NO 386 - Hevrat pinto
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NO 386 - Hevrat pinto
N O 386 VAYELEKH 5 TICHRI 5766 • 08.10.05 Publication HEVRAT PINTO Sous l’égide de Rabbi David Hanania Pinto 11, rue du plateau - 75019 PARIS Tel: 01 42 08 25 40 • Fax 01 42 08 50 85 www.hevratpinto.org Responsable de publication Hanania Soussan DE BONNES RÉSOLUTIONS AU SEUIL DE LA NOUVELLE ANNÉE D ans notre parachah, on nous parle du testament de Moché avant sa mort. Il va trouver chaque homme d’Israël et leur dit : «J’ai cent vingt ans aujourd’hui, je ne pourrai plus sortir et entrer.» C’est-à-dire : je ne pourrai plus vous enseigner les lois et les décrets, parce que les Sages disent «on ne maîtrise plus rien le jour de la mort». De plus, les Sages disent aussi (Sota 13b) que ce jour-là, les sources de la sagesse se sont fermées devant Moché, et qu’il ne pouvait plus enseigner aux bnei Israël. Mais deux choses soulèvent un grand étonnement quand nous lisons ces versets. Tout d’abord, dans la parachah précédente, il est dit «Vous vous tenez tous aujourd’hui devant Hachem votre D.», et Rachi dit au nom des Sages : cela nous enseigne que Moché a rassemblé tout le monde en vue de l’alliance et qu’il a tout dit devant eux. S’il en est ainsi, chaque homme d’Israël se tenait devant Moché quand il leur parlait, alors pourquoi est-il dit ici au début de la parachah «Moché alla et parla» ? Où est-ce que Moché devait aller, puisque tout le monde se tenait devant lui ? Ensuite, pourquoi Moché a-t-il modifié les paroles de la Torah en disant : «Je ne pourrai plus sortir et entrer», alors que dans la Torah il est écrit (parachat Ki Tavo) : «Tu es béni dans ton entrée et tu es béni dans ta sortie», d’abord l’entrée et ensuite la sortie ? Il aurait dû dire «je ne pourrai plus entrer et sortir», d’abord l’entrée et ensuite la sortie. Moché se trouve maintenant à quelques jours de sa mort, avant sa sortie de la vie de ce monde, et il dit aux bnei Israël : «Je rentre dans le monde qui est entièrement bon, je rentre pour étudier dans la yéchivah céleste, car ici les sources de la sagesse se sont déjà fermées devant moi. Par conséquent, je ne pourrai plus sortir de là-bas, de la yéchivah céleste, et entrer vers vous de nouveau pour vous enseigner.» Mais même comme cela, il y a une possibilité. Certes, je vais m’en aller de parmi vous, mais les Sages ont dit : «Avant que ne se couche le (par Rabbi David Hanania Pinto Chlita) soleil d’un juste, brille le soleil d’un autre juste.», à savoir que le Saint béni soit-Il ne prend pas un tsadik de ce monde avant d’avoir préparé un autre tsadik à sa place. Par conséquent, Yéhochoua bin Noun, mon disciple éminent, est celui qui va prendre ma place après ma mort, il est celui qui continuera à vous enseigner les lois et les décrets, et vous, vous devrez écouter. C’est cela la force du tsadik. Il quitte ce monde, mais il a immédiatement un remplaçant, immédiatement il y a quelqu’un pour prendre sa place, parce que le nouveau tsadik reçoit sa force de la force du tsadik précédent. C’est ce que dit la Torah : «Moché alla et parla», Moché n’est pas effectivement allé avec ses jambes, mais sa force est allée et est rentrée dans le cœur de tout juif, pour que chacun s’élève et fasse ce qui est bon et droit aux yeux de Hachem, tout cela par la force de Moché, le tsadik de la génération. C’est pourquoi ce n’est pas pour rien que les Sages ont dit dans le Zohar : On trouve dans chaque génération l’épanchement et la force de Moché, dans les six cent mille âmes des bnei Israël, car sa force va avec chaque juif. mort. Elle ne disparaît pas un seul instant. Même si un nouveau tsadik s’installe sur le siège du tsadik précédent, il reçoit la force du tsadik précédent, comme l’a dit Elisha après la montée au Ciel dans la tempête de son maître le prophète Eliahou, «que deux fois ton esprit soit sur moi». La force est double, et cette force se trouve dans le cœur de chaque juif. Il faut faire entrer ces choses à l’intérieur du cœur, elles sont tout le temps valables, mais elles sont particulièrement adaptées à ces jours-ci, les jours de techouvah, les premiers jours de l’année 5766, où nous voulons tous nous rapprocher de Hachem, revenir pleinement à Lui et voir la bénédiction dans tous nos actes. En ces jours, nous devons penser au sujet de «sortir et entrer», entrer et sortir, comme l’ont expliqué les Sages (Baba Metsia 107a) sur le verset «Tu es béni dans ton entrée et tu es béni dans ta sortie», que tu sortes de ce monde sans faute, comme tu es venu en ce monde sans faute. Réfléchir à la façon de réparer nos actes, de nous repentir totalement de nos fautes, afin C’était donc cela le testament de Moché à de rentrer effectivement dans l’année nouvelle tous les bnei Israël. Et ce testament, nous aussi sans faute, mais couronnés de mitsvot et de nous devons le faire pénétrer à l’intérieur de bonnes actions. Il y a plus. Nous devons savoir que nous notre cœur. Mais comment pourrons-nous le faire ? Comment atteindre cela ? recevons une grande force des tsadikim de Nous apprenons deux principes importants la génération qui épanchent sur nous une du testament et des paroles de Moché, le maître abondance de bénédictions, de succès et de tous les bnei Israël. Il leur dit : Je ne pourrai de tout ce qu’il y a de bon, à chaque instant. plus sortir et entrer. Je ne peux plus sortir et Nous avons besoin de beaucoup de mérites au entrer dans les paroles de Torah. Les sources début de l’année, pendant les jours du din et de la sagesse me sont déjà cachées, mais vous des seli’hot, de défenseurs qui prennent notre ! Vous êtes encore au début du chemin. Vous, parti. Nous pouvons recevoir ces mérites par les vous en êtes capables ! Vous, vous pouvez tsadikim de la génération, qui se tiennent à nos sortir et entrer dans les paroles de Torah. Vous côtés comme de bons avocats, pour parler en pouvez vous installer pour étudier, et si vous le notre faveur. Si nous y parvenons effectivement, voulez, du Ciel on vous aidera, car «celui qui nous entrerons dans la nouvelle année sans vient se purifier, on l’aide». fautes, uniquement avec des mitsvot et de Nous apprenons un autre principe des paroles bonnes actions, et nous mériterons une année de Moché : la force du tsadik se prolonge avec bonne et remplie de bénédictions, amen qu’il d’autant plus de puissance même après sa en soit ainsi. DU MOUSSAR SUR LA PARACHA Mesure pour mesure Hachem dit à Moché : voici (hen) que tes jours approchent de la mort (Devarim 31, 14). Le Midrach Raba dit : «Pourquoi la mort est-elle décrétée contre lui par le mot hen ? Les rabbanim répondent : A quoi est-ce que cela ressemble ? A quelqu’un qui a honoré le roi et lui a apporté un cadeau, une épée tranchante. Le roi dit : «Coupez-lui la tête avec !» L’homme répond : «Sire, vous voulez me couper la tête avec le cadeau que je vous ai apporté ?» Ainsi, Moché a dit : «Maître du monde, je T’ai glorifié avec hen, ainsi qu’il est écrit : «Voici (hen) qu’à Hachem ton D. appartient le Ciel et le ciel du ciel», et c’est avec hen que Tu me condamnes à mort ? Le Saint béni soitIl lui a répondu : «Ne te souviens-tu pas que Je t’ai envoyé sauver Israël d’Egypte, et que tu M’as dit : «Et si (véhen) ils ne me croient pas», donc voici (hen) que tes jours approchent de la mort.» En observant les voies de la providence, nous voyons que le Saint béni soit-Il Se conduit avec nous mesure pour mesure, ainsi qu’il est dit : «Avec la mesure que l’homme utilise, on le mesure lui-même du Ciel». Que ce soit pour le meilleur ou pour le pire. Quand Moché a prié pour demander à rentrer en Erets Israël, nous trouvons que le Saint béni soit-Il lui a dit : «Assez ! Ne Me parle plus». C’est parce que dans la discorde de Kora’h, Moché avait utilisé ces mêmes mots : «Assez, enfants de Lévi !» Nous trouvons aussi en ce qui concerne l’enterrement de Ya’akov qu’il a demandé à Yossef de l’enterrer, et Yossef a effectivement pris soin de son enterrement. Le Saint béni soit-Il a dit à Yossef : «Tu t’es occupé de l’enterrement de ton père Ya’akov qui est le plus grand des Patriarches – par ta vie, Moché le chef d’Israël s’occupera de ton enterrement», et par le mérite de s’être occupé de l’enterrement de Yossef, Moché a mérité que le Saint béni soit-Il en personne s’occupe de son propre enterrement. C’est la récompense de celui qui rend à un mort un ‘hessed de vérité. Dans la délivrance de l’Egypte, Moché craignait de causer de la peine à Aharon du fait que ce soit lui et non Aharon, et quand il l’a dit au Saint béni soit-Il, Celui-ci lui a répondu : «Ne te soucie pas, «il t’a vu et se réjouit dans son cœur»», sa joie sera sur son visage et dans son cœur, pas comme ces gens hypocrites qui se réjouissent de la joie du prochain devant eux mais pas dans leur cœur. Quelle a été sa récompense ? Il a mérité que le ‘hochen, les ourim et les toumim soient placés sur son cœur. Le cœur qui se réjouit de la joie de l’autre mérite que le ‘hochen repose sur lui. Nous nous trouvons dans les yamim noraïm, les jours de Roch Hachana et Yom Kippour, où il est décidé pour chacun ce qui lui arrivera pour l’année qui vient. Quels sont les moyens de sortir disculpé dans ce din terrible ? Rabbi ‘Haïm Schmuelewitz dit qu’il y a une merveilleuse segoula, d’être miséricordieux envers autrui, alors nous mériterons qu’on se conduise avec nous de la même façon et on nous prendra en pitié du Ciel. La Guemara dans Baba Metsia raconte les terribles souffrances de Rabbi Yéhouda HaNassi, qui lui sont advenues en résultat de quelque chose qui s’était passé : Un veau qu’on menait à l’abattoir s’est réfugié chez lui et pleurait devant Rabbi. Il lui a répondu : «Va, car c’est pour cela que tu as été créé !» Alors on a dit au Ciel : «Comme il n’a pas eu pitié du veau, des souffrances viendront l’assaillir.» Les souffrances ne lui sont pas venues comme une punition, mais comme une mesure pour mesure, celui qui n’a pas pitié, on n’a pas pitié de lui. Comment les souffrances l’ont-elles quitté ? Au moment où la servante de Rabbi a balayé la maison, et chassé des souriceaux. Quand Rabbi a vu cela, il lui a ordonné de les laisser tranquilles, ainsi qu’il est dit : «Sa miséricorde est sur tous Ses actes». C’est pourquoi ses souffrances se sont arrêtées, parce qu’il avait eu pitié. Nous voyons clairement que c’est une segoula qui a fait ses preuves. Conduisons-nous donc avec miséricorde, et quiconque a pitié des créatures, on a pitié de lui du Ciel. Moché alla et dit ces choses à tout Israël : Il leur dit : j’ai cent vingt ans aujourd’hui, je ne pourrai plus sortir et entrer, et Hachem m’a dit: tu ne passeras pas ce Jourdain (Devarim 31, 1, 2). Le Rabbi de Slonim donne un conseil sur la façon de s’arranger avec le mauvais penchant au moyen des teamim. Dans la Torah, il y a quatre chalchelaot (le ta’am s’appelle chalchelet) : 1. Dans la parachat Vayera, chez Lot avant qu’il parte de Sdom, vehitmahamea («il s’attarda»). 2. Dans la parachat ‘Hayé Sara il est écrit vayomer («et il dit») quand Eliezer a prié au bord du puits. 3. Avec Yossef chez la femme de Putiphar, il est écrit vaymaen («il refusa»). 4. Dans la paracaht Chemini dans les sacrifices du huitième jour de l’inauguration, il est écrit vaychah’et («et il égorgea»). Le Rabbi de Slonim dit que contre le mauvais penchant, on met en œuvre avant tout le «il s’attarda». Quand le mauvais penchant arrive, tout est pressé. C’est pourquoi on lui dit : Un moment, ne nous dépêchons pas. Mais il est écrit que si Hachem ne nous aidait pas, il serait impossible de le vaincre, c’est pourquoi il faut prier Hachem, c’est «et il dit». Une fois qu’on s’est attardé et qu’on a prié, on peut déjà «refuser», et dire non ! Et si l’on répète ce processus beaucoup de fois, on arrive à «l’égorger», alors on peut égorger le mauvais penchant. Sur le même sujet, comment vaincre le yétser, le Chem MiChemouël cite le Rabbi de Sokhotchov sur le verset cité par le Midrach (parachat ‘Houkat) : «qui peut faire sortir le pur de l’impur, n’est-ce pas l’Unique» (Iyov 14, 4). Le Midrach dit : «Qui a fait venir Avraham de Tera’h ? N’est-ce pas le Saint béni soit-Il ?» Et le Chem MiChemouël commente : Qui a fait sortir le pur de l’impur ? Comment peut-on s’arranger avec le mauvais penchant ? Un «non» unique ! Dis-lui «non» une bonne fois comme il faut ! Et dans notre parachah, il y a encore un autre moyen : Rabbi Chalom de Komarna dit, sur le verset «j’ai aujourd’hui cent vingt ans», que cela constitue une façon de vaincre le mauvais penchant. L’homme doit sentir qu’il a à la fois cent ans et vingt ans. Si le mauvais penchant vient te trouver en te disant de commettre une faute, dis-lui : «Je ne sais pas quand je vais mourir, peut-être demain matin ? Peut-être c’est comme si j’avais cent ans aujourd’hui ? Pourquoi me compliquer la vie maintenant avec des fautes ? Laisse-moi tranquille…» Mais quand l’homme vient faire une mitsva, qu’il pense qu’il a vingt ans et toute son énergie… Hachem dit à Moché : Voici (hen) qu’approchent tes jours de mourir, appelle Yéhochoua… (Devarim 31, 14). Cela ressemble à une noble dame qui avait apporté au roi un très bel habit. Le roi a gardé l’habit, et au moment où cette noble dame allait mourir, le roi a ordonné de la recouvrir avec cet habit. Hachem a dit à Moché : «Tu m’as loué par hen, et je décrète ta mort par hen.» Quel rapport ? Le Maguid de Doubna dit au nom de la Guemara (Moed Katan 28) que hen en grec signifie «un». Hen désigne aussi quelque chose d’unique. La lettre hé est la seule qui ne peut pas s’unir avec une autre lettre pour former dix : ainsi aleph et tet font 10. Beit et ‘heit font 10. Vav et guimel font dix. Dalet et vav font dix. Seul le hé reste seul. De même dans les dizaines, le noun reste seul, et ces deux lettres forment le mot hen, qui montre quelque chose d’unique. C’est pourquoi Moché a dit Hen Hachem, à savoir Hachem est un. Et Hachem lui a dit : Toi aussi tu es hen, la génération a baissé de niveau et toi tu es le chef unique de cette génération, et tu n’as rien à chercher en elle. C’est pourquoi les anciens de la génération ont dit : «Malheur à cause de cette honte», quand il a appelé Yéhochoua et qu’ils ont compris qu’ils n’étaient pas dignes d’un chef comme Moché. Hachem dit à Moché : tu vas te coucher avec tes pères et ce peuple…» Le ‘Hatam Sofer dit : Quand un homme est vivant, il s’appelle quelqu’un qui «marche», alors que les anges se tiennent immobiles. Quand un homme est «mort», il devient immobile, car il ne peut plus accomplir les mitsvot, mais si ses enfants ou ses disciples font des mitsvot, ils le rendront «en marche». C’est pourquoi Hachem a dit à Moché : il est vrai que tu vas te coucher à présent avec tes pères, mais tu seras considéré comme «en marche», car tu a laissé ici des élèves, mais si ce peuple commet l’idolâtrie, tu seras «immobile», si la condition «ce peuple se prostituera après des dieux étrangers» se réalise. Le ‘Hafets ‘Haïm a cité une histoire écrite dans les journaux sur un élève de yéchivah que les Russes ont attrapé dans la rue. Ils voulaient le tuer sur place sans aucun jugement. Ils ont sorti leur fusil et ont tiré sur lui, mais par miracle ils n’ont absolument pas réussi à tirer, apparemment il semble que les fusils se soient abîmés. Ils sont restés comme cela pendant un quart d’heure à essayer de les réparer et de tirer, et ils n’y ont pas réussi, jusqu’à ce que ces méchants décident que cela provenait d’une force supérieure qui les empêchait, ils l’ont amené à la police et il a été libéré. Mais la peur lui avait fait blanchir les cheveux pendant ce quart d’heure. Le ‘Hafets ‘Haïm a dit que c’est ce qui nous est reproché : si la peur de la mort est telle, pourquoi estce que nos cheveux n’ont pas blanchi de la peur du terrible jugement qui nous attend ? Et la techouvah et la tefila et la tsedaka font disparaître le mauvais décret. Un riche monta à la Torah pendant les yamim noraïm, et en voulant se montrer généreux, il promit dans mi cheberakh dix fois dix-huit pour les pauvres. Le Rav s’approcha de lui et lui dit : Il aurait mieux valu que vous donniez, au lieu de dix fois dix-huit (‘haï), une seule fois met (quatre cent quarante)… Un juif avait promis à la tsedaka 47 dollars et les a apportés au Admor de Satmar zatsal. Le Rav lui demanda : «Pourquoi justement 47 dollars? Quelle est l’allusion ?» Le juif répondit : «C’est en l’honneur du Rabbi qui s’appelle Yoël» (ce qui a la valeur numérique de quarante-sept). Le Rabbi lui répondit : «Ici en Amérique, on m’appelle «Yolisch»» (valeur numérique : 356)… Résumé de la parachah Après les paroles de l’alliance dans la parachat Ki Tavo et l’alliance proprement dite dans la parachat Nitsavim, la parachat Vayélekh traite de la transmission de la Torah aux bnei Israël pour qu’elle reste avec eux pendant toutes les générations. Au début de la parachah, Moché parle aux bnei Israël de la transmission du pouvoir à Yéhochoua bin Noun, c’est lui qui passera le Jourdain et qui les conduira. La Torah doit être écrite à la fin de l’année de chemita. Elle sera un poème et un enseignement à jamais. A LA LUMIERE DE LA HAFTARA «Reviens, Israël, jusqu’à Hachem ton D…. prenez avec vous des paroles et revenez vers Hachem» (Hochéa 10) Le Chabat de la parachat Vayélekh est le Chabat Chouva, et on y lit comme haphtara le sujet de la techouvah pour éveiller le peuple au repentir avant l’arrivée de Yom Kippour. En général, il y a toujours des gens qui font rapidement des mitsvot et réparent leurs actes dès le début du mois d’Eloul, sans attendre le dernier jour, Yom Kippour. Ce qui n’est pas le cas du reste du peuple, qui ne se dépêche pas de le faire, c’est pourquoi il faut les réveiller en ce dernier Chabat. Nous tous, pendant le mois d’Eloul, nous nous sommes efforcés de nous renforcer dans certains domaines, et aussi d’écouter les rabbanim et les grands de la Torah qui parlent sur le sujet de la techouvah, mais nous ne méritons pas toujours de prendre les choses à cœur, et ces paroles d’encouragement que nous avons entendues restent parfois dans le Beit HaMidrach sans que personne les réclame. C’est donc ce que dit le prophète : «Prenez avec vous des paroles et revenez vers Hachem», c’est-à-dire ne laissez pas cet éveil ponctuel au Beit HaMidrach mais ces paroles mêmes, les paroles d’encouragement que vous avez entendues, prenez-les avec vous à la maison et accomplissez-les, et alors seulement vous mériterez de revenir véritablement vers Hachem. LA RAISON DES MITSVOT Et maintenant, écrivez pour vous ce poème (Devarim 31, 13). Le Rambam a écrit dans les Hilkhot Séfer Torah : «C’est une mitsva positive pour tout homme d’Israël d’écrire un séfer Torah pour lui-même, ainsi qu’il est dit : «Et maintenant, écrivez pour vous ce poème», c’està-dire : écrivez pour vous la Torah, qui contient ce poème, parce qu’on n’écrit pas la Torah partiellement.» Le ‘Hafets ‘Haïm dit que cette mitsva d’écrire un séfer Torah est la dernière mitsva de la Torah, et elle vient après le verset qui dit : «Et Moi, je cacherai soigneusement Ma face en ce jour-là», pour nous enseigner que même en un temps de hester panim, d’obscurité, grande est la force de la sainte Torah pour nous protéger et nous sauver de tout malheur. C’est particulièrement vrai à notre génération, une génération d’épreuves et de souffrances sans fin, où la menace règne à l’extérieur et à la crainte à l’intérieur. Nous devons nous raffermir dans la force de la Torah au maximum, et éclairer l’obscurité et les ténèbres qui règnent à la suite d’un hester panim inégalé. Il faut aussi ajouter que même si les ancêtres de quelqu’un lui ont légué un séfer Torah, c’est une mitsva d’écrire le sien propre, et s’il l’écrit de sa main, c’est comme s’il l’avait reçu au mont Sinaï. S’il ne sait pas écrire, d’autres le lui écriront, et quiconque relit un séfer Torah, même une seule lettre, c’est comme s’il avait écrit tout le séfer. Le Tour dit : A notre époque où l’on écrit un séfer Torah pour le laisser à la synagogue afin qu’on lise dedans en public, c’est une mitsva positive pour tout juif qui en a les moyens d’écrire les cinq livres de la Torah, la Michnah, la Guemara et leurs commentaires, pour les lire, lui et ses enfants. La mitsva de l’écriture de la Torah a pour but qu’on étudie dedans, ainsi qu’il est écrit : «Enseigne-la aux bnei Israël, mets-la dans leur bouche». MeAm Loez écrit : Il faut se comporter envers le séfer Torah avec une extrême sainteté et un grand respect. C’est une mitsva de lui consacrer un bel endroit et de lui manifester beaucoup de respect. Celui qui voit un séfer Torah que l’on transporte doit se lever devant lui, et ne pas se rasseoir jusqu’à ce que le séfer Torah soit à sa place. Il doit faire de même quand il entend le bruit des clochettes. Même s’il n’a pas encore vu le séfer Torah, il doit se lever. Au moment des hakafot, il faut faire attention quand on demande à quelqu’un de lever le séfer Torah, il ne faut surtout pas refuser. Quand on ouvre l’arche pour prier, il faut s’efforcer d’être debout, même si on a les jambes faibles, et se comporter avec sainteté avec un séfer Torah qui est usé ou qui est tombé, de même qu’avec les autres écritures saintes dont on n’a pas besoin si elles sont usées, il faut les mettre dans une gueniza. Il faut mettre en garde à ce propos les gens qui méprisent les feuilles de gueniza et les laissent en des endroits peu honorables, ou à des endroits où ces feuilles risquent d’en arriver à être méprisées. Il convient de les traiter avec respect et sainteté et de faire attention à ne pas les humilier. De plus, il ne faut pas poser un livre d’une sainteté moins grande sur quelque chose dont la sainteté est plus grande, c’est pourquoi on pose un ‘houmach sur le navi. Il ne faut pas non plus utiliser un livre pour rehausser un autre livre, ou poser un livre sacré comme signet sur un autre livre, à moins qu’on n’étudie la Torah dans les deux livres. Puissions-nous mériter d’étudier la Torah dans la tranquillité avec tout le peuple d’Israël, «et tous tes fils étudient la loi de Hachem». GARDE TA LANGUE L’ingratitude Il faut faire attention à ne pas être ingrat envers le Créateur du monde qui nous a donné un cadeau précieux qui nous différencie des animaux. En effet, si l’homme avait le malheur d’être frappé de mutisme et qu’il trouve après de nombreux efforts un médecin qui lui rende la parole, imaginez donc ! Peut-il venir à l’esprit que cet homme utilise cette même force de la parole pour rabaisser le médecin qui la lui a rendue ? Cette image reflète notre situation : Le Saint béni soit-Il nous a accordé le précieux cadeau de la parole, qui est notre avantage sur les animaux, et nous a ajouté une âme parlante pour que nous puissions mériter le monde éternel par la Torah et les mitsvot, c’est pourquoi nous ne devons pas utiliser ce merveilleux cadeau contre la volonté de Celui qui l’a donné. Ce serait rendre le mal au Saint béni soit-Il pour le beau cadeau qu’Il nous a donné. ECHET HAYIL HISTOIRE VÉCUE Les vêtements qui doivent être particulièrement vérifiés L’histoire de Rabbi Amnon de Mayence Il faut faire très attention aux vêtements d’été, et en particulier aux chemisiers d’été qui sont en grande partie transparents. Il faut aussi bien vérifier si les blouses d’été sont transparentes ainsi que les vêtements clairs ou légers. Il faut vérifier les vêtements en tricot à grosses mailles qui ne sont pas ajustés, ils peuvent être transparents. Il faut savoir que les vêtements en tricot sont opaques au moment où on les achète, mais ils risquent avec le temps de se détendre à force d’être portés et lavés, c’est pourquoi il faut les vérifier de temps en temps pour voir s’il n’y a pas de petits trous qui empêcheraient de porter ce tricot. Un vêtement qui répondait aux règles de la pudeur au moment de l’achat peut s’user avec le temps, c’est pourquoi de temps en temps toute fille d’Israël doit inspecter ses vêtements et vérifier s’ils sont toujours aptes à être portés ou non. QUESTIONS D’ÉDUCATION Il y a différentes sortes de techouvah «Reviens Israël jusqu’à Hachem ton D.». On raconte sur quelqu’un de très assidu qu’il ne réussissait malgré tout pas dans son étude, et Rabbi ‘Haïm de Brisk disait de lui : «Il est tellement assidu qu’il n’a pas le temps d’étudier.» On peut dire la même chose de la techouvah: «On s’occupe tellement de la mitsva de techouvah qu’on n’a pas le temps de se repentir.» Il est courant de penser que la techouvah est seulement une décision sincère de changer de conduite. Mais il y a différentes sortes de décisions. Quand quelqu’un a une tumeur maligne que l’on excise par une opération, cela n’empêche pas la tumeur de se renouveler, même si pendant un certain temps elle se montrera plus calme. Par exemple, quelqu’un qui a l’habitude de parler aux autres de façon vexante, et prend sur lui pendant les dix jours de techouvah par une décision sincère d’arrêter de se conduire ainsi, car il a compris que ce n’est pas bien, ne verra des fruits de cette décision que jusqu’au moment où la raison initiale de sa conduite se remettra à grandir. Si la décision vient seulement d’une prise de conscience superficielle qu’«on ne se comporte pas ainsi», ce n’est pas une décision qui vient des profondeurs de l’âme, c’est pourquoi ce n’est pas non plus une techouvah qui va jusqu’au trône de gloire. La racine de ce comportement est le mépris qui provient d’un manque de considération de l’homme. Pourquoi une décision superficielle, basée sur «on ne fait pas cela», à cause d’un ordre de la Torah et de ce que disent les hommes, serait-elle plus forte qu’une décision plus profonde et plus ancienne dans l’âme, à savoir que l’honneur des gens ne vaut pas grand-chose ? La seule façon que la techouvah soit complète pour extirper le mal à la racine est de réfléchir et d’arriver à une conclusion claire et plus forte qu’elle n’a jamais été qu’on s’est trompé dans sa manière de voir la vie. Dans l’exemple cité, on doit voir clairement qu’on s’est trompé sur les hommes. Celui qui a l’habitude de penser et de faire quelque chose, il lui est très difficile de le modifier, mais avec un effort de réflexion pour reconnaître l’erreur, on peut changer. En général, les gens ne changent pas de la façon dont ils ont été élevés, parce qu’ils ne veulent pas investir l’effort nécessaire pour une véritable techouvah, qui consiste à ne pas trouver de repos avant d’avoir modifié son point de vue erroné. Rabbi Amnon est l’auteur de la prière OuNetana Tokef, que l’on dit dans le Moussaf de Roch Hachana et de Yom Kippour. Il était le gadol de sa génération, riche, beau et de belle prestance. Les nobles et l’évêque se mirent à lui demander de se convertir et de quitter le judaïsme. Il refusa de les écouter. Après que l’évêque l’ait longuement supplié, Rabbi Amnon dit qu’il allait y réfléchir pendant trois jours. Il disait cela pour se débarrasser d’eux. Une fois qu’il fut sorti de chez l’évêque, il regretta d’avoir exprimé un doute quelconque en disant qu’il allait réfléchir s’il renierait le D. de vie, et il se mit à pleurer et à le regretter en son cœur. Le troisième jour, il répondit négativement à l’évêque. L’évêque ordonna d’amener Rabbi Amnon et il refusa. Il ordonna qu’on le lui amène de force. Alors, l’évêque lui demanda : «Pourquoi n’es-tu pas venu chez moi pour répondre à ma question ?» Rabbi Amnon lui dit : «Je vais décréter mon propre jugement, la langue qui a parlé faussement, qu’elle soit coupée !» l’évêque lui dit : «Non, ta langue a bien parlé, mais les jambes qui ne sont pas venues à temps, je les couperai, et je ferai souffrir tout ton corps.» On lui coupa les doigts des mains et des pieds, on le coucha, et on mit tous les doigts à côté de lui. Arriva Roch Hachana ; Rabbi Amnon demanda qu’on le mène à la synagogue avec tous ses doigts salés et qu’on le couche à côté du chalia’h tsibour ; quand on arriva à la kedoucha, Rabbi Amnon dit : «Attendez un peu, je vais sanctifier le grand Nom», et il dit OuNetana Tokef… Quand il eut terminé, il quitta ce monde et disparut aux yeux de tous, et il n’était plus là car D. l’avait emporté. Ensuite, il apparut à Rabbi Klonymos et lui enseigna le poème OuNetana Tokef. TES YEUX VERRONT TES MAÎTRES Le Admor Rabbi Noa’h Malkowitz Rabbi Noa’h était le fils de Rabbi Mordekhaï Malkovitz, le disciple de Rabbi Chelomo de Karlin qui a été assassiné pour la sanctification du Nom de Hachem (on a dit de lui qu’il était le Machia’h fils de Yossef dans sa génération), et du premier Rabbi Acher de Stolin. Rabbi Noa’h était connu comme un homme saint, qui faisait des miracles, et beaucoup de gens ont été sauvés par ses bénédictions et ses conseils. Après le décès de son père, les anciens des ‘hassidim ne savaient pas qui couronner comme Rabbi, et ils laissèrent la décision à son fils Rabbi Noa’h et à son disciple principal Rabbi Mordekhaï, Rabbi Mikhli. Rabbi Noa’h dit que Rabbi Mikhli était le premier disciple de son père, et que la Torah commence avec Béréchit… alors que Rabbi Mikhli répondit que la plupart des ‘Houmachim sont déchirés dans les premières pages et qu’on commence à la parachat Noa’h… N’ayant pas le choix, Rabbi Noa’h accepta de prendre sur lui la direction de la communauté. Rabbi Noa’h inculqua à ses ‘hassidim la force de la prière, et les ‘hassidim de Kowitz se faisaient effectivement particulièrement remarquer par la pureté de leur prière. Un jour, Rabbi Noa’h entendit l’un des ‘hassidim qui disait les treize ani maamin («je crois»), mais à chaque fois il s’arrêtait et disait : «Je ne comprends pas cela !» Rabbi Noa’h lui demanda pourquoi il disait cela. Il répondit : «De deux choses l’une, si je crois, pourquoi est-ce que je pèche, et si je ne crois pas, comment est-ce que je mens en disant «je crois» ?» Rabbi Noa’h lui répondit : «Calme-toi, «je crois» signifie que je veux croire…» Le ‘hassid s’enthousiasma et dit : «C’est vrai, je veux vraiment croire.» Rabbi Noa’h resta Admor pendant treize ans, et le 8 Tichri 5593, il partit pour la yéchivah céleste. Il est enterré à Lekhowitz. Que son mérite nous protège.