1966, l`éveil des peuples sur le dos de Danielle Luquet de Saint
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1966, l`éveil des peuples sur le dos de Danielle Luquet de Saint
1966, l’éveil des peuples sur le dos de Danielle Luquet de Saint Germain, Made by YSL. C’est lorsqu’elle défile en Smoking pour le grand Yves Saint Laurent que Danielle Luquet de Saint Germain illustre la femme moderne, de l’ombre à la lumière. Précédé par d’illustres combattantes de la loi de Napléon 1er interdisant le port du pantalon pour les femmes, c’est pourtant Yves Saint Laurent qui, un soir sur les podiums de Mode pour l’automne hiver 1966, va imposer un cesser le feu dans la lutte des conservateurs contre la pantalon féminin. Mais un simple coup d’aiguille et de fil magiques ne viendra pas apaiser les tensions politiques sur le sujet. Ce fut long et difficile. Mais un réel point de départ fut écrit dans l’histoire de la lutte pour les droits de la femme en 1966. Celle qui va donner un réel son de modernité à la voix des femmes en pantalon, au travers du grand écran, c’est Brigitte Bardot qui à l’époque est à elle seule un puissant argument de mode. Elle laisse tomber la robe en Vichy rose et lorsqu’ elle porte le pantalon, ce dernier devient soudain signe de modernité. Yves Saint Laurent en proposa deux versions lors de son défilé en 1966. Il remplace le col de chemise par un jabot, et met un ruban de soie noir à la place du nœud papillon. En somme, le Smoking by YSL comprend un pantalon droit, une chemise en organdi blanc à jabot, un nœud lavallière, une ceinture de satin et une veste longue féminisée par une coupe ajustée. Laurence Neveu, de la Fondation Pierre Bergé – Yves Saint Laurent a commenté pour Silver Magazine certains détails du smoking YSL : « La bande de soie sur chaque côté du pantalon de smoking, indissociable d’une telle pièce, est faite de grain de poudre : des petits nids d’abeilles qui viennent donner son aspect féminin au smoking sans le dénaturer complètement, car l’idée était de garder un minimum de masculinité ». En effet, là était la dure tache de Saint Laurent. Créer à partir d’un vêtement exclusivement masculin, un habit d’apparat où l’on ne pourrait critiquer, lorsqu’une femme le porte, l’aspect non travaillé et qui vient devant les projecteurs uniquement pour la polémique. Le nœud Lavallière, la chemise jabot, la bande en grain de poudre ont permi une féminisation totale du Smoking sans détourner l’intérêt d’une telle pièce. Aujourd’hui, on ne remercie surement pas assez Saint Laurent pour son avantgardisme qui a permit aux femmes de pouvoir porter des jeans. Evidemment, le smoking ne se porte pas tous les jours, ce serait dénaturer l’exceptionnalité du vêtement. Néanmoins, le pantalon peut être de tous les jours. Une petite anecdote pour la route : Un soir une femme entra dans un restaurant habillée en smoking avec son mari. Le maître d’hôtel lui aurait spécifié que le port du pantalon n’était pas autorisé dans le restaurant. Qu’à cela ne tienne, elle ôta le pantalon et resta en veste de smoking qui est assez longue pour couvrir le minimum, et alla dîner en paix avec son époux. Peut on imaginer ne pouvoir entrer dans une enceinte publique en pantalon et ne pouvoir le garder par souci d’éthique, de stagnation des mœurs ? La Mode a bien fait les choses. Et concernant le smoking féminin on le voit aujourd’hui décliné de toutes les façons avec goût, style, grâce et liberté. La polémique reste néanmoins présente lorsqu’il s’agit de montrer le pouvoir des femmes. Grâce à la Mode, il se peint de plusieurs manières. Mais la plus belle, est de le montrer par la perfection du corps féminin. C’est ainsi que le smoking fut décliné de façon à montrer ce pouvoir, par la Maison Saint Laurent elle même comme on peut le voir sur cette image. Ceci nous montre que la Mode reste intimement liée à la politique dans certains cas. Demandez à Yves, de là où il est, « lorsqu’on se sent bien dans un vêtement, c’est un passeport pour le bonheur ». Voilà un passeport qui n’est pas prêt d’expirer, qui ne peut être que renouvelé. Victor Manciet.