Lettre ouverte à Audrey Tautou, Maîtresse des - Ouest

Transcription

Lettre ouverte à Audrey Tautou, Maîtresse des - Ouest
Lettre ouverte à Audrey Tautou,
Maîtresse des Cérémonies au Festival de Cannes 2013
Pourquoi pas nous ?
Audrey, Ambassadrice internationale du Cinéma français, Maîtresse des cérémonies du Festival de
Cannes, vous brillez sous les flashs de la presse du monde entier.
Aujourd’hui, c’est non seulement à la fille, la sœur, la compagne et l’amie que nous nous adressons
mais aussi à l’étoile à qui nous souhaiterions modestement emprunter un grain de lumière afin de
diriger, quelques instants, les sunlights vers eux :
Marc Féret travaillait sur le chantier d’Arlit au Niger. Marié à Katya, il est le papa d’un petit Ethan de
2 ans et demi qu’il ne connait pas puisque né peu de temps après son enlèvement.
Marc et ses compagnons d’infortune : Thierry Dol, Daniel Larribe, Pierre Legrand, enlevés le 16
septembre 2010 au Niger, sont devenus les fantômes officiels de notre République et leur vie ne
tient plus qu’à un fil.
Nous assistons aux dénouements heureux des libérations successives de nos compatriotes
prisonniers à l’étranger.
Coupables d’avoir le cœur brisé devant le bonheur des autres, et seuls sur le quai de la gare, nous
repartons inlassablement au point de départ, enfermés dans le cercle infernal de l’espoir et de la
désillusion.
Pourquoi pas nous ?
Pourquoi ne pourrions-nous plus croire, nous les familles des otages du Mali, et voir notre rêve se
concrétiser : celui de prendre nous aussi, nos proches dans nos bras et de les serrer bien fort sur le
tarmac d’un aéroport ? Comme dans les dénouements heureux des films primés à Cannes.
Un jour peut-être, leur histoire fera l’objet d’un film au cinéma, d’un film peut-être en compétition
au Festival, d’un film dans lequel vous jouerez la compagne, la fille ou l’amie de l’un d’entre eux ?
Audrey, acceptez de porter notre voix, et d’incarner pour de vrai notre espoir qui, à l’image de Marc,
Thierry, Daniel et Pierre, est à l’agonie.
Acceptez ce relais auprès de ceux, de ceux qui peuvent, de ceux qui entendent, et de crier pour nous
au monde entier : « Pourquoi pas eux ? ».
Nous vous remercions pour votre écoute, car elle doit être fine et attentive pour entendre ce cri de
moins en moins perceptible mais encore empreint de vie et qui nous parvient du fond du désert du
Mali.
Il est encore temps, Audrey, les micros et les caméras sont là, avant qu’un silence irréversible ne
prenne sa place.
Nous sommes devenus, nous aussi des fantômes. Nous hantons les couloirs médiatiques traquant la
lumière qui nous est offerte, pour nous, seulement tamisée, et nous brandissons nos drapeaux
blancs et nos banderoles, drapés dans notre douleur.
Audrey, en vous confiant notre « Pourquoi pas nous ? », nous espérons vous voir le voir porter
devant le monde entier. Aidez-nous, aidez-les !
Christine Cauhapé, sœur de Marc Féret
et la Délégation régionale PACA de l’Association de Soutien aux Otages d’Arlit