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wesley Meuris dossier de PRESSE exposition le musée des futurs / wesley meuris du 13 juin au 27 août 2016 / commissariat : jill gasparina Salle des Pas Perdus Palais de Justice, Poitiers Du lundi au vendredi de 10h à 12h et de 15h à 17h Le samedi de 14h à 19h Entrée gratuite Vernissage Lundi 13 juin à 19h00 Entrée gratuite Le Musée des futurs est un musée dédié à la vulgarisation des images du futur. Il se divise en trois sections. La première est consacrée à l’histoire des images et des méthodes d’appréhension de l’avenir, de l’Antiquité à nos jours. Elle s’appuie sur un système de classification rigoureux. La seconde propose de se plonger, aujourd’hui, dans différents futurs possibles, plausibles, préférables ou souhaitables à partir d’images, de vidéos et de fac-similés. Au centre de l’espace, enfin, une grande structure vide propose au visiteur une présentation du futur, sous la forme d’une expérience spatiale, physique : le futur y est vécu comme distant, impossible à atteindre, quelque chose existant par delà un seuil qu’il n’est pas possible de franchir aisément. L’ensemble a été construit spécifiquement pour l’architecture monumentale de la Salle des Pas Perdus du Palais de Justice de Poitiers, édifiée par Aliénor d’Aquitaine au XIIème siècle. Bien entendu, le Musée des futurs est totalement fictionnel. Si l’appareillage institutionnel existe bel et bien physiquement – sous la forme de cartels, textes muraux, documents de visite, mobilier d’exposition, supports de communication au vocabulaire générique–, et conceptuellement – sous la forme de multiples jeux de classification des connaissances — le musée est en lui-même une invention de l’artiste Wesley Meuris. Il est d’ailleurs majoritairement vide, reprenant la « forme luxueuse et froide »1 qui caractérise ses productions. Les seuls contenus visibles dans l’exposition relèvent ainsi moins d’une volonté de transmission que d’une stratégie scénographique. Ils permettent d’identifier des zones, des effets de classification. Si donc par endroits des contenus viennent orienter la déambulation du spectateur, ce musée nous en apprend davantage sur les conditions génériques de monstration, l’infrastructure des musées, et le contexte construit pour les objets d’exposition, qu’il ne remplit sa fonction de vulgarisation. A moins qu’il ne pose l’affirmation suivante : l’expérience que nous faisons des musées est d’abord, et avant tout, institutionnelle et physique, et n’a rien à voir avec les contenus qu’ils archivent, classifient, et exposent. JM Poinsot, Jean-Marc Poinsot, « Wesley Meuris: FEAK: The Foundation for Exhibiting Art and Knowledge » https://critiquedart.revues.org/5456 1 2/ communiqué exposition le musée des futurs / wesley meuris du 13 juin au 27 août 2016 / commissariat : jill gasparina Wesley Meuris est sculpteur, dessinateur, graphiste, éditeur, mais c’est « l’exposition, ses formats, ses savoirs et ses institutions »2 qui sont au cœur de sa pratique. A la sortie de la formation d’Art et design à Sint-Lukas à Bruxelles, il commence à produire des séries de sculptures qui, comme l’analyse Florence Ostende, s’identifient d’emblée à des thématiques foucaldiennes : Meuris produit des sanitaires, vestiaires, piscines, cages de zoo, qui font tous, à leur manière, référence au contrôle du corps, à l’enfermement, à l’hygiénisme et aux différents ordres du discours et de la classification des savoirs. Peu à peu, son travail s’oriente néanmoins vers un ensemble de projets dont la dimension fictionnelle s’avère de plus en plus prégnante, et qui viennent explorer les conditions matérielles et conceptuelles de l’exposition. En 2010, il réalise Congo Collection à partir d’une collection privée de sculptures et objets congolais, une installation sous forme de scénographie monumentale (elle recouvre toute la surface du Centre Culturel de Knokke le Zoute qui l’invite). Meuris récrée intégralement une architecture fictionnelle, un Research Building dont il reproduit scrupuleusement chaque fonction (lieu de rendez-vous, storage, espace de restauration, centre de documentation…). Déjouant les enjeux promotionnels de l’exposition d’une collection personnelle, Congo Collection rend visible les problèmes d’authenticité de la collection, le passé colonial belge, et les risques de spéculation générés par le contexte (puisqu’exposer une collection privée risque de faire augmenter la valeur de celle-ci). Meuris choisit, par exemple, d’installer la majorité de celle-ci dans les réserves de son research building à l’inverse de ce qui se pratique habituellement. Le contexte détermine ainsi très précisément les choix scénographiques de l’artiste. En 2009, Meuris crée à la galerie Art et Essai à Rennes The World’s most Important Artists. Une longue paroi de verre coupe en deux l’espace de la galerie. Derrière celle-ci, 6 grands meubles de classements sont alignés et présentent 15 façades de tiroirs sur chaque côté. Au total 660 tiroirs référencés matérialisent un système de classification et d’archivage des pratiques artistiques. Un principe d’organisation méthodique des données est visible à travers un tableau à trois entrées correspondant aux médiums, aux thèmes d’inspiration et aux dispositions psychologiques des artistes. Il est destiné à préparer et orienter la recherche, qui est supposée se poursuivre dans l’espace dessiné par les six meubles de classements. Ce tableau est disponible pour les visiteurs sous la forme de fiches individuelles dont il suffit de cocher une case par entrée, pour obtenir une codification renvoyant à un tiroir précis situé dans l’un des meubles de classement. ² Christophe Kihm, « Wesley Meuris, la fiction comme méthode », Art press 396, janvier 2013 http://www.galeriepoggi.com/cspdocs/press/files/art_press_1.pdf 3/ communiqué exposition le musée des futurs / wesley meuris du 13 juin au 27 août 2016 / commissariat : jill gasparina Mais bien entendu, tous les tiroirs sont vides (on ne peut pas même les ouvrir). Le spectateur se trouve confronté à une monstrueuse et kafkaïenne archive vide. Avec cette exposition, Meuris assoit son principe de travail, qui consiste à associer l’approche conceptuelle des institutions (dans la lignée de la critique institutionnelle) et puissance sculpturale. En 2012, Meuris crée la FEAK, Fondation for Exhibiting Art and Knowledge à laquelle il consacre un ouvrage. Cette fondation fictive (dont l’acronyme est proche du mot «fake », qui signifie « inauthentique », « inventé »), a pour mission de promouvoir, à l’échelle globale, des expositions à la fois innovantes, créatives et accessibles à tous. A travers des plans d’exposition, des affiches, une avalanche de tableaux statistiques, Meuris réunit « les éléments caractéristiques de la forme ultime de l’industrie culturelle adaptée à l’ensemble de la planète et offrant une solution complètement intégrée de tous les services et fonctions. »3 La rigueur scientifique, surjouée, est ici renvoyée à l’ordre de la fiction. Le site de la fondation, de même, présente les apparences d’une collection organisée d’informations, mais seule la page d’accueil fonctionne réellement, et chaque tentative d’entrer dans le site conduit à l’affichage d’un message d’erreur : « Members only area ». Cette fondation fictionnelle subsume depuis lors une partie des projets de l’artiste. La pratique de Wesley Meuris peut donc être comprise comme une forme de spéculation à propos des institutions artistiques. Comme l’écrit Christophe Kihm, « l’anticipation plonge toute sa production artistique dans un régime de fonctionnement proche de la science-fiction »4. Il faut ajouter une remarque à cette analyse de l’importance de la fiction comme support d’une critique discrète mais déterminée des langages du monde de l’art par Meuris. En dépit des formes glacées que prennent ses expositions, son travail est tout entier tendu par une forme d’humour grinçant. On peut ainsi le rattacher au « conceptualisme excentrique » d’artistes comme Marcel Broodhaers comme le propose Florence Ostende, ou encore Guillaume Bijl. L’organisation cauchemardesque des objets et des données (les bibliothèques, les data centers, les centres d’archive, les musées, les sites internet, les encyclopédies…), et les projets de rationalisation qui la sous-tendent sont mis en évidence par Meuris avec une puissante ironie. Ses expositions et ses livres sont des pastiches, d’institutions, de catalogues d’artistes, d’archives. Jill Gasparina 3 Jean-Marc Poinsot, « Wesley Meuris: FEAK: The Foundation for Exhibiting Art and Knowledge » https://critiquedart.revues.org/5456 4 Christophe Kihm, « Wesley Meuris, la fiction comme méthode », Art press 396, janvier 2013 http://www.galeriepoggi.com/cspdocs/press/files/art_press_1.pdf 4/ communiqué exposition le musée des futurs / wesley meuris du 13 juin au 27 août 2016 / commissariat : jill gasparina Bibliographie : Christophe Kihm, « Wesley Meuris, la fiction comme méthode », Art press 396, janvier 2013 http://www.galeriepoggi.com/cspdocs/press/files/art_press_1.pdf Christophe Kihm, « Wesley Meuris, De l’Invisible au Prévisible», Art Press 2, n.36, 2015 https://drive.google.com/file/d/0ByLr1ymXh0GNM2FTTkxSRWdmMlE/view?usp=sharing Florence Ostende, Wesley Meuris, Review de l’exposition à la Galerie Annie Gentils, Ostende, Février 2013 http://bamart.be/files/TEXT_Frieze_Magazine___Shows___Wesley_Meuris.pdf « Sightseeing » http://www.wesleymeuris.be/wp-content/uploads/2014/10/Florence-Ostende_Sightseeing-F.pdf Jean-Marc Poinsot, « Wesley Meuris: FEAK: The Foundation for Exhibiting Art and Knowledge » https://critiquedart.revues.org/5456 5/ bibliographie wesley meuris / visuels The World’s most Important Artists 2009, 260 x 2400 x 1250 cm, wood, glass, 660 handels & 660 unique labels Photo: H. Beurel, Galerie Art & Essai, University Rennes, France 6/ visuels wesley meuris / visuels R-A5.QMP.5398 – Drawing, a Survey through Time 2012, 58 x 45 cm, print and water colour on paper, mounted on aluminium sheet Nuclear Power Center 2007, 70 x 87 & 27x21 cm, pencil on paper 7/ visuels wesley meuris / visuels The Office – Jeudi Geneva, Switzerland 20 March - 30 April 2015, Instructed by Wesley Meuris, Photo: Baptiste Coulon R-05.Q-IP.0001 – Casino Luxembourg forum d’art Contemporain Solo exhibition, 12 May - 2 September 2012, Curator: Kevin Muhlen, Photo: H. Beurel 8/ visuels wesley meuris / visuels Congo Collection, Research Building – Cultural Centre Knokke-Heist, Belgium Scenographic intervention with privat collection , 31 Oktober 2010 - 16 January 2011, Photo: C.Demeter 9/ visuels wesley meuris / visuels Congo Collection, Research Building – Cultural Centre Knokke-Heist, Belgium Scenographic intervention with privat collection , 31 Oktober 2010 - 16 January 2011, Photo: C.Demeter 10/ visuels wesley meuris / visuels Entrance Kit for Candy & Nuts Shop 2008, 355 x 455 x 125 cm, wood, glass and labels, photo: C. Demeter Cage for Pelodiscus sinensis 2006, 220 x 120 x 180 cm, wood, tiles, glass, water and light tubes 11/ visuels wesley meuris / biographie Wesley Meuris Né en 1977 (BE). Vit et travaille à Anvers en Belgique. Expositions personnelles (sélection) 2017 Grand Hornu, Boussu (BE) 2016 Enter 3: Wesley Meuris, Mu.ZEE, Oostende (BE) Le Musée des Futurs, le Confort Moderne (FR) 2015 Attached, Salon Blanc, Oostende (BE) Notes, Annie Gentils Gallery, Antwerp (BE) Foundation for Exhibiting Art & Knowledge Office, jeudijeudi, Genève (CH) Club solo, Breda (NE) 2014 En Solo, Club Solo, Breda (NE) Art Brussels, Galerie Jérôme Poggi (BE) La BF15 Art Contemporain, Lyon (FR) 2013 Sightseeing, Galerie Jérôme Poggi, Paris (FR) 2012 R-05.Q-IP.0001 - Casino Luxembourg, Forum d'art Contemporain, Luxembourg (LU) Disclosure, Mediaruimte, Brussels (BE) Collection Rooms, Constants and Variables, Gallery Annie Gentils, Antwerp (BE) 2010 C.C.C.A.I., Gallery Annie Gentils, Antwerp (BE) Research Building, Congo Collection, CC Knokke-Heist (BE) 2009 The World's most Important Artists, Galerie Art & Essai, Rennes (FR) 12/ biographie 2008 We believe in our idea that an exhibition could be fun for everyone, Gallery Annie Gentils, Antwerp (BE) 2007 Artificially Deconstructed, De Bond, Bruges (BE) 2006 Cage for Pelodiscus sinensis, Gallery Annie Gentils, Antwerp (BE) Cage for Australian night animals, Brakke Grond, Amsterdam (NL) Expositions collectives (sélection) 2016 The Promise of Total Automation, Kunsthalle Wien (AU) 2015 The Written City, City Hall, Cultuurcentrum Brugge, Bruges (BE) Museum of Unconditional Surrender, Tent, Rotterdam (NL) Vormidable, Museum Beelden aan Zee, La Haye (NL) (on)voltooid verleden tijd, Université de Liège (BE) 2014 Another Dream, Another Sense, Another Mind, University Library, Leuven (BE) HISTeRICAL MATERIALISM, Galerie Jérôme Poggi, Paris (FR) Museum to Scale, Kunsthal Rotterdam, Rotterdam (NL) - Artis-Naples, Floride (US) Grenzen/Loos, Emergent, Veurne (BE) 2013 Museum to Scale, Royal Museum of Fine Art of Belgium, Bruxelles (BE) La Tyrannie des Objets, Reflexion & Imagination, Online Biennale cur. Jan Hoet wesley meuris / biographie Rêves d'Architecture, Espace de l'Art Concret Mouans Sarthoux (FR) N-16 Route-Public shelters for private experience, Mechelen (BE) Les Nouvelles Folies Françaises, Domaine de Saint Germain en Laye (FR) The Mind of the Artist, Gallery Ronny Van de Velde, Knokke (BE) Dreaming of the South, Gallery Marion de Canniere, Antwerp (BE) How High the Moon, Galerie Jérôme Poggi, Paris (FR) 2012 Between Memory and Representation, De Bond, Brugge (BE) Façades, Be-part, Waregem (BE) Unexpressive, De Ketelfactory, Schiedam (NL) 2011 Tender Buttons, University Ghent (BE) 2010 Crossover, Royal Academy, Brussels (BE) The Power of Drawing, Geukens & Devil Gallery, Antwerp (BE) Horizon / Exhibition Models, De Bond, Brugge (BE) ABC, Art Belge Contemporain, Le Fresnoy, Tourcoing (FR) Coup de Ville, City Project, Sint-Niklaas (BE) Ceusta 10, City Project, Tielt (BE) Disturbed Silence, Psychiatric Center Duffel (BE) Sun-Light, City project, Nieuwpoort (BE) New Monuments, Middelheim Sculpture Park, Antwerp (BE) Methamorphosis III, San Gimignano (IT) Out of Control, MAMAC, Liege (BE) Animism, M HKA, Antwerp (BE) 2008 Repliceer..., University Ghent (BE) 13/ biographie Amusez-vous, Gallery Koal, Berlin (DE) Art-itectuur, Maagdendalekapel, Oudenaarde (BE) Scope Artfair, Special Projects, Basel (CH) ARTchitectuur, Monumental, Bornem (BE) 2007 Metamorfose, Museo Abello, Mollet del Vallés, Barcelona (ES) Status Questionis, Gallery Annie Gentils, Antwerp (BE) Strong Art-Research, Existentie, Ghent (BE) Metamorfose, L.A.C., Sigean (FR) House Trip, Art-Forum, Berlin (DE) European Forum for Emerging Creation, Casino Luxembourg (LU) Kunst & Wunderkammern, CC KnokkeHeist (BE) Silent Revolutions, Kruidtuin, Leuven (BE) Art cologne, New Talents 2007, Cologne (DE) Home is where the heart is, De Voorkamer, Lier (BE) Actionfields, Brussels (BE) Pulse, Art-fair, New York (US) Artefact-festival, STUK, Leuven (BE) 2006 Provinciale Prijs Beeldende Kunst, Antwerp (BE) ArtCologne, Open Space, Cologne, Germany (DE) Traurig sicher, im Training, Graz, Austria (AT) Freestate, Oostende (BE) Art Brussels, Gallery Annie Gentils (BE) The collection, S.M.A.K., Ghent (BE) wesley meuris / biographie Presse Nathalie Desmet, "Wesley Meuris, Sightseeing", ESSE, Hiver 2014 "On Memento", Brand Magazine, China Pieter Vermeulen, "Sheer Exhibitionism, A conversation with Wesley Meris", DAMn° 46 "Public Places for Private Experience", Route N16 Catalogue APE#028 Christophe Kihm, "Wesley Meuris-La Fiction comme Méthode", ArtPress 396 "On Memento", Architecture and Culture Magazine, Korea "Zoo-topia", Ballassi Institute London "Kunst wordt terug" Kunst magazine nr 3 Susanna Davies-Crook, "The inside-Inside", Sleek Magazine Bernard Marcelis, "Wesley Meuris -R05-QIP-0001", ArtPress 391 Sam Stererlynck, "Het Museum als ervaringsmachine", (H)Art 98 Eva Heisler, "Wesley Meuris – The form of Cativity", Art Fag City (online) Lucette ter Borg, "Unexpressive", NRC Handelsblad, november 2012 Jesse van Winden, Metropolis M (online) August 2012 Jean-Marc Poinsot, "Wesley Meuris: FEAK: The Foundation for Exhibiting Art and Knowledge", Critique d'art, December 2012 Matilde Casaglia, "Wesley Meuris – Casino Luxembourg", Positive Magazine, May Florence Ostende, Frieze (online) February 2013 Els Fiers, "Het Model Meuris", Knack Focus Anselm Franke, Animism Volume 1, SternbergPress Frank Maes, "Nieuwe Monumenten", Ludion "Disturbed Silence", Psychiatriche Centrum Duffel Stef Van Bellingen, Coup de Ville, Lannoo, Michel Dewilde, "Metamorphhosis", Comune San Gimignano Alexander Mayhew,Tubelight, Sam Steverlinck, Kunstbeeld ABC show, ArtPress 19, Le Vif, Expo décryptée Publications 2012 'Foundation for Exhibiting Art and Knowledge', Casino Luxembourg, Luxembourg 2010 'C.C.C.A.I.', Galerie Art & Essai, Rennes and Gallery Annie Gentils, Antwerpen 2007 'Artificially Deconstructed', Wesley Meuris & Gallery Annie Gentils, Antwerpen 2006 'Zoological Classification', Wesley Meuris & Gallery Annie Gentils 14/ biographie textes / wesley meuris « Sightseeing », Florence Ostende, 2013 http://www.wesleymeuris.be/wp-content/uploads/2014/10/Florence-Ostende_Sightseeing-F.pdf Dans son atelier anversois, Wesley Meuris conçoit et fabrique des sculptures à partir de formes génériques, à la croisée de l'architecture, du design et de la scénographie d'exposition. Le bois, les carreaux de céramique et le verre sont ses matériaux de prédilection. Ses couleurs? Franches, neutres et froides : vert de gris, tourterelle, beige saumon, coquille d'œuf. Formé à l'école d'art et de design Sint-Lukas à Bruxelles, il commence par construire des sanitaires, des vestiaires, des piscines et des bassins olympiques. Puis son répertoire s'élargit avec des cages de zoo, du mobilier d'archives et des vitrines de musée. Ses réalisations à échelle 1/1 se confondent souvent avec l'espace environnant, elles piègent un instant le visiteur qui les prend pour des répliques d'objets existants. Mais les formes sont creuses, les vitrines et les cages sont vides, les tiroirs impossibles à ouvrir. Jusqu'à présent, les structures auxquelles l'artiste faisait référence étaient formellement reconnaissables et s'identifiaient pour la plupart à des thématiques foucaldiennes (normes d'hygiène, discipline du corps, organisation du savoir, industries du divertissement). Dans le nouvel ensemble d'œuvres produites pour l'exposition Sightseeing, il n'en est rien. Bien qu'elles suscitent un sentiment de familiarité, ces sculptures n'appartiennent à aucune typologie connue. Leur apparence extérieure ne se réfère à rien de nommable et pourtant, ces pièces sont le résultat d'un croisement de principes constructifs dérivés du vocabulaire architectural et scénographique : corniche, cimaise, colonne, vitrine, socle, barrière. Ainsi, au lieu de produire des formes à la fois modulaires et « supergénériques » dans la droite lignée moderniste, la somme de ces canons du bâti engendre une synthèse qui résiste à l'homogénéité qui la prédétermine. Comment l’accumulation de structures stéréotypées peut-elle engendrer des formes singulières ? Autrement dit, comment Meuris parvient-il à déjouer la norme alors que celle-ci est le matériau de base de son travail ? Pour commencer et contre toute attente, le travail de Meuris se caractérise par la construction manuelle, voire artisanale, de sculptures qu’il réalise entièrement lui-même, sans emprunter d’éléments existants : « J’ai besoin de fabriquer ces objets pour pouvoir parler de leur réalité, sans intermédiaire. »1 Après ses études en art, l'artiste entreprend une formation de menuisier dans une compagnie de bâtiments préfabriqués dans laquelle il apprend à maîtriser ingénierie technique, stratégies de management et dessin industriel. À la fois maître d’œuvre et maître d’ouvrage, il est l’auteur, le technicien et le fabricant de tous les schémas, plans techniques et volumes exploités dans son travail, de la découpe jusqu’à la mise en espace. Si la rencontre physique du spectateur avec ces structures normatives est au cœur de sa production, le travail de Meuris s’est parallèlement orienté vers une pratique plus conceptuelle en élaborant un ensemble de systèmes de classification et d'archivage, en légende de ses sculptures, dessins, plans, affiches et livres d'artistes. (…) En 2009, l'archive The World’s Most Important Artists témoigne d’un intérêt croissant pour les mécanismes sociologiques et économiques inhérents au monde de l’art. Elle met à disposition un index encyclopédique qui permet de trouver les artistes « les plus importants du monde » en croisant des critères de recherche par discipline et par sujet, en fonction de leur condition mentale (intelligence, dyslexie, dépression, conscience créative, schizophrénie, etc). L'index imprimé mis à disposition du visiteur comporte des codes et des catégories qui orientent sa déambulation parmi les centaines de tiroirs étiquetés en façade de meubles d'archives, construits comme des coquilles vides. À l’occasion de son exposition R-05.Q-IP.0001 au Casino du Luxembourg en 2012, Meuris prolonge cette recherche avec la création de la fondation FEAK (Foundation for Exhibiting Art and Knowledge), dont la mission est de collectionner, prêter et diffuser non pas des œuvres mais des expositions « extraordinaires », « innovantes » et « créatives ». Les adjectifs mélioratifs disséminés avec parcimonie et malice dans l’ouvrage consacré à FEAK2 neutralisent la rigueur des sources scientifiques et théoriques. Les entretiens avec chercheurs et historiens de l’exposition tentent de légitimer les diagrammes, tableaux et publicités apologétiques d’expositions, foires, biennales, revues et séminaires sponsorisés par la fondation. Si dans un premier temps l'archive donne l'impression de « remplir » le mutisme vacant de ses constructions, celle-ci est 15/ Textes textes / wesley meuris « Sightseeing », Florence Ostende, 2013 http://www.wesleymeuris.be/wp-content/uploads/2014/10/Florence-Ostende_Sightseeing-F.pdf en réalité aussi vide que ses bassins à pingouin et façades de magasins : une structure mentale sans données, sans contenu, sans matière. Les index, plans et documents publicitaires incarnent la surface « médiatique » de ses sculptures révélant ainsi la valeur inestimable de notre siècle, au-delà de toute spéculation financière : l'information. Depuis quelques années, Meuris mène une recherche approfondie sur les moyens de transmission du savoir dans les musées. Il a élaboré plusieurs typologies de mobilier d’exposition qui reprennent les dispositifs scénographiques des grands musées et manifestations de masse héritées des expositions universelles du XIXe siècle. « Exposer l’art, c’est créer une situation d'accrochage qui n'est jamais un geste pur. Mon but n’est pas de montrer le contenu mais le contexte et la structure qui l’exposent, »3 précise Meuris dans la droite lignée de l’adage conceptuel de Michael Asher « context as content ». Il en résulte une série de vitrines et de caissons, exposés tels quels, vidés de leur contenu, destinés à comparer, opposer, isoler ou confronter des objets d'art. Compare two magnificent pieces of the collection (2012) et Story of a Unique Exhibition (2012) matérialisent la transmission dogmatique d’un pseudo-savoir scientifique qui s’expose sans hypothèse de recherche, ni volonté d'expérimentation. Dans le cadre de la fondation FEAK, Meuris a reproduit les plans au sol d'espaces architecturaux qui représentent chacun une typologie d'exposition différente : musée des cultures anciennes, mosquée, jardin de sculptures, hôpital, serre, foire d’art contemporain et auditorium. Cette série de dessins techniques, une fois imprimée en grand format sur fond noir et dans un même style graphique, révèle le dénominateur commun de ces bâtiments publics, qu’ils soient culturels, civils ou religieux. Conçus pour réguler notre perception et nos comportements, ces espaces d’ « exhibition » exaltent la mise à vue à travers des volumes symétriques et des proportions stratégiques héritées du rationalisme et du fonctionnalisme architectural. Galerie commerciale, théâtre, grand hall d’exposition, la série ne cesse de s’enrichir mettant à jour les tactiques communes au divertissement de masse et à la transmission des savoirs. Les affiches produites en 2012 par la fondation FEAK annoncent divers événements comme « The Great White Journey », la première Biennale de l’Antartique, ou l’ « Exclusive Art Fair », une publicité de foire d’art contemporain dans un hangar industriel. « Highlights from the nocturnal world » et « Acquired Taste » proposent des formules combinées avec visites touristiques en forêt et dégustation de cocktails aux fruits. Admission Tickets, (2012) est une série de tickets d’entrée de musée qui reprend les poncifs de la communication visuelle et verbale des expositions blockbuster. Composés à partir d’éléments existants, ces supports de communication sont le résultat de stratégies commerciales qui exacerbent la mise à vue des œuvres. (…) Entretien avec Wesley Meuris, mai 2012. Voir la publication Feak : The Foundation for Exibiting Art & Knowledge, ed. Wesley Meuris, Artist Books Limited, 2012. 3 Ibid 1 2 16/ Textes textes / wesley meuris FEAK, « Mission Statement », in Feak : The Foundation for Exibiting Art & knowledge, ed. Wesley Meuris, Artist Books Limited, 2012 17/ Textes textes / wesley meuris Interview de Wesley Meuris et Michel Dewilde par Kim Gorus In Christophe Kihm, « Wesley Meuris, De l’Invisible au Prévisible », Art Press 2, n.36, 2015 https://drive.google.com/file/d/0ByLr1ymXh0GNM2FTTkxSRWdmMlE/view?usp=sharing Kim Gorus : Wesley, comment est née la FEAK ? Wesley Meuris : Plusieurs de mes projets se concentrent sur le contexte construit pour les objets d’exposition. J’analyse l’architecture et l’infrastructure d’institutions qui montrent, archivent, conservent et font usage d’artefacts et de toutes sortes d’objets liés à l’art. Je n’arrive pas à me déprendre de ce champ de tension tangible et visible entre, d’une part, l’impératif scientifique et, d’autre part, une présentation visuelle attrayante ; entre la collection en tant que patrimoine et le désir de renouvellement ; entre le contrôle politique et la liberté artistique ; entre l’apport économique et le rendement public ; la liste est longue. Une remarquable complexité apparaît pleinement à l’intersection de ces divers motifs et stratégies, à un moment où la perception jusqu’alors sous contrôle peut trouver une nouvelle orientation. Les objectifs et les stratégies ne sont soudain plus raccordés aux intentions initiales, à l’architecture ou à la structure de l’exposition. Pour rendre ce changement visible, j’avais besoin d’un plan conceptuel. Il en a résulté, en outre, une architecture quasi littérale, même si j’ai toujours cherché à créer un moyen susceptible de véhiculer un discours. Le livre Foundation for Exhibiting Art & Knowledge (FEAK) offre un panorama de toutes sortes d’études, d’activités et d’événements organisés par l’institution éponyme ; plusieurs modèles d’exposition, des formules ayant été apparemment émises avec constance, mais qui ne sont pas vérifiables. Selon moi, ce qui importe sont les différentes méthodes retenues plus que les cas particuliers. Par essence, la FEAK est une collection de mécanismes plus ou moins familiers. MANIPULATION DE LA PERCEPTION K.G. De quels mécanismes parlons-nous et comment les rendez-vous visibles à travers la FEAK ? W.M. Les mécanismes d’exposition qui sont cachés derrière la seule « présentation d’objets et de savoir ». La FEAK reprend à son compte des stratégies de communication, des constructions scénographiques, des formules éducatives, des partenariats trans- et pluridisciplinaires, la gestion de collections, des activités produisant de la connaissance, et bien d’autres choses encore. La FEAK se compose de mécanismes empruntés à des institutions réelles, mais elle ne se contente pas de les reproduire. On doit les envisager comme des collages numériques, où des images, des structures, du design et du texte se combinent au sein d’une hypothèse construite. À première vue, les images semblent reposer fortement sur des modèles existants, mais en fait ce ne sont pas de simples répliques. Si l’on veut parler d’une dimension critique de la FEAK, elle ne réside pas dans le fait de décoder les modèles d’exposition, et l’intention n’est pas, non plus, de mettre à bas le mécanisme institutionnel. Il s’agit plutôt d’un désir de le comprendre, et la possibilité de réussir est en même temps sujette à ce désir. Mon objectif est de révéler le haut degré de manipulation de la perception. Ce livre évoque différentes approches, depuis les approches historiques-scientifiques jusqu’à la stricte maintenance. Ces différentes perspectives et interprétations nous éloignent du trompe-l’œil. Il ne s’agit pas d’une illusion d’optique. Il ne s’agit pas de se moquer de tout le mécanisme d’exposition. Il s’agit d’accorder à certaines visions une plus grande attention et de permettre le recoupement de différentes perceptions. En fait, je tiens à mettre en évidence que les expositions, les structures muséales mais aussi plus généralement la perception culturelle ne peuvent se résoudre à un schéma simple. K.G. Wesley, comment sont organisées les différentes relations images/textes ? W.M. Le livre se compose de matériaux textuels et visuels. Michel Dewilde s’est occupé des interviews. C’est incroyable de constater combien ces textes se raccordent à l’intention du livre, en termes de contenus et de structure. Des liaisons historiques, scientifiques et culturelles sont établies en permanence. De plus, les images n’assument pas seulement une fonction de référence ; elles sont en excès de la dimension institutionnelle qu’elles contiennent ; elles s’insèrent dans un nouveau discours où d’autres composants assument aussi un rôle : les questions socio- économiques, le contexte politique, la production éducative, les activités publiques, les intérêts universitaires et même les intérêts individuels. Une partie du matériau visuel a été spécifiquement conçue pour accorder une visibilité à la FEAK. D’autres images sont issues de mon propre travail, reproduisant des œuvres qui partagent les mêmes affinités. Le projet scénographique Research Building (2011) et l’installation The World’s Most Important Artists (2009) ont par exemple été temporairement inclus afin de donner forme à la construction du dispositif d’exposition de la FEAK, objectif qui nécessite absolument l’apport du contexte conceptuel fourni par le livre. Par ailleurs, il y a un grand nombre de dessins qui font partie des archives de cette institution, des plans d’architecture intitulés The Most Inspiring Fair of the World, 18/ Textes textes / wesley meuris Interview de Wesley Meuris et Michel Dewilde par Kim Gorus In Christophe Kihm, « Wesley Meuris, De l’Invisible au Prévisible », Art Press 2, n.36, 2015 https://drive.google.com/file/d/0ByLr1ymXh0GNM2FTTkxSRWdmMlE/view?usp=sharing An Outstanding Sculpture Garden, A Mosque with a Contemporary View, etc. Ces quelques travaux donnent l’illusion d’un aperçu, mais le regardeur met immédiatement cette présentation en doute, devant la complexité de cette structure complémentée par un langage promotionnel séduisant. J’ai retenu cette même technique pour les publicités qui parcourent le livre où, par le moyen d’une stratégie tout en nuance, les images et les fragments textuels deviennent très proches du type de publicités que l’on trouve dans Artforum, Frieze, et autres magazines assimilés. L’information donnée n’est pas complète. On trouve la date mais l’année manque ; on reconnaît l’activité présentée mais on ne peut en retrouver la trace ailleurs que dans l’annonce même. Les sponsors potentiels, les organisateurs et les autres parties intéressées, sont mentionnés. Tout ceci est rendu via un solide travail de design graphique ; la police de caractère reste la même et les images sont récupérées. Je ne revendique aucune ambition graphique pour ces travaux : ils idolâtrent l’esthétique, mais obéissent à un motif conceptuel. Ce travail transcende pourtant les problèmes d’ordre purement conceptuel. Les publicités, comme les autres contributions de l’ouvrage, s’appuient sur une quête formelle, architecturale. Il s’agit de dévoiler des structures physiques, exploitées par des stratégies de classification et de taxonomie. IDENTITÉS FICTIVES K.G. Michel, quelle fut la genèse de votre collaboration avec Wesley Meuris, et comment décririez-vous le rôle des identités fictives dans la publication ? Michel Dewilde La collaboration est le résultat d’un concours de circonstances. Nous suivions attentivement le développement artistique de Wesley Meuris depuis 2002. Nous avons tout particulièrement concentré notre attention sur sa recherche à propos de la fascination qu’exerce sur l’être humain la formation de la connaissance et du sens, ainsi que sur le désir corollaire, parfois compulsif, de produire des systèmes de classification comme la taxonomie. Je pense en particulier à son intérêt pour l’institutionnalisation de ces domaines. Ce qui frappe dans ses œuvres est la position centrale qu’occupe le monde des musées, son infrastructure, la méthodologie développée, les codes et régulations en usage, et l’omniprésence de la culture de l’exposition. C’est en relation à cela que je souhaitais impliquer Meuris dans la conception d’une publication sur l’exposition. Mais il a réagi en proposant de travailler sur son livre au sein du projet de la FEAK. J’ai tout de suite été intéressé par la FEAK. Par ailleurs, l’intention de ce projet offrait des similarités avec ma propre recherche sur les expositions en tant que système de représentations derrière lequel se cachent différentes motivations idéologiques, politiques ou même économiques. Puis j’ai décidé d’impliquer des membres du collectif artistique Balaganiarze à la préparation du livre. Avec l’aide d’artistes polonais et ukrainiens, j’ai installé Balaganiarze à Wroclaw (2006) dans l’intention d’examiner les aspects économiques du monde de l’art, le besoin d’imposer quelqu’un, l’impact du réseautage et du positionnement, etc. Le collectif a organisé des expositions sous forme de pièces de théâtre, où les membres de Balaganiarze interprétaient le rôle de l’artiste, du collectionneur, du critique, du curator, et plus encore. Pour ces « pièces », des figures fictives comme l’artiste curator polonais-américain Pawel Jankowsky et le curator et sociologue indo-iranien Bizhan Mouradipour étaient présentées en tant qu’acteurs du monde de l’art globalisé. En fin de compte, Balaganiarze a décidé que ces figures joueraient des personnages au sein de la publication FEAK. Cette publication présente Mouradipour, plus âgé, en tant que témoin privilégié de l’établissement et du développement du projet de la FEAK. Jankowsky, de l’autre côté, incarne la figure du curator indépendant plus jeune, qui considère l’activité et la politique d’exposition de la FEAK selon une perspective contemporaine. K.G. Michel, certains auteurs relient la FEAK à la critique institutionnelle ? M.D. C’est particulièrement dans la publication que je vois une liaison à la critique institutionnelle, mais dans ses œuvres, Meuris choisit une approche nuancée. Il est donc important de ne pas réduire sa pratique à cela. Qui plus est, à mon avis, cette relation est le résultat de son analyse en profondeur de la syntaxe, de la grammaire, etc., du langage et de l’architecture en particulier. Cette relation à la critique institutionnelle est davantage la conséquence de cette recherche qu’une fascination, comme elle le fut par exemple pour des artistes comme Michael Asher, Daniel Buren, Hans Haacke et d’autres. Cela m’amène en fait à considérer sa méthode de travail comme pratiquement l’inverse de celle, disons, du manuel pour les architectes d’Ernst Neufert. Neufert, lui, visait à rationnaliser toutes sortes de traditions et de phénomènes au sein de l’architecture. Meuris a choisi la voie opposée : il déplie les aspects souvent irréels, voire inquiétants, des modèles courants et des formes standards. Pour l’essentiel, il conçoit des sculptures fondées sur 19/ Textes textes / wesley meuris Interview de Wesley Meuris et Michel Dewilde par Kim Gorus In Christophe Kihm, « Wesley Meuris, De l’Invisible au Prévisible », Art Press 2, n.36, 2015 https://drive.google.com/file/d/0ByLr1ymXh0GNM2FTTkxSRWdmMlE/view?usp=sharing des exemples existants avec un fond secrètement, presque imperceptiblement critique. C’est pourquoi, en fonction du contexte d’exposition, on peut soit mettre l’accent sur une certaine lecture de l’œuvre, soit la passer sous silence. Dans la superbe exposition de la FEAK au Casino Luxembourg – Forum d’art contemporain, par exemple, il combine les deux : on voit des sculptures avec un élément explicitement auto-référentiel et critique, tandis que d’autres répriment cette dimension, ce qui déconcerte souvent le regardeur. La publication et ses applications, comme le site web de la FEAK, rejoignent des formes récentes de la critique institutionnelle telles qu’on les trouve dans le travail de Gianni Motti ou des groupes militants comme les Yes Men. C’est pourquoi j’ai été particulièrement attiré par le potentiel parasitaire de l’entreprise de la FEAK. Dans l’ouvrage, la FEAK fonctionne comme une soi-disant fausse institution, une organisation fictive qui permet d’infiltrer activement le monde de l’art. C’est également un lien avec les objectifs de Balaganiarze, étant donné que le groupe imite les activités d’artistes ou de collectifs de curateurs afin, notamment, de dévoiler leurs connections économiques ou idéologiques. K.G. Michel, pouvez-vous passer en revue les différentes strates sémantiques des textes du livre FEAK ? M.D. Meuris a monté la FEAK en tant que véhicule esthétique pour sa recherche et cela a conduit à une série de strates de discours. Je souhaitais aussi traduire cette structure complexe dans les textes de la publication. Ainsi nous associons l’histoire de la FEAK à une série d’analyses contextuelles de sujets plus généraux, néanmoins en relation avec cette entreprise. Dans ce sens, la FEAK joue tout autant sur la grammaire visuelle du marché de l’art et sa communication, que sur la commercialisation et la spectacularisation de l’art, et sur leur relation au design d’exposition. La publication labyrinthique comprend trois types de texte : le livre s’ouvre avec l’introduction d’un directeur d’ouvrage fictif ; suit le texte principal sous forme d’une discussion fictive entre Pawel Jankowksy et Bizhan Mouradipour ; et le livre se termine sur trois « authentiques interviews » d’experts renommés, Mary Anne Staniszewski, Charlotte Klonk et Julia Noordegraaf. À l’instar des œuvres de Meuris au sein des expositions de la FEAK, les textes passent constamment d’une dimension et d’une fiction à une autre. Ainsi, le texte principal rejoint non seulement l’ironie nécessaire à l’émergence de la FEAK, mais inclut aussi des analyses des évolutions récentes du monde de l’art. Ensuite, les « véritables interviews » mettent en lumière un nombre de sujets propres à l’histoire du design d’exposition, particulièrement dans sa relation à l’installation artistique ; elles confèrent aussi une « crédibilité scientifique » à la FEAK. De surcroit, ces « véritables interviews » jouent sur l’entrelacement caractéristique du produit de l’art avec son propre discours et ses institutions. D’ailleurs, elles avaient été publiées auparavant dans le magazine FEAK, qui était « fictif ». Ainsi, la FEAK ne produit pas seulement son propre discours, mais aussi l’analyse critique et la mise en contexte historique de ses propres produits culturels. Enfin, la FEAK permet à Meuris de jouer sur l’importance croissante de la recherche en art. Ici, Meuris implique un curator et des scientifiques dans sa propre recherche artistique, et combine tout cela, à un méta-niveau, avec la présentation, l’analyse et l’archivage des types de la recherche artistique. Ce jeu sur les structures spéculaires, sur la suridentification, les fictions et la fictionnalité, renvoie à certains aspects surréels et obsessionnels de l’industrie artistique. Ce qui est un point de vue que l’on rencontre dans la propre pratique artistique de Meuris. 20/ Textes textes / wesley meuris denis briand, « les archives lacunaires de wesley meuris » In wesley meuris, c. c. C. a. I. center of collecting and conservation of art information https://drive.google.com/file/d/0ByLr1ymXh0GNNnVvN2JaNGZvTjA/view?usp=sharing (…) A propos du travail de Wesley Meuris, on pense régulièrement à la tradition des premières collections de Ferrante Imperato, Francesco Calceolari, ou d’Ole Worm au XVIe et XVIIe siècle, probablement parce qu’il partagerait avec celleci une pratique de mise en scène et d’articulation de réalités hétérogènes dans un même espace. On y retrouverait également une tradition du catalogue et de sa relation analogique avec la vocation ordonnatrice de l’architecture des cabinets de curiosités, de même qu’un intérêt fasciné pour le projet de totalisation de ces collections. Cependant la différence fondamentale entre cette tradition et l’oeuvre de Meuris tiendrait précisément dans le projet « moderniste » résumé ainsi par Marcel Breuer : « Le nouvel espace ne doit pas être un autoportrait de l’architecte, ni refléter directement la personnalité de celui qui y vit. » En effet, le monde présenté par les œuvres de Wesley Meuris renvoie davantage à la normalisation, à la rationalisation et à l’impersonnalité d’un certain fonctionnalisme, qu’à une exploration nostalgique de l’univers du Wunderkammer. La structure de l’installation The World’s most Important Artists, l’organisation de son espace, la nature des « meubles » qu’elle abrite et le système codifié de classement qu’elle figure, renvoient indéniablement à un ordre de réalité qui s’inaugure au début du XXe siècle dans les sociétés occidentales industrialisées. Cette nouvelle idée investit aussi bien les espaces de travail des bureaux, les espaces de classement des administrations, les espaces domestiques d’une nouvelle conception de la maison, tous ces lieux qu’un processus généralisé de standardisation soumet peu à peu à un modèle rationnel, selon une conception « scientifique » de l’organisation qui est également un projet implicite de société idéale. Ce qui se met en ordre commence avec l’architecture de l’environnement de la vie quotidienne et veut s’étendre ensuite à l’échelle de la cité, comme l’écrivait Walter Gropius en 1935 : « La répétition d’éléments standardisés et l’utilisation de matériaux identiques dans des bâtiments différents auront le même effet de coordination et de sobriété sur l’aspect de nos villes que l’uniformité de l’habillement moderne a dans la vie sociale. » Cet idéal du standard, porté par de nombreux architectes et artistes « modernes », est sans doute l’objet d’une relecture critique de la part de Wesley Meuris. Plusieurs de ses travaux en effet, et particulièrement l’installation évoquée ici, s’articulent autour d’un système de classement d’informations dont la structure et la forme sont improbables avant l’ère de la normalisation des objets et de la rationalisation du travail. Mais le point de vue critique n’est cependant pas démonstratif et, à l’image des œuvres, le discours artistique est souvent plus complexe qu’une simple dénonciation des contraintes que ferait peser sur nous la progressive et efficace mise en ordre du monde. On ne saurait mieux résumer le propos implicite de l’installation The World’s most Important Artists que par cette formule de Le Corbusier : « On s’est aperçu dans l’ordre rigoureux nécessité par les affaires qu’il fallait classer le classement lui-même. » (…) 21/ Textes textes / wesley meuris Christophe Kihm, « Wesley Meuris, la fiction comme méthode », Art press 396, janvier 2013 http://www.galeriepoggi.com/cspdocs/press/files/art_press_1.pdf L’œuvre de Wesley Meuris se déploie à travers des projets monstres et des objets complexes dont la simple description appelle la rigueur et la précision. The World’s Most Important Artists, sous-titrée A Data Collection Which Explores The Artist’s Life In Depth, fut créée en 2009. Composée de onze modules en bois comportant quinze colonnes de quatre tiroirs chacun – soit de 660 tiroirs en totalité –, cette proposition d’archive, si l’on suit son titre, est assise sur un système de classification de l’information dont le critère est l’importance et l’objet la profondeur. Aucun nom propre n’est inscrit à la surface de ces centaines de tiroirs, puisque la classification de l’archive est ordonnée par trois entrées principales : les disciplines, les thématiques et les conditions psychologiques de la création. Chacune d’elles comporte une trentaine de catégories, dont les différents tiroirs ne font qu’épuiser les croisements dans un étonnant inventaire : on pourra y lire, sur l’un, « Garden Art – Personal Myth – Wellness » ; sur un autre « Media art – Death – Depression » ; « Fashion – The Everyday – Dyslexia » sur un autre encore... Nous avons donc affaire à un ensemble de classements qui, malgré les indéniables indices de scientificité que lui accordent ses ordres disciplinaires, thématiques et cliniques, et malgré l’apparente rationalité assurée par le choix de sa présentation, entoure sa promesse d’exhaustivité d’un halo de suspicion et d’absurdité. Précision d’importance, en ce sens : tous les tiroirs de ce mobilier sont faux, le meuble ne s’ouvre donc pas ; a priori, il est vide – entièrement vide, devrait-on préciser. INSTITUTION MONSTRE Wesley Meuris se joue certainement des formes et des lieux communs de l’archive, dans une proposition qui privilégie le théâtre froid et glacé de son administration d’une tout autre manière cependant que ne le ferait Christian Boltanski – sans associer ces théâtres massifs de l’archive à ceux de la présence fantomale ou spectrale. Le vide constituant les archives de The World’s Most Important Artists est d’une tout autre nature, puisque entièrement comblé par un appareillage statistique qui vient préciser, dans une publication associée à cette installation, le fonctionnement de cet ensemble de données. On y trouve réunies des informations afférentes à la consultation de l’archive, permettant de quantifier sa fréquentation, ellesmêmes classées et répertoriées selon des découpages spatio-temporels relatifs au contexte, aux tranches horaires, aux dates d’anniversaire des artistes, etc.1. Cette structure monstre archive donc sa propre consultation et jusqu’aux risques inhérents à la conservation de ses documents dans un mouvement qui boucle le système de l’archive sur lui-même et produit un véritable vertige. Cet ensemble entièrement vide est, de fait, absolument complet 2. L’archive est monstre lorsqu’elle se suffit à elle-même, lorsqu’elle n’a plus de dehors et que ses contenus, restreints à des données statistiques, sont purement virtuels. Cette monstruosité accorde à première vue une forme allégorique à l’archive numérique, ou tout au moins aux perspectives de totalisation du savoir qu’on lui prête comme aux effets de dématérialisation qu’on lui attribue. Pourtant, la simple observation de ses classements suffit pour comprendre comment un autre savoir est ouvert par les découpes opérées par ses différents croisements et traitements de l’information, qui pointe directement en direction de la fiction. L’effet non métaphorique de cette construction est une fabrique d’artistes et d’œuvres virtuels, dont l’institution demeure potentielle. C’est ainsi que la machine à traiter de l’information devient une machine à faire de l’art. Dans ce double trajet, où l’hypothèse d’archive devient une archive d’hypothèses, se conçoit le régime fictionnel retenu par le travail de Wesley Meuris. Car l’archive constituée par The World’s Most Important Artists n’est qu’un élément du Center for Collecting and Conservation of Art Information, qui dépend lui-même d’un ensemble plus conséquent, le Research Building, hébergeant encore la Congo Collection (2010) et de nombreux autres départements, salles d’exposition, de conservation, de réunion ou d’administration... Le travail de Wesley Meuris repose sur une construction par emboîtements au sein de laquelle une organisation complexe précise ses formes dans des architectures dont les modes d’existence peuvent osciller du dessin au plan, de la maquette au fragment de bâtiment, du matériel de présentation ou de recherche à l’installation exposée. INDEX ET FICTION Cette œuvre, qui n’est pas encore si vaste, fait déjà l’objet de nombreux commentaires critiques dont la grande érudition s’applique à démêler les fils selon des découpes thématiques dont l’amplitude historique et la teneur théorique semblent illimitées. Il en va des relations de l’art et de l’architecture dans les périodes moderne et postmoderne, de la muséographie et de la muséologie depuis le 19e siècle3, du statut de l’archive contemporaine et de la vie des institutions artistiques à l’ère de la mondialisation, de l’œuvre, de l’artifice et du simulacre... Thèmes inépuisables à partir desquels le travail de l’artiste se 22/ Textes textes / wesley meuris Christophe Kihm, « Wesley Meuris, la fiction comme méthode », Art press 396, janvier 2013 http://www.galeriepoggi.com/cspdocs/press/files/art_press_1.pdf précise en même temps qu’il se perd dans de vastes généalogies qui le débordent et le nourrissent simultanément. Toutes les œuvres ne produisent pas ces embrayeurs de discours : celle de Wesley Meuris semble les solliciter, puisqu’elle joue d’une certaine complexité dans son organisation générale et qu’elle s’applique pour beaucoup aux lieux de savoir de l’art, à leurs structures physiques comme à leurs formes de discours, dans un cadre accordant une place privilégiée à la fiction4. Considérer l’espace dévolu, dans cette œuvre, à son propre commentaire, n’est donc pas une vaine histoire, comme nous invitent à le faire tous ces travaux d’artistes qui opèrent avec et à partir de la fiction – les stratagèmes arrêtés par Philippe Thomas pourraient ici servir d’exemple à l’efficace de cette stratégie, quoique, pour Meuris, elle ne porte nullement sur le statut de l’auteur. Si la fiction, dans sa relation aux arts plastiques, produit de puissants effets de discours, c’est parce que dans ce lieu et dans la mesure où l’on y présente toujours des objets – fussent-ils de simples énoncés évanescents ou même des vides –, elle peut faire vaciller leur statut (pour peu que l’on oppose fiction à réel) et à la suite brouiller la lecture qu’on leur prête sur le plan critique comme symbolique (pour peu que l’on oppose le vrai au faux). La portée spéculative de ces pièges tendus par la fiction depuis les arts plastiques est assez limitée, mais elle offre toujours aux commentateurs, parfois à leur insu, parfois en bons complices, la possibilité de devenir les brillants ouvriers de son règne. HYPOTHÈSE ET ANTICIPATION Pourtant, il y a mieux à faire avec la fiction, à condition qu’elle devienne une méthode. Car qui met la fiction au travail inscrit sa pratique sous le régime de l’hypothèse : une hypothèse, faut-il le rappeler, n’est ni vraie ni fausse, ni réelle ni fictive, c’est une dynamique de recherche que l’on évalue à ses effets de vérité. Chez Wesley Meuris, la fiction dispose de ses moyens propres – plans, dessins, installations, fragments de bâtiments, noms de lieux et de classes, calculs statistiques... –, qui participent de l’édification d’institutions dont l’architecture et le récit émergent au fil d’un travail qu’ils réorganisent en permanence5. Elle renouvelle les moyens critiques dont dispose l’artiste pour ausculter le présent et connaît, avec les moyens de l’art, de nouvelles échelles d’espace et de temps, donc de nouvelles dynamiques. FEAK, The Foundation for Exhibiting Art and Knowledge est un livre édité par Wesley Meuris en 2012, présenté comme l’extrait d’un travail de doctorat entrepris par l’artiste au Sint Lucas University College of Art and design d’Anvers, portant sur les savoirs de l’exposition. L’ouvrage s’ouvre par un entretien de Bizhan Mouradipour avec Pawel Jankowsky, qui définit la fondation comme « spécialiste mondial dans le développement de concepts d’exposition réussis et de connaissances connexes6 ». Le titre de l’exposition de Wesley Meuris proposée au Mudam, sous l’égide de la fondation, portait le code d’indexation R-05.Q-IP.0001 correspondant à l’un de ses modèles d’exposition. Car la FEAK est encore une institution qui classe et ordonne, structure, modélise et contrôle, et dont les missions touchent autant l’exposition que ses publics, qu’elle cherche à éduquer et à guider : il s’agit de « contrôler et d’institutionnaliser le monde de l’art », mais aussi « d’institutionnaliser le regard du visiteur, le discours critique, les travaux des étudiants. » Les plus désenchantés souligneront, non sans paresse, que le programme de la FEAK ne fait qu’accélérer un mouvement déjà en cours, omettant au passage de signaler qu’il est associé, chez Meuris, à une vaste entreprise de classification scientifique de l’art permettant l’institutionnalisation de l’institution à des fins de contrôle généralisé... À nouveau, ce projet de Wesley Meuris ne devient intéressant que dans la mesure où il fonctionne comme une machine à faire de l’art, produisant des objets, des collections, des expositions et des institutions, véhiculant certaines idées de l’art, discutant ses formats, ses catégories, ses normes et ses discours. On peut ainsi assimiler son œuvre à une grande maquette explorant les virtualités des institutions de l’art, depuis le futur, puisque l’anticipation plonge toute sa production artistique dans un régime de fonctionnement proche de la science-fiction. Depuis ce futur peuvent se préciser des effets critiques sur le présent, c’est le principe d’un jeu dont l’outil privilégié demeure la satire, à la fois joyeuse et grinçante. Elle renouvelle cependant ses moyens et ses formes chez Wesley Meuris, dans la neutralité froide de ses espaces et dans la scientificité implacable de ses discours, prise dans un dispositif architectural et statistique que l’on pourrait, à bon droit, qualifier de kafkaïen. 1 - A nouveau 300 données dans un tableau à double entrée consacré à l'"Activité de recherche" ("Search Activity") 2 - Proposition qui s'entend aisément sur le plan mathématique 3 - Entre autres à partir de l'impulsion zoologique donnée par la construction d'environnements pour animaux (des cages vides) initiée par l'artiste en 2005, et regroupée en partie dans la publication Zoological Classification 4 - Il n'est d'ailleurs pas rare, pour en saisir la portée, de faire appel à la littérature. 5 - Tout ce qui appartient à un lieu peut le lendemain être introduit dans un autre : l'invention récente de la FEAK, The Foundation for Exhibiting Art and Knowledge, a ainsi redistribué la plupart des travaux de l'artiste selon une nouvelle nomenclature. 6 - L'acronyme de cette fondation, vers laquelle converge aujourd'hui la majorité des projets de Wesley Meuris, évoque le terme "Fake" aussi bien que le nom d'Ikea. Comme l'entreprise suédoise, elle est bien spécialisée dans la production de kits, mais il s'agit d'expositions, de musées, de displays, ... 23/ Textes le musée des futurs / wesley meuris exposition du 13 juin au 27 août 2016 salle des pas perdus, palais de justice - poitiers voyage de presse lundi 13 juin 2016, détails sur demande Vernissage lundi 13 juin 2016 à 19h00 en présence de l'artiste Curatrice Arts Visuels / Curator : Jill Gasparina ([email protected]) Relations presse : Emma Reverseau ([email protected])