Verre rubis à l`or, histoire et structure
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Verre rubis à l`or, histoire et structure
Verre rouge rubis à l’or, histoire, structure et obtention Marie-Hélène Chopinet UMR 125 CNRS / Saint-Gobain, Aubervilliers Verre rouge rubis à l’or : comment le faisait-on ? Préparation du Pourpre de Cassius Essai sur l’art de la verrerie de C.Loysel – An VIII Les nanoparticules d’or sont connues pour leurs propriétés optiques dans le domaine Ultraviolet – Visible : des transitions électroniques inter-bandes aux basses longueurs d’onde et une résonance de plasmon de surface centrée sur 500-520 nm absorbent la part de la lumière solaire située dans la région bleu-vert du spectre, d’où la couleur rouge qu’elles confèrent au matériau dans lequel elles se forment. Les nanoparticules d’or dans le verre sont particulièrement intéressantes du fait des applications comme filtres optiques. Le verre est transparent dans le visible et protège les particules. Le verre rouge à l’or est obtenu à partir d’un verre incolore, fondu comme tous les verres, à haute température, vers 1450 C, auquel on ajoute de l’or. Le verre est mis en forme normalement durant le refroidissement et ensuite réchauffé vers 600 C pour « révéler » la teinte rouge due à la formation des nanoparticules d’or métallique. Un des problèmes à résoudre est la croissance des particules et le contrôle de leur taille. Bontemps – Le Guide du verrier 1868 « Pour produire cette couleur, On fond à pot couvert une composition ordinaire de cristal, soit - Sable 100 - Minium 66,66 - Carbonate de potasse 55,54 On prend : - Cristal fondu précédemment 100 - Minium 15 - Salpêtre (KNO3) 3 - Précipité pourpre de Cassius 0,25 - Antimoniate de potasse 5 On mélange ensemble d'abord le minium, le salpêtre, l'antimoine et le pourpre de Cassius, et on mêle ensuite le tout avec le groisil de cristal et en enfourne dans un pot couvert. Le verre qui en résulte paraît d'abord blanc ; ce n'est qu'en le réchauffant qu'on lui voit prendre la couleur rouge violet-foncé. » C’est la « révélation » de la couleur vers 600 C. C’est la présence de nanoparticules d’or au sein du verre qui lui confère la couleur rouge. On a montré que, pour que la couleur soit rouge, leur taille devait se situer entre 5 et 60 nm. En-dessous de 5 nm, aucune couleur n’apparaît. Au-delà de 100 nm, la couleur devient « hépatique », couleur du foie. Qu’en sait-on aujourd’hui ? Une excellente question de Georges Bontemps en 1868 : Que se passe-t-il lors de la révélation de la couleur ? A quel état se trouve l'or lorsque le verre est transparent et incolore? Etape 1. Ajout de l’or dans le verre fondu (1450 C) Etape 2. Refroidissement à température ambiante Or ionique (Au+) ou métallique (Au0) ? incolore Germination et croissance Germination Germes d’or métallique + or ionique (Au+) incolore Le verre non traité est incolore (courbe bleue): il transmet la lumière à toutes les longueurs d’onde du visible (370-770 nm) La couleur rouge est donnée par la partie non absorbée du spectre de longueur d’onde supérieure à 600 nm. La couleur s’intensifie quand la durée du traitement de révélation s’allonge : l’absorption augmente dans la partie gauche du spectre. Etape 3. Révélation (600 C) Croissance des particules Petites particules d’or métallique (5-50 nm) couleur rouge rubis Coagulation Grosses particules d’or métallique (> 100 nm) couleur « hépatique » Dans les « recettes » modernes, on introduit l’or sous forme de chlorure d’or HAuCl4-XH2O, donc sous forme ionique, dans le mélange de matières premières. Plusieurs méthodes existent : Bibliographie partielle C.Loysel, Essai sur l’art de la verrerie G.Bontemps, Le guide du verrier 1868 J.A. Williams & al. Small- Angle X-Ray Scattering Analysis of Nucleation in Glass: 111, Gold Ruby Glasses, J. Amer. Ceram. Soc. Décembre 1981 J. Sheng & al., Nanosized gold clusters formation in selected areas of soda-lime silicate glass, Journal of Non-Crystalline Solids 324 (2003) 295–299 R.H.Doremus & al., Nucleation in Photosensitive Gold Ruby Glass, J. Amer. Ceram. Soc., mars-avril 1980 R.H.Doremus & al. Optical absorption spectra of gold nano-clusters in potassium borosilicate glass, Journal of Non-Crystalline Solids 349 (2004) 309–314 Cristallites d’or absence d’or ionique Les nanoparticules d’or dans le verre sont parfaitement visibles au bout de 120 heures (avant-dernière courbe sur le graphique de gauche) À haute température : SnO2 + Au0 SnO + Au+ La présence de SnO2 garantit le maintien de l’or à l’état ionique À basse température : SnO + Au+ SnO2 + Au0 Irradiation à basse température Dans tous les cas, lors de la phase de révélation à 600 C : Exposition Poitiers 2012