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la bonne âme du se-tchouan bertolt brecht jean bellorini OD ON Chanter comme on se met à nu todo el cielo sobre la Tierra (el sÍndrome de wendy) Angélica liddell Nouvelles de l'île de l'isolement 1983 – 2013 Les 30 ans de l'Odéon-Théâtre de l'Europe les bibliothèques de l'odéon dans & hors les murs De quelques genres, longtemps dits mauvais o Lettre N 7 Odéon-Théâtre de l’Europe novembre 2013 sta pe em t. T en a e L tacle prés ». d e c s e nn e ièr spe t pa ée ed rem e du , n'es âtr urop on. p é la cèn ilan Th e e sais ur s le « ral nt héât de la , po ur en é à M e 3 i 8 s v n t es i e l 9 e t 1 et ita cl n d tio bre r, m osp éo créa ecta m d e h l e , v h l'O e la s sp no tre ope n 3 : 98 ant d ertai e 3 gio S l'Eur l 1 e v in vi c ior de ral 6 ju ur me gu . G re u 1 rrefo ram au eare héât d n i g t a e esp u T o iré cre , c pr d So Shak teur Dé urope ture c de direc l'E stru et La chanter comme on se met à nu 2 3 Septembre 2013, très tôt un matin, non loin de la place de la Nation. Devant une tasse de café, Jean Bellorini est à la fois concentré et détendu, déjà immergé dans son premier Brecht – un spectacle-fleuve comme il les aime, avec une troupe de comédiens complices qu'il sait aussi faire chanter ensemble... Dernier rapport d'étape avant un départ pour Toulouse. sommaire Daniel Loayza – D'où vient le choix de la pièce ? p. 3 à 6 Jean Bellorini – Cette Bonne âme vient prolonger notre travail sur Hugo et sur Rabelais. Chez Hugo, il y avait la problématique sociale, et chez Rabelais, l'appel du voyage. Rabelais, comme La Bonne âme, c'était déjà une quête, une recherche : une dive bouteille qui n'existe pas, de l'autre côté d'une mer qui n'existe pas non plus. Ici aussi, à l'horizon de ce Se-Tchouan si violent, il y a l'utopie d'un monde harmonieux, stable, apaisé... chanter comme on se met à nu LA BONNE ÂME DU SE-TCHOUAN Bertolt Brecht Jean Bellorini p. 7 à 9 DE QUELQUES GENRES, LONGTEMPS DITS MAUVAIS Les Bibliothèques de l'Odéon p. 10 et 11 les 30 ans de l'odéonthéâtre de l'europe D. L. – Par quelle voie approchez-vous le récit ? mardi 12 NOVEMBRE J. B. – Nous sommes obligés de rendre la narration très claire. Chaque spectateur doit saisir l'enjeu de chaque tableau tout de suite. On est dans un feuilleton, avec un vrai suspense – il ne faut pas raconter la fin à ceux qui ne la connaissent pas ! – et pourtant, à un autre point de vue, on sent tout de suite que tout est reconnaissable, parce que tout est délimité, déterminé, avec une netteté quasiment fatale. Si nous parvenons à obtenir la juste qualité narrative, alors nous pourrons laisser ouverte l'interprétation, sans tout faire basculer tout de suite dans une morale un peu facile. p. 12 à 16 nouvelles de l'île de l'isolement Todo el cielo sobre la tierra (El síndrome de Wendy) angélica liddell p. 17 Art, culture, éducation : RETOUR SUR IDEA le cercle de l'odéon p. 18 Avantages abonnés Invitations et tarifs préférentiels «On est dans un feuilleton, avec un vrai suspense.» p. 19 ACHETER ET RÉSERVER SES PLACES p. 20 Archives 30 ans de mémoire européenne D. L. – Dans quel esprit les comédiens abordent-ils ce travail ? te en rés vski. p ov stoie im ub s Do o i ri L prè Iou s, d'a e s é rus sséd o ne cè es P s en ise d r u a tte ngl me ion a e l t 5 : pta 198 e ada n u nd rra tte dans i M jà . é are ois pe nç ent d s a e r v k F cri a t h ida s'ins mS nd ca «qui illia e W e , l gés is» r] d ça enga ea n L a i r o s f jets eR s le s pro r [L u a o Le à t mi le ng r tre Ku let pe pa e « t n a o e s s s l'Eur pré an : d e de an 8 m 8 tr .» rg l 19 éâ Be vri le Th sage ar A m y e Ing cit tre pa 5 : no 198 L nte mo .. y vsk ril. alo Mé ch cha n Ko , Ma r reï nd solie A : s 8 u 198 dré D An a d tte ue Mo v ho ek h c eT , he oc n i B tte ulie J c ave J. B. – Le groupe doit créer son propre temps, se loger dans le temps de la scène en «y croyant». Il faut basculer dans la situation, et il faut le faire ensemble. L'énergie propre à cette pièce oblige à avancer. Le spectateur, lui, doit faire son travail de son côté. Il doit voir le parcours, dégager des contradictions s'il en voit, essayer d'établir un relevé global du terrain miné où les personnages évoluent. Mais au plateau, les comédiens doivent s'engager complètement dans l'affirmation. Cela est nouveau pour moi. Jusqu'ici, dans mon travail, les acteurs et les spectateurs se comprenaient. Ici, le moment du vrai sera davantage laissé à la responsabilité du spectateur. Il sera bien moins «fabriqué» ensemble. D. L. – Vous-même, quelles sont vos impressions devant cette Bonne âme en cours de fabrication ? J. B. – C'est un spectacle qui parle beaucoup de tendresse. Mais je vais la chercher à l'intérieur de la dureté. Le beau, le rêve, je crois que Brecht, au de gauche à droite : Blanche Leleu, Camille de la Guillonnière, Hugo Sablic, Damien Zanoly dans La Bonne âme du Se-Tchouan © Thierry Depagne (photo de répétition) fond, intimement, devait quand même y croire. Ou en avoir une nostalgie. Mais comme évidemment il ne voulait pas se laisser rouler, il s'est soumis lui-même à un traitement assez impitoyable... Il y a chez lui une sensibilité extrême mais qui ne veut pas s'en laisser conter, qui veut et qui doit se protéger. Il me semble qu'il est un grand lyrique qui ruse avec sa propre délicatesse, et qui avance masqué. Comme la «bonne âme» Shen Té, qui s'invente un «cousin Shui Ta» pour tenir le choc... à mesure qu'on déroule la pièce, on se rend compte de la force, de la netteté de cet extraordinaire personnage. Toute la pièce se construit autour d'elle, entre une enquête qui est faite, une enquête qui se fait, et une enquête qui reste à faire. Entre la bonne âme trouvée par les dieux, la bonne âme mise à l'épreuve par les hommes et la bonne âme renvoyée à ses questions par les hommes et par les dieux. Et puis il y a une quatrième enquête, celle qu'il faut conduire chaque soir au présent, devant et avec des gens différents. D. L. – Comment fait-on pour conduire cette enquête-là ? J. B. – En particulier, en montrant franchement qu'on cherche ensemble. Ce qui demande beaucoup de petites touches, de relances. On peut recourir à des genres différents. Des fois on montre tout, des fois tout est caché ou presque – on ne voit plus qu'un pied et un bout de cheville. On est dans un code réaliste presque trivial. Et juste après, avec le rêve de Wang, on part dans les étoiles... On varie les angles, et de temps en temps, on simplifie tout, on se dépouille et on chante comme on se met à nu. D. L. – Et comment fait Shen Té ? J. B. – C'est beau de voir l'actrice en difficulté parfois, y compris techniquement, coincée dans ses changements, empêtrée à mi-chemin entre homme et femme. Elle n'en peut plus, elle transpire, il faut qu'elle tienne... Assumer ce côté athlétique, c'est très important. On se parle beaucoup de numéros de cirque. Toute la famille est là et attend d'entrer en piste. On construit de numéro en numéro : Shen Té comme équilibriste, Shen Té comme prestidigitateur, Shen Té comme dompteur qu'on attend de voir se faire dévorer, Shen Té comme clown, comme jongleuse qui se prend la balle sur la tête, comme trapéziste qui rate son trapèze et qui tend la main vers les dieux, mais les dieux se détournent... D. L. – Quelles réflexions vous inspire l'écriture brechtienne par tableaux ? J. B. – Les tableaux brechtiens sont comme des rounds ou des reprises. Il me semble que c'est écrit comme ça, même d'un point de vue musical. La musique sert aussi à marquer par contraste ce rythme-là. En nous désinvestissant de la situation, elle fait accéder le public et la troupe à un autre plan. Elle nous donne rendez-vous ail- leurs. Il suffit de quelques secondes, de deux accords d'accordéon et d'un bout de chœur qui s'expose face aux spectateurs – ça suffit à nous affecter, et quand on revient à la situation pour s'y replonger, on est déjà différent. Ces allers-retours nous font en quelque sorte progresser dans le match en le doublant d'une sorte de commentaire qui n'est pas seulement réflexif. «Aimer est impossible. ça coûte trop cher.» D. L. – Brecht fait aussi intervenir la musique dans les interludes... J. B. – C'est une autre façon de sortir du cadre. Les interludes entre les tableaux permettent de changer d'angle d'attaque. Tantôt on change de lieu, tantôt on récapitule. Pour moi, il y a deux fils rouges, deux narrateurs dans La Bonne âme : Wang et Shen Té, le porteur d'eau et la petite prostituée. Celui qui attend la visite du divin et celle qui accepte de lui ouvrir la porte. J'ai d'ailleurs envie de les associer à l'ouverture du spectacle. Ensuite, on dirait que les rôles se répartissent : Wang intervient d'abord dans les interludes, Shen Té dans les tableaux. Puis les choses se compliquent encore, comme si les fils rouges commençaient à se tresser l'un dans l'autre : Wang rentre dans les tableaux, Shen Té assure certains interludes et se met à y chanter... Tout le spectacle s'écrit ainsi, à partir de distinctions qui vont se troubler ensuite. D. L. – Lesquelles, par exemple ? J. B. – Pour commencer, l'une des distinctions fondatrices est celle qui sépare les dieux des hommes. D'un côté, ici-bas, les humains pataugent dans leurs problèmes et leur égoïsme, et parmi eux, Shen Té se met en quatre – ou plutôt en deux ! – pour faire «Celui qui attend la visite du divin et celle qui accepte de lui ouvrir la porte...» le grand écart et résoudre les contradictions des situations auxquelles elle se heurte. Et par ailleurs, d'un autre côté, il y a des dieux, qu'il faut savoir e ed sur rlin... e e rM ico ou e M e p Serg ron r d d u An es t et tre ito éâ te Méveno n eT -Th t e l n n o rés e C éo nm k p pp Od tei de Phili e l' a S d r Z r t, ur ter ien. ete pe l Pe cte d P e Hup ire nd en ita n d a ma ell ier llem re, alle c Isab rem e a spea e p n n , è l e c cè s, ave ua n s hak ns asq r e de S r e nçai P u u e s e a í ett cus) ett en fr Llu 0: le mdroni le m are, 9 : : 9 0 e 1 1 n p 199 us A 199 akes ars t er m (Ti Sh 1 e. rop u E e l’ 4 la bonne âme de Bertolt Brecht mise en scène Jean Bellorini traduction Camille de la Guillonnière Jean Bellorini Compagnie Air de Lune Bref dialogue entre l'humain et le divin LE DIEU Chère Shen Té, nous te remercions pour ton hospitalité. scénographie et lumières Jean Bellorini costumes Macha Makeïeff création musicale Jean Bellorini, Michalis Boliakis, Hugo Sablic son Joan Cambon maquillage Laurence Aué on ct i du o r p e né sig r ion chi cis ffran é la d s'a ère . ue t de mi q i e l e r ub pe RDA la p d p Euro st tir de n e e r l' e) sor ure de air ult âtre sal ller à C e é la Th se. r d r Mü i u de eu re ent a ança ris eine è B t H r s i e m F e L n i ( n re ie ker scè le m tiè éd 9 : on en Com rüc ur en 8 d é a 19 e hn re 'Od e l Lo ett er et m tob dier l ent d D c : O dé 9 eur em 198 l'aut de finitiv e é d d François Deblock © Thierry Depagne (photo de répétition) reconnaître quand ils passent chez les hommes, ce qui semble être plutôt rare. Ces dieux sont en train de mener une enquête, qui lance toute la fable. Ils sont là pour trouver une bonne âme, une seule bonne personne qui suffirait apparemment à justifier l'humanité. Sous nos yeux, dès le prologue, il «Et s'il nous est défendu de construire, construisons notre destruction.» semble que leur enquête est menée à bien, puisqu'ils trouvent Shen Té, qu'ils la proclament bonne et récompensent sa bonté. Le prologue est comme une version en miniature de toute la pièce... Mais en fait, Brecht s'amuse et nous amuse. Au plateau, dans l'échange, la distinction entre plan divin et plan humain ne tient pas. D'un côté, on a des hommes qui attendent et qui espèrent ; de l'autre, des êtres étranges, mais qui se comportent finalement de façon très humaine, eux aussi. En fait, de part et d'autre, on a des comédiens qui nous racontent une histoire ensemble, une histoire où ils ont tous un rôle à jouer... ça, c'est comme un premier brouillage «forain», en vertu de la loi théâtrale qui met tous les personnages à égalité dans le réel rêvé de la scène. Et puis à cela s'ajoute que la réponse à l'enquête divine n'en est pas tout à fait une. Shen Té n'est pas la solution. Elle est plutôt le problème... lors, de fil en aiguille, elle va devoir se mettre elle-même en jeu. Mais jusqu'où pourra-t-elle ou devra-t-elle aller ? Le problème auquel Shen Té est confronté, tout ce qui lui arrive, est comme une autre facette d'un même problème fondamental. Ce problème est comme un dé qu'on fait rouler. à chaque nouveau coup, la face qui tombe relance, conteste, aggrave, approfondit : on passe de la face économique et sociale à la face intime, amoureuse. Chemin faisant, le problème est intériorisé, si on veut, mais d'une certaine façon tout est déjà donné dans la structure du dé lui-même. C'est en ce sens que je veux dire que tout est dans le prologue, ou dans les situations initiales. Tu rendras son chariot au marchand d’eau et lui diras que nous le remercions de nous avoir montré une bonne personne. SHEN Té Je ne suis pas une bonne personne. Je dois vous faire un aveu : quand Wang m’a demandé de vous loger, j’ai hésité. LE DIEU Hésiter n’est rien pourvu que l’on prenne la bonne décision. Sache que tu nous as donné bien plus qu’un toit pour la nuit. Beaucoup en étaient venus à douter – et parmi eux, même certains de nos Dieux – qu’il y ait encore de belles âmes. C’est surtout pour répondre à cela que nous avons entrepris ce voyage. Maintenant que nous en avons trouvé une, nous pouvons le poursuivre joyeusement. SHEN Té Attendez ! ô éclairé ! Je ne suis pas du tout certaine d’être quelqu’un de bon. J’aimerais bien l’être, seulement comment payer mon loyer ? Voilà, je vais vous le dire : je me évidemment je serais heureuse de pouvoir observer les commandements de l’amour filial et de l’honnêteté. Mais L'Arche est éditeur du texte représenté créé le 9 octobre 2013 au Théâtre national de Toulouse rencontre avec l’équipe artistique le dimanche 1er décembre après la représentation avec le soutien du LE DIEU Tout ça, Shen Té, ce ne sont que les doutes d’une bonne âme. Adieu. Et surtout, fais le bien, Shen Té. Adieu. SHEN Té, anxieuse Mais je ne suis pas sûre de moi. Comment faire le bien quand tout est si cher ? LE DIEU Ça, malheureusement, nous n’y pouvons rien. Nous n’intervenons pas sur tout ce qui touche à l’économie. CERCLE D E L’OD ON > suite de l'entretien en p. 6 autres soucis. D'infiniment autres détresses. Combien de nos actions ne pourraient point être érigées, geschickt, en loi universelle, pour qui cet envoi ne présente même aucun sens ; et ce sont celles à qui nous tenons le plus, les seules à qui nous tenions sans doute ; actions de tremblement, actions de fièvre et de frémissement, nullement kantiennes, actions d'une mortelle inquiétude ; nos seules bonnes actions peut-être ; nullement planes, nullement quiètes, nullement calmes, nullement horizontales ; nullement législatives ; nullement tran- quilles, sûres de soi ; nullement dans la sécurité ; nullement sans remords, nullement sans regrets ; des actions sans cesse combattues, sans cesse intérieurement rongées, nos seules bonnes actions, les moins mauvaises enfin, les seules qui compteront peutêtre pour notre salut. Nos pauvres bonnes actions. Les seules, et ce sera si petit, que nous pourrons présenter dans le creux de la main. Charles Péguy : Victor-Marie, comte Hugo (1910), in œuvres complètes, t. IV (NRF, 1916, pp. 496-497) Karyll Elgrichi © Thierry Depagne (photo de répétition) mandements, j’ai vraiment du mal à m’en sortir. durée estimée 3h15 avec entracte représentations avec audio-description simultanée les dimanches 1er et 8 décembre à 15h [email protected] / 01 44 85 40 47 En partenariat avec l'association Accès Culture J'ai souvent admiré votre courage dans l'épreuve. Je n'y ai jamais admiré le mien. Voilà tout ce que je puis publiquement vous en dire. Et c'est déjà peut-être trop. [...] Le kantisme a les mains pures, mais il n'a pas de mains. Et nous nos mains calleuses, nos mains noueuses, nos mains pécheresses nous avons quelquefois les mains pleines. — Agis, dit Fouillée, comme si tu étais législateur en même temps que sujet dans la république des volontés libres et raisonnables. C'était une fois un fonctionnaire qui a eu du génie, du plus grand. Mais il était fonctionnaire, une fois fonctionnaire ; il était célibataire, deux fois fonctionnaire ; il était professeur, trois fois fonctionnaire ; il était professeur de philosophie, quatre fois fonctionnaire ; il était fonctionnaire prussien, cinq et septante fois fonctionnaire. Il n'a pu avoir qu'un (très grand) génie de fonctionnaire. (Et de célibataire). Hélas législateur en même temps que sujet. Hélas la république des volontés libres et raisonnables. — Agis de telle sorte, continue Fouillée, agis de telle sorte que la raison de ton action puisse être érigée en une loi universelle. Agis de telle sorte que l'action de Fouillée puisse être érigée en une loi universelle. Et même l'action de Kant. Alors, pour commencer, il n'y aurait plus d'enfants. Ça ferait un beau commencement. Tout devient si simple, dès qu'il n'y a plus d'enfants. Sich zur allgemeinen Gesetzgebung schicken. Hélas combien de nos actions pourront être érigées en une loi universelle. Et combien de raison de nos actions. Zur allgemeinen Gesetzgebung. Et cela ne nous est-il pas tellement égal. Cela ne nous est-il pas tellement étranger. N'avons-nous point d'autres inquiétudes, d'infiniment autres profondeurs. D'infiniment comment faire ? Même en désobéissant à certains com- en collaboration avec le Bureau formART Jean Bellorini est artiste invité du TNT La Compagnie Air de Lune est accueillie en résidence au TGP – CDN de Saint-Denis La bonne-âme du Se-Tchouan vends pour vivre et même comme ça je n’y arrive pas. coproduction Compagnie Air de Lune, Odéon-Théâtre de l'Europe, La Criée – Théâtre national de Marseille, Théâtre de la CroixRousse, Théâtre Liberté – Toulon, Espace Jean Legendre – Théâtre de Compiègne, Théâtre Firmin Gémier – La Piscine, Scène nationale d'Albi, L'Équinoxe – Scène nationale de Châteauroux, Le Cratère – Scène nationale d'Alès avec la participation artistique du Jeune Théâtre National D. L. – Shen Té et Shui Ta sont donc deux faces d'un même dé ? J. B. – C'est vrai que Shui Ta apparaît d'abord comme l'autre versant de Shen Té, son allié, son complément. Puis il devient son adversaire. Le complément finit par se transformer en antagoniste qui combat au nom de ses propres principes, y compris contre Shen Té, pour son propre «bien»... Et pourtant, Shui Ta et Shen Té ne sont en effet qu'une seule et même personne. C'est ça qui est Nous n’oublierons pas que c’est toi qui nous as accueillis. production TNT – Théâtre national de Toulouse Midi-Pyrénées avec le soutien du Ministère de la Culture et de la Communication / DRAC Île-de-France, du Conseil Général de Seine-Saint-Denis D. L. – Qu'entendez-vous par là ? J. B. – D'abord, elle a un problème, et du coup, elle finit par en devenir un ! Comment être bon, qu'est-ce que cela signifie, cela est-il d'ailleurs possible ? «Comment faire le bien», demande Shen Té aux dieux alors qu'ils prennent congé, et elle ajoute aussitôt : «quand tout est si cher ?» Autrement dit, la question de la fin – faire advenir le règne du bien – ne se sépare pas de la question des moyens. Les dieux vont donc lui en donner, des moyens... et dès avec Danielle Ajoret Michalis Boliakis François Deblock Karyll Elgrichi Claude Evrard Jules Garreau Camille de la Guillonnière Jacques Hadjaje Med Hondo Blanche Leleu Côme Malchiodi Clara Mayer Teddy Melis Léo Monème Marie Perrin Marc Plas Geoffroy Rondeau Hugo Sablic Damien Zanoly 5 Charles Péguy : ce que Shen Té aurait dû dire au dieu 7 novembre – 15 décembre / Berthier 17e du se-tchouan La Bonne âme du Se-Tchouan Bertolt Brecht : La Bonne âme du Se-Tchouan, prologue (version française de Jean Bellorini et Camille de la Guillonière) Emmanuel Kant : ce que le dieu aurait pu dire à Shen Té De tout ce qu'il est possible de concevoir dans le monde, et même en général hors du monde, il n’est rien qui puisse sans restriction être tenu pour bon, si ce n'est seulement une volonté bonne. [...] Ce qui fait que la volonté bonne est telle, ce ne sont pas ses œuvres ou ses succès, ce n'est pas son aptitude à atteindre tel ou tel but proposé, c'est seulement le vouloir ; c’est-à-dire que c'est en soi qu'elle est bonne ; et, considérée en ellemême, elle doit sans comparaison être estimée bien supérieure à tout ce qui pourrait être accompli par elle uniquement en faveur de quelque inclination et même, si l'on veut, de la somme de toutes les inclinations. Alors même que, par une particulière défaveur du sort ou par l’avare dotation d'une nature marâtre, cette volonté serait complètement dépourvue du pouvoir de faire aboutir ses desseins ; alors même que dans son plus grand effort elle ne réussirait à rien ; alors même qu'il ne resterait que la volonté bonne toute seule (je comprends par là, à vrai dire, non pas quelque chose comme un simple vœu, mais l'appel à tous les moyens dont nous pouvons disposer), elle n'en brillerait pas moins, ainsi qu'un joyau, de son éclat à elle, comme quelque chose qui a en soi sa valeur tout entière. L'utilité ou l'inutilité ne peut en rien accroître ou dimi- nuer cette valeur. L'utilité ne serait en quelque sorte que la sertissure qui permet de mieux manier le joyau dans la circulation courante ou qui peut attirer sur lui l'attention de ceux qui ne s'y connaissent pas suffisamment, mais qui ne saurait avoir pour effet de le recommander aux connaisseurs ni d'en déterminer le prix. Emmanuel Kant : Fondements de la métaphysique des mœurs (1785), première section : passage de la connaissance rationnelle commune de la moralité à la connaissance philosophique. (trad. Victor Delbos retouchée) 6 Les bibliothèques de l’Odéon La Bonne âme du Se-Tchouan tellement fort : toute cette tension entre deux faces qui sont pourtant profondément les mêmes, tout ce clivage intérieur. Toutes les contradictions sont là : on cherche en vain une issue, alors on se fait du bien comme on peut même si ce bien nous tue. Et s'il nous est défendu de construire, alors construisons notre destruction... D. L. – Shen Té essaie de construire envers et contre tout... J. B. – Oui, elle est héroïque. Mais Shui Ta va recueillir les confidences de l'aviateur Yang Sun, auquel Shen Té est prête à tout sacrifier par amour. Or Yang Sun, lui, est prêt à sacrifier Shen Té pour réaliser son propre rêve : obtenir un avion et pouvoir enfin voler. Tant pis s'il doit prendre la place d'un autre, tant pis s'il doit dépouiller une pauvre fille amoureuse. Shui Ta n'en revient pas de tant de cynisme et finit par s'exclamer après le départ de Sun : «Aimer est impossible, ça coûte trop cher !» On en revient à la question fondamentale. On ne peut pas construire un foyer, ni même une relation – c'est un luxe hors de portée. être humain, en a-t-on les moyens ? Quand on est pauvre, on ne pourrait donc pas se permettre d'être humain ? Bien entendu, quand on est riche, on ne l'est guère plus... C'est un moment superbe, un moment de désespoir, de révolte et d'ironie qui est typique de Brecht. Cette mise en crise permanente, cette conflictualité entre l'intime et le monde, ce vertige de la destruction, c'est cela qui fait pour moi l'intérêt de la pièce aujourd'hui. C'est ce point-là que je voudrais parvenir à faire résonner. D. L. – Comment se passe le travail collectif ? J. B. – Il faut avoir un côté chef d'orchestre. Je crois que c'est une position nécessaire. Mais tout naît de propositions, d'accidents, d'essais, d'erreurs. à moi d'attraper au vol ce qui ne serait pas arrivé si je l'avais proposé avant. Chez nous, la recherche est beaucoup liée à la musique, au chant, à la rencontre chorale. Je voudrais par exemple qu'il y ait beaucoup de moments de prise de conscience de Shen Té qui soient en fait des moments assumés par tous. Des moments où chacun quitte- rait son masque et où tous viendraient faire le point ensemble. Ces moments s'accumuleraient jusqu'au moment final du tribunal. à ce moment-là, il n'y aurait pour ainsi dire plus qu'une seule voix. Elle serait contradictoire, polyphonique, mais unique et donnée par tous. Un chœur de tout le texte ou presque. Comme s'il y avait eu un renversement : à ce moment-là, la parole individuelle n'existerait plus que sous forme de traces. On aurait basculé vers une existence chorale, qui assumerait collectivement le poids et la profondeur de la tragédie. Ce serait comme si on avait rassemblé tous les dés, là, pour les jeter ensemble une dernière fois et donner tout ce qu'on peut. Ce serait aux spectateurs de faire chacun son choix là-dedans. Nous, nous aurions fait sentir que tous ces personnages sont empreints l'un de l'autre : qu'il y a du Wang dans Sun, du Sun dans Wang... En somme, dans toute la pièce, avec sa galerie de personnages, quelque chose aurait cherché à se construire tant bien que mal, à travers la bonté, la survie, l'autodéfense. Et ce serait l'équilibre d'une société qui mériterait d'être qualifiée d'humaine. Et cet équilibre, cette harmonie se donneraient à entendre, fugitivement, dans un plan expressif, sans autre existence que fictive, dans la puissance collective et en même temps intime de la musique... D. L. – Donc, si l'homme est un loup pour l'homme, vous feriez entendre le chant du loup... comme si le spectacle construisait, à l'usage de la meute, une sorte de rêve de communauté ? J. B. – C'est un peu la définition de la troupe... Propos recueillis à Paris par Daniel Loayza le 5 septembre 2013 r pa ne è c ns is e m , ist Kle de on n, itry h lso p Wi m t A r ' l e nt ob rR eva a d . p e oolf lic ub igé dir inia W up t d r t e en . pp Virg Hu o de sem über e s l i l r d u e ab rlan blo el G : Is te O : é icha 3 1 9 9 è 19 erpr 19 us M int Kla Exils – Grande salle Concerts – Grande salle Animé par Paula Jacques / Enregistrement public En coproduction avec France Inter Vendredi 8 novembre / 20h Samedi 9 novembre / 20h F. Scott Fitzgerald Lundi 25 novembre / 20h Julie Wolkenstein / Pascal Bongard LA CHANSON DE LA FUMéE Lorsqu’on arrive sur les quais où sont amarrés les navires, derrière des hangars à toits plats, on se trouve dans un pays qui n’est déjà plus celui d’où l’on vient, pas encore celui où l’on va. Les bruits assourdissants tournent sous les verrières jaunâtres. On entend le roulement sec des trains de marchandises, le déferlement des chariots à bagages, le sifflement strident des grues, et l’odeur salée de la mer vous suffoque. Même si rien ne vous presse on se sent obligé de se dépêcher. Le continent qu’on laisse derrière soi représente le passé. L’avenir prend l’aspect des soutes béantes, ouvertes dans le flanc des navires. Dans leur tumulte et leur agitation confuse, les quais tiennent lieu de présent. Tout change, dès qu’on a franchi la passerelle. Le monde rétrécit. On devient citoyen d’une république plus étroite que celle d’Andorre. On perd toute assurance. Les cabines paraissent étranges, les hommes qui occupent le bureau du commissaire de bord plus étranges encore. Dans le regard des autres voyageurs et dans celui de leurs amis, on ne lit que distance et mépris. La sirène lance alors son hurlement lugubre. F. Scott Fitzgerald, Tendre est la nuit, éd. Gallimard Avant que mes cheveux n’aient blanchi avec l’âge J’espérais m’en sortir à la façon des sages. Mais aujourd’hui je sais que ça ne suffit pas à remplir l’estomac d’un pauvre, loin de là. Et c’est pourquoi j’ai dit : laisse tomber Regarde la fumée grise Qui va vers des froids toujours plus froids : Ainsi tu t’en iras. L’honnête et l’appliqué je les ai vu brimés Alors j’ai essayé le chemin détourné Mais il nous mène toujours plus bas Que faire alors, qui me le dira ? Et c’est pourquoi j’ai dit : laisse tomber Regarde la fumée grise Qui va vers des froids toujours plus froids : Ainsi tu t’en iras. James Joyce Ahmad Jamal «Saturday Morning» Après Blue Moon, nominé aux Grammy Awards 2013, produit par Jazzbook Records et distribué par Harmonia Mundi, Ahmad Jamal présente, lors de ces deux soirées exceptionnelles au Théâtre de l’Odéon, son dernier album Saturday Morning – sortie mondiale le 24 septembre. Né à Pittsburgh en 1930, pianiste à trois ans, compositeur à dix, il commence sa carrière professionnelle en 1947 dans les grands orchestres. Venu de la tradition de Nat King Cole, d’Art Tatum et surtout d’Errol Garner, il est l’un des pionniers de l’improvisation modale, technique reprise et développée par Miles Davis, John Coltrane et Herbie Hancock. Il enregistre en 1958 l’album «Ahmad Jamal at the Pershing» dont la version de Poinciana est demeurée légendaire. Ahmad Jamal est aujourd’hui l’un des derniers grands témoins et acteurs de l’histoire de la musique classique américaine, un terme qu’il préfère à celui de jazz, selon lui trop peu précis aujourd’hui. ACM Productions Tarifs exceptionnels (voir p. 19) Lundi 9 décembre / 20h Yannick Haenel / Denis Podalydès sociétaire de la Comédie-Française On pourrait faire une jolie collection de mes légendes. Ma famille, à Dublin, croit que je me suis enrichi en Suisse pendant la guerre en faisant de l’espionnage pour les deux partis. Des Triestins, me voyant sortir vingt minutes chaque jour pour me rendre au même endroit, la poste (j’écrivais Nausicaa et les Bœufs du Soleil dans une terrible atmosphère), firent circuler le bruit, aujourd’hui accrédité, que j’étais un cocaïnomane. La rumeur générale à Dublin (jusqu’à ce que le prospectus d’Ulysse l’arrêtât) disait que je ne pouvais plus écrire, que j’étais mourant à New York. Une personne de Liverpool me dit avoir entendu raconter que je possédais des cinémas en Suisse. En Amérique il semble y avoir eu deux versions. Dans l’une j’étais à peu près aveugle, émacié et tuberculeux, dans l’autre j’étais un austère mélange du Dalaï Lama et de Rabindranath Tagore. Mr Pound m’a décrit comme un sévère pasteur d’Aberdeen […] Je suis depuis un an à Paris et pas un mot sur moi n’est apparu dans un périodique français pendant ce temps. Ceux qui sont vieux dit-on n’ont plus à espérer Seul le temps fait l’espoir et le temps a filé Mais aux jeunes, dit-on, la porte s’ouvre bien Certes, dit-on, elle s’ouvre, mais c’est sur rien. Et c’est pourquoi j’ai dit : laisse tomber Regarde la fumée grise Qui va vers des froids toujours plus froids : Ainsi tu t’en iras. Bertolt Brecht : La Bonne âme du Se-Tchouan (version française de Jean Bellorini et Camille de la Guillonnière) James Joyce, Lettre à Harriet Weaver, 24 juin 1921 (Lettres, vol. I) Gallimard, 1962 Das Lied vom Rauch 97. 9 1 r rie v é f e, en s e s s i u nr rs Repr e u , s aly sœ ine. è t t l M e Ko âtre es v Dod e r i , r è . y a Thé Fr r Le M , nd bsen e o rd ec le B ik I ss e pa a u c n r r v r n Lu on scèn Be ual a s ar d'He i e p Sa is en o d Pasq a igé man c l r i c e m u ís li, d Bork e d ov et o Z r Llu . o r t c r d l e e ic ca ram ob ne pa bourg l P abri e l R e b s 4 : scè ters ich hn G an dor A 9 d M 9 o : : 1 en t-Pé 4 s Fe 3 le J s 9 9 i 9 9 m Sain 1 1 prè ite b a de ha d' - Einstmals, vor das Alter meine Haare bleichte Hofft' mit Klugheit ich mich durchzuschlagen. Heute weiß ich, keine Klugheit reichte Je, zu füllen eines armen Mannes Magen. Darum sagt' ich : laß es ! Sieh den grauen Rauch Der in immer kältre Kälten geht : so Gehst du auch. - Sah den Redlichen, den Fleißigen geschunden So versucht' ich's mit dem krummen Pfad. Doch auch der führt unsereinen nur nach unten Und so weiß ich mir halt fürder keinen Rat. Und so sagt' ich : laß es ! Sieh den grauen Rauch Der in immer kältre Kälten geht : so Gehst du auch. - Die da alt sind, hör ich, haben nichts zu hoffen Denn nur Zeit schafft's, und an Zeit gebricht's. Doch uns Jungen, hör ich, steht das Tor weit offen Freilich, hör ich, steht es offen nur ins Nichts. Und auch ich sag : laß es ! Sieh den grauen Rauch Der in immer kältre Kälten geht : so Gehst du auch. Bertolt Brecht : Der gute Mensch von Sezuan 7 Karyll Elgrichi, Damien Zanoly © Thierry Depagne (photo de répétition) Couverture de Ulysses, Shakespeare and Company, première publication, Paris, 1922 8 Les Bibliothèques de l'Odéon Les Bibliothèques de l'Odéon 9 CARTE LES BIBLIOTHÈQUES DE L'ODÉON Carte 10 entrées 50€ / À utiliser librement. Programme complet Brochure de la saison 13-14 disponible aux guichets de nos deux salles et sur theatre-odeon.eu DE QUELQUES GENRES, LONGTEMPS DITS MAUVAIS Les Dix-huit Heures de l’Odéon Ah çà ! Chères et chers qui feuilletez la Lettre de l'Odéon, bien calés dans votre fauteuil d’orchestre ou tapis dans l’ombre d’une loge, accoudés au rebord d’une baignoire, n’attendez pas de moi que je vous prenne la main, vous tende une perche ou vous offre une rampe, édictant des lois ou vous communiquant des règles, assénant des définitions ou vous bombardant d’exemples. Au «mauvais genres» nulle loi, dogme, méthode ou portraitrobot. Le «mauvais genres» ne s’encarte pas, il se hume ou se capte, tel une onde ou un relent. Il baigne un lieu avec la puissance d’imbibation d’un miasme malin, circule avec la nocive capacité d’un gaz innervant. Il en va de lui comme du swing ou de la grâce : l’a, l’a pas. Aussi évident qu’indéfinissable. Avec lui se rejoue la nuance et Salon Roger Blin Fantômes en littérature Soirées présentées par François Angelier, producteur à France Culture de Mauvais Genres En partenariat avec le Centre des Monuments Nationaux et France Culture Dracula Mercredi 6 novembre / 18h de Bram Stoker, pages arrachées lues par Jean-Damien Barbin La lecture sera présentée le 9 novembre à 20h30 au Château d'Angers Le Fantôme de Canterville Mercredi 4 décembre / 18h d'après Oscar Wilde, lu par Claude Perron La lecture sera présentée le 7 décembre à 20h30 au Château de Maison-Laffitte amour et désamour du théâtre Animé par Georges Banu En partenariat avec Actes Sud Voir, ne pas voir Jeudi 14 novembre / 18h Respirer ailleurs Jeudi 12 décembre / 18h «... il vous mime pour mieux vous miner...» Avec Laure Adler, Valère Novarina et Régis Debray* Avec Pippo Delbono, Laurent Gaudé *sous réserve repenser l'humanisme Animé par Catherine Portevin En partenariat avec Le Seuil et Philosophie magazine Au delà de l'homme Jeudi 21 novembre / 18h Entretien avec Michaël Fœssel Humaniser la mondialisation Jeudi 5 décembre / 18h Entretien avec Mireille Delmas-Marty Les inattendus Salon Roger Blin contes de toujours Par Valérie Delbore En partenariat avec Les Mots Parleurs Peter Pan de James M. Barrie pu rge a l n àu et rker. m r a B pe ise ard gla 'How n a d on re ais théât S la 5 : rir le 199 couv dé Jeudi 16 novembre / 15h de blic . ler de , de dea n o tre le. u t â d o é h al le ec n-T e s s d le rô éo rand d mp end a g l'O ch epr de s la r es ur dan e d reau e t d d c u é ire tar olit Ch é d plus la s trice m s s m an Pa no aine e D ry, est sem e d eggo t n n da rois scè Gr vau ear t en scal a e L L a s s Roi mi ec P rge re v eo e son rop tès, a G p a Kol 6 : sent ss 99 an arie s 1 t pré r d : a ,e 5 -M er m 1 urope 199 rnard e E ' l B B ue is ça iniq n m ra n f Do e e vec é r a c n, er e arn ik Ibs W r h n a e or d'H eb e D upée s i la e po ng : l'a ison d 7 199 e Ma Un c. lan se marque la frontière entre le dandysme et l’excentricité (n’est-il pas né en France, à l’époque romantique, 1835 ?). L’excentrique a ses trucs, ses ustensiles, le dandy son allure, son mystère. Nombre peuvent faire preuve de mauvaises manières, mais seuls quelques-uns auront réellement, consubstantiellement, génétiquement «mauvais genres». Il échappe à l’appui des preuves, à la loge et au magasin des accessoires. Pressenti plus que repéré. Nous laissant la truffe en alerte et les papilles inquiètes. Car le «mauvais genres» ne détruira pas votre home, il le sinistrera. Fera de votre demeure, de votre petite maisonnée, un espace menacé. Une atmosphère mycosée par le «mauvais genres», gagnée par sa lèpre lente, deviendra délicieusement invivable. De l’ordre du malsain et du malaise, il oppresse, pèse en angoisse. Car sa force vient de ce qu’il n’a pas la frontalité hostile de l’opposant, de l’ennemi juré, la carrure massive de l’antithèse, l’uniforme de l’insoumis. Il vous mime pour mieux vous miner, joue le jeu aux fins de le déjouer. Sait découper le poisson, mais a le sourire du piranha. Tout semble intact, mais vos poutres n’attendent qu’un fétu de vent pour partir en poussière. Pas de pavés dans la mare, mais son eau rendue fétide, viciée lentement par l’action du poison. Mais il y a les «genres», me direzvous. Ses cousins bohèmes et oncles d’Amérique, partis un jour et de làbas revenus millionnaires : le roman policier, la science-fiction, le récit fantastique, l’érotisme, les bandes dessinées. Tous passés du coin du feu à la 3D, de la mémoire des vieilles à internet, jadis «canards sanglants» aujourd’hui viols smartphoniques nouvelle génération. Voilà des genres bien mauvais, bien consistants, packagés et délimités. Il est vrai qu’ils nous sont devenus familiers, présents. Voués, il y a encore quelques décennies, à la marge, vus comme des distractions consenties, classés objets de tolérance, ils sont aujourd’hui au centre du débat. La culture de genres est devenue NOTRE culture, la seule vraie culture populaire, un lieu de mémoire familier qui, du jeu vidéo à la rétrospective officielle, semble être le seul capable de formuler les énergies du présent, suivre ses lignes de fracture et sonder ses drames. Le polar dit bien l’affaire. Longtemps, on l’a lu comme on chique. On croquait dans la matière polar pour savourer un instant de noirceur, le temps d’un trajet en train, d’une salle d’attente. Le polar valait pour une prise de tabac noir. Après, on se mouche et va pour ailleurs. Face aux cabossages et autres rayures accidentelles, il rendait au monde choqué le poli de son enveloppe et son unité de surface. Le roman noir américain s’en est venu, qui toucha au moteur, mit du sucre dans le carburateur des certitudes sociales. Encrassage durable d’un moteur indémontable. Le ver n’est pas dans le fruit, mais dans la racine. Aujourd’hui, il est notre réalisme, un espace de réflexion, de témoignage politique et anthropologique. Le polardier est passé du statut de lanceur de couteau à bout rond à celui d’acteur social. Sa cellule n’est plus une geôle de centrale mais un cabinet d’écoute pour grands choqués et traumatisés. On ne joue plus à se faire peur, on témoigne à la barre. Anobli par le consensus, assujetti par ses sujets aux pratiques de légitimation, il entre dans les mœurs culturelles sans passer par l’entrée des fournisseurs. En va-t-il de même de la science-fiction, sans doute moins, restant affaire plus opaque et chose de fans ; quoique le traitement de sujets écologiques ou sociétaux attire à elle les prospecteurs officiels et futurologues avérés. La ferblanterie futuriste des années 50 a cédé la place aux eco-warriors et autres survivants de naufrages planétaires. Le post- «La culture de genres est devenue NOTRE culture.» apocalyptique est devenu notre humanisme. Pour l’horreur, elle se consomme avec l’allant d’une pizza. À ceux qui souhaitent se prémunir de toute ingérence du réel, le mégastore du merveilleux offrira sa ribambelle des saveurs et sa tornade de confettis, de pleins râteliers de baguettes magiques, des magasins combles de balais volants, barbes postiches, monstres mous et griffes noirâtres. Passons sur l’éro- tisme et la pornographie : jadis Monsieur Perrichon emmenait Madame au Châtelet ou voir un western, aujourd’hui il met sur internet ses ébats avec le dobermann du voisin. Affaire classée. On peut donc dire que genres il y a, «... le sac à malices est sans fond, et le diable a du ressort...» acceptés, omniprésents, multiformes et multimédia, disséminés et pour tous les âges. Que la troisième classe a disparu : les séries TV nourrissent les UER de philosophie, la théologie du manga est sous presse, la BD hante le Louvre, le cul s’inculque en prime time. Tout va trop bien. Louche, tout cela. Mais hélas, sortons la vielle à roue de la déploration nostalgique et le mouchoir à gros carreaux du chagrin passéiste : où sont les neiges d’antan ? Doit-on avoir la nostalgie des Dames du temps jadis, Marlène Dietrich et Madame de Gaulle, qui nous livraient un monde bipolaire, partagé entre le glamour transgressif et la ponctualité à la messe, Lady Marlène et tante Yvonne ? Le «mauvais genres» a-t-il fait long feu ? Le triomphe planétaire de la culture de genres a-t-il émoussé sa nocivité joyeuse ? La quasi extinction de la censure a-t-elle ravalé pour longtemps sa puissance transgressive ? Nous ne voulons point le croire. Attendons, patientons, le sac à malices est sans fond et le diable a du ressort. En attendant de le voir rejaillir de sa boîte, apprêtons-nous pour les quelques spooky shows que nous vous offrons cette année : cavalier sans tête, comte-vampire, fantôme bon enfant, grand seigneur méchant ogre, savant fou et belle endormie à la tête tranchée. De la cuisine de tradition servie dans de la vaisselle en grès. Du sûr et du goûtu, du frisson millésimé et de l’angoisse servie chambrée par les meilleures maisons : de Washington Irving à Alexandre Dumas. Heureux que vous êtes ! Mais surtout, conseil d’ami, venez armés, l’endroit est désert ! François Angelier, septembre 2013 François Angelier est journaliste, animateur, producteur de l’émission Mauvais Genres sur France Culture, essayiste, spécialiste de littérature populaire, biographe et auteur de romans fantastiques. les 30 ANS De l'odéon-THÉÂTRe de l'europe 10 mardi 12 novembre Tables rondes, débats, projections en soirée Trente ans à peine, ou trente ans déjà ? à l'échelle d'une institution, ce n'est presque rien, moins du dixième de l'existence l'avenir d'une utopie toujours vivante. Grand témoin de l'aventure, Jean-Pierre Thibaudat salue ici son fondateur. 1983 : création du Théâtre de l'Europe nouvelles des théâtres du monde, découvrant ici et là des îles merveilleuses, du Polonais Jerzy Grotowski aux Américains du Bread and Puppet pour ne citer que deux phares particulièrement lumineux. Certes le Théâtre de l’Odéon au destin versatile depuis l’éviction de Jean-Louis Barrault (suite à l’occupation du théâtre en juin 1968) n’était pas en reste, on lui devait la venue du «Orlando Furioso» de Luca Ronconi dans les halles de Baltard alors désaffectées mais encore debout avant que ne commence le chantier du forum des Halles, première époque. N’empêche, l’annonce pendant l’été 1983 par Jack Lang de la création d’un Théâtre de l’Europe dans l’une des deux salles les plus emblématiques de Paris (l’autre c’est évidemment pour le meilleur et pour le pire, la ComédieFrançaise) fait sensation. D’autant plus que ce «nouveau» théâtre est porté par l’un des plus emblématiques et talentueux metteurs en scène européens, Giorgio Strehler. Placer à la direction de l’Odéon un étranger, même un «étranger proche», fut un geste fort. Strehler connaît bien la maison. En ouverture d’une saison du Festival d’Automne, à la fin des années 1970, il y avait présenté «Il Campielo» de Goldoni tout en lumières d’hiver, en glissements des corps et des âmes, comme un lendemain de fête (ah ce serpentin solitaire pendant sur le fil traversant le plateau). Il reviendra avec «Arlequin serviteur de deux maîtres», «Le Roi Lear» et mettra en scène les Comédiens français dans «La Trilogie de la villégiature», toujours de son cher Goldoni, énorme succès de la maison de Molière. Sa faconde, son charme, sa voix un rien rocailleuse accompagnée de gestes de chef d’orchestre même quand il ne dirige que le vent, son accent irrésistible (je l’entends encore dire «Copeau» en faisant claquer les deux syllabes «côpô !»), son appétit de la scène jamais rassasié en firent craquer des milliers. Acteurs, techniciens, journalistes, aficionados, salles combles. Dans ce vieux théâtre chargé d’histoire, pétri d’ombres et nourri de légendes qu’est l’Odéon, le maestro est chez lui. Avec, jamais très loin, ceux qu’il nomme ses maîtres, Jouvet qu’il connut, Brecht avec lequel il travailla, Copeau son talisman, une admiration mâtinée de dévotion qui le conduira à se battre pour la réhabilitation du Théâtre du Vieux-Colombier. Patrice Chéreau lui doit beaucoup et ne s’en cache pas, l’allemand Klaus Michael Grüber ira plusieurs années s’asseoir dans la salle du Piccolo Teatro de Milan le voir répéter. Ce n’est pas une star, c’est un géant, un maître, quand on dit «le maestro» c’est de lui qu’on parle, forcément. Strehler est un Européen de naissance : par sa mère d’origine slave et française, par son père d’origine autrichienne, par les langues qu’il parle avec gourmandise, par la ville où il est né, Trieste, antre du cosmopolitisme. «Je suis un métèque, nous sommes tous des métèques, des magnifiques bâtards, on ne peut se passer de Kafka, de Leonardo, de Dostoïevski» me disait-il. Le maestro est nommé pour trois ans renouvelables, c’en est fini de la mainmise de la Comédie-Française sur l’Odéon qui s’était de nouveau manifestée dans les années 1970. Cela se fait en douceur. J’ai sous les yeux le programme de la première saison 19831984, sur fond couleur lie-de-vin. En haut en lettres blanches «Odéon Théâtre National», en bas en lettres noires «1re saison du Théâtre de l’Europe». D’octobre à février c’est l’Europe, de mars à juillet ce sont les grandes institutions de France (Comédie-Française et Théâtre National Populaire). Mais tout se mêle dans la mémoire puisque la Comédie-Française (où Jean-Pierre Vincent vient d’être nommé) présente «Le Suicidé» du russe Nicolaï Erdman (l’une des deux pièces de ce dramaturge bâillonné par le pouvoir soviétique) et que le TNP de Roger Planchon présente «Frédéric, Prince de Hombourg» d’Heinrich von Kleist, une pièce classique dans une mise en scène qui ne l’est pas des Allemands Manfred Karge et Matthias Langhoff. Strehler ouvre le Théâtre de l’Europe avec un spectacle que l’on ne monte bien que l’âge venu – il a 62 ans – «La Tempête» de Shakespeare, un chant d’adieu et une déclaration d’amour au théâtre en guise de ticket d’entrée, on ne saurait rêver mieux. Prospero, Ariel, Caliban et les autres font chanter Shakespeare en italien : le spectacle arrive tout droit du Piccolo Teatro dont Strehler demeure le directeur. Et tout de suite après, en langue française, «L’illusion» de Corneille. Gérard Desarthe dans le rôle du matamore, à ses côtés Nada Strancar, ces deux-là deviendront plus tard professeurs au Conservatoire. Et bien d’autres. En col roulé, pantalon et chaussures noires, le maestro répète dans le noir. «C’est pour mieux voir ce qui se passe sur le plateau. Brecht déjà travaillait comme cela». Il vient d’être hospitalisé, il n’a plus tout à fait l’énergie qui lui a fait faire du Piccolo une des plus belles adresses du théâtre pas seulement européen. L’appétit est intact mais il bondit un peu moins. Je me souviens avoir été frappé par les lumières de ce spectacle. Elles n’avaient plus la clarté d’avant, elles s’assombrissaient comme «Brecht déjà travaillait comme cela.» l’époque, on le saisit mieux maintenant où le tournant de la rigueur avait envoyé aux chiottes bien des illusions de la gauche française. En Italie, Strehler, en proie à bien des contrariétés, fut comme un lion blessé. à la fin des spectacles, disait Strehler un soir de répétition, les acteurs ne saluent pas «ils disent adieu au théâtre». Tous ses spectacles quand on y songe, disaient adieu au théâtre. Je devais le revoir longuement une dernière fois en 1995, deux ans avant sa mort. Il était venu présenter à l’OdéonThéâtre de l’Europe (dont il n’était plus le directeur), «L’île des esclaves» créée au Piccolo. Il répétait pour une reprise de rôle, il était fatigué, un peu las. «Où sont nos rêves ? Les temps sont obscurs... Qu'est-ce que tu veux savoir de moi ?» commença-t-il. Il parla longtemps. Et puis pour finir : «C'est facile d'aimer le théâtre dans l'ivresse de la jeunesse. C'est encore facile lorsque tu as appris ce qu'est le métier. Puis arrive la jouissance d'être un peu sûr, de savoir tout de suite ce qu'il faut faire. Et puis vient le moment où le chirurgien se dit : Ah, encore un pancréas ! Mais il doit se dire qu'en dessous il y a un être vivant, alors il y va. Le théâtre, c'est la même chose. Tu continues quand même. Pas par habitude, pas par lâcheté. Avec plus de doute, de fatigue, de tristesse. Tu n'aimes plus avec la passion, avec le sang, avec le sexe. Alors là, tu touches au vrai amour du théâtre». C’est à la fin de l’année 1989, l’année de toutes les révolutions à l’Est de l’Europe que Strehler quitte l’Odéon. (Son successeur Lluís Pasqual prendra ses fonctions au printemps 1990). Au cœur du sixième arrondissement parisien, le théâtre de Jean-Pierre Thibaudat Journaliste, écrivain, critique dramatique à Libération de 1978 à 1996, conseiller artistique pour le Festival Passages de Nancy, Jean-Pierre Thibaudat est spécialiste de la scène est-européenne. Il tient quotidiennement le blog «Théâtre et Balagan» sur Rue89.com «Alors là, tu touches au vrai amour du théâtre.» Le détail de cette journée, ouverte au public sur réservation sera disponible mi-octobre sur theatre-odeon.eu l’Europe aura été l’antichambre de cette Europe sans frontières. Strehler et son équipe ne se contentant pas d’inviter de grands maîtres comme Ingmar Bergman (trois spectacles) ou Claus Peymann. Ils nous font découvrir ou mieux connaître ces gens de l’Est dont on sait peu de choses : les Russes Iouri Lioubimov et Anatoly Efros, les hongrois Tamás Ascher et Gábor Székely. La porte est ouverte. Aujourd’hui le Théâtre de l’Europe n’est pas une idée neuve, ni exclusive (ce qu’elle n’a jamais été), bien des établissements et des festivals la font cette Europe-là, le Festival d’Automne et l’Odéon ont souvent œuvré ensemble et continuent de le faire. Strehler peut partir tranquille. Il sera mort depuis un an lorsque la France découvrira en 1998 sur la scène de l’Odéon un immense Polonais nommé Krystian Lupa. Encore un mot, Giorgio : «Les gens de ma génération ont vécu avec deux terreurs : la bombe atomique et le fascisme. La terreur de la bombe atomique n’existe plus. Mais le fascisme ? Il est là, rampant dans le fantôme du nationalisme et c’est un retour farouche. Je veux une Europe de la différence» disait-il (c’était au temps des guerres dans les Balkans). Quel regard le maestro jetterait-il sur l’Europe d’aujourd’hui et sur la Russie ? Sur la world culture ? Quelle pièce voudrait-il brandir comme une arme en forme de masque ? Réservation [email protected] en partenariat avec Arte, Libération, France Culture, l’Institut d’études politique de Paris et l’école Normale supérieure de Lyon Jean-Pierre Thibaudat, septembre 2013 La Tempesta (La Tempête) de William Shakespeare, mise en scène de Giorgio Strehler, octobre 1983, présentée à l'Odéon-Théâtre de l'Europe © Luigi Ciminaghi / coll. Piccolo Teatro di Milano ni ldo Go e d n. res éo aît l'Od m à x eu ois e d a 4e f d r l teu ur rvi nt po e s e in, revi qu rle ehler A 8 : Str 199 rgio o i G Sous le haut patronage du ministère de la Culture et de la Communication Le Théâtre de l’Europe, officiellement créé en juillet 1983, s’inscrit dans la dynamique internationale ouverte par le Théâtre des Nations puis le Festival de Nancy. Sa programmation a été profondément marquée par les accueils étrangers à la fin de l’aventure Jean-Louis Barrault et dans l’après 1968. Giorgio Strehler, dont Jack Lang a su et souhaité accueillir la vision, se voit alors confier un projet ambitieux inauguré artistiquement le 3 novembre 1983 par un spectacle venu du Piccolo Teatro de Milan, La Tempesta, de William Shakespeare. Tout entier voué à cette nouvelle mission depuis mars 1990 et l’arrivée de Lluís Pasqual – placé ensuite successivement sous les directions de Georges Lavaudant, Olivier Py et Luc Bondy –, l’Odéon-Théâtre de l’Europe aura accueilli en trente années d’existence plus de cent-vingt spectacles en langue étrangère. C’est cette aventure qu’il convient aujourd’hui de célébrer, non pour en être les spectateurs assagis et admiratifs mais pour en souligner la vivacité présente et poursuivre, plus loin encore s’il est possible, l’ambition première de ses fondateurs. de l'Odéon. à l'échelle de nos vies et de nos attentes, c'est beaucoup : largement assez pour faire le point sur l'histoire et sur Dans un charivari époustouflant des acteurs sortent, entrent, courent, se coursent, se frôlent, bondissent, dansent et puis soudain, comme par magie, la scène du Théâtre de l’Odéon se vide d’un coup. Plus rien sauf en son centre, une petite chose que l’on voit trembler, vivante donc, quelque chose de magnifiquement incongru : un flan, une gelée peut-être, un gâteau sorti d’un moule aux bords ondulés. Et c’est tout le théâtre qui tremble de bonheur. C’était au cœur du spectacle porte-bonheur de Giorgio Strehler, «Arlequin serviteur de deux maîtres», une pièce de son auteur fétiche, Carlo Goldoni. étaitce avant ou pendant les années Strehler à l’Odéon (le spectacle y reviendra plusieurs fois) ? Je ne sais. La sixième version peut-être. Il y en aura neuf. Parmi d’autres moments magiques – ils furent légion –, c’est celui-ci qui me revient d’abord dans cette chambre de Bucarest où j’écris ces lignes en pensant à la naissance de l’«Odéon-Théâtre de l’Europe» en 1983. Qui aurait pensé en ce début des années 1980 qu’avant la fin de la décennie il en serait fini du «bloc de l’Est», des armées du «Pacte de Varsovie», d’une Allemagne divisée, d’un mur infâme symbolisant cette Europe coupée en deux, que l’URSS ne passerait pas du siècle ? L’Est était un mystère, l’Europe unie une vieille idée bercée d’illusions, l’Europe du théâtre vue de Paris, se résumait à un axe (de l’Ouest) France-ItalieAllemagne avec le Royaume-Uni en mouche du coche («En Angleterre ils ont des perruques abominables mais ce sont les meilleurs acteurs du monde» me dira un jour Strehler). Certes le Théâtre des Nations ( qui avait invité le tchèque Otomar Krejča avec le théâtre Za Branou de Prague, un metteur en scène auquel l’exil forcé sera artistiquement fatal comme en témoignera avec tendresse Philippe Caubère dans son «Roman d’un acteur»), le Festival de Nancy qui alors allait vers sa fin, le téméraire Sygma de Bordeaux et le Festival d’Automne en pleine forme nous avaient donné chaque année des 11 en se mi a l ns da d ne scè e la ur po s i l l ei : K cu ello ais ac cles nd n t a r o n a i l t o P po , o s pec de nd du nzi ux s ne e a l ma g e S c e a l t d l a o t n l a c el pour mo pe ) en ffa ns e la we Ra mne, u d ö ' s . ts ta uto e d roch ie M an cìe nn Gé e (D So al d'A t sie nn B s i t a . r e e ) L a a L ya u tiv n n p rm i et es Mo rée tio s He cc c le F ec onta La e. r a u l t è t l e t m n e e n en pr da e la ast , av to. sen Vien rés d'a vau nts d pré r de ep ules o C Paris imen a r e y L e d m tt s ega ièr amb on eate Ro is à ba rge c B rgth 0 : re fo Com rem omn eo (Els G u 0 p L G 0 è u l : 2 mi et I 8 : es S 9 : lan 02 u B pre nesi 199 cata 199 pa, L 20 ée a é e u n r G e L c n tia rys nouvelles de L'île de l'isolement 12 13 13 20 novembre – 1er décembre / Odéon 6e Todo el cielo sobre la tierra (el síndrome de wendy) Tout le ciel au-dessus de la terre (Le syndrome de Wendy) texte et mise en scène Angélica Liddell en espagnol, mandarin, norvégien, surtitré scénographie et costumes Angélica Liddell musique Cho Young Wuk collaboration à la musique, orchestration Hong Dae Sung, Jung Hyung Soo, Sok Seung Hui, Lee Ji Yeon lumière Carlos Marquerie son Antonio Navarro avec Xue Ying Dong Wu Xie Guinü Fabián Augusto Gómez Bohórquez Lola Jiménez Jenny Kaatz Angélica Liddell Sindo Puche Maxime Trousset Zhang Qiwen Saite Ye ensemble musical PHACE production Atra Bilis Teatro – Iaquinandi, S.L. coproduction Festival d'Avignon, Wiener Festwochen (Vienne), Odéon-Théâtre de l'Europe (Paris), Festival d'Automne à Paris, deSingel Internationale Kunstcampus (Anvers), Le Parvis Scène nationale Tarbes Pyrénées avec l'aide de Teatros Del Canal (Madrid), de Tanzquartier (Vienne) avec le soutien de la Communauté de Madrid, du Ministère espagnol de l'Éducation, de la Culture et du Sport – l'INAEM crée le 9 mai 2013 aux Wiener Festwochen durée 2h20 certaines scènes de ce spectacle peuvent heurter la sensibilité des plus jeunes, il est donc déconseillé aux moins de 16 ans avec le Festival d’Automne à Paris nd nto a D de ort M a er. hn üc B e ux ava e tr . . au ére h C ice atr P e s lier Ate x au te en s é pr n, ge éo ma Od m ' l o e th e ié d . en s oc rváth nd atr de s e u n s r q a o ra ur on ne. ne n H ert la g dé po sB scè ön vo l'O lo Be r ns on t e a n é i l e e Öd d d ' ur ne rme l'O Ate nte tte ier d es de om n Ca e t mo d e u n t r m n A ie ât l, t der io an l d' ital hé ge rat ud En men uT gu tiva cène ava d s u é L r e a e re F ns d n g s e An Ju 3 : i Le etu rge 00 3 : er Le 4 : tteur rm eo 2 0 0 e r G f 0 0 i : : e e 2 2 i h 2 2 v t m r 0 0 20 20 Jan Be au L alle sd an d dre hè P la ec r av e i h Angélica Liddell © Nurith Wagner-Strauss 14 Todo el cielo sobre la tierra (El síndrome de Wendy) cal usi m cle i. cta ett pe Can s es as ras Eli ph es d' s t e e d tex usé s des m rè a, tjak 'ap ari els d j t i r b Era eb 4 : er Go 0 0 2 ein d'H t en nn . e i ev rope rd hie e l'Eu t r e d s B re lier héât e t T sA n : le déo 005 de l'O 2 rs e Ma e sall la 2 ia vé, arc réno G l rie déon er. tA ll rt e ns l'O r Mü e pp n da eine u H o 'H elle ais t d ab elle s artet s I u st uv c'e no e Q 6 : nt la our l 0 0 p 2 , re ne ouv lson toms qui rt Wi u A dè be l Va c Ro ave t en llem e i c offi is n ça so n e te on ran f o u i d . b é é en de ers ton] rich y d l'Od ne on ev cè s, r P le à cti un Dan us Zü s e e i e r y n t e a e liv sch di et lliam sen rt d ielh ,O à la i m e Wi yle s d'E t. pré a Mo ausp é k h r s c m e e a s [L ch w s c m ale iko es d'E piè and no rth Tod u S arl Tenn tie sept on m est pe. Ma tons ion d s W e y f h s r les e s P uro p n uct zto prè t. L'O er d sto Da livi de l'E ec onter ans zys y, d'a pper hri e du prod r v O C a K : q , : : t er wa Hu 0 : 07 éâtre 06 as 08 e m cin 20 20 nocl üchn 201 Tram belle 20 jet d t les rs n-Th o a a B o n n r s ic org M déo U cI p nda Ge ave l'O pe Todo el cielo sobre la tierra (El síndrome de Wendy) 15 ¿ POR QUÉ VINISTE SOLA A SHANGHAI ? EL POLICÍA : La gente buena también hace cosas malas, Wendy, es normal. Si nos dices lo que pasó podemos ayudarte. 好人也做坏事,温迪,这很正常。和我们说说发生了什么事,我们才 能帮你。 POURQUOI ES-TU VENUE SEULE à SHANGHAI ? * LE POLICIER : Les gens bien font eux aussi des choses pas bien, Wendy, c’est normal. Si tu nous dis ce qui s’est passé, nous pourrons t’aider. Crees de verdad que el asesinato es lo peor, lo más abominable, no sé, algo tan común, algo que se lleva haciendo desde hace tanto tiempo. Hay mucha gente que vive y mucha gente que muere. Eso es todo. No hay ley que detenga a un criminal, la ley es sobrehumana, en cambio un criminal es sólo un hombre. 你觉得谋杀是最坏,最可恶的事儿,但是,我不这么觉得,我觉得这很 正常,从古至今就一 直在发生。有很多人生,就有很多人死。这就是 全部。没有法律可以制止任何一个罪犯,因 为法律是超乎人类的, 而罪犯却是一个人,一个血肉之躯而已。 Tu crois vraiment que le meurtre est ce qu’il y a de pire, de plus abominable, je ne sais pas, moi, une chose aussi courante, qui se pratique depuis tellement longtemps. Il y a des tas de gens qui vivent et des tas de gens qui meurent. C’est comme ça. Aucune loi ne peut arrêter un criminel, la loi est surhumaine, mais un criminel est juste un homme. Piensa en las matanzas. A uno no le alivia saber que hay menos muertos, enterarse de que la cifra es menor, a uno le consuela que aumente, a más muertos, mas consuelo. Cuando rectifican la cifra de muertos, y la cifra es menor, sufres una gran decepción. La gente necesita decir qué horror, la gente lleva siglos diciendo qué horror. Dicen qué horror para no hablar de sí mismos. ¿Tú no te quedaste esperando el tercer avión? El día que cayeron las torres, ¿no te quedaste esperando el tercer avión? Cuando no le encuentras sentido a la vida lo normal es quedarse esperando el tercer avión. ¿Verdad? 你想想那些大谋杀事件吧。当一个人知道死亡人数变少时,他不会 因为这个而庆幸,相反数 字越增加,他就越感到欣慰。当这死亡人 数被纠正,然后变少了,你会大大地失落。因为人 们需要说“太恐怖 了”,从几个世纪以来就一直需要说“太恐怖了”。他们说“太恐怖了” 是因为他 们不想提及自己而已。 你有没有等过那第三架飞机? 双子塔倒塌的那天,你有没有等过那第三架飞机?当你对你的 生 活失去了意义,失去了理智的时候,我想等待那第三架飞机也不过 是正常的举动,对吧! Pense aux tueries. ça ne soulage pas de se dire qu’il y a moins de morts, d’apprendre que les chiffres sont inférieurs, on se console quand ils augmentent. Plus il y a de morts, plus la consolation est grande. Quand le nombre de morts est rectifié, quand le chiffre est inférieur, on est terriblement déçu. Les gens ont besoin de dire «quelle horreur», ça fait des siècles que les gens disent «quelle horreur» pour ne pas parler d’eux-mêmes. Tu ne l’as pas attendu, toi, le troisième avion ? Le jour où les tours se sont effondrées, tu n’as pas attendu le troisième avion ? Quand on ne trouve pas le moindre sens à la vie, il est normal d’attendre le troisième avion. Pas vrai ? Hay sombras sujetas a los pies de los hombres, Wendy, hay sombras sujetas a los pies de los hombres. 人脚下捆绑着的是自己的黑影,温迪,人脚下捆绑着的是自己的黑影。 Il y a des ombres attachées aux pieds des hommes, Wendy, il y a des ombres attachées aux pieds des hommes. Angélica Liddell © Nurith Wagner-Strauss *Angélica Liddell : Todo el cielo sobre la tierra (trad. Christilla Vasserot Tout le ciel au-dessus de la terre, Les Solitaires Intempestifs, 2013, pp. 25-26). Xie Guinü et Zhang Qiwen © Nurith Wagner-Strauss Assumer la misanthropie : entretien avec Angélica Liddell «La perte de la jeunesse est une chose irréversible», note Angélica Liddell, «mais malgré cela, nous désirons être aimés»... Peu avant le Festival d'Avignon, l'artiste s'est entretenue de sa dernière création avec sa traductrice de toujours, Christilla Vasserot. Christilla Vasserot – Dans Ping Pang Qiu et Tout le ciel au-dessus de la terre (Le syndrome de Wendy), les deux spectacles que vous présentez cette année au Festival d’Avignon, vous évoquez votre apprentissage de la langue chinoise... Angélica Liddell – Je crois qu’apprendre le chinois est l’une des plus belles choses que l’on puisse faire dans la vie. Le chinois est une langue étonnante. Shakespeare avait besoin d’écrire : «J’ai honte de porter un cœur si blanc.» En chinois, c’est l’inverse, et c’est passionnant : «être effrayé» s’écrit «怕», qui signifie «avoir le cœur blanc». L’effort qu’un auteur doit fournir pour créer une métaphore est propre à la nature même de la langue chinoise. Le verbe «craindre» : «怕» est formé par le cœur «忄» et la couleur blanche «白» (cœur blanc). C’est ça qui est fascinant : le verbe «craindre» contient déjà la poésie, alors qu’elle est à construire en Occident. C. V. – Est-ce là une nouvelle façon d’approcher le poétique après avoir constaté le fait que le langage n’était pas à la hauteur de la souffrance humaine, comme vous avez pu le souligner à propos de votre pièce Belgrade ? A. L. – Le poétique, le poétique... Qu’estce que le poétique ? Le poétique est un état critique, un état de crise face à quelque chose d’inexplicable. Face au mystère, il réunit l’angoisse et le plaisir, il est identique à l’état amoureux. En ce sens, oui, l’étude de la langue chinoise me place dans un état amoureux, mais la frustration est inévitable, l’impuissance face à ce qui ne peut pas être «... un état de crise face à quelque chose d'inévitable...» décrit... On a toujours cette sensation : l’impression que le langage n’est pas à la hauteur de la souffrance humaine. Le poétique est là pour soulager cette frustration. Le problème, c’est que nous sommes capables d’apprécier le poétique, c’est-à-dire la correspondance entre le langage et la souffrance dans les œuvres des autres, mais nous C. V. – Dans Maudit soit l’homme qui se confie en l’homme, le spectacle que vous avez présenté en 2011 au Festival d’Avignon, il était question d’un «projet d’alphabétisation». Après cette pièce conçue comme un abécédaire français, voilà que vous vous intéressez à la langue chinoise. Y a-t-il un lien entre ces deux apprentissages d’une langue ? ment difficile, qui peut devenir un parfait allié de l’isolement. Apprendre le chinois, c’est comme bâtir la Grande Muraille. Qui a bien pu avoir l’idée de construire une chose pareille, tellement disproportionnée par rapport aux forces humaines ? rendu compte que l’île d’Utøya pouvait aussi être l’île de Peter Pan. Les gens qui y sont morts étaient très jeunes, presque des adolescents. Wendy, au bout du compte, est irrémédiablement vouée à l’abandon parce qu’elle aime des adolescents. C’est ce qui C. V. – Dans Saint Jérôme, la performance que vous avez créée en 2011 aux Wiener Festwochen, vous finissiez d’ailleurs emmurée... A. L. – Non, il n’y a aucun lien. Je ne suis pas du tout passionnée par les langues : je n’ai pas la moindre facilité pour les parler et elles n’éveillent nullement mon intérêt. Ces deux apprentissages d’une langue n’ont donc rien à voir l’un avec l’autre. J’ai appris le français pour une raison pratique, et il se trouve que cela s’est passé à un moment de ma vie où j’avais besoin de renommer le monde. Ma vie était foutue et, en apprenant une langue étrangère, je me sentais comme une petite fille. Le chinois, en revanche, a fait irruption dans ma vie à un moment où la solitude était pleinement assumée : j’avais assumé la misanthropie, la prise de distance avec l’idée d’humanité. Du coup, je fais toutes ces choses absurdes que font les gens qui vivent seuls, à l’écart. Le chinois est une langue extrême- A. L. – C’est étrange : Saint Jérôme est le point de départ de Tout le ciel au-dessus de la terre. Dans Saint Jérôme, je disais un texte enfermée entre quatre murs érigés par un fou. Et voilà qu’à présent je dis ce même texte au milieu d’une île. Bref, il s’agit encore et toujours de l’isolement. Saint Jérôme se refermait sur l’obtention de la consolation à travers la mort, la consolation grâce à la catastrophe, un mécanisme qui s’apparenterait au meurtre par compassion : le bénéfice que l’on peut tirer de la tragédie. Dans Saint Jérôme, l’île d’Utøya – petite île de Norvège sur laquelle eut lieu la tuerie de 2011 – représentait la consolation fantasmée, le besoin de la catastrophe pour obtenir l’amour de quelqu’un de jeune et beau. À l’époque, je travaillais aussi sur le syndrome de Wendy. Je me suis «... le besoin de la catastrophe pour obtenir l'amour...» sommes incapables de l’apprécier dans la nôtre. nourrit sa terreur d’être abandonnée, c’est ce qui l’isole toujours plus : la peur. Voilà comment deux projets menés en parallèle sont devenus Tout le ciel audessus de la terre (Le syndrome de Wendy). Peter Pan pourrait être l’un de ces jeunes Norvégiens, il pourrait avoir été assassiné. Est-ce que cela n’aurait pas comblé une bonne fois pour toute son désir de ne pas grandir ? Est-ce que ce ne serait pas une autre façon de construire Le Meilleur des mondes 16 17 Todo el cielo sobre la tierra (El síndrome de Wendy) Art, culture, éducation : les scènes d'IDEA d’Aldous Huxley ? La jeunesse éternelle qui ne s’obtiendrait que par l’anéantissement de la jeunesse. C. V. – D’où les vers de William Wordsworth cités dans la pièce : «Though nothing can bring back the hour / Of splendour in the grass, of glory in the flower ; / We will grieve not, rather find / Strength in what remains behind.» C’est-à-dire : «Et si rien ne peut ramener l’heure / De la splendeur dans l’herbe, de l’éclat dans la fleur / Au lieu de pleurer, nous puiserons / Nos forces dans ce qui n’est plus.» A. L. – Ah, ces vers de Wordsworth... La perte de la jeunesse est une chose irréversible. Mais, malgré cela, nous désirons être aimés. Il n’y a plus de «Le corps triomphe de la volonté humaine.» splendeur dans l’herbe, et rien ne me terrorise plus que la décrépitude : traîner ce corps déçu, épuisé et bourré de désirs aussi noirs que le charbon, le traîner jusqu’à la décrépitude. Le corps triomphe de la volonté humaine, des désirs humains. Il vient un moment où peu importe de qui on tombe amoureux, le corps s’est «J'aimerais que ces vieillards dansent avec moi.» chargé de nous isoler, de nous éloigner de l’amour, de l’expérience amoureuse. Le corps a foutu notre vie en l’air, il se l’est appropriée : nous ne sommes plus qu’un corps indésirable, mais désirant. Nous entrons dans l’âge du ressentiment, et nos maladies, notre laideur, notre insatisfaction ne peuvent être compensées que par le travail ou la reproduction, parfois par le crime. Nous sommes de plus en plus vieux, repoussants et déprimants, mais nous avons besoin d’être aimés malgré tout. Notre seule marge de décision, c’est de pouvoir déterminer jusqu’où nous sommes prêts à nous humilier. Il arrive un âge où la capacité d’espoir est remplacée par la capacité d’humiliation. Et le fait est que nous sommes capables d’aller très loin, car nos désirs sont placés, dès leur naissance, sous le signe de l’humiliation. C. V. – Dans Tout le ciel au-dessus de la terre, la musique est très présente. Comment s’est passée la collaboration avec le compositeur sud-coréen Cho Young Wuk? A. L. – Ses bandes originales, composées pour les films de M. Park Chan-wook, me donnaient la chair de poule, me bouleversaient jusqu’au délire. J’en ressentais le pathos. Je n’arrêtais pas de réécouter chaque morceau, comme le font les adolescents. Quand je suis allée à Shanghai et que j’ai vu des vieillards danser la valse sur Nanjing Lu, l’une des artères les plus passantes de la ville, je me suis dit deux choses : premièrement, j’aimerais que ces vieillards dansent avec moi et, deuxièmement, si Cho Young Wuk pouvait composer les valses, ce serait le rêve. Alors, à mon retour de Chine, j’ai décidé de tenter le coup. Nous nous sommes rapprochés de la Maison de la Corée à Madrid et, là, on nous a aidés à entrer en contact avec M. Cho. Je suis partie pour Séoul avec un carnet couvert de dessins de l’île d’Utøya. Ensuite, c’est lui qui est venu à Strasbourg pour voir l’un des mes précédents spectacles, La Maison de la force. Nous nous sommes entendus, puis nous nous sommes à nouveau retrouvés à C. V. – En entrant en contact avec le monde des adultes, Blanche-Neige est, dans votre texte Mais comme elle ne pourrissait pas..., confrontée à la guerre, au massacre. Dans Tout le ciel au-dessus de la terre, le massacre d’Utøya atteint l’île de Peter Pan. Qu’adviendrat-il d’Alice, celle qui partit au pays des merveilles ? A. L. – Elle succombera à l’ennui. Lorsque l’angoisse disparaît, c’est l’ennui qui fait son apparition. L’ennui est la seule façon d’atteindre un peu d’apaisement. Ensuite viendra la peur de la mort. Et la fin. C. V. – Dans Ping Pang Qiu, vous dites que vous aimeriez vous détacher une bonne fois pour toutes de la politique. Considérez-vous Ping Pang Qiu comme une pièce politique ? A. L. – Étant donné que j’évoque sur scène les crimes du communisme, la Au cours d'une conférence de presse tenue début septembre 2013, Aurélie Filippetti inscrivait l'éducation artistique et culturelle au cœur du projet de son ministère. Deux mois plus tôt, la ministre de la Culture et de la Communication assistait avec Mme George Pau-Langevin, ministre déléguée à la réussite éducative, à la séance inaugurale du huitième congrès international IDEA, intitulé «D'un monde à l'autre, quelle éducation artistique pour demain ?». Retour synthétique sur le déroulement de cinq journées de colloques et de rencontres à l'Odéon-Théâtre de l'Europe. «L'individu lambda est un cloaque...» Shanghai. Nous sommes allés sur Nanjing Lu pour rencontrer les danseurs, M. Zhang et Xie. M. Zhang avait une obsession : que la musique soit rapide. Alors que M. Zhang a soixante-douze ans ! M. Cho avait l’impression d’halluciner. Il ne cessait de répéter : «C’est toute une aventure, c’est toute une aventure !» Je crois que, s’il existe une expression pour qualifier tout ça, c’est bien celle-ci : une aventure hallucinante. Organisé par l’ANRAT (Association National de Recherche et d'Action Théâtrale) et l’association IDEA (International Drama/theatre and Education Association) Paris 2013, le huitième congrès international de l’éducation artistique aux arts de la scène s'est tenu à l'Odéon-Théâtre de l'Europe du 8 au 12 juillet 2013. Il a été inauguré en présence de Mesdames les ministres Aurélie Filippetti et George PauLangevin, de Madame Catherine Tasca, présidente du congrès, et d’Emmanuel Demarcy-Mota, président de l’ANRAT. De nombreux créateurs confirmés ont tenu à marquer par leur participation combien les questions de transmission et d'éducation leur tiennent à cœur. 1200 participants présents, 272 présentations de travaux de recherches ou d'expériences menés dans une bonne cinquantaine de pays, 7 conférences plénières, 5 tables rondes et près d'une centaine d'ateliers artistiques répartis sur cinq journées... La qualité des interventions et des débats pièce porte nécessairement l’empreinte de la politique. Mais si ce n’était qu’une pièce politique, elle serait très, très pauvre. Dans le fond, j’essaie de parler de la condition humaine, de la façon dont les totalitarismes exploitent ce qu’il y a de plus bas dans la nature humaine pour parvenir à leurs fins. Je parle de la façon dont cette bassesse ordinaire menace et anéantit le monde de l’expression, en usant de diverses formes de moquerie, d’ignorance et d’humiliation. Je parle de la façon dont cette bassesse se loge ordinairement à l’intérieur de nous tous. L’individu lambda est un cloaque qui ne peut être nettoyé. Propos recueillis et traduits par Christilla Vasserot (source : http://www.festival-avignon. com/fr/Spectacle/3479) confirme l'impression que suggèrent ces chiffres : le huitième congrès IDEA 2013 aura rarement porté aussi bien son nom. Usages nouveaux de la vidéo, importance de l'éducation dite «inclusive», dynamisme exemplaire de l'édition théâtrale et artistique pour la jeunesse... Résumer les domaines abordés tient évidemment de la gageure. Après coup, on peut cependant tenter de distinguer quelques points forts. Au cours d'une «journée inaugurale des doctorants», plus de 60 jeunes chercheurs venus des cinq continents ont pu exposer leurs projets de thèse sur l’éducation artistique. La conférence d’Alain Berthoz, professeur au Collège de France, a entre autres rappelé qu'un comédien, lorsqu'il mémorise un texte, ne sollicite pas les mêmes zones du cerveau qu'un individu non praticien : en mobilisant les régions de son cortex contrôlant la motricité et la spatialité, l'acteur intègre les dimensions verbale, sen- sible, perceptive, corporelle de son activité. Denis Bretin, secrétaire général de l'Odéon-Théâtre de l'Europe, s'est appuyé sur le concept foucaldien d' «hétérotopie» pour présenter le projet de l’Odéon autour des Ateliers Berthier. En s'investissant dans un tissu urbain complexe, traversé de frontières et en pleine reconfiguration, l'institution théâtrale engage aussi les habitants à s'approprier activement leurs territoires. La présence de spectacles de jeunes du monde entier et de 40 jeunes artistes d’horizons divers ayant travaillé ensemble pendant un mois autour du congrès grâce au projet Young IDEA a bien fait voir que ce congrès-là n'était pas comme les autres. Avec le collectif CANOPEEA, ils ont inventé un projet participatif pour les congressistes. Dan Baron Cohen est venu du Brésil pour parler de la place qu’occupent les jeunes pratiquant le théâtre et la danse dans les communautés défavorisées. Les langues occuperont une place absolument centrale dans le métissage culturel et artistique du nouveau siècle. En ce domaine, les liens entre Culture et éducation nationale restent à renforcer et à développer. Les expériences se multiplient et confirment, si besoin était, la belle vitalité de l’art théâtral, toujours si nécessairement hybride. Les principales interventions sont disponibles sur les sites du congrès (www. ideaparis2013) ou visibles sur Dailymotion via le site de l'Odéon-Théâtre de l'Europe (www.theatre-odeon.eu/fr), où l'on trouvera également une version plus développée du présent compte-rendu. © Alain Richard e uvr l'œ e d ler. l rtir pa er Mü e, n à h s n i ü a e b li lks mé d'H Vo Ca le et a x l e l u i n de e a ata scè pe am es B en ou D r e g t e is n or c la ,m is u Ge ave il ]. ça s de rén n o n i a N e r rl le n f ext Be So ars e e des t de [Le eL é t r d e n c t ie nn ns] orf s, e rev So mo ast as fil Py Die C Dé r [ k e e m n livi acl ran Du ne : F ndre : O pect mo 2 2 ä 1 1 s D 20 lexa 20 son 0 : 201 d'A et . ier me r e st sO ma o Th e âtr hé T on dé l'O Devenez mécène de l’Odéon d e. rop Eu ' l e tu ver ou . n e z ne jue de scè Aran ur e n t c t e von ire me ge éd dy n ta m n m o ne no ö cB Lu ie sch est : y d 2 D 1 n o 20 vec cB a re : Lu mb ndke e 2 t 1 a p 0 2 Se ter H rs Ma Pe e ed sa p e ièr rem n so sai r Le Cercle de l'Odéon rassemble tous les passionnés de théâtre, spectateurs et entreprises*, qui désirent se retrouver autour d'un des foyers majeurs de la création européenne. Chaque saison le Cercle participe au financement de quatre spectacles phares de la programmation, autour desquels sont proposées des rencontres et des soirées en présence des équipes artistiques. L'Odéon remercie l'ensemble des membres du Cercle pour leur soutien à la création théâtrale. Hervé Digne est président du Cercle de l'Odéon. C E R C LE D E L’ Information et contact Pauline Rouer 01 44 85 40 19 [email protected] Sindo Puche et Fabián Augusto Gómez Bohórquez © Nurith Wagner-Strauss *Les dons versés à l’Odéon donnent droit à une déduction fiscale. © Jacob Khrist 18 19 avantages abonnés Des propositions ponctuelles élaborées en complicité avec les partenaires culturels de l'Odéon-Théâtre de l'Europe Invitations (nombre de places restreint) Tarifs préférentiels Théâtre National de Chaillot La maison rouge «LA DOUBLE MORT DE L’HORLOGER» ÖDÖN VON HORVÁTH / ANDRÉ ENGEL EXPOSITION «THÉÂTRE DU MONDE» Collection de David Walsh du 17 octobre au 9 novembre à 20h30 Deux pièces, Meurtres dans la rue des maures (1923) et L’Inconnue de la Seine (1933), à la troublante gémellité – toutes deux relatent la mort violente d’un horloger – qu’André Engel monte sous forme de diptyque crépusculaire qui n’aurait rien à envier à certains romans noirs. Avec Jérôme Kircher, Yann Collette, Evelyne Didi, Tom Novembre, Julie-Marie Parmentier, Natacha Régnier… jeudi 28 novembre à 19h30 David Walsh est le fondateur du MONA (Museum of Old and New Art) en Tasmanie. «Théâtre du Monde» établit des relations de forme ou de sens en harmonie ou en contrepoint entre ces œuvres provenant d’horizons différents. Sont ainsi mises au jour des correspondances inattendues, dévoilées à travers une série de thématiques telles que le regard, le corps, le double ou la guerre. > Tarifs préférentiels 25€ (au lieu de 33€) pour les abonnés de l'Odéon en réservant avec le code «Odéon» au 01 53 65 30 00 > Théâtre National de Chaillot – 1 place du Trocadéro, Paris 16e > Réservation au 01 44 85 41 17 / [email protected] > La maison rouge – 10 boulevard de la Bastille, Paris 12e BnF Exposition «LA CHAMBRE DE SUBLIMATION. DESSINS DE MATTHEW BARNEY» jeudi 7 novembre à 10h Né en 1967 à San Francisco, Matthew Barney est actuellement l’un des artistes américains les plus marquants de l’art contemporain. Connu à ses débuts pour ses spectaculaires performances alliant le sport et l’art, il atteint une notoriété internationale avec son cycle de films CREMASTER (1994-2002). L’exposition présente environ 80 dessins, œuvres intimistes, méditatives et solitaires de petit format, combinant des techniques traditionnelles et des matériaux inhabituels. > Réservation au 01 44 85 41 17 / [email protected] > Site François Mitterrand / Galerie François Ier, quai François Mauriac, Paris 13e jeudi 28 novembre à 20h à l'occasion de l'exposition Allegro Barbaro. Béla Bartók et la modernité hongroise (15 octobre – 5 janvier), l'auditorium propose l'intégrale du corpus des six quatuors à cordes, interprétés par six formations appartenant à des générations différentes. Béla Bartók : Quatuor pour cordes, Sz 114, n° 6 Ernö Dohnányi – Johannes Brahms > Tarifs préférentiels 19€ (au lieu de 25€) pour les abonnés de l'Odéon avec l'accès gratuit à l’exposition Allegro Barbaro le jour même. Réservation au 01 53 63 04 63 jusqu’au 18 novembre. > Musée d’Orsay – 1 rue de la Légion d'Honneur, Paris 7e répétition générale : «MY FAIR LADY» lundi 2 décembre à 20h En 2010, le public du Châtelet était tombé sous le charme d’Eliza Doolittle, la petite fleuriste de Covent Garden, dans la mise en scène imaginée par Robert Carsen pour ce chef-d’œuvre de Lerner & Loewe tiré de la pièce Pygmalion de George Bernard Shaw. Les fêtes de fin d’année offriront l’occasion de retrouver la jeune femme, essayant d’acquérir l’accent et les manières de l’aristocratie anglaise, que le professeur Higgins tente de lui inculquer à la suite d’un pari avec son vieil ami le colonel Pickering. > Réservation au 01 44 85 41 17 / [email protected] > Théâtre du Châtelet, 1 place du Châtelet, Paris 1er Orchestre de Paris VISITE DES ATELIERS BERTHIER jeudi 14 novembre à 14h30 Entrepôt de décors de spectacle construit en 1895 par Charles Garnier pour l'Opéra de Paris, la salle des Ateliers Berthier a été transformée en édifice public en 2003, pour servir de salle provisoire à l'Odéon durant les travaux de sa salle historique. En 2005, ils sont devenus la deuxième salle de l'Odéon-Théâtre de l'Europe. Visite également des ateliers de construction de décors. > Réservation au 01 44 85 41 17 / [email protected] > Ateliers Berthier – 1 rue André Suarès, Paris 17e Les Concerts de Radio France répétition générale : kurt Weill vendredi 15 novembre à 9h45 Avec l'Orchestre Philharmonique de Radio France. Kurt Weill est célèbre pour avoir composé, avec le dramaturge Bertolt Brecht, des ouvrages à tiers chemin de l’opéra, de l’opérette et de la comédie musicale. Mais si le style canaille lui est familier, Weill sait aussi composer avec délicatesse pour la voix. Concert dirigé par H. K. Gruber avec Anne Sofie von Otter. > Réservation au 01 44 85 41 17 / [email protected] > Salle Pleyel – 252 rue du faubourg Saint-Honoré, Paris 8e Jeu de Paume exposition «ERWIN BLUMENFELD (1897-1969)» mardi 19 novembre à 18h30 Exposition consacrée aux multiples facettes du travail d'Erwin Blumenfeld (photographies, dessins et photomontages). Elle rassemble au travers de 200 œuvres les différents arts visuels pratiqués par l'artiste tout au long de sa vie. Les motifs, devenus classiques, de ses photographies expérimentales en noir et blanc, y côtoient ses multiples autoportraits et portraits de personnalités connues ou inconnues, ainsi que la photographie de mode et publicitaire. > Réservation au 01 44 85 41 17 / [email protected] > Jeu de Paume – 1 place de la Concorde, Paris 8e la bonne âme du se-tchouan theatre-odeon.eu mercredi 9 octobre guichet / téléphone mercredi 9 octobre la bonne âme du se-tchouan 19 - 20 décembre 2013 Valence, Comédie de Valence du 7 au 12 janvier 2014 Châtenay-Malabry, Théâtre Firmin Gémier - La Piscine 16 - 17 janvier 2014 Compiègne, Espace Jean Legendre - Théâtre de Compiègne 23 - 24 janvier 2014 Toulon, Théâtre Liberté du 29 janvier au 1er février 2014 Marseille, La Criée - Théâtre National de Marseille 6 - 7 février 2014 Châteauroux, L'Équinoxe - Scène Nationale du 13 au 15 février 2014 Alés, Le Cratère - Scène Nationale d'Alès du 19 février au 2 mars 2014 Lyon, Théâtre de la Croix-Rousse 5 et 7 avril 2014 Tremblay-en-France, Théâtre Louis Aragon Todo el cielo sobre la tierra (El síndrome de Wendy) theatre-odeon.eu mercredi 23 octobre guichet / téléphone mercredi 30 octobre les bibliothèques de l'odéon Vous pouvez d'ores et déjà réserver pour l'ensemble de la saison Concerts «Quatuor Prážak» «Lecture on Nothing» de John Cage / par robert wilson Odéon-Théâtre de l'Europe Tournée Musée d'Orsay Auditorium du Louvre > Réservation au 01 44 85 41 17 / [email protected] > Auditorium du Louvre – Musée du Louvre, Paris 1er Accès par la pyramide ou la galerie Carrousel Ouvertures de location tout public 01 44 85 40 40 – theatre-odeon.eu Théâtre du Châtelet mardi 12 novembre à 20h En interprétant lui-même la «Conférence sur rien» donnée par le compositeur en 1949 à New York, Robert Wilson rend hommage à «quelque chose de radicalement nouveau, un mode de pensée totalement différent, une forme de liberté totale». Il s’empare de ce manifeste poétique – composé plus qu’écrit – en faisant preuve d’une merveilleuse fidélité au sens de l’humour et de la dérision de John Cage. En lien avec «Le Louvre invite Robert Wilson» jusqu’au 17 février au Musée du Louvre. Acheter et réserver ses places Concert «Soirée brésilienne» mercredi 4 et jeudi 5 décembre à 20h L’Orchestre de Paris, dirigé par Kristjan Järvi, s’immergera au Brésil, avec le guitariste Yamandú Costa et l'accordéoniste Alessandro Kramer. Une pure bouffée de chaleur juste avant Noël ! > Tarifs préférentiels : 42€ au lieu de 60€ (cat.1), 31,50€ au lieu de 45€ (cat.2), 23,80€ au lieu de 34€ (cat.3), 15,40€ au lieu de 22€ (cat.4) en réservant avec le code «ODEON» au 01 56 35 12 12 > L'Orchestre de Paris à la Salle Pleyel – 252 rue du Faubourg Saint-Honoré, Paris 8e vendredi 13 décembre à 20h30 Rire de la musique, rire en musique. La musique sérieuse ne l’a pas toujours été : Haydn, Rossini, Satie ont montré qu’on pouvait rire en musique. Plus nombreux sont les irrévérencieux qui ont ri de la musique, surtout quand elle tend au sublime comme celle de Wagner. Florilège de ce joyeux jeu de massacre avec Jean Yanne, Victor Borge, Gérard Hoffnung, Danny Kaye, les Monty Python… Pépites visuelles, interviews, clips et concert live sont au programme ! > Réservation au 01 44 85 41 17 / [email protected] > Auditorium du Louvre – Musée du Louvre, Paris 1er Accès par la pyramide, le passage Richelieu ou la galerie Carrousel Dans le cas où vous n’auriez pas choisi de date, merci de contacter le service abonnement pour réserver votre place et vérifier la disponibilité sur la date que vous souhaiteriez au plus tard quinze jours avant la première du spectacle. à l’issue de cette réservation téléphonique, retournez votre contremarque. novembre e Grande salle / Salon Roger Blin 6 Berthier 17e mer 6 Fantômes en littérature / Dracula 18h jeu7 La Bonne âme... 20h ven8 La Bonne âme... 20h Concert Ahmad Jamal 20h sam9 La Bonne âme... 20hConcert Ahmad Jamal 20h dim10 La Bonne âme... 15h lun11 mar12 La Bonne âme... 20h Les 30 ans de l'Odéon-Théâtre de l'Europe (p.10-11) mer13 La Bonne âme... 20h jeu14 La Bonne âme... 20h Amour et désamour... / Voir, ne pas voir 18h ven15 La Bonne âme... 20h sam16 La Bonne âme... 20h Contes de toujours / Peter Pan 15h dim17 La Bonne âme... 15h lun18 mar19 La Bonne âme... 20h mer 20 Todo el cielo sobre la tierra 20h La Bonne âme... 20h jeu 21 Todo el cielo sobre la tierra 20h La Bonne âme... 20h Repenser l'humanisme / Au delà de l'homme 18h ven 22 Todo el cielo sobre la tierra 20h La Bonne âme... 20h sam 23 Todo el cielo sobre la tierra 20h La Bonne âme... 20h dim 24 Todo el cielo sobre la tierra 15h La Bonne âme... 15h lun 25 Exils / F. Scott Fitzgerald / Julie Wolkenstein 20h mar 26 Todo el cielo sobre la tierra 20h La Bonne âme... 20h mer 27 Todo el cielo sobre la tierra 20h La Bonne âme... 20h jeu 28 Todo el cielo sobre la tierra 20h La Bonne âme... 20h ven 29 Todo el cielo sobre la tierra 20h La Bonne âme... 20h sam 30 Todo el cielo sobre la tierra 20h La Bonne âme... 20h Odeon 6 e Vous avez la possibilité de réserver des places supplémentaires aux dates d’ouvertures de location de chaque spectacle. Vous bénéficiez d’un tarif réduit pour Les Bibliothèques de l’Odéon, en grande salle Ligne réservée aux abonnés 01 44 85 40 38 Représentations la bonne âme du se-tchouan du mardi au samedi à 20h, le dimanche à 15h, relâche le lundi décembre Todo el cielo sobre la tierra (El síndrome de Wendy) du mardi au samedi à 20h, le dimanche à 15h, relâche le lundi Odeon 6 e dim 1 Todo el cielo sobre la tierra 15h lun2 mar3 mer4 jeu5 ven6 sam7 dim8 lun9 mar10 mer11 jeu12 ven13 sam14 dim15 CONCERT AHMAD JAMAL vendredi 8 et samedi 9 novembre à 20h Tarifs Berthier 17e La Bonne âme... 15h* Grande salle / Salon Roger Blin 6e La Bonne âme... 20h La Bonne âme... 20h Fantômes... / Le Fantôme de Canterville 18h La Bonne âme... 20h Repenser... / Humaniser la mondialisation 18h La Bonne âme... 20h La Bonne âme... 20h La Bonne âme... 15h* Exils / James Joyce / Yannick Haenel 20h La Bonne âme... 20h La Bonne âme... 20h La Bonne âme... 20h Amour et désamour... / Respirer ailleurs 18h La Bonne âme... 20h La Bonne âme... 20h La Bonne âme... 15h *Représentations en audio description Réservation [email protected] / 01 44 85 40 47 Tarifs hors abonnement Théâtre de l’Odéon série 1 série 2 série 3 Bibliothèques de l’Odéon série 4Grande salleRoger Blin Ateliers Berthier série unique Plein tarif36 € 26 € 16 € 12 € 10 € 6€ 8 € 6 € 6 € — Moins de 26 ans, étudiant, bénéficiaire du RSA*18 € 13 € 8 € 6 € 6 € — Public en situation de handicap*18 € 13 € 6 € 6 € — Demandeur d’emploi*20 € 16 € 10 € 6 € 6 € — 6 € — Élève d’école de théâtre* (2h avant la représentation) 6 € ———6 € — — Lever de rideau (2h avant la représentation) ———— — — Pass 17* (dates spécifiques)** 30 € 15 € 15 € 20 € 6€ — 15 € *Justificatif indispensable **La Bonne âme du Se-Tchouan : samedi 16 novembre à 20h dimanche 15 décembre à 15h Tarif exceptionnel — Concert Ahmad Jamal90 € CARTE LES BIBLIOTHÈQUES DE L'ODÉON Carte 10 entrées 50€ / À utiliser librement ; 1 ou plusieurs places lors de la même manifestation. 6 - 7 décembre 2013 Le-Parvis Scène Nationale Tarbes Pyrénées Tarbes - France 13 - 14 décembre 2013 deSingel Internationale Kunstcampus Antwerp - Belgium Calendrier ABONNÉs Auditorium du Louvre Clip & Clap Une exploration de la musique à l’écran et en live Todo el cielo sobre la tierra (El síndrome de Wendy) 70 € 50 € 30 € — — — 13/14 20 septembre – 19 octobre / Odéon 6 e 14 Au monde Joël Pommerat 18 septembre – 19 octobre / Odéon 6e Les Marchands Joël Pommerat 20 – 26 septembre / Berthier 17 e Die gelbe Tapete Le Papier peint jaune Charlotte Perkins Gilman / Katie Mitchell e 4 – 13 octobre / Berthier 17 Die Bitteren tränen der Petra von Kant Les Larmes amères de Petra von Kant Rainer Werner Fassbinder / Martin Kušej u 3 201 nd tio éa r :C in d art M x Pri eL ar ep ich b a S ter Pe n. tei e le d ubü vel cha u o la S en un s de s n è pr édie d'a te com e ap es eT cd elb , ave g Die man nte s Gil e s n pré erki P ell tch lotte i M ar h tie Ka ine C : 3 a 1 c 20 éri l'am e ed hn . rlin Be 7 novembre – 15 décembre / Berthier 17 e La Bonne Âme du Se-Tchouan Bertolt Brecht / Jean Bellorini 20 novembre – 1er décembre / Odéon 6e Todo el cielo sobre la tierra (El síndrome de Wendy) Tout le ciel au-dessus de la terre (Le syndrome de Wendy) Angélica Liddell 8 janvier – 1er février / Berthier 17 e Anton Tchekhov / Benjamin Porée Archives 16 janvier – 23 mars / Odéon 6e www.theatre-odeon.eu/fr/memoire-du-theatre Les Fausses Confidences Marivaux / Luc Bondy création 14 mars – 1er juin / Berthier 17 e Comme il vous plaira William Shakespeare / Patrice Chéreau création 4 – 30 avril / Berthier 17 e Une année sans été Catherine Anne / Joël Pommerat 7 mai – 28 juin / Odéon 6e Cyrano de Bergerac Edmond Rostand / Dominique Pitoiset septembre 2013 – juin 2014 LES BIBLIOTHÈQUES DE L’ODÉON rencontres littéraires et philosophiques Ils sont mécènes de la saison 2013-2014 Renseignements et location Par téléphone 01 44 85 40 40 du lundi au samedi de 11h à 18h30 Par internet theatre-odeon.eu ; fnac.com ; theatreonline.com Au guichet du Théâtre de l’Odéon du lundi au samedi de 11h à 18h Contacts Abonnement individuel, jeune, et Carte Odéon 01 44 85 40 38 [email protected] Groupe d’adultes, amis, association, comité d’entreprise, 01 44 85 40 37 / 40 88 [email protected] Public de l'enseignement 01 44 85 40 39 [email protected] Public de proximité des Ateliers Berthier, public du champ social et public en situation de handicap 01 44 85 40 47 [email protected] Toute correspondance est à adresser à Odéon-Théâtre de l’Europe – 2 rue Corneille – 75006 Paris 30 ans de mémoire européenne L'étudiant qui collecte des informations sur la compagnie Louis Brouillard, l'amateur qui a un intérêt particulier pour la carrière théâtrale d'Isabelle Huppert, le metteur en scène qui souhaite voir les photographies des différentes mises en scène du Roi Lear, tous attendent des archives d'un théâtre qu'elles soient simples d'accès et faciles à consulter. Si la médiathèque JeanLouis Barrault de l'Odéon-Théâtre de l'Europe conserve ce type de ressources, on ne pouvait jusqu'alors les consulter qu'en s'y déplaçant. En France le ministère de la Culture soutient depuis plusieurs années la numérisation et la mise en ligne d'archives des arts du spectacle (www.numerique. culture.fr) afin qu'elles soient préservées pour l'avenir et accessibles librement au plus grand nombre et dans le monde entier. Dans ce cadre, l'OdéonThéâtre de l'Europe a obtenu en 2012 une aide financière pour numériser et mettre en ligne sur le site internet du théâtre les collections conservées dans ses murs depuis 1983. Le parti-pris a été de sélectionner des photographies pour chaque spectacle, et d'y ajouter tous les programmes et affiches, ainsi que le magazine La Lettre de l'Odéon depuis sa naissance en 1995. Tout cela est en ligne depuis l'été 2013, rubrique «mémoire du théâtre» : www.theatre-odeon.eu/fr/memoire-du-theatre. Dans la partie inférieure de la page, un menu permet de sélectionner une saison, et de rechercher ou bien parmi les spectacles ou bien parmi les lectures et rencontres. Il est désormais possible de retrouver toutes sortes d’informations en effectuant sa recherche aussi bien par nom de compagnie ou d’artiste, que par titre de spectacle. Depuis les débuts du Théâtre de l'Europe initié par son premier directeur Giorgio Strehler, ce sont ainsi trente ans d'histoire de la culture théâtrale européenne qui sont présentés au public le plus large. Cette collection sera prochainement référencée sur Europeana, une bibliothèque numérique multilingue que la Commission européenne a lancé en 2008 et où sont accessibles, via un catalogue de recherche, les fonds numérisés de près de 2000 institutions, soit plus de 15 millions de documents : images, textes, sons. Toutes les archives de l'Odéon ne sont pas en ligne ! La médiathèque Jean-Louis Barrault permet la consultation sur place de plus de 300 captations vidéos de spectacles, de revues de presse, ainsi que d'environ 8000 ouvrages imprimés consacrés au théâtre. Contact : Juliette Caron / 01 44 85 40 12 / [email protected] theatre-odeon.eu – 01 44 85 40 40 Théâtre de l’Odéon Place de l’Odéon Paris 6 e Théâtre de l’Odéon Métro Odéon RER B Luxembourg Place de l’Odéon Paris 6 e Métro Odéon RER B Luxembourg Ateliers Berthier Ateliers Berthier 1 rue André Suarès (angle du Bd Berthier) Paris 17e Métro et RER C Porte de Clichy 1 rue André Suarès (angle du Bd Berthier) Paris 17e Métro et RER C Porte de Clichy Salles accessibles aux personnes à mobilité réduite, nous prévenir impérativement au 01 44 85 40réduite, 40 accessibles aux personnes à mobilité Salles nous prévenir impérativement au 01 44 85 40 40 photo de couverture La Bonne âme du Se-Tchouan © Thierry Depagne (photo de répétition) / design Werner Jeker / Licences d’entrepreneur de spectacles 1064581 et 1064582 Platonov