Mars 1942 « MacArthur ne fuira pas
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Mars 1942 « MacArthur ne fuira pas
Mars 1942 2 – La guerre en Asie-Pacifique « MacArthur ne fuira pas » 1er mars Campagne de Birmanie Conférence de Rangoon – Le général Wavell rencontre le gouverneur Sir Reginald DormanSmith, le lieutenant-général Lin Wei (commandant en chef des troupes chinoises en Birmanie), le lieutenant-général Du Yuming (qui commande la Ve “Armée” chinoise), l’Air Vice-Marshall Stevenson et le Lt-général Thomas Hutton, GOC Burma. Le major-général Charles Harvey est en retard : il arrive directement du front de Kyiatko à bord d’un Tiger Moth du BVAS. Wavell est stupéfait par son aspect – Harvey est amaigri, les blessures reçues le 31 janvier à Moulmein ne sont pas encore cicatrisées, justifiant d’impressionnants pansements, et son uniforme est couvert de boue. « Désolé pour ma tenue, Sir, explique-t-il calmement, mais les Japs ont commencé à attaquer Kyiakto ; je revenais d’inspecter le front quand j’ai été pris sous un bombardement aérien à Mokpalin. J’ai été soufflé par une bombe et j’ai été projeté dans la boue, ce qui n’a pas arrangé l’état de mes pansements. » Soufflé, de son côté, par le sang-froid d’Harvey, Wavell lui prépare en personne un gin-tonic avant de lui demander comment il pense que va se dérouler la bataille de Kyiakto. « J’ai toute confiance en Gracey et en sa 17e Brigade, affirme Harvey. Leur mission est d’infliger des pertes à l’ennemi avant de décrocher et de s’en tirer sans se laisser encercler, je suis convaincu qu’ils y parviendront sans problème. Pour éviter toute surprise, j’ai envoyé les survivants de la 19e Brigade, environ un bataillon, couvrir son flanc sud. » Hutton intervient alors pour préciser qu’il s’est assuré que la 13e Brigade Indienne, qui est tout ce qui reste, en pratique, de la 1ère Division Birmane de James Bruce-Scott, contrôlera le nord du front contre toute manœuvre d’envergure des Japonais, avec l’aide de la 22e “Division” chinoise. Pendant ce temps, la 18e Brigade (Brigadier Lochner) prépare des positions de repli pour les défenseurs de Kyiakto à l’extrémité est du pont sur le Sittang, tandis que la 48e Brigade Indienne et la 96e “Division” chinoise poursuivent la construction de retranchements sur la rive ouest du fleuve. « Nos amis nippons et siamois n’arriveront au Sittang qu’après avoir durement combattu et s’être fait saigner, répète Harvey, apparemment ragaillardi par le gin-tonic. Ils auront besoin d’un bon moment pour se refaire une santé et se réapprovisionner. La 17e en profitera elle aussi pour se reposer et se réapprovisionner sur la rive ouest. En y ajoutant la 18e et la 13e, qui resteront du côté est pour protéger le pont, nous aurons une force représentant une division indienne complète et expérimentée ! » Nul besoin d’être devin pour comprendre qu’Harvey souhaite récupérer cet ensemble sous son commandement. Wavell et Hutton s’accordent pour considérer qu’en effet, si tout se passe comme prévu, l’accalmie suivant la bataille de Kyiatko permettra de reconstituer une 8e Division Indienne qui sera confiée à Harvey. Bruce-Scott, qui ne peut guère être tenu comme seul responsable de la désintégration de ses deux brigades birmanes, ira à l’arrière travailler à la reconstitution des unités les plus durement touchées dans cette campagne – les brigades birmanes, mais aussi la 19e Brigade Indienne. Très satisfait, Harvey tient cependant à montrer qu’il ne fait pas preuve d’un optimisme béat : « Les Japs finiront bien par traverser le Sittang. Comme la saison sèche n’est pas terminée, on peut traverser à gué sans difficulté à sept miles en amont, et même à cinq miles, avec plus de mal. » – Alors, pensez-vous qu’il faille replier toutes les brigades sur la rive ouest ? demande Hutton, inquiet. – Sûrement pas ! A l’ouest, nous avons la Ve Armée chinoise qui pourra contenir les Japonais qui traverseront, le temps que les 17e et 48e Brigades Indiennes viennent les rejeter dans le Sittang ! Tous les yeux se tournent alors vers le lieutenant-général Lin Wei et le Lt-général Du Yuming. C’est à eux de confirmer que les Chinois sont prêts à assumer leurs responsabilités. – Les forces de la République de Chine sont prêtes à se battre aux côtés de leurs alliés, déclare Lin Wei. Nous savons avec quel courage le général Harvey et ses hommes se sont battus et continuent de se battre. Nos troupes se doivent d’être dignes de la confiance que vous leur faites, elles ne vous décevront pas ! Les mémoires du général Lin révèlent combien la confiance que Harvey portait à ses troupes l’avait touché, « surtout venant d’un homme qui portait encore sur lui les marques de la bataille et dont les yeux brillaient de la flamme du combat ! Je n’avais jamais vu une telle attitude envers notre armée de la part d’un soldat occidental. Les Allemands qui nous avaient entraînés des années plus tôt nous méprisaient visiblement. Les Russes qui étaient venus ensuite semblaient nous considérer comme des ennemis de classe. Les Américains, pour amicaux et bien intentionnés qu’ils fussent, n’avaient aucune véritable considération pour nous et le dédain de leurs hommes pour les nôtres était évident. Mais Harvey ne nous considérait que comme des soldats alliés, à l’égal des siens. J’eus l’occasion, peu après son intervention, de lui demander directement comment il s’était fait son opinion sur les forces chinoises. Sa réponse me donna à réfléchir. Les informations concernant la troisième bataille de Changsha lui avaient donné à réfléchir. Il lui était apparu qu’il fallait des hommes vraiment déterminés pour réussir à battre les Japonais en étant si pauvrement équipés. Il s’était alors rendu compte que si notre armée était lamentablement sous-équipée et mal entraînée, elle était composée d’hommes déterminés, qui feraient de bons soldats une fois armés, entraînés et correctement commandés. Le jour suivant, je fis part de cette opinion à mes officiers et, par leur intermédiaire, à tous mes hommes. L’effet sur leur conduite fut excellent, comme devaient le montrer les semaines suivantes. Cet épisode marqua le début d’une véritable amitié entre le général Harvey et moi, qui dure encore aujourd’hui. » (Général Lin Wei, Des hommes déterminés : la force expéditionnaire chinoise en Birmanie, KMT Government Press, Nankin, 1962) ……… Wavell est lui aussi réconforté par le discours d’Harvey. En janvier, il avait ordonné de défendre la Birmanie aussi loin en avant que possible, mais il doit reconnaître que dans la situation actuelle, gagner du temps pour mieux défendre sur le Sittang est la meilleure option. Il informe alors les participants à la conférence de ses échanges avec Gort : « Il m’a promis de défendre Singapour jusqu’au bout pour détourner l’effort japonais de la Route de Birmanie. Cette stratégie donne déjà des résultats, car comme vous le savez, aucune division japonaise en dehors des 33e et 55e n’a été identifiée en Birmanie. Les Thaïlandais n’ont pas engagé sur ce front plus d’une division et d’après nos renseignements, ils n’ont aucune envie de faire plus. Mieux encore, ces forces ne semblent pas pouvoir être correctement ravitaillées, d’autant plus qu’elles ne disposent pas d’un port de mer à proximité. Nous ne risquons donc pas de voir arriver d’autres troupes de sitôt. » Wavell passe ensuite aux aspects plus tactiques : « Si tout se passe bien à Kyiakto, les Japonais arrivant au débouché ouest du pont sur le Sittang seront face aux 13e et 18e Brigades relativement reposées. J’ai constaté que les efforts de fortification ont été bien conduits. Si jamais ils traversent le Sittang à gué en amont, nous pourrons les accueillir avec la 17e Brigade, qui sera un peu remise de ses combats, et avec la 48e Brigade, qui doit en avoir assez de construire des positions défensives. Le reste de la 14e Division Indienne, c’està-dire les 47e et 49e Brigades, nous rejoindra d’ici fin mars. Bref, avec le concours du corps expéditionnaire chinois [que Wavell continue visiblement à sous-estimer quelque peu], je pense que nous pouvons raisonnablement nous préparer à contre-attaquer, si la supériorité numérique de l’aviation ennemie ne gêne pas trop notre logistique. Je dois reconnaître que ce dernier point me préoccupe. Qu’en dites-vous, Messieurs ? » Hutton explique qu’il partage cette inquiétude et ajoute qu’il manque toujours de blindés pour disposer d’une force de contre-attaque rapide si les Japonais passent le Sittang à bonne distance des positions de l’infanterie. « Cela devrait s’arranger très vite, répond Wavell. Les chars Crusader de la 9th Armoured Brigade seront à Pegu dans quelques jours. Si j’ai bien compris, on peut compter qu’une bonne vingtaine d’entre eux accepteront de fonctionner. » En effet, la 9e Armoured Brigade a été envoyée en renfort en Birmanie, mais seul l’équivalent d’un régiment est déjà arrivé. Celui-ci compte 55 chars Crusader : même si beaucoup de ces engins souffrent de problèmes mécaniques dus à des problèmes d’entretien dans un environnement peu favorable, c’est un atout de poids. Et Wavell ajoute : « De plus, la formation de la 50e Indian Tank Brigade a été approuvée par Londres. Elle sera constituée à Rangoon avec des Valentine, des Tetrarch et des Crusader qui arrivent par bateau, ils sont déjà en mer. » Harvey, montrant bien plus d’optimisme que son supérieur direct, Hutton, déclare alors que les choses devraient bien se passer et qu’il va retourner à Kyiatko de ce pas pour s’assurer que tout se passe selon les plans. Wavell est très favorablement impressionné par la combativité de ce guerrier blessé. Or, il envisage dès ce moment (il l’indiquera plus tard) de remplacer Hutton au poste de GOC Burma, car celui-ci lui semble « d’esprit trop défensif » pour diriger la future contre-attaque. A la décharge de Hutton, il faut préciser que les généraux britanniques sont persuadés d’avoir affaire, au minimum, à deux divisions japonaises et une thaïlandaise, plus des troupes de soutien. Ils sont loin d’imaginer qu’ils n’ont en face d’eux qu’une division japonaise en sous-effectifs et une division thaïlandaise chargée de jouer les utilités, plus quelques éléments épars. Pour remplacer Hutton, Wavell pense alors à Harvey, mais il ignore qu’en plus de ses blessures, ce dernier souffre d’amibiase et de paludisme, et sa fatigue extrême va finir par se voir. Wavell ne va cependant pas tarder à trouver l’homme qu’il lui faut. Campagne de Malaisie Au nord… – Les troupes japonaises poussent fortement leur avantage vers Kuala Lumpur, bombardée dans la matinée par des avions d’assaut. Dans la soirée, l’avant-garde japonaise approche des faubourgs de la cité, où la panique s’étend. Une immense colonne de réfugiés trébuche à présent sur la route de Port Swettenham. Cependant, devant les constantes attaques aériennes visant cette ville, le Lt-général Percival décide d’interrompre l’évacuation à partir de ce port bien trop exposé et encombré d’épaves, pour concentrer les opérations à Port Dickson. Au sud… – Les forces du Commonwealth contre-attaquent à l’aube sur le front de Kulai. Les Japonais sont repoussés de 3 km, mais la contre-attaque s’épuise vers midi. Les Britanniques se replient sur leurs positions de départ, où ils avaient fait face aux assauts de la veille. Campagne d’Indonésie Java – Les forces japonaises exécutent deux débarquements distincts dans la grande île, l’un à Kragan, l’autre près de Pekalongan. Le premier est protégé par les unités du vice-amiral Ozawa, le second par celles du contre-amiral T. Tagaki. Les opérations commencent une heure après le lever du jour, mais ne se déroulent pas sans difficultés. A Kragan, les avions du Ryujo doivent bombarder et mitrailler les Hollandais qui s’accrochent près des plages pour ouvrir la voie à leur infanterie. A 08h30, l’amiral Helfrich a une vue assez précise de la situation et demande à la RAF tout l’appui aérien qu’elle peut lui fournir. Ce n’est qu’à 11h30 que les premiers bombardiers alliés apparaissent au-dessus des plages de Pekalongan, quand neuf Blenheim IV escortés par douze Hurricane II attaquent les transports japonais en plein débarquement de troupes et de matériel lourd. Les attaquants ne sont pas détectés avant la dernière minute et parviennent à détruire deux transports et à endommager le chasseur de sous-marins CH-13. A 14h10, une formation de douze Manchester du Sqn 106 attaque ces mêmes plages. Effectué de 16 500 pieds, le bombardement n’est pas très précis, mais il fait si forte impression sur le commandement japonais que les opérations de débarquement sont suspendues pour près d’une heure, ne reprenant qu’à 15h05. Peu après, deux bataillons hollandais tentent d’attaquer Pekalongan, mais ils sont repoussés grâce aux canons des navires de Takagi. Pendant ce temps, les avions japonais sont très actifs au-dessus des villes de Java. Bandœng et Batavia, ainsi que Sœrabaya, sont frappées deux fois par des bombardiers basés à Kuching ou à Kendari. Le raid sur Batavia est escorté par 18 A6M2, qui mitraillent à loisir la cité. D’un point de vue purement militaire, ces attaques ne sont pas très destructrices, mais, effectuées sans grande opposition, elles provoquent un vaste mouvement de panique dans la population locale. Les réfugiés fuyant les villes commencent à s’agglutiner sur les routes et les pistes allant vers l’ouest ou la côte sud, et gênent sérieusement les mouvements des troupes hollandaises. De leur côté, les avions de Nagumo mènent une attaque très efficace contre Tjilatjap, où ils coulent deux cargos et endommagent quatre autres navires. Opération Oni, ou le “siège” de l’Australie Côte Est de l’Australie – Le Ro-63 (CC Nagai) quitte la zone de Brisbane pour retrouver le reste de la flottille. Cent vingt nautiques au large de Brisbane, il aperçoit l’Américain Jefferson Myers (7 582 GRT, Pacific Atlantic Steamship Co, allant de Seattle à Brisbane avec du bois de construction et du matériel militaire). A 13h00, le sous-marin lance quatre des six torpilles qui lui restent. L’une frappe le transport en plein milieu et le casse en deux. Une autre touche la partie arrière, qui coule aussitôt, et le Ro-63 continue sa route. Le Jefferson Myers n’a pas eu le temps d’envoyer un message de détresse, sa radio étant à l’arrière. Mais les survivants de la partie coulée peuvent monter sur la section avant. Celle-ci, bien qu’elle prenne l’eau, reste à flot grâce au bois contenu dans ses cales avant. Malheureusement, la proue est prise dans un courant tropical qui l’emporte au large. Ce n’est que cinq semaines plus tard qu’elle sera repérée par un hydravion de la RAAF et que les hommes d’équipage seront récupérés, amaigris mais vivants ! La proue abandonnée s’échouera deux mois plus tard sur la côte du Gippsland. 2 mars Campagne de Birmanie Bataille de Kyiakto – Rentré à son QG sur la rive ouest du Sittang, Harvey peut constater que Gracey se défend très bien à Kyiakto avec sa 17e Brigade, pendant que la 13e empêche les Japonais de tourner son flanc nord. « Il leur faudra bien un jour ou deux pour nous obliger à reculer, estime Gracey, ils ont dû apprendre ce qu’ils risquaient en lançant des attaques frontales sur nos hommes quand ils se sont bien retranchés. » Dans les airs, des Hurricane vont mitrailler les Japonais devant Kyiakto. Ils sont interceptés par des Ki-27 du 50e Sentai et l’un d’eux est abattu (le pilote n’est que blessé ; il sera récupéré par des éléments indiens). La ROCAF envoie quatre Airacobra P-400 harceler le trafic maritime japonais dans le golfe de Martaban ; après quelques mitraillages, ils vont attaquer les quais de Moulmein, mais la DCA en abat un. ……… Pendant ce temps, l’aviation de l’Armée Impériale sur le front birman se renforce et remplace certains de ses avions par de nouvelles machines. C’est le cas pour six Sentai et un Chutai indépendant. - 50e Sentai (chasse) : 18 Ki-27 (12 opérationnels) et 9 Ki-43 (en voie de conversion de l’un à l’autre) à Moulmein. - 77e Sentai (chasse) : 24 Ki-27 (12 opérationnels) à Phitsanuloh. - 8e Sentai (reconnaissance et bombardement) : 5 Ki-15 “Babs” et 6 Ki-48 “Lily” à Nakhon Sawan, 11 Ki-48 “Lily” à Bangkok, 3 Ki-15 “Babs” et 2 Ki-46 “Dinah” à Mudon. - 14e Sentai (bombardement) : 11 Ki-21 “Sally” à Nakhon Sawan. - 31e Sentai : 28 Ki-30 “Ann” (20 opérationnels) à Lampong. - 62e Sentai : 18 Ki-21-I et II “Sally” (en cours de conversion du I au II) à Bangkok. - 70e Chutai indépendant : 3 Ki-15 “Babs” et 2 Ki-46 “Dinah”. Campagne de Malaisie Les Japonais entrent dans Kuala-Lumpur, abandonnée par les troupes du Commonwealth. Robin Meyrson, du NY Times, réussit à fuir la Malaisie : « Port Dickson doit être un endroit charmant, en temps de paix. Des plantations d’hévéas à perte de vue, un club entouré de beaux arbres alignés au cordeau, des courts de tennis, et surtout une plage en pente douce bordée de cocotiers. C’est cette plage qui représentait les derniers espoirs d’évacuation pour les forces du Commonwealth encerclées dans le nord-ouest de la Malaisie et pour de nombreux civils. Car les populations locales ont choisi leur camp. Les Japonais, dont les exactions sont connues de tous, n’inspirent que la peur et la haine. Aux Anglais et aux Australiens va le respect dû au courage malheureux et à la défaite honorable. De nombreux bombardements japonais n’ont fait qu’ajouter au chaos et accélérer encore les allers et retours frénétiques de bateaux très variés, allant de Port Dickson à Palembang au sud, ou à Belawan et Medan au nord. C’est ainsi que j’ai embarqué – par miracle ou grâce au prestige du Dollar et de la Presse américaine ? – sur un bateau de pêche. Un rafiot minuscule mais, si j’ai bien compris l’anglais du capitaine et de son unique matelot, protégé des bombes japonaises par une divinité locale, sculptée à l’avant. Je pense plutôt que les pilotes japonais n’ont même pas dû nous voir… » Campagne d’Indonésie Sumatra – Les survivants de la SARFORCE (les unités du Commonwealth qui ont défendu Kuching et Sarawak) parviennent à Palembang. Grâce à de petits bateaux rassemblés à Bandjarmasin avant l’invasion, ils ont réussi à voyager par petits groupes à travers les archipels jusqu’à l’île de Billiton, où ils ont pris place sur des caboteurs hollandais. Au total, 2 170 hommes (sur 4 150 au 7 décembre 1941) se retrouvent ainsi à Sumatra, mais ils n’ont avec eux que le matériel qui a pu trouver place, entier ou en pièces détachées, dans de petits bateaux à voile. Hommes et officiers ont besoin de soins et de repos. ……… Java – Les troupes japonaises débarquées à Kragan arrivent aux abords de Sœrabaya, tandis que celles débarquées à Pekalongan marchent vers l’intérieur de l’île. Bandœng et Batavia sont à nouveau bombardées par les avions de la Marine et les deux villes sont paralysées par la terreur qui frappe les habitants. Le système ferroviaire, à traction électrique, souffre particulièrement du bombardement de Batavia, ce qui empêche l’envoi de renforts et de ravitaillement aux unités qui tentent de résister aux envahisseurs. ……… Océan Indien – Le pétrolier USS Pecos (AO-6) a quitté Tjilatjap pour Colombo, mais trop tard pour échapper à l’attention des avions de l’amiral Nagumo. Il est repéré et coulé par les bombardiers du Kaga et de l’Akagi. 3 mars Campagne de Birmanie Bataille de Kyiakto – Les combats s’intensifient. Les tirs d’artillerie se font plus intenses de part et d’autre. Un Hurricane du Sqn 17 est abattu par la DCA sur Kyiakto alors qu’il mitraille les troupes japonaises. Campagne de Malaisie Les forces japonaises marchent de Kuala Lumpur vers Port Dickson, davantage ralenties par un état sanitaire lamentable que par les dernières forces britanniques. Le choc du climat et de l’environnement malais a été rude pour des hommes venant directement de Chine du Nord, sans parler de l’omniprésence du paludisme, en l’absence de réserves de quinine suffisantes pour toute l’armée. Au sud, l’offensive reprend contre Kulai et Gunong Pulai. Les positions de la 8e Brigade d’Infanterie indienne sont attaquées à deux reprises par les bombardiers Ki-21 de l’Armée, basés à Kuching. Au début de la nuit, douze Manchester basés à Palembang bombardent les dépôts de ravitaillement japonais à Mersing. Cette attaque est peu efficace, car les bombardiers manquent d’équipements de navigation fiables. Campagne d’Indonésie Java – Une partie des forces japonaises débarquées à Kragan, à l’est de l’île, commencent à s’attaquer aux défenses de Sœrabaya. D’autres unités, contournant la ville, font dans la soirée la jonction avec les troupes débarquées à l’ouest sans avoir à vaincre une forte résistance. Les colonnes qui avancent vers Tjilatjap et Bandœng sont ralenties par les unités de la KNIL, tandis que six Blenheim venus de Palembang-II attaquent les troupes avançant vers Batavia, mais la dispersion des forces voue à l’échec la défense de Java. Opération Oni, ou le “siège” de l’Australie Pacifique Sud-Ouest – Le I-5 (CC Nakamura) et les Ro-61 (CC Yamamoto), Ro-62 (LV Takizawa) et Ro-63 (CC Nagai) se retrouvent au point convenu et mettent le cap vers Kwajalein en formation espacée. Ils doivent passer au sud de la Nouvelle-Calédonie et à l’est des Nouvelles-Hébrides, pour éviter les concentrations de forces alliées signalées dans la Mer de Corail. Mais leur dernier et plus beau coup est encore à venir. Un chasseur japonais radical Japon – Comme les premiers Ki-44-I-Ko de série sont livrés par l’usine Nakajima Ota, le Chutai expérimental qui déployait des avions de pré-série au Tonkin est transformé sur la base de Narimasu en 47e Sentai, équipé du nouveau chasseur “radical” de l’Armée japonaise. L’avion est aussi critiqué par les vétérans habitués à l’agilité du Ki-27 qu’il est apprécié par les novices, qui louent sa vitesse (580 km/h à 4 500 m), son armement (4 x 12,7 mm) et son aptitude à grimper vite et à piquer jusqu’à 850 km/h sans problèmes. C’est le fait qu’il privilégie la vitesse sur la maniabilité qui l’a fait étiqueter “radical” – du point de vue japonais. L’usine d’Ota doit en construire 50 par mois. 4 mars Campagne de Birmanie Bataille de Kyiakto – Une puissante attaque nippo-thaï tente de tourner le flanc sud de la position. Celui-ci est couvert par 18 engins du Calcutta Light Horse, 11 Vickers Medium et 7 Mk V Light. Leur contre-attaque, soutenue par l’infanterie indienne, bloque net le mouvement tournant ennemi, mais à un coût élevé. A la différence de Bilin, les Japonais ont prévu la possibilité de l’intervention de blindés et ont poussé en première ligne une paire de canons d’infanterie de 37 mm. Ceux-ci font un véritable carton sur les vieux engins, détruisant six Vickers Medium et trois Mk V Light, deux autres Mk V se faisant éliminer par des tirs de flanc des mitrailleuses lourdes japonaises. La bataille se prolonge au milieu des épaves des blindés détruits, dont la fumée gêne les antichars japonais et permet aux sept chars survivants de tirer leur épingle du jeu. Le mouvement tournant échoue et la 17e Brigade décroche, couverte par la 13e, qui a relativement peu combattu. Pendant que la 17e va traverser le pont sur le Sittang pour se reformer sur la rive ouest, la 13e recule lentement jusqu’à la dernière position défendable avant le Sittang, à Mokpalin. Harvey rapportera les exploits du Calcutta Light Horse à Wavell. Celui-ci publiera un ordre du jour faisant l’éloge de la belle tenue de cette unité de quasi amateurs et – ce qui leur fera au moins autant plaisir – réussira à leur trouver des renforts sous la forme de sept chars Cruiser A-10 et d’une douzaine de tankettes Marmon-Herrington CTLS-4TA. Dans les airs, la journée est moins bonne pour les Alliés. Quatre Blenheim du Sqn 45 décollent de Magwe pour attaquer les colonnes de la 55e Division japonaise marchant sur Kyiakto. Ils sont escortés par trois Hurricane, mais tous sont surpris par cinq Ki-43 et quatre Ki-27 du 77e Sentai. L’escorte est mise à mal par les Ki-43, qui abattent l’un des Hurricane et endommagent gravement un second, pendant que les Ki-27 abattent deux Blenheim et endommagent un troisième avion, qui doit se poser sur le ventre à Pegu. La seule perte japonaise de la journée est un Ki-30 du 31e Sentai, dont six avions ont attaqué sur le Sittang le vapeur fluvial Prome (1 300 GRT) non loin de Rangoon. Le navire est incendié et finit par couler, mais un P-400 de la ROCAF endommage gravement l’un des Ki-30. Le train gauche démoli par un obus de 37, ce dernier ne peut se poser : son équipage saute en parachute près de Moulmein et l’avion s’abîme dans la Salween. Campagne de Malaisie Les troupes japonaises approchent de Port Dickson, bombardé toute la journée par les avions de la Marine. La ville brûle, ce qui n’empêche pas des caboteurs, bateaux de pêche et autres esquifs de continuer d’évacuer des troupes et des civils, à l’abri d’un énorme panache de fumée produit par les plantations d’hévéas en flammes. Dans le secteur de Kulai, la “zone fortifiée”, tenue par la 8e Brigade d’Infanterie indienne, est maintenant attaquée en force par les Japonais. L’artillerie britannique joue un rôle important pour repousser les assaillants, mais elle commence à être la cible des bombardiers en piqué du 1er Dokuritsu Sentai de l’Armée japonaise. Colombo (Ceylan) – La situation stratégique conduit la Royal Navy à préparer une position de repli pour ses sous-marins en leur installant une base dans le port cinghalais, complétée par une position avancée à Port Blair (Iles Andaman). Cette base doit à terme accueillir d’une part la 10e Flottille, d’autre part une 4e Flottille reconstituée 1, confiée au capitaine de vaisseau (captain) R.M.G. Gambier. Cette dernière réunira, en principe, les unités survivantes du Groupe de sous-marins d’Extrême-Orient et les sous-marins néerlandais rescapés (qui évoluent depuis décembre 1941 sous commandement opérationnel britannique). Le soutien logistique sera fourni par deux ravitailleurs de sous-marins, le HMS Lucia et le HrMs 1 La 4e Flottille basée à Singapour qui existait au début de la guerre avait été absorbée par la 1ère en mars 1940. Colombia 2. Ce dernier arrive précisément ce jour à Colombo : il a quitté le 5 janvier Dundee, où il appuyait les sous-marins néerlandais depuis fin septembre 1941 3. Campagne d’Indonésie Kendari (sud de Célèbes) – Dans la nuit, le port de Kendari est bombardé par quatorze Manchester basés à Palembang. Ce bombardement, malgré l’absence d’aides à la navigation, est relativement précis et un certain nombre d’entrepôts sont incendiés. Au retour, un Manchester doit effectuer un atterrissage d’urgence sur le terrain de Bandœng (Andir) en raison d’ennuis de moteur. ……… Java – Les troupes hollandaises qui défendent Sœrabaya s’accrochent avec énergie, et la ville est bombardée par les avions de la Marine Impériale basés à Kendari et à Timor. Les colonnes japonaises avançant vers Tjilatjap rencontrent elles aussi des unités hollandaises, mais la défense très statique de celles-ci les rend vulnérables au débordement qui est l’arme favorite des Japonais. Campagne d’Indochine Des avions japonais basés à Binh Dinh bombardent deux fois dans la journée Pleiku et Ban Me Thuot. Sur le terrain improvisé de Pleiku, un Potez-25 TOE et un Potez-29 Casevac sont détruits par les bombes. Pacifique Central Ile Marcus –Après son raid contre Wake, le porte-avions USS Enterprise, accompagné par les croiseurs lourds Northampton et Salt Lake City, lance un raid de 38 avions contre l’île Marcus (entre Midway et les îles Bonin), avant de rejoindre ses destroyers. Les résultats de l’attaque sont faibles, en raison des mauvaises conditions atmosphériques et du peu d’objectifs, mais c’est un très bon entraînement pour les équipages. Un avion est perdu. Craignant que la force qui vient d’attaquer Marcus se dirige vers le Japon, le commandement japonais ordonnera le lendemain au cuirassé Hyuga, accompagné par le porte-avions léger Zuiho et par plusieurs destroyers, d’appareiller d’Hashirajima pour intercepter l’ennemi ; puis les croiseurs Tama et Kiso, accompagnés de destroyers, recevront l’ordre de quitter Yokosuka pour se joindre au groupe du Hyuga. Tous ces navires rentreront bredouilles. Atoll de la Frégate Française – Peu après le coucher du soleil, deux “Emily” seulement (au lieu des cinq prévus) ravitaillent auprès des sous-marins I-19 et I-26, aucun autre H8K1 n’étant disponible. Quant à l’I-23, positionné au sud d’Hawaï, il n’a plus donné signe de vie depuis le 24 février. On estime aujourd’hui qu’il a probablement été victime d’un accident de plongée. 5 mars Campagne de Birmanie 2 Paquebot de 14 600 GRT (vitesse de service 15,5 nœuds), réquisitionné le 8 novembre 1940 par la Marine Royale Néerlandaise et converti en ravitailleur de sous-marins entre le 1er mai et le 18 août 1941. Il avait remplacé à Dundee, à compter du 26 septembre 1941, le petit cargo réquisitionné Amstelstroom (395 GRT), qui tentait de jouer ce rôle depuis le 19 août 1940. 3 La durée de son voyage s’explique par le fait que l’on n’a pas pris le risque de lui faire traverser la Méditerranée : le Colombia a contourné l’Afrique (il a notamment été intégré au convoi WS.15 LiverpoolFreetown puis au WS.15F Freetown-Durban). Entre Kyiatko et le Sittang – Toute la nuit, les Audax, Overstrand et Heyford du BVAF harcèlent les troupes japonaises et thaïes à Kyiakto. Les Overstrand tournent en lâchant des fusées éclairantes et les Audax et Heyford attaquent tout ce qu’ils aperçoivent. Les pertes infligées sont très limitées, mais ces attaques épuisent les soldats et désorganisent les formations. Pendant ce temps, la 13e Brigade Indienne prend position trois km avant Mokpalin. Ses ordres sont de tenir deux jours, le temps pour la 17e de passer le Sittang et pour la 18e d’achever la préparation des retranchements de la rive est, où la 13e viendra se replier à ses côtés. De son côté, la Ve Armée chinoise du Lt-général Du Yuming se met en position à l’ouest du fleuve. La 22e Division s’installe à une bonne dizaine de km au nord du pont, formant l’aile nord des Alliés. La 96e Division est en réserve, ainsi que le 598e Régiment blindé, qui compte 12 Valentine, 12 Vickers Mk VI, 18 tankettes CV-33 et 6 automitrailleuses MarmonHerrington. Même si un quart environ de ces engins sont indisponibles en raison de problèmes mécaniques, il s’agit d’une véritable force mécanisée (dans le contexte local bien entendu). Campagne de Malaisie Port Dickson tombe aux mains des Japonais en début d’après-midi. La bataille autour de la zone fortifiée de Kulai se poursuit. Les avions du 1er Dokuritsu Sentai, qui sont maintenant basés à Kuala Lumpur, sont très actifs contre l’artillerie britannique et pour soutenir directement leurs troupes. Deux Aichi D1A2 et un Ki-36 sont cependant abattus par la DCA. Campagne d’Indonésie Java – Vers midi, les défenseurs de Sœrabaya se rendent après un bombardement combiné de la ville par les avions de la Marine et les croiseurs lourds de l’escadre Ozawa. La plupart des navires alliés ont été évacués ; les Japonais mettent cependant la main sur différents navires endommagés et plus ou moins efficacement sabotés, dont quelques-uns pourront être remis en service, dans des tâches de servitude ou d’escorte de convois. A l’ouest, l’attaque vers Bandœng et Batavia est stoppée, mais au sud, les colonnes japonaises marchant vers Tjilatjap continuent d’avancer et la panique s’empare de la population. Pacifique Central Pearl Harbor – Après sept heures de vol depuis leur ravitaillement, les deux hydravions “Emily” survolent Honolulu. Ils ont été détectés par les radars américains et des P-40 ont rapidement décollé pour les intercepter, tandis que des Catalina ont été lancés à la recherche des porte-avions japonais supposés avoir lancé les intrus (puisque les Américains ignorent qu’il s’agit d’hydravions). Toutefois, les H8K1 volent haut et le temps est très nuageux. Ils échappent ainsi à la chasse… mais leur bombardement est tout à fait inefficace. Tout au plus aura-t-il ressuscité la crainte d’une invasion japonaise, tout en provoquant une furieuse polémique entre l’US Army et l’US Navy. 6 mars Campagne de Birmanie Entre Kyiatko et le Sittang – Alors que des combats de faible intensité se poursuivent à l’est de Mokpalin, sur les positions de la 13e Brigade Indienne, 14 Ki-27 du 50e Sentai en patrouille dans la région de Mingaladon mitraillent le terrain de Highland Queen et se heurtent à 7 Hurricane. Un Ki-27 est revendiqué par le sous-lieutenant Thomas ; c’est la machine du sergent Hagiwara, qui tente de se poser à Kyiatko, mais s’écrase. Un Hurricane est détruit au sol. La nuit suivante, des Ki-48 “Lily” bombardent Rangoon, provoquant un violent incendie. Au lever du jour, la fumée s’élève jusqu’à près de 5 000 mètres et, s’ajoutant à une brume très dense, va beaucoup gêner les opérations aériennes. ……… Des armes secrètes démoniaques ! « Oui, les Chinois aussi avaient une arme secrète ! Quelque temps plus tôt, un Sud-Africain bricolant dans son garage en était ressorti avec le “Reider Device”. L’invention de Mr Reider était un accessoire simple, facile à mettre en place, qui transformait un fusil de .303 en arme semi-automatique capable de tir automatique. Les tests effectués en Afrique du Sud montrèrent que le bidule fonctionnait bel et bien et seize furent produits pour essais. Le War Office fut informé et deux de ces ustensiles furent envoyés en Angleterre. Là aurait dû s’arrêter leur carrière – oui, le système marchait, mais il était fragile, lourd, déséquilibré et rendait le fusil difficile à utiliser. Mais au War Office travaillaient des hommes chargés de trouver des armes à envoyer aux Chinois, qui n’avaient qu’un fusil pour deux soldats et guère plus de 20 coups par fusil. Toutes les idées étaient bonnes, pourvu que les armes soient un peu plus raffinées que des mousquets. Reider se retrouva traité avec respect, avec le grade de major de réserve, une allocation de £ 5 000 et des instructions pour recruter des ouvriers, ouvrir deux petits ateliers de fabrication d’armes et y créer une ligne de production pour ses… machins. Ainsi naquit “Reider Automatics”, aujourd’hui devenu une société de fabrication d’armes honorablement connue. Il apparut qu’un Lee Enfield SMLE équipé d’un Reider Device, d’un grand bipied et d’un magasin de Bren modifié avait un drôle d’air, mais qu’il marchait. Le général Du Yuming assista à une démonstration et fut ravi, car il estimait qu’une idée idiote n’était pas idiote si elle marchait. L’officier sud-africain qui faisait la démonstration ayant commenté que l’arme n’était pas très bonne, car un soldat ne pouvait pas porter un SMLE ainsi modifié, le général faillit l’insulter, expliquant que dans son armée, une telle arme aurait évidemment plusieurs servants. Finalement, dans chaque “division” chinoise équipée en Birmanie, chaque escouade eut deux “mitrailleuses” Reider avec un tireur et deux porteurs (eux-mêmes équipés d’une carabine). Dans les 22e et 96e Divisions, chaque homme avait un fusil, une provision de cartouches, un uniforme reconnaissable et emportait de quoi manger pour une journée et même des grenades ! Chaque “bataillon” avait deux vraies mitrailleuses Vickers et deux fusils antichars. Mieux encore, il avait quatre mortiers et de quoi les alimenter. Enfin, chaque “régiment” avait deux canons de 75 mm, un tracteur pour chacun et deux autres traînant une remorque d’obus. A dix km en amont du pont sur le Sittang, il y avait à présent des hommes portant de grossiers uniformes mais arborant de larges sourires. Des milliers d’hommes qui n’avaient pas seulement vu des chars, mais dont certains pilotaient ces engins, tandis que les autres savaient travailler avec eux. Et tous avaient hâte de montrer aux Japonais leurs nouveaux jouets. » (D’après Guerre et Paix en Asie du Sud-Est, par Pascal Nguyen-Minh, op. cit.) Campagne de Malaisie Grâce à un soutien aérien très agressif, les troupes japonaises réussissent à pénétrer à l’intérieur du système défensif de la zone fortifiée de Kulai, mais sont incapables d’en déloger les hommes de la 8e Brigade indienne. Dans la nuit, les Indiens, renforcés par des éléments des 21e et 22e brigades, contre-attaquent et reprennent une partie du terrain perdu dans la journée. Singapour est attaquée par de nombreux avions de la Marine basés à Kuching : 18 G3M2 et 27 G4M1. Campagne d’Indonésie Sumatra – Le terrain de Palembang II est attaqué dans la matinée par 18 bombardiers en piqué D3A1 escortés par 27 A6M2. Ce raid est intercepté par 14 Hurricane II. La formation japonaise perd quatre D3A1 et cinq A6M2 contre cinq Hurricane, mais le bombardement endommage sérieusement le système de ravitaillement en carburant, qui n’est pas protégé. ……… Java – Bandœng et Batavia sont à nouveau bombardés par des avions de la Marine basés à Kendari et à Timor. A la même heure, les bombardiers des porte-avions de Nagumo attaquent Tjilatjap, aggravant le désordre. Campagne d’Indochine Ban Me Thuot est encore une fois bombardée, pendant qu’une colonne japonaise quitte Saigon vers les Hautes Terres. Dans la journée, 14 Aichi Ki-89 (des D3A1 “Val” dé-navalisés) font escale à Tourane pour s’y ravitailler en carburant avant de poursuivre leur route vers le sud de la Thaïlande et la Malaisie. 7 mars Campagne de Birmanie Entre Kyiatko et le Sittang – Les positions tenues par la 13e Brigade à l’est de Mokpalin ont finalement tenu trois jours, contre des attaques dont Harvey, presque déçu, estime qu’elles ont « manqué de leur habituel élan ». Le repli de la 13e Brigade se fait sur des lignes de défense bien préparées par les soins de la 18e. Ces lignes courent en demi-cercle autour de l’extrémité est du pont sur le Sittang : du fleuve à la gare de Mokpalin, puis derrière le marais proche du village de Mokpalin avant de suivre une crête à l’est de Buddha Hill et du village de Sittang jusqu’au ruisseau Sittang Creek. La position est bien garnie de barbelés et dominée par trois hauteurs, Pagoda Hill, Buddha Hill et Bungalow Hill. Chacune de ces hauteurs est couronnée d’un fortin. Un fortin est placé au débouché du pont lui-même, et toute la position est couverte par quatre batteries déployées sur la rive ouest. Le pont n’a pas été miné et les soldats le savent, ce qui est un avantage moral. Cette position ne pourrait être enlevée qu’au prix de pertes sévères par de l’infanterie sans appui blindé ni artillerie lourde. Pire peut-être pour les Japonais : les défenseurs disposent de repas chauds, de vêtements propres et de tout le nécessaire. De l’autre côté du Sittang est stationnée la 17e Brigade Indienne, appuyée par une vingtaine de Crusader de la 9e Armoured Brigade. Ces troupes doivent attaquer directement les Japonais s’ils traversent le Sittang à gué, ce qui n’est possible qu’à partir de quelques kilomètres au nord du pont. Pour ne pas trop s’en éloigner, les Japonais choisiront sans doute de traverser entre les positions de la 17e Brigade et de la 22e Division chinoise, donc au niveau de la 48e Brigade Indienne. ……… Deux Lysander de la RIAF venant d’Akyab se perdent et, à court de carburant, font un atterrissage forcé près de Mingaladon. Durant la nuit, les Audax, Overstrand et Heyford du BVAS poursuivent leur harcèlement des colonnes japonaises autour de Mokpalin. Non seulement ces attaques sont pénibles pour l’ennemi, mais elles améliorent nettement le moral des défenseurs du pont, convaincus, au bruit des explosions, que les Japonais subissent un terrifiant bombardement (ce qui est loin d’être le cas). Campagne de Malaisie Au matin, les Japonais relancent leur attaque contre la zone fortifiée de Kulai, mais sont incapables de faire des progrès notables dans la journée. Campagne d’Indonésie Sumatra – Le terrain de Palembang II est à nouveau attaqué, cette fois par des avions de l’Armée : 27 bombardiers Ki-21 escortés par autant de Ki-43. Douze Hurricane II les interceptent, abattant cinq bombardiers et quatre chasseurs, au prix de quatre Hurricane. Cependant, l’accumulation des dommages commence à faire de Palembang II une base de fort mauvaise qualité et le commandement local de la RAF décide de renvoyer à Sabang (à la pointe nord de Sumatra) les Manchester survivants. ……… Java – Les troupes japonaises entrent à Tjilatjap. La nuit précédente, dans un dernier effort, des hydravions Short “C” et PBY-5 ont évacué quelques dizaines de personnes. ……… Océan Indien – Le vice-amiral Nagumo décide de se retirer vers Kendari pour ravitailler, après un dernier ratissage contre le trafic naval allié au sud de Java et un raid de 36 D3A1 contre l’île Christmas. 8 mars Campagne de Birmanie Entre Kyiatko et le Sittang – Seize Blenheim bombardent des colonnes japonaises marchant vers le Sittang et leur infligent des pertes importantes. Ils sont escortés par 17 Hurricane II, bien que ceux-ci aient un besoin urgent d’entretien. Campagne de Malaisie Un nouvel assaut contre la zone fortifiée de Kulai succède à un bombardement effectué d’abord en vol horizontal par 18 Ki-21 puis, en piqué, par 18 Ki-89/D3A1 aidés par 10 D1A2. Les troupes japonaises parviennent alors à pénétrer au centre de la position. La réussite de leur attaque est facilitée par une certaine désorganisation de la défense. En effet, le Brigadier Key, qui commande la 8e Brigade d’infanterie indienne, a été sérieusement blessé pendant le bombardement. Au crépuscule, les forces indiennes commencent à battre en retraite. Campagne d’Indonésie Java – Les forces japonaises reprennent leur attaque contre Bandœng et Batavia. Opération Oni, ou le “siège” de l’Australie Pacifique Sud-Ouest, 02h00 – Le sous-marin I-5 (CC Nakamura), en surface, aperçoit à tribord un gros navire, tous feux éteints, et ouvre le feu avec ses deux canons de 5,5 pouces. Très vite, le navire est atteint par deux obus et stoppe. Le I-5 se rapproche et découvre un pétrolier non armé : il s’agit d’un navire panaméen, mais appartenant à une compagnie américaine, le California Standard (11 179 GRT, Foreign Tankship Corp, allant du Mexique à Sydney avec du pétrole, sur commande de l’US Navy). Les autres sous-marins se sont aussi approchés et l’agressif commandant du Ro-61, le capitaine Hideo Yamamoto, constate que le pétrolier est en panne et abandonné, toutes ses embarcations de sauvetage ayant fui. « Mais ce bateau est pratiquement intact ! s’exclame-t-il. Nous pourrions le capturer ! Noguchi, prenez quelques hommes et allez voir dans quel état il est vraiment. » De fait, la plus grande partie des dégâts faits par les obus du I-5 ont touché la passerelle, où la radio a été démolie. Les quatre commandants décident donc de capturer le pétrolier et y envoient un équipage de prise. Tout le groupe repart à 04h00. En chemin, l’équipage du California Standard est récupéré sur leurs bateaux de sauvetage. Les hommes expliquent qu’ils se sont cru attaqués par un croiseur japonais. La plupart sont de pays neutres (seuls certains officiers sont américains), et ils ne voient aucune objection à travailler pour les Japonais une fois qu’ils ont reçu la garantie qu’ils seront payés, puis rapatriés en tant que marins en détresse. Le groupe Oni et sa prise arriveront ainsi à Kwajalein le 15 mars. « Ces quatre sous-marins devaient être le premier et le plus efficace des groupes de raid sous-marins de la Marine Impériale. L’association de trois petits navires et d’un gros chargé de les ravitailler, tous déjà anciens, avait montré sa valeur. Grâce à l’impréparation des transports alliés, qui ne naviguaient pas jusqu’alors en convois dans cette région, ils avaient obtenu des succès remarquables pour seulement quatre sous-marins : 15 transports totalisant 91 948 GRT coulés, quatre autres endommagés, un escorteur coulé et un pétrolier de 11 179 GRT capturé. La désorganisation du système de transport allié dans la région, obligé de recourir aux convois et de mobiliser des escorteurs et des avions, fut considérable. Ce grand succès de la Sixième Flotte provoqua une réaction inattendue de la part des Allemands, qui décernèrent aux quatre commandants la Croix de Fer de seconde classe. Il s’agissait pour eux de souligner l’intérêt allemand pour la “guerre du tonnage”, mais si cette décoration accrut encore les louanges qui pleuvaient sur la Sixième Flotte, elle ne modifia pas la doctrine bien établie de la Marine Impériale. » (Jack Bailey : Un océan de flammes – La Guerre aéronavale dans le Pacifique ; Sydney, 1965 – New York, 1966 – Paris, 1969). 9 mars Campagne de Birmanie Guerre aérienne – Six Blenheim escortés par huit Hurricane et autant de P-40 de la ROCAF attaquent l’aérodrome de Moulmein, où deux Ki-27 sont détruits et une dizaine d’autres avions endommagés. Au retour, ils aperçoivent un groupe de petits bateaux locaux en train de décharger (ce sont des embarcations locales transportant du ravitaillement réquisitionné dans le Tenasserim). Les chasseurs vont mitrailler ces bateaux, mais ils sont surpris par trois Ki-43, qui abattent un Hurricane. Campagne de Malaisie La bataille autour de la zone fortifiée de Kulai continue. Les Japonais ont percé les lignes du Commonwealth, mais les unités indiennes contre-attaquent toute la journée. Au crépuscule, des Manchester basés à Sabang attaquent les terrains japonais et les bases logistiques dans l’isthme de Kra. Campagne d’Indonésie Java – Les troupes japonaises poursuivent leur avance vers Batavia et Bandœng, mais doivent combattre une résistance hollandaise obstinée, quoique désorganisée. Les deux villes sont bombardées de façon répétée par les avions basés à Kendari et à Timor. Opération Oni, ou le “siège” de l’Australie (phase 2) Côte Est de l’Australie – Alors que la phase 1 de l’opération Oni s’achève, la phase 2 a commencé 4. La flottille est cette fois emmenée par l’I-6 (CC Inaba), un classe J2 ayant une autonomie de 20 000 milles nautiques. Il a été modifié comme le I-5 pour ravitailler les quatre petits submersibles de classe L4 de la 33e division, les Ro-64 (LV Naoshi Tabata), Ro-65 (LV 4 Ne pas confondre l’opération Oni (ou Oni-1), phase 2 (attaque du trafic côtier australien), avec l’opération Oni 2 (raid unique contre la côte nord-est des Etats-Unis). Kennosuke Torisu), Ro-67 (CC Imoto) et Ro-68 (CC Monshiro Izutsu). L’I-6 emporte des réserves de nourriture, de matériel, de combustible et 37 torpilles en tout, dont 14 dans le compartiment prévu à l’origine pour transporter un petit hydravion (les L4 n’ont que dix torpilles chacun). L’entraînement de la flottille a été perturbé par le raid américain sur Wotje et Kwajalein, et son départ retardé de quelques jours. Ce retard a été mis à profit pour adjoindre à la flottille le Ro-32, un vieux bâtiment de classe K5 (mis en service en 1924), équipé de dix des 90 torpilles de 18 pouces de type 97 à oxygène (conçues pour des mini-sous-marins, mais que ces petits engins se sont révélé incapables d’utiliser). Le Ro-32 (CC Kaneo Kudo), après avoir fait route avec les autres, s’est ravitaillé en combustible auprès du I-6, puis a mis le cap sur la NouvelleCalédonie, pendant que les autres bâtiments se dirigeaient vers l’Australie. « Les six navires avaient reçu l’ordre de ne pas utiliser la radio avant d’avoir atteint leur zone de patrouille. Ils devaient ensuite coder selon le code de la Marine toutes leurs communications. » (Japanese Sixth Fleet Operations Plans, Research for Australian Official Histories, 1949 – Research Notes by Mr Norman) Pendant ce temps, les autorités australiennes s’efforcent d’organiser un système de convois cohérent. Elles ont pris la décision de doubler la taille de ces convois, passant de 4 à 5 marchands avec un ou deux escorteurs à 8 ou 10 marchands avec trois ou quatre escorteurs, ce qui réduit de 15 à 20% la rapidité des rotations, donc le tonnage transporté, par rapport à l’absence de convois, mais diminue bien plus fortement la vulnérabilité des convois et surtout le nombre de cibles, donc le risque d’interception. Cependant, de nombreux navires isolés continuent d’arriver des Etats-Unis ou du Cap : il n’y a tout simplement pas assez d’escorteurs en Afrique du Sud et les autorités américaines sont étonnamment lentes à saisir l’importance du problème. Par ailleurs, les escorteurs australiens sont peu nombreux, mal équipés (jusqu’à l’arrivée en mai d’appareillages Asdic anglais), et manquent d’entraînement ASM – ce n’est qu’en mai que deux vieux sous-marins américains de classe “R” doivent arriver pour aider les escorteurs à s’entraîner. La couverture aérienne est elle aussi des plus succinctes, faisant parfois appel à des appareils d’entraînement. Le 9 mars, les sous-marins d’Oni-phase 2 font leur première victime. Le Ro-67 aperçoit au large de Kiama le pétrolier américain J.W. van Dyke (Atlantic Refining Co, 11 652 GRT, allant de San Diego à Melbourne chargé de gazole pour l’US Army, et emportant sur le pont des avions pour l’USAAF). Le pétrolier navigue seul. Le sous-marin lance d’abord quatre torpilles, dont deux frappent le gros navire, qui est ensuite achevé au canon. Après vingt jours d’errance sur l’océan, l’équipage sera secouru par des hydravions Short Singapore de la RNZAF. 10 mars Campagne de Birmanie Guerre aérienne – Les terrains de Zigon et Park Lane sont achevés, permettant le desserrage de plusieurs escadrilles de la RAF. Campagne de Malaisie Les forces japonaises venant du nord parviennent aux abords de Malacca. A Kulai, les contreattaques indiennes sont arrêtées par l’action continuelle des avions d’appui au sol de l’Armée japonaise. Le Lt-général Percival ordonne à toutes les troupes de se préparer à se replier dans l’île de Singapour. Pendant ce temps, la ville de Singapour est attaquée à deux reprises par des avions basés à Kuching. Campagne d’Indonésie Java – Les Japonais atteignent Bandœng, désertée par sa population. Batavia est bombardée deux fois par des avions basés à Kendari. Campagne du Pacifique Sud-Ouest Le Ro-32 (CC Kudo) arrive au large de Nouméa. Il s’aperçoit vite que l’activité aérienne et navale est importante dans cette zone, que les Japonais croyaient calme. 11 mars Campagne de Birmanie Aux abords du Sittang – Ayant redéployé leur dispositif, les Japonais commencent à sonder les défenses autour du débouché ouest du pont. Une formation massive de 42 Ki-21-II escortés par 55 chasseurs attaque les quais de Rangoon. Le raid est intercepté par un total de 50 Hurricane de la RAF et P-40 de la ROCAF, mais ces derniers arrivent en plusieurs formations séparées et l’escorte les tient à distance des bombardiers. Les bombes causent de graves dommages ; trois petits cargos sont incendiés. Campagne d’Indochine Saigon – M. Kuriyama, secrétaire général de la représentation japonaise (gouverneur de fait de l’Indochine) prend un décret qui dissout toutes les assemblées élues, que ce soit le Conseil Colonial de Cochinchine, la Chambre des Représentants des Peuples de l’Annam, du Tonkin, du Cambodge et du Laos, le Grand Conseil des Intérêts Economiques et Financiers ou les conseils communaux, en tant qu’organes créés par le Colonisateur. Ces assemblées sont remplacés par des Conseils variés, dont les membres sont désignés par les services de M. Kuriyama parmi les Indochinois favorables au Japon. Ces derniers n’ont pas été faciles à trouver à Saigon même – après la chute de la ville, les Japonais ont commencé par exécuter tous ceux qu’ils avaient pris les armes à la main et par envoyer tous les immigrés chinois, ou supposés tels, dans des camps de prisonniers d’où fort peu reviendront. Toutes les organisations politiques ou autres d’origine française (ou supposées telles) sont interdites. Les loges locales du Grand Orient de France sont également dissoutes et leurs biens saisis, à commencer par leur siège de Saigon. Aucune exception n’est prévue pour d’éventuelles organisations qui viendraient à se réclamer du NEF. Quant aux civils français qui n’ont pas pu ou pas voulu suivre l’armée lors de son repli vers le nord, ils sont pour la plupart rassemblés sans distinction de sexe ou d’âge dans des camps qui n’ont guère à envier, pour la sévérité de leur régime, à ceux où sont enfermés les prisonniers militaires. Ne seront élargis – et avec mille limitations plus ou moins vexatoires – que ceux qui feront allégeance au pouvoir de Laval et que les Japonais jugeront nécessaires – très provisoirement – au fonctionnement administratif et économique de l’Indochine. Campagne de Malaisie Les troupes japonaises entrent dans la ville de Malacca. Singapour – Devant la dégradation de la situation, il devient évident pour chacun que l’ABDAF Command sera bientôt dissous par la force des choses (et des armes japonaises). Délivré du souci de ne pas gêner Wavell (qui va retourner à l’India Command), Lord Gort relève le Lt-général Percival de ses tâches en Malaisie et prend en personne le commandement de la défense, affirmant son intention de rester avec ses hommes jusqu’au bout, quoi qu’il arrive. A la tombée de la nuit, Percival quitte à regret la ville pour Palembang-II, à Sumatra, d’où il gagnera l’Inde. En début de soirée, lord Gort prononce un discours destiné à tous les officiers commandant les forces du Commonwealth à Singapour et en Malaisie : « (…) Gentlemen, j’ai reçu mandat du Gouvernement de Sa Majesté Impériale et Royale de défendre la place de Singapour, aussi désespérée que paraisse la situation, aussi désespérée qu’elle soit effectivement. Je suis bien décidé à faire honneur à ce mandat, c’est-à-dire à défendre l’Ile jusqu’au dernier homme – moi-même compris. (…) » Ce qu’on appellera le serment de lord Gort – jamais il n’abandonnera Singapour – aura un effet moral considérable sur ses troupes – et bien au delà. Campagne d’Indonésie Java – Bandœng tombe dans la matinée et la ville est aussitôt mise à sac par les troupes japonaises. Pendant ce temps, l’amiral Helfrich et le général Ter Poorten ordonnent l’évacuation vers Sumatra ou l’Australie de toutes les troupes alliées encore à Java. Dans l’après-midi, les avions de la Marine venant de Kuching bombardent violemment Batavia et coulent trois vapeurs surchargés de réfugiés espérant gagner Sumatra. Opération Oni, ou le “siège” de l’Australie Côte Est de l’Australie, 07h50 – Le Ro-65 (LV Torisu) coule d’une torpille le charbonnier côtier “60-miler” Millicent (Southern Coals, 850 GRT), 2 nautiques au large de Lakes Entrance. Pas de survivants. 12 mars Campagne de Birmanie Aux abords du Sittang – Le temps très brumeux, le manque de ressources et l’impérieux besoin de se réorganiser ressenti par les deux camps imposent une trêve presque complète, sur terre comme dans les airs, qui va durer une dizaine de jours. Campagne de Malaisie A Batu Paha, les troupes japonaises venant de Malacca font enfin la jonction avec celles qui ont débarqué à Endau et Mersing. Plus au sud, à Kota Tinggi, les unités de la 1ère Brigade Malaise commencent à se replier vers Johore pour éviter d’être débordées. Campagne d’Indonésie Java – Les Japonais entrent dans Batavia en fin d’après-midi. A Sumatra, Robin “Doc” Meyrson écrit pour le NY Times : « C’est donc Palembang qui est devenu, avec l’isolement de Singapour, la capitale de la défense alliée dans la région. Ce soir, le général Wavell, l’amiral Helfrich et le général Ter Poorten se sont réunis pour évaluer la situation à Java. A la fin de cette réunion, le général Wavell a reçu quelques journalistes, auxquels il a déclaré : “A l’heure actuelle, la situation à Java est extrêmement confuse.” Si l’on en croit les récits épouvantés des réfugiés qui arrivent de Batavia, il s’agit évidemment là d’un remarquable exemple de l’understatement volontiers pratiqué par les officiels britanniques de haut rang. » Il est vrai que Java est bel et bien perdue. La “Barrière Malaise” n’est plus qu’un souvenir. Opération Oni, ou le “siège” de l’Australie Côte Est de l’Australie, 12h30 – Le Ro-65 coule un nouveau charbonnier côtier, l’Undola III (780 GRT, Wildridge and Sinclair Shipping Co) de deux torpilles, à 1 500 mètres du phare de Norah Head. Là encore, pas de survivants, car le petit navire a coulé en moins de 15 secondes. « Cette perte faisait passer le nombre de charbonniers côtiers de Sydney au-dessous du minimum nécessaire pour alimenter les centrales électriques (Pyrmont, Balmain, White Bay et Bunnerong). Ces bateaux ne pouvaient être organisés en convois, car ils devaient respecter des calendriers très stricts, les centrales électriques manquant totalement d’installations de stockage. C’était un travail dur, dangereux et très spécialisé, qu’il fallait effectuer quel que soit le temps et dans lequel les naufrages étaient courants, même en temps de paix, comme en témoigne le poème “The Song of the Sixty-Milers”. De plus, un charbonnier torpillé coulait si vite que tout son équipage disparaissait avec lui, aggravant encore l’effet de la perte du bateau. Les attaques contre le trafic de charbon sur les soixante miles séparant Newcastle et Sydney eurent ainsi un réel impact sur l’économie des Nouvelles-Galles du Sud. Pour y parer, le charbonnier Birchgrove Park fut restitué par la Royal Australian Navy à R.W. Miller & Co pour ravitailler Bunnerong. Des charbonniers hollandais réfugiés, quoique trop petits et trop légèrement construits, furent mis au travail. Deux nouveaux patrouilleurs “V-boats”, à peine terminés par les chantiers Cockatoo, furent mis en service pour escorter les “60-milers”. Rien d’autre n’était disponible. La RAAF, en raclant les fonds de tiroir, put assurer la présence quotidienne de quatre Anson pour couvrir les 60 miles, mais il ne s’agissait bien sûr que d’une mesure diurne. » (Research Notes de Mr Norman) Campagne des Philippines (voir Annexe C B5) Corregidor – La famille du général MacArthur, le général Wainwright, l’amiral Rockwell et quinze autres officiers de haut rang quittent Corregidor sur les vedettes rapides du lieutenant Bulkeley, qui les conduisent sur la côte nord de Mindanao, où une petite piste d’atterrissage est encore contrôlée par les Américains. Le général Douglas MacArthur reste sur Corregidor. Les raisons de sa décision sont aujourd’hui mal éclaircies, car les témoignages divergent. Le fait que les chefs militaires et même civils des défenseurs de Singapour (lord Gort) et de l’Indochine (Martin, Sainteny) aient proclamé qu’ils ne quitteraient pas leur poste a certainement joué, mais le seul élément objectif est la courte lettre de MacArthur au Président Roosevelt, qui s’achève sur ces mots : « MacArthur ne fuira pas. » 13 mars Campagne de Malaisie Les troupes japonaises avancent lentement vers Johore, mais les unités du Commonwealth peuvent se replier en bon ordre vers le sud. Singapour est maintenant bombardée chaque jour avec régularité par les avions japonais. Fremantle (Australie) – Le croiseur mouilleur de mines Emile-Bertin quitte l’Australie pour Colombo. Le même jour arrive, très attendu, le ravitailleur de sous-marins Ville de Mons, transportant des torpilles, des accumulateurs et des pièces détachées pour les sous-marins français de la 3e Flottille (capitaine de vaisseau Leportier). Pearl Harbor – Les dommages infligés par la bombe reçue en février étant réparés, le Lexington fait route avec son écran vers Nouméa, où il doit retrouver le Wasp, jusqu’alors seul porte-avions allié à opérer dans le Pacifique Sud-Ouest. Opération Oni, ou le “siège” de l’Australie Côte orientale de l’Australie, 07h40 – Quinze nautiques au sud-ouest du promontoire Wilson, le I-6 (CC Inaba) aperçoit le cargo américain isolé Algic (US Maritime Commission, 5 496 GRT, allant de San Francisco à Melbourne avec des chars, des moteurs d’avion et des P-40 en caisses sur le pont). Il le coule de deux torpilles. 20h00 – Le Ro-64 (LV Tabata) lance deux torpilles sur le cargo norvégien isolé Belpariel (Christian Smith/Skibs Belships, 7 203 GRT, transportant vers Brisbane quatre remorqueurs de port, deux petits patrouilleurs et des chars). Mais le Norvégien évite les deux torpilles et s’enfuit. Le Ro-64 fait alors surface et poursuit sa proie dans la nuit… 14 mars Campagne de Birmanie Guerre aérienne – Seule formation encore active, le BVAS conduit des opérations nocturnes régulières. Cette nuit-là, six Whitley font leur première sortie et réussissent un bombardement précis du terrain de Don Muang, près de Bangkok, où neuf Ki-21-II sont endommagés. En face, les sorties les plus régulières sont les reconnaissances des Ki-46 “Dinah” du 51e Chutai indépendant, que leur vitesse met à l’abri des interceptions. Campagne de Malaisie Les troupes japonaises progressent lentement vers Johore sous des orages intermittents, qui les empêchent de recourir à l’appui aérien. Campagne d’Indonésie Java – L’Armée Impériale établit son quartier général à Bandœng, bien qu’une grande partie de la ville soit en ruines. Pendant ce temps, constatant la perte de la plus grande partie de leurs colonies, les Hollandais font le compte des atouts dont ils disposent encore – ce n’est pas nul (voir Appendice). Opération Oni, ou le “siège” de l’Australie Côte Est de l’Australie, 04h30 – Le Ro-64 rattrape le Belpareil et lance deux torpilles à bout portant – moins de mille mètres. Une seule touche, mais c’est suffisant pour entraîner la perte du navire. 11h40 – Le Ro-68 (CC Izutsu) aperçoit au large de Sydney un convoi cap au sud. Il lance quatre torpilles de loin et touche le cargo australien Corio (Huddart Parker, 3 346 GRT, allant de Sydney à Melbourne avec du ciment et du tissu), qui coule rapidement. Mais le Ro-68 est alors pris en chasse pendant plusieurs heures par l’aviso HMAS Moresby, qui l’arrose de 36 grenades ASM. Le sous-marin s’en tire de justesse, mais doit se replier pendant deux jours en haute mer pour effectuer des réparations. 15 mars Campagne de Birmanie Commandement – Wavell met un terme à ses hésitations. Il remplace Hutton, d’esprit décidément trop peu offensif à son goût. Harvey est indisponible pour raison de santé – il a même fallu lui donner l’ordre de se laisser hospitaliser une semaine pour se reposer et traiter ses diverses blessures et maladies. Mais Wavell a maintenant à sa disposition le Lt-général Percival, arrivé de Singapour quelques jours plus tôt et qui brûle du désir de rendre aux Japonais la monnaie de leur pièce. Percival est donc nommé GOC Burma. Il lui faudra quelques jours pour s’adapter, mais toutes les dispositions sont déjà prises pour la bataille qui approche. Campagne de Malaisie Alors que les troupes japonaises se regroupent autour de Johore, les aviations de l’Armée et de la Marine lancent de nouveaux raids contre Singapour. Le ciel de l’île est à présent obscurci par d’énormes nuages de fumée provenant des incendies allumés par les bombardements. D’autres nuages de fumée, provenant cette fois des hévéas délibérément incendiés par les Britanniques, voilent en partie le ciel au-dessus du détroit de Malacca. Les bateaux britanniques chargés de ravitaillement destiné à la forteresse de Penang, où s’est repliée la plus grande partie de la 18e DI britannique, peuvent ainsi plus facilement échapper à l’attention de l’aviation japonaise. Campagne d’Indochine Après avoir dû livrer quelques combats contre des troupes d’arrière-garde, les Japonais entrent à Ban-Me-Thuot. La petite ville a été évacuée et la plupart des ses bâtiments ont été détruits, par les bombardements japonais ou par les sapeurs français. Le commandant de la colonne japonaise décide de stationner un certain temps dans la ville avant d’essayer de marcher vers Pleiku. Campagne du Pacifique Sud-Ouest Fremantle – Le 1 500 tonnes Le Tonnant (LV Maurice Paumier) est le dernier sous-marin de la 3e Flottille française à rejoindre le port australien, au terme d’une patrouille de vingt-six jours. Parti de Sœrabaya le 18 février, il s’est avancé dans le Golfe de Siam jusqu’au parallèle de Trat. Dans ces parages, il a torpillé et coulé, le 23 février, le cargo mixte thaïlandais Valaya (1 311 GRT), allant isolément du Japon à Bangkok. Sur le chemin du retour, il a, dans la nuit du 1er au 2 mars, manqué l’interception d’un convoi japonais se dirigeant vers Singora (ou Songkhla). En effet, alors qu’il tentait de s’en approcher en navigant en surface, sa route a croisé, à 01h27 heure locale, celle d’un petit patrouilleur. Au terme de dix minutes d’engagement au canon, le sous-marin a désemparé son adversaire : le commandant Paumier revendiquera « un chasseur de sous-marins japonais probablement coulé ». En fait, l’on saura après la guerre que la cible du Tonnant a bien fini par couler, et qu’il ne s’agissait pas d’un navire japonais mais du torpilleur côtier thaïlandais Takbai 5. Mais la canonnade a été entendue par le convoi et l’un de ses escorteurs, l’aviso Hachiyo (comme il ressortira des archives de la Marine Impériale), s’est dirigé vers le lieu du combat. Le Tonnant a dû plonger et, s’il a pu se dérober à une chasse modérément agressive, il n’a plus été question de s’en prendre aux cargos ou transports de troupes… Pearl Harbor – Le croiseur sous-marin Surcouf (CF Blaison) quitte Pearl Harbor en fin de journée après avoir laissé tout le temps à ses marins d’évoquer leur retour à Papeete dans les bars du port. Mais sitôt au large, le navire met le cap à l’ouest. 16 mars Campagne de Malaisie Après plusieurs raids diurnes contre Singapour, l’aviation de l’Armée tente à nouveau sa chance de nuit et perd deux Ki-21 abattus par les Defiant de la RAF. 5 L’un des trois torpilleurs de la classe Kantang, de construction japonaise, entrés en service en 1937. Ces navires sont assez lents (19 nœuds), ce qui les fait parfois définir comme des patrouilleurs armés de torpilles. Autres caractéristiques : 110 tW, 1 canon de 76 mm, 2 de 20 mm, 2 tubes lance-torpilles de 450 mm. Campagne d’Indonésie Holy Loch (Ecosse) – A l’issue de la période d’entraînement qui a suivi son carénage, le sous-marin néerlandais O-23 (CC A.M. Valkenburg) part pour l’Extrême-Orient via la Méditerranée et le Canal de Suez. Son arrivée à Colombo, où il doit rejoindre la 4e Flottille britannique, est prévue vers le 18 avril. Campagne d’Indochine Le Haut-Commissaire Jean Sainteny, le général Maurice Martin et leur état-major arrivent à Saravane, dans la région des Bolovens. Opération Oni, ou le “siège” de l’Australie Côte Est de l’Australie, 02h00 – Le Ro-65 (LV Torisu) continue à pourchasser les “60 milers”. Au large de The Entrance, il lance une torpille sur le Christina Fraser (550 GRT, R.W. Miller & Co, allant de Newcastle à Sydney avec du charbon)… et le rate. Le sous-marin fait alors surface et coule le charbonnier au canon. 17 mars Campagne de Malaisie Nouvelle journée de bombardements contre Singapour. A Palembang, le général Wavell réévalue la situation dans la région Sumatra-Malaisie-Singapour avec le général Ter Poorten. Ils tombent d’accord pour reconnaître que l’existence de l’ABDAF Command ne se justifie plus guère… Cette structure n’aura véritablement existé que pendant environ deux mois, même si sa dissolution officielle n’est pas encore actée. Campagne d’Indochine Les avions japonais attaquent Pleiku et les hameaux voisins, faisant de nombreuses victimes dans la population civile. Opération Oni, ou le “siège” de l’Australie Côte orientale de l’Australie, 16h00 – Le I-6 (CC Inaba) lance quatre torpilles sur un petit convoi de deux transports accompagnés d’un bateau pilote (hâtivement doté d’une artillerie légère mais non de grenades ASM), dans Storm Bay. Le cargo britannique Jalaveera (4 966 GRT, Scindia Steam Navigation, allant de Newcastle à Hobart avec du charbon) est touché deux fois et coule, tandis que l’autre cargo échappe à une torpille qui passe sous sa coque. 18 mars Campagne de Malaisie Les avions de la Marine japonaise basés à Kuching attaquent par deux fois Singapour ; lors du second raid, deux petits bateaux sont incendiés dans le port de commerce. Lord Gort ordonne l’évacuation de « tout le personnel non essentiel à la défense de Singapour ». Renforts Kure (Japon) – Le ravitailleur d’hydravions Kunikawa Maru sort du chantier naval, après un peu plus d'un mois de travaux. L’ancien cargo frigorifique, réquisitionné par la Marine Impériale, a participé à la conquête des Philippines puis à celle des Indes Néerlandaises, transportant des troupes pour la Marine et pour l’Armée. Sa conversion en ravitailleur d’hydravions a été décidée après la perte de ses jumeaux Kamikawa Maru et Kimikawa Maru et du porte-hydravions Chiyoda. Le Kunikawa Maru doit à présent rejoindre Rabaul, car il va être engagé dans la conquête de la Nouvelle-Guinée. On n’a réussi à lui affecter pour l’instant que six hydravions de reconnaissance Mitsubishi F1M2 “Pete”, théoriquement capables de mission d’appui et de chasse, mais largement dépassés. 19 mars Campagne d’Indonésie Baie de Kuching – Le contre-amiral Kubo concentre sa 4e Force d’Attaque Surprise et celle de son collègue Nishimura pour couvrir un convoi de 22 transports. Kendari (Célèbes) – Les porte-avions du vice-amiral Nagumo lèvent l’ancre dans l’aprèsmidi et se dirigent vers le sud-ouest. Pacifique Sud-Ouest Nouvelle-Guinée – Les Japonais occupent Hollandia, sur la côte nord-ouest de l’île (dans sa partie hollandaise, aujourd’hui indonésienne). 20 mars Pacifique Sud-Ouest Au large de Nouméa, 02h00 – Ne parvenant pas à se mettre en position de tir, le Ro-32 (Cc Kudo) finit par envoyer au quartier général de la Sixième Flotte un message décrivant la présence dans le lagon de nombreux navires civils et militaires, une forte activité aérienne avec des avions mono et multimoteurs et un important trafic radio local. Mais cette activité sera considérée comme liée à la mise en état de défense de la grande île, et non comme la préparation d’une offensive alliée dans la région, que les services de renseignement japonais estiment impossible avant le mois de décembre 1942. 21 mars Campagne de Birmanie Ordres de bataille aériens – Dans les airs, la supériorité numérique et qualitative des Japonais, qui ont reçu quelques renforts, n’est pas encore remise en cause. Chasse 1er Sentai, Moulmein : 25 Ki-27 “Nate” 11e Sentai, Moulmein : 19 Ki-27 “Nate” 50e Sentai, Moulmein : 32 Ki-43 Hayabusa “Oscar” 64e Sentai, Changmai : 42 Ki-27 “Nate” 77e Sentai, Maubin : 35 Ki-43 Hayabusa “Oscar” ……… Bombardement et reconnaissance 8e Sentai, Moulmein : 12 Ki-15 “Babs” et 34 Ki-48 “Lily” 14e Sentai, Lampong et Nakhon Sawan : 32 Ki-21-I et II “Sally” et 11 Ki-48 “Lily” 31e Sentai, Lampong : 28 Ki-30 “Ann” 62e Sentai, Bangkok: 35 Ki-21-II “Sally” 51e Chutai indépendant, Lampang : 5 Ki-15 “Babs” et 5 Ki-46 “Dinah” 70e Chutai indépendant, Maubin : 5 Ki-15 “Babs” et 5 Ki-46 “Dinah” ……………………… En effet, les forces alliées, pour la plupart concentrées autour de Mingaladon, sont encore limitées. RAF (221e Group) Sqn 17 : 16 Hurricane II Sqn 67 : 16 Hurricane II Sqn 113 : 16 Hurricane II Sqn 136 : 16 Hurricane II PRU (Photo Reco Unit) : 2 Beaufort recce (fabriqués en Australie) et 6 Hurricane II Sqn 45 : 16 Blenheim IV Sqn 211 : 16 Blenheim IV 10e OTU (RAF) : 8 Hurricane I, 14 Hurricane II, 4 Blenheim IV, 2 Whitley, 2 Lysander ……… Royal Indian Air Force Sqn 1 : 16 Hurricane II ……… Burma Volunteer Air Service (unité auxiliaire de la RAF affectée officiellement à la RIAF) Sqn 1 (BVAS) : 5 Boulton-Paul Overstrand, 9 Handley-Page Heyford Sqn 2 (BVAS) : 16 Hawker Fury Sqn 3 (BVAS) : 19 Hawker Audax Sqn 4 (BVAS) : 8 Whitley Six Flights indépendants de coopération avec l’Armée : 18 Westland Wapiti Sept Flights indépendants de transport et servitude : 22 avions variés ……… ROCAF (9e Régiment aérien) Sqn 1 : 21 P-40B Sqn 2 : 11 P-40B, 10 P-40E Sqn 3 : 21 P-400 OCU : 35 P-40B, 11 P-400, 1 P-36, 12 Harvard, 12 Tiger Moth (formation d’écolage et de transformation basée à John Haig, l’un des terrains satellites de Mingaladon). Ordres de bataille terrestres – Au sol, les Japonais et leurs alliés thaïs ont un avantage : ils sont bien ravitaillés par Moulmein, en nourriture comme en munitions. Mais pour le reste… 55e Division de l’Armée Impériale 112e Régiment d’Infanterie (colonel S. Tanahashi) 143e Régiment d’Infanterie (colonel M. Uno) 55e Régiment d’Artillerie de Montagne (deux groupes sur trois, soit 24 canons de 75 mm) 55e Régiment de Cavalerie (deux escadrons de cavalerie sur trois, un escadron antichar et un escadron de mitrailleuses) ……… 19e Brigade de l’Armée Royale Thaï (le reste de la 2e DI assure la sécurité des lignes de ravitaillement) : 50e et 59e Bataillons. Ces forces ont été déployées autour du débouché est du pont sur le Sittang. ……………………… En réalité, la supériorité alliée au sol est très nette, même si ni les Alliés ni les Japonais ne la mesurent vraiment. 8e Division Indienne (reconstituée sous les ordres du major-général Harvey) 13e, 17e et 18e Brigades Indiennes (les 13e et 18e Brigades tiennent le débouché est du pont, la 17e se trouve sur la rive ouest). Artillerie organique. 14e Division Indienne 47e, 48e et 49e Brigades Indiennes (la 48e Brigade est déployée un peu au nord du débouché ouest du pont, entre la 17e Brigade et la Ve Armée chinoise ; les 47e et 49e sont en cours d’acheminement : le gros des troupes est déjà à Rangoon, on n’attend plus que l’artillerie organique de la division). ……… Eléments de la 9e Armoured Brigade 20 chars Crusader (plus 35 en réparations), en appui de la 17e Brigade Indienne. Bataillon blindé indépendant “Calcutta Light Horse” 7 chars “Cruisers” A-10, 6 chars Vickers Medium, 5 chars Vickers Mk IV Light, 12 tankettes Marmon-Herrington CTLS-4TA. Le CLH est déployé en réserve de la 48e Brigade Indienne. ……… Ve Armée chinoise (Lt-général Du Yuming) 22e Division (major-général Liao Yaoxiang) : 64e, 65e et 66e Régiments d’Infanterie 96e Division (major-général Yu Shao) : 286e, 287e et 288e Régiments d’Infanterie 598e Régiment Blindé (major-général Dai Anlan) : 12 chars Valentine, 12 chars Vickers Mark VI, 18 tankettes CV-33, 6 automitrailleuses Marmon-Herrington. Campagnes de Birmanie et d’Indochine – “L’intercession” chinoise Avec son arrogance habituelle, Tchang Kaï-Chek a baptisé “Intercession” une opération destinée officiellement à protéger le flanc est de la Route de Birmanie et, si possible, à prêter assistance aux troupes franco-vietnamiennes défendant la région de Dien-Bien-Phu (notamment pour les aider à se ravitailler). Mais Tchang a “généreusement” donné le commandement de cette opération à son conseiller américain, le général Joseph Stilwell, qu’il méprise cordialement, en lui confiant quelques-unes des unités les plus mal équipées du Kuomintang et en le laissant libre de déterminer sa stratégie… en accord avec les Français. Jo Stilwell se retrouve ainsi dans une situation où il va vivre personnellement le manque de moyens qui est le quotidien des troupes chinoises. De fait, Geiju, où “Vinegar Joe” installe son QG en ce 21 mars, est situé loin au sud de Kunming, non loin de la frontière sinoindochinoise, c’est à dire loin de tout… Composition de la Force Expéditionnaire Chinoise en Birmanie (FECB) – Réserve d’état-major 36e Division* (général Li Zhipeng) – En réserve au Yunnan. 88e Division* – Envoyée en mai 1942 défendre le sud du Yunnan contre les incursions de troupes japonaises venant d’Indochine. 2e Division de réserve – Envoyée en mai 1942 effectuer des actions de guérilla sur les arrières japonais le long de la frontière avec l’Indochine. – 6e Armée (général Gan Lichu) – Entré en Birmanie dès février 1942 49e Division (général Peng Bisheng) – 145e, 146e et 147e régiments. 93e Division (général Lu Guoquan) – 277e, 278e et 279e régiments. 55e Division Provinciale (général Chen Mianwu) – 1er, 2e et 3e régiments. 1er Bataillon du 13e Rgt d’Artillerie. Bataillons du Génie, du Train et des Transmissions. – 66e Armée (général Ma Weiji) – Utilisé dans le sud-ouest de la province du Guangxi. Détaché auprès de Stilwell à partir de mi-avril 1942, mais normalement indépendant et travaillant en coopération avec des éléments français venus du Vietnam. 28e Division (reconstituée) (général Liu Bolong) – 82e, 83e et 84e régiments. 29e Division (reconstituée) (général Ma Weiji) – 85e, 86e et 87e régiments. 38e Division (reconstituée)* (général Sun Liren) – 112e, 113e et 114e régiments. 1er Bataillon du 18e Rgt d’Artillerie. * Division entraînée avant le conflit par des conseillers militaires allemands et réorganisée. Stilwell est extraordinairement peu à sa place à ce poste. Tout ce qui sera accompli sur le terrain le sera en réalité par son “adjoint” le général Luo Zhuoying, en relation directe avec les forces françaises et leurs alliés locaux par l’intermédiaire du Lt-général Lin Wei. En revanche, Stilwell ne manquera pas de se faire mal voir des Français en réclamant à cor et à cris qu’ils se lancent dans des opérations dont ils n’ont absolument pas les moyens. Mais la véritable mission confiée aux troupes de second rang composant la FECB sera brillamment exécutée : faire en sorte que Jo Stilwell exige l’envoi en Chine par Washington d’une grande quantité de matériel. L’opération “Intercession” durera jusqu’au début du mois de juin. Campagne de Malaisie Singapour est à nouveau durement bombardée par des appareils de l’Armée japonaise. Les forces terrestres japonaises se regroupent en Johore, pendant que les unités du génie s’efforcent de remettre en état pour les appareils d’appui au sol de l’Armée les pistes soigneusement détruites par le génie britannique. Campagne de Nouvelle-Guinée Rabaul – Les transports destinés à l’opération SR, l’invasion de la côte nord-est de la Nouvelle-Guinée, appareillent. Leur escorte est assurée par la division du contre-amiral Sadamichi Kajioka : CL Yubari, DD Asanagi, Mochizuki, Mutsuki, Oite, Yayoi et Yunagi. La flotte d’invasion est accompagnée par la force du contre-amiral Kuninori Marumo : CL Tatsuta, ravitailleur d’hydravions Kiyokawa Maru (avec 4 x E8N2, 3 x F1M2 et 3 x E13A1), mouilleurs de mines Tsugaru et Okinoshima. Enfin, les croiseurs lourds du contre-amiral Aritomo Goto (CA Aoba, Furutaka, Kako et Kinugasa) sont en couverture. Campagne du Pacifique Sud-Ouest Au large de Nouméa, 12h40 – Le CC Kudo réussit à placer son sous-marin Ro-32 en bonne position pour tirer sur le ravitailleur d’hydravions USS Curtiss, escorté d’un seul dragueur de mines. 13h05 – Le sous-marin lance quatre torpilles à moins de 3 000 mètres. Ne laissant presque pas de sillage, les torpilles à oxygène passent inaperçues et le Curtiss est touché de plein fouet par deux d’entre elles. Il coule 12 minutes plus tard, emportant la moitié de ses 1 195 membres d’équipage. Le coup est sévère, car le navire apportait des pièces détachées et des équipements pour des hydravions PBY sur le point de s’installer à Nouméa. Opération Oni, ou le “siège” de l’Australie Côte Est de l’Australie, 11h00 – Le Ro-67 (CC Imoto) a subi des avaries et a eu à affronter du gros temps, quand sa chance tourne enfin. Il attaque le cargo yougoslave Olga Topic (4 375 GRT, allant de Melbourne à Auckland pour compléter une cargaison de laine et de viande en boîte destinée à l’Angleterre). Une première torpille le rate, une deuxième le stoppe et une troisième le coule. 22 mars Campagne de Birmanie Bataille du Sittang – C’est l’affrontement majeur de la campagne. Dans la nuit du 21 au 22, le 112e Régiment d’Infanterie japonais et la moitié du 143e traversent à gué le Sittang un peu plus de huit km au nord du pont. Ce secteur est couvert par un léger écran de troupes. Il s’agit du 2e King’s Own Yorkshire Light Infantry, qui se replie devant l’avance japonaise : le gros de la 48e Brigade indienne a été déployé un peu en retrait à l’ouest. Rapidement informée, la 22e “Division” chinoise fait face à la menace en se déployant perpendiculairement au fleuve, deux ou trois km au nord du point de débarquement japonais. A l’aube, les premiers éléments japonais sont contenus au nord de leur point de passage par la 22e Division chinoise. Ils ont progressé de 5 km à l’intérieur des terres, mais se heurtent à une résistance croissante de la part de la 48e Brigade. Vers 10h00, les combats sur ce front deviennent très violents. Les Indiens se battent avec énergie, mais ils sont lentement refoulés. Pendant ce temps, les éléments japonais qui se dirigent vers le sud entrent en contact avec la 17e Brigade. A ce moment, Percival étrenne ses gallons de GOC Burma et ordonne à Harvey de lancer une contre-attaque avec la 17e Brigade et les Crusader de la 9e Armoured Brigade. Il demande aussi au général Tu de faire attaquer sa 96e Division, entre la 22e Division et la 48e Brigade – le Chinois ne se fait pas prier et pour faire bonne mesure, ajoute les 48 engins de son 598e Régiment blindé. A peu près en même temps, le Calcutta Light Horse se lance en avant, en théorie pour soulager la 48e Brigade, mais en réalité parce que les cavaliers n’y tiennent plus. La contre-attaque alliée frappe brutalement les forces japonaises. Très engagées sur le front ouest, elles voient leurs deux flancs menacés en même temps par des forces ennemies qui ont par endroits une supériorité de quatre contre un et qui mettent en ligne des blindés, si médiocres et légers qu’ils soient. Le lieutenant-général Takeuchi comprend très vite qu’il risque de perdre tout son monde et ordonne une retraite immédiate vers le Sittang – mais la moitié de ses hommes ont avancé trop loin vers le sud pour trouver un passage guéable ; ils doivent d’abord reculer vers le nord le long du fleuve, alors que l’ennemi commence à les presser de toutes parts. Pour les aider à se dégager, Takeuchi demande à son aviation un effort maximum. Une furieuse bataille aérienne s’ensuit et se prolonge jusqu’au coucher du soleil, tandis que les chasseurs des deux camps tentent de protéger leurs avions d’appui au sol qui se ruent à l’assaut. Assez curieusement, ce sont les Audax et les Fury du BVAS qui se montrent les plus efficaces à ce jeu et font le plus de victimes chez les soldats japonais : ils volent si bas et sont si manœuvrables que ce sont des cibles difficiles pour les Ki-43 et même pour les Ki-27, qui doivent se méfier de l’intervention des P-40 et des Hurricane qui couvrent les biplans. En revanche, les avions japonais ont le nombre pour eux. Grâce à l’appui de leur aviation, les Japonais ne sont pas anéantis, mais leur défaite est sans appel et leurs pertes sont lourdes. Pressé sans relâche par les troupes indiennes et chinoises, harcelé par les blindés britanniques, Takeuchi réussit tout juste à sauver un peu plus de la moitié des hommes qui ont traversé le fleuve. La 55e Division y perd 3 500 soldats. A la tombée de la nuit, elle atteint la rive est du Sittang, réduite à 5 000 hommes environ. Takeuchi, bien conscient que des troupes alliées sont déjà en train de passer le Sittang sur ses talons, ordonne un repli rapide jusqu’à un petit affluent du grand fleuve. Il s’agit d’une bonne position de défense, mais la droite des Japonais flotte dans le vide et leur gauche n’est couverte que par la 19e Brigade thaïe. Campagne d’Indonésie Sumatra, 05h30 – Les quatre porte-avions du vice-amiral Nagumo lancent un raid majeur contre Palembang. La ville et l’aérodrome sont frappés à l’aube. En dépit d’une courageuse opposition des Hurricane de la RAF et de la RAAF, qui détruisent sept D3A1 et six A6M2 au prix de sept des leurs, les deux objectifs sont durement touchés. 08h50 – Les avions basés à Kuching attaquent à la fois Palembang (24 Ki-21 de l’Armée) et le terrain hollandais de Manopati (21 G4M1 escortés par 27 A6M2). Le raid sur Manopati détruit les derniers chasseurs B-339 et CW-21B du ML-KNIL. 09h00 – Le QG allié est informé de débarquements japonais à Sumatra, sur les plages de Telukbetang, au bord du détroit de la Sonde. 09h50 – Une formation combinée d’avions de transports japonais de l’Armée (54 Kawasaki Ki-56 et LO) et de la Marine (33 Nakajima L2D3) lâche environ 1 100 parachutistes autour du terrain de Palembang-II. Des troupes britanniques et hollandaises réagissent rapidement et chassent les parachutistes de l’aérodrome, mais ceux-ci parviennent à garder le contrôle des raffineries de Palembang. 10h00 – Couverte par la force du vice-amiral Ozawa, la 4e Force d’Attaque Surprise du contre-amiral Kubo débarque des troupes à Pangkapinank et dans l’estuaire du Musi, au nordest de Palembang. 23 mars Campagne de Birmanie Bataille du Sittang – La position de Takeuchi devient vite intenable. La 48e Brigade Indienne engage de face le 143e Régiment et sur son aile gauche, les 13e et 18e Brigades, sorties de leurs fortifications, repoussent sans grande difficulté la 19e Brigade thaïe. Enfin, à la mijournée, la 22e Division chinoise déborde le flanc droit japonais. Elle est arrêtée un moment par ce qui reste du 112e Régiment, mais vers 16 heures, les blindés survivants du Calcutta Light Horse et du 598e Régiment blindé chinois (qui avaient été retardés par le terrain mou) lancent une charge appuyée par des tirs très nourris de mortiers et de 75 mm. Les chars sont suivis par près de 1 500 Chinois qui chargent à la baïonnette. Au bout de 30 minutes environ de combats furieux, parfois au corps à corps, contre des Chinois enivrés par leurs succès, le 112e Régiment craque. Takeuchi lui-même est blessé quand son poste de commandement est attaqué par les deux derniers A-10 du CLH. Il ordonne à toutes ses troupes de profiter de la nuit pour décrocher et battre en retraite vers l’est. Campagne d’Indonésie Sumatra – Dans la nuit, les parachutistes japonais ont été acculés autour des raffineries. Cependant, le bruit que des troupes japonaises avancent vers Palembang par la rivière Musi provoque une certaine panique et les unités alliées quittent la ville vers midi. A la nuit, les forces japonaises contrôlent la région. Lorsque la nouvelle se répand, la résistance sur la côte sud-est de Sumatra, qui tenait jusqu’alors solidement, s’effondre, tandis que les unités alliées tentent de fuir vers la côte ouest. Au nord de Sumatra, les porte-avions de Nagumo lancent un raid massif contre l’île de Sabang. Arrivant à l’abri des montagnes, les attaquants échappent à la détection par le radar local, qui ne donne l’alerte qu’au moment où l’ennemi est à moins de 20 nautiques, et la défense est prise au dépourvu. Six Hurricane et sept Manchester sont détruits au sol (plus trois Hurricane en vol, qui venaient de décoller), tandis que les installations de ravitaillement en carburant sont durement touchées, malgré une DCA puissante et bien organisée, qui abat trois Val, un Kate et deux Zéro. Un nouveau raid est effectué à 14h50, et se heurte cette fois à une patrouille de six Hurricane. Les chasseurs alliés, quoique très inférieurs en nombre, abattent deux Val et deux Zéro, en perdant trois appareils. ……… Détroits de Karimata – Opérant maintenant de Port Blair, le sous-marin HMS Unique (Lt A.F. Collett) s’approche des navires japonais qui débarquent des troupes dans l’estuaire du Musi. D’une gerbe de torpilles, il coule un transport et le chasseur de sous-marins CH-10. Campagne du Pacifique Sud-Ouest Côte est de la Nouvelle-Guinée (Papouasie) – Les forces japonaises parties de Rabaul le 21 débarquent à Lae et à Salamaua, dans le golfe de Huon (sur la côte nord-est de la Nouvelle- Guinée, loin au nord de Port Moresby, à la racine de la “queue” ou partie est de la grande île). De nombreux petits groupes de New Guinea Volunteer Rifles (NGVR), de policiers locaux et de civils fuient et se lancent à pied dans d’épiques voyages à travers l’île, après avoir détruit quelques installations portuaires. Quelques Hudson du Sqn 32 de la RAAF, venant de Port Moresby, et des B-17 du 435th Bombardment Squadron, basé à Townsville, effectuent des attaques inefficaces. Les débarquements se déroulant pratiquement sans opposition, les croiseurs lourds du contreamiral Goto et le CL Tatsuta (avec à bord le contre-amiral Marumo) quittent la zone dans la soirée pour rentrer à Rabaul après un crochet par Bougainville. L’amiral W. Brown, qui a quitté Nouméa la veille avec les CV Wasp et Lexington pour couvrir un important convoi, décide, avec l’accord de l’amiral King, de se dérouter vers la Papouasie pour « attaquer l’ennemi ». Les deux porte-avions sont bientôt rejoints par celui de l’amiral F. Fletcher, l’USS Yorktown. Au large de Nouméa, 22h00 – Le Ro-32 (CC Kudo), ayant passé toute la journée près des récifs, est récompensé par la vue de nombreux navires sortant du lagon et tire quatre torpilles vers le plus gros bâtiment, à moins de 2 000 mètres. Deux au moins touchent. Tandis que le sous-marin réussit à s’échapper sans difficulté, le transport de troupes de l’US Army Catlin (24 289 GRT, ex-Washington des US Lines) coule vers minuit sans que l’on ait pu l’échouer. Par bonheur, le navire était vide et les pertes humaines sont minimes. C’est l’un des plus gros navires coulés par les sous-marins de la Marine Impériale durant la guerre. N’ayant plus que deux torpilles, le Ro-32 retourne selon ses ordres à Kwajalein, où il arrivera le 5 avril. Son unique patrouille offensive (il ne servira plus qu’à l’entraînement) a prouvé la fiabilité des torpilles Type-97 dans des sous-marins normaux. Mais les Japonais ne pourront guère en avoir l’utilité pratique. 24 mars Océan Indien Iles Andaman – A l’aube, 36 D3A1 escortés par 27 A6M2, lancés par les porte-avions de Nagumo, attaquent Port Blair. Ils sont interceptés par six Vickers type 355 (cette version à flotteurs du Spitfire rappelle que le “Spit” est dérivé de l’hydravion de course Supermarine S6B ; les type 355 sont en général désignés “Floatfire”). Mais ces élégants hydravions, écrasés sous le nombre, perdent cinq des leurs dans le combat avec les Zéro, dont trois sont abattus. Le porte-hydravions Commandant-Teste, gravement endommagé, doit être échoué, et deux petits cargos sont détruits dans la rade. Campagne de Birmanie Bataille du Sittang – Au sud-est de Mokpalin, les Japonais en retraite prennent en embuscade avec 900 hommes et quatre canons de 37 mm antichars les premiers éléments alliés. Plusieurs chars sont détruits et les Chinois perdent 70 hommes. Takeuchi profite de ce coup d’arrêt pour prendre de l’avance sur ses poursuivants avec le reste de ses forces. Côté allié, les Chinois décident que leur mission est de veiller sur la Route de Birmanie et les éléments avancés de la 5e Armée se replient à l’ouest du Sittang. Le Calcutta Light Horse cède ses derniers chars au 598e Régiment blindé chinois – lui-même sera par la suite rééquipé de neuf : il recevra les premiers Stuart acheminés à Rangoon. La charge de la poursuite revient aux 8e et 14e Divisions Indiennes. Campagne d’Indonésie Sumatra – De Palembang, les Japonais commencent à avancer vers Medan, au nord. Opération Oni, ou le “siège” de l’Australie Côte Est de l’Australie, 21h00 – Le Ro-68 (CC Izutsu) attaque le convoi OG8 au large de Broken Bay. C’est un convoi “double”, dix navires marchands surveillés par quatre escorteurs, tous australiens : le yacht Adele (288 GRT, 12 nœuds, un 6-livres), le dragueur de mines auxiliaire (AMS) Orara (1297 GRT, 16 nœuds, un 4-pouces, 12 grenades ASM), le dragueur de classe Bathurst Geraldton 6 et le chef d’escorte, l’aviso Moresby (parfois honoré de l’appellation destroyer d’escorte). Le Ro-68 pénètre l’écran et lance une salve de quatre torpilles, touchant deux transports. Le Lochmonar (9 412 GRT, Royal Mail Line, allant de Liverpool à Brisbane avec des véhicules militaires et des pièces détachées) est frappé en plein milieu, prend feu et coule trois heures plus tard au large de Lion Island dans 70 mètres d’eau. Un second navire, le reefer moderne Port Alma (8 400 GRT, Port Line, allant de Liverpool à Brisbane avec des camions militaires) est touché à l’étrave, mais l’équipage réussit à contrôler la voie d’eau et le navire parvient à gagner Broken Bay, escorté par l’Adele. Le Geraldton aperçoit le sous-marin en surface et l’attaque, le forçant à plonger. Cependant, son équipage est novice dans l’art du grenadage. L’escorteur reste dans la zone, lâchant une grenade de temps en temps, pendant que le Moresby et l’Orara conduisent le convoi vers le nord. Puis, le Moresby vient prendre le relais tandis que le Geraldton rejoint le convoi. 25 mars Une nouvelle organisation en Asie du Sud-Est Londres – L’Imperial General Staff signe une directive créant un nouveau commandement en Asie, le South East Asia Command (SEAC). Ce nouveau commandement, sous les ordres du général Wavell, couvre toutes les zones de combat des Indes à l’Australie. Dans cette zone immense, Wavell assure désormais le commandement en chef de toutes les forces britanniques et impériales, et en particulier de l’India Command (Hartley), du Burma Command (Percival) et de l’armée australienne (Blamey). Seule exception, très remarquée, l’île-forteresse de Singapour reste indépendante : Lord Gort rend compte directement à Londres. En outre, Wavell est encore, au moins en théorie, commandant en chef de l’ABDAF Command, et à ce titre, commandant des forces françaises, hollandaises et américaines aux Philippines et dans les Indes Néerlandaises, même si la création-même du SEAC est un aveu de la disparition imminente de l’ABDAF sous les coups de l’offensive japonaise. De nombreux militaires de haut rang dans l’armée britannique s’interrogent sur la pertinence d’un commandement aussi vaste et sur la capacité d’un seul homme, aussi compétent soit-il, de diriger depuis son QG de New Delhi des forces distantes pour certaines de dix mille Km… Mais Winston Churchill a balayé ces « détails » pour émettre un signal fort : le gouvernement de Sa Majesté ne compte pas abandonner l’Australie alors que la tempête s’annonce. Dans l’après-midi, l’état-major interallié signe la directive transformant le SEAC en commandement franco-britannique, ce qui implique le rattachement opérationnel à Wavell des forces françaises en Indochine du général Martin. Un peu plus un peu moins… Océan Indien Sabang – A l’aube, les porte-avions de Nagumo attaquent à nouveau la petite île, avec 29 D3A1 et 18 B5N2 escortés par 27 A6M2. Ce raid, suivant celui du 23, est très destructeur pour les installations de l’aérodrome. Cependant, la DCA est très précise et quatre D3A1, un 6 Le Geraldton ne devait entrer en service que début avril, mais la menace japoanaise a précipité les choses. Doté d’un équipage improvisé, il est commandé par le Cdr (CF) en retraite H.M. Harris (Royal Navy Reserve). B5N2 et deux A6M2 sont abattus en attaquant le terrain. Considérant le total des pertes de ses groupes aériens, le vice-amiral ordonne à ses vaisseaux de se retirer vers Kendari. Campagne de Birmanie Au fil d’une série de petites actions, les Alliés, harcelés par l’aviation japonaise, prennent de plus en plus de retard sur les troupes de Takeuchi qui reculent vers la Salween et Moulmein. La bataille du Sittang est finie. Cette incontestable victoire anglo-indo-chinoise marque la limite occidentale de l’avance japonaise le long de la côte birmane. Mais elle marque surtout la fin du mythe de l’invincibilité japonaise sur ce front. Les Chinois comme les Indiens ont appris que leur ennemi était à leur portée, et qu’ils pouvaient aussi l’affronter ensemble et vaincre. ……… Dans les airs, la situation est moins bonne. En quelques jours, les pertes ont été lourdes des deux côtés, mais celles des Alliés, moins nombreux au départ, ont été plus douloureuses. La chance des pilotes alliés a été que la plupart des combats se sont livrés au dessus d’un terrain contrôlé par leurs forces terrestres et que les hommes qui ont dû se parachuter ont été récupérés. Stratégiquement cependant, les perspectives de renforts sont bien meilleures du côté allié. En attendant, le BVAS fait bon usage de ses huit Whitley, qui vont chaque nuit bombarder les terrains de Moulmein ou parfois de Bangkok, presque sans opposition, détruisant bon nombre d’avions japonais. Campagne d’Indochine Dien-Bien-Phu – La base Epervier s’est peu à peu renforcée. Ce jour-là, c’est une formation alliée tri-nationale qui en décolle : 33 bombardiers (18 Martin-167 français du GB II/62 et 15 Vultee V-11 chinois), escortés par 48 chasseurs (16 Hawk-81 français des GC I et II/40, 16 Hawk-81 des squadrons Hell’s Angels et Panda Bear de l’AVG et 16 Hawk-75A5 chinois 7). Cette puissante formation attaque les terrains japonais autour d’Hoa Binh et d’Hanoï. Vingtsix avions sont détruits au sol, tandis que quatre Ki-43 et six Ki-27 sont abattus en combat aérien en échange de deux chasseurs français, un américain et deux chinois. Ce raid ne pourra être renouvelé avant longtemps – une grande partie des appareils qui y ont participé sont basés en Chine et n’ont fait que passer à Dien-Bien-Phu, car d’autres tâches les attendent sur les fronts chinois. Néanmoins, c’est un coup sévère porté à la puissance aérienne japonaise dans le nord de l’Indochine. Campagne de Malaisie Singapour – La cité et le port de Keppel sont bombardés à deux reprises par les avions de la Marine japonaise basés à Kuching. La première fois, 15 G3M2 endommagent l’une des centrales électriques de Singapour. Le second bombardement, effectué par 18 G4M1, est relativement inefficace. Campagne d’Indonésie Sumatra – Les troupes japonaises progressant vers Medan sont arrêtées par les lignes de défense des forces hollandaises et du Commonwealth. Opération Oni, ou le “siège” de l’Australie Côte Orientale de l’Australie, 00h30 – Au bout de deux heures de recherches, le Moresby obtient enfin un contact Asdic stable et effectue deux grenadages. Le second endommage 7 Appareils construits par CAMCO Loiwing. sérieusement le Ro-68. Celui-ci se pose sur le fond par 80 mètres de profondeur, mais est obligé de faire fonctionner ses pompes pour évacuer l’eau qui s’infiltre par des fissures dans la salle des machines. Le bruit des pompes est détecté par les hydrophones du Moresby, qui effectue un nouveau grenadage d’après les relèvements fournis. Le sous-marin est à nouveau endommagé et les voies d’eau s’aggravent. Le commandant Izutsu décide alors de combattre en surface, puis ordonne de chasser partout… Vers 01h00, son dernier message, en clair, sera capté par le I-6 et par la base de Rabaul : « Deux transports de 10 000 tonnes torpillés et coulés. Sommes endommagés par grenadage. Combattrons en surface pour éliminer l’ennemi. Avons encore deux torpilles. Vive l’Empereur. » 00h55 – Le Ro-68 fait soudainement surface à moins de 150 mètres à bâbord arrière du Moresby, et « nous commençons à nous battre dans la nuit comme deux chiens furieux » racontera Scott Clement, le second de l’aviso. « Sur le Moresby, des acclamations saluent la gerbe d’écume signalant que l’ennemi invisible émerge. « Enfin ! » grogne le commandant Charles Brown. « La barre à bâbord, toute! Machines, donnez-moi le maximum ! » Alors que l’escorteur change brutalement de cap, le sous-marin, où les hommes se hâtent de mettre en batterie le canon de 75 mm, pivote pour présenter la proue à son adversaire. Le Moresby n’a pas fini son virage. « Zéro la barre ! ordonne tout à coup Brown, les yeux rivés à ses jumelles. Machines, réduisez à demipuissance, mais soyez prêts à me redonner tout ce que vous pouvez ! » L’aviso reste quelques instants tourné de trois-quarts vers son adversaire, puis : « Bâbord toute ! Machines, allez-y à fond ! » Et peu après : « Zéro la barre ! » L’aviso présente enfin la proue au sous-marin. Cinq secondes plus tard, la vigie hurle : « Torpilles droit devant ! » Dans un silence total, tous les hommes présents sur le pont regardent, hypnotisés, deux sillages blanchâtres qui viennent lécher la coque du Moresby, l’un à bâbord, l’autre à tribord. « Mais pourquoi a-t-il fait une pause avant de présenter la proue ? » souffle un jeune enseigne à Scott Clement. « Pour que l’autre se croie en bonne position et crache son venin, tiens ! » sourit Clement, qui n’en mène pourtant pas large… Le Moresby n’a qu’un 4 pouces à l’avant, un 12 livres à l’arrière et quatre mitrailleuses lourdes. Le Ro-68 a son 75 et deux mitrailleuses légères – le combat est équilibré, car le sous-marin est une cible plus petite, d’autant plus difficile à atteindre que seule une lune indécise éclaire la scène. Les torpilles évitées, le Moresby s’élance pour éperonner le sousmarin, mais ce dernier, montrant une maniabilité étonnante, esquive, tout en arrosant d’obus son adversaire. En quelques minutes, six obus de 75 touchent l’aviso, sans cependant lui faire grand mal : explosant à l’impact, cinq ouvrent de larges trous dans la coque, au dessus de la ligne de flottaison, le sixième détruisant le 12 livres et allumant un petit incendie derrière la cheminée. Les deux bâtiments se tournent littéralement autour à moins de cent mètres, et les mitrailleuses de 0,5 pouce du Moresby emportent la décision, tuant ou blessant tous les servants du canon du sous-marin ainsi que la plupart des hommes dans le kiosque, tandis que les Australiens n’ont que deux morts et trois blessés. A 01h20, le Moresby s’éloigne juste assez pour permettre à son 4 pouces de tirer. A l’inclinaison minimum, le canon place en peu de temps deux obus à la base du kiosque et un autre en plein sur le canon du sous-marin. « Ils sont cuits, décide Brown. On y retourne ! » Cette fois, en effet, le Moresby éperonne bel et bien le Ro-68 juste au niveau du kiosque, sa proue dessinée à l’ancienne s’enfonçant profondément dans le flanc de son ennemi. Mais les Japonais ont prévu le coup et une demi-douzaine d’hommes, sautant du kiosque qui domine alors la plage avant de l’aviso, se jettent à l’abordage, armés de couteaux et de pistolets, sous la conduite du commandant du sous-marin, l’épée au poing ! Ils tombent d’abord sur les servants du 4 pouces, tandis que retentit sur le Moresby un appel oublié : « Repoussez les abordeurs ! » Manquant d’armes individuelles, les Australiens ont le dessous, jusqu’à ce que l’officier artilleur se jette dans la mêlée. Le vieil aviso dispose d’un lot de sabres d’abordage destinés à l’exercice, et Jack Thompson devient une légende dans la flotte australienne en menant quatre hommes au combat, sabre au poing, en défiant l’officier japonais et son épée et en l’abattant d’un coup de taille sauvage. Seuls deux Japonais survivent, gravement blessés, pendant que le Ro-68 coule corps et biens. » (Frank Bell, L’Australie assiégée – Le DE Moresby au combat, 1942 – récit publié en feuilleton dans l’hebdomadaire The Western Mail, Perth, en 1954) 8 Cet épisode rocambolesque, outre qu’il vaut à Jack Thompson d’être surnommé “Errol Flynn”, confirme aux responsables australiens la validité du système des convois… et permet à l’équipage du Moresby d’apprendre, grâce aux prisonniers, que leur ancien adversaire dans cette région est le sous-marin du commandant Hideo Yamamoto, dont la speakerine de RadioTokyo, la fameuse “ Rose de Tokyo ”, chante les louanges depuis qu’il a pris à l’abordage un pétrolier allié. 26 mars Campagne de Malaisie Singapour – La DCA est un peu plus efficace que d’habitude lors des raids habituels contre la ville. Deux G3M2/3 sont abattus. Campagne de Nouvelle-Guinée Mer des Salomons, 08h40 – Les porte-avions USS Wasp, Lexington et Yorktown, positionnés 45 nautiques au large de la côte sud de la Papouasie, lancent un groupe d’attaque de 152 avions, ne conservant qu’une trentaine d’appareils pour leur protection. Cette force imposante traverse la chaîne des montagnes Owen Stanley, guidés par le Commander W.B. Ault (du Lexington), dont l’avion survole le point le plus haut du col par lequel les attaquants doivent passer. Parmi eux, seuls treize des TBD-1 sont équipés de torpilles, car il n’est pas certain que les Devastator soient capables de franchir les montagnes avec ce chargement. C’est une sorte de fête pour les appareils américains ! Devant Lae, les Américains s'en prennent aux transports, dont le déchargement est à peu près terminé. Le croiseur auxiliaire Kongo Maru (8 624 GRT) et le mouilleur de mines auxiliaire Tenyo Maru (6 843 GRT) sont coulés, tandis que le transport Kokai Maru et deux petits dragueurs de mines sont endommagés (l’un des dragueurs finira par sombrer quelques jours plus tard). À Salamaua, le cargo Yokohama Maru (6 143 GRT) et le gros mouilleur de mines Tsugaru sont coulés, tandis que le jumeau de ce dernier, l’Okinoshima, est légèrement endommagé. Les avions américains s’acharnent sur le croiseur léger Yubari, qui patrouillait entre les deux ports. Le croiseur échappe à une soixantaine de bombes de tous calibres et à dix torpilles, mais il est quand même touché assez sérieusement. Après la bataille, plus de 3 000 impacts de balles et d’éclats de bombes seront recensés ! Après avoir abattu un hydravion E8N2 qui tentait courageusement de faire front, les Wildcat mitraillent généreusement, visant en particulier les positions de DCA, les destroyers et même les petites embarcations qui tentent de sauver les marins japonais. Quelques avions, effectuant une reconnaissance vers le large, découvrent le Kiyokawa Maru, en train de faire décoller d’autres hydravions. Le ravitailleur, pratiquement sans défense, n’a aucune chance : plusieurs bombes le frappent, mettant le feu aux appareils encore à bord ainsi qu’aux stocks d’essence et de munitions. Il sombre rapidement. Les appareils américains ne perdent en tout que deux des leurs, deux autres, endommagés, 8 Nous avons déjà évoqué (cf 12 février) ce récit quelque peu romancé, mais inspiré de faits bien réels. Nous n’avons fait que rétablir la qualité d’aviso (et non de DE) du Moresby. devant se poser à Port Moresby par sécurité. De retour à leurs porte-avions, les aviateurs, quoiqu’ils surestiment, comme souvent, le nombre de navires coulés ou endommagés, réclament un second raid, mais l’amiral Brown n’ose pas risquer ses bateaux plus longtemps et se retire vers Nouméa. Un élément retient par ailleurs l’attention lors du débriefing : sur treize torpilles lancées, seules trois semblent avoir été au but de façon certaine ou probable, et encore, sur des cibles immobiles. Ce raid est considéré par les Américains comme « la première lueur d’espoir dans le Pacifique Sud » (Morrison)… en même temps qu’un bon entraînement pour les groupes aériens des porte-avions. En fin de journée, huit B-17 du du 435th Bombardment Squadron aggravent les pertes japonaises. Toutefois, les soldats ont débarqué depuis longtemps et les navires endommagés peuvent facilement être échoués, limitant des pertes parmi les marins. Au total, cette bataille, si elle ne remet pas en cause le débarquement en Nouvelle-Guinée, constitue un sérieux revers pour la marine japonaise. Celle-ci a perdu un ravitailleur d’hydravions de plus, mais aussi un mouilleur de mines moderne et plusieurs transports, tandis que le Yubari sera indisponible pendant de longues semaines. 27 mars Campagne de Malaisie Pendant que les bombardiers de la Marine basés à Kuching maintiennent leur programme de deux raids par jour contre Singapour, Penang est attaqué par quatorze D3A1 escortés par neuf A6M2. Le raid surprend le vieux destroyer britannique Thanet, qui reçoit trois bombes de 250 kg et coule aussitôt. De son côté, l’Armée japonaise redéploie deux “Groupes spéciaux” d’appui au sol sur de petites pistes proches de Singapour. Campagne d’Indonésie Sumatra – Une fois réorganisées, les forces japonaises reprennent leur avance vers Medan. Dans la soirée, au large de l’île Bangka, le sous-marin HMS Unbeaten (Lt-Cdr E.A. Woodward) coule un caboteur japonais. Opération Oni, ou le “siège” de l’Australie Côte Est de l’Australie, 22h30 – Le Ro-65 croit apercevoir un petit bâtiment à 12 nautiques au nord-est de Newcastle, et lance deux torpilles. L’une explose après une course plus longue que prévu. Ne voyant plus le bateau visé, le Ro-65 revendique la destruction d’un cargo de 2 000 tonnes. En fait, le commandant du sous-marin s’est trompé sur la taille du navire, comme sur son destin. Il s’agit du cargo moderne Hannington Court (5 449 GRT, Court Lines, allant seul de San Francisco à Newcastle, avec un chargement d’une grande importance constitué de machines-outils, de matériel de soudure et… de 2 000 tonnes de TNT brut ! La torpille qui l’a touché a gravement endommagé sa coque et allumé un incendie à l’arrière. Pourtant, le navire n’explose pas ! Le capitaine, Ambrose M. Crompton, réussit à convaincre son équipage, composé en majorité de “lascars” (indigènes du Pacifique), de combattre les flammes et de sauver le navire. En raison du risque d’explosion, il décide de ne pas entrer dans le port de Newcastle, tout proche. Après plusieurs heures d’efforts, en sachant que leur navire risque d’exploser à tout moment, les marins du Hannington Court réussissent à entrer dans Port Stephens, où le navire est échoué et sabordé pour éteindre l’incendie et prévenir l’explosion. Le chargement n’a pratiquement pas souffert : les explosifs occupent les cales inférieures et les autres sont restées hors d’eau. Pour cet exploit, le capitaine Crompton recevra la George Cross, et son équipage tout entier sera généreusement récompensé par le gouvernement australien, car les machines-outils étaient impatiemment attendues et un grave manque d’explosifs menaçait à ce moment de faire baisser la production de munitions. Le navire sera déchargé par des droghers (vapeurs fluviaux) et la cargaison transférée sur un train à Karuah. Le Hannington Court sera renfloué quelques mois plus tard. 28 mars Océan Indien Port Blair (îles Andaman) – Dûment examiné par des ingénieurs navals français et britanniques, le porte-hydravions Commandant-Teste, sérieusement endommagé par les avions de Nagumo, est considéré comme irréparable. Il finira sa carrière à Port Blair, pour y être utilisé comme base pour les hydravions et les sous-marins. Ultime pied de nez du destin à l’homme qui avait été à l’origine de la création de l’Aéronavale et qui n’avait cessé de répéter que les avions, et non les hydravions, domineraient la mer… Campagne de Malaisie Penang est à nouveau attaqué par des bombardiers en piqué basés à terre de la Marine Impériale, qui s’en prennent surtout au trafic entre la petite île et Sumatra. Deux caboteurs nolisés par les autorités britanniques sont coulés. Opération C Kuching (Bornéo) – A la demande de l’état-major de la Flotte Combinée, deux sous-marins partent vers l’Océan Indien pour reconnaître les côtes est de l’Inde et de Ceylan et la région des Maldives. C’est le début de l’opération C. Les submersibles engagés sont deux type J3, les I-7 (CC Kiichi Koizumi) et I-8 (CF Tetsushiro Emi). Ces grands bâtiments disposent d’un hydravion Watanabe E9W1 (Slim). Cette opération, quelque peu atypique par rapport à la doctrine d’utilisation de l’arme sousmarine japonaise, a été décidée en réponse à une suggestion allemande : la Kriegsmarine aimerait en effet voir les Alliés disperser leur effort anti-sous-marin en dehors de l’Atlantique et de la Méditerranée. Il s’agit d’une mission de reconnaissance avant une opération plus importante dans l’Océan Indien, qui sera l’opération D. Campagne des Philippines Bataan – Il y a encore sur la presqu’île 72 000 soldats alliés et environ 3 000 noncombattants. Mais seuls 27 000 combattants sont à peu près en bonne santé ; les autres sont blessés ou accablés par la malaria, la dysenterie… et surtout par la faim. C’est alors que le général MacArthur, pour la première fois depuis que la bataille a commencé, visite Bataan. Quittant Corregidor, il inspecte la ligne Bagac-Orion, avant que quiconque à l’état-major soit averti de sa présence (voir Annexe C B5). 29 mars Campagne d’Indonésie Sumatra – Les troupes japonaises attaquent Medan toute la journée, mais sont repoussées par les défenseurs hollandais et du Commonwealth. Des avions de l’Armée japonaise bombardent par deux fois la ville, provoquant de graves dégâts. Au crépuscule, les Japonais reprennent leur attaque, tentant de déborder les positions alliées. Mer de Savu – Alors que la flotte du vice-amiral Nagumo rentre en mer de Savu, se dirigeant vers Kendari, elle est attaquée par le sous-marin USS Permit (Lt-Cdr W.G. Chapple 9), qui lance une salve de quatre torpilles à moyenne portée. Une torpille touche le porte-avions Akagi en plein milieu… mais n’explose pas. Deux destroyers japonais soumettent alors le Permit à 90 minutes de grenadage, mais le submersible s’en tire avec de légers dommages. « Nous étions bien plus affectés par la frustration que par le grenadage, témoignera son commandant. Nous étions sûrs qu’au moins une de nos torpilles avait dû toucher, mais aucune n’avait explosé ! » Peu de temps après, au large de Timor, la chance est encore du côté de l’escadre japonaise. Le sous-marin français La Créole (LV Frossard) lance lui aussi quatre torpilles, mais il est trop loin et toutes manquent leurs cibles. 30 mars Les Etats-Unis organisent la guerre du Pacifique Washington – Les chefs d’état-major américains (Joint Chiefs of Staff – JCS) signent une directive qui organise la guerre du Pacifique en créant un commandement inter-armes (donc commun à l’US Navy, l’US Army et l’US Marines Corps) : le Pacific Ocean Areas (POA) Command. Ce commandement couvre l’intégralité du Pacifique, à l’exception des Philippines et de la Mer de Chine Méridionale – pour éviter toute querelle de préséance avec McArthur, le commandement de ce dernier, US Army Forces in the Far East, n’est pas intégré aux POA. Enfin, les approches du canal du Panama restent dans une zone à part, la South-East Pacific Area (SEPA). Le POA Command est divisé en trois : le North Pacific Area Command, NOPAC (au nord du 40e parallèle), le Central Pacific Command, CENPAC (entre l’équateur et le 40e parallèle nord) et le South Pacific Command SOPAC (couvrant l’hémisphère sud). Il est prévu que les délimitations exactes de ces trois zones puissent bouger prochainement, en fonction de l’évolution de la situation aux Philippines et, en particulier pour le Pacifique Sud, en fonction de futurs accords avec les gouvernements australien et néo-zélandais. L’amiral Chester W. Nimitz, jusqu’à présent commandant en chef de l’US Navy dans le Pacifique (CinCPAC), est désigné commandant en chef du POA (CINCPOA 10). Il possède le contrôle opérationnel de toutes les forces navales, terrestres et aériennes américaines dans cette zone immense. Il est prévu que des commandants de zones puissent être ultérieurement nommés à la tête des NOPAC et SOPAC. Les chefs d’état-major américains comptent sur la prochaine conférence interalliée de Washington pour faire reconnaître au niveau interallié ce commandement jusque là purement américain. Campagne de Malaisie Singapour – Des bombardiers moyens de la Marine attaquent la cité, incendiant des entrepôts près du port. De son côté, le 2e Dokuritsu Sentai commence des vols de familiarisation audessus de Singapour. Il se familiarise aussi brutalement avec la DCA de l’île, lorsqu’un de ses Ki-36 est abattu par un 40 mm Bofors. Durant toute la journée, lord Gort fait la tournée des unités du Commonwealth sur la côte nord. Il fait comprendre à tous ceux qui en douteraient encore qu’un assaut ennemi de grande envergure est à prévoir sous peu, mais qu’il n’a pas la moindre intention d’offrir aux Japonais la reddition de Singapour. 9 Précédemment commandant du S-38 et récemment promu. Par habitude, Nimitz continuera à être souvent désigné CINCPAC plutôt que CINCPOA… 10 Campagne d’Indonésie Sumatra – Après avoir combattu toute la nuit, les troupes hollandaises et du Commonwealth abandonnent Medan aux Japonais et se replient vers le nord de l’île. Célèbes – Alors que l’escadre japonaise atteint Kendari (sur la côte est de Célèbes), c’est un récif de corail qui réussit ce que deux sous-marins alliés ont raté la veille : il cause des dégâts assez importants au Kaga. Après un bilan rapide, il apparaît qu’en raison d’une voie d’eau, la vitesse du grand porte-avions est réduite à 18 nœuds, au mieux. C’est donc à vitesse un peu réduite que la Flotte combinée va rentrer au Japon, où elle parviendra le 5 avril en fin de journée. Opération Oni, ou le “siège” de l’Australie Côte Est de l’Australie, 13h00 – Le Ro-64 (LV Tabata) aperçoit au sud de Brisbane un important convoi, cap au sud. Incapable, en plongée, de se mettre en position de tir (il ne dépasse pas les 6 nœuds), il a la chance de découvrir un traînard, moins de cinq nautiques derrière le gros du troupeau. Ce gros navire a droit à quatre torpilles. Une seule touche, mais cela suffit pour couler le Grec Mount Taurus (6 696 GRT, Atlanticos Steamship Co, allant de Brisbane à Liverpool avec du sucre). Celui-ci n’avait pu se maintenir à poste dans le convoi en raison d’un fatal problème de machines. Mais cet épisode sera aussi fatal à… certains sousmarins japonais. En effet, le naufrage a été filmé par un Dornier hollandais qui escorte le convoi et réalise un film destiné à l’entraînement des avions de patrouille maritime. Le pilote de l’avion voit le périscope du Ro-64 et effectue un bombardement précis, mais les vieilles petites bombes de 100 livres qu’il utilise n’explosent pas ou détonent en touchant l’eau. Devant ces images incontestables, la RAF va se voir obligée de fournir très vite des bombes anti-sous-marines de bonne qualité à la RAAF… 31 mars Campagne de Malaisie Des bombardiers en piqué D3A1 de la Marine basés à terre, escortés par des A6M2, attaquent à nouveau Penang. Deux vedettes Fairmile, les MGB-315 et 316, qui escortent un petit caboteur, sont mises hors de combat. Singapour est aussi attaquée. La cité subit un bombardement meurtrier effectué par 36 bombardiers moyens de l’Armée. Opération Oni, ou le “siège” de l’Australie Côte Est de l’Australie – Selon le plan pré-établi, tous les sous-marins japonais se dirigent vers leur point de rendez-vous, loin au large des côtes de Nouvelles-Galles du Sud. Cette procédure évite d’avoir recours à la radio.