Télécharger - Théâtre de l`Odéon

Transcription

Télécharger - Théâtre de l`Odéon
la bonne âme du se-tchouan
bertolt brecht
jean bellorini
OD ON
Chanter comme on se met à nu
todo el cielo sobre la Tierra
(el sÍndrome de wendy)
Angélica liddell
Nouvelles de l'île de l'isolement
1983 – 2013 Les 30 ans de l'Odéon-Théâtre de l'Europe
les bibliothèques de l'odéon
dans & hors les murs
De quelques genres,
longtemps dits mauvais
o
Lettre N 7
Odéon-Théâtre de l’Europe
novembre 2013
sta
pe
em
t.
T
en
a
e L tacle prés
».
d
e
c
s
e
nn
e
ièr spe t pa
ée
ed
rem e du , n'es
âtr urop on.
p
é
la cèn ilan
Th e e sais
ur
s
le « ral
nt héât de la
, po ur en é à M
e
3
i
8
s
v n t es
i
e
l
9
e
t
1 et
ita
cl
n d tio
bre r, m osp
éo créa ecta
m
d
e
h
l
e
,
v
h
l'O e la s sp
no tre ope
n
3 :
98 ant d ertai
e 3 gio S l'Eur
l
1
e
v
in vi
c
ior de
ral
6 ju ur
me
gu . G re
u 1 rrefo ram
au eare héât
d
n
i
g
t
a
e esp u T
o
iré
cre , c pr
d
So Shak teur
Dé urope ture
c
de direc
l'E stru
et
La
chanter comme on se
met à nu
2
3
Septembre 2013, très tôt un matin, non loin de la place de la Nation. Devant une tasse de
café, Jean Bellorini est à la fois concentré et détendu, déjà immergé dans son premier Brecht
– un spectacle-fleuve comme il les aime, avec une troupe de comédiens complices qu'il
sait aussi faire chanter ensemble... Dernier rapport d'étape avant un départ pour Toulouse.
sommaire
Daniel Loayza – D'où vient le choix de
la pièce ?
p. 3 à 6
Jean Bellorini – Cette Bonne âme vient
prolonger notre travail sur Hugo et sur
Rabelais. Chez Hugo, il y avait la problématique sociale, et chez Rabelais,
l'appel du voyage. Rabelais, comme
La Bonne âme, c'était déjà une quête,
une recherche : une dive bouteille qui
n'existe pas, de l'autre côté d'une mer
qui n'existe pas non plus. Ici aussi, à
l'horizon de ce Se-Tchouan si violent,
il y a l'utopie d'un monde harmonieux,
stable, apaisé...
chanter comme
on se met à nu
LA BONNE ÂME DU SE-TCHOUAN
Bertolt Brecht
Jean Bellorini
p. 7 à 9
DE QUELQUES GENRES,
LONGTEMPS DITS MAUVAIS
Les Bibliothèques de l'Odéon
p. 10 et 11
les 30 ans de l'odéonthéâtre de l'europe
D. L. – Par quelle voie approchez-vous
le récit ?
mardi 12 NOVEMBRE
J. B. – Nous sommes obligés de rendre
la narration très claire. Chaque spectateur doit saisir l'enjeu de chaque
tableau tout de suite. On est dans un
feuilleton, avec un vrai suspense – il
ne faut pas raconter la fin à ceux qui
ne la connaissent pas ! – et pourtant,
à un autre point de vue, on sent tout
de suite que tout est reconnaissable,
parce que tout est délimité, déterminé,
avec une netteté quasiment fatale. Si
nous parvenons à obtenir la juste qualité narrative, alors nous pourrons laisser ouverte l'interprétation, sans tout
faire basculer tout de suite dans une
morale un peu facile.
p. 12 à 16
nouvelles de l'île
de l'isolement
Todo el cielo sobre la tierra
(El síndrome de Wendy)
angélica liddell
p. 17
Art, culture, éducation :
RETOUR SUR IDEA
le cercle de l'odéon
p. 18
Avantages abonnés
Invitations et tarifs préférentiels
«On est
dans un
feuilleton,
avec un vrai
suspense.»
p. 19
ACHETER ET RÉSERVER
SES PLACES
p. 20
Archives
30 ans de mémoire
européenne
D. L. – Dans quel esprit les comédiens
abordent-ils ce travail ?
te
en
rés vski.
p
ov stoie
im
ub s Do
o
i
ri L prè
Iou s, d'a
e
s
é
rus sséd
o
ne
cè es P
s
en ise d
r
u
a
tte ngl
me ion a
e
l
t
5 : pta
198 e ada
n
u
nd
rra
tte dans
i
M jà
.
é
are
ois
pe
nç ent d
s
a
e
r
v
k
F cri
a
t
h
ida s'ins
mS
nd
ca «qui
illia
e
W
e
, l gés
is»
r] d
ça enga
ea
n
L
a
i
r
o
s f jets
eR
s le s pro
r [L
u
a
o
Le
à t mi le
ng
r
tre
Ku
let pe pa
e
«
t
n
a
o
e
s
s s l'Eur
pré
an
: d e de
an
8
m
8
tr .»
rg
l 19 éâ
Be
vri le Th sage
ar
A
m
y
e
Ing
cit tre pa
5 :
no
198
L
nte
mo ..
y
vsk ril.
alo Mé
ch cha
n
Ko , Ma
r
reï
nd solie
A
:
s
8
u
198 dré D
An
a
d
tte
ue
Mo
v
ho
ek
h
c
eT
,
he
oc
n
i
B
tte
ulie
J
c
ave
J. B. – Le groupe doit créer son propre
temps, se loger dans le temps de la
scène en «y croyant». Il faut basculer dans la situation, et il faut le faire
ensemble. L'énergie propre à cette
pièce oblige à avancer. Le spectateur,
lui, doit faire son travail de son côté.
Il doit voir le parcours, dégager des
contradictions s'il en voit, essayer d'établir un relevé global du terrain miné où
les personnages évoluent. Mais au plateau, les comédiens doivent s'engager
complètement dans l'affirmation. Cela
est nouveau pour moi. Jusqu'ici, dans
mon travail, les acteurs et les spectateurs se comprenaient. Ici, le moment
du vrai sera davantage laissé à la responsabilité du spectateur. Il sera bien
moins «fabriqué» ensemble.
D. L. – Vous-même, quelles sont vos
impressions devant cette Bonne âme
en cours de fabrication ?
J. B. – C'est un spectacle qui parle
beaucoup de tendresse. Mais je vais la
chercher à l'intérieur de la dureté. Le
beau, le rêve, je crois que Brecht, au
de gauche à droite : Blanche Leleu, Camille de la Guillonnière, Hugo Sablic, Damien Zanoly dans La Bonne âme du Se-Tchouan © Thierry Depagne (photo de répétition)
fond, intimement, devait quand même
y croire. Ou en avoir une nostalgie.
Mais comme évidemment il ne voulait
pas se laisser rouler, il s'est soumis
lui-même à un traitement assez impitoyable... Il y a chez lui une sensibilité
extrême mais qui ne veut pas s'en laisser conter, qui veut et qui doit se protéger. Il me semble qu'il est un grand
lyrique qui ruse avec sa propre délicatesse, et qui avance masqué. Comme
la «bonne âme» Shen Té, qui s'invente
un «cousin Shui Ta» pour tenir le choc...
à mesure qu'on déroule la pièce, on
se rend compte de la force, de la netteté de cet extraordinaire personnage.
Toute la pièce se construit autour d'elle,
entre une enquête qui est faite, une
enquête qui se fait, et une enquête qui
reste à faire. Entre la bonne âme trouvée par les dieux, la bonne âme mise à
l'épreuve par les hommes et la bonne
âme renvoyée à ses questions par les
hommes et par les dieux. Et puis il y
a une quatrième enquête, celle qu'il
faut conduire chaque soir au présent,
devant et avec des gens différents.
D. L. – Comment fait-on pour conduire
cette enquête-là ?
J. B. – En particulier, en montrant franchement qu'on cherche ensemble.
Ce qui demande beaucoup de petites
touches, de relances. On peut recourir à des genres différents. Des fois on
montre tout, des fois tout est caché ou
presque – on ne voit plus qu'un pied
et un bout de cheville. On est dans un
code réaliste presque trivial. Et juste
après, avec le rêve de Wang, on part
dans les étoiles... On varie les angles,
et de temps en temps, on simplifie tout,
on se dépouille et on chante comme on
se met à nu.
D. L. – Et comment fait Shen Té ?
J. B. – C'est beau de voir l'actrice en
difficulté parfois, y compris techniquement, coincée dans ses changements,
empêtrée à mi-chemin entre homme et
femme. Elle n'en peut plus, elle transpire, il faut qu'elle tienne... Assumer
ce côté athlétique, c'est très important. On se parle beaucoup de numéros de cirque. Toute la famille est là et
attend d'entrer en piste. On construit
de numéro en numéro : Shen Té comme
équilibriste, Shen Té comme prestidigitateur, Shen Té comme dompteur qu'on
attend de voir se faire dévorer, Shen Té
comme clown, comme jongleuse qui se
prend la balle sur la tête, comme trapéziste qui rate son trapèze et qui tend la
main vers les dieux, mais les dieux se
détournent...
D. L. – Quelles réflexions vous inspire
l'écriture brechtienne par tableaux ?
J. B. – Les tableaux brechtiens sont
comme des rounds ou des reprises.
Il me semble que c'est écrit comme
ça, même d'un point de vue musical.
La musique sert aussi à marquer par
contraste ce rythme-là. En nous désinvestissant de la situation, elle fait accéder le public et la troupe à un autre
plan. Elle nous donne rendez-vous ail-
leurs. Il suffit de quelques secondes,
de deux accords d'accordéon et d'un
bout de chœur qui s'expose face aux
spectateurs – ça suffit à nous affecter, et quand on revient à la situation
pour s'y replonger, on est déjà différent.
Ces allers-retours nous font en quelque
sorte progresser dans le match en le
doublant d'une sorte de commentaire
qui n'est pas seulement réflexif.
«Aimer est
impossible.
ça coûte trop
cher.»
D. L. – Brecht fait aussi intervenir la
musique dans les interludes...
J. B. – C'est une autre façon de sortir du
cadre. Les interludes entre les tableaux
permettent de changer d'angle d'attaque. Tantôt on change de lieu, tantôt on récapitule. Pour moi, il y a deux
fils rouges, deux narrateurs dans La
Bonne âme : Wang et Shen Té, le porteur d'eau et la petite prostituée. Celui
qui attend la visite du divin et celle qui
accepte de lui ouvrir la porte. J'ai d'ailleurs envie de les associer à l'ouverture du spectacle. Ensuite, on dirait que
les rôles se répartissent : Wang intervient d'abord dans les interludes, Shen
Té dans les tableaux. Puis les choses
se compliquent encore, comme si les
fils rouges commençaient à se tresser
l'un dans l'autre : Wang rentre dans
les tableaux, Shen Té assure certains
interludes et se met à y chanter... Tout
le spectacle s'écrit ainsi, à partir de distinctions qui vont se troubler ensuite.
D. L. – Lesquelles, par exemple ?
J. B. – Pour commencer, l'une des
distinctions fondatrices est celle qui
sépare les dieux des hommes. D'un
côté, ici-bas, les humains pataugent
dans leurs problèmes et leur égoïsme, et parmi eux, Shen Té se met en
quatre – ou plutôt en deux ! – pour faire
«Celui qui
attend la
visite du
divin et celle
qui accepte
de lui ouvrir
la porte...»
le grand écart et résoudre les contradictions des situations auxquelles elle
se heurte. Et par ailleurs, d'un autre
côté, il y a des dieux, qu'il faut savoir
e
ed
sur rlin...
e
e
rM
ico
ou e M
e p Serg
ron
r
d
d
u
An
es t et
tre
ito
éâ
te Méveno
n
eT
-Th
t
e
l
n
n
o
rés e C
éo
nm
k p pp
Od
tei
de Phili
e l'
a
S
d
r Z r t,
ur
ter ien.
ete pe
l
Pe
cte
d P e Hup
ire
nd en ita
n
d
a
ma ell
ier
llem re,
alle c Isab
rem
e a spea
e
p
n
n
,
è
l
e
c
cè s, ave
ua
n s hak
ns
asq
r e de S
r e nçai
P
u
u
e
s
e
a
í
ett cus)
ett en fr
Llu
0:
le mdroni
le m are,
9
:
:
9
0
e
1
1
n
p
199 us A
199 akes
ars
t
er m
(Ti
Sh
1
e.
rop
u
E
e l’
4
la bonne âme
de Bertolt Brecht
mise en scène
Jean Bellorini
traduction
Camille de la Guillonnière
Jean Bellorini
Compagnie Air de Lune
Bref dialogue
entre l'humain
et le divin
LE DIEU
Chère Shen Té, nous te remercions pour ton hospitalité.
scénographie et lumières
Jean Bellorini
costumes
Macha Makeïeff
création musicale
Jean Bellorini, Michalis Boliakis,
Hugo Sablic
son
Joan Cambon
maquillage
Laurence Aué
on
ct i
du
o
r
p
e
né
sig
r
ion chi
cis ffran
é
la d s'a
ère .
ue t de
mi
q
i
e
l
e
r
ub pe
RDA
la p
d p Euro
st tir de
n
e
e
r
l'
e) sor
ure de
air
ult âtre
sal ller à
C
e
é
la Th se.
r d r Mü
i
u
de
eu
re ent a ança
ris eine
è
B
t
H
r
s
i
e
m
F
e
L
n
i
(
n
re ie
ker scè
le m tiè éd
9 : on en Com
rüc ur en
8
d
é
a
19
e
hn
re 'Od e l
Lo ett
er et m
tob dier l ent d
D
c
:
O dé
9 eur
em
198 l'aut
de finitiv
e
é
d
d
François Deblock © Thierry Depagne (photo de répétition)
reconnaître quand ils passent chez
les hommes, ce qui semble être plutôt rare. Ces dieux sont en train de
mener une enquête, qui lance toute la
fable. Ils sont là pour trouver une bonne
âme, une seule bonne personne qui suffirait apparemment à justifier l'humanité.
Sous nos yeux, dès le prologue, il
«Et s'il nous
est défendu de
construire,
construisons
notre
destruction.»
semble que leur enquête est menée à
bien, puisqu'ils trouvent Shen Té, qu'ils
la proclament bonne et récompensent
sa bonté. Le prologue est comme une
version en miniature de toute la pièce...
Mais en fait, Brecht s'amuse et nous
amuse. Au plateau, dans l'échange,
la distinction entre plan divin et plan
humain ne tient pas. D'un côté, on a des
hommes qui attendent et qui espèrent ;
de l'autre, des êtres étranges, mais qui
se comportent finalement de façon très
humaine, eux aussi. En fait, de part et
d'autre, on a des comédiens qui nous
racontent une histoire ensemble, une
histoire où ils ont tous un rôle à jouer...
ça, c'est comme un premier brouillage
«forain», en vertu de la loi théâtrale qui
met tous les personnages à égalité
dans le réel rêvé de la scène. Et puis à
cela s'ajoute que la réponse à l'enquête
divine n'en est pas tout à fait une. Shen
Té n'est pas la solution. Elle est plutôt
le problème...
lors, de fil en aiguille, elle va devoir se
mettre elle-même en jeu. Mais jusqu'où
pourra-t-elle ou devra-t-elle aller ? Le
problème auquel Shen Té est confronté,
tout ce qui lui arrive, est comme une
autre facette d'un même problème
fondamental. Ce problème est comme
un dé qu'on fait rouler. à chaque nouveau coup, la face qui tombe relance,
conteste, aggrave, approfondit : on
passe de la face économique et sociale
à la face intime, amoureuse. Chemin
faisant, le problème est intériorisé, si
on veut, mais d'une certaine façon tout
est déjà donné dans la structure du dé
lui-même. C'est en ce sens que je veux
dire que tout est dans le prologue, ou
dans les situations initiales.
Tu rendras son chariot au marchand d’eau et lui diras
que nous le remercions de nous avoir montré une bonne
personne.
SHEN Té
Je ne suis pas une bonne personne. Je dois vous faire un
aveu : quand Wang m’a demandé de vous loger, j’ai hésité.
LE DIEU
Hésiter n’est rien pourvu que l’on prenne la bonne décision. Sache que tu nous as donné bien plus qu’un toit pour
la nuit. Beaucoup en étaient venus à douter – et parmi eux,
même certains de nos Dieux – qu’il y ait encore de belles
âmes. C’est surtout pour répondre à cela que nous avons
entrepris ce voyage. Maintenant que nous en avons trouvé
une, nous pouvons le poursuivre joyeusement.
SHEN Té
Attendez ! ô éclairé ! Je ne suis pas du tout certaine d’être
quelqu’un de bon. J’aimerais bien l’être, seulement comment payer mon loyer ? Voilà, je vais vous le dire : je me
évidemment je serais heureuse de pouvoir observer les
commandements de l’amour filial et de l’honnêteté. Mais
L'Arche est éditeur du texte représenté
créé le 9 octobre 2013 au Théâtre national de
Toulouse
rencontre avec l’équipe artistique
le dimanche 1er décembre après la représentation
avec le soutien du
LE DIEU
Tout ça, Shen Té, ce ne sont que les doutes d’une bonne
âme. Adieu. Et surtout, fais le bien, Shen Té. Adieu.
SHEN Té, anxieuse
Mais je ne suis pas sûre de moi. Comment faire le bien
quand tout est si cher ?
LE DIEU
Ça, malheureusement, nous n’y pouvons rien. Nous n’intervenons pas sur tout ce qui touche à l’économie.
CERCLE
D E L’OD ON
> suite de l'entretien en p. 6
autres soucis. D'infiniment autres
détresses. Combien de nos actions
ne pourraient point être érigées, geschickt, en loi universelle, pour qui cet
envoi ne présente même aucun sens ;
et ce sont celles à qui nous tenons
le plus, les seules à qui nous tenions
sans doute ; actions de tremblement,
actions de fièvre et de frémissement, nullement kantiennes, actions
d'une mortelle inquiétude ; nos seules
bonnes actions peut-être ; nullement
planes, nullement quiètes, nullement
calmes, nullement horizontales ; nullement législatives ; nullement tran-
quilles, sûres de soi ; nullement dans
la sécurité ; nullement sans remords,
nullement sans regrets ; des actions
sans cesse combattues, sans cesse
intérieurement rongées, nos seules
bonnes actions, les moins mauvaises
enfin, les seules qui compteront peutêtre pour notre salut. Nos pauvres
bonnes actions. Les seules, et ce sera
si petit, que nous pourrons présenter
dans le creux de la main.
Charles Péguy : Victor-Marie, comte
Hugo (1910), in œuvres complètes, t. IV
(NRF, 1916, pp. 496-497)
Karyll Elgrichi © Thierry Depagne (photo de répétition)
mandements, j’ai vraiment du mal à m’en sortir.
durée estimée 3h15 avec entracte
représentations avec
audio-description simultanée
les dimanches 1er et 8 décembre à 15h
[email protected] / 01 44 85 40 47
En partenariat avec l'association Accès Culture
J'ai souvent admiré votre courage
dans l'épreuve. Je n'y ai jamais admiré
le mien. Voilà tout ce que je puis publiquement vous en dire. Et c'est déjà
peut-être trop. [...]
Le kantisme a les mains pures, mais
il n'a pas de mains. Et nous nos mains
calleuses, nos mains noueuses, nos
mains pécheresses nous avons quelquefois les mains pleines. — Agis, dit
Fouillée, comme si tu étais législateur en même temps que sujet dans la
république des volontés libres et raisonnables. C'était une fois un fonctionnaire qui a eu du génie, du plus
grand. Mais il était fonctionnaire, une
fois fonctionnaire ; il était célibataire,
deux fois fonctionnaire ; il était professeur, trois fois fonctionnaire ; il était
professeur de philosophie, quatre
fois fonctionnaire ; il était fonctionnaire prussien, cinq et septante fois
fonctionnaire. Il n'a pu avoir qu'un (très
grand) génie de fonctionnaire. (Et de
célibataire). Hélas législateur en même
temps que sujet. Hélas la république
des volontés libres et raisonnables.
— Agis de telle sorte, continue Fouillée,
agis de telle sorte que la raison de ton
action puisse être érigée en une loi universelle. Agis de telle sorte que l'action de Fouillée puisse être érigée en
une loi universelle. Et même l'action
de Kant. Alors, pour commencer, il
n'y aurait plus d'enfants. Ça ferait un
beau commencement. Tout devient si
simple, dès qu'il n'y a plus d'enfants.
Sich zur allgemeinen Gesetzgebung
schicken. Hélas combien de nos actions
pourront être érigées en une loi universelle. Et combien de raison de nos
actions. Zur allgemeinen Gesetzgebung. Et cela ne nous est-il pas tellement égal. Cela ne nous est-il pas
tellement étranger. N'avons-nous
point d'autres inquiétudes, d'infiniment autres profondeurs. D'infiniment
comment faire ? Même en désobéissant à certains com-
en collaboration avec le Bureau formART
Jean Bellorini est artiste invité du TNT
La Compagnie Air de Lune est accueillie en résidence au TGP – CDN de Saint-Denis
La bonne-âme du Se-Tchouan
vends pour vivre et même comme ça je n’y arrive pas.
coproduction Compagnie Air de Lune,
Odéon-Théâtre de l'Europe, La Criée – Théâtre
national de Marseille, Théâtre de la CroixRousse, Théâtre Liberté – Toulon, Espace Jean
Legendre – Théâtre de Compiègne, Théâtre
Firmin Gémier – La Piscine, Scène nationale
d'Albi, L'Équinoxe – Scène nationale de
Châteauroux, Le Cratère – Scène nationale
d'Alès
avec la participation artistique du Jeune Théâtre
National
D. L. – Shen Té et Shui Ta sont donc
deux faces d'un même dé ?
J. B. – C'est vrai que Shui Ta apparaît
d'abord comme l'autre versant de Shen
Té, son allié, son complément. Puis il
devient son adversaire. Le complément
finit par se transformer en antagoniste
qui combat au nom de ses propres principes, y compris contre Shen Té, pour
son propre «bien»... Et pourtant, Shui Ta
et Shen Té ne sont en effet qu'une seule
et même personne. C'est ça qui est
Nous n’oublierons pas que c’est toi qui nous as accueillis.
production TNT – Théâtre national de Toulouse
Midi-Pyrénées
avec le soutien du Ministère de la Culture et de
la Communication / DRAC Île-de-France, du
Conseil Général de Seine-Saint-Denis
D. L. – Qu'entendez-vous par là ?
J. B. – D'abord, elle a un problème, et
du coup, elle finit par en devenir un !
Comment être bon, qu'est-ce que cela
signifie, cela est-il d'ailleurs possible ?
«Comment faire le bien», demande
Shen Té aux dieux alors qu'ils prennent
congé, et elle ajoute aussitôt : «quand
tout est si cher ?» Autrement dit, la
question de la fin – faire advenir le
règne du bien – ne se sépare pas de la
question des moyens. Les dieux vont
donc lui en donner, des moyens... et dès
avec
Danielle Ajoret
Michalis Boliakis
François Deblock
Karyll Elgrichi
Claude Evrard
Jules Garreau
Camille de la Guillonnière
Jacques Hadjaje
Med Hondo
Blanche Leleu
Côme Malchiodi
Clara Mayer
Teddy Melis
Léo Monème
Marie Perrin
Marc Plas
Geoffroy Rondeau
Hugo Sablic
Damien Zanoly
5
Charles Péguy : ce que Shen Té
aurait dû dire au dieu
7 novembre – 15 décembre / Berthier 17e
du se-tchouan
La Bonne âme du Se-Tchouan
Bertolt Brecht : La Bonne âme du Se-Tchouan, prologue (version française de
Jean Bellorini et Camille de la Guillonière)
Emmanuel Kant :
ce que le dieu aurait pu dire à Shen Té
De tout ce qu'il est possible de concevoir dans le monde, et même en général hors du monde, il n’est rien qui
puisse sans restriction être tenu pour
bon, si ce n'est seulement une volonté
bonne. [...]
Ce qui fait que la volonté bonne est
telle, ce ne sont pas ses œuvres ou
ses succès, ce n'est pas son aptitude à atteindre tel ou tel but proposé, c'est seulement le vouloir ;
c’est-à-dire que c'est en soi qu'elle
est bonne ; et, considérée en ellemême, elle doit sans comparaison
être estimée bien supérieure à tout ce
qui pourrait être accompli par elle uniquement en faveur de quelque inclination et même, si l'on veut, de la somme
de toutes les inclinations. Alors même
que, par une particulière défaveur du
sort ou par l’avare dotation d'une
nature marâtre, cette volonté serait
complètement dépourvue du pouvoir
de faire aboutir ses desseins ; alors
même que dans son plus grand effort
elle ne réussirait à rien ; alors même
qu'il ne resterait que la volonté bonne
toute seule (je comprends par là, à vrai
dire, non pas quelque chose comme
un simple vœu, mais l'appel à tous
les moyens dont nous pouvons disposer), elle n'en brillerait pas moins,
ainsi qu'un joyau, de son éclat à elle,
comme quelque chose qui a en soi sa
valeur tout entière. L'utilité ou l'inutilité ne peut en rien accroître ou dimi-
nuer cette valeur. L'utilité ne serait en
quelque sorte que la sertissure qui
permet de mieux manier le joyau dans
la circulation courante ou qui peut attirer sur lui l'attention de ceux qui ne
s'y connaissent pas suffisamment,
mais qui ne saurait avoir pour effet de
le recommander aux connaisseurs ni
d'en déterminer le prix.
Emmanuel Kant : Fondements de la métaphysique des mœurs (1785), première
section : passage de la connaissance
rationnelle commune de la moralité à la
connaissance philosophique.
(trad. Victor Delbos retouchée)
6
Les bibliothèques
de l’Odéon
La Bonne âme du Se-Tchouan
tellement fort : toute cette tension entre
deux faces qui sont pourtant profondément les mêmes, tout ce clivage intérieur. Toutes les contradictions sont là :
on cherche en vain une issue, alors on
se fait du bien comme on peut même
si ce bien nous tue. Et s'il nous est
défendu de construire, alors construisons notre destruction...
D. L. – Shen Té essaie de construire
envers et contre tout...
J. B. – Oui, elle est héroïque. Mais Shui
Ta va recueillir les confidences de
l'aviateur Yang Sun, auquel Shen Té
est prête à tout sacrifier par amour. Or
Yang Sun, lui, est prêt à sacrifier Shen
Té pour réaliser son propre rêve : obtenir un avion et pouvoir enfin voler. Tant
pis s'il doit prendre la place d'un autre,
tant pis s'il doit dépouiller une pauvre
fille amoureuse. Shui Ta n'en revient
pas de tant de cynisme et finit par s'exclamer après le départ de Sun : «Aimer
est impossible, ça coûte trop cher !» On
en revient à la question fondamentale.
On ne peut pas construire un foyer, ni
même une relation – c'est un luxe hors
de portée. être humain, en a-t-on les
moyens ? Quand on est pauvre, on ne
pourrait donc pas se permettre d'être
humain ? Bien entendu, quand on est
riche, on ne l'est guère plus... C'est
un moment superbe, un moment de
désespoir, de révolte et d'ironie qui est
typique de Brecht. Cette mise en crise
permanente, cette conflictualité entre
l'intime et le monde, ce vertige de la
destruction, c'est cela qui fait pour moi
l'intérêt de la pièce aujourd'hui. C'est
ce point-là que je voudrais parvenir à
faire résonner.
D. L. – Comment se passe le travail
collectif ?
J. B. – Il faut avoir un côté chef d'orchestre. Je crois que c'est une position
nécessaire. Mais tout naît de propositions, d'accidents, d'essais, d'erreurs. à
moi d'attraper au vol ce qui ne serait pas
arrivé si je l'avais proposé avant. Chez
nous, la recherche est beaucoup liée
à la musique, au chant, à la rencontre
chorale. Je voudrais par exemple qu'il
y ait beaucoup de moments de prise
de conscience de Shen Té qui soient
en fait des moments assumés par
tous. Des moments où chacun quitte-
rait son masque et où tous viendraient
faire le point ensemble. Ces moments
s'accumuleraient jusqu'au moment
final du tribunal. à ce moment-là, il
n'y aurait pour ainsi dire plus qu'une
seule voix. Elle serait contradictoire,
polyphonique, mais unique et donnée
par tous. Un chœur de tout le texte ou
presque. Comme s'il y avait eu un renversement : à ce moment-là, la parole
individuelle n'existerait plus que sous
forme de traces. On aurait basculé vers
une existence chorale, qui assumerait
collectivement le poids et la profondeur
de la tragédie. Ce serait comme si on
avait rassemblé tous les dés, là, pour
les jeter ensemble une dernière fois et
donner tout ce qu'on peut. Ce serait
aux spectateurs de faire chacun son
choix là-dedans. Nous, nous aurions
fait sentir que tous ces personnages
sont empreints l'un de l'autre : qu'il y a
du Wang dans Sun, du Sun dans Wang...
En somme, dans toute la pièce, avec sa
galerie de personnages, quelque chose
aurait cherché à se construire tant bien
que mal, à travers la bonté, la survie,
l'autodéfense. Et ce serait l'équilibre
d'une société qui mériterait d'être qualifiée d'humaine. Et cet équilibre, cette
harmonie se donneraient à entendre,
fugitivement, dans un plan expressif,
sans autre existence que fictive, dans la
puissance collective et en même temps
intime de la musique...
D. L. – Donc, si l'homme est un loup
pour l'homme, vous feriez entendre le
chant du loup... comme si le spectacle
construisait, à l'usage de la meute, une
sorte de rêve de communauté ?
J. B. – C'est un peu la définition de la
troupe...
Propos recueillis à Paris par Daniel
Loayza le 5 septembre 2013
r
pa
ne
è
c
ns
is e
m
,
ist
Kle
de
on
n,
itry
h
lso
p
Wi
m
t
A
r
'
l
e
nt
ob
rR
eva
a
d
.
p
e oolf
lic
ub
igé
dir inia W
up
t
d
r
t
e
en .
pp Virg
Hu o de
sem über
e
s
l
i
l
r
d
u
e
ab rlan
blo el G
: Is te O
: é icha
3
1
9
9
è
19 erpr
19 us M
int
Kla
Exils – Grande salle
Concerts – Grande salle
Animé par Paula Jacques / Enregistrement public
En coproduction avec France Inter
Vendredi 8 novembre / 20h
Samedi 9 novembre / 20h
F. Scott Fitzgerald
Lundi 25 novembre / 20h
Julie Wolkenstein / Pascal Bongard
LA CHANSON DE LA FUMéE
Lorsqu’on arrive sur les quais où sont amarrés les navires, derrière des hangars à
toits plats, on se trouve dans un pays qui n’est déjà plus celui d’où l’on vient, pas encore celui où l’on va. Les bruits assourdissants tournent sous les verrières jaunâtres.
On entend le roulement sec des trains de marchandises, le déferlement des chariots
à bagages, le sifflement strident des grues, et l’odeur salée de la mer vous suffoque.
Même si rien ne vous presse on se sent obligé de se dépêcher. Le continent qu’on
laisse derrière soi représente le passé. L’avenir prend l’aspect des soutes béantes,
ouvertes dans le flanc des navires. Dans leur tumulte et leur agitation confuse, les
quais tiennent lieu de présent.
Tout change, dès qu’on a franchi la passerelle. Le monde rétrécit. On devient citoyen
d’une république plus étroite que celle d’Andorre. On perd toute assurance. Les
cabines paraissent étranges, les hommes qui occupent le bureau du commissaire
de bord plus étranges encore. Dans le regard des autres voyageurs et dans celui
de leurs amis, on ne lit que distance et mépris. La sirène lance alors son hurlement
lugubre. F. Scott Fitzgerald, Tendre est la nuit, éd. Gallimard
Avant que mes cheveux n’aient blanchi avec l’âge
J’espérais m’en sortir à la façon des sages.
Mais aujourd’hui je sais que ça ne suffit pas
à remplir l’estomac d’un pauvre, loin de là.
Et c’est pourquoi j’ai dit : laisse tomber
Regarde la fumée grise
Qui va vers des froids toujours plus froids :
Ainsi tu t’en iras.
L’honnête et l’appliqué je les ai vu brimés
Alors j’ai essayé le chemin détourné
Mais il nous mène toujours plus bas
Que faire alors, qui me le dira ?
Et c’est pourquoi j’ai dit : laisse tomber
Regarde la fumée grise
Qui va vers des froids toujours plus froids :
Ainsi tu t’en iras.
James Joyce
Ahmad Jamal
«Saturday Morning»
Après Blue Moon, nominé aux Grammy Awards 2013, produit par Jazzbook Records
et distribué par Harmonia Mundi, Ahmad Jamal présente, lors de ces deux soirées
exceptionnelles au Théâtre de l’Odéon, son dernier album Saturday Morning – sortie mondiale le 24 septembre.
Né à Pittsburgh en 1930, pianiste à trois ans, compositeur à dix, il commence sa
carrière professionnelle en 1947 dans les grands orchestres. Venu de la tradition de
Nat King Cole, d’Art Tatum et surtout d’Errol Garner, il est l’un des pionniers de l’improvisation modale, technique reprise et développée par Miles Davis, John Coltrane et
Herbie Hancock. Il enregistre en 1958 l’album «Ahmad Jamal at the Pershing» dont
la version de Poinciana est demeurée légendaire.
Ahmad Jamal est aujourd’hui l’un des derniers grands témoins et acteurs de l’histoire de la musique classique américaine, un terme qu’il préfère à celui de jazz,
selon lui trop peu précis aujourd’hui.
ACM Productions
Tarifs exceptionnels (voir p. 19)
Lundi 9 décembre / 20h
Yannick Haenel / Denis Podalydès sociétaire de la Comédie-Française
On pourrait faire une jolie collection de mes légendes. Ma famille, à Dublin, croit
que je me suis enrichi en Suisse pendant la guerre en faisant de l’espionnage pour
les deux partis. Des Triestins, me voyant sortir vingt minutes chaque jour pour me
rendre au même endroit, la poste (j’écrivais Nausicaa et les Bœufs du Soleil dans
une terrible atmosphère), firent circuler le bruit, aujourd’hui accrédité, que j’étais un
cocaïnomane. La rumeur générale à Dublin (jusqu’à ce que le prospectus d’Ulysse
l’arrêtât) disait que je ne pouvais plus écrire, que j’étais mourant à New York. Une
personne de Liverpool me dit avoir entendu raconter que je possédais des cinémas en Suisse. En Amérique il semble y avoir eu deux versions. Dans l’une j’étais à
peu près aveugle, émacié et tuberculeux, dans l’autre j’étais un austère mélange du
Dalaï Lama et de Rabindranath Tagore. Mr Pound m’a décrit comme un sévère pasteur d’Aberdeen […] Je suis depuis un an à Paris et pas un mot sur moi n’est apparu
dans un périodique français pendant ce temps.
Ceux qui sont vieux dit-on n’ont plus à espérer
Seul le temps fait l’espoir et le temps a filé
Mais aux jeunes, dit-on, la porte s’ouvre bien
Certes, dit-on, elle s’ouvre, mais c’est sur rien.
Et c’est pourquoi j’ai dit : laisse tomber
Regarde la fumée grise
Qui va vers des froids toujours plus froids :
Ainsi tu t’en iras.
Bertolt Brecht : La Bonne âme du Se-Tchouan
(version française de Jean Bellorini et Camille de la Guillonnière)
James Joyce, Lettre à Harriet Weaver, 24 juin 1921 (Lettres, vol. I) Gallimard, 1962
Das Lied vom Rauch
97.
9
1
r
rie
v
é
f
e,
en
s
e
s
s
i
u
nr
rs Repr
e
u
,
s
aly
sœ ine.
è
t
t
l
M
e
Ko âtre
es v Dod
e
r
i
,
r
è
.
y
a Thé
Fr r Le
M
,
nd bsen
e
o
rd ec le
B ik I
ss e pa
a
u
c
n
r
r
v
r
n
Lu
on scèn
Be ual a
s
ar d'He
i
e
p
Sa is en
o d Pasq
a
igé man
c
l
r
i
c
e
m
u
ís
li, d Bork
e d ov et
o Z r Llu .
o
r
t
c
r
d
l
e
e
ic
ca ram
ob ne pa bourg
l P abri
e
l
R
e
b
s
4 : scè ters
ich hn G
an dor A
9
d
M
9
o
:
:
1
en t-Pé
4 s Fe
3 le J
s
9
9
i
9
9
m Sain
1
1 prè
ite
b
a
de
ha
d'
- Einstmals, vor das Alter meine Haare bleichte
Hofft' mit Klugheit ich mich durchzuschlagen.
Heute weiß ich, keine Klugheit reichte
Je, zu füllen eines armen Mannes Magen.
Darum sagt' ich : laß es !
Sieh den grauen Rauch
Der in immer kältre Kälten geht : so
Gehst du auch.
- Sah den Redlichen, den Fleißigen geschunden
So versucht' ich's mit dem krummen Pfad.
Doch auch der führt unsereinen nur nach unten
Und so weiß ich mir halt fürder keinen Rat.
Und so sagt' ich : laß es !
Sieh den grauen Rauch
Der in immer kältre Kälten geht : so
Gehst du auch.
- Die da alt sind, hör ich, haben nichts zu hoffen
Denn nur Zeit schafft's, und an Zeit gebricht's.
Doch uns Jungen, hör ich, steht das Tor weit offen
Freilich, hör ich, steht es offen nur ins Nichts.
Und auch ich sag : laß es !
Sieh den grauen Rauch
Der in immer kältre Kälten geht : so
Gehst du auch.
Bertolt Brecht : Der gute Mensch von Sezuan
7
Karyll Elgrichi, Damien Zanoly © Thierry Depagne (photo de répétition)
Couverture de Ulysses, Shakespeare and Company,
première publication, Paris, 1922
8
Les Bibliothèques de l'Odéon
Les Bibliothèques de l'Odéon
9
CARTE LES BIBLIOTHÈQUES DE L'ODÉON
Carte 10 entrées 50€ / À utiliser librement.
Programme complet
Brochure de la saison 13-14
disponible aux guichets de nos deux salles
et sur theatre-odeon.eu
DE QUELQUES GENRES,
LONGTEMPS DITS MAUVAIS
Les Dix-huit Heures
de l’Odéon
Ah çà ! Chères et chers qui feuilletez
la Lettre de l'Odéon, bien calés dans
votre fauteuil d’orchestre ou tapis
dans l’ombre d’une loge, accoudés
au rebord d’une baignoire, n’attendez pas de moi que je vous prenne la
main, vous tende une perche ou vous
offre une rampe, édictant des lois ou
vous communiquant des règles, assénant des définitions ou vous bombardant d’exemples. Au «mauvais genres»
nulle loi, dogme, méthode ou portraitrobot. Le «mauvais genres» ne s’encarte pas, il se hume ou se capte, tel
une onde ou un relent. Il baigne un lieu
avec la puissance d’imbibation d’un
miasme malin, circule avec la nocive
capacité d’un gaz innervant. Il en va
de lui comme du swing ou de la grâce :
l’a, l’a pas. Aussi évident qu’indéfinissable. Avec lui se rejoue la nuance et
Salon Roger Blin
Fantômes en littérature
Soirées présentées par François Angelier, producteur à France Culture de Mauvais Genres
En partenariat avec le Centre des Monuments Nationaux et France Culture
Dracula
Mercredi 6 novembre / 18h
de Bram Stoker, pages arrachées lues par Jean-Damien Barbin
La lecture sera présentée le 9 novembre à 20h30 au Château d'Angers
Le Fantôme de Canterville
Mercredi 4 décembre / 18h
d'après Oscar Wilde, lu par Claude Perron
La lecture sera présentée le 7 décembre à 20h30 au Château de Maison-Laffitte
amour et désamour du théâtre
Animé par Georges Banu
En partenariat avec Actes Sud
Voir, ne pas voir
Jeudi 14 novembre / 18h
Respirer ailleurs
Jeudi 12 décembre / 18h
«... il vous
mime pour
mieux vous
miner...»
Avec Laure Adler, Valère Novarina et Régis Debray*
Avec Pippo Delbono, Laurent Gaudé
*sous réserve
repenser l'humanisme
Animé par Catherine Portevin
En partenariat avec Le Seuil et Philosophie magazine
Au delà de l'homme
Jeudi 21 novembre / 18h
Entretien avec Michaël Fœssel
Humaniser la mondialisation
Jeudi 5 décembre / 18h
Entretien avec Mireille Delmas-Marty
Les inattendus
Salon Roger Blin
contes de toujours
Par Valérie Delbore
En partenariat avec Les Mots Parleurs
Peter Pan
de James M. Barrie
pu
rge
a
l
n
àu
et rker.
m
r
a
B
pe
ise ard
gla 'How
n
a
d
on re
ais théât
S
la
5 : rir le
199 couv
dé
Jeudi 16 novembre / 15h
de
blic
.
ler
de
, de dea
n
o
tre le.
u
t
â
d
o
é
h
al
le
ec
n-T e s
s d le rô
éo rand
d
mp end
a
g
l'O
ch epr
de s la
r
es
ur dan
e d reau
e
t
d
d
c
u
é
ire tar
olit Ch
é d plus
la s trice
m
s
s
m
an Pa
no aine
e D ry,
est sem
e d eggo
t
n
n
da rois
scè Gr
vau ear t
en scal
a
e
L
L
a
s
s Roi
mi ec P
rge
re
v
eo e son
rop tès, a
G
p
a Kol
6 : sent
ss
99
an arie
s 1 t pré
r
d
:
a
,e
5 -M
er m
1 urope
199 rnard
e
E
'
l
B
B
ue
is
ça iniq
n
m
ra
n f Do
e e vec
é
r
a
c n,
er
e
arn ik Ibs
W
r
h
n
a
e
or d'H
eb
e D upée
s
i
la e po
ng
: l'a ison d
7
199 e Ma
Un
c.
lan
se marque la frontière entre le dandysme et l’excentricité (n’est-il pas
né en France, à l’époque romantique,
1835 ?). L’excentrique a ses trucs,
ses ustensiles, le dandy son allure,
son mystère. Nombre peuvent faire
preuve de mauvaises manières, mais
seuls quelques-uns auront réellement,
consubstantiellement, génétiquement
«mauvais genres». Il échappe à l’appui des preuves, à la loge et au magasin des accessoires. Pressenti plus
que repéré. Nous laissant la truffe en
alerte et les papilles inquiètes. Car le
«mauvais genres» ne détruira pas votre
home, il le sinistrera. Fera de votre
demeure, de votre petite maisonnée,
un espace menacé. Une atmosphère
mycosée par le «mauvais genres»,
gagnée par sa lèpre lente, deviendra
délicieusement invivable. De l’ordre
du malsain et du malaise, il oppresse,
pèse en angoisse. Car sa force vient
de ce qu’il n’a pas la frontalité hostile de l’opposant, de l’ennemi juré, la
carrure massive de l’antithèse, l’uniforme de l’insoumis. Il vous mime pour
mieux vous miner, joue le jeu aux fins
de le déjouer. Sait découper le poisson, mais a le sourire du piranha.
Tout semble intact, mais vos poutres
n’attendent qu’un fétu de vent pour
partir en poussière. Pas de pavés dans
la mare, mais son eau rendue fétide,
viciée lentement par l’action du poison.
Mais il y a les «genres», me direzvous. Ses cousins bohèmes et oncles
d’Amérique, partis un jour et de làbas revenus millionnaires : le roman
policier, la science-fiction, le récit
fantastique, l’érotisme, les bandes
dessinées. Tous passés du coin du
feu à la 3D, de la mémoire des vieilles
à internet, jadis «canards sanglants»
aujourd’hui viols smartphoniques nouvelle génération. Voilà des genres bien
mauvais, bien consistants, packagés et
délimités. Il est vrai qu’ils nous sont
devenus familiers, présents. Voués, il
y a encore quelques décennies, à la
marge, vus comme des distractions
consenties, classés objets de tolérance, ils sont aujourd’hui au centre
du débat. La culture de genres est
devenue NOTRE culture, la seule vraie
culture populaire, un lieu de mémoire
familier qui, du jeu vidéo à la rétrospective officielle, semble être le seul
capable de formuler les énergies du
présent, suivre ses lignes de fracture et sonder ses drames. Le polar
dit bien l’affaire. Longtemps, on l’a lu
comme on chique. On croquait dans
la matière polar pour savourer un instant de noirceur, le temps d’un trajet en train, d’une salle d’attente. Le
polar valait pour une prise de tabac
noir. Après, on se mouche et va pour
ailleurs. Face aux cabossages et
autres rayures accidentelles, il rendait au monde choqué le poli de son
enveloppe et son unité de surface. Le
roman noir américain s’en est venu, qui
toucha au moteur, mit du sucre dans
le carburateur des certitudes sociales.
Encrassage durable d’un moteur indémontable. Le ver n’est pas dans le fruit,
mais dans la racine. Aujourd’hui, il est
notre réalisme, un espace de réflexion,
de témoignage politique et anthropologique. Le polardier est passé du
statut de lanceur de couteau à bout
rond à celui d’acteur social. Sa cellule
n’est plus une geôle de centrale mais
un cabinet d’écoute pour grands choqués et traumatisés. On ne joue plus à
se faire peur, on témoigne à la barre.
Anobli par le consensus, assujetti par
ses sujets aux pratiques de légitimation, il entre dans les mœurs culturelles sans passer par l’entrée des
fournisseurs. En va-t-il de même de
la science-fiction, sans doute moins,
restant affaire plus opaque et chose de
fans ; quoique le traitement de sujets
écologiques ou sociétaux attire à elle
les prospecteurs officiels et futurologues avérés. La ferblanterie futuriste des années 50 a cédé la place
aux eco-warriors et autres survivants
de naufrages planétaires. Le post-
«La culture de
genres est
devenue
NOTRE
culture.»
apocalyptique est devenu notre humanisme. Pour l’horreur, elle se consomme
avec l’allant d’une pizza. À ceux qui
souhaitent se prémunir de toute ingérence du réel, le mégastore du merveilleux offrira sa ribambelle des saveurs
et sa tornade de confettis, de pleins
râteliers de baguettes magiques, des
magasins combles de balais volants,
barbes postiches, monstres mous et
griffes noirâtres. Passons sur l’éro-
tisme et la pornographie : jadis Monsieur
Perrichon emmenait Madame au Châtelet ou voir un western, aujourd’hui il met
sur internet ses ébats avec le dobermann du voisin. Affaire classée.
On peut donc dire que genres il y a,
«... le sac à
malices est
sans fond,
et le diable a
du ressort...»
acceptés, omniprésents, multiformes
et multimédia, disséminés et pour
tous les âges. Que la troisième classe
a disparu : les séries TV nourrissent
les UER de philosophie, la théologie du
manga est sous presse, la BD hante le
Louvre, le cul s’inculque en prime time.
Tout va trop bien. Louche, tout cela.
Mais hélas, sortons la vielle à roue de
la déploration nostalgique et le mouchoir à gros carreaux du chagrin passéiste : où sont les neiges d’antan ?
Doit-on avoir la nostalgie des Dames
du temps jadis, Marlène Dietrich et
Madame de Gaulle, qui nous livraient
un monde bipolaire, partagé entre le
glamour transgressif et la ponctualité à la messe, Lady Marlène et tante
Yvonne ? Le «mauvais genres» a-t-il
fait long feu ? Le triomphe planétaire
de la culture de genres a-t-il émoussé
sa nocivité joyeuse ? La quasi extinction de la censure a-t-elle ravalé
pour longtemps sa puissance transgressive ? Nous ne voulons point le
croire. Attendons, patientons, le sac
à malices est sans fond et le diable
a du ressort. En attendant de le voir
rejaillir de sa boîte, apprêtons-nous
pour les quelques spooky shows que
nous vous offrons cette année : cavalier sans tête, comte-vampire, fantôme
bon enfant, grand seigneur méchant
ogre, savant fou et belle endormie à la
tête tranchée. De la cuisine de tradition servie dans de la vaisselle en grès.
Du sûr et du goûtu, du frisson millésimé et de l’angoisse servie chambrée par les meilleures maisons : de
Washington Irving à Alexandre Dumas.
Heureux que vous êtes ! Mais surtout,
conseil d’ami, venez armés, l’endroit
est désert !
François Angelier, septembre 2013
François Angelier
est journaliste, animateur, producteur de
l’émission Mauvais Genres sur France
Culture, essayiste, spécialiste de littérature
populaire, biographe et auteur de romans
fantastiques.
les 30 ANS De l'odéon-THÉÂTRe de l'europe
10
mardi 12 novembre
Tables rondes, débats, projections en soirée
Trente ans à peine, ou trente ans déjà ? à l'échelle d'une institution, ce n'est presque rien, moins du dixième de l'existence
l'avenir d'une utopie toujours vivante. Grand témoin de l'aventure, Jean-Pierre Thibaudat salue ici son fondateur.
1983 :
création du
Théâtre de
l'Europe
nouvelles des théâtres du monde,
découvrant ici et là des îles merveilleuses, du Polonais Jerzy Grotowski aux
Américains du Bread and Puppet pour
ne citer que deux phares particulièrement lumineux.
Certes le Théâtre de l’Odéon au destin
versatile depuis l’éviction de Jean-Louis
Barrault (suite à l’occupation du théâtre
en juin 1968) n’était pas en reste, on lui
devait la venue du «Orlando Furioso» de
Luca Ronconi dans les halles de Baltard
alors désaffectées mais encore debout
avant que ne commence le chantier du
forum des Halles, première époque.
N’empêche, l’annonce pendant l’été
1983 par Jack Lang de la création d’un
Théâtre de l’Europe dans l’une des
deux salles les plus emblématiques de
Paris (l’autre c’est évidemment pour
le meilleur et pour le pire, la ComédieFrançaise) fait sensation. D’autant plus
que ce «nouveau» théâtre est porté par
l’un des plus emblématiques et talentueux metteurs en scène européens,
Giorgio Strehler. Placer à la direction de
l’Odéon un étranger, même un «étranger
proche», fut un geste fort.
Strehler connaît bien la maison. En
ouverture d’une saison du Festival
d’Automne, à la fin des années 1970, il y
avait présenté «Il Campielo» de Goldoni
tout en lumières d’hiver, en glissements
des corps et des âmes, comme un lendemain de fête (ah ce serpentin solitaire
pendant sur le fil traversant le plateau).
Il reviendra avec «Arlequin serviteur de
deux maîtres», «Le Roi Lear» et mettra
en scène les Comédiens français dans
«La Trilogie de la villégiature», toujours
de son cher Goldoni, énorme succès de
la maison de Molière.
Sa faconde, son charme, sa voix un rien
rocailleuse accompagnée de gestes de
chef d’orchestre même quand il ne dirige
que le vent, son accent irrésistible (je
l’entends encore dire «Copeau» en faisant claquer les deux syllabes «côpô !»),
son appétit de la scène jamais rassasié
en firent craquer des milliers. Acteurs,
techniciens, journalistes, aficionados,
salles combles. Dans ce vieux théâtre
chargé d’histoire, pétri d’ombres et
nourri de légendes qu’est l’Odéon, le
maestro est chez lui. Avec, jamais très
loin, ceux qu’il nomme ses maîtres,
Jouvet qu’il connut, Brecht avec lequel
il travailla, Copeau son talisman, une
admiration mâtinée de dévotion qui le
conduira à se battre pour la réhabilitation du Théâtre du Vieux-Colombier.
Patrice Chéreau lui doit beaucoup et ne
s’en cache pas, l’allemand Klaus Michael
Grüber ira plusieurs années s’asseoir
dans la salle du Piccolo Teatro de Milan
le voir répéter.
Ce n’est pas une star, c’est un géant, un
maître, quand on dit «le maestro» c’est
de lui qu’on parle, forcément. Strehler
est un Européen de naissance : par sa
mère d’origine slave et française, par son
père d’origine autrichienne, par les langues qu’il parle avec gourmandise, par
la ville où il est né, Trieste, antre du cosmopolitisme. «Je suis un métèque, nous
sommes tous des métèques, des magnifiques bâtards, on ne peut se passer de
Kafka, de Leonardo, de Dostoïevski» me
disait-il.
Le maestro est nommé pour trois ans
renouvelables, c’en est fini de la mainmise de la Comédie-Française sur
l’Odéon qui s’était de nouveau manifestée dans les années 1970. Cela se fait
en douceur. J’ai sous les yeux le programme de la première saison 19831984, sur fond couleur lie-de-vin. En
haut en lettres blanches «Odéon Théâtre
National», en bas en lettres noires «1re
saison du Théâtre de l’Europe». D’octobre à février c’est l’Europe, de mars
à juillet ce sont les grandes institutions de France (Comédie-Française et
Théâtre National Populaire). Mais tout
se mêle dans la mémoire puisque la
Comédie-Française (où Jean-Pierre
Vincent vient d’être nommé) présente
«Le Suicidé» du russe Nicolaï Erdman
(l’une des deux pièces de ce dramaturge
bâillonné par le pouvoir soviétique) et
que le TNP de Roger Planchon présente
«Frédéric, Prince de Hombourg» d’Heinrich von Kleist, une pièce classique dans
une mise en scène qui ne l’est pas des
Allemands Manfred Karge et Matthias
Langhoff.
Strehler ouvre le Théâtre de l’Europe
avec un spectacle que l’on ne monte
bien que l’âge venu – il a 62 ans – «La
Tempête» de Shakespeare, un chant
d’adieu et une déclaration d’amour
au théâtre en guise de ticket d’entrée,
on ne saurait rêver mieux. Prospero,
Ariel, Caliban et les autres font chanter
Shakespeare en italien : le spectacle
arrive tout droit du Piccolo Teatro dont
Strehler demeure le directeur. Et tout
de suite après, en langue française,
«L’illusion» de Corneille. Gérard Desarthe
dans le rôle du matamore, à ses côtés
Nada Strancar, ces deux-là deviendront
plus tard professeurs au Conservatoire.
Et bien d’autres.
En col roulé, pantalon et chaussures
noires, le maestro répète dans le noir.
«C’est pour mieux voir ce qui se passe
sur le plateau. Brecht déjà travaillait
comme cela». Il vient d’être hospitalisé, il n’a plus tout à fait l’énergie qui
lui a fait faire du Piccolo une des plus
belles adresses du théâtre pas seulement européen. L’appétit est intact mais
il bondit un peu moins. Je me souviens
avoir été frappé par les lumières de ce
spectacle. Elles n’avaient plus la clarté
d’avant, elles s’assombrissaient comme
«Brecht déjà
travaillait
comme cela.»
l’époque, on le saisit mieux maintenant
où le tournant de la rigueur avait envoyé
aux chiottes bien des illusions de la
gauche française. En Italie, Strehler, en
proie à bien des contrariétés, fut comme
un lion blessé.
à la fin des spectacles, disait Strehler
un soir de répétition, les acteurs ne
saluent pas «ils disent adieu au théâtre».
Tous ses spectacles quand on y songe,
disaient adieu au théâtre.
Je devais le revoir longuement une dernière fois en 1995, deux ans avant sa
mort. Il était venu présenter à l’OdéonThéâtre de l’Europe (dont il n’était plus
le directeur), «L’île des esclaves» créée
au Piccolo. Il répétait pour une reprise de
rôle, il était fatigué, un peu las. «Où sont
nos rêves ? Les temps sont obscurs...
Qu'est-ce que tu veux savoir de moi ?»
commença-t-il. Il parla longtemps. Et
puis pour finir :
«C'est facile d'aimer le théâtre dans
l'ivresse de la jeunesse. C'est encore
facile lorsque tu as appris ce qu'est le
métier. Puis arrive la jouissance d'être
un peu sûr, de savoir tout de suite ce
qu'il faut faire. Et puis vient le moment
où le chirurgien se dit : Ah, encore un
pancréas ! Mais il doit se dire qu'en dessous il y a un être vivant, alors il y va. Le
théâtre, c'est la même chose. Tu continues quand même. Pas par habitude,
pas par lâcheté. Avec plus de doute, de
fatigue, de tristesse. Tu n'aimes plus
avec la passion, avec le sang, avec le
sexe. Alors là, tu touches au vrai amour
du théâtre».
C’est à la fin de l’année 1989, l’année de
toutes les révolutions à l’Est de l’Europe
que Strehler quitte l’Odéon. (Son successeur Lluís Pasqual prendra ses fonctions
au printemps 1990). Au cœur du sixième
arrondissement parisien, le théâtre de
Jean-Pierre Thibaudat
Journaliste, écrivain, critique dramatique à
Libération de 1978 à 1996, conseiller artistique pour le Festival Passages de Nancy,
Jean-Pierre Thibaudat est spécialiste de la
scène est-européenne.
Il tient quotidiennement le blog «Théâtre et
Balagan» sur Rue89.com
«Alors là, tu
touches au
vrai amour
du théâtre.»
Le détail de cette journée, ouverte au
public sur réservation sera disponible
mi-octobre sur theatre-odeon.eu
l’Europe aura été l’antichambre de cette
Europe sans frontières. Strehler et son
équipe ne se contentant pas d’inviter de grands maîtres comme Ingmar
Bergman (trois spectacles) ou Claus
Peymann. Ils nous font découvrir ou
mieux connaître ces gens de l’Est dont
on sait peu de choses : les Russes Iouri
Lioubimov et Anatoly Efros, les
hongrois Tamás Ascher et Gábor
Székely. La porte est ouverte. Aujourd’hui
le Théâtre de l’Europe n’est pas une idée
neuve, ni exclusive (ce qu’elle n’a jamais
été), bien des établissements et des festivals la font cette Europe-là, le Festival d’Automne et l’Odéon ont souvent
œuvré ensemble et continuent de le faire.
Strehler peut partir tranquille. Il sera mort
depuis un an lorsque la France découvrira en 1998 sur la scène de l’Odéon
un immense Polonais nommé Krystian
Lupa.
Encore un mot, Giorgio : «Les gens de ma
génération ont vécu avec deux terreurs :
la bombe atomique et le fascisme. La terreur de la bombe atomique n’existe plus.
Mais le fascisme ? Il est là, rampant dans
le fantôme du nationalisme et c’est un
retour farouche. Je veux une Europe de la
différence» disait-il (c’était au temps des
guerres dans les Balkans). Quel regard
le maestro jetterait-il sur l’Europe d’aujourd’hui et sur la Russie ? Sur la world
culture ? Quelle pièce voudrait-il brandir
comme une arme en forme de masque ?
Réservation [email protected]
en partenariat avec Arte, Libération,
France Culture, l’Institut d’études
politique de Paris et l’école Normale
supérieure de Lyon
Jean-Pierre Thibaudat, septembre 2013
La Tempesta (La Tempête) de William Shakespeare, mise en scène de Giorgio Strehler, octobre 1983, présentée à l'Odéon-Théâtre de l'Europe
© Luigi Ciminaghi / coll. Piccolo Teatro di Milano
ni
ldo
Go
e
d n.
res éo
aît l'Od
m
à
x
eu ois
e d a 4e f
d
r
l
teu ur
rvi nt po
e
s
e
in, revi
qu
rle ehler
A
8 : Str
199 rgio
o
i
G
Sous le haut patronage du
ministère de la Culture et de
la Communication
Le Théâtre de l’Europe, officiellement
créé en juillet 1983, s’inscrit dans la
dynamique internationale ouverte par le
Théâtre des Nations puis le Festival de
Nancy. Sa programmation a été profondément marquée par les accueils étrangers à la fin de l’aventure Jean-Louis
Barrault et dans l’après 1968.
Giorgio Strehler, dont Jack Lang a su et
souhaité accueillir la vision, se voit alors
confier un projet ambitieux inauguré
artistiquement le 3 novembre 1983 par un
spectacle venu du Piccolo Teatro de Milan,
La Tempesta, de William Shakespeare.
Tout entier voué à cette nouvelle mission depuis mars 1990 et l’arrivée de
Lluís Pasqual – placé ensuite successivement sous les directions de Georges
Lavaudant, Olivier Py et Luc Bondy –,
l’Odéon-Théâtre de l’Europe aura
accueilli en trente années d’existence
plus de cent-vingt spectacles en langue
étrangère.
C’est cette aventure qu’il convient
aujourd’hui de célébrer, non pour en
être les spectateurs assagis et admiratifs mais pour en souligner la vivacité présente et poursuivre, plus loin encore s’il
est possible, l’ambition première de ses
fondateurs.
de l'Odéon. à l'échelle de nos vies et de nos attentes, c'est beaucoup : largement assez pour faire le point sur l'histoire et sur
Dans un charivari époustouflant des
acteurs sortent, entrent, courent,
se coursent, se frôlent, bondissent,
dansent et puis soudain, comme par
magie, la scène du Théâtre de l’Odéon
se vide d’un coup. Plus rien sauf en son
centre, une petite chose que l’on voit
trembler, vivante donc, quelque chose
de magnifiquement incongru : un flan,
une gelée peut-être, un gâteau sorti d’un
moule aux bords ondulés. Et c’est tout le
théâtre qui tremble de bonheur.
C’était au cœur du spectacle porte-bonheur de Giorgio Strehler, «Arlequin serviteur de deux maîtres», une pièce de
son auteur fétiche, Carlo Goldoni. étaitce avant ou pendant les années Strehler
à l’Odéon (le spectacle y reviendra plusieurs fois) ? Je ne sais. La sixième version peut-être. Il y en aura neuf.
Parmi d’autres moments magiques
– ils furent légion –, c’est celui-ci qui me
revient d’abord dans cette chambre de
Bucarest où j’écris ces lignes en pensant à la naissance de l’«Odéon-Théâtre
de l’Europe» en 1983.
Qui aurait pensé en ce début des
années 1980 qu’avant la fin de la décennie il en serait fini du «bloc de l’Est», des
armées du «Pacte de Varsovie», d’une
Allemagne divisée, d’un mur infâme
symbolisant cette Europe coupée en
deux, que l’URSS ne passerait pas du
siècle ? L’Est était un mystère, l’Europe
unie une vieille idée bercée d’illusions,
l’Europe du théâtre vue de Paris, se résumait à un axe (de l’Ouest) France-ItalieAllemagne avec le Royaume-Uni en
mouche du coche («En Angleterre ils
ont des perruques abominables mais ce
sont les meilleurs acteurs du monde» me
dira un jour Strehler).
Certes le Théâtre des Nations ( qui avait
invité le tchèque Otomar Krejča avec le
théâtre Za Branou de Prague, un metteur en scène auquel l’exil forcé sera
artistiquement fatal comme en témoignera avec tendresse Philippe Caubère
dans son «Roman d’un acteur»), le Festival de Nancy qui alors allait vers sa
fin, le téméraire Sygma de Bordeaux et
le Festival d’Automne en pleine forme
nous avaient donné chaque année des
11
en
se
mi
a
l
ns
da
d
ne
scè
e
la
ur
po
s
i
l
l
ei :
K
cu
ello
ais
ac cles
nd
n
t
a
r
o
n
a
i
l
t
o
P
po
,
o s pec
de
nd
du
nzi ux s
ne
e
a
l
ma
g
e
S
c
e
a
l
t
d
l
a
o
t
n
l
a
c
el pour
mo
pe
) en
ffa
ns
e la
we
Ra mne,
u
d
ö
'
s
.
ts
ta uto
e d roch
ie M
an
cìe
nn
Gé
e (D
So al d'A
t
sie nn B
s
i
t
a
.
r
e
e
)
L
a
a
L ya
u
tiv
n
n p rm
i et es
Mo
rée
tio s He
cc c le F
ec onta
La e.
r
a
u
l
t
è
t
l
e
t
m
n
e
e
n
en pr
da e la
ast , av to.
sen Vien
rés d'a
vau nts d
pré r de
ep ules
o C Paris imen
a
r
e
y
L
e
d
m
tt
s ega
ièr amb
on eate
Ro is à ba
rge
c B rgth
0 : re fo Com
rem omn
eo (Els G
u
0
p
L
G
0
è
u
l
:
2 mi et I
8 : es S
9 : lan
02 u B
pre nesi
199 cata
199 pa, L
20 ée a
é
e
u
n
r
G
e
L
c
n
tia
rys
nouvelles de L'île
de l'isolement
12
13
13
20 novembre – 1er décembre / Odéon 6e
Todo el cielo
sobre la tierra
(el síndrome de
wendy)
Tout le ciel au-dessus de la terre
(Le syndrome de Wendy)
texte et mise en scène
Angélica Liddell
en espagnol, mandarin,
norvégien, surtitré
scénographie et costumes
Angélica Liddell
musique
Cho Young Wuk
collaboration à la musique,
orchestration
Hong Dae Sung, Jung Hyung Soo,
Sok Seung Hui, Lee Ji Yeon
lumière
Carlos Marquerie
son
Antonio Navarro
avec
Xue Ying Dong Wu
Xie Guinü
Fabián Augusto Gómez Bohórquez
Lola Jiménez
Jenny Kaatz
Angélica Liddell
Sindo Puche
Maxime Trousset
Zhang Qiwen
Saite Ye
ensemble musical PHACE
production
Atra Bilis Teatro – Iaquinandi, S.L.
coproduction
Festival d'Avignon,
Wiener Festwochen (Vienne),
Odéon-Théâtre de l'Europe (Paris),
Festival d'Automne à Paris,
deSingel Internationale Kunstcampus
(Anvers), Le Parvis Scène
nationale Tarbes Pyrénées
avec l'aide de Teatros Del Canal
(Madrid), de Tanzquartier (Vienne)
avec le soutien de la Communauté
de Madrid, du Ministère espagnol de
l'Éducation, de la Culture et du Sport –
l'INAEM
crée le 9 mai 2013
aux Wiener Festwochen
durée 2h20
certaines scènes de ce spectacle peuvent
heurter la sensibilité des plus jeunes,
il est donc déconseillé aux moins de 16 ans
avec le Festival d’Automne à Paris
nd
nto
a
D
de
ort
M
a
er.
hn
üc
B
e
ux
ava
e tr
.
.
au
ére
h
C
ice
atr
P
e
s
lier
Ate
x
au
te
en
s
é
pr
n,
ge
éo
ma
Od
m
'
l
o
e
th
e
ié d .
en
s
oc rváth
nd
atr
de
s
e
u
n
s
r
q
a
o
ra
ur
on ne.
ne n H
ert
la g
dé
po
sB
scè ön vo
l'O lo Be
r
ns
on
t
e
a
n
é
i
l
e
e Öd
d
d
'
ur
ne rme
l'O
Ate
nte
tte ier d
es
de
om n Ca
e
t
mo
d
e
u
n
t
r
m
n
A
ie
ât
l, t der
io
an
l d' ital
hé
ge
rat
ud
En men
uT
gu
tiva cène
ava
d
s
u
é
L
r
e
a
e
re
F ns
d
n
g
s
e
An Ju
3 : i
Le
etu
rge
00
3 : er Le
4 : tteur
rm
eo
2
0
0
e
r
G
f
0
0
i
:
:
e
e
2
2
i
h
2
2
v
t
m
r
0
0
20
20
Jan
Be
au
L
alle
sd
an
d
dre
hè
P
la
ec
r av
e
i
h
Angélica Liddell © Nurith Wagner-Strauss
14
Todo el cielo sobre la tierra (El síndrome de Wendy)
cal
usi
m
cle i.
cta ett
pe Can
s
es as
ras Eli
ph es d'
s
t
e
e d tex
usé s des
m
rè
a,
tjak 'ap
ari els d
j
t
i
r
b
Era eb
4 : er Go
0
0
2 ein
d'H
t
en
nn .
e
i
ev rope
rd
hie e l'Eu
t
r
e
d
s B re
lier héât
e
t
T
sA n
: le déo
005 de l'O
2
rs
e
Ma e sall
la 2
ia
vé,
arc réno
G
l
rie déon er.
tA
ll
rt e ns l'O r Mü
e
pp n da eine
u
H
o
'H
elle ais t d
ab elle s artet
s
I
u
st
uv
c'e no e Q
6 : nt la our l
0
0
p
2
,
re
ne ouv lson
toms qui rt Wi
u
A dè be
l
Va c Ro
ave
t
en
llem
e
i
c
offi
is
n
ça
so
n e
te on
ran
f
o
u
i
d
.
b
é
é
en
de
ers ton] rich
y d l'Od
ne
on
ev
cè s,
r P le à
cti
un Dan us Zü
s
e
e
i
e
r
y
n
t
e
a
e
liv sch
di
et lliam
sen rt d ielh
,O
à la
i m e Wi
yle s d'E t.
pré a Mo ausp
é
k
h
r
s
c
m
e
e
a
s
[L ch
w
s
c
m
ale
iko es
d'E piè and
no
rth Tod u S
arl Tenn
tie sept on m
est pe.
Ma tons ion d
s
W
e
y
f
h
s
r les e s
P uro
p
n uct
zto prè t.
L'O
er
d
sto Da
livi de l'E
ec onter ans
zys y, d'a pper
hri e du prod
r
v
O
C
a
K
:
q
,
:
:
t
er
wa Hu
0 :
07 éâtre
06 as
08 e m cin
20
20 nocl üchn
201 Tram belle
20 jet d t les
rs n-Th
o
a
a
B
o
n
n
r
s
ic org
M déo
U cI
p nda
Ge
ave
l'O
pe
Todo el cielo sobre la tierra (El síndrome de Wendy)
15
¿ POR QUÉ VINISTE SOLA A SHANGHAI ?
EL POLICÍA :
La gente buena también hace cosas malas, Wendy, es
normal. Si nos dices lo que pasó podemos ayudarte.
好人也做坏事,温迪,这很正常。和我们说说发生了什么事,我们才
能帮你。
POURQUOI ES-TU VENUE SEULE à SHANGHAI ? *
LE POLICIER :
Les gens bien font eux aussi des choses pas bien, Wendy,
c’est normal. Si tu nous dis ce qui s’est passé, nous
pourrons t’aider.
Crees de verdad que el asesinato es lo peor, lo más
abominable, no sé, algo tan común, algo que se lleva
haciendo desde hace tanto tiempo. Hay mucha gente
que vive y mucha gente que muere. Eso es todo. No hay
ley que detenga a un criminal, la ley es sobrehumana, en
cambio un criminal es sólo un hombre.
你觉得谋杀是最坏,最可恶的事儿,但是,我不这么觉得,我觉得这很
正常,从古至今就一 直在发生。有很多人生,就有很多人死。这就是
全部。没有法律可以制止任何一个罪犯,因 为法律是超乎人类的,
而罪犯却是一个人,一个血肉之躯而已。
Tu crois vraiment que le meurtre est ce qu’il y a de pire,
de plus abominable, je ne sais pas, moi, une chose aussi
courante, qui se pratique depuis tellement longtemps.
Il y a des tas de gens qui vivent et des tas de gens qui
meurent. C’est comme ça. Aucune loi ne peut arrêter un
criminel, la loi est surhumaine, mais un criminel est juste
un homme.
Piensa en las matanzas. A uno no le alivia saber que hay
menos muertos, enterarse de que la cifra es menor, a uno
le consuela que aumente, a más muertos, mas consuelo.
Cuando rectifican la cifra de muertos, y la cifra es menor,
sufres una gran decepción. La gente necesita decir qué
horror, la gente lleva siglos diciendo qué horror. Dicen qué
horror para no hablar de sí mismos. ¿Tú no te quedaste
esperando el tercer avión? El día que cayeron las torres,
¿no te quedaste esperando el tercer avión? Cuando no
le encuentras sentido a la vida lo normal es quedarse
esperando el tercer avión. ¿Verdad?
你想想那些大谋杀事件吧。当一个人知道死亡人数变少时,他不会
因为这个而庆幸,相反数 字越增加,他就越感到欣慰。当这死亡人
数被纠正,然后变少了,你会大大地失落。因为人 们需要说“太恐怖
了”,从几个世纪以来就一直需要说“太恐怖了”。他们说“太恐怖了”
是因为他 们不想提及自己而已。 你有没有等过那第三架飞机?
双子塔倒塌的那天,你有没有等过那第三架飞机?当你对你的 生
活失去了意义,失去了理智的时候,我想等待那第三架飞机也不过
是正常的举动,对吧!
Pense aux tueries. ça ne soulage pas de se dire qu’il y
a moins de morts, d’apprendre que les chiffres sont
inférieurs, on se console quand ils augmentent. Plus il
y a de morts, plus la consolation est grande. Quand le
nombre de morts est rectifié, quand le chiffre est inférieur,
on est terriblement déçu. Les gens ont besoin de dire
«quelle horreur», ça fait des siècles que les gens disent
«quelle horreur» pour ne pas parler d’eux-mêmes. Tu ne
l’as pas attendu, toi, le troisième avion ? Le jour où les
tours se sont effondrées, tu n’as pas attendu le troisième
avion ? Quand on ne trouve pas le moindre sens à la vie, il
est normal d’attendre le troisième avion. Pas vrai ?
Hay sombras sujetas a los pies de los hombres, Wendy,
hay sombras sujetas a los pies de los hombres.
人脚下捆绑着的是自己的黑影,温迪,人脚下捆绑着的是自己的黑影。
Il y a des ombres attachées aux pieds des hommes, Wendy,
il y a des ombres attachées aux pieds des hommes.
Angélica Liddell © Nurith Wagner-Strauss
*Angélica Liddell : Todo el cielo sobre la tierra (trad. Christilla Vasserot
Tout le ciel au-dessus de la terre, Les Solitaires Intempestifs, 2013, pp. 25-26).
Xie Guinü et Zhang Qiwen © Nurith Wagner-Strauss
Assumer la misanthropie : entretien avec Angélica Liddell
«La perte de la jeunesse est une chose irréversible», note Angélica Liddell, «mais malgré cela, nous désirons être aimés»...
Peu avant le Festival d'Avignon, l'artiste s'est entretenue de sa dernière création avec sa traductrice de toujours, Christilla Vasserot.
Christilla Vasserot – Dans Ping Pang
Qiu et Tout le ciel au-dessus de la terre
(Le syndrome de Wendy), les deux
spectacles que vous présentez cette
année au Festival d’Avignon, vous évoquez votre apprentissage de la langue
chinoise...
Angélica Liddell – Je crois qu’apprendre le chinois est l’une des
plus belles choses que l’on puisse
faire dans la vie. Le chinois est une
langue étonnante. Shakespeare avait
besoin d’écrire : «J’ai honte de porter
un cœur si blanc.» En chinois, c’est
l’inverse, et c’est passionnant : «être
effrayé» s’écrit «怕», qui signifie «avoir
le cœur blanc». L’effort qu’un auteur
doit fournir pour créer une métaphore
est propre à la nature même de la
langue chinoise. Le verbe «craindre» :
«怕» est formé par le cœur «忄» et la
couleur blanche «白» (cœur blanc).
C’est ça qui est fascinant : le verbe
«craindre» contient déjà la poésie, alors qu’elle est à construire en
Occident.
C. V. – Est-ce là une nouvelle façon
d’approcher le poétique après avoir
constaté le fait que le langage n’était
pas à la hauteur de la souffrance
humaine, comme vous avez pu le souligner à propos de votre pièce Belgrade ?
A. L. – Le poétique, le poétique... Qu’estce que le poétique ? Le poétique est
un état critique, un état de crise face à
quelque chose d’inexplicable. Face au
mystère, il réunit l’angoisse et le plaisir,
il est identique à l’état amoureux. En ce
sens, oui, l’étude de la langue chinoise
me place dans un état amoureux, mais
la frustration est inévitable, l’impuissance face à ce qui ne peut pas être
«... un état
de crise face
à quelque
chose
d'inévitable...»
décrit... On a toujours cette sensation :
l’impression que le langage n’est pas
à la hauteur de la souffrance humaine.
Le poétique est là pour soulager cette
frustration. Le problème, c’est que
nous sommes capables d’apprécier
le poétique, c’est-à-dire la correspondance entre le langage et la souffrance
dans les œuvres des autres, mais nous
C. V. – Dans Maudit soit l’homme qui
se confie en l’homme, le spectacle que
vous avez présenté en 2011 au Festival
d’Avignon, il était question d’un «projet
d’alphabétisation». Après cette pièce
conçue comme un abécédaire français, voilà que vous vous intéressez à
la langue chinoise. Y a-t-il un lien entre
ces deux apprentissages d’une langue ?
ment difficile, qui peut devenir un parfait allié de l’isolement. Apprendre le
chinois, c’est comme bâtir la Grande
Muraille. Qui a bien pu avoir l’idée de
construire une chose pareille, tellement disproportionnée par rapport aux
forces humaines ?
rendu compte que l’île d’Utøya pouvait
aussi être l’île de Peter Pan. Les gens
qui y sont morts étaient très jeunes,
presque des adolescents. Wendy, au
bout du compte, est irrémédiablement vouée à l’abandon parce qu’elle
aime des adolescents. C’est ce qui
C. V. – Dans Saint Jérôme, la performance que vous avez créée en 2011
aux Wiener Festwochen, vous finissiez d’ailleurs emmurée...
A. L. – Non, il n’y a aucun lien. Je ne
suis pas du tout passionnée par les
langues : je n’ai pas la moindre facilité
pour les parler et elles n’éveillent nullement mon intérêt. Ces deux apprentissages d’une langue n’ont donc rien
à voir l’un avec l’autre. J’ai appris le
français pour une raison pratique, et
il se trouve que cela s’est passé à un
moment de ma vie où j’avais besoin de
renommer le monde. Ma vie était foutue
et, en apprenant une langue étrangère,
je me sentais comme une petite fille.
Le chinois, en revanche, a fait irruption
dans ma vie à un moment où la solitude était pleinement assumée : j’avais
assumé la misanthropie, la prise de distance avec l’idée d’humanité. Du coup,
je fais toutes ces choses absurdes que
font les gens qui vivent seuls, à l’écart.
Le chinois est une langue extrême-
A. L. – C’est étrange : Saint Jérôme est
le point de départ de Tout le ciel au-dessus de la terre. Dans Saint Jérôme, je
disais un texte enfermée entre quatre
murs érigés par un fou. Et voilà qu’à
présent je dis ce même texte au milieu
d’une île. Bref, il s’agit encore et toujours de l’isolement. Saint Jérôme se
refermait sur l’obtention de la consolation à travers la mort, la consolation
grâce à la catastrophe, un mécanisme
qui s’apparenterait au meurtre par
compassion : le bénéfice que l’on peut
tirer de la tragédie. Dans Saint Jérôme,
l’île d’Utøya – petite île de Norvège
sur laquelle eut lieu la tuerie de 2011 –
représentait la consolation fantasmée,
le besoin de la catastrophe pour obtenir l’amour de quelqu’un de jeune et
beau. À l’époque, je travaillais aussi
sur le syndrome de Wendy. Je me suis
«... le besoin
de la
catastrophe
pour obtenir
l'amour...»
sommes incapables de l’apprécier
dans la nôtre.
nourrit sa terreur d’être abandonnée,
c’est ce qui l’isole toujours plus : la peur.
Voilà comment deux projets menés en
parallèle sont devenus Tout le ciel audessus de la terre (Le syndrome de
Wendy). Peter Pan pourrait être l’un de
ces jeunes Norvégiens, il pourrait avoir
été assassiné. Est-ce que cela n’aurait
pas comblé une bonne fois pour toute
son désir de ne pas grandir ? Est-ce
que ce ne serait pas une autre façon
de construire Le Meilleur des mondes
16
17
Todo el cielo sobre la tierra (El síndrome de Wendy)
Art, culture, éducation :
les scènes d'IDEA
d’Aldous Huxley ? La jeunesse éternelle
qui ne s’obtiendrait que par l’anéantissement de la jeunesse.
C. V. – D’où les vers de William
Wordsworth cités dans la pièce :
«Though nothing can bring back the
hour / Of splendour in the grass, of
glory in the flower ; / We will grieve not,
rather find / Strength in what remains
behind.» C’est-à-dire : «Et si rien ne
peut ramener l’heure / De la splendeur
dans l’herbe, de l’éclat dans la fleur
/ Au lieu de pleurer, nous puiserons /
Nos forces dans ce qui n’est plus.»
A. L. – Ah, ces vers de Wordsworth...
La perte de la jeunesse est une chose
irréversible. Mais, malgré cela, nous
désirons être aimés. Il n’y a plus de
«Le corps
triomphe de
la volonté
humaine.»
splendeur dans l’herbe, et rien ne me
terrorise plus que la décrépitude : traîner ce corps déçu, épuisé et bourré
de désirs aussi noirs que le charbon, le traîner jusqu’à la décrépitude.
Le corps triomphe de la volonté
humaine, des désirs humains. Il vient
un moment où peu importe de qui
on tombe amoureux, le corps s’est
«J'aimerais
que ces
vieillards
dansent
avec moi.»
chargé de nous isoler, de nous éloigner de l’amour, de l’expérience amoureuse. Le corps a foutu notre vie en
l’air, il se l’est appropriée : nous ne
sommes plus qu’un corps indésirable,
mais désirant. Nous entrons dans
l’âge du ressentiment, et nos maladies, notre laideur, notre insatisfaction ne peuvent être compensées que
par le travail ou la reproduction, parfois par le crime. Nous sommes de plus
en plus vieux, repoussants et déprimants, mais nous avons besoin d’être
aimés malgré tout. Notre seule marge
de décision, c’est de pouvoir déterminer jusqu’où nous sommes prêts à
nous humilier. Il arrive un âge où la
capacité d’espoir est remplacée par
la capacité d’humiliation. Et le fait est
que nous sommes capables d’aller très
loin, car nos désirs sont placés, dès leur
naissance, sous le signe de l’humiliation.
C. V. – Dans Tout le ciel au-dessus de
la terre, la musique est très présente.
Comment s’est passée la collaboration
avec le compositeur sud-coréen Cho
Young Wuk?
A. L. – Ses bandes originales, composées
pour les films de M. Park Chan-wook,
me donnaient la chair de poule, me bouleversaient jusqu’au délire. J’en ressentais le pathos. Je n’arrêtais pas de
réécouter chaque morceau, comme le
font les adolescents. Quand je suis allée
à Shanghai et que j’ai vu des vieillards
danser la valse sur Nanjing Lu, l’une des
artères les plus passantes de la ville, je
me suis dit deux choses : premièrement,
j’aimerais que ces vieillards dansent
avec moi et, deuxièmement, si Cho
Young Wuk pouvait composer les valses,
ce serait le rêve. Alors, à mon retour de
Chine, j’ai décidé de tenter le coup. Nous
nous sommes rapprochés de la Maison
de la Corée à Madrid et, là, on nous a
aidés à entrer en contact avec M. Cho.
Je suis partie pour Séoul avec un carnet couvert de dessins de l’île d’Utøya.
Ensuite, c’est lui qui est venu à Strasbourg pour voir l’un des mes précédents
spectacles, La Maison de la force. Nous
nous sommes entendus, puis nous
nous sommes à nouveau retrouvés à
C. V. – En entrant en contact avec le
monde des adultes, Blanche-Neige est,
dans votre texte Mais comme elle ne
pourrissait pas..., confrontée à la guerre,
au massacre. Dans Tout le ciel au-dessus de la terre, le massacre d’Utøya
atteint l’île de Peter Pan. Qu’adviendrat-il d’Alice, celle qui partit au pays des
merveilles ?
A. L. – Elle succombera à l’ennui.
Lorsque l’angoisse disparaît, c’est l’ennui qui fait son apparition. L’ennui est la
seule façon d’atteindre un peu d’apaisement. Ensuite viendra la peur de la
mort. Et la fin.
C. V. – Dans Ping Pang Qiu, vous dites
que vous aimeriez vous détacher une
bonne fois pour toutes de la politique.
Considérez-vous Ping Pang Qiu comme
une pièce politique ?
A. L. – Étant donné que j’évoque sur
scène les crimes du communisme, la
Au cours d'une conférence de presse tenue début septembre 2013, Aurélie Filippetti inscrivait l'éducation
artistique et culturelle au cœur du projet de son ministère. Deux mois plus tôt, la ministre de la Culture et
de la Communication assistait avec Mme George Pau-Langevin, ministre déléguée à la réussite éducative,
à la séance inaugurale du huitième congrès international IDEA, intitulé «D'un monde à l'autre, quelle éducation artistique pour demain ?». Retour synthétique sur le déroulement de cinq journées de colloques et
de rencontres à l'Odéon-Théâtre de l'Europe.
«L'individu
lambda
est un
cloaque...»
Shanghai. Nous sommes allés sur
Nanjing Lu pour rencontrer les danseurs,
M. Zhang et Xie. M. Zhang avait une
obsession : que la musique soit rapide.
Alors que M. Zhang a soixante-douze
ans ! M. Cho avait l’impression d’halluciner. Il ne cessait de répéter : «C’est toute
une aventure, c’est toute une aventure !»
Je crois que, s’il existe une expression
pour qualifier tout ça, c’est bien celle-ci
: une aventure hallucinante.
Organisé par l’ANRAT (Association
National de Recherche et d'Action
Théâtrale) et l’association IDEA (International Drama/theatre and Education
Association) Paris 2013, le huitième
congrès international de l’éducation
artistique aux arts de la scène s'est
tenu à l'Odéon-Théâtre de l'Europe du
8 au 12 juillet 2013. Il a été inauguré en
présence de Mesdames les ministres
Aurélie Filippetti et George PauLangevin, de Madame Catherine Tasca,
présidente du congrès, et d’Emmanuel
Demarcy-Mota, président de l’ANRAT.
De nombreux créateurs confirmés ont
tenu à marquer par leur participation
combien les questions de transmission
et d'éducation leur tiennent à cœur.
1200 participants présents, 272 présentations de travaux de recherches
ou d'expériences menés dans une
bonne cinquantaine de pays, 7 conférences plénières, 5 tables rondes et
près d'une centaine d'ateliers artistiques répartis sur cinq journées... La
qualité des interventions et des débats
pièce porte nécessairement l’empreinte
de la politique. Mais si ce n’était qu’une
pièce politique, elle serait très, très
pauvre. Dans le fond, j’essaie de parler de la condition humaine, de la façon
dont les totalitarismes exploitent ce
qu’il y a de plus bas dans la nature
humaine pour parvenir à leurs fins. Je
parle de la façon dont cette bassesse
ordinaire menace et anéantit le monde
de l’expression, en usant de diverses
formes de moquerie, d’ignorance et
d’humiliation. Je parle de la façon
dont cette bassesse se loge ordinairement à l’intérieur de nous tous. L’individu lambda est un cloaque qui ne
peut être nettoyé.
Propos recueillis et traduits par
Christilla Vasserot
(source : http://www.festival-avignon.
com/fr/Spectacle/3479)
confirme l'impression que suggèrent
ces chiffres : le huitième congrès
IDEA 2013 aura rarement porté aussi
bien son nom. Usages nouveaux de
la vidéo, importance de l'éducation
dite «inclusive», dynamisme exemplaire de l'édition théâtrale et artistique pour la jeunesse... Résumer
les domaines abordés tient évidemment de la gageure. Après coup, on
peut cependant tenter de distinguer
quelques points forts.
Au cours d'une «journée inaugurale
des doctorants», plus de 60 jeunes
chercheurs venus des cinq continents
ont pu exposer leurs projets de thèse
sur l’éducation artistique.
La conférence d’Alain Berthoz, professeur au Collège de France, a entre
autres rappelé qu'un comédien, lorsqu'il
mémorise un texte, ne sollicite pas les
mêmes zones du cerveau qu'un individu non praticien : en mobilisant les
régions de son cortex contrôlant la
motricité et la spatialité, l'acteur
intègre les dimensions verbale, sen-
sible, perceptive, corporelle de son
activité.
Denis Bretin, secrétaire général de
l'Odéon-Théâtre de l'Europe, s'est
appuyé sur le concept foucaldien
d' «hétérotopie» pour présenter le projet
de l’Odéon autour des Ateliers Berthier.
En s'investissant dans un tissu urbain
complexe, traversé de frontières et
en pleine reconfiguration, l'institution théâtrale engage aussi les habitants à s'approprier activement leurs
territoires.
La présence de spectacles de jeunes
du monde entier et de 40 jeunes artistes
d’horizons divers ayant travaillé
ensemble pendant un mois autour du
congrès grâce au projet Young IDEA a
bien fait voir que ce congrès-là n'était
pas comme les autres. Avec le collectif CANOPEEA, ils ont inventé un projet participatif pour les congressistes.
Dan Baron Cohen est venu du Brésil
pour parler de la place qu’occupent les
jeunes pratiquant le théâtre et la danse
dans les communautés défavorisées.
Les langues occuperont une place
absolument centrale dans le métissage culturel et artistique du nouveau
siècle. En ce domaine, les liens entre
Culture et éducation nationale restent
à renforcer et à développer. Les expériences se multiplient et confirment,
si besoin était, la belle vitalité de l’art
théâtral, toujours si nécessairement
hybride.
Les principales interventions sont disponibles sur les sites du congrès (www.
ideaparis2013) ou visibles sur Dailymotion via le site de l'Odéon-Théâtre de
l'Europe (www.theatre-odeon.eu/fr), où
l'on trouvera également une version plus
développée du présent compte-rendu.
© Alain Richard
e
uvr
l'œ
e
d ler.
l
rtir
pa er Mü
e,
n
à
h
s
n
i
ü
a
e
b
li
lks
mé d'H
Vo
Ca le et
a
x
l
e
l
u
i
n
de
e a ata
scè
pe
am es B
en
ou
D
r
e
g
t
e
is
n
or
c la
,m
is u Ge
ave il ].
ça s de
rén
n
o
n
i
a
N
e
r
rl
le
n f ext
Be So
ars
e e des t
de [Le
eL
é
t
r
d
e
n
c
t
ie nn
ns]
orf s, e
rev So
mo
ast as fil
Py Die
C
Dé
r
[
k
e
e
m
n
livi acl
ran Du
ne
: F ndre
: O pect
mo
2
2
ä
1
1
s
D
20 lexa
20 son
0 :
201
d'A
et
.
ier
me
r
e
st
sO
ma
o
Th
e
âtr
hé
T
on
dé
l'O
Devenez mécène de l’Odéon
d
e.
rop
Eu
'
l
e
tu
ver
ou .
n
e
z
ne jue
de
scè Aran
ur
e
n
t
c
t e von
ire
me ge
éd
dy n ta
m
n
m
o ne
no
ö
cB
Lu ie sch
est
:
y
d
2
D
1
n
o
20 vec
cB
a
re
: Lu
mb ndke
e
2
t
1
a
p
0
2
Se ter H
rs
Ma
Pe
e
ed
sa
p
e
ièr
rem
n
so
sai
r
Le Cercle de l'Odéon rassemble tous les passionnés
de théâtre, spectateurs et entreprises*, qui désirent
se retrouver autour d'un des foyers majeurs de la
création européenne.
Chaque saison le Cercle participe au financement
de quatre spectacles phares de la programmation,
autour desquels sont proposées des rencontres et
des soirées en présence des équipes artistiques.
L'Odéon remercie l'ensemble des membres du Cercle
pour leur soutien à la création théâtrale.
Hervé Digne est président du Cercle de l'Odéon.
C E R C LE
D E L’
Information et contact
Pauline Rouer
01 44 85 40 19
[email protected]
Sindo Puche et Fabián Augusto Gómez Bohórquez © Nurith Wagner-Strauss
*Les dons versés à l’Odéon donnent droit à une déduction fiscale.
© Jacob Khrist
18
19
avantages
abonnés
Des propositions ponctuelles
élaborées en complicité avec les partenaires culturels
de l'Odéon-Théâtre de l'Europe
Invitations (nombre de places restreint)
Tarifs préférentiels
Théâtre National de Chaillot
La maison rouge
«LA DOUBLE MORT DE L’HORLOGER»
ÖDÖN VON HORVÁTH / ANDRÉ ENGEL
EXPOSITION «THÉÂTRE DU MONDE»
Collection de David Walsh
du 17 octobre au 9 novembre à 20h30
Deux pièces, Meurtres dans la rue des maures (1923) et L’Inconnue de la Seine
(1933), à la troublante gémellité – toutes deux relatent la mort violente d’un horloger – qu’André Engel monte sous forme de diptyque crépusculaire qui n’aurait rien à envier à certains romans noirs. Avec Jérôme Kircher, Yann Collette,
Evelyne Didi, Tom Novembre, Julie-Marie Parmentier, Natacha Régnier…
jeudi 28 novembre à 19h30
David Walsh est le fondateur du MONA (Museum of Old and New Art) en
Tasmanie. «Théâtre du Monde» établit des relations de forme ou de sens en
harmonie ou en contrepoint entre ces œuvres provenant d’horizons différents.
Sont ainsi mises au jour des correspondances inattendues, dévoilées à travers
une série de thématiques telles que le regard, le corps, le double ou la guerre.
> Tarifs préférentiels 25€ (au lieu de 33€) pour les abonnés de l'Odéon en réservant avec le
code «Odéon» au 01 53 65 30 00
> Théâtre National de Chaillot – 1 place du Trocadéro, Paris 16e
> Réservation au 01 44 85 41 17 / [email protected]
> La maison rouge – 10 boulevard de la Bastille, Paris 12e
BnF
Exposition «LA CHAMBRE DE SUBLIMATION.
DESSINS DE MATTHEW BARNEY»
jeudi 7 novembre à 10h
Né en 1967 à San Francisco, Matthew Barney est actuellement l’un des
artistes américains les plus marquants de l’art contemporain. Connu à
ses débuts pour ses spectaculaires performances alliant le sport et l’art,
il atteint une notoriété internationale avec son cycle de films CREMASTER
(1994-2002). L’exposition présente environ 80 dessins, œuvres intimistes,
méditatives et solitaires de petit format, combinant des techniques traditionnelles et des matériaux inhabituels.
> Réservation au 01 44 85 41 17 / [email protected]
> Site François Mitterrand / Galerie François Ier, quai François Mauriac, Paris 13e
jeudi 28 novembre à 20h
à l'occasion de l'exposition Allegro Barbaro. Béla Bartók et la modernité hongroise (15 octobre – 5 janvier), l'auditorium propose l'intégrale du corpus des six
quatuors à cordes, interprétés par six formations appartenant à des générations différentes.
Béla Bartók : Quatuor pour cordes, Sz 114, n° 6
Ernö Dohnányi – Johannes Brahms > Tarifs préférentiels 19€ (au lieu de 25€) pour les abonnés de l'Odéon avec l'accès gratuit à l’exposition Allegro Barbaro le jour même. Réservation au 01 53 63 04 63 jusqu’au 18
novembre.
> Musée d’Orsay – 1 rue de la Légion d'Honneur, Paris 7e
répétition générale : «MY FAIR LADY»
lundi 2 décembre à 20h
En 2010, le public du Châtelet était tombé sous le charme d’Eliza Doolittle, la
petite fleuriste de Covent Garden, dans la mise en scène imaginée par Robert
Carsen pour ce chef-d’œuvre de Lerner & Loewe tiré de la pièce Pygmalion de
George Bernard Shaw. Les fêtes de fin d’année offriront l’occasion de retrouver
la jeune femme, essayant d’acquérir l’accent et les manières de l’aristocratie
anglaise, que le professeur Higgins tente de lui inculquer à la suite d’un pari avec
son vieil ami le colonel Pickering.
> Réservation au 01 44 85 41 17 / [email protected]
> Théâtre du Châtelet, 1 place du Châtelet, Paris 1er
Orchestre de Paris
VISITE DES ATELIERS BERTHIER
jeudi 14 novembre à 14h30
Entrepôt de décors de spectacle construit en 1895 par Charles Garnier pour
l'Opéra de Paris, la salle des Ateliers Berthier a été transformée en édifice public
en 2003, pour servir de salle provisoire à l'Odéon durant les travaux de sa salle
historique. En 2005, ils sont devenus la deuxième salle de l'Odéon-Théâtre de
l'Europe. Visite également des ateliers de construction de décors.
> Réservation au 01 44 85 41 17 / [email protected]
> Ateliers Berthier – 1 rue André Suarès, Paris 17e
Les Concerts de Radio France
répétition générale : kurt Weill
vendredi 15 novembre à 9h45
Avec l'Orchestre Philharmonique de Radio France.
Kurt Weill est célèbre pour avoir composé, avec le dramaturge Bertolt Brecht,
des ouvrages à tiers chemin de l’opéra, de l’opérette et de la comédie musicale.
Mais si le style canaille lui est familier, Weill sait aussi composer avec délicatesse pour la voix. Concert dirigé par H. K. Gruber avec Anne Sofie von Otter.
> Réservation au 01 44 85 41 17 / [email protected]
> Salle Pleyel – 252 rue du faubourg Saint-Honoré, Paris 8e
Jeu de Paume
exposition «ERWIN BLUMENFELD (1897-1969)»
mardi 19 novembre à 18h30
Exposition consacrée aux multiples facettes du travail d'Erwin Blumenfeld
(photographies, dessins et photomontages). Elle rassemble au travers de 200
œuvres les différents arts visuels pratiqués par l'artiste tout au long de sa vie.
Les motifs, devenus classiques, de ses photographies expérimentales en noir
et blanc, y côtoient ses multiples autoportraits et portraits de personnalités
connues ou inconnues, ainsi que la photographie de mode et publicitaire.
> Réservation au 01 44 85 41 17 / [email protected]
> Jeu de Paume – 1 place de la Concorde, Paris 8e
la bonne âme du se-tchouan
theatre-odeon.eu mercredi 9 octobre
guichet / téléphone mercredi 9 octobre la bonne âme du se-tchouan
19 - 20 décembre 2013
Valence, Comédie de Valence
du 7 au 12 janvier 2014
Châtenay-Malabry, Théâtre Firmin Gémier - La Piscine
16 - 17 janvier 2014
Compiègne, Espace Jean Legendre - Théâtre de Compiègne
23 - 24 janvier 2014
Toulon, Théâtre Liberté
du 29 janvier au 1er février 2014
Marseille, La Criée - Théâtre National de Marseille
6 - 7 février 2014
Châteauroux, L'Équinoxe - Scène Nationale
du 13 au 15 février 2014
Alés, Le Cratère - Scène Nationale d'Alès
du 19 février au 2 mars 2014
Lyon, Théâtre de la Croix-Rousse
5 et 7 avril 2014
Tremblay-en-France, Théâtre Louis Aragon
Todo el cielo sobre la tierra
(El síndrome de Wendy)
theatre-odeon.eu mercredi 23 octobre
guichet / téléphone mercredi 30 octobre
les bibliothèques de l'odéon
Vous pouvez d'ores et déjà réserver pour l'ensemble de la saison
Concerts «Quatuor Prážak»
«Lecture on Nothing» de John Cage / par robert wilson
Odéon-Théâtre de l'Europe
Tournée
Musée d'Orsay
Auditorium du Louvre
> Réservation au 01 44 85 41 17 / [email protected]
> Auditorium du Louvre – Musée du Louvre, Paris 1er
Accès par la pyramide ou la galerie Carrousel
Ouvertures de location tout public
01 44 85 40 40 – theatre-odeon.eu
Théâtre du Châtelet
mardi 12 novembre à 20h
En interprétant lui-même la «Conférence sur rien» donnée par le compositeur
en 1949 à New York, Robert Wilson rend hommage à «quelque chose de radicalement nouveau, un mode de pensée totalement différent, une forme de
liberté totale». Il s’empare de ce manifeste poétique – composé plus qu’écrit –
en faisant preuve d’une merveilleuse fidélité au sens de l’humour et de la dérision de John Cage. En lien avec «Le Louvre invite Robert Wilson» jusqu’au 17
février au Musée du Louvre.
Acheter et réserver ses places
Concert «Soirée brésilienne»
mercredi 4 et jeudi 5 décembre à 20h
L’Orchestre de Paris, dirigé par Kristjan Järvi, s’immergera au Brésil, avec le
guitariste Yamandú Costa et l'accordéoniste Alessandro Kramer. Une pure
bouffée de chaleur juste avant Noël !
> Tarifs préférentiels : 42€ au lieu de 60€ (cat.1), 31,50€ au lieu de 45€ (cat.2), 23,80€
au lieu de 34€ (cat.3), 15,40€ au lieu de 22€ (cat.4) en réservant avec le code «ODEON»
au 01 56 35 12 12
> L'Orchestre de Paris à la Salle Pleyel – 252 rue du Faubourg Saint-Honoré, Paris 8e
vendredi 13 décembre à 20h30
Rire de la musique, rire en musique.
La musique sérieuse ne l’a pas toujours été : Haydn, Rossini, Satie ont montré
qu’on pouvait rire en musique. Plus nombreux sont les irrévérencieux qui ont
ri de la musique, surtout quand elle tend au sublime comme celle de Wagner.
Florilège de ce joyeux jeu de massacre avec Jean Yanne, Victor Borge, Gérard
Hoffnung, Danny Kaye, les Monty Python… Pépites visuelles, interviews, clips
et concert live sont au programme !
> Réservation au 01 44 85 41 17 / [email protected]
> Auditorium du Louvre – Musée du Louvre, Paris 1er
Accès par la pyramide, le passage Richelieu ou la galerie Carrousel
Dans le cas où vous n’auriez pas choisi de date, merci de contacter
le service abonnement pour réserver votre place et vérifier la
disponibilité sur la date que vous souhaiteriez au plus tard quinze
jours avant la première du spectacle. à l’issue de cette réservation
téléphonique, retournez votre contremarque.
novembre
e
Grande salle / Salon Roger Blin 6
Berthier 17e
mer 6
Fantômes en littérature / Dracula 18h
jeu7
La Bonne âme... 20h
ven8
La Bonne âme... 20h
Concert Ahmad Jamal 20h
sam9
La Bonne âme... 20hConcert Ahmad Jamal 20h
dim10
La Bonne âme... 15h
lun11
mar12
La Bonne âme... 20h
Les 30 ans de l'Odéon-Théâtre de l'Europe (p.10-11)
mer13
La Bonne âme... 20h
jeu14
La Bonne âme... 20h
Amour et désamour... / Voir, ne pas voir 18h
ven15
La Bonne âme... 20h
sam16
La Bonne âme... 20h
Contes de toujours / Peter Pan 15h
dim17
La Bonne âme... 15h
lun18
mar19
La Bonne âme... 20h
mer 20
Todo el cielo sobre la tierra 20h La Bonne âme... 20h
jeu 21
Todo el cielo sobre la tierra 20h La Bonne âme... 20h
Repenser l'humanisme / Au delà de l'homme 18h
ven 22
Todo el cielo sobre la tierra 20h La Bonne âme... 20h
sam 23
Todo el cielo sobre la tierra 20h La Bonne âme... 20h
dim 24
Todo el cielo sobre la tierra 15h La Bonne âme... 15h
lun 25
Exils / F. Scott Fitzgerald / Julie Wolkenstein 20h
mar 26
Todo el cielo sobre la tierra 20h La Bonne âme... 20h
mer 27
Todo el cielo sobre la tierra 20h La Bonne âme... 20h
jeu 28
Todo el cielo sobre la tierra 20h La Bonne âme... 20h
ven 29
Todo el cielo sobre la tierra 20h La Bonne âme... 20h
sam 30
Todo el cielo sobre la tierra 20h La Bonne âme... 20h
Odeon 6 e
Vous avez la possibilité de réserver des places supplémentaires
aux dates d’ouvertures de location de chaque spectacle.
Vous bénéficiez d’un tarif réduit pour Les Bibliothèques de l’Odéon,
en grande salle
Ligne réservée aux abonnés
01 44 85 40 38
Représentations
la bonne âme du se-tchouan
du mardi au samedi à 20h, le dimanche à 15h, relâche le lundi
décembre
Todo el cielo sobre la tierra
(El síndrome de Wendy)
du mardi au samedi à 20h, le dimanche à 15h, relâche le lundi
Odeon 6 e
dim 1
Todo el cielo sobre la tierra 15h
lun2
mar3
mer4
jeu5
ven6
sam7
dim8
lun9
mar10
mer11
jeu12
ven13
sam14
dim15
CONCERT AHMAD JAMAL
vendredi 8 et samedi 9 novembre à 20h
Tarifs
Berthier 17e
La Bonne âme... 15h*
Grande salle / Salon Roger Blin 6e
La Bonne âme... 20h
La Bonne âme... 20h
Fantômes... / Le Fantôme de Canterville 18h
La Bonne âme... 20h
Repenser... / Humaniser la mondialisation 18h
La Bonne âme... 20h
La Bonne âme... 20h
La Bonne âme... 15h*
Exils / James Joyce / Yannick Haenel 20h
La Bonne âme... 20h
La Bonne âme... 20h
La Bonne âme... 20h
Amour et désamour... / Respirer ailleurs 18h
La Bonne âme... 20h
La Bonne âme... 20h
La Bonne âme... 15h
*Représentations en audio description
Réservation
[email protected] / 01 44 85 40 47
Tarifs hors abonnement
Théâtre de l’Odéon
série 1
série 2
série 3
Bibliothèques de l’Odéon
série 4Grande salleRoger Blin
Ateliers Berthier
série unique
Plein tarif36 € 26 € 16 € 12 €
10 € 6€
8 €
6 €
6 € —
Moins de 26 ans, étudiant, bénéficiaire du RSA*18 € 13 €
8 €
6 €
6 € —
Public en situation de handicap*18 € 13 €
6 €
6 € —
Demandeur d’emploi*20 € 16 € 10 €
6 €
6 €
—
6 € —
Élève d’école de théâtre* (2h avant la représentation) 6 €
———6 € —
—
Lever de rideau (2h avant la représentation)
———— —
—
Pass 17* (dates spécifiques)**
30 €
15 €
15 €
20 €
6€
—
15 €
*Justificatif indispensable
**La Bonne âme du Se-Tchouan : samedi 16 novembre à 20h
dimanche 15 décembre à 15h
Tarif exceptionnel — Concert Ahmad Jamal90 €
CARTE LES BIBLIOTHÈQUES DE L'ODÉON
Carte 10 entrées 50€ / À utiliser librement ;
1 ou plusieurs places lors de la même manifestation.
6 - 7 décembre 2013
Le-Parvis Scène Nationale Tarbes Pyrénées Tarbes - France
13 - 14 décembre 2013
deSingel Internationale Kunstcampus Antwerp - Belgium
Calendrier
ABONNÉs
Auditorium du Louvre
Clip & Clap
Une exploration de la musique à l’écran et en live
Todo el cielo sobre la tierra
(El síndrome de Wendy)
70 €
50 €
30 €
— —
—
13/14
20 septembre – 19 octobre / Odéon 6 e
14
Au monde
Joël Pommerat
18 septembre – 19 octobre / Odéon 6e
Les Marchands
Joël Pommerat
20 – 26 septembre / Berthier 17 e
Die gelbe Tapete
Le Papier peint jaune
Charlotte Perkins Gilman / Katie Mitchell
e
4 – 13 octobre / Berthier 17 Die Bitteren tränen
der Petra von Kant
Les Larmes amères de Petra von Kant
Rainer Werner Fassbinder / Martin Kušej
u
3
201
nd
tio
éa
r
:C
in d
art
M
x
Pri
eL
ar
ep
ich
b
a
S
ter
Pe
n.
tei
e
le d ubü
vel cha
u
o la S
en
un s de
s
n
è
pr édie
d'a
te com
e
ap es
eT cd
elb , ave
g
Die man
nte s Gil
e
s
n
pré erki
P
ell
tch lotte
i
M ar
h
tie
Ka ine C
:
3
a
1
c
20 éri
l'am
e
ed
hn
.
rlin
Be
7 novembre – 15 décembre / Berthier 17 e
La Bonne Âme du Se-Tchouan
Bertolt Brecht / Jean Bellorini
20 novembre – 1er décembre / Odéon 6e
Todo el cielo sobre la tierra
(El síndrome de Wendy)
Tout le ciel au-dessus de la terre
(Le syndrome de Wendy)
Angélica Liddell
8 janvier – 1er février / Berthier 17 e
Anton Tchekhov / Benjamin Porée
Archives
16 janvier – 23 mars / Odéon 6e
www.theatre-odeon.eu/fr/memoire-du-theatre
Les Fausses Confidences
Marivaux / Luc Bondy
création
14 mars – 1er juin / Berthier 17 e
Comme il vous plaira
William Shakespeare / Patrice Chéreau
création
4 – 30 avril / Berthier 17 e
Une année sans été
Catherine Anne / Joël Pommerat
7 mai – 28 juin / Odéon 6e
Cyrano de Bergerac
Edmond Rostand / Dominique Pitoiset
septembre 2013 – juin 2014
LES BIBLIOTHÈQUES DE L’ODÉON
rencontres littéraires et philosophiques
Ils sont mécènes de la saison 2013-2014
Renseignements et location
Par téléphone 01 44 85 40 40 du lundi au samedi de 11h à 18h30
Par internet theatre-odeon.eu ; fnac.com ; theatreonline.com
Au guichet du Théâtre de l’Odéon du lundi au samedi de 11h à 18h Contacts
Abonnement individuel, jeune, et Carte Odéon
01 44 85 40 38 [email protected]
Groupe d’adultes, amis, association, comité d’entreprise,
01 44 85 40 37 / 40 88 [email protected]
Public de l'enseignement
01 44 85 40 39 [email protected]
Public de proximité des Ateliers Berthier, public du champ social et
public en situation de handicap
01 44 85 40 47 [email protected]
Toute correspondance est à adresser à
Odéon-Théâtre de l’Europe – 2 rue Corneille – 75006 Paris
30 ans de mémoire européenne
L'étudiant qui collecte des informations sur la compagnie Louis Brouillard,
l'amateur qui a un intérêt particulier pour la carrière théâtrale d'Isabelle
Huppert, le metteur en scène qui souhaite voir les photographies des différentes mises en scène du Roi Lear, tous attendent des archives d'un théâtre
qu'elles soient simples d'accès et faciles à consulter. Si la médiathèque JeanLouis Barrault de l'Odéon-Théâtre de l'Europe conserve ce type de ressources,
on ne pouvait jusqu'alors les consulter qu'en s'y déplaçant.
En France le ministère de la Culture soutient depuis plusieurs années la numérisation et la mise en ligne d'archives des arts du spectacle (www.numerique.
culture.fr) afin qu'elles soient préservées pour l'avenir et accessibles librement au plus grand nombre et dans le monde entier. Dans ce cadre, l'OdéonThéâtre de l'Europe a obtenu en 2012 une aide financière pour numériser et
mettre en ligne sur le site internet du théâtre les collections conservées dans
ses murs depuis 1983.
Le parti-pris a été de sélectionner des photographies pour chaque spectacle,
et d'y ajouter tous les programmes et affiches, ainsi que le magazine La Lettre
de l'Odéon depuis sa naissance en 1995.
Tout cela est en ligne depuis l'été 2013, rubrique «mémoire du théâtre» :
www.theatre-odeon.eu/fr/memoire-du-theatre. Dans la partie inférieure de la
page, un menu permet de sélectionner une saison, et de rechercher ou bien
parmi les spectacles ou bien parmi les lectures et rencontres. Il est désormais
possible de retrouver toutes sortes d’informations en effectuant sa recherche
aussi bien par nom de compagnie ou d’artiste, que par titre de spectacle.
Depuis les débuts du Théâtre de l'Europe initié par son premier directeur
Giorgio Strehler, ce sont ainsi trente ans d'histoire de la culture théâtrale européenne qui sont présentés au public le plus large.
Cette collection sera prochainement référencée sur Europeana, une bibliothèque numérique multilingue que la Commission européenne a lancé en 2008
et où sont accessibles, via un catalogue de recherche, les fonds numérisés
de près de 2000 institutions, soit plus de 15 millions de documents : images,
textes, sons.
Toutes les archives de l'Odéon ne sont pas en ligne ! La médiathèque Jean-Louis
Barrault permet la consultation sur place de plus de 300 captations vidéos de spectacles, de revues de presse, ainsi que d'environ 8000 ouvrages imprimés consacrés
au théâtre. Contact : Juliette Caron / 01 44 85 40 12 / [email protected]
theatre-odeon.eu
– 01 44 85 40 40
Théâtre de l’Odéon
Place de l’Odéon Paris 6 e
Théâtre de l’Odéon
Métro Odéon RER B Luxembourg
Place de l’Odéon Paris 6 e
Métro Odéon RER B Luxembourg
Ateliers Berthier
Ateliers
Berthier
1 rue André
Suarès (angle du Bd Berthier) Paris 17e
Métro
et RER
C Porte
de Clichy
1 rue André
Suarès
(angle
du Bd Berthier) Paris 17e
Métro et RER C Porte de Clichy
Salles accessibles aux personnes à mobilité réduite,
nous prévenir
impérativement
au 01
44 85 40réduite,
40
accessibles
aux personnes
à mobilité
Salles
nous prévenir impérativement au 01 44 85 40 40
photo de couverture La Bonne âme du Se-Tchouan © Thierry Depagne (photo de répétition) / design Werner Jeker / Licences d’entrepreneur de spectacles 1064581 et 1064582
Platonov