C3 – Plancher en bois avec support de sol coulé
Transcription
C3 – Plancher en bois avec support de sol coulé
Arts de bâtir: C3 – Plancher en bois avec support de sol coulé Pays: Tunisie PRÉSENTATION Emprise Géographique Définition Plancher bois avec support de sol coulé - Structure porteuse en poutres et/ou solives de bois d’élancement et de portée variable, suivant les régions, les qualités et les caractéristiques des essences d’arbres utilisées. - Utilisation d’un coffrage (perdu ou réemployé). - Mise en place d’un appareil coulé, constituant la dalle. - Finition de la surface de la dalle laissée brute ou recouverte d’un revêtement de sol. Milieu Cantonné à sept pays de l’espace MEDA : Algérie, Chypre, Espagne, France, Maroc, Tunisie et Palestine. On constate l’utilisation courante de ce type de plancher dans tous types de milieux : urbain, rural, en plaine et en bord de mer. Étages Associés : On les rencontre au Rez-de-chaussée (lorsque celui-ci se situe au-dessus d’une cave ou d’un vide) et aux différents étages que compte la construction. En Tunisie, le recours à ce mode de construction est courant dans les régions de Tozeur et de Nefzaoua. Il se fait tant en ville qu’à la campagne et dans un milieu de plaine. Étages Associés : En Tunisie, cette technique permet de desservir le rez-de-chaussée, les étages (communément la construction ne comporte qu’un seul niveau) et aussi de servir de toiture terrasse. Illustrations Vues générales : Vues de détail : Ce projet est financé par le programme MEDA de l'Union Européenne. Les opinions exprimées dans le présent document ne reflètent p as nécessairement la position de l'Union Européenne ou de ses Etats membres. 1/6 C3 Tunisie- Plancher en bois avec support de sol coulé. PRINCIPE CONSTRUCTIF Matériaux Illustrations Nature et Disponibilité (sous quelle forme) La réalisation des différentes poutraisons tient compte de deux facteurs déterminants dans l’espace MEDA, d’une part la quantité des ressources forestières et d’autre part la nature des essences disponibles. Indistinctement en Espagne, Chypre, France et au Maroc, la réalisation du mortier de coulage se fait à base d’un mélange de chaux, d’agrégats (sable) et d’eau. Cependant, en Algérie, au Maroc et en Tunisie, il est à noter que l’on emploie de la terre battue mélangé parfois à du sable ainsi que des mortiers de terre coulée, notamment dans les anciennes médinas ainsi que dans les zones rurales. Enfin en Palestine on coule une dalle sur une poutraison réalisée en rail de chemin de fer. La finition de la dalle varie en fonction de sa destination et de la nature de la construction. Laissée brute ou recouverte d’une simple chape lorsqu’elle se situe dans un intérieur modeste ou sous comble, elle est recouverte après pose d’une chape, d’un lit de céramique ou de dalle de pierres dans le cas de constructions plus nobles. En Tunisie, - La couche structurelle est assurée par des poutraisons en bois de palmier. - La couche de support et/ou de répartition, est constituée de planches ou de stipes de palmier voir d’alfa. - La couche de remplissage est constituée de couches de terre battue damée, laissée brute ou revêtue d’argile blanc, de plâtre ou encore de tommettes en terre cuite . Principe constructif : coupe sur le plancher Modules, Dimensions, Dosages Communément, les sections de poutres varient en fonction de la qualité des bois utilisés et les élancements en fonction de la hauteur des arbres abattus. Les dimensions varient en section de 18x22 à 8x15 cm, pour des portées allant de 5,50 à 1,80 m. On retrouve ainsi une corrélation entre la distance à porter et la taille des arbres, mais aussi entre la richesse des ressources en matériaux de construction et le mode de construction. L’épaisseur des dalles de mortiers de chaux ou de terre varie en fonction des entraxes de poutre, en moyenne 0,90 cm pour des épaisseurs allant de 15 à 25 cm. En Tunisie, le franchissement est réalisé au moyen de solives de bois de palmier, disposées à intervalles réguliers d’environ 30 à 50 cm ou par des solives de section triangulaire à pose jointive. Celles-ci sont obtenues par sciage et débitage à partir du cœur du tronc. Viennent ensuite une couche de calfeutrement en alfa ou en tiges de palmier dans le cas d’un solivage jointif, ou une couche de répartition réalisée en planches à pose jointive. Enfin une épaisseur de terre battue et damée est mise en œuvre sur l’ensemble de la surface du plancher. Principe constructif : section axonométrique Type de pose Type de pose, Utilisation d'un coffrage, d'étaiement Deux systèmes coexistent : 1. La technique du coffrage perdu, dont les différents éléments prennent appuis sur la poutraison (poutres et/ou solives). Cette technique évite le recours systématique à un étaiement. 2. Le recours à la mise en place d’un complexe étaiement/coffrage bois pour la réalisation d’une dalle coulée (système du KES ou de dalle en béton). En Tunisie, aucun coffrage et étaiement ne sont nécessaires à la mise en œuvre de ces techniques constructives de plancher. Outils Outre les outils traditionnels du maçon (scie, truelle, marteau ...), aucun outil commun aux utilisateurs de cette technique n’a été signalé. Ce projet est financé par le programme MEDA de l'Union Européenne. Les opinions exprimées dans le présent document ne reflètent pas nécessairement la position de l'Union Européenne ou de ses Etats membres. 2/6 C3 Tunisie- Plancher en bois avec support de sol coulé. PRINCIPE CONSTRUCTIF (Suite) Métiers Illustrations Métier, Nombre de personnes nécessaires Dans l’espace MEDA, cette technique est généralement mise en œuvre par les maçons. Toutefois, en France, en Grèce, en Israël, au Maroc, en Palestine et en Turquie, un charpentier aux ordres du maçon collabore à la réalisation de l’ouvrage. Les équipes varient de deux à cinq personnes suivant la difficulté du travail à réaliser, notamment lors du coulage de la dalle, nécessitant une rapidité d’exécution pour une meilleure cohérence de l’ouvrage. En Tunisie, ce sont les maçons qui réalisent ce type d’ouvrage. Les équipes sont généralement composées d’un maçon et de deux ou trois manœuvres. Performances Physique (portée…) Les distances à porter vont de 2,80 m à 5,50 m. La possibilité d’augmenter les portées varie suivant les pays, l’élancement et la forme des arbres utilisés mais aussi par l’emploi de différents procédés constructifs. Dans ce sens, on peut avoir recours à la pose de poutres intermédiaires (France), ou à l’augmentation de la section de poutre (Espagne) ou encore au doublement des et au liaisonnement des poutres (Palestine) . En Tunisie, la distance à porter varie entre 2 et 3 m. Les solives en palmier sont de formes trapézoïdales ou rectangulaires. Aucun moyen traditionnel pour augmenter la portée n’a été remarqué. Principe constructif : type de pose Thermique – Acoustique Au regard des épaisseurs de dalles et de la nature des matériaux de coulage utilisés chaux, sable, terre, ce type de plancher bénéficie d’une bonne performance acoustique et thermique sur l’ensemble des pays utilisant ce mode constructif, à l’exception de la Palestine. En Tunisie, ce type de plancher présente de bonnes aptitudes calorifiques et phoniques. Toutefois celles-ci sont fonction de la barrière constituée par l’épaisseur de terre battue. Etanchéité, Protection aux intempéries (dernier étage) En Algérie, à Chypre, au Maroc, en Tunisie et en Palestine, ce type de plancher est aussi utilisé comme toiture terrasse. Dans ce cas, on à recours à la pose d’une couche d’étanchéité en surface constituée d’argile / d’argile blanche, d’une application d’un filme plâtreux sur l’ensemble de la surface à étancher ou à la pose de carreaux de terre cuite ou de pierre. En Tunisie, les moyens mis en œuvre pour réaliser l’étanchéité de ce type de plancher lorsqu’il est utilisé en tant que toiture terrasse consistent en l’application au-dessus du complexe de terre battue, d’une couche d’argile ou d’une épaisse couche de plâtre appliquée et répartie sur l’ensemble de la surface à étancher. Ce projet est financé par le programme MEDA de l'Union Européenne. Les opinio ns exprimées dans le présent document ne reflètent pas nécessairement la position de l'Union Européenne ou de ses Etats membres. 3/6 C3 Tunisie- Plancher en bois avec support de sol coulé. ASPECT, PATHOLOGIE Aspect Finition, couverture associée Communément les poutraisons sont laissées brutes, toutefois sur l’ensemb le des pays MEDA, on a aussi recours à des badigeons de chaux, des projections de plâtre ou à des décors peints. Les surfaces de dalle peuvent être laissées brutes notamment dans les combles, intérieurs ruraux ou défavorisés. Elles peuvent aussi être protégées par une chape de chaux ou, dans le cas de bâtiments plus cossus, par la pose d’éléments de terre cuite, de dalles de pierre, voire de Terrazo à partir de la fin du 19ème siècle. En Algérie, à Chypre, au Maroc, en Tunisie et en Palestine ce type de construction peut être utilisé pour la réalisation de toiture terrasse. En Tunisie, en plus des techniques mentionnées au précédent paragraphe, la finition de ce type de plancher peut être aussi laissée brute, recouverte d’éléments de terre cuite ou de lait de plâtre dans les intérieurs d’habitations. Pathologie de vieillissement Liée au matériau et aux conditions climatiques : Sur l’ensemble des pays de la zone MEDA, on constate que les principales causes de dégradations liées au vieillissement sont les insectes, les champignons et surtout l’humidité. Due au manque d’entretien notamment dans les pièces d’eau et les combles, celle-ci opère une désagrégation des mortiers de chaux et provoque le pourrissement des poutraisons. Afin d’éviter ces dégradations , on procède au badigeonnage au lait de chaux ou au plâtrage des poutraisons, ainsi qu’a la surveillance des couvertures et des risques de fuites. Dans les pays utilisant cette technique de plancher, pour la réalisation de toiture terrasse, on assiste à un vieillissement de l’ouvrage sous l’action de la pluie et de l’humidité lorsque la couche d’étanchéité, généralement en glaise n’est pas entretenue. En Tunisie, levieillissement de ce plancher (bas et haut) est lié à trois facteurs principaux : - L'humidité. Sous l’action des eaux de pluie et au manque d’entretien, on assiste à l’incurvation des sannours (solives) constituant le plancher. - Les conditions techniques d'abattage du palmier et la qualité du bois de palmier (traité et non traité). Les palmiers destinés à l'abattage en vue de les utiliser dans la construction doivent être vivants bien verts et ayant la sève courante. Ils peuvent êtres abattus à n'importe quelle saison car la sève y coule en permanence (tant qu'il est vivant et tant qu'il n’a pas servi pour l'extraction du jus de Legmi). Cette sève joue un rôle important dans la conservation du bois après l’abattage. Elle se transforme en résine, imprégnant les fibres du bois, offrant ainsi un rempart aux diverses agressions. Les palmiers destinés à l'abattage ont une taille moyenne de 9 m. Ils sont découpés au moyen d'une hache, en rondins de 4 à 4,5 m. Sous l’effet de l’air sec ambiant, le bois non traité devient cassant et friable. Les variations d’hygrométrie ainsi que les attaques d’insectes complètent ses dégradations. Afin d’assurer un traitement de protection du bois dans sa masse, on a recours à une opération nommé « tangui » (trempage). Elle consiste en l’immersion des troncs dans les eaux salines d’un « chott » (lac d’eau saumâtre) durant six mois au minimum. Puis, ils sont mis à sécher au soleil pendant six mois avant d’être débités. Liée à la technique : Généralement, les pathologies de vieillissement liées à la technique, sont associées soit à un sous-dimensionnement de la structure primaire soit à une surcharge de la dalle ou à la qualité des bois employés. Dans le cadre de planchers coulés sur coffrage perdu, les éléments constituant le coffrage peuvent, de par leur nature périssable, entraîner des dégradations et des faiblesses de la dalle. En Tunisie, les facteurs essentiels de vieillissement liés à la technique sont essentiellement dus au mode d’étanchéité des toitures terrasse et à leur entretien. OUVRAGES ASSOCIÉS Percements Généralement les ouvrages associés sont des trémies, destinés à assurer la circulation verticale par le passage d’un escalier ou d’une échelle de meunier. En Tunisie, aucun percement de ce type de plancher, n’a été remarqué. Liaison Ossature - Structure Verticale (mur) La liaison avec la structure verticale s’effectue par encastrement et scellement. Ce projet est financé par le programme MEDA de l'Union Européenne. Les opinions exprimées dans le présent docum ent ne reflètent pas nécessairement la position de l'Union Européenne ou de ses Etats membres. 4/6 C3 Tunisie- Plancher en bois avec support de sol coulé. DESCRIPTION DE MISE EN OEUVRE Le maçon peut procéder de deux façons : Méthode 1 : Monter les maçonneries et réaliser des réserves nécessaires pour accueillir les sections de poutre puis proc éder à la pose des poutres après les avoir levées au moyen de palans et poulies. Cette technique nécessite le bourrage ou le scellement au mortier des espaces entre mur et poutres. Monter la maçonnerie et, au fur et à mesure de l’avancement, poser les poutres, celles-ci servant ainsi d’échafaudage. Puis poser une couche servant de dalle de répartition et de coffrage perdu. Enfin couler la dalle. Méthode 2 : Monter les maçonneries et réaliser des réserves nécessaires pour accueillir les sections de poutre puis procéder à la pose des poutres après les avoir levées au moyen de palans et poulies. Cette technique nécessite le bourrage ou le scellement au mortier des espaces entre mur et poutres. Monter la maçonnerie et, au fur et à mesure de l’avancement poser les poutres, puis procéder à la pose d’échafaudage et de coffrage sous ou entre les solives. Enfin couler la dalle, attendre qu’elle sèche et reprendre le procéder de niveaux en niveaux. En Tunisie : - La coupe des palmiers a lieu en hiver. A la suite du débitage et de l’écorçage, on plonge les troncs dans un lac d’eau salée (chot). Les sels pénétrant les différentes couches du bois, en améliorent notamment les caractéristiques hydrofuges et de résistance du matériau. - La mise en œuvre du plancher a lieu à la belle saison. L’absence de pluie est nécessaire pour éviter les infiltrations d'eau. Un maçon qualifié, aidé de deux ou quatre manœuvres qui lui tendent les matériaux, est chargé de le monter. - Placer en premier lieu, les solives jointivement ou avec un espacement maximal de 30 à 50 cm si elles sont destinées à supporter une couche de répartition en planches clouées. Noyer leurs appuis dans un mortier de chaux en vue de prévenir leur pourrissement et assurer leur conservation maximale. - Exécuter l’encastrement des solives au moyen de morceaux de pierres calcaires que liaisonne le mortier de chaux - Continuer l'élévation du mur (plancher intermédiaire) ou du muret (plancher terrasse), en posant un premier lit de pierre immédiatement audessus du mortier, étalé sur la face supérieure des solives. - Une fois le scellement des solives réalisé, procéder à la réalisation de la dalle. La phase préparatoire consiste à mettre en place soit un lit d’alfa, servant de calfeutrement, soit un lit de planches clouées et jointives. - Vient ensuite une épaisse couche de terre battue. Tasser ce remplissage sur une hauteur d'environ 20 à 30 cm, en se servant d’une massue de bois, munie d’un manche long - Araser en surface l'agglomérat par une chape étanche de mortier de chaux, doublée par-dessous, d’une couche d'argile lorsque ce complexe est utilisé pour réaliser les toitures terrasse. Ce projet est financé par le programme MEDA de l'Union Européenne. Les opinions exprimées dans le présent document ne reflètent pas nécessairement la position de l'Union Européenne ou de ses Etats membres. 5/6 C3 Tunisie- Plancher en bois avec support de sol coulé. USAGE, EVOLUTION ET TRANSFORMATION Usage Types de bâtiments Ce procédé est communément utilisé en Algérie, Espagne, France, Maroc, Tunisie et Palestine quel que soit le type de bâtiment et de milieu social. En Tunisie, ces planchers servent à la réalisation de toutes sortes de constructions, notamment d’habitations. Période d’apparition de la technique / Période d’emploi de la technique – Usage contemporain ou disparu Généralement l’emploi de ces techniques est considéré comme millénaire.. En Tunisie, l’utilisation et l’apparition de cette technique ne sont pas datées avec précision, toutefois elles sont considérées comme séculaires. Raisons de la disparition ou de la modification de la technique Ces techniques ont quasiment disparu aujourd’hui, bien que les savoirs faire ne soient pas oubliés. En effet, enseignées et utilisées jusqu'à une période récente, elles ont peu à peu laissé place aux techniques de béton, dont le coût, l’entretien et la pérennité font concurrence à ce type d’ossature. En Tunisie, la technique de ce type de plancher n’est plus d’usage. Plusieurs facteurs ont contribué à sa disparition dont la généralisation des matériaux nouveaux et de leurs techniques de mise en œuvre. Evolution / Transformation Les matériaux Deux techniques contemporaines se font face, la dalle pleine coulée et la dalle de type poutrelle/hourdis. En Tunisie, on utilise de plus en plus aujourd'hui, des poutrelles métalliques, briques creuses à trois trous, et ciment ainsi que les poutrelles/hourdis. Les aspects techniques Les aspects techniques sont avant tout la facilité d’emploi du béton et sa résistance. En Tunisie, aucune précision ou commentaire n’a été apporté à ce sujet. Evaluation des matériaux et des techniques de remplacement Le remplacement des techniques traditionnelles par le béton conduit d’une part à la perte de savoirs faire ancestraux mais aussi à des caractéristiques techniques différentes. Si la résistance du béton n’est plus à prouver, celui-ci n’en demeure pas moins un mauvais isolant phonique et thermique. De plus, le mariage de sa rigidité et des structures d’appui déformables (murs de maçonneries traditionnelles) ne font pas bon ménage. En Tunisie, aucune précision ou commentaire n’a été apporté à ce sujet. Ce projet est financé par le programme MEDA de l'Union Européenne. Les opinions exprimées dans le présent document ne reflètent pas nécessairement la position de l'Union Européenne ou de ses Etats membres. 6/6