons, même sur les passages dits « protégés », les cyclistes ou les
Etudes & Conseil
Annexes du rapport La ville à l’heure du roller
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motards ne sont que de vulgaires obstacles ralentissant le trafic. Leur simple présence sur la
chaussée constitue une provocation. La perception que les conducteurs ont des rollers est
encore pire. Beaucoup de propriétaires de véhicules haut de gamme s'imaginent au-dessus de
la loi. Il n'est donc pas rare de les voir klaxonner les véhicules plus lents, c’est-à-dire ceux qui
roulent à la vitesse réglementaire ou ceux qui laissent passer les piétons traverser sur les
passages protégés.
AMERIQUE DU NORD
En Amérique du Nord, la pratique des sports de glisse à vocation urbaine est devenue un
élément incontournable de la ville. Le marquage social et la marginalisation qu’évoquent les
adeptes de ces modes de déplacements en Europe y sont bien moins ressentis Outre
Atlantique. Selon Daniel Latouche et Sylvain Lefebvre15, à Los Angeles comme Vancouver,
au Sud comme au Nord, en été comme en hiver, le skateboard ou le patin à roues alignées,
comme les Québécois nomment les rollers, mais également, les différentes formes de
trottinettes plus ou moins high-tech, sont en bonne voie de transformer non seulement les
pratiques sportives et récréatives, mais aussi certains modes de socialisation et de
déplacement urbain.
Selon la dénomination officielle du ministère des Transports du Québec, les « déplacements
récréatifs sur roues » que font les patineurs en ligne auraient tendance à supplanter le vélo ce
qui surprend bon nombre d’observateurs. Pourtant, à l'exception de Montréal, de quelques
campus universitaires américains et de certaines villes de la côte ouest, le vélo n’a pas
vraiment réussi à s’établir comme un véritable mode de transport urbain en Amérique du
Nord. Quant au skateboard, il reste confiné, selon ces deux chercheurs, dans les skatepark.
Le phénomène démarre aux USA
C’est en 1979 que Scott et Brennan Olson, deux joueurs de hockey professionnel du
Minnesota, décident de réinventer le patin à roulettes. Les premiers modèles n’étaient pas très
ergonomiques et n’ont guère eu de succès, sauf auprès des joueurs de hockey et des skieurs
désireux de poursuivre leur entraînement durant la période estivale. Le premier modèle
performant, qui devait marquer toute une génération de nouveaux produits, a été le Lightning
TRS produit par la marque Rollerblade. L’engouement, sans précédent et rapide, a permis une
diffusion large dans tous les Etats-Unis et favorisé le développement commercial de nouvelles
marques (UltraWheels, Oxygen, K2) qui ont également exporté leurs modèles, vers l’Europe
essentiellement.
La Golden Gate Skate Patrol de Californie
Vers la fin des années 1970, dans la plupart des grandes villes américaines, certains citadins
commencent à goûter aux sensations de glisse que procurent les patins à roulettes d’un
nouveau genre : les patins à roues alignées. Dans le Golden Gate Park de San Francisco, les
vendeurs et loueurs de skateboards et de rollers se succèdent tout au long de la Fulton Street.
Ce sont des milliers de randonneurs qui chaque dimanche chaussent des patins ou se mettent
sur des skateboards profitant de l’interdiction de l’accès des voitures de la Kennedy Drive
durant le week-end.
15
Leur contribution figure dans le numéro d’Autrement, Glisse urbain.
Etudes & Conseil
Annexes du rapport La ville à l’heure du roller
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En mai 1979, les skaters du parc sont estimés entre 15 000 et 20 000 et on compte plus de 30
vendeurs et loueurs. Il y a des skateurs partout dans le parc et les problèmes de cohabitation
avec les piétons commencent à se faire sentir. Les critiques se multiplient rapidement. Les
résidents qui habitent le long du parc se plaignent : les skateurs garent leur voiture sur des
voies privées et avant de chausser leur patin, ils en profitent pour uriner afin de ne pas perdre
une seconde de bonheur une fois sur leurs roulettes. Les insultes, les injures fusent de partout
et la tension monte également entre riverains et skateurs. L’ambulance de San Fransisco est
souvent sollicitée et la question de la bonne cohabitation ne tarde pas a être posée au service
des Parcs et loisirs de la ville.
Les médias ont baptisé cette question le « grand débat du skate ». Des associations se
constituent de part et d’autres (association de riverains, association de skaters, etc.), des
arguments sont échangés et le risque de voir le skate et le roller interdit dans le parc est grand.
Après des mois de discussion et de débats publics, le département des Parcs et loisirs dessine
quatre aires dans le Golden Gaten Park où les rollers sont interdits : la réserve botanique, le
carrefour de la musique, le Lac Stow et l’aire de jeux des enfants. Ces aires sont très
fréquentées par de nombreuses familles accompagnées de leurs enfants en bas âge et il paraît
difficile de les laisser accessible aux rollers qui se déplacement avec des vitesses voisinant les
25km/h.
Si les associations de skaters n’acceptent pas cette restriction d’accès, ce sera la commission
des Parcs et loisirs qui interdira alors l’accès aux rollers dans tout le parc.
Peter Ashe, le directeur de cette commission, lance l’idée de constituer des patrouilles à roller,
les « skate patrol », qui auraient pour mission de faire respecter les restrictions d’accès. Il
demande à chaque vendeur de skate de mettre à la disposition de cette patrouille à roller deux
volontaires chargés de faire cesser l’anarchie qui régnait depuis quelques temps. Ce sont 60
skaters qui se sont présentés pour constituer la première Skate patrol. Puis, la ville fait passer
un décret visant l’interdiction d’exploitation à tous les vendeurs de skate de San Francisco,
seuls les premiers skaters à l’origine de la patrouille peuvent rester. La patrouille est alors
baptisée la Golden Gate Park Skate Patrol. Un uniforme est créé afin que les membres soient
aisément reconnaissable par les randonneurs du parc.
Aujourd’hui cette patrouille fonctionne toujours. Elle compte environ 15 membres âgés entre
16 et 65 ans. Ses responsabilité sont étendues puisqu’elle est également chargée d’encadrer la
randonnée mythique Friday Night Skate, conduite par David Miles Jr. qui rassemble tous les
vendredi entre 300 et 500 skaters. Les membres se sont renouvelés et on compte pour
l’essentiel des skaters équipés de patins très performants. La seule personne qui est présente
depuis l’origine du mouvement est David Miles, président de la California Outdoor
Rollerskating Association et co-directeur du tout nouveau comité de gestion du Skate de San
Francisco qui travaille afin de faire en sorte que le skate puisse faire partie des moyens de
transport alternatifs de la ville.
David Miles Jr. est également un animateur du rassemblent hebdomadaire de skaters et
danseurs dans le Golden Skate Park : il fait office de DJ en mélangent les rythmes de funky
beat et en créant des scènes magique de skate. Il a réussi à transformé ce qu’il aime et ce à
quoi il croit en un style de vie, une façon d’être et de voir les choses.
Les National Patrols se sont multipliées dans presque toutes les grandes villes et bénéficient
d’une certaine popularité. En effet, les patrouilles ont pu faire la démonstration de leur utilité
et de leur efficacité le jour où, après qu'une personne se soit fait agressée dans le Golden Gate
Park, et que par chance des patineurs du skate patrol se trouvaient là, ils prirent en chasse les
agresseurs qui ne coururent pas loin poursuivis par ces patineurs chevronnés. Ils règlent des
différents entre usagers, assurent la tranquillité dans le parc en faisant appel à la tolérance et
Etudes & Conseil
Annexes du rapport La ville à l’heure du roller
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au respect d’autrui. S’ils sont en uniforme, les membres des National Patrols n’ont pas de lien
avec un quelconque service de police : ils sont bénévoles et parrainés par les scouts
américains.
Les National Patrols sont constituées dès lors qu’il existe un lieu de rassemblement important
de skaters dans la ville : un bord de plage, un parc urbain qui se prête à la pratique de la glisse.
Il est nécessaire d’avoir un noyau dur de skaters, jeunes et adultes qui se consacre pleinement
au patin. Et enfin, les relations sont nécessaire afin de trouver des fonds pour financer les
actions et les dépenses de la patrouille. Les partenaires sont dans la plupart des cas des
associations de rollers ou les Boy Scouts d’Amérique. Presque toutes les villes ont un conseil
local de Boys scout.
Les patrouilles sont à pieds d’œuvre dans le parc la dimanche afin d’aider les promeneurs
(enfants perdus, accidents de vélo), de porter assistance en cas de besoin (blessures légères) et
d’appeler l’ambulance si les blessures sont importantes. Tous les membres ont un diplôme
certifiant leur compétence en matière de premiers soins. Le Skate patrol offre également un
service gratuit de conseil au niveau de la sécurité des rollers tous les dimanche matin.
L’équipe est structurée : elle comprend des membres jeunes et vieux, trois capitaines et un
coordinateur qui représente la patrouille au niveau des pouvoirs publics. Le recrutement des
nouveaux membres se fait après sollicitation, parrainages d’un ancien membre et un vote. Le
prétendant doit avoir son diplôme de premiers soins et subit une période d’essai de six
semaines dans laquelle il doit s’entraîner.
La plupart des skaters des villes américaines ne se contentent pas de patiner le dimanche dans
les parcs. Certains utilisent leurs patins pour leurs déplacements quotidiens dans la ville. Ils se
rassemblent également sur des lieux de prédilection, c’est-à-dire des endroits où la circulation
automobile est réduite et où le revêtement est propice, afin de faire des jeux, des tricks ou de
danser. Les habitués s’y rencontrent et échangent leur passion pour la glisse urbaine. Ils sont à
l’origine des virées nocturnes dans San Francisco.
En 1989, le tremblement de terre de Loma-Preita endommage sérieusement l’embarcadère du
Freeway. Il sera fermé à la circulation. Les membres du Golden Gate Park Skate Patrol
éprouve un irrésistible besoin de patiner sur ce nouveau paradis de skaters. Le bitume était
bien dur et le chemin modelé de quelques sections pentues : un vrai délice pour skaters.
Aucune voiture. Le paradis. Les skaters se passent l’adresse du spot qui devient un haut lieu
de la pratique du roller.
Le groupe de skaters, les Midnight rollers, roulait de nuit à San Francisco les vendredis soirs,
profitant du fait que le trafic automobile est moins intense. Les skaters empruntent les rues de
la ville et les quais du port en déjouant tous les obstacles dans l’obscurité. Les randonneurs
proviennent de tous les endroits de la baie mais également d’autres états, heureux de renforcer
ce mouvement populaire, positif et qui suscite une grande curiosité.
Même si l’embarcadère était complètement défoncé, les skaters voulaient profiter de cet
endroit pour rouler le long du front de mer. C’est une façon de redécouvrir leur ville, de la
voir autrement et de s’approprier.
On retrouve toujours un noyau de 15 à 30 skaters réguliers. Puis, toutes les semaines de
nouveaux skaters se joignent aux anciens. En novembre 1993, le groupe s’étend encore et se
transforme en une randonnée de 60 riders d’âge et de niveau de pratique assez différent. Le
concept change : il ne s’agit plus seulement de patiner à tout allure dans la ville et de la
sillonner de tout part, mais il faut désormais gérer un groupe de patineurs hétéroclites. Le San
Francisio Chronicle publie des articles sur ces randonneurs fous qui patinent toute la nuit.
Avec la couverture médiatique, le nombre de randonneurs ne fera que croître : de 100 à 125,
puis 150 en moins d’un mois. Les radios et la TV emboîtent le pas afin de couvrir cette
Etudes & Conseil
Annexes du rapport La ville à l’heure du roller
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nouveauté. A certains moments, le groupe dépassait 700 patineurs. La randonnée prend le
nom de Friday Night Skate et elle devient mythique puisqu’elle a servi de modèle à la plupart
des randonnées européennes.
Le rendez-vous est à 20 heures à la New plaza area à l’embarcadère. Les randonneurs et les
danseurs s’essayent sur des rythmes qu’offrent les chaînes stéréo poussées à fond et posées à
même le sol par les danseurs en quad, noirs pour la plupart d’entre eux.
A 20h30 David Miles, l’organisateur de la randonnée donne le signal de départ. Le parcours
est identique toutes les semaines. Dans cette ville aux mille collines il n’y a guère le choix
pour des parcours de plusieurs dizaines de kilomètres. Les touristes viennent regarder ce
« lâcher de fauves » et mitraillent les randonneurs avec leur flashes. Une première montée
calme les skaters les plus fringuant qui doivent, eux aussi, reprendre leur souffle avant
d’aborder une descente qui mène au palais des Beaux Arts. La tradition veut que les premiers
skaters attendent les derniers en faisant le tour du dôme à toute vitesse, en marche avant, en
marche arrière, sur une jambe, sur l’autre, etc. D’autres pauses sont prévues afin d’éviter
l’éclatement complet du groupe : elles sont l’occasion pour les skaters les plus habiles de se
donner en spectacle. Ils sautent des marches, font des demi tours, des tours complets, slalome
en marche arrière, etc. Puis c’est de nouveau le retour vers l’embarcadère.
Contrairement aux randonnées européennes, les patineurs américains doivent prendre en
charge leur propre sécurité : personne n’est là pour bloquer les carrefours ; ils doivent
respecter les règles du code de la route. Ils ne sont pas suffisamment nombreux pour envahir
toute la chaussée et imposer leur passage en bloquant le trafic automobile. Chaque skater
observe les dangers potentiels et trace sa propre trajectoire sur le parcours de la randonnée : il
patine à son rythme et rejoint les premiers patineurs qui se sont arrêtés aux endroits
traditionnels des pauses.
Les relations entre les skaters et la police sont ambiguës et le modus vivendi semble fragile.
Certains se sont fait arrêtés pour avoir grillés des feux-rouge et l’un s’est fait conduire au
commissariat. Il en est reparti sans ses rollers. Un véritable affront. Les organisateurs de la
Friday Night Skate (FNS) ont alors décidé d’édicter des règles de sécurité propres qui
permettent à la randonnée de ne pas être obligée de s’entourer des forces de l’ordre pour
assurer sa sécurité. C’est la FNS qui assure sa propre sécurité. David refuse régulièrement les
offres de la police d’ouverture de la voie. C’est la notion de responsabilisation des skaterscitoyens qui le guide.
Les règles sont diffusées sur le site Internet de l’association et par des flyers distribués lors de
rassemblements de rollers : porter des protections (casque, protège poignet, etc.), se munir
d’un éclairage électrique ou de bandes réfléchissantes, rouler du côté droit de la chaussé, ne
pas bloquer la circulation automobile, donner la priorité aux piétons, être respectueux des
autres usagers de la voie publique, ne pas mettre les autres en danger, ne pas s’accrocher aux
véhicules dans les montées, ne pas boire d’alcool durant la randonner.
L’esprit de respect et de tolérance est réaffirmé dans l’opération Skate against violence qui
consiste en l’organisation d’une course de relais, un skate-a-thon, entre San Francisco et Los
Angles. Cette course doit, grâce à la couverture médiatique, faire prendre conscience du taux
très élevé de criminalité en Amérique. Une campagne de démocratisation du skate est lancée
en parallèle : elle encourage les skaters à donner leur vieux patins afin qu’ils soient réparés.
Au prochain Noël, elles seront distribuées dans les familles qui ne peuvent offrir des paires
neuves à leurs enfants.
Qui sont les pratiquants ?
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Annexes du rapport La ville à l’heure du roller
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Le nombre de pratiquant s'adonnant régulièrement au roller aux Etats-Unis est passé de 3,6
millions en 1990 à 24 millions en 199516; soit des taux de progression annuel atteignant
parfois 50%. Dès lors, en Amérique du nord les modes d’utilisation du patin à roues alignées
se diversifient. Les deux chercheurs les classent en cinq groupes distincts d’activités :
- la promenade : cette pratique récréative est la plus utilisée. Elle se développe
essentiellement en milieu urbain. On la considère généralement comme l'activité principale de
90% des patineurs nord-américains.
- le déplacement : il s'agit d'un usage utilitaire. Encore minoritaire, cette forme de mobilité
prend de plus en plus d’importance.
- la randonnée : cette pratique récréative exige un entraînement relativement intensif, car il
s’agit de parcourir de longues distances en milieu urbain ou péri-urbain.
- l’acrobatie et la vitesse : qualifiée de pratique "agressive" ou extrême, cette forme d'activité
consiste, soit à exécuter des sauts acrobatiques à partir de rampes, tremplins ou bowl, soit à
rouler le plus rapidement possible. Elle nécessite donc des aménagements spécifiques mais
peut également se dérouler en pleine rue, notamment sur des chaussées à forte déclivité, ce
qui n'est pas sans danger.
- le hockey : le roller-hockey prend une importance croissante aux Etats Unis. Il emprunte la
plupart des règles du hockey sur glace traditionnel.
Dans les villes nord-américaines l’activité est perçue comme strictement individuelle. L’idée
même d’être membre d’un club de rollers demeure antinomique avec le concept de liberté
attaché aux rollers. Les « Friday Night Roller » au cours desquelles plusieurs milliers de
patineurs se rassemblent le temps d’une randonnée ne suscitent pas le même engouement dans
les villes nord-américaines qu’en Europe et, lorsqu'elles existent, elles ne présentent
certainement pas la même charge symbolique de réappropriation de l'espace public urbain. De
nombreuses municipalités américaines organisent des "journées roller" avec démonstrations
de vitesse et de figures acrobatiques, des clowns-rollers destinées à un public plutôt familial.
Les associations de rollers de loisir américaines (ISSA, NSP, etc.)
Selon Bernard E. Scoville17, webmaster d’une association de rollers de Sacramento, dans la
plupart des grande villes américaines des associations de roller se sont crées dans les années
1990. Elles regroupent plusieurs dizaines de membres, des adultes pour l’essentiel, qui
participent aux événements que les dirigeants leur proposent. Très souvent ces clubs
proposent une fois par semaine une randonnée dans les faubourgs de la ville. Le parcours est
décidé à l’avance et un des membres prend en charge l’organisation de la randonnée. Une fois
par mois environ, des événements extraordinaire sont prévus : ce sont des sorties plus longues
qui ont lieu le week-end. En général toutes les sorties à roller sont l’occasion pour les
participants de se retrouver après la randonnée dans un bar ou un restaurant. La convivialité
est le principe directeur des activités de ces clubs.
Ces associations, composées de membres bénévoles, sont affiliées à l’International inline
skating association (IISA) qui a pour but de développer la pratique du roller. Elle a été fondée
en 1991 par un groupe de fabricants de rollers, de revendeurs et de skaters qui ont souhaité
anticiper les nouveaux développements du sport de loisir. Les premières actions de l’IISA ont
été de mettre en place un programme de formation, afin que les débutants puissent maîtriser
rapidement leurs patins, encadré par des moniteurs formés et diplômés. L’IISA a également
largement contribué à fixer des règles de sécurité et à les diffuser. Les fondateurs se sont
battus afin que les skaters puissent avoir accès à la plus grande partie des voies, chemins et
16
17
Selon la Sporting Good Manufacturers Association, cité par Latouche et Lefebvre in Glisse urbaine.
Echange de mail afin de préparer un article pour le numéro d’Autrement qui ne sera finalement pas retenu.
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Annexes du rapport La ville à l’heure du roller
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parcs dans tous les Etats-Unis. Des efforts sont réalisés par les membres des clubs affiliés à
l’IISA afin que leurs activités soient connues des autorités locales et compatibles avec les
programmes du National Skate Patrol.
Le National Skate Patrol (NSP) est un réseau de volontaire qui se donnent pour objectif de
tout mettre en œuvre pour faciliter les relations entre les cyclistes, les piétons et les autres
usagers des chemins et parcs. Les membres, revêtus de T-shirt rouge au couleur de
l’association, offrent des conseils aux patineurs et les assistent si nécessaire dans leur pratique
quotidienne par des cours gratuits. Ils interviennent également pour des soins de premières
nécessités. Cette association s’est développée à partir de 1992 à partir de la New York Road
Skaters Assoication (NYRSA) et de l’IISA. Ce sont aujourd’hui plus 25 associations locales
qui sont présentes dans les parcs et les lieux de prédilection du roller urbain. Les NSP sont
financées par les membres et par des sponsors : la Central park Skate patrol de New York a
pour parrain un fabricant de skate et une entreprise de téléphone mobile.
L’association de skate de Sacramento compte près de 50 membres qui se donnent des rendezvous hebdomadaires pour patiner ensemble. Toutes les informations sont mises en ligne sur le
site de l’association (www.fortuncity.com/marina/anchor/288/). Des compte-rendus des
sorties sont rédigés et publiés et des photos sont également mises en ligne afin qu’elles
puissent profiter à tout le monde. En effet, les membres sont ravis de télécharger les photos et
de les envoyer à leur amis avec un petit mot les informant de leur exploit à roller.
Le skate de loisir est avant tout une activité sociale. Si certains patineurs disputent parfois des
courses dans un esprit de compétition sportive, ils se donnent habituellement des rendez-vous
fixes dans la ville et décident de patiner ensemble sur un parcours qu’ils définissent eux
mêmes. Ils reviennent ensemble, au point de départ, quand ils en ont assez. Durant la
randonnée, ils se séparent en petit groupe afin de pouvoir discuter en même temps. A la fin de
la balade, ils vont habituellement prendre un verre et manger dans un restaurant et continuent
à bavarder.
Ces randonnées sont organisées à partir d’une structure relativement souple mais dont les
fonctions des uns et des autres sont très précises. On trouve ainsi :
- le chef qui avec l’aide des autres dirige la course. Il décide de la direction à prendre et
du chemin par lequel la randonnée passera. Il arrête le groupe de tête à certains
endroits afin d’attendre les derniers. Il décide également de la vitesse du groupe et du
moment du retour.
- Le moniteur qui conseille et apprend aux débutants comment patiner, comment
tourner et comment freiner,
- Les « balayeurs » par analogie avec la voiture balais d’une course cycliste, ils sont les
derniers de la randonnée et s’assurent que personne ne soit abandonné sur la route. Ils
ont parfois la mission de faire remonter un skater très lent vers le début de la
randonnée afin de ne pas le perdre.
- Les coursiers qui sont chargés de passer l’information, ils remontent et redescendent la
randonnée afin d’avertir les « balayeurs » ou la tête de course d’un problème éventuel.
- Les compteurs qui ont la tâche de compter les skaters lorsqu’ils franchissent un point
fixe et de le communiquer aux organisateurs.
- Les aides de première urgence : ils soignent les blessures des skaters sur place. Ils ont
tous des notions d’aide d’urgence et possèdent obligatoires ment un téléphone portable
afin d’appeler les secours.
- Les réparateurs qui sont prêts à aider en cas d’incident technique : une roue qui tombe
ou qui est sur le point de sortir de son axe, un roulement à bille qui explose, une roue
qui se bloque, etc.
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Annexes du rapport La ville à l’heure du roller
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Le groupe se tient informé des activités grâce au webmaster qui tient le site du club à jour et
qui facilite la communication interne et externe du groupe. Des skaters s’improvisent pigistes
ou écrivains et déposent leurs textes sur le site qui est agrémenté d’une revue de presse
reprenant les articles de la presse locale et nationale.
Des animateurs sont chargés d’encourager et de féliciter les skaters. Ils participent à la
création d’événements et de soirées. En cela ils forgent un esprit du skate et favorisent la
circulation de cet état d’esprit.
Le directeur du Skate Patrol coordonne les différentes activés du Skate Patrol local avec la
national Skate Patrol et s’assure que tous les membres de l’encadrement remplissent
parfaitement leur fonction.
Les skaters participent aux événements. Sans eux rien ne serait possible. C’est aussi parmi
eux que se recrute les bénévoles de l’organisation. Les patineurs qui patinent en loisir
respectent les codes et normes en vigueurs. Ce qui caractérise sans doute le mieux ce type
d’organisation est l’échange spontané qui se produit entre ceux qui ont des patins aux pieds et
ceux qui n’en ont pas. La solidarité et le contact sont immédiat et apparaissent comme naturel.
Les skaters font connaissances en échangeant des politesses ou des compliments. S’ils
sympathisent, ils échangeront des informations solidifiant ainsi l groupe.
La plupart des pratiquants du skate de loisir sont des hommes : deux pratiquants sur trois sont
des hommes dans le groupe de skater de Sacramento. Ils sont pour beaucoup issus des classes
supérieures et on ne compte pas de chômeur ou de laisser pour compte. La pratique de loisir
demande du temps et de l’argent : le matériel ainsi que les protections ne sont pas données et
le fait de pouvoir s’offrir une randonnée de plusieurs heures à un moment et à lieu de son
choix est un privilège que tout le monde ne peut s’octroyer. Ce sont bien souvent des
utilisateurs des nouvelles technologies de l’information et de la communication : quatre
membres sur cinq ont une adresse électronique. La plupart ont fait des études supérieures et
sont professeurs de lycée, employés dans des services administratif, directeur de marketing,
médecins, avocats, indépendants, etc.
Le roller au coeur de la ville nord-américaine
Loin d’être idéales, les conditions de pratique dans les grandes villes américaines ou
canadiennes sont plutôt bonnes (larges trottoirs, parfois mal entretenus après l’hiver). Le trafic
y est par contre si dense qu’il offre des conditions extrêmes réservées à l'élite des riders. Reste
les pistes cyclables qui demanderaient cependant à être élargies pour accommoder les
patineurs. En milieu urbain, ces pistes demeurent cependant rares et l’encombrement est
parfois tel que les rollers choisissent très souvent de les éviter.
Après des années de revendications et de batailles épiques pour conquérir leur place sur le
macadam, les cyclistes doivent aujourd'hui composer avec un nouvel acteur urbain qui
empiète sur leur territoire pourtant conquis de haute lutte. On comprend que la bataille soit
rude, d'autant qu'avec une majorité d’adeptes encore peu expérimentés (donc plus lents et plus
enclin à élargir leur "zone de manœuvre"), les problèmes de cohabitation sur les pistes
cyclables sont insolubles.
Indésirables à l’extérieur ou en surface, les pratiquants ne souhaitent pas pour autant être
confinés à tourner en rond sur une surface asphaltée lorsqu’existe la possibilité de se
promener à l'air libre sur des parcours variés et à découvrir. Selon Latouche et Lefebvre, cette
solution atteint donc vite ses limites. En réalité, elle ne satisfait que des clientèles très ciblées.
Par exemple, les amateurs de patinage acrobatique (extrême ou agressif) adeptes du décollage
sur des rampes, tremplins, escaliers et autres aménagements similaires. Dans plusieurs villes
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Annexes du rapport La ville à l’heure du roller
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canadiennes, des surfaces intérieures ont été aménagées dans ce sens. Outre les arénas
reconvertis pour le roller hockey en saison estivale, on retrouve d’anciens entrepôts
désaffectés, centres commerciaux et autres bâtiments d’envergure. A Montréal, le "Skate Park
Taj Mahal" utilise l’ancien "Palais" du Commerce, un centre d’exposition et de foires tombé
en disgrâce. Ce genre de sites est un peu à l’image des anciens "Caesar’s Palace", ces surfaces
intérieures où les patineurs à deux rangées de deux roues tournaient en rond dans une
ambiance de danse et de musique disco. Les skateparks nord-américain leur ressemble un peu.
Le patinage est simplement plus acrobatique, les vêtements "grunge" ont faits leur apparition
et la musique techno a remplacé le clinquant du disco. Ces équipements demeurent néanmoins
marginaux, car ils sont utilisés de manière très pointue. Une spécialisation qui ne satisfait pas
la majorité des pratiquants.
Certaines organisations nationales possèdent aujourd'hui une importance réelle qui leur
permet de jouer un rôle institutionnel. Aux Etats-Unis, l'International In-Line Skating
Association (IISA) est une structure très active dans le développement du patin. Par son
action, elle favorise la croissance de l’industrie, elle joue un rôle dans le domaine de la
sécurité, de l'apprentissage et de l’éducation civique des rollers. Elle encourage la
construction d’équipements et d’infrastructures adéquates par les municipalités. En 1998,
l'IISA a favorisé l'organisation de la première National In-Line Skating Week et elle travaille
avec plusieurs autres association pour augmenter le nombre d’événements spéciaux à l’échelle
nationale.
Les policiers nord-américain (Los Angeles, New York, Montréal) utilisent de plus en plus les
patins à roues alignées. Il est probable que dans le futur, certains modèles seront conçus pour
s'adapter aux contraintes de leurs fonctions18. Dès 1996, le Service de police de la
Communauté urbaine de Montréal mettait en place un corps de dix policiers.
Les exemples ne manquent pas, qui montrent que les institutions nord-américaine s'intéressent
au roller. L'exemple le plus spectaculaire remonte probablement au mois de juillet 1996. A
cette date, en effet, le ministère des Affaires municipales du Québec annonçait l’achat de 612
km d'emprises ferroviaires au Canadien National (CN) et le projet d’acquérir trois cents autres
kilomètres auprès de Canadien Pacific. L'objectif consistait à construire un réseau de 3400 km
de pistes en dix ans. Intitulé "Route Verte"19, ce vaste réseau de "corridors" roulants devrait
permettre de relier toutes les régions du Québec. Estimé à près de 90 millions de dollars, il
prévoit une double occupation des pistes répartie entre le vélo et le roller. Les plans
d’aménagement seront systématiquement adaptés aux patins, particulièrement en milieu
urbain. Cette reconnaissance de l’importance du patin à roues alignées est essentielle. Le
projet "Route Verte" est un exemple-type de la coopération intermunicipale et de
l’aménagement des emprises routières et ferroviaires, qui fait appel à des interventions
institutionnelles complexes en faveur du roller. Plus qu'un signe, c'est la marque de la
reconnaissance officielle de l'importance de cette pratique.
Réglementation et usage de la rue
"Nul ne peut faire usage sur la chaussée de patins, de skis, d'une planche à roulettes ou d'un
véhicule jouet". Tel est le libellé de l'article 499 du Code de la sécurité routière du Québec.
Mais, comme l’indiquent Latouche et Lefebvre, l'intransigeance de l'article contraste avec
l'omniprésence des patineurs dans les principales villes québécoises. De leur côté, par contre,
malgré une forte tolérance, les policiers de Montréal émettent régulièrement des
contraventions à destination de patineurs plutôt "agressifs" (slalom entre véhicules,
18
Un peu à l'image des policiers en vélo, la présence de policiers en patins à roues alignées aurait un effet
dissuasif sur les infractions commises dans les espaces réservés aux cyclistes et aux rollers.
19
Louis-Gilles Francoeur, « 612 km de nouvelles pistes cyclables ! », Le Devoir, 12 juillet 1996, pp.A1-A10.
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Annexes du rapport La ville à l’heure du roller
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manœuvres dangereuses, tractage derrière les voitures). En réalité, chaque municipalité
module ses propres règlements. Certaines interdisent carrément l’utilisation des espaces
publics. D’autres, permettent l’accès aux rues pourvu que le patineur porte un casque
protecteur20. Dans la municipalité de Montréal-Est, par exemple, le patineur n’a pas le droit
d’entrer dans un parc alors que dans Ville Mont-Royal, il ne peut circuler sur la chaussée que
pour traverser une rue à une intersection. Comme les patineurs sont aussi interdits de glisse
sur les trottoirs, on peut se demander... comment peuvent-ils se rendre à ces intersections où
l’on tolère leur présence ? Le respect et le contrôle de ces réglementations deviennent vite
indéchiffrables pour les policiers comme pour les usagers.
Un conseiller municipal de la Ville de Montréal causa un véritable émoi au cours de l’été
1996 en déclarant qu’il fallait autoriser les rollers sur la voirie publique à condition des les
soumettre au code de la sécurité routière. En réalité, cela semble parfaitement possible. Dans
une enquête menée dans la région métropolitaine de Montréal en 1998, on constate que 69 %
des répondants affirment respecter le Code de sécurité routière. On remarque, par ailleurs,
qu'ils sont 47 % à penser que la circulation en roller sur toutes les rues et tous les espaces
publics est autorisée21.
Pour les lobbies nord-américain de l’automobile, poser la question de l'accès des rollers à
l'espace public urbain, c’est déjà y répondre. Partout en Amérique, les associations
d’automobilistes, entreprises de camionnage et de taxis, militent pour sa suppression sur la
voie publique. Vice suprême, ils tentent, ici et là, de s'associer sous forme de coalitions avec
les adeptes du vélo. L’objectif est simple : empêcher à tout prix la reconnaissance de
l’existence de modes alternatifs de déplacement urbains.
C’est en matière de sécurité routière que le patin à roues alignées suscite le plus de
polémiques. À cause des vitesses élevées qu'il autorise, il n’est pas rare que certains usagers
dépassent leur seuil de compétence. Les accidents qui s'ensuivent ont un coût non négligeable
qui alimente la controverse. Une étude (datant de 1994) a montré qu'aux Etats Unis, le coût
total des traitements en salle d’urgence liés aux accidents de patineurs à roues alignées
s'élevait à plus de 346 millions de dollars22. Ce montant n’incluait pas les frais inhérents aux
accidents traités en clinique privée.
Que l’on soumette ou non le roller au Code de la sécurité routière reste une question
entièrement liée à sa reconnaissance officielle comme mode de déplacement urbain. Elle
suppose de clarifier le statut juridique du patin pour le positionner dans la hiérarchie des
modes de transport, tant pour faciliter l’applicabilité des mesures disciplinaires, que pour
mettre en place des dispositions préventives.
Culture de glisse, culture de ville
Face au roller, toutes les villes nord-américaine ne sont pas égales. Certaines situations sont
d'ailleurs surprenantes. Ainsi, comme l’indiquent Latouche et Lefebvre, et contrairement à
une idée reçue, Los Angeles n’est pas la ville-phare du roller aux États Unis. New York, par
contre, pourrait revendiquer ce titre23. De la même manière, alors que l’on aurait pu s’attendre
20
Claudine Hébert, « Les lois du patin », La Presse, 16 juillet 1997, p.E8.
Lefebvre, Sylvain, Groupe DBSF, Phénomène du patin à roues alignées; État de la situation et résultats de
l'enquête sur la pratique du patin à roues alignées en 1998, Montréal, Ministère des Affaires municipales,
Transports Québec, Tourisme Québec, janvier 1999.
22
Etude menée par l'American Academy of Orthopaedic Surgeons.
23
Les régions métropolitaines de New York et Los Angeles comptaient chacune près de 1,5 millions d'adeptes
en 1996 contre 911 000 pour Chicago, 827 000 pour Détroit, 711 000 pour Washington et autour de 500 000
pour les villes de Philadelphie, San Francisco, Phoenix et Boston. Ces chiffres sont tirés de International In-Line
21
Etudes & Conseil
Annexes du rapport La ville à l’heure du roller
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à ce que Detroit et Washington viennent loin derrière San Francisco, Boston ou Philadelphie,
les enquêtes révèlent plutôt une situation inverse. Bien plus, comment expliquer que la région
de Buffalo, où les hivers sont parmi les plus rigoureux des Etats Unis, accueille à peu près le
même nombre d’adeptes du roller que le Sud de la Floride ?
Certaines explications tiennent d’abord à l'agencement géographique et à la composition
ethnoculturelle des villes. Sachant qu'en Amérique le parcours moyen d'un rider n'excède pas
six kilomètres, la structure « géo-ethno-culturelle » de certaines cités ne prédispose pas à ce
type de déplacement limité. A Miami, par exemple, pour des raisons bien connues les
Hispanics, Cubains, Dominicains et Haïtiens sont plutôt portés à rester cantonnés dans leur
quartier. Ils sont donc sont moins enclins à la glisse urbaine que les populations blanches
d'autres villes américaines qui, elles, se déplacent sans problèmes ni états d'âme. Une
explication similaire s’applique à Los Angeles où, de plus, l’étalement géographique de la
ville rend ce mode de transport passablement éprouvant. Quant à Buffalo, il semble que la
configuration des rues - droites, larges et plates, pour la plupart - ainsi que la distribution
géographique des parcs et espaces verts encouragent l’utilisation du roller.
Mais par delà ces particularismes locaux, un fait demeure : toutes les cités nord-américaine
connaissent un réel engouement pour le roller. Peu importe qu’elles s’y prêtent ou que les
autorités fassent preuve ou non de tolérance, le roller envahit la ville. La glisse semble devenir
une activité urbaine par excellence. A la scansion métro-boulot-dodo succède un tempo rollerboulot-dodo beaucoup plus conforme à une économie urbaine qui impose de passer d’un lieu
à l’autre au rythme d’activités sans cesse recomposées. Le patin à roues alignées est une
nouvelle façon de s'approprier la ville américaine, car patiner c'est amplifier les possibilités de
la marche. Le patineur à roues alignées est un piéton rapide sans être nécessairement un
piéton pressé. Il se meut avec aisance dans la jungle urbaine. Celle-ci ne semble pas avoir
prise sur lui. Cet aspect est décisif dans la compréhension du succès du phénomène. Il
explique sa très grande popularité et son impact sur les modes de vie nord américain.
Skating Association, « In-line Skating Facts and Figures», Sporting Goods Manufacturers Association (SGMA),
1997, p.3.
Etudes & Conseil
Annexes du rapport La ville à l’heure du roller
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Annexe 3 – Le roller à Paris
PARIS réunit des conditions optimales pour la glisse urbaine : trottoirs larges et lisses,
grandes esplanades, pavés peu nombreux, revêtements roulants (tradition du bitume lisse).
La gestion du roller
Le roller est pris en compte par le service de la Voirie et l’Observatoire des déplacements. Il
est compris comme objet de réflexion dans le groupe de travail NUMA (Nouveaux Usages et
Modes Alternatifs). Il fait l’objet de concertation dans le cadre du PDU.
Le roller ne fait pas l’objet d’une politique particulière, sinon à travers la gestion
d’équipements spécifiques : « espaces d’évolution libre » ; roller parcs ; terrains de rink,
pistes de patins à roulettes et de rollers (cf. la carte des équipements pour le roller et le skate).
La Ville de Paris se trouve créditée d’actions qui ne sont pas de son fait (l’organisation des
randonnées urbaines).
La vision des adeptes
Le roller apparaît principalement sous son angle de pratique de loisir, et ce de deux façons
assez bien définies : le « jeu » et la « vitesse ». A la pratique du jeu correspond
l’aménagement d’aires spécialisées du type Vincent-Auriol. Leur succès est attesté. A la
pratique « vitesse » correspond la randonnée du vendredi soir. Cette pratique pose quelques
problèmes de sécurité, car certains casse-cous vont très vite et partout, utilisent les trottoirs, ne
respectent pas les feux, etc. Seuls ceux-là peuvent se déplacer en roller, pense M. Dumesnil
(chargé de mission au cabinet de Denis Baupin, adjoint chargé des déplacements). En tous cas
les plus visibles sont ceux que l’on voit sur des lieux dégagés et sécurisés, en particulier les
dimanches sur les berges et dans les bois, ou sur des trottoirs très larges, comme ceux, par
exemple, de l’avenue Daumesnil. Mais on peut également noter un grand nombre de
pratiquants sur les grands axes tels que le boulevard de Magenta ou la rue de Rivoli.
La fréquentation en roller des berges de la Seine, fermées à la circulation automobile le
dimanche, a été multipliée par 10 entre 1999 et 2000 (selon les comptages effectués par la
mairie).
Le roller comme mode de déplacement
La demande en termes de « déplacements » est faible. Les associations de rollers ne se sont
pas manifestées à ce jour auprès de la nouvelle municipalité, sauf ceux, très sportifs, du PUC
(Paris Université Club).
La demande « roller » qui est perçue est celle d’espaces sans voitures et de revêtement plus
lisse dans les zones pavées (ex. Place de la Concorde).
Les piétons se manifestent pas mal, par courrier, à titre individuel. Ils se plaignent des rollers,
qu’ils accusent d’aller partout, comme les 2R motorisés, et de ne pas respecter les feux.
Le roller dans l’avenir
S’il y avait une pression importante, la ville s’efforcerait d’y répondre. C’est ce qui se passe
avec les cyclistes. Mais M. Dumesnil indique que ce n’est pas à la ville à inciter à cette
pratique. Le nouveau directeur de la Voirie M. Laget, a indiqué lors d’une réunion sur le vélo,
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que, pour l’instant, concernant le roller, les pratiquants étaient considérés comme roulant sur
les trottoirs, et que la Ville entendait s’en tenir à la règle. Celle-ci évoluera sans doute,
précise-t-il. Les services de la ville ne peuvent rien faire tant que la réglementation n’aura pas
évolué. En revanche tout ce qui est fait en faveur du vélo devrait également bénéficier au
roller. Les quartiers verts devraient aussi favoriser le roller. La Direction des Sports aurait
dans ses projets un stade de roller à construire Porte des Lilas…
La RATP
La règle est l’obligation de déchausser. Cette règle fait partie du règlement affiché dans les
stations, et n’est donc pas particulièrement mis en valeur. Il y a des contrevenants, assez rares,
et s’il sont repérés on leur demande seulement de déchausser; il n’y a pas de verbalisation. La
raison principale de l’interdiction est la crainte de la chute sur les voies, du patineur ou d’une
personne qu’il aurait poussée par manque de contrôle. Il ne peut y avoir évolution de cette
attitude pour les métros. Pour tramway et bus, par contre, rien n’empêche qu’il y ait évolution.
La question des couloirs de bus : Autant les chauffeurs se sont habitués aux cyclistes et la
cohabitation est harmonieuse, autant y a-t-il un refus absolu du roller, trop mobile pour être
prévisible et pouvant avoir la tentation de s’accrocher au bus. D’ailleurs est en cours un
programme visant à retirer aux bus toute partie susceptible de servir de point d’accroche. Si
la réglementation devait donner au roller un statu proche de celui du cycliste, la question des
couloirs de bus deviendrait une question très conflictuelle.
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Annexes du rapport La ville à l’heure du roller
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Les lieux les plus fréquentés à Paris
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Trocadero. Le lieu le plus ancien et le plus fréquenté de Paris. Dans les escaliers (en dépit
des panneaux d’interdiction) et autour des bassins, les adolescents pratiquent le street et le
tremplin (surtout le week-end et les jours fériés). Des compétitions y sont organisées
régulièrement. L’esplanade est également le siège de l’association couleur roller
La Défense. Les adeptes du street-hockez se retrouvent sur le parvis pour y disputer des
matchs, parrainés par le club Roller Team
Palais-Royal. Sur la place, sans VP, à la sortie du métro. On y rencontre de nombreux
patineurs même tard le soir, à la recherche de la figure artistique la plus hardie ou du
slalom le plus rapide. Point de départ pour la randonnée de Planet roller.
Notre-Dame. Le Pont-au-change est le théâtre de plein air de démonstrations
acrobatiques : saut, slaloms, courses poursuites…
Le Palais de Tokyo. Rendez-vous traditionnel des skaters mais présence aussi de rolleurs
(organisation de stages d’initiation par des rolleurs chevronnés)
Les Invalides. Sur l’esplanade, initiation à la pratique.
Bercy. Sur l’esplanade.
Les voies sur berge. Le dimanche, les voies sur berge sont réservées de 9h à 17 heures,
aux piétons, cyclistes, patineurs
Le Canal St-Martin. Le long des quais de Jemmapes et Valmy, fermés à la circulation le
dimanche.
La piste cyclable du Canal de l’Ourcq.
La coulée verte Bastille-Vincennes
La Main Jaune. Discothèque de la Porte de Champerret, créée en 1979, spécialisée dans
le roller disco
Etudes & Conseil
Annexes du rapport La ville à l’heure du roller
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Historique de la randonnée urbaine à Paris
Les randonnées urbaines à roller se développent depuis la fin des années 1990 dans la plupart
des grandes villes en France et plus largement dans le Nord et l’Est de l’Europe. Pris de court,
les représentants des pouvoirs publics ont réagit soit en laissant faire ce mouvement populaire
qui n’est apparemment ni contestataire, ni revendicatif, soit en interdisant les rassemblements
de ce type.
Organisées par des collectifs faiblement institutionnalisées, les randonnées urbaines à roller
perdurent et semblent maintenant inscrites dans le calendrier hebdomadaire des capitales et
grandes villes européennes. Vont-elles encore se développer? Qui les organise ? Comment se
pérennisent-elles ? Les modes d’organisation des groupes ou associations de roller à l’origine
des randonnées urbaines mettent en évidence des techniques de gestion, de mobilisation et de
représentation qui semblent assez éloignées de celles qui fonctionnent dans les associations
sportives traditionnelles. En effet, dans la plupart des cas, l’adhésion n’est pas obligatoire. Les
relations entre les organisateurs et les participants sont souples: les organisateurs n’ont pas de
prise sur les randonneurs anonymes pour qui la participation est libre et gratuite. Seuls les
randonneurs abonnés à la news letter de l’association laissent une trace. Les organisateurs
n’ont ni droits ni devoirs: ils sont des organisateurs d’événements. La non affiliation à la
fédération française de Roller Skating marque le refus de certains organisateurs de s’inscrire
dans une structure hiérarchique réglementée qui ne correspondrait plus à l’esprit de la pratique
«libre» et «ouverte». La non sollicitation de subvention auprès des collectivités territoriales et
des organisations sportives est souvent motivée par la volonté de conserver une autonomie
mais également par le refus des contraintes administratives jugées trop lourdes. Le mode de
financement de ces randonnées se fait pour l’essentiel par des partenariats avec des entreprises
s’associant à ce mouvement populaire qui interpelle autant le citoyen que les autorités par sa
capacité à rassembler des jeunes et des adultes et à se pérenniser.
Le mouvement «roller» et les associations parisiennes
La randonnée parisienne du vendredi soir, la Friday Night Fever, n’est pas née de rien:
plusieurs spots et plusieurs associations ont rassemblé des randonneurs, danseurs, streeters et
quaders qui ont forgé au cours des années 80 et 90 cet esprit de «glisse urbaine». D’un
rendez-vous de copains, les «virées» du vendredi soir deviennent un rassemblent populaire de
plusieurs dizaines de milliers de jeunes et d’adultes qu’encadrent deux brigades de la
préfecture de police de Paris.
Au début des années 1980, de jeunes adultes se retrouvent sur la dalle Montparnasse pour
pratiquer des jeux. La dalle présente l’avantage d’être un lieu public accessible à tous et
protégée de la circulation automobile. L’esprit ludique l’emportait sur l’esprit de rivalité et de
performance qu’affectionnaient les riders du Trocadéro qui ont inventé des figures, des sauts,
improvisé des descentes d’escalier et qui n’ont pas hésité à se mettre en scène devant des
dizaines ou des centaines de touristes ébahis par les prouesses de ces kamikazes à roulettes.
Certains habitués du Trocadéro ou du parvis de Notre Dame ont créé des spectacles de rue qui
génèrent des recettes. A l’image des cracheurs de feu de la place Georges Pompidou ou du
pont SaintLouis, les sauteurs et slalomeurs sollicitent la générosité des passants. Les
figures et les sauts qu’ils réalisent deviennent les éléments de base des épreuves de «street»,
discipline phare des contests, compétition de skateboard et de roller, qui voient le jour au
début des années 1990, d’abord aux Etats-Unis, puis en Europe. Ce sont les habitués du spot
de Montparnasse qui, une fois le temps du jeu terminé, lancent les randonnées urbaines en
groupe. Il n’y avait ni heure, ni destination. Comme pour mieux coller à leur image de
Etudes & Conseil
Annexes du rapport La ville à l’heure du roller
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rebelles, ces patineurs prennent l’appellation de «randonneurs fous» afin d’affirmer leur
marginalité. En ville, ils s’amusent à déjouer les pièges, éviter les obstacles et effrayer les
piétons en les frôlant ou en freinant au dernier moment devant une cabine téléphonique
occupée. Leur savoir-faire force le respect des autres patineurs mais aussi des piétons et des
forces de l’ordre qui ne peuvent que constater qu’il s’agit d’un nouveau jeu urbain ne mettant
pas en danger autrui. Mais ce jeu sème le trouble. Quel statut doit-on donner à ces piétons
insaisissables et roulant à grande vitesse sur les trottoirs et la chaussée?
Les Randonneurs Fous et Rollermania
Le succès et l’enthousiasme suscité par les activités de la dalle Montparnasse conduisent
Serge Rodriguez, Marion Thuriot et Adeline Le Men à institutionnaliser le mouvement. La
randonnée du vendredi soir devient un rendez-vous régulier. Ceux qui se reconnaissent dans
ce mouvement des Randonneurs Fous se rassemblent au départ de Montparnasse. La
randonnée est «sauvage» puisqu’elle rassemble plusieurs dizaines de personnes sur la voie
publique sans qu’aucune déclaration ne soit faite à la préfecture de police. Le groupe des
Randonneurs Fous n’est pas constitué en association. L’esprit de liberté de mouvement est
maintenu. La faculté de rassemblement et d’atténuation des différences sociales que permet le
roller séduit Serge, le «vieux» de ce groupe de Randonneurs Fous, qui lance d’autres
randonnées pour des patineurs de moindre niveau. Pour lui, la reconnaissance du roller urbain
passe nécessairement par son ouverture à des publics plus larges. Il est réservé sur l’esprit
élitiste et de compétition prôné par la fédération française de Roller Skating. Une fois par
mois, ce promoteur du patin populaire, organise des randonnées le long du Canal de l’Ourcq,
sur les bords de la Marne, sur les Quais de Seine, etc. L’accroissement du nombre des adeptes
pose alors la question de la réglementation du roller urbain. Au début des années 1990, après
la fermeture de la dalle Montparnasse, une association est créée, afin d’établir le dialogue
avec les autorités sportives, les représentants de la ville et de la préfecture de police. Elle
prend le nom de Rollermania considéré comme plus sérieux que celui des Randonneurs Fous.
La structure associative permet à certains anciens patineurs de la première génération de
demander la reconnaissance du mouvement. Cette deuxième phase de développement de la
pratique du roller consiste à mettre en place des lieux d’apprentissage, à définir des
progressions pédagogiques, à former des cadres et à obtenir la prise en considération par
les pouvoirs publics du roller dans le milieu urbain: aménagements urbains,
statut des patineurs, etc.
Le développement de Rollermania coïncide avec l’arrivée sur le marché français des patins
aux roues alignées qui offrent davantage de sensations de glisse et qui favorisent la vitesse de
déplacement. Les investissements technologiques des fabricants de roller «in line» et leurs
efforts de communication autour de ces patins désormais perçus comme des objets high tech
font oublier les patins à roulettes traditionnels permettant ainsi aux adultes de ne plus avoir
l’air de patiner avec des jouets. Adeline Le Men, Richard Piauton, Serge et Marion, mettent
en place plusieurs rendez-vous: le dimanche matin au Trocadéro se rassemblent tout ceux qui
veulent faire du slalom et les adeptes du street hockey; le vendredi soir à Montparnasse se
retrouvent les randonneurs. Les débutants sont pris en charge par des patineurs qui se donnent
pour mission d’apprendre les gestes de base. Les cours sont alors libres et gratuits, l’adhésion
au club est facultative.
L’association organise des démonstrations dans les grandes villes de province, créé des
manifestations, est présente dans les salons consacrés aux sports de glisse et s’investit dans un
travail pédagogique. Une tentative de rapprochement avec la fédération de Roller Skating est
faite. Mais comme seul l’esprit compétitif et le sport organisé dans des clubs structurés est
Etudes & Conseil
Annexes du rapport La ville à l’heure du roller
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reconnu, le rapprochement échoue. L’esprit street et la promotion du roller de rue ne
conviennent pas aux officiels de la fédération. Le roller de rue se développera hors des
structures sportives traditionnelles. Les échanges avec les pionniers du roller dans les
capitales européennes et américaines confortent l’avant-garde parisienne qui, sans introduire
le concept américain de rollers skate patrol, s’en inspire largement afin d’apporter aide,
soutien et formation aux novices qui sont de plus en plus nombreux. Une école de rue est née.
Elle a pour objectif de faire des patineurs urbains des «roller-citoyens», c’est-à-dire des
«homorouletibus» responsables, respectés et respectueux des autres usagers des lieux publics.
Cette idée prendra toute sa dimension avec la création, en 1997, de Roller Squad Institut
(RSI).
Roller Squad Institut et la notion de «roller-citoyen»
Roller Squad Institut (RSI), créé en 1997 par Adeline et Serge, a pour objet de «structurer,
enseigner, développer et promouvoir la pratique des sports de glisse et en particulier du
rollerskate auprès du grand public en tant que pratique utilitaire, alternative, citoyenne,
récréationnelle, de loisir et sportive». RSI s’est développé rapidement: de 1000 membres dès
la première année, elle est passée en 1999 à 2000 patineurs bénéficiant de cours ou de
stages payants ou participant aux randonnées spécialement organisées par cette association.
La reconnaissance de RSI par la fédération française de Roller Skating permet à ses dirigeants
d’engager plus facilement un dialogue avec les pouvoirs publics et les grandes administrations
concernées afin de faire avancer la réflexion sur le statut des rollers dans la ville.
Le projet de RSI est, selon sa présidente, un projet «citoyen» qui a pour objectif de favoriser
la cohabitation entre les patineurs, les piétons et les automobilistes. La première étape consiste
à repérer les difficultés que représentent ce mode de transport (circulation des rollers dans les
lieux publics, sur les trottoirs et la chaussée), avant d’apporter des solutions. La seconde phase
a pour objectif l’établissement d’un dialogue avec les pouvoirs publics afin que les patineurs
aient un statut, c’est-à-dire, des droits et des devoirs. RSI est à l’origine de la création d’une
commission interministérielle chargée de faire des propositions sur le statut des piétons
roulants dans les villes. Cette commission a été mise en place en 1997. Un groupe de travail
composé de représentant des ministères de l'Education nationale, de l'intérieur, de la Jeunesse
et des Sports, de l'Aménagement duterritoire et de l'Environnement, de la Préfecture de police,
du Parquet du Tribunal de police de Paris, de la Mairie de Paris ainsi que de la Prévention
Routière, du CERTU, sans oublier Environnement sans frontière, la Fédération Française de
Roller Skating et Roller Squad Institut (RSI), s’est réunit durant 4 ans pour faire des
propositions sur les droits et devoirs du «citoyen sur roulettes». Au delà du travail de
propositions concrètes issues de cette commission et consignées dans un livre sur l’état des
lieux du roller en France et loin des combats menés par les écologistes avec lesquels peu de
liens se sont développés, RSI tente de formaliser et de diffuser la notion de «qualité de
vie» qui redéfinit le rapport des citoyens à leur ville et en particulier à leurs déplacements
dans l’espace urbain. Les dirigeants de RSI sont favorables à la diversité des moyens de
transports qui permet de répondre aux différents types de déplacement que les Parisiens font
quotidiennement et demandent une réflexion sur les conditions de cohabitation des usagers
des différents modes de transports impliquant des vitesses différentes, des espaces et des
revêtements variés. Ce souci d’encadrement et de promotion du «roller-citoyen» est typique
de RSI qui utilise les formes de mobilisation traditionnelle et les structures sportives pour
diffuser des idéaux, perçus comme modernistes, proches de la culture naturaliste développée,
dans les années 1970, par certaines fractions de la nouvelle petite bourgeoisie. Catherine
Bidou montre comment, dans cet espace social sans pesanteur ni classe, le présent et la
quotidienneté des membres de la nouvelle classe moyenne sont au centre de leurs
Etudes & Conseil
Annexes du rapport La ville à l’heure du roller
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préoccupations qui se construisent autour des valeurs de liberté, de respect, d’antiautoritarisme et de démocratie locale ou participative. Certaines des actions et techniques
d’intervention de RSI sont différentes de la façon de faire des associations Pari Roller ou
Roller&Coquillages qui, si elles n’expriment pas explicitement leurs revendications,
parviennent, sans mot d’ordre, ni banderoles, à mettre chaque semaine plusieurs dizaines de
milliers de patineurs dans la rue.
Des randonnées «sauvages» à la Friday Night Fever de Pari Roller
Au début de l’année 1996, Rollermania et Serge décident d’arrêter de conduire la randonnée
sauvage du vendredi soir lorsqu’elle atteint régulièrement plus de 200 personnes et qu’il
devient difficile d’imposer aux patineurs la circulation sur les trottoirs et d’empêcher aux
débutants qui ont acheté des patins lors des grèves de décembre 1995, de se joindre au
cortège. Ils ne voulaient pas être responsables des chutes et accidents qui se multipliaient avec
la venue de novices. La randonnée orpheline ne s’arrête pas pour autant. Le rendez-vous du
vendredi à 22H, Place d’Italie est institué. Les randonneurs qui viennent ne se rendent pas
compte du changement: les habitués prennent la tête du cortège, choisissent les boulevards et
donnent la direction à suivre. Les principes et les codes sont maintenus: les premiers attendent
les derniers, les premiers signalent les obstacles aux suivants en levant les mains, les patineurs
s’entraident en cas de pépins techniques ou de chutes. En octobre 1997, la préfecture ne
souhaitait plus laisser tous les vendredis 200 à 300 patineurs déferler dans les rues et sur les
trottoirs de Paris pendant trois heures sans connaître ni les organisateurs, ni le parcours. Deux
policiers à pied se rendent place d’Italie afin de rencontrer les dirigeants. Comme Boris
Belohlavek, prenait régulièrement la tête de la randonnée, les habitués se sont tournés vers lui
et l’on désigné comme «responsable». Il a été invité, avec Adeline Le Men, à se présenter au
bureau de la direction de l’ordre public de la préfecture de police pour expliquer la raison
d’être et les caractéristiques de la randonnée. C’est lors du deuxième rendez-vous que les
négociations commencent. Les policiers proposent de boucler le boulevard de l’Hôpital.
Adeline et Boris refusent. Ils proposent alors un circuit dans le 3è et le 5è arrondissements.
Adeline et Boris refusent encore. Ils font ensuite d’autres propositions dans le but de canaliser
et de réduire le mouvement car ils se doutaient que, pouvant grossir encore, cela mettrait Paris
sans dessus-dessous. Ils ne veulent pas laisser tout Paris à la randonnée. Adeline et Boris
expliquent que si on limite la randonnée à deux arrondissements, les patineurs s’en iront et
feront des randonnées sauvages dans tout Paris. Selon Boris, une grande randonnée structurée
est préférable à 50 petites randonnées sauvages. La préfecture demande la constitution d’une
association loi 1901 et met des motards au début et en queue de randonnée. Pari Roller est
créé en 1997. Les membres fondateurs de l’association sont convaincus qu’avec très peu de
moyens financiers propres, une organisation horizontale, une communication interne utilisant
exclusivement le téléphone et le mail et un partenariat constitué de marques commerciales et
d’organisations humanitaires ou de défense de l’intérêt général (santé publique,
environnement, etc.), ils peuvent conserver les principes de liberté de la randonnée qu’ils
nomment, Friday Night Fever. Pari Roller forme des membres jeunes et adultes afin qu’ils
aident à bloquer les voitures, motos et piétons aux carrefours: les «staffers». Ils encadrent
latéralement la randonnée et préviennent les secours en cas d’accident. Afin de les distinguer
de la foule, ils portent des T-shirts jaunes au couleur de l’association. Ils ont pour mission de
garantir la sécurité, d’expliquer aux automobilistes que la manifestation est officielle, de les
faire patienter 15 à 30 minutes et de communiquer les codes de bonne conduite aux
randonneurs. L’officialisation de la randonnée a pour effet d’attirer ceux qui craignaient les
débordements des randonnées sauvages. La reconnaissance du mouvement par la préfecture
de police, largement relayée par la presse, ouvre la randonnée aux adultes de 25 à 70 ans,
employés de bureau, techniciens, cadres de la fonction publique et d’entreprises, professions
Etudes & Conseil
Annexes du rapport La ville à l’heure du roller
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libérales venant s’ajouter aux randonneurs de la première heure, ingénieurs, informaticiens,
développeurs, webmasters, infographistes, déjà présents du temps des randonnées sauvages.
Vers la fin de l’année 98, ils sont entre 3 et 4000 à venir au rendez-vous tous les vendredis
soirs. En 1999, ils sont 10000 et parfois 25000 lorsque les conditions climatiques sont
favorables.
Si la Friday Night Fever n’est pas une manifestation explicitement revendicative, cette parade
joyeuse et colorée n’en est pas pour le moins porteuse d’un message. Ce message est celui
d’une volonté de changement au sens large de la part d’un certain nombre de patineurs:
changement de la façon de vivre dans la ville, changement de rapport aux institutions
administratives et politiques, etc. Une majorité de randonneurs interrogés disent n’accorder
que peu de crédit aux élus et aux institutions: ces patineurs, qui pour la plupart, ne sont ni
syndiqués, ni membres d’aucun parti politique, sont dans la rue afin de montrer leur volonté
de changer les choses «par le bas» et en douceur. « On ne revendique rien de précis, on veut
juste montrer qu’on est là et bien là, dans la rue ». Les propos de Boris Belohlavek, le
président de Pari Roller, illustrent cette mobilisation pacifique: « On patine pour s’amuser et
on rêve de changer les choses. J’estime que s’engager dans un combat revendicatif, c’est
faire un peu de la politique et donc s’ouvrir et se fermer des portes. Ca veut aussi dire avoir
un parti pris pour les choses. J’ai pas envie de tout ça. (…) Si le mouvement est perçu comme
sympathique, c’est qu’on ne demande rien, on ne réclame rien, c’est festif. On n’est pas
agressif comme les associations de vélo qui ont eux une manifestation revendicative. C’est
très politique, or moi je n’aime pas la politique. Je suis écolo dans le sens noble du terme, je
ne suis pas vert, mais écolo. L’écologie ça commence chez soi, c’est pas un parti politique qui
va faire changer les choses ». La Friday night fever, c’est aussi une reconquête de l’espace
public perdu avec le développement de la voiture dans les villes. « J’aimerai bien que la
voiture sorte un peu de Paris. Je serai excessivement content si je pouvais un peu convertir
les automobilistes parisiens à une autre forme de déplacement. Faire en sorte qu’ils
chaussent leur roller ou qu’ils prennent au moins leur vélo. On met 20 minutes pour faire St
Lazarre-Place d’Italie, 35 minutes à métro et 1H30 en voiture. (…)Faire changer les choses?
C’est pas une volonté, c’est un rêve.On ne fait pas les randonnées pour faire changer les
choses, on fait ça pour s’amuser. Maintenant si ça fait changer les choses, tant mieux, mais
c’est pas l’objectif majeur ».Contrairement à la plupart des associations sportives dont une
large partie des recettes proviennent de l’encaissement des cotisations des membres, Pari
Roller ne sollicite que faiblement l’adhésion. Le financement de l’association se fait grâce au
partenariat avec des marques commerciales qui souhaitent associer leur nom à une randonnée.
La participation à la randonnée est ainsi libre et gratuite pour les randonneurs. La contrepartie
est la présence d’annonceurs (distribution de lots: T-shirt, serre-poignets réfléchissants,
boissons, barres chocolatées, etc.) et de bandeaux publicitaires sur les sites dédiés au roller.
L’absence de contraintes administratives, la gratuité et l’anonymat semblent ravir une large
partie des adeptes qui ne condamnent pas l’association entre des marques et la randonnée. Ce
qui caractérise Pari Roller est sa capacité à rassembler des dizaines de milliers de jeunes et
d’adultes qui, de façon volontaire, se joignent à ces parades festives et expriment une volonté
de changement. Contrairement à Roller Squad Institut qui a pour principal objectif de
promouvoir le roller par l’enseignement, Pari Roller se spécialise dans l’organisation
d’événements.
Etudes & Conseil
Annexes du rapport La ville à l’heure du roller
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Qui assiste aux randonnées ?
Source : Enquête de Céline Forest en 2000 sur les publics de Pari Roller et Roller &
Coquillage (partiellement publié dans Glisse Urbaine)
75% d’hommes et 25% de femmes dans l’échantillon de 116 personnes interrogées. La
participation des femmes est un peu plus fréquente le dimanche.
En ce qui concerne le lieu de résidence des participants, on constate qu’une majorité habite
Paris même, mais sans que ces derniers représentent une écrasante majorité. Ainsi, nombreux
sont ceux qui résident en région parisienne et quelques habitants de province ont également
été interrogés. Les randonnées ne sont ainsi pas réservées au seul public parisien, ce qui tend
à montrer entre autres une certaine accessibilité des randonnées.
Une forte majorité des participants est célibataire : 80% au sein de l’échantillon, mais on
peut se demander si ce chiffre n’est pas lié à la composition par âge de la randonnée : la
moyenne d’âge de l’échantillon est de 26 ans alors que l’âge moyen au mariage aujourd’hui
est plus élevé.
Aussi, les randonnées ne sont pas réservées aux ‘jeunes’. En effet, en considérant que 25 ans
peut représenter une ‘limite’, on s’aperçoit que près de 50% de l’échantillon a plus de 25 ans
et 50% moins de 25 ans. De plus, l’âge des personnes interrogées s’étale de 15 à 65 ans. De
nombreuses classes d’âges sont ainsi représentées dans ces ‘cortèges’.
Il est également important de noter que si les moins de 25 ans participent plus souvent que les
plus de 25 ans uniquement aux randonnées du vendredi, les plus de 25 ans sont plus
nombreux à participer aux deux randonnées. Ainsi, non seulement les randonnées, en
général, ne sont pas réservées aux ‘jeunes’ (moins de 25 ans), mais aussi, la randonnée du
vendredi n’est pas réservée à ce seul public jeune même si, le plus souvent, ces derniers
n’assistent qu’à celle-ci.
Au niveau des CSP, la plus forte proportion rassemble les cadres (moyens et supérieurs)
mais, un peu plus d’un tiers des personnes interrogées sont employés ou ouvriers. Ainsi,
toutes les catégories socio-profressionnelles sont représentées au sein des randonnées,
toutefois, la plus grande proportion des participants appartient aux classes moyennes et
supérieures.
Ils ne sont que 15% (de l’échantillon) à ne pratiquer aucun sport. La plupart des participants
aux randonnées pratiquent par conséquent un autre sport, même si cela peut être de façon
occasionnelle, dans le sens où aucune question sur la fréquence de participation à ces autres
sports n’était posée. Dans ces sports, on remarquera que les réponses se sont tournées vers
des sports se pratiquant à l’extérieur, en plein air : vélo, vtt, jogging, ski et aussi vers des
sports plutôt individuels : natation, fitness (plus les sports déjà cités). La pratique d’un sport
collectif reste marginale.
Remarquons également que lorsque le thème de la présence policière au sein des randonnées
est abordé, près de deux tiers des répondants déclarent que leur présence est rassurante. Le
sentiment de participer à une ‘activité sécurisée’ est un point non négligeable.
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Annexes du rapport La ville à l’heure du roller
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L’attente des randonneurs :
- pouvoir rouler sans risque de collision avec des voitures (ils peuvent libérer l’attention
qu’il faut avoir quand on roule dans le trafic urbain),
- cette relative sécurité permet de discuter avec ses amis, de faire des rencontres, de
participer aux animations (danser sur une musique transportée par un patineur, faire la
ollas, etc.) et d’exhiber son niveau technique (demi tour sauté, patiner en arrière,
sauter les trottoirs, faire du slalom) afin d’impressionner la galerie,
- visiter Paris la nuit sans les voitures (pas de pollution, pas de bruit)
- avoir une dépense physique (patiner 25 à 30 km en continu ou presque) peu onéreuse
et sans avoir à sortir de Paris (beaucoup n’ont pas de voiture)
Les désagréments :
- la masse de patineurs oblige les organisateurs à resserrer le cortège ce qui génère de
longues attentes pour les premiers (rupture de rythme) ce qui donne l’impression
d’avoir à attendre dans des bouchons. Malgré les animations spontanées, certains se
retournent vers les « petites randos » d’une centaine de personnes, celle du lundi soir
« rando nanas » organisée par Planet Roller (Claire Léonard). D’autres randonnées se
font régulièrement mais restent « sauvages », les rendez-vous ne sont connus que peu
de temps à l’avance par les habitués afin d’éviter qu’elles ne grossissent et que des
débutants ne viennent.
- La masse réduit la vitesse ce qui ne donne pas la sensation de glisse. Frustration des
bons patineurs.
La relation avec automobilistes :
- si les automobilistes impatients aux carrefours klaxonnent, la tradition veut que les
patineurs couvrent le bruit des klaxons en criant et en levant les bras (afin de montrer
le rapport de forces : les 20000 patineurs sont plus forts que les 10 automobilistes
mécontents )
- ce sont les staffeurs qui ont la mission de faire patienter les automobilistes en leur
expliquant l’origine et le but des randonnées. En cas de conflit, ils contactent les
policiers présents dans la randonnée afin qu’ils règlent le différent.
- Les piétons, vélos, motos et livreurs de pizza tentent souvent de traverser le cortège :
ce qui occasionne des chutes
Les revendications implicites des randonneurs :
- plus de place sur la chaussée pour les autres usagers non polluants
- faire la démonstration qu’on peut traverser Paris à roller sans trop de fatigue et en
s’amusant (pas besoin de voiture, ni de métro)
- faire la démonstration que l’on peut se déplacer, téléphoner, écouter de la musique,
discuter, visiter Paris en même temps (mobilité)
- les rollers sont un moyen de déplacement urbain comme le vélo (non polluant) et qui
ne prend pas beaucoup de place comparé à un automobiliste dans sa voiture, qui ne
fait pas de bruit, ne prend pas de places de parking, passe partout, etc.
- faire connaître le roller à ceux qui n’en ont pas encore (c’est le côté exhibition des
grandes randonnées qu’ont moins les randonnées de quelques centaines de personnes).
Les cameramen sont toujours très sollicités par les patineurs : ils veulent qu’on parle
des randonnées dans les médias grands publics
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Annexe 4 – Le roller à Berlin
Le développement de nouveaux centres d’intérêts (commerciaux, administratifs ou culturels),
notamment depuis la réunification, à l’est de la ville, favorisent le déplacement urbain de
moyenne distance (1 à 3 km) : le vélo et les rollers apparaissent comme des solutions adaptées
pour de nombreux jeunes berlinois. Le succès des deux grandes randonnées de Berlin, la
Blade Night Berlin et la Berlin Parade, s’explique en partie par les opportunités qu’offre cette
ville aux patineurs. Les principaux freins au développement de ce nouveau mode de
déplacement se situent essentiellement au niveau des revêtements des trottoirs (pavés et en
mauvais état) et au niveau réglementaire (interdiction de rouler sur la voie publique).
Configurations et aménagements en faveur du roller à Berlin
Avantages et intérêt :
- avenues et trottoirs larges
- existences de nombreuses et longues pistes cyclables
- trafic modéré (en comparaison de Paris)
- nombreuses zones 30 relativement respectées
- nombreuses rues peu fréquentées dans les quartiers résidentiels
- plusieurs réseaux complémentaires de transport en commun (U-bahn, S-bahn, tram et
bus)
Inconvénients et freins du développement de la pratique :
- mauvaise qualité des revêtements des trottoirs (nid de poules, etc.)
- beaucoup de pavés et de dallages avec larges interstices
- stations éloignées les unes des autres
- interdictions de circuler sur la chaussé, les trottoirs, les pistes cyclables, dans les
transport en commun, dans les magasins, etc.
- intempéries
- étendue de la ville (<60 km)
La législation
Le code de la route interdit :
Le code de la route allemand interdit strictement le patinage sur la route.
La loi considère la pratique du roller comme un jeu qui ne peut se dérouler que sur le trottoir.
Le non respect est sanctionné par une contravention d’environ 90 FF (rarement appliqué). Les
patineurs ne sont pas autorisés à monter dans les transports en commun leurs rollers aux
pieds. Ils ne sont pas autorisés dans les lieux publics fermés (centres commerciaux, etc.).
Les projets de réglementation :
A Vienne, les discussions entre des ministres européens sont en cours et concernent une
orientation européenne sur la circulation des rollers dans les villes : « Wiener Abkommen ».
Travail en cours.
Gilbert Lenski, étudiant à la Technische Universtät de Berlin termine un travail sur les
changements législatifs relatifs à la pratique du roller dans les villes. (sollicité par mail pour
nous envoyer son travail, [email protected])
Etudes & Conseil
Annexes du rapport La ville à l’heure du roller
MATE / ADEME
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Lieux de prédilection du roller
Malgré les interdictions, les patineurs sont tolérés sur les larges trottoirs des grandes avenues
et les places publiques. Le Tiergarten et la plupart des autres parcs ne se prêtes pas à la
pratique du roller, car la plupart des allées et des chemins sont en terre battue.
A la périphérie de Berlin, se trouve Le Kronprinzessinnenweg, une route fermée aux autos
longue de 4 km et qui borde une autoroute non loin du centre ville. Cette piste également
ouverte aux vélos et aux piétons permet de faire de la vitesse et de se promener.
Les manifestations de roller à Berlin
Le développement récent et important du roller à Berlin est en partie lié à la Blade Night
Berlin, mais également à l’Alberto Berlin-Marathon (auquel les patineurs sont admis depuis
1997), au Berliner Skate Halbmarathon (semi-marathon exclusivement pour roller) et à la
Speed Skate Night qui depuis 1997 se tient sur le boulevard Kurfürstendamm. Certains
événements sont des initiatives de clubs sportifs, le Sport-Club-Charlottenburg e.V., les autres
sont des initiatives privées de personnes se mobilisant pour la défense des droits des patineurs.
C’est le cas de la Blade Night Berlin qui en trois ans d’existence s’est transformés en un
mouvement de masse mobilisant pendant l’été jusqu’à 60 000 personnes. La comparaison
avec la Love Parade s’impose. Plus récemment, en juin 2000, une autre randonnée
revendicative a été lancée, la Berlin Parade.
La Blade Night Berlin (BNB)
Le créateur et l’organisateur de la BNB, Jan-Philipp Sexauer, avocat en droit civil de 33 ans, a
eu l’idée de la randonnée après un séjour de six mois à New York en 1997 où il avait utilisé
les rollers comme un moyen de transport. De retour à Berlin, il souhaite voir le roller se
développer, mais se heurte aux interdictions du code de la route et aux dangers de cette
pratique encore peu répandue en ville.
Comme le montre Sabine Dingel24, Sexauer est convaincu qu’il faut changer les lois. La
législation pour les rollers doit être semblable à celle du vélo. Une fois le patineur reconnu
officiellement comme participant à part entière de la circulation, une campagne d’information
auprès des automobilistes permettrait de réduire les risques qu’il encourt.
La randonnée en groupe permet de réduire les risques, estime l’avocat qui a observé des gens
patiner ensemble à travers East Village. En effet, en groupe la visibilité des patineurs
augmente et les automobilistes sont plus attentifs lors des dépassements. Jan-Philipp Sexauer
décide d’organiser un certain nombre de manifestation sur la voix publique par année et opte
pour la négociation et non la confrontation avec les autorités. Son idée est d’alerter les
patineurs, mais plus largement l’opinion publique, sur l’ouverture des routes aux rollers. Il se
sert des médias pour communiquer ses revendications et se faire connaître des autorités
compétentes.
La première BNB a lieu le soir du 3 juin 1998 avec 30 participants escortés par la police
berlinoise. Deux semaines plus tard ce sont 80 personnes qui participent à la deuxième Blade
Night couverte par le quotidien die Tageszeitung. Durant l’été 1998, neuf éditions de la BNB
ont lieu, une édition tous les quinze jours. Le nombre de participants s’élève à la fin de l’été à
environ 500 participants. Durant l’été 1999, Sexauer prévoit 21 dates, tous les mercredis soir
du 5 mai au 22 septembre. L’organisateur ne fait pas de publicité pour l’événement, mais la
couverture médiatique et le bouche à l’oreille suffisent : la troisième BNB compte 3 000
participants, la quatrième 8 000, la sixième 12 000 et à la fin de l’été, le nombre de
participants s’élève régulièrement à 30 000.
24
In A. Loret et A.-M. Waser, « Glisse urbaine. L’esprit roller : liberté, apesanteur, tolérance ». Autrement, 2001.
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Annexes du rapport La ville à l’heure du roller
MATE / ADEME
38
Jan Philipp Sexauer profite de ce succès pour faire évoluer le Code de la Route. Selon lui, le
patineur doit être reconnu officiellement. Il participe aux réunions municipales et aux
différentes auditions organisées sur cette question.
L’année 2001 marque un tournant. Les investissements en temps, mais aussi pécuniaire, la
BNB n’est pas une association et n’a pas de budget, sont jugés trop importants par Sexauer.
L’organisateur se fatigue devant les arcanes politiques et administratives. Les revendications
ne progressent guère. S’il est bien compris de plusieurs élus, et si les revendications de la
BNB sont reprises par certains partis politiques, les actions concrètes tardent à se mettre en
place. Le fait que Berlin soit en situation de faillite est un frein dans le sens où l’instabilité
politique qui en résulte n’est pas favorable aux prises de décision. Dans ce contexte, il décide
d’annoncer la fin de la BNB : il ne pose pas de dates de manifestation pour l’été 2001. La
presse relaie cette information et les discussions reprennent. Les Grünen, dont la place au
parlement de Berlin est importante, souhaitent que la manifestation se poursuive. Sexauer a
réussi au niveau de la politisation du phénomène.
L’initiateur et la philosophie du mouvement
Jan-Philipp Sexauer, spécialise des lois concernant le code de la route, travaille dans le bureau
Herwig & Sexauer. Il consacre son temps libre à l’organisation de la BNB qui ne lui permet
aucun profit financier (mis à part la publicité indirecte pour son bureau d’avocat).
Sexauer se félicite du fait que la BNB soit devenue un événement de masse et un lieu de
défoulement. Il ne soutient cependant pas la comparaison avec le leader de la Love Parade :
« Je suis avocat et pas Dr. Motte »25. Le seul parallèle entre la BNB et la Love Parade qu’il
admet est le fait de l’accroissement spectaculaire des participants. Contrairement à Dr. Motte,
Sexauer ne propage pas de nouvelle philosophie de vie, il se limite au changement du code de
la route. Néanmoins, selon Sabine Dingel, ses propos sur le site Internet de la BNB peuvent
être compris comme une critique de la société post-moderne. En effet, la suggestion de faire
des dimanches un jour de repos où les rollers remplaceraient les voitures et le choix des
extraits des livres de Paul Virilio et de Peter Sloterdijk ne sont pas anodins. L’un traite des
restrictions de la mobilité des individus dans la société et l’autre des limites de la société
automobiliste. Si les propos de Sexauer ont des points communs avec ceux du parti
écologiste, Die Grünen, il nie avec véhémence toute proximité à un parti politique.
L’important pour lui est que la réalisation des revendications de la BNB puisse entraîner des
changements d’attitude vis-à-vis de la société automobiliste26.
L’organisation
Aucune association n’est constituée27. Jan-Philipp Sexauer sollicite, au début de l’année,
l’autorisation de manifestations dont la revendication est l’émancipation du roller dans le
trafic routier. Membre d’aucun parti politique, l’organisateur de la BNB est disposé à négocier
avec les partis politiques dont certains dirigeants n’ont pas tardé à lui signifier leur intérêt. En
mai 2000, le syndicat DGB a invité ses militants à assister à la manifestation du 1er mai en
roller et en juin de la même année un parti politique a organisé à Spandau (un quartier à la
périphérie de Berlin) un rassemblement à roller.
Sexauer demande la reconnaissance de l’itinéraire habituel de la BNB. Il dispose de 25 jeunes
volontaires qui, reconnaissables par leurs vestes fluorescentes portant l’inscription « Ordner »,
25
Dr. Motte est le DJ qui a crée en 1989 la Love Parade à Berlin. Berliner Zeitung, n° 102, 03.05.2000, cité par
S. Dingel.
26
Entretien téléphonique avec Sexauer le 27.04.2000 réalisé par Sabine Dingel.
27
in Glisse urbaine, op. cit.
Etudes & Conseil
Annexes du rapport La ville à l’heure du roller
MATE / ADEME
39
encadrent le cortège des manifestants. Cet encadrement est complété par celui de la police.
Les membres de l’organisation de la BNB fonctionnent plutôt comme médiateurs entre les
randonneurs et la police. Jusqu’à présent la BNB n’a donc pas eu besoin de financement,
déclare Sexauer non sans fierté. Il est opposé à la commercialisation de la BNB car elle est
contradictoire avec les revendications politiques.
Des bus sont mis à la disposition des patineurs, par la BVG (la RATP berlinoise), afin qu’ils
puissent déposer leurs affaires et se changer avant et après la randonnée. C’est une façon de
faire respecter l’interdiction de circuler à roller dans le métro tout en permettant à l’entreprise
de conserver une image positive aux yeux des patineurs pourtant frustrés par cette
interdiction. La compagnie exploitant le métro berlinois étudie la mise en place d’un ticket
spécial pour la BNB : une façon de s’associer à ce mouvement populaire constitué de jeunes
adultes dont une majorité veulent faire reculer la voiture dans la ville.
Les revendications de la BNB
Les revendications de la BNB ne sont pas directement accessibles. En effet, les randonnées se
déroulent sans banderole et sans slogan. Pour les connaître, les patineurs doivent se connecter
sur le site Internet (www.bladenight.de)28 qui défend clairement l’admission du roller dans la
circulation urbaine et une reconnaissance des patineurs qui passerait par la définition d’un
statut des patineurs dans le code de la route. Sexauer propose que des lignes de signalisation
soient peintes sur les grandes axes de la ville afin de séparer les rollers du trafic motorisé. Il
suggère également davantage de zones limitées à 30 km/h et se prononce pour plus de
tolérance entre automobilistes et patineurs. En outre la BNB souhaite que la municipalité du
nouveau Berlin autorise les patineurs sur la route le dimanche : elle jouerait ainsi un rôle
d’avant-garde dans la gestion du trafic urbain.
La Berlin Parade
Stephan Imm, avocat, fondateur et organisateur de Berlin Parade et originaire de Hanovre. Il
est venu à Berlin en 1999. Après un stage professionnel de plusieurs mois à Paris où il
participe aux principales randonnées à roller, il revient à Berlin avec l’idée de lancer une
nouvelle randonnée dans la capitale allemande afin d’y développer la pratique du roller29.
Il fonde la Berlin Parade qui n’est pas une association, mais une manifestation en faveur de la
pratique du roller. Quelques personnes aident Stephan Imm pour l’organisation de la
randonnée, les relations avec la presse et les autorités de la ville et pour le développement du
site (www.berlinparade.com).
Le développement du roller passe par l’amélioration notoire des revêtements des trottoirs et
des chaussées et par la limitation, voire la suppression des pavés. Les revendications sont
présentées sur le site et distribuées lors des randonnées, aux patineurs et aux piétons et
automobilistes.
Stephan Imm déposent, comme le prévoit la réglementation des manifestations sur la voix
publique, les dates des manifestations ainsi que le parcours à la Préfecture. L’organisation est
semblable à celle de la BNB : la police ouvre la manifestation et encadre latéralement le
cortège par des motos et bloque les carrefours. Une vingtaine de staffeurs veillent au bon
déroulement de la randonnée et avertie les secours, placé sen fin de cortège, en cas de
nécessité. L’ambulance est payée par les bénéficies réalisés par le seul vendeur de boissons
autorisés.
28
29
Le site n’est plus actif depuis mai 2001.
Interview réalisé par Anne-Marie Waser le 22 juillet 2001 à Berlin.
Etudes & Conseil
Annexes du rapport La ville à l’heure du roller
MATE / ADEME
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En 2000, plusieurs randonnées sont organisées les vendredi à 20 h en alternance avec les dates
réservées par la BNB. En 2001, Stephan Imm accroît le nombre de dates et proposent
également quelques le dimanches à 15h afin que les débutants et les familles puissent se
joindre à la manifestation.
La multiplication des randonnées pourrait générer des tensions avec la préfecture qui pourrait
s’opposer à la validation des parcours. Afin de mettre un terme à toutes les critiques qui visent
à dire qu’il ne s’agit pas à proprement parler d’une manifestation mais plutôt d’un loisir
récréatif ou d’un amusement, Stephan Imm répond : 1/ on peut revendiquer et s’amuser, ce
n’est pas interdit par la loi ; 2/ nous avons distribué près de 20 000 flyers avec nos
revendications et nous participons également aux réunions politiques. Si les revendications
sociales, comme plus de liberté, d’autonomie, de tolérance et de responsabilisation sont
implicites, elles n’apparaissent pas officiellement. Imm insiste, comme Sexauer d’ailleurs
aussi, pour garder une différence avec la Love parade où le rassemblement se fait juste autour
d’un thème (Join the Love Republic) et pour lequel les revendications ne sont pas connues.
Les revendications de la Berlin Parade :
Elles sont présentées à court, moyen et long termes et explicites et diffusées sur le site et par
des flyers distribués lors des manifestations :
La Berlin Parade demande à court terme :
- retrait des pavés sur les trottoirs,
- fermeture à la circulation automobile de certaines rues agréables pour les promeneurs
et les rollers durant les week-end,
- nomination d’un responsable à la Mairie chargée de représenter les droits de rollers
(comme cela existe déjà pour les cyclistes),
- ouverture des cours d’école et des places adaptées pour l’initiation au roller en toute
sécurité,
- que l’Etat et la ville de Berlin améliore les conditions de pratique du roller en zones
urbaines et rurales.
A moyen terme :
- ouverture de zone 30 pour les rollers,
- ouverture des couloirs réservés aux transports en comme à l’exception des voies
inadaptées,
- ouverture généralisées des pistes cyclables aux roller,
- réaménagement des promenades dans les parcs afin de les rendre accessibles aux
rollers,
- prise en compte dans les projets d’urbanisme des conditions de pratique du roller
(revêtements adaptés aux rollers)
A long terme :
- création de rues semi-piétonnes : ouverture aux piétons, vélos, rollers et trottinettes.
Etudes & Conseil
Annexes du rapport La ville à l’heure du roller
MATE / ADEME
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Les moyens de pression
Les deux organisateurs ont fait la preuve qu’ils peuvent en peu de temps rassembler plusieurs
milliers de personnes, voire dizaines de milliers de personnes. Les randonnées sont un moyen
d’exhiber la puissance du ralliement à cette cause. Mais les randonnées sont également une
façon pour les élus d’étouffer le mouvement. A quoi bon travailler pour parvenir à satisfaire
les revendications puisque les patineurs ont tout loisir de patiner librement durant les
randonnées.
Pour continuer à exercer une pression, Stephan Imm s’investit afin d’ouvrir les zones 30 aux
patineurs. Berlin compte beaucoup de zones 30, mais les rollers ne sont pas encore autorisés à
les emprunter. Les revendications sont de les utiliser, mais supposent également de les
réaménager car elles comportent beaucoup de pavés et dos d’ânes.
Le projet de l’été 2001 est d’obtenir la fermeture des rues peu passantes : cinq rues sont
prévues d’être fermées à la circulation automobiles les week-ends et ouvertes pour les vélos,
rollers, piétons. Elles ont été choisies dans plusieurs arrondissements. Des panneaux doivent
être mis en place et une communication doit se faire afin d’obtenir le respecter de
l’interdiction. Ce projet a suscité des discussions dans les arrondissements et contribue en ce
sens à sensibiliser les résidents à ces questions d’espaces urbains ouverts au loisir et aux
déplacements non professionnels. Si l’expérience se révèle être un succès, elle devait être
généralisée l’été suivant.
D’autres formes d’actions sont prévues comme celles de bloquer les rues en pleine journée et
de manifester selon les formes traditionnelles (banderoles, blocage de la circulation en pleine
journée).
Comme Sexauer, Stephan Imm se bat pour obtenir le réaménagement du Code de la Route
afin d’établir une meilleure cohabitation entre les différents modes de transports.
Historiquement, la prédominance de la voiture en ville est apparue à la moitié du 20è siècle.
Selon Imm, les comportements et mentalités ont évolué et de plus en plus de voix s’élèvent
pour demander que les pouvoirs publics marquent un point d’arrêt à cette tendance. Il ne
s’agir pas d’entrer dans un conflit entre usagers : force est de constater qu’un grand nombre
de patineurs sont également des automobilistes. Ceci devrait favoriser le dialogue et les
accords pour des actions ponctuelles.
La Berlin Parade n’est pas financée et Imm s’oppose à toute forme de commercialisation de la
randonnée. Ce sont uniquement des partenariats au niveau des revendications qui sont
négociés afin de financer l’édition des flyers sur lesquels sont inscrits les revendications.
La position des élus politiques
La position des Grünen
Entretien avec Winfried Hermmann, membre des Verts et du Parlement fédéral allemand,
vice-président de la commission de l’environnement et représentant de l’alliance 90 de la
politique sportive30.
S’intéresse depuis 20 ans aux rollers et depuis 3 ans en tant que représentant des Verts.
Historique de la politique du roller
Comment le phénomène Roller est apparu comme un objet de gestion et de politique urbaine ?
Depuis une dizaine d’années maintenant, dans toute l’Allemagne, mais à l’Ouest plus
particulièrement, le roller est devenu une véritable mode, un moyen de déplacement alternatif
30
Réalisé par Anne-Marie Waser le 21 juillet 2001 à Berlin.
Etudes & Conseil
Annexes du rapport La ville à l’heure du roller
MATE / ADEME
42
et un nouveau sport ou un loisir familial. Dans les années 80, le patin à roulettes à 4 roues a
connu un succès, mais qui n’est pas comparable à celui du roller in line. Les municipalités ont
construit des skate-parks afin de permettre la pratique des jeunes. Donc, depuis 20 ans,
l’Allemagne connaît ce phénomène de mode sportive et de loisir. C’est devenu naturellement
un thème politique lorsque les jeunes ont commencé à rouler sur les routes et qu’il y a eu des
accidents.
Les différentes initiatives politiques, les consultations, les problèmes techniques et politiques
soulevés par l’émergence du phénomène dans les villes allemandes
J’ai été pendant 20 ans professeur de sport à Stuttgart et j’avais développé un programme pour
le skate. Dans le cadre de mes responsabilités, j’avais étudié cette question. A Berlin, le
phénomène est devenu vraiment massif avec le succès sans précédent des roller-parades, la
Blade Night notamment, qui est devenue, l’été 2000, vraiment énorme (60 000 patineurs).
Ce succès s’explique par le fait qu’à Berlin les trottoirs sont en très mauvais état et qu’il y a
peu d’endroits adaptés et protégés pour la pratique du roller de loisir. Les patineurs veulent
rouler sur les routes : les randonnées sont donc des moyens de les satisfaire. Dans les
faubourgs de Berlin, les rues peu passantes sont en terre battue, comme d’ailleurs la plupart
des allées des grands parcs publics.
Jan Philipp Sexauer a lancé la BNB avec des revendications politiques. Nous avons donc été
directement interpellés.
Cette randonnée a connu un certain nombre d’éditions au cours de ces trois dernières années.
C’était un succès populaire, mais personne ne s’en est vraiment occupé. Sexauer a tout porté à
bout de bras tout en sollicitant le Ministère responsable de la circulation afin de définir un
modèle urbain.
Au nom des Verts, j’ai lancé en 2000, au niveau du Parlement, une consultation sur ce
thème31 qui a rassemblé tous les experts allemands sur cette question : Jan-Philipp Sexauer,
organisateur de la BNB, Renate Künast, présidente de parti et représentante de l’association
allemande de la circulation urbaine (Verkehrsclubs Deutschland), le lobby automobile
(Allgemeinen Deutschen Automobilclubs, ADAC), le lobby cycliste (Allegemeinen
Deutschen Fahrradclubs, ADFC), l’association des piétons (Fuss e.V) ainsi que des
représentants politiques. Il en est ressorti qu’à Frankfort il y avait un projet novateur pendant
deux ans prévoyant d’étudier les comportements des patineurs intégrés à la circulation
automobile. Les rollers ont pu circuler sur la chaussée dans un certain nombre de zones 30 des
différents arrondissements de la ville. Le constat est 1/ qu’il y a eu, dans un premier temps,
plus de patineurs qu’auparavant ; 2/ que les rollers ont roulé partout, sur la route, les trottoirs,
les pistes cyclables, 3/ il y a eu des accidents. Mais après cette phase, il y a eu un déclin car
les zones ouvertes aux rollers dans les arrondissements étaient trop courtes et ne
correspondaient pas à des déplacements que voulaient faire les gens.
Un autre projet à eu lieu à Cologne avec un président de région très novateur qui a voulu
favoriser toutes sortes de manifestations sur la voix publique (supporter de football, lobbies
automobiles, etc.). En tant que représentant des forces de l’ordre, il a utilisé son autorité pour
fermer les routes à la circulation automobile et les ouvrir aux rollers et aux piétons. Et il y a
plein d’autres initiatives de ce type qui ont été prises par des maires ou des présidents de
région, mais aussi par des associations.
Nous avons décidé de prendre encore deux ans pour faire le recensement de toutes les
initiatives et projets allemands sur cette question avant de faire des propositions32.
31
Sous forme de cassettes audio, le résultat de cette consultation n’est pas encore disponible.
T. Hermann nous suggère d’écrire au Verkehrs Minister et de demander les résultats de cette étude à
l’automne 2001.
32
Etudes & Conseil
Annexes du rapport La ville à l’heure du roller
MATE / ADEME
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Nous devons nous servir de la BNB et de sa popularité, en la relançant, comme moyen de
pression politique. Nous discutons afin de voir comment la relancer.
Solutions trouvées pour répondre à ces problèmes
Tous les experts sont d’accord pour dire que le roller est un loisir urbain mais aussi un moyen
moderne de transport utilitaire comme l’a été et l’est toujours le vélo. Mais ils déplorent
l’absence de règles. En Allemagne, les rollers circulent sur les trottoirs, mais la
réglementation l’interdit car ils vont plus vite que les piétons. Mais, la police ne les verbalise
pas. Les rollers sont également interdit sur la chaussée et sur les pistes cyclables. Ils ne sont
donc autorisés nul part. Evidement le fait qu’il n’y ait aucune règle arrange un certain nombre
de patineurs : ils se sont baptisés les « in line, out law ». Les experts s’accordent pour dire que
lorsqu’il y a des zones 30, les rollers peuvent rouler sur la route, mais des zones doivent être
plus étendues. Comme Sexauer le demande, et beaucoup sont d’accord pour dire que,
lorsqu’il y a des pistes cyclables, les rollers doivent les emprunter et, lorsqu’il y a des zones
30, les patineurs peuvent utiliser la chaussée.
Autoriser les patineurs sur la chaussée est trop dangereux car la différence de vitesse avec les
voitures est alors trop grande et la qualité du freinage des rollers est bien plus mauvaise que
celle des vélos. Il faudrait donc pouvoir établir des règles adaptées aux équipements des villes
et ne pas chercher à établir des règles valables pour toutes les villes allemandes ou
européennes.
A Stuttgart par exemple, beaucoup de rues dans les quartiers résidentiels sont des culs de sac.
Elles sont donc naturellement des aires où les patineurs peuvent aller en relative sécurité. Ce
n’est pas le cas de Berlin où les rues sont presque toujours des axes de circulation y compris
dans les quartiers résidentiels. Les propositions d’aménagement doivent tenir compte de la
spécificité des villes. On trouve de nombreuses initiatives locales. Dans beaucoup de villes,
les maires ferment certaines rues à la circulation automobile le week-end et le mercredi soir
par exemple afin de permettre aux patineurs et aux vélos de sortir en tout sécurité pour leur
loisir. C’est une façon d’habituer les gens au fait que la route n’est plus exclusivement
réservée aux voitures, mais aussi un terrain de jeu.
Aménagements et équipements dédiés au roller
En Allemagne, les pistes cyclables sont très étroites et sont aménagées la plupart du temps sur
les trottoirs. Les dépassements entre cyclistes et rollers se passent plutôt mal car le patineur
prend beaucoup de place en largeur et ne freine pas aussi puissamment que le vélo. Les
revêtements des pistes sont mauvais d’autant qu’elles sont souvent couvertes de briques ou de
dalles ce qui n’est pas favorable aux rollers.
Il y a aussi aujourd’hui beaucoup de « chemins verts » dans les banlieues à la disposition des
patineurs et cyclistes qui sont une reconversion des chemins agricoles créés dans les années
60 pour que les paysans puissent rejoindre leurs champs.
Au niveau des revêtements des pistes cyclables ou des zones 30, nous devons aussi agir pour
qu’elles ne soient plus systématiquement pavées. Le pavé a l’avantage de faire comprendre à
l’automobiliste, par le bruit des pneus et les vibrations au niveau de la direction, qu’il doit
ralentir. C’est un repère, ainsi que les dos d’ânes dans les zones 30. Mais les pavés et dos
d’ânes ne sont ni favorables aux rollers, ni aux vélos, ni aux piétons, ni pour les landeaux et
sac de course. En plus, ces revêtements sont chers.
Etudes & Conseil
Annexes du rapport La ville à l’heure du roller
MATE / ADEME
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Profil des adeptes du roller
Au début de cette mode c’était surtout des jeunes (15-30 ans) qui sortaient patiner en ville.
Mais aujourd’hui, les patineurs ont entre 10 et 70 ans.
Evaluation de leur nombre
Nous n’avons pas de statistiques précises, ni d’enquête au niveau national, ni local. Nous
n’avons que les chiffres de vente de patins et l’évaluation faite par la police des patineurs de
la BNB. A partir des évaluations de la BNB, on peut penser qu’à Berlin il y a 200 à 300 000
personnes qui ont des patins in line.
Mesure des conflits de cohabitation avec les autres modes (piétons, cyclistes, VP)
A Berlin, depuis la réunification, les habitants sont habitués aux travaux et donc aux rues
bloquées, fermées et aux changements de sens de circulation. Les Berlinois sont également
habitués aux nombreuses manifestations populaires et politiques qui ont lieu sur les larges
avenues. Il y a une sorte de tolérance ou de résignation de la part des automobilistes lorsque
des rues sont fermées aux automobilistes et ouvertes aux manifestants, vélos ou aux rollers.
En règle générale, les cyclistes et les rollers ne respectent aucun panneau ou signal de
circulation. Ils se faufilent entre les voitures. On voit assez peu de patineurs sur la chaussée
puisque les trottoirs sont assez larges. Il y a peu de conflits ouverts entre automobilistes et
patineurs. Mais ce sont les patineurs qui prennent les plus gros risques, donc ils sont très
attentifs pour éviter les obstacles.
Il n’y a pas de gros problèmes entre les cyclistes et les patineurs car les patineurs n’utilisent
presque pas les pistes cyclables beaucoup trop étroites pour eux et très peu pratique.
Evaluation du roller comme mode de déplacement urbain
On peut évaluer à 10% le nombre de patineurs qui utilisent les rollers comme moyen de
transport. On évalue à 12% en Allemagne, le nombre de cyclistes qui se servent de leurs vélo
comme moyen de transport utilitaire. Notre objectif est de doubler ce nombre dans les 10
prochaines années.
Pour le roller il y a encore des problèmes techniques à résoudre : le changement de patin pour
les chaussures est un frein au développement. L’interdiction faite de rouler en patin dans les
transport en commun est aussi un frein. Le fait qu’il y ait beaucoup d’escalier pour passer du
U-Bahn au S-Bahn par exemple n’encourage pas les gens à prendre les rollers pour aller au
travail. On se bat aussi pour que les panneaux d’interdiction des rollers soient enlevé dans la
plupart des lieux publics.
Le roller pourrait devenir un moyen de transport, mais seulement si les conditions de pratique
s’améliorent : plus de zone 30 notamment. Nous avons un grand plan d’aménagement des
pistes cyclables sur la chaussée en chantier. L’idée étant de mettre le plus de pistes cyclables
possible sur la chaussé pour faire diminuer la vitesse des voitures. Quand se projet sera
réalisé, la place pour les rollers se fera alors plus naturellement. Le but étant de baisser la
vitesse de déplacement sur la chaussée afin que voitures, cyclistes et rollers se déplacent à des
vitesses comparables. Il y aura donc moins de collisions et d’accidents.
Le roller comme moyen de transport ne présente pas les mêmes avantages que le vélo. En
temps de pluie les rollers ne sont pas adaptés. Le patineur doit aussi avoir ses protections.
Les représentants des associations de vélos et de piétons souhaitent que des zones pour les
patineurs soient aménagées sur la chaussée car elles contribueront alors à faire baisser la
vitesse des voitures. L’objectif de ces associations est de réduire le nombre de moteurs à
exposition en circulation dans les villes et de diminuer la vitesse de circulation.
Etudes & Conseil
Annexes du rapport La ville à l’heure du roller
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En Allemagne un habitant sur deux à une voiture quelque soit l’âge. On compte actuellement
42 millions de voitures particulières pour 80 millions d’Allemands.
Berlin est une ville très bien équipée en moyen de transport public. A Berlin sur 3 Berlinois, 2
seulement on une voiture : 1/3 des berlinois n’ont pas de voiture.
Projection sur l’avenir du roller
Les questions que vous vous posez aujourd’hui concernant le roller
Il faut que les projets et expérimentations se généralisent dans les villes et que les pouvoirs
publics prennent la décision de fermer un certain nombre de rues et de favoriser la pratique
sur les grandes places. Il est aussi nécessaire que les jeunes apprennent à faire du patin à
l’école.
L’appréciation du degré d’acceptation par les usagers des contraintes d’aménagement et de
sécurité
Les règles seront acceptées et respectées si elles sont praticables par les patineurs.
La position du SPD
Thomas Kleineidam, avocat, membre du SPD siégeant à la chambre des députés de Berlin33.
S’intéresse aux questions du roller depuis quatre ans, d’abord dans sa circonscription
(Spandau), puis pour la Chambre des députés. Il pratique depuis deux ans et participent aux
randonnées.
Comment le phénomène Roller est apparu comme un objet de gestion et de politique
urbaine
Le roller est devenu une question politique quand le nombre de pratiquants a augmenté.
Depuis six ans environ il est devenu un sport de masse qui se pratique en zone urbaine. La
BNB avec ses 50 000 participants a beaucoup contribué à la visibilité de ce phénomène.
Le développement de la pratique du roller a posé plusieurs questions politiques : les patineurs
veulent de meilleures conditions de pratique et plus de place sur les voix de circulation. De
l’autre coté, certaines association d’automobilistes contestent le fait que la BNB soit une
manifestation : pour eux, la BNB est davantage un loisir ou un amusement et moins une
manifestation revendicative. Elle ne devrait donc pas avoir lieu sur la chaussée. On a
actuellement les mêmes discussions avec la Love Parade où l’aspect festif l’emporte sur
l’aspect revendications : des voies s’élèvent contre ce genre de regroupements qui génèrent
bruits, pollutions, casses, déchets, etc.
Les politiques se sont donc penchés sur les revendications de ces mouvements populaires.
Problèmes techniques et politiques soulevés par l’émergence du phénomène
Les problèmes essentiels touchent les questions de cohabitation entre les différents usagers
des voies de circulation et l’insécurité que ressentent les patineurs qui ne sont désirés ni sur
les pistes cyclables, ni sur les trottoirs, ni dans sur la chaussée. L’objectif pour nous est
d’étudier les différentes possibilités pour une meilleure cohabitation.
Les problèmes techniques se situent au niveau de la qualité de freinage des rollers, de
l’éclairage des patineurs la nuit, de leur confort lorsqu’il pleut, le revêtement et la largeur des
pistes cyclables, etc.
D’autres freins concernent les conditions climatiques : le vélo s’adapte mieux à la pluie alors
que la pratique du roller sous la pluie augmente encore les risques de chutes et notamment sur
33
Entretien réalisé par Anne-Marie Waser le 18 juillet à la Chambre des députés de Berlin.
Etudes & Conseil
Annexes du rapport La ville à l’heure du roller
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les pistes cyclables qui en automne et en hiver sont parfois couvertes de feuilles mortes des
arbres.
Solutions trouvées pour répondre à ces problèmes
Il y a relativement peu de patineurs qui ont un niveau suffisant de pratique pour affronter la
circulation urbaine. La question du roller comme moyen de déplacement alternatif est très
récente. Jusque là, le roller était essentiellement un nouveau loisir urbain pour les jeunes et les
adultes.
Aujourd’hui, les jeunes qui ont appris avec leur parents ou seuls, il y a 5 ou 6 ans, quand cette
mode a commencé, ont aujourd’hui 12 ou 15 ans et possèdent un très bon niveau de patin. Ils
n’ont aucune appréhension et sont aussi à l’aise sur leur patin que sur un vélo. Nous devons
donc considérer que le roller devient, comme le vélo, un mode de transport alternatif pour les
jeunes générations. Si on considère les adultes, la question se pose différemment car ils ne
maîtrisent en général pas très bien le freinage et sont donc en danger eux-mêmes et
représentent également des dangers pour les autres usagers. Beaucoup d’attitudes négatives
des automobilistes et des piétons envers les rollers s’expliquent par le fait que les adultes
débutants ne sont pas vraiment maîtres de leur roller et provoquent des collisions ou
accidents. Dans la presse berlinoise on a même vu certaines conclusions d’articles qui visaient
à dire que les patineurs devaient d’abord apprendre à freiner, puis seulement on pourrait
commencer les discussions.
Au niveau des lois, le code de la route est une affaire nationale qui ne dépend pas de nous.
Nous ne nous occupons que des questions d’aménagements et de planification au niveau de
Berlin. Au niveau national il y a des recherches en cours sur les usages afin de décider sur les
orientations à prendre au niveau aménagements concrets. Sur propositions des groupes du
SPD et du CDU de la chambre des députés de Berlin, le Parlement vote une motion en avril
2001 qui consiste à ouvrir de mai à octobre, durant le week-end, certaines rues et zones 30
aux rollers.
Définition des enjeux pour la ville
Berlin réunifié qui compte 3,4 millions d’habitants est devenue une capitale et doit donc
repenser son système de transport en commun de proximité avec un trafic quotidien qui a
augmenté. Les nouvelles immatriculations de véhicules ont augmenté de 1995 à 2000. Or
nous voulons renforcer les réseaux de transport en commun, car la sécurité des déplacements
urbains ne repose pas sur le développement du réseau routier. On l’a constaté, l’élargissement
des routes ouvertes aux automobiles ne fait qu’accroître le trafic automobile et créer des
désagréments (baisse la qualité de vie, frein de l’activité sociale). Nous devons optimiser le
trafic des voitures particulières et augmenter encore le nombre de zones 30 : ¾ des 5 100 km
de route à Berlin sont déjà en zone 30. Le réseau de pistes cyclables s’accroît. Tous les
arrondissements à l’ouest ont des pistes cyclables. En 1990, on compte 560 km de pistes. Les
arrondissement à l’est commencent à en faire. On devrait atteindre 800 km de piste (sur 5 400
km de route à Berlin)34. La ville créé des facilités pour les cyclistes : ils peuvent prendre leur
vélo dans les transports en commun (U-bahn et S-bahn). Le renforcement de cette politique
contribue à améliorer la qualité de vie. Les rollers s’inscrivent dans cette ligne, mais la
reconnaissance de ce nouveau moyen de transport ne se fait que progressivement en raison de
plusieurs freins (techniques, sécurité).
34
Statistiques fournies par le service « développement de la ville » : http://www.stadtentwicklung.berlin.de
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Annexes du rapport La ville à l’heure du roller
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Evaluation des coûts d’investissement et de fonctionnement
A Berlin nous avons actuellement de grosses difficultés financières. Nous pouvons faire des
vœux, mais les chances qu’ils aboutissent sont faibles. Nous avons 40 milliards de marks de
dépenses par an et nous recevons de l’Etat et des régions des revenus qui ne couvrent pas nos
dépenses, nous avons un déficit de 10 milliards de mark par an. Nous avons aussi comme
objectif de ne plus générer de dette publique. Il faut donc trouver des solutions de
cohabitation entre les usagers sans générer de lourdes dépenses d’équipement ou
d’aménagement. Bien entendu, dans les quartiers en construction nous pouvons intervenir afin
qu’il y ait des équipements ou aménagements plus conformes à la pratique du roller (pas de
pavés, pas de marche d’escalier) et également lorsque des trottoirs ou des pistes cyclables sont
refaites à neufs, notamment dans les quartiers qui sont à l’est et dont l’état est vraiment
mauvais.
Les discussions politiques se poursuivent, mais toutes les décisions sont actuellement
différées, car nous avons de nouvelles élections en octobre pour une nouvelle majorité au sein
de la ville.
Profil des adeptes du roller
Il y a trois catégories de roller actifs :
1/ ceux qui les utilisent comme moyen de déplacement : ils sont minoritaires (quelques
pourcents seulement) et bien moins nombreux que les cyclistes. Ce sont ceux qui ont un très
bon niveau de patin : ils n’ont pas de difficulté sur les mauvais revêtements et maîtrisent
parfaitement le freinage. Ce groupe pourrait s’accroître si les conditions de pratique
s’amélioraient.
2/ le groupe le plus nombreux est celui qui rassemble les adeptes des randonnées urbaines et
qui pratique le roller comme un sport de loisir, de détente,
3/ le groupe de patineurs adeptes de la vitesse qui participent aux clubs sportifs et font de la
compétition (marathon, semi marathon).
Evaluation de leur nombre
Les organisateurs de randonnées et la police ont des statistiques sur le nombre de participants.
La BNB comptait jusqu’à 60 000 participants. On peut discuter ce chiffre longuement, mais
une chose est certaine est qu’ils sont nombreux. Les chiffres de vente de patins dans les
magasins sont de 200 000 paires vendues au cours des deux dernières années. Ce chiffre
semble lié à la BNB, car depuis que cette randonnée n’a plus lieu, les gérants de boutique de
roller se plaignent de la chute importante de leurs ventes. Ce n’est pas un phénomène
minoritaire puisqu’ils ont été plusieurs dizaine de milliers à se rassembler pour leur
manifestation.
Mesure des conflits de cohabitation avec les autres modes : Piétons, Cyclistes, VP
Les problèmes de cohabitation sont essentiellement liés à la différence de vitesse entre les
usagers qui créer de l’insécurité. La cohabitation avec les associations de cyclistes suscitent
beaucoup de discussions. Certains pratiquants de roller sont très jeunes et même s’ils ont un
bon niveau de pratique et maîtrise parfaitement leurs patins, on ne peut pas les mettre sur la
chaussée. Il n’y a pas seulement une question de vitesse de déplacement, mais aussi une
question d’âge, de maturité et d’appréhension des dangers.
Les associations d’automobilistes sont systématiquement contre le fait de voir les rollers sur la
chaussée. L’utilisation des voix des bus est également dangereuse mais a l’avantage d’être
moins fréquentée que la chaussée.
Etudes & Conseil
Annexes du rapport La ville à l’heure du roller
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Evaluation du roller comme mode de déplacement urbain
Le roller pourra devenir un moyen de transport alternatif, mais beaucoup doit encore être fait,
notamment au niveau des pistes cyclables (augmenter la largeur, accroître le réseau, etc.). On
pourra alors augmenter le pourcentage de patineurs.
Projection sur l’avenir du roller
Le fait que Berlin attire beaucoup de jeunes au niveau des emplois concours en faveur du
développement des moyens de transport alternatifs (vélo et roller). Lorsqu’ils viennent
s’installer dans la ville, les jeunes n’ont souvent pas de voiture et prennent l’habitude de se
déplacer avec les transports en commun et les moyens alternatifs. Les jeunes sont un vecteur
important : ils contribuent à faire changer les mentalités et les comportements.
Les caractéristiques des lieux urbains les plus favorables au développement de sa
pratique
A l’extérieur de la ville, il y a des pistes réservées aux vélos, rollers et piétons. Elles sont
souvent saturées lorsque le temps est beau. On devrait donc en construire d’autres. En ville, il
y a de grandes places et de larges trottoirs. Enfin, les randonnées urbaines offrent une
occasion de patiner en toute sécurité sur la chaussée.
Les nouveaux moyens réglementaires et les aménagements futurs prévus pour le roller
Ils se situent au niveau des zones 30
L’appréciation du degré d’acceptation par les usagers des contraintes d’aménagement et
de sécurité
Si les aménagements sont favorables à la pratique des patineurs, ils les respecteront. Il faut
pour cela multiplier les discussions avec les associations et les organisateurs de
manifestations.
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Annexes du rapport La ville à l’heure du roller
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Annexe 5 – Le roller à Rennes
Le contexte de la ville de Rennes
205.000 habitants. Communauté urbaine (36 communes, 350.000 habitants). Ville
« laboratoire », sociologiquement dans la moyenne des villes françaises. Ville pionnière en
matière d’urbanisme opérationnel et d’innovation architecturale. Important plateau piétonnier
(12 km de rues). Ville étudiante (55.000 étudiants, appareil de recherche et de formation très
diversifié). Campus excentré par rapport au centre ville. Patrimoine : qualité de son
environnement urbain (architecture homogène du 18ème siècle) et des événements culturels
reconnus (festival de rock). Métro VAL mis en service en 2002.
Le roller est pris en compte à la fois par le service des Sports et dans la politique des
déplacements alternatifs.
Historique de la politique du roller
La glisse urbaine sur Rennes pose des problèmes :
- un problème d’espace pour les débutants ;
- un problème d’accessibilité des équipements ;
- un problème réglementaire (demande de manifestation sur la voie publique pour la
randonnée du jeudi soir).
- un problème de cohabitation : conflit de voisinage entre les riverains et les rolleurs qui
occupent un spot (pollution sonore, phénomène d’écho répercuté par l’environnement
minéral sur la dalle de l’Arsenal, notamment)
La randonnée du jeudi soir qui remporte un certain succès, vient d’être officialisée. L’arrêté
municipal daté du 5 juillet 2001 (en réponse à la demande de Rennes Roller datée du 23 mars
2000) fixe les règles : il autorise la tenue hebdomadaire de la randonnée urbaine qui occupe la
voie publique dans un créneau défini ; il responsabilise les membres de l’association Rennes
Roller (dont les encadrants sont bénévoles). Cette autorisation permet à l’association la
promotion de la randonnée, la recherche de sponsors et donc le financement (des frais
matériels d’encadrement - tee-shirts distinctifs et surtout des frais d’assurance Responsabilité
civile qui couvre les participants des torts qu’ils peuvent causer à un tiers (800F par an pour la
responsabilité civile + 300F pour chaque encadrant)
La création d’un emploi jeune à plein temps, brevet d’Etat (monitorat de rolleur), a pour
objectif d’initier à la pratique du roller. Il est présent dans les salles de sport et l’été sur les
sites disséminés dans la ville où il fait des animations de rue.
Pour l’instant, il n’y a aucun nouvel équipement prévu pour le présent mandat, même si on
constate un engouement réel du public pour cette pratique.
Etudes & Conseil
Annexes du rapport La ville à l’heure du roller
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Equipements et manifestations
Deux types de lieux utilisés par les rolleurs :
-
Les grands axes au centre ville. Dans la journée, c’est difficile en raison de la présence des
VP ; dans la soirée, après 20 heures, il y a moins de voiture (cf la randonnée du jeudi soir)
-
Les espaces dédiés aux différentes disciplines mais qui sont situées à la périphérie de la
ville
Equipements spécifiques :
- le bowl de Long-Champ (construit en béton, dont la qualité technique n’est pas terrible,
qui est à la fois dangereux et peu difficultueux)
- la maxi rampe des Chalets (4 m de haut)
- une piste de vitesse (qui est en bois, dont l’accès est libre et qui a subi des déprédations –
début d’incendie)
- le Parc de loisirs des Gailleuls : une rampe semi couverte très fréquentée, mais difficile
d’accès (zone de loisirs, y aller en voiture, terrain gravillonné…) et monopolisée par les
sportifs (les débutants sont exclus)
- l’équipement André Frénay, petits modules, consacrés aux loisirs
Caractéristiques des lieux en ville les plus propices à la pratique du roller :
- L’Arsenal près de la cité judiciaire, dalle de granit très résistante, à laquelle on accède par
un escalier, quartier de construction récente, zone mixte habitations/bureaux, conflit de
cohabitation (22% de fréquentation)
- Place Hoche au centre ville, au niveau de la chaussée, sol en granit, parking en souterrain,
fréquentée par les jeunes (12/15 ans), fonction d'animation locale du roller (20% de
fréquentation)
- Gare sud : parking assez vaste au dessus duquel se trouve une dalle (fréquentée par des
jeunes : moins de 16 ans (10% de fréquentation)
- Dalle du Colombier (très récent, ça vient d’être refait) : propice à la pratique du street
(esplanade + nouveaux bancs)
- Parc de Loisir des Gailleuls : 6% de fréquentation
- Deux salles de sport (revêtement en résine, salle de 44m/24m – surface équivalente à une
salle de baskett) : Les Chalets (8 % de fréquentation) et Felix Masson (20% de
fréquentation)
La randonnée du jeudi soir = 25 km durant 2 heures 30 à 3 heures
Evénement : Rennes sur roulettes (course en roller organisée dans les rues de Rennes) =
30.000 spectateurs en juin 2001
Etudes & Conseil
Annexes du rapport La ville à l’heure du roller
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Vision des adeptes
Trois types de pratiques :
1) La pratique de déplacement individuel (marginale). Ne fait pas l’objet d’une politique
particulière.
2) La randonnée roller du jeudi soir (20 km, entre 20h30 et 22h30/23h, 5 itinéraires
différents). Problème de son officialisation, c’est à dire à la fois de son autorisation par la
mairie (qui a le pouvoir de police sur la commune) et par la préfecture (à titre de
manifestation sur la voie publique, et de manifestation hebdomadaire avec changement
d’itinéraire). L’autorisation par la mairie vient d’être délivrée (la mairie avait deux
craintes : le risque pour les randonneurs et pour les tiers); il reste à obtenir l’autorisation
annuelle de la manifestation hebdomadaire sur les 5 itinéraires retenus.
3) La pratique sportive en club. Renvoie aux équipements spécifiques. Fait l’objet d’un
emploi jeune (brevet d’Etat de moniteur de roller)
Le roller concerne surtout les jeunes. On dispose de peu d’études sur le nombre ou la qualité
des rolleurs. On sait néanmoins que toutes pratiques confondues :
- 46,5% ont entre 10 et 15 ans
- 14% entre 15 et 20 ans
- 39,5% ont plus de 20 ans (essentiellement ceux qui participent à la randonnée du jeudi
soir).
Il y a une demande de la part des plus jeunes pour un lieu couvert.
Associations
Rennes rollers est une association d’associations.
- le club de l’ATA (la tour d’Auvergne)
- le REC roller
- l’Aco skate club
- l’Evol’ (steeter)
le roller = une pratique plus stigmatisée que le vélo (jeunes, tenue vestimentaire…). Certains
rolleurs évoluent vers le skate ou le BMX.
Mesure des conflits avec les autres modes
Pour les moins de 25 ans, il y a un conflit avec les voitures.
Risque du roller sur la chaussée : ça roule vite, ça freine mal. C’est dangereux surtout entre 9
h et 11h30 et entre 14h30 et 16h.
Conflit avec les cyclistes : ceux-ci se sentent propriétaires légitimes d’équipements (PC)
qu’ils ont longtemps attendu et ils se sentent un peu dépossédés quand ils y rencontrent des
rollers qui les gênent…
Problème de l’absence de statut spécifique du roller. Et en dehors de l’absence de statut, il y a
le respect du code de la route.
Etudes & Conseil
Annexes du rapport La ville à l’heure du roller
MATE / ADEME
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On maîtrise moins sa trajectoire en roller. Le roller suppose un niveau d’expertise. Quand un
obstacle imprévu surgit, cela se traduit souvent par une chute.
Evaluation du roller comme mode de déplacement urbain
L’utilisation du roller comme mode de déplacement se fait vraiment à la marge. Même s’il
aurait plutôt tendance à croître, le vélo à Rennes est de ce point de vue une pratique beaucoup
plus développée (cf les vélos en libre service de la mairie). Et la pratique du déplacement à
titre individuel n’a pas à faire l’objet de contrôle de la part de la collectivité.
Ceux qui se déplacent à Rennes en roller sont plutôt étudiants (17/30 ans) et le font plutôt le
soir, après 20 h, sur les grands axes (avenue Janvier de la gare au centre-ville, rue du Général
Guillaud). Il y a la tentation d’utiliser les couloirs bus et les BC. Rennes a 148 km de voies
cyclables (dont quelques kms en site propre). Les BC sont d’une largeur un peu juste pour
bien contenir le rolleur, dont l’amplitude est plus importante que le vélo.
Développement du roller en développant les TCSP.
- Sur l’axe est-ouest – rive sud de la Villaine, couloir bus en site propre favorable au vélo et
roller (voie mixte prioritaire au vélo et au roller).
- Le site universitaire de Beaulieu (zone urbaine très dense, utilisation de la VP à 50%, TC
insatisfaisant (10%), 17 % des déplacements se font à vélo
Les liaisons piétonnes dans les lotissements rennais sont en stabilisé, ce qui est un frein à
l’utilisation du roller depuis son domicile.
L’avenir du roller à Rennes
Pas d’équipements prévus pour le prochain mandat. Demande de la construction d’un skateparc fermé (d’une surface de 2000m2) pour remplacer l’ancienne patinoire qui va être
détruite. Les services de la mairie doivent rencontrer prochainement un investisseur privé, qui
a déjà ouvert des skate parcs à Paris et à Caen.
Au centre ville, politique qui privilégie le piéton, les zones piétones pavées et le cachet
architectural.
Certainement une amélioration des structures existantes et développement d’autres structures,
peut-être dans le cadre de l’intercommunalité (nombre de personnes qui travaillent à Rennes
résident dans les communes avoisinnantes qui sont bien reliées : grosses communes dortoirs
situées à proximité des zones industrielles (St Jacques de Lalande, St Grégoire…).
Ces communes périurbaines présentent une forte population de jeunes à la recherche de lieux,
qui peuvent venir s’installer dans d’autres communes que celles qu’ils habitent, créer des
déprédations du mobilier urbain, changer de lieux etc.
Il est très difficile de mettre en place une politique rationnelle et cohérente face à ces
phénomènes très diffus.
Etudes & Conseil
Annexes du rapport La ville à l’heure du roller
MATE / ADEME
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Pour une politique roller :
- investir dans un lieu (lieu équipé qui éduque à la pratique, mais pratique ponctuelle qui
génère des déplacements)
- améliorer l’existant, c’est à dire le partage de la voirie (au profit des PC et des TCSP)
- développer la sécurité par l’aménagement et les campagnes d’information
L’enjeu du roller :
- Jusqu’à présent, le roller était un loisir à caractère sportif.
- Son développement génère une nouvelle perception des déplacements et change l’idée que
la VP est un moyen de liberté en ville. Donc, changer les rapports au temps, aux
déplacements, à la ville. « On ne voit pas les rues de la même manière… » ; ça permet
d’être mobile, d’exercer une activité physique et de préserver son cadre de vie.
- Rennes roller milite pour le développement du roller à Rennes et pour l’aménagement des
chemins de halage aujourd’hui en stabilisé : sur l’axe Nord/centre le long du canal de StMalo/Rennes ; sur l’axe Est/ouest, le long des rives de la Vilaine.
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Annexes du rapport La ville à l’heure du roller
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Annexe 6 – Le roller à Annecy
Synthèse des entretiens
Le contexte de la ville
-
Démographie. 52.000 habitants (recensement 99) pour la ville d’Annecy et 80.000
habitants pour l’ensemble de l’agglomération. Population stable.
-
Situation géographique et environnement paysager exceptionnels : cirque grandiose entre
lac et montagnes ; le lac urbain le plus pur d’Europe ; la proximité des stations de ski et de
la Suisse…
-
Prospérité économique : industrie traditionnelle, du tourisme et des loisirs (Salomon a son
siège dans la périphérie d’Annecy) ; taux de chômage inférieur de moitié à la moyenne
nationale ; prix du foncier voisinant ceux du 8ème arrondissement à Paris (25.000 F le m2
sur la future opération immobilière en fronton du lac)
-
Culture sportive des habitants : depuis 1975, les enfants des écoles primaires sont
sensibilisés aux sports de glisse (en plus du ski alpin qu’ils pratiquent depuis le plus jeune
âge) puisqu’ils apprennent la natation, le ski de fond, le patin à glace, l’aviron, le canoé, la
voile et tout ceci à l’extérieur de l’école. Aujourd’hui, idem pour le roller… En une
génération les sports de glisse sont ainsi devenus une véritable technique du corps.
« L’arrivée des nouveaux sports de glisse – ski parabolique, surf des neiges, roller – ne
pouvait que marcher à Annecy… ». Historiquement, le snow board relance le skate et le
roller accroche les patineurs… Pluralisme des pratiques sportives (on fait tantôt du vélo,
tantôt du roller comme on pratique tantôt le ski alpin, tantôt le ski de randonnée)
-
Le roller est pris en charge essentiellement par le service des Sports.
La politique sportive
Explosion des ventes de roller pendant la belle saison en 1996/1997
Culture du roller de réappropriation de la ville (le roller n’est pas plus agressif que la VP qui
bouffe de l’espace…)
Problèmes de cohabitation :
- sur la piste cyclable : différentiel de vitesse d’avec les cyclistes : 5 km/h vs 30 km/h (« On
est dans la même logique qu’une route : plus c’est large, plus on va vite… » ; « Mais
aujourd’hui certains rollers dépassent les cyclistes… ») ; encombrement du roller plus
important qu’un cycliste – 1,50 m, soit la moitié de la PC, un accident mortel à déplorer
sur la piste (suite à la collision entre un rolleur et un cycliste). Agressivité, jalousie,
appropriation du territoire. Les cyclistes se croyaient chez eux sur la piste. Ils supportent
mal de se voir ralentis ; ou pire, de se faire doubler par des rolleurs…
Etudes & Conseil
Annexes du rapport La ville à l’heure du roller
MATE / ADEME
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-
sur les trottoirs (mamies effrayées, qui risquent de chuter et de se fracturer le col du
fémur). En même temps, ce sont les mêmes mamies qui offrent des rollers à leur petits
enfants.
Réponses apportées :
- notion de « Promenade cyclable » préférée à celle de piste cyclable = plusieurs catégories
d’usagers aussi légitimes les uns que les autres ; empêcher l’appropriation de
l’équipement par une catégorie d’usagers ; pacifier les rapports entre usagers d’un même
lieu de promenade…
- actions de sensibilisation des jeunes = réunion organisée à la mairie devant 250 jeunes de
15 à 20 ans : « On va faire quelque chose pour vous … On ne va pas vous interdire la
ville… Il y a des lieux où vous pouvez aller. Il y a 3 lieux où vous ne pouvez pas aller : le
palais de Justice, le centre Bonlieu et le parking de l’hôtel de ville » ; « Une personne
âgée a le même angle de vue – 180 degrés qu’un enfant de 7 ans… »
- construction du bowl (coût = 2 millions de F, ouverture juin 2000). Références : Marseille
et Lausanne
- animation municipale gratuite pour former les gens à faire du roller = assurer la maîtrise
de l’engin) : pour les 8/10 ans, des sessions de 10 séances de formation pour apprendre la
base. Gros succès auprès des parents.
Projet de réglementation de la vitesse : le critère ce n’est pas l’engin mais la vitesse. Notion
de « vitesse minimum indiquée », apparition d’un nouveau type de « zone 30 »
Les équipements
θ
La piste cyclable
Fréquentation. L’été 1998, entre 2.000 et 8.000/jour (dont 8 à 14% de rolleurs). Un des 3
équipements cyclables les plus fréquentés de France (avec le canal de Bruges à Strasbourg et
la PC de l’Ile de Rée). « Je pense que la part des rollers a sensiblement augmentée depuis
1998, car ils apparaissent désormais aussi nombreux que les cyclistes ».
Les usagers : cyclistes, rollers, joggers, piétons, skaters, cavaliers
Typologie des adeptes du roller :
1) Les marcheurs ludiques (débutants debout à l’air emprunté de funambules en rupture
d’équilibre) => 5 km/h
2) Les coureurs de fond (skieurs de fond l’hiver qui prolongent avec ce mode – qui peut
être associé à des bâtons de ski - leur entraînement l’été) => ski de fond
3) Les pros de la vitesse ou les adeptes du redressing (recherche de la vitesse avec des
patins à 5 roues => 40 km/h ; position du patineur courbé, dos plat, une main derrière le
dos ou les bras en balancier) => patin de vitesse
4) Les amateurs de fitness (recherche de la détente, couples de patineurs danseurs ; mère ou
père qui pousse la poussette de leur enfant…) => patins à glaces, jogging
5) Les streeters ou les adeptes du free-style, (qui fréquentent le bowl ou s’éclatent sur le
mobilier urbain). Recherche de la transgression et du fun. Skate-board, surf des neiges
Projet de construire un anneau de vitesse (pour le patin à glace l’hiver ; pour le roller de
vitesse l’été). Pour jouir de la sensation de glisse pure : un coup de patin = 50 m franchis
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θ
Le Bowl des Marquisats (ouvert depuis mai 2000)
Le projet a mis 3 ans à être réalisé. Il y a eu juste le président du tennis club qui s’inquiétait
pour sa clientèle ou que ceci fasse de l’ombre à sa manifestation annuelle (le « Tournoi des
petits princes », plus grand tournoi mondial des moins de 13 ans). La mairie d’Annecy
travaille avec 6 représentants des adeptes (3 du roller / 3 du skate)
Exemples pris sur Marseille (où le bowl – le premier construit en France - n’a pas été
installé dans une zone industrielle, mais sur la plage du Prado) et Lausanne (la culture du
contest).
Deux critères retenus pour sa construction : vue sur le lac et près d’un arrêt de bus.
Choix du site retenu : le centre des Marquisats = un centre nautique au bord du lac et un club
de tennis au pied de la montagne…. Effet d’arène. Terrasse avec vue sur le lac. Conserver
l’intégrité du lieu et de son environnement (un rocher).
Parti pris : construire un bowl relativement difficile pour qu’il ne soit pas rapidement
dépassé. « On a pris ce qui se faisait de mieux : une piscine jusqu’à 2m60 de profondeur… ».
Décoration. Un jeune artiste, Mosca, formé à l’Ecole des Beaux-arts d’Annecy, est employé
par la mairie pour taguer le bowl. Il fait participer à son œuvre des adeptes (ne pas signer ou
revendiquer personnellement son œuvre, faire qu’elle soit réappropriée par le public et
d’abord celui pour lequel elle a été faite : les usagers du bowl. Tag : fond à damiers, univers
de BD, portrait de femme une mèche dans les yeux, un bébé dans le ventre d’une machine à
laver…
Sécurité. Panneaux de consignes de sécurité : un officiel (tagué) et un autre panneau en
langage vernaculaire (demeuré intact).
Catégories d’usagers : rollers, skaters, BMX, et même trottinettes. Profil : étudiants en classe
préparatoire, lycéens, collégiens…
Gros succès. Pas d’appropriation par une catégorie d’usagers. Unanimité des parents (« Une
première… »). Autodiscipline des usagers. Règles non écrites mais bien réelles.
Projet d’une nouvelle installation : Un mât d’éclairage pour pouvoir le pratiquer la nuit ; un
escalier ; une plate-forme (pour pouvoir monter un podium). Coût = 200.000 F
θ
Le skate parc de Sévrier
Des petits modules satellites qui égayent la piste.
Diagnostic négatif du roller comme mode de déplacement urbain
-
Le roller n’est pas assez maniable. Son usage est trop astreignant en ville.
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Annexes du rapport La ville à l’heure du roller
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-
Pratique réputée agressive du roller en ville (sous-entendu « hors la loi »)
-
Statut ambigu du roller comme mode de déplacement : ni MAP, ni vélo.
-
Echec relatif des chaussures + roller escamotables. « Le matériel n’est pas encore au
point. Il faudrait des chaussures mettables… ». Vu en Allemagne un nouveau concept de
chaussures avec une roulette qui se clipse dans le talon, qui permet à la fois de marcher et
de rouler quand l’état des trottoirs et le contexte urbain le permet.
-
La trottinette est plus adaptée en ville, même si ses adeptes paraissent encore un peu
ridicules.
PDU : les projets de BC et PC en site propre au centre ville doivent permettre d’utiliser plus
facilement le roller qu’aujourd’hui. Par contre les couloirs de bus n’acceptent pas les cyclistes
au motif que le vélo ralentirait le bus.
Etudes & Conseil
Annexes du rapport La ville à l’heure du roller
MATE / ADEME
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Annexe 7 – Le roller à Lausanne
Le contexte
Capitale du sport olympique au bord du lac Léman. 130.000 habitants. Zone urbaine de
260.000 habitants. La ville construite sur 3 collines, s’étage entre 700 et 300 m. Les rues en
déclivité entre 5 et 20%. Transports publics très modernes (métro, tramway, trolley…).
Culture des sports de glisse (ski, activités nautiques…)
Le roller est pris en compte à la fois par le service de la Sécurité et des affaires sportives (qui
forme un seul service) et par la délégation à la Jeunesse.
Historique de la politique du roller
1990. Emergence. Difficulté à considérer le roller comme un sport. Assimilé à un jeu
(interdiction d’utiliser la voirie des VP). Mais pratique d’utilisation du territoire, d’occupation
de la rue. Donc, d’emblée, le phénomène intéresse la police.
1993. En relation avec l’association La Fièvre (qui n’est pas une association sportive)
d’Emmanuelle Bigot, recherche d’un lieu dans Lausanne où pratiquer le roller, c’est à dire
une vraie piste. Le lieu trouvé est un bâtiment non occupé (ancienne entreprise de
menuiserie). Un contrat de prêt à usage est passé entre la mairie et l’association La Fièvre (le
propriétaire ne fait pas de frais, le locataire entretient les lieux et paye l’électricité). La
restauration du lieu a été l’occasion un programme d’occupation des chômeurs dans les
métiers du bois (construction du skate parc en bois).
1994. Organisation du premier IRCL (International Roller Contest de Lausanne). 3000
adeptes du roller occupent la rue. A ce moment là, interdiction du roller dans les transports
publics (avec une signalétique spéciale de l’interdiction). Se pose alors le problème :
comment tolèrer sur la chaussée, pas du tout prévue à cet effet, la présence du roller, sur une
topographie prisée par ses adeptes (les descentes dans la ville même).
1999. Création d’un groupe de travail, entre la mairie et l’association La Fièvre pour
l’organisation de l’IRCL.
2000. Subvention de 220.000 FS à l’association La Fièvre pour garantir l’exploitation de la
Halle (le skate parc de Lausanne) et de 150.000 FS destinés aux travaux de réfection.
20001. Après 10 ans de discussions, il n’y a toujours pas de statut légal spécifique au roller.
On s’oriente vers un statut proche du cycliste, mais rien d’officiel. Il faut un vote fédéral.
Le phénomène du roller tend à baisser à Lausanne depuis 3 ans. Le souci de la police est
d’essayer de cadrer le phénomène bien qu’elle ne dispose pas de tous les outils légaux. La
réponse de la ville consiste à gérer le phénomène au cas par cas, sans vouloir avoir une
approche globale. La ville privilégie une approche empirique et pragmatique.
Etudes & Conseil
Annexes du rapport La ville à l’heure du roller
MATE / ADEME
59
La police en Suisse, est organisée par canton. Il y a une très large autonomie de la police à
Lausanne. La police dépend exclusivement de la ville. La gestion se fait dans un rapport de
proximité. Il faut à la fois faire preuve de souplesse et de rapidité dans les réponses apportées.
Action de prévention de la police dans les écoles par la Brigade de la Jeunesse (l’équivalent
de la Sécurité routière en France avec en plus une mission de prévention de la délinquance).
Equipements et manifestations
L’avenue Doutry sert de piste de descente et le métro d’ascenseur urbain. La ville a construit
un rond-point en fin de descente, qui vaut sert aussi de « ralentisseur » au rolleur.
La halle permet des activités de roller, skat, trotinette, BMX. Elle est gérée par la Fièvre, qui
en retour s’engage à la formation et à la prévention pour les sports de roues à Lausanne.
Architecte bénévole qui conçoit et réalise les modules. Les modules en bois sont renouvelés
tous les deux ans (en raison de l’usure). Public du skate parc : 75% de moins de 16 ans. Types
de modules : curve, table, quarters, plan incliné, main courante…
Installation de 7 rampes et de modules dans certains quartiers de la ville. Les premières
rampes furent mises en place sur le site de Vidy.
Organisation de l’IRCL, d’un marathon en roller, de descentes lors de la fête d’Halloween.
L’IRCL réunit 100.000 spectateurs. Les participants aux épreuves viennent du monde entier.
Le budget d’organisation est de 700.000 FS. Philospohie des premiers organisateurs :
« liberté, apesanteur, insoumission ». Aujourd’hui, c’est devenu un événement mondial,
sponsorisé par des grandes marques (Swatch, Nescafé…) et notamment de rollers
(Rollerblade, Roces…)
L’association La Fièvre était la seule représentative jusqu’à l’an 2000. Il y a eu un éclatement
au sein de l’association. La Fièvre a une culture « alternative » qui fait que, s’ils savent
demander des subventions, ils ont du mal à rendre des comptes. De fait, leur subvention est en
baisse actuellement. Une nouvelle association est née de la scission d’avec la Fièvre : Urban
Contest. C’est elle qui a pris en main l’organisation de l’IRCL. Elle est en rapport avec la
Fédération internationale de Roller Sport, dont le siège est à Barcelone. Elle comprend les 15
« pro », sponsorisés qui vivent du roller.
Vision des adeptes
Public d’adolescent ou de pré-adolescents (pour le street ou le skate parc = 9/18 ans). Pour la
descente, un peu plus âgé (18 à 25 ans). Parfois en « semi-rupture » avec la société. Le roller
est un sport fun, un sport de glisse qui permet d’exprimer une certaine contestation. C’est un
nouveau sport où il n’y a pas d’interdit, qui est un peu hors jeu…
Typologie des adeptes : le fitness (sportifs et loisir) vs l’agressif (street – la culture du skate
board vs rampe et pipe). Sportifs sponsorisés professionnalisés vs adeptes de l’underground. Il
y a aussi le public familial qui fait tranquillement un peu de roller au bord du lac…
Les streeters s’approprient la ville par le patin, contre la VP. Il y a l’idée chez eux de la
transgression. Pour eux les automobilistes = des gens âgés. Ils recréent de l’urbanité. Il y a un
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Annexes du rapport La ville à l’heure du roller
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look : vêtements larges, short fluo, lunettes Vuarnet… Philosophie : la dérive urbaine. Guy
Debord : intégrer la critique dans le spectacle lui-même. Nouveau sport, alternative au sport
de compétition. La descente exige beaucoup d’expertise.
Les adeptes de la descente pratiquent aussi la descente de cols, la decente de piste de
bobsleigh.
Les adeptes de la trottinette : nouvelle coqueluche à l’école. Les écoles de Lausanne ont des
parc à trotinettes, des casiers à trottinettes.
Mesure des conflits avec les autres modes
Phénomène spectaculaire que de voir des rollers dévaler sur les pentes en centre ville.
Certains ont été chronométrés à 92 km/h. Tendance naturelle recherchée : de haut en bas, en
traversant à travers les voitures. Avenue Doutry = piste à tombeau ouvert => problème de
sécurité. La mairie a commencé par envoyer une lettre aux parents. Par faire de la prévention,
de l’éducation.
Quelques dizaines d’accidents sérieux. Aucun mort à déplorer en ville. Un seul dans une
descente de col (il est passé par dessus le muret dans une épingle à cheveux).
Evaluation du roller comme mode de transport urbain
L’usage du roller nécessite une bonne condition physique et une maîtrise technique. La
trotinnette est plus facile et ça freine.
Sauf les descendeurs, la plupart des gens utilisent le roller sur la promenade le long du lac.
La police a reçu la plainte du service des Transports publics qui n’admettait pas le roller à
l’intérieur des bus ou du métro. Suite à des négociations, interdiction levée en 1994.
Projection sur l’avenir du roller
En 1996, idée de baliser un certain nombre d’itinéraires à travers la ville, pour essayer la
cohabitation du roller avec les autres modes de déplacement urbain. Mais rien ne s’est fait
puisqu’il manque un statut clair du roller. Il n’est pas question que la commune engage sa
responsabilité dans ce vide juridique. Les assureurs ont un rôle à jouer, acceptant ou non
d’assurer les usagers du roller et aussi au niveau de la prévention….
Le délégué deux roues essaie de prendre en compte les déplacements à roulettes dans tout
nouveau projet urbain. Le CEP (comité des espaces publics) est sensibilisé mais il y a des
opinions qui s’opposent vivement au sein de ce comité : en gros, les partisans du pour et ceux
du contre. Ces derniers arguent d’un risque de déprédation du mobilier urbain (ça nécessiterait
sur les bancs d’installer des anneaux métalliques pour dissuader l’usage du roller) ou d’un
développement encombrant de ces pratiques…
Projet de réglementation au niveau national : vignette assurance, lumière rouge derrière,
lampe frontale. Accepter le roller sur la chaussée dans les zones 30. Légalement le roller est
considéré comme un jouet, qui à se titre doit être sur le trottoir. Tolérance à Lausanne du
roller sur la chaussée, à condition d’être raisonnable et de ne pas prendre de risque.
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Documents
LEXIQUE
(Source : Serge Rodriguez et Marion Thuriot)
Abec
Unité de mesure de l'alésage d'un roulement
Aigle impérial
Figure qui consiste à rouler les talons face à face , sur
les roues avant des patins
Alley-oop 450 to glissade arrière précédée d’une rotation de 450°. L’
soul
extérieur de la platine du patin arrière et le centre de la
platine du patin avant sont posés sur le coping.
Arabesque
Figure de patinage artistique : la jambe droite reste au
sol, la jambe gauche est montée à l'horizontale, le buste
suit le mouvement de celle-ci et se dirige vers l'avant de
manière à ne faire qu'une ligne avec la jambe.
Axel
Rotation en patinage artistique :
Baggy
Pantalon large ou très large permettant de dissimuler les
protections et laissant une grande aisance de
mouvement
Boule infernale : Figure ultra technique : en position du Christy, votre
jambe libre est repliée vers l'extérieur
Cafetière : (la)
Action de rouler en marche avant sur un appui, réalisée
accroupi sur un pied, le poids du corps est sur ce pied
(pied porteur) tandis que la jambe libre est tendue et
levée parallèlement au sol vers l'avant
Catcher
ce terme désigne deux actions totalement différentes :
une figure d’acrobatique ou de stunt qui consiste à
attraper avec les mains ses jambes ou ses patins lors de
l'exécution d'une figure ou une action « barbare » qui
consiste à s'accrocher derrière un v
Contest
Compétition hors fédération souvent le fait d’une
organisation privée et parrainée par des marques. Les
contests peuvent être amateurs ou professionnels pour le
haut niveau.
Copping
Crew
Croisé arrière
Daffy (le) :
Deadline
C’est la barre de métal de forme ronde qui court en haut
des deux extrémités d’une rampe
Equipe de patineur réunie sous les couleurs d'une
marque ou d'un club, voir aussi « Team ».
C'est le nom d'une figure de slalom dont la position est
: rouler en marche arrière. Les patins se croisent entre
chaque plot et se décroisent sur chaque plot
Le daffy est une technique qui consiste à rouler sur la
roue avant du patin arrière et sur la roue arrière du patin
avant, les deux rollers sont sur un même axe, .
ligne d’arrivée. Expression imagée, utilisée par les
descendeurs (qu’on ne vous fera pas l’affront de traduire
littéralement)
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Annexes du rapport La ville à l’heure du roller
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Double croisé
Figure de slalom qui consiste à croisé au dessus des plot
en alternant la position du croisé des pied à chaque plot
(pied gauche devant puis pied droit et ainsi de suite)
Fakir
figure de slalom consistant à rouler entre les plots sur
une jambe, l’autre étant repliée et maintenue au niveau
de la taille
Fraggle :
Figure de saut : les deux jambes sont tendues
horizontalement vers l'avant.
Grinds
toutes les figures qui s’effectuent à l’aide des grind
plates, ces plaques en métal fixées le long de la platine
pour améliorer la glisse
Invert
figure renversée sur le coping, une seule main maintient
la barre, la tête est en bas, les pieds vers le ciel
Karaté :
Coup de pied jeté latéralement, l'autre jambe repliée
horizontalement devant
Lighter
Lampe (fixe ou clignotante) qui se fixe derrière le patin
(certains le mettent à la ceinture)
Lips-tricks
des figures qui flirtent avec le coping, sans en décoller
Longboardeurs
skaters amateurs de longue randonnée ou de vitesse, la
longboard, comme son nom l’indique est une très
longue planche (étroite)
Mavericks
Patineurs indépendants et
fuyant le troupeau (à
l’origine, les bêtes non marquées du lointain Far-West)
Module
Elément de street en métal ou en bois spécialement
construit pour l'exécution des figures d’agressive
New School
Littéralement, la nouvelle école. Rider qui a commencé
directement par le in line (qui n'utilise point la wax) très
attentif à son look, il se rend sur les contests pour
prouver son niveau.
No pads
Mode, cri de guerre ou provoc qui consiste à ne porter
aucune protection
Old Shool
Vieille école. Rider qui a commencé par le quad, qui
exécute des figures simples mais impressionnantes. Le
Old school ou old mover utilise la wax et se rend au
contest pour retrouver des potes et découvrir de
nouveaux modules
Papillon
Figure de saut qui consiste à plier les jambes devant, en
tailleur
Pello
désigne un patineur stupide, un sot, un blaireau
Pépito
Le palet du hockey. On dit " taquiner le pépito "
Petite voiture (la): Action de glisser en position accroupie en ciseaux, le
poids du corps est sur le pied avant tandis que le pied
arrière est posé au sol sur la pointe, les roues avant en
contact avec le sol. La petite voiture est une figure qui
est souvent adoptée par un s
Pizza
Gamelle douloureuse, ainsi appelée parce qu’elle laisse
des traces rouges sur la peau. Voir aussi slam
Quads
Rollers équipés de roues disposées en rectangle. Les
irréductibles lui vouent un culte d’autant plus
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Annexes du rapport La ville à l’heure du roller
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intéressant que les commerciaux parient sur sa
disparition.
Rando-cabine-tel Rando sous forme de jeu qui consiste à arriver comme
un bolide vers la cabine pour faire peur aux personnes
qui téléphonent en leur laissant croire que l'on ne
maîtrise plus sa vitesse et encore moins le freinage
(gniac, gniac).
Rando-fruit
Une randonnée qui consiste à passer devant un étalage
de fruits et en prendre un au passage, une version light
des randos sacs, ou randos portables...
Rando catch :
S'accrocher aux véhicules motorisés pour se faire
tracter, abattre le plus de kilomètres possibles sans
patiner plus de dix foulées
Rock
Poser le centre des deux patins pieds parallèles,
perpendiculaire sur un angle ou une barre, figure
réalisable en quads et en in line.
Rollo
désigne les patins ou le roller, la discipline. Pur terme
New School.
Run
en contest, une prestation chronométrée où l’on essaie
de « rentrer un maximum de figures » pour séduire les
juges.
Sac à dos :
Ce terme ne désigne pas uniquement l'accessoire favori
des randonneurs mais aussi une superbe figure de saut
dont la position est la suivante :la tête et les épaules en
arrière, jambes fléchies verticalement, talons contre les
fesses.
Slam
chute, gadin, vautrage, on emploie surtout le verbe, se
slamer
Slide
le Slide désigne deux techniques différentes. En
Freinage : un braquage des roues perpendiculaire au
sens d'évolution ou un pivot. En agressive : une glisse
perpendiculaire aux roues.
Snakeboard
une planche à roulettes articulée en deux parties
Strap
Sangle amovible renforcée qui se fixe sur le coup de
pieds pour le maintenir
Stunt
synonyme d’agressive, un pratiquant est appelé un
stunteur
Tac-Tac arrière
Technique de descente très rapide d’escalier, en arrière.
Team
Equipe de patineur réunie sous les couleurs d'une
marque ou d'un club, voir aussi crew
Trick
Action d’exécuter une figure
Un pied avant Figure de slalom en marche avant sur un seul patin (un
(propulsé) :
appui). Réalisable sur l'un ou l'autre pied.
Wax
Paraffine additionnée à du silicone que l'on applique sur
le support sur lequel on veut slider pour favoriser la
glisse, empruntée au surf donc très Old School
Zoulou,
Figure de saut (catchée ou pas). Une jambe repliée
horizontalement, l’autre jambe en écart latéral, torse de
face.
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Annexes du rapport La ville à l’heure du roller
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Charte des devoirs et des droits du rolleur
(Initiative de l’entreprise Décatlhon en partenariat avec RSI, Rollermania, des clubs de rollers
et une soixantaine de magasins Décathlon dans toute l’Europe :
Devoirs
Droits
Parce que je circule en roller…
1. Je suis assuré contre d’éventuels
dommages matériels ou corporels causés à
autrui ou à moi-même
2. Je connais et respecte les codes de
circulation en vigueur sur toutes les voies
que j’utilise (PC, trottoirs, chaussée)
3. Je circule jour et nuit, toujours visible
4. Sur le trottoir, j’adapte ma vitesse à la
présence des piétons : je garde l’allure
d’un piéton qui court
5. Sur la chaussée, je ne circule que si je
maîtrise mes rollers (vitesse, trajectoire,
freinage) et reste vigilant vis à vis des
autres usagers
6. Je ne circule pas sur les axes routiers
interdits aux piétons et aux cyclistes
(autoroutes, périphériques, voies rapides)
7. Je ne m’accroche et ne me fais tirer par
aucun véhicule motorisé
8. Je ne dégrade aucun bien privé ou public
et je recpecte le mobilier urbain
9. Dans les lieux privés ou publics le
préconisant, je déchausse mes rollers
10. Dans les transports privés ou publics, je
n’accapare pas les places assises au
prétexte de mon équipement
Parce que le roller est aussi un moyen de
transport, j’attends que…
1. La ville et lkes collectivités territoriales
reconnaissent le roller comme un moyen
normal de transport non polluant
2. La ville intègre donc les pratiques du
roller au plan d’urbanisme qui s’y réfèrent
3. La ville signale l’interdiction d’accès au
roller sur les pistes et les chaussées
4. La ville signale l’interdiction d’accès du
roller dans les lieux publics et les
transports
5. La ville sécurise les accès auc lieux
publics le nécessitant par les
aménagements spéciaux pour rollers,
cycles et handicapés
6. La ville sécurise les sols des chaussées,
pistes cyclables et trottoirs pour rollers,
cycles et handicapés
7. La ville sécurise l’accès aux trottoirs par
des penstes douces normalisées pour les
rollers, cycles et handicapés
8. La ville réserve des espaces publics
gratuits pour les différentes pratiques du
roller
9. La ville facilité la pratique et les
compétitions de roller dans les
établissements d’enseignement et dans les
infrastructures sportives existantes
10. La ville maintienne le dialogue avec les
pratiquants pour mieux harmoniser les
rapports civiques
Etudes & Conseil
Annexes du rapport La ville à l’heure du roller
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Exemples d’itinéraires de la randonnée parisienne du vendredi soir :
Place d’Italie/bd de l’Hôpital/bd Saint-Marcel/bd de Port-Royal/bd du Montparnasse/bd
des Invalides/ quai d’Orsay,/bd Saint-Germain/quai de la Tournelle/quai de
Montebello/quai Saint-Michel/ quai des grands Augustins/quai de Conti/quai
Malaquais/quai Voltaire/pont Royal/av. du Général Lemonnier/rue des Pyramides/rue
Saint-Honoré/place du Palais-Royal// PAUSE//rue de Rivoli/rue de l’Echelle/av. de
l’Opéra/rue Halévy/rue Lafayette/bd de Magenta/rue du fbg Saint-Martin/rue Réaumur/
rue Beaubourg/rue du Renard/rue de la Coutellerie/quai de Gesvres/quai de l’Hôtel de
Ville/quai des Célestins/quai Henri IV/quai de la Rappée/pont d’Austerlitz/bd de
l’Hôpital/place d’Italie (9/6/00)
Place d’Italie/av. des Gobelins/rue Claude Bernard/place Pierre-Lampué/rue Gay
Lussace/place Edmond Rostand/bd Saint-Michel/place Saint-Michel/pont SaintMichel/bd du palais/pont au Change/place du Châtelet/av. Victoria/rue St Denis/ rue de
Rivoli/rue Castiglione/place Vendôme/rue de la Paix/place de l’Opéra/rue Halévy/bd
Haussmmann/rue de Rome/bd des Batignolles/place Clichy/rue d’Amsterdam/place du
Havre/rue du Havre/rue Auber/place de l’Opéra/av. de l’Opéra/place André
malraux/place Colette/place du Palais royal//PAUSE//rue de rivoli/les Guichets de
Rohan/la place et les Guichets du Carrousel/quai du Louvre/quai de la Megisserie/place
du Châtelet/bd du Sébastopol/rue Réaumu/rue du Temple/place de la République/av. de
la République/ place Auguste Métivier/bd de Ménilmontant/av philippe Auguste/place de
la Nation/rue du Fbg St Antoine/place de la Bastille/rue de Lyon/av. Ledru Rollin/place
Mazas/pont d’Austerlitz/place Valhubert/bd de l’Hôpital/place d’Italie (16/9/00)
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Annexes du rapport La ville à l’heure du roller
MATE / ADEME
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Guide d’entretien Responsables
1. Présentation
1.1 - Présentation de l’étude
1.2 - Présentation de la personne interviewée (âge, fonction, service, ancienneté dans le
poste, lien avec le roller…)
2. Historique de la politique du roller
2.1 - Comment le phénomène Roller est apparu comme un objet de gestion et de politique
urbaine (en liaison avec le contexte particulier de la ville)
2.2 - Problèmes techniques et politiques soulevés par l’émergence du phénomène
2.3 - Solutions trouvées pour répondre à ces problèmes (en termes d’organisation, de
formation, d’information, d’animation, de réglementation, d’aménagement, de
sécurité…)
3. Présentation des aménagements, équipements, manifestations (etc.) dédiées au roller
3.1 - Définition des enjeux pour la ville
3.2 - Evaluation des coûts d’investissement et de fonctionnement
4. Vision des adeptes du roller
4.1 - Définition de leur profil
4.2 - Evaluation de leur nombre
5. Mesure des conflits de cohabitation avec les autres modes
5.1 – Piétons
5.2 – Cyclistes
5.3 - VP
Etudes & Conseil
Annexes du rapport La ville à l’heure du roller
MATE / ADEME
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6. Evaluation du roller comme mode de déplacement urbain
Position défendue par la commune sur ce point :
6.1 – Si oui : Dans quelle mesure ? / Pour qui ? / Pour quel type de déplacement ?
6.2 – Si non, à quelles conditions il pourrait le devenir ? / Qu’est-ce que ça changerait
pour le PDU ?
7. Projection sur l’avenir du roller
7.1 - Les questions que vous vous posez aujourd’hui concernant le roller
7.2 - Les caractéristiques des lieux urbains les plus favorables au développement de sa
pratique
7.3 - Les nouveaux moyens réglementaires et les aménagements futurs prévus pour le
roller
7.4 - L’appréciation du degré d’acceptation par les usagers des contraintes
d’aménagement et de sécurité
7.5 - Le potentiel d’urbanité du roller et les enjeux de son développement pour la ville de
demain
Etudes & Conseil
Annexes du rapport La ville à l’heure du roller
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ENQUETE SUR LES USAGERS DU ROLLER
Enquêteur :
Date :
Types d’usagers :
Heure :
Lieu d’enquête :
Déplacement 1
Loisirs
2
Sport
3
Villes :
Paris
Rennes
Annecy
1
2
3
1. Découverte du roller
1A - Comment avez-vous découvert le roller ?
1B - Racontez-moi comment ça a commencé pour vous, quelles sont les circonstances qui
vous ont amené à pratiquer le roller ?
1C - Quelle étaient vos motivations au départ ? / Quelle est votre motivation principale
aujourd’hui ? (Si la motivation a évolué : comment l’expliquez-vous ?)
1D - Pour vous, les gens qui pratiquent le roller sont plutôt comment dans la vie (Enquêteur :
faire décrire la personnalité des adeptes du roller)
2. Description de la pratique
2A - Où pratiquez-vous le roller ? (Enquêteur : savoir si la pratique se limite à un lieu
circonscrit ou pas) et pourquoi là ?
2B - Quand faites-vous du roller ? (Enquêteur : savoir si c’est la semaine ou le week-end, à
quel moment de la journée, durant toute l’année ou plutôt à la belle saison…) et pourquoi à
cette période ?
2C – Pratiquer le roller vous permet de faire quoi ? (Enquêteur : détailler le type de
pratique : déplacement utilitaire, loisir, sport…)
2D - Avec qui faites-vous du roller ? (Seul, en famille, avec des amis, en groupe
anonyme…) et qu’est-ce que ça change pour vous que d’être seul, accompagné ou en
groupe ?
2E – Quand vous faites du roller, c’est pendant combien de temps en moyenne ?
(Enquêteur : faire évaluer la durée d’un déplacement en roller)
2F - Avec quelle fréquence pratiquez-vous le roller ? (toutes les jours, une à deux fois par
semaine, une fois par semaine, une fois par mois…) Pourquoi ?
Etudes & Conseil
Annexes du rapport La ville à l’heure du roller
MATE / ADEME
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2G - Quelle distance parcourez-vous en moyenne ? (Enquêteur : faire évaluer la distance
même approximativement)
2H - Vous arrive-t-il d’utiliser le roller en association avec un autre mode de
déplacement (métro, bus, VP…) ? Si oui, lequel et pourquoi ?
3. Appréciation de l’utilisation du roller en ville
3A - Pouvez-vous me citer tous les avantages et tous les inconvénients que présente pour vous
l’utilisation du roller en ville ? (Enquêteur : bien relancer et comprendre ce qui est important
pour l’enquêté)
3B - Au total, qu’est-ce qui fait, selon vous, l’intérêt principal
d’utiliser le roller en ville ? Pourquoi ?
3C - Quelles sont les lieux dans les villes les plus propices, selon vous, à la pratique du
roller ? Pourquoi ?
3D – Quelles sont les villes où la pratique du roller est, selon vous, la plus développée ?
Pourquoi ? (Enquêteur : faire citer des villes exemplaires)
4. Vision des autres modes
4A - Quand vous faites du roller, quels sont vos rapports avec les autres usagers de la voirie ?
4B – Où se situent, selon vous, les principaux conflits de cohabitation du roller avec les autres
modes ?
4C- Qu’est-ce qui pourrait améliorer, selon vous, les rapports entre les usagers du roller et
ceux des autres modes de déplacement en ville ?
5. Projection du roller comme nouveau mode de déplacement
5A - Pensez-vous que le roller constitue un nouveau mode de déplacement urbain ? Si oui,
pourquoi ? Pour qui ? / Si non : pourquoi ? A quelles conditions ça pourrait en devenir un ?
5B - Selon vous, le roller est de nature de se substituer à quel autre mode de déplacement ?
Pourquoi ?
5C - Selon vous, qu’est-ce qui favorise / qu’est-ce qui freine le développement du roller
comme mode de déplacement urbain ?
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Annexes du rapport La ville à l’heure du roller
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6. Signalétique des interviewés
Sexe
Age
CSP
Situation familiale
Lieu d’habitation
(ville et rue)
Hobbys
Types de
déplacements
effectués en roller
Autres de modes de
transport utilisés en
ville
θ
Observations particulières (Enquêteur : noter ce qui fait l’intérêt particulier de cet
usager)
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Annexes du rapport La ville à l’heure du roller
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Bibliographie
Adamkiewicz E. (1999), Pratiques récréatives autonomes urbaines et aménagements: des
enjeux pour l'urbanité, in Actes de l'Université Sportive de l'U.F.O.L.E.P./U.S.E.P., 1-4 juillet
1998, Carcans Maubuisson.
Adamkiewicz E. (1998), Les usages sportifs de la ville, Analyse des pratiques; Conception
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