Master « Littératures - Université de Poitiers

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Master « Littératures - Université de Poitiers
Master « Littératures »
Responsables : Pascale Drouet et Pierre Loubier
[email protected] ; [email protected]
Spécialité « Recherche » : « Littératures et politique »
Responsables : Liza Méry et Michel Riaudel
Liza Méry (département de lettres)
Bureau B 117
[email protected]
Michel Riaudel (département d’études portugaises et brésiliennes)
Bureau A 204
054945-3252
[email protected]
Secrétariat des masters : Véronique Raynot
054945-3218
[email protected]
PRESENTATION DE LA SPECIALITE
La spécialité « Littératures et politique » du master « Littératures » offre une perspective internationale
(littératures française, francophone, comparée et étrangères) et transhistorique (de l’Antiquité au
contemporain) sur les liens entre littérature et politique. Associant des enseignants-chercheurs de toute l’UFR
Lettres et langues de l’Université de Poitiers, elle conjugue une très grande ouverture disciplinaire et un fort
niveau de spécialisation, garant de la cohérence de la formation. Adossée aux axes de recherche du FoReLL et
du CRLA, elle reflète la diversité et l’importance du champ politique dans la recherche en littérature à Poitiers.
Loin d’être un axe thématique spécialisé des études littéraires, les liens entre littérature et politique ouvrent au
jeune chercheur des perspectives extrêmement variées. Au croisement de l’histoire, de la mémoire et des
mythes, le politique est ici entendu dans son sens le plus large, comme lieu où la littérature réfléchit son
rapport à la société, au réel, aux pouvoirs et aux savoirs, où l’artiste se pense dans sa relation au collectif,
voire contre le collectif.
De même que l’histoire de la littérature ne peut s’analyser sans ses interactions plus ou moins fortes avec la
politique, le travail critique ne peut faire davantage l’économie de la grande diversité des ruses et stratégies du
littéraire pour avoir prise sur le réel : l’engagement ou son refus ; le détour de la fiction ; la conscience que le
monde ne s’éprouve que par et dans la matière du langage ; la puissance poïétique du verbe et du récit, leurs
capacités à mobiliser les imaginaires… Aussi ce parcours permet-il une réflexion théorique sur le fait littéraire,
dans sa dimension historique et/ou transhistorique. Il engage autant l’inscription de la littérature dans un
contexte donné qu’une analyse formelle, poétique ou linguistique des langages du politique.
Variant les angles et les approches (théoriques, historiques, thématiques), les séminaires offrent donc un
parcours dans la littérature francophone et mondiale articulé autour de trois directions majeures :

la littérature comme lieu de réflexion et de production du politique : critique et subversion littéraire ou
au contraire instrumentalisation politique de la littérature ; mythes de fondation, mythes identitaires et
représentations de l’altérité ; contributions de la littérature au débat d’idées.

l’inscription de la littérature dans un champ politique et historique : la littérature engagée ; l’écriture
en situation de contrainte ; les littératures coloniales et post-coloniales ; la mémoire littéraire de
l’histoire ; les littératures de témoignage ; écrits politiques d’écrivains, écrits littéraires d’hommes
politiques.

la politique de la langue : interactions entre langue littéraire et langage politique (satire, parodie,
langue de bois…) ; genres, registres et rhétorique du discours politique ; politiques de la traduction ;
création poétique et imaginaire politique de la langue.
ADMISSION
L'admission en master 1 spécialité « Littératures et politique » est de droit pour les titulaires d'une licence du
domaine lettres et langues. Mais l'UFR pratique l'orientation active et peut émettre un avis défavorable après
examen du dossier du candidat.
L'admission en master 2 est sélective : les étudiants titulaires du master 1 (ou d'une maîtrise) déposent un
dossier et sont admis après examen du dossier de candidature et entretien avec un enseignant responsable du
Master. Leur admission, soumise à l’avis de la commission de la scolarité, s’accompagne du dépôt de leur sujet
de mémoire.
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SUIVI D’ACTUALITE SCIENTIFIQUE ET REDACTION DES MEMOIRES
Afin de mettre les étudiants au contact de la recherche et d’une de ses dimensions peu accessibles en dehors
des cours : la confrontation et l’échange d’expériences entre chercheurs, ceux-ci sont incités à participer à des
conférences, journées d’études, colloques, autant que possible organisés par les laboratoires d’adossement de
la formation, à savoir le FoReLL et le CRLA.
De manière générale, le « suivi d’actualité scientifique » a lieu tout au long de l’année. Il comprend :

La tenue d’au moins une « journée master » au cours du master dans lesquelles les étudiants
présentent entre eux leurs problématiques, avec la modération d’un membre de l’équipe de recherche
concernée.

La participation aux séminaires, colloques et journées d’études des laboratoires d’adossement du
Parcours.
Par ailleurs, toujours dans ce volet « recherche », une grande partie du travail requis consiste à écrire un
mémoire d’une cinquantaine de pages en Master 1 (appelé TER) et en Master 2 un mémoire d’une centaine de
pages, sur un sujet de recherche choisi en accord avec leur directeur de recherches, enseignant-chercheur à
l’Université de Poitiers.
Le choix du directeur de recherches se fait à la fin de la licence ou au début du master : c’est l’étudiant qui
prend contact avec un enseignant-chercheur (Maître de conférences ou Professeur) et lui présente son projet.
On peut obtenir la liste des enseignants et de leurs domaines de recherche dans le guide détaillé des masters,
auprès du secrétariat des masters et des laboratoires de recherche1.
Le sujet du TER est définitivement déposé en février. Le directeur doit être tenu régulièrement informé de
l’avancée des travaux.
Le dépôt du sujet du mémoire de 2e année s’effectue simultanément à la demande d’admission, en début
d’année scolaire.
Les modalités de contrôle des connaissances sont mises en ligne sur le site de l’UFR dans la rubrique scolaritéexamens.
1
Voir les sites du FoReLL (Formes et représentations en linguistique et littératures : http://forell.labo.univpoitiers.fr/) et du CRLA (Centre de recherches latino-américaines : http://www.mshs.univ-poitiers.fr/crla/). Le
département de lettres a mis en ligne la liste de ses propres enseignants-chercheurs : http://ll.univpoitiers.fr/lettres
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Synthèse des séminaires « Littératures et Politique » - 2013/14
M
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S
1
A. Littérature et
engagement.
Caroline Lepage,
« L’Espagne et
l’Amérique latine
héritières des
modèles du roman
noir étasunien –
modalités et portée
d’engagements
littéraires
renouvelés », 18 h
UE2
B. Graphisme et
politique.
Luciano Cheles,
« Le graphisme
politique et social,
de 1922 à nos
jours », 18 h
(mutualisé avec
LCI).
C. Politiques du
livre. DRAC, CDL,
et autres
professionnels :
Stéphane Bikialo
(coord.),
« Production d’un
document de
référence sur les
aides publiques en
France et à
l’étranger », 14 h
(mutualisé avec
LIMES)
UE3
A. Mythes
B. Roman et
identitaires,
histoire. Annefigures de
Yvonne Julien,
l’étranger. Jean« L’archive dans le
Philippe Guez & Liza récit contemporain
Méry, « Barbares,
ou l’Histoire
sauvages,
minuscule ?
étrangers : figures
Yourcenar, Gracq,
de l’altérité dans
Simon, Modiano,
l’Antiquité grécoErnaux », 18 h
romaine », 18 h
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M
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S
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M
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S
3
M
2
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S
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A. Littérature et
pouvoirs.
Ariane Eissen, « Le
cas Kadaré », 9 h ;
Sandra Teixeira :
« Fernando
Pessoa », 9 h
(ouvert aux
LIMES).
A. Littérature et
savoirs.
« Interactions entre
paradigmes des
savoirs
contemporains et
récit, fiction,
poésie », Christine
Baron, 18 h.
A. Littérature et
pouvoirs.
« Poésie et
révolution(s) au
XIXe s. », Pierre
Loubier, 18 h.
B. Cinéma et
politique
Véronique Campan
et Sylvie Rollet,
« Faire du cinéma
un “geste”
politique », 18 h
(mutualisé avec
LCI).
B. Critique
politique de
l’image.
« Contre l’image ?
Du bon usage
critique des images
pour faire
l’histoire »,
Frédérik Detue,
18 h.
(mutualisé avec
LCI)
UE1
B. Médiations
littéraires et
scientifiques.
D. Moncond'huy, F.
Detue, S. Rollet,
18 h.
(mutualisé avec
LCI et LIMES)
C. Séminaire
Atelier
Recherche.
Liza Méry , 18 h
(mutualisé LP
M1/M2).
C. Langue et
politique,
Cinzia Pignatelli,
Étienne Boillet,
Frédérik Detue et
Ariane Eissen,
18 h.
A. Littératures et
subversion.
« Le comique
comme forme de
subversion :
caricature, satire,
grotesque en
Italie », Bianca
Concolino, 9 h.
B. Scènes du
politique.
« Comment dire le
génocide ? A propos
du Rwanda »,
Françoise Dubor,
18 h.
« L’oblique du
politique et l’ironie
(Machado de
Assis) », Michel
Riaudel, 9 h.
C. Séminaire
Atelier
Recherche.
Liza Méry, 18 h.
(mutualisé LP
M1/M2)
SIGLES
LIMES : spécialité « Livre et Médiation » ;
LCI : spécialité « Littératures et Culture de l’image ».
Aux semestres 1, 2 et 3, l’UE 1 est appelée aussi « Tronc commun ». On en trouvera le détail dans les pages
suivantes.
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M1 – 2013/14
SEMESTRE 1
UE 1. TRONC COMMUN.
« Ressources documentaires (informatique appliquée à la recherche) » (14h)
Enseignant : Luc Vigier (7 séances, mardi 14h-16h)
Ce séminaire forme les étudiants en première année de Master à l'exploitation raisonnée des données
scientifiques en ligne et de leurs inferfaces qui constituent aujourd'hui non seulement un corpus important de
données mais le premier accès aux données non-numériques. À partir d'une délimitation conceptuelle du projet
de recherche (cible, territoires, mots-clés, extensions et hypothèses), on invitera les étudiants à explorer de
manière méthodique non seulement les salles de bibliographie classique mais également les surfaces éditoriales
disponibles en corpus primaire et secondaire, à évaluer leur pertinence et à intégrer ces données dans une
démarche de recherche et d'écriture, en proposant des activités concrètes de rédaction (synthèses référencées,
introductions problématiques, bibliographies) destinées à valoriser la transparence des sources et l'émergence
d'un discours scientifique solidement étayé.
« Matérialité du littéraire (de l’oral à l’écrit / du codex au numérique) » (16h)
Enseignants : Stéphane BIKIALO, Anaïs GUILET, Pierre-Marie JORIS, Martin RASS (8 séances, mardi
16h-18h)
Ce séminaire posera quelques jalons d’une histoire de la littérature du point de vue de ses supports, et plus
précisément dans le rapport à la spatialité (Le rouleau, la page, l’objet-livre) et à l’oralité (voix, poésie sonore,
littérature « exposée »). On se concentrera sur la création littéraire contemporaine et ses expérimentations
spatiales et sonores, en mettant en avant les littératures virtuelles (hypermédiatiques), revue D’ici là et
d’autres créations sonores et textuelles.
Bibliographie
Jean-Pierre Bobillot, Poésie sonore. Éléments de typologie historique, Le Clou dans le fer, 2009.
A.-M. Christin, L’image écrite ou la déraison graphique, Flammarion, 1995.
G. Dessons et H. Meschonnic, Traité du rythme, des vers et des proses, Dunod, 1998.
« La Littérature exposée. Les écritures contemporaines hors du livre », Littérature n° 160, 2010.
P. Zumthor, La Lettre et la voix, de la « littérature » médiévale, Seuil, 1987
E.Gomringer, Constellations et poèmes concrets, Genève 2008
J. Ancet, La voix et la mer, 16 études 16 études sur la voix, la langue, la poésie. Publie.net 2008
« Questions d’exégèse et pratique de l’interprétation » (14h)
Enseignants : Pierre Martin et Patrick Née (7 séances, mercredi 16h-18h)
Pierre Martin : « Questions d’exégèse » (7h) :
Comment la Renaissance se fait-elle l’héritière d’une double tradition exégétique : d’une part l’exégèse de type
platonicien et la théorie de l’integumentum, qui permet à Ovide de traverser le Moyen Age sous la forme dite
« moralisée », d’autre part l’exégèse chrétienne et les quatre sens de l’Ecriture depuis l’enseignement de saint
Paul et la trichotomie d’Origène ? Cette première partie du cours s’arrête, avec l’Ecole de Chartres, sur le
passage de l’allégorie comme méthode herméneutique à l’allégorie comme outil de création littéraire de textes
polysémiques.
Le seconde partie du cours envisagera l’apport de l’humanisme et de l’enquête philologique, et la notion de
prisca theologia chez les néoplatoniciens florentins. Je montrerai ensuite comment la tradition herméneutique
aboutit à la lecture allégorique des grands textes profanes de l’Antiquité dans l’université humaniste, et du
cours de Dorat sur Homère je passerai à la pratique ronsardienne de l’integumentum. Le cours se terminera en
revenant au commentaire biblique, pour montrer sur un verset des Proverbes et un verset du Cantique des
cantiques la différence entre l’exégèse catholique (Cornelius a Lapide) et l’exégèse réformée (Luther, et le
calviniste Michel Cop).
Bibliographie :
– M. D. Chenu, « Involucrum : le Mythe selon les théologiens médiévaux », Archives d’Histoire doctrinale et
littéraire du Moyen Age, XX, 1956.
– J. Dorat, Mythologicum ou interprétation allégorique de l’« Odyssée » X-XII et de l’« Hymne » à Aphrodite.
Éd. Philip Ford, Droz, Genève, 2000.
– H. de Lubac, Histoire et Esprit. L’intelligence de l’Écriture d’après Origène. Éditions du Cerf, collection
« Œuvres du Cardinal Henri de Lubac et Études Lubaciennes » n°16, 2002 (1ère éd. 1950).
– H. de Lubac, Exégèse médiévale : les quatre sens de l’Écriture, Éditions du Cerf, « Antiquariat », 1993, 4 vol.
(1ère éd. 1959-1964).
– B. de Margerie, Introduction à l’histoire de l’exégèse. Éditions du Cerf, 2009, 4 vol. (1ère éd. 1980).
– J. Pépin, La Tradition de l’allégorie de Philon d’Alexandrie à Dante, Paris, Études Augustiniennes, 1987.
– L’Allégorie de l’Antiquité à la Renaissance, Études réunies par B. Pérez-Jean et P. Eichel-Lojkine, Champion,
2004.
Patrick Née : « Pratique de l’interprétation » (7h) :
Le séminaire poursuivra les bases fournies par Pierre Martin sur les quatre sens de l’allégorèse biblique et sur la
pratique allégorique de la Renaissance florentine par leurs prolongements à l’époque romantique, dans le débat
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entre « symbole » et « allégorie », qui se poursuit jusqu’à nos jours (Paul de Man et la déconstruction) ; il
envisagera les formes contemporaines du couple « heuristique/herméneutique » à partir de l’opposition entre
synchronisme structural (« objectif ») et surgissement de l’« événement » (« subjectif ») (Paul Ricœur), et en
rendant compte du « cercle herméneutique » ; il pointera enfin la révolution herméneutique introduite par les
sciences humaines (« champs » de Pierre Bourdieu, ou Inconscient freudien).
Bibliographie :
Goethe, Maximes et remarques. Écrits sur l’art, trad. J.-M. Schaeffer, Paris, Klincksieck, 1983, rééd. GarnierFlammarion, 1996.
Schelling, Philosophie de l’art, Partie générale, chap. II, § 39; in Textes esthétiques, présentation Xavier
Tilliette, trad. A. Pernet, Paris, Klincksieck, 1978.
J.-L. Nancy et Ph. Lacoue-Labarthe, L’Absolu littéraire, Paris, Le Seuil, 1978 (textes de A. Schlegel et F.
Schlegel).
Coleridge, Biographia Literaria, et The Statesman’s Manuel, appendice C, in E. Dayre et P. Beck, “Coleridge et
l’écriture tautégorique”, Digraphe n°48, Mercure de France, juin 1989.
Jean Starobinski, Les Emblèmes de la Raison, Paris, Flammarion, 1973.
Walter Benjamin, Origine du drame baroque allemand (1925), édité en 1974; trad. française Sibylle Muller et
André Hirt, Paris, Flammarion, 1985.
Paul de Man, “The Rhetoric of temporality”, Interpretation: Theory and Practice, édition Charles Singleton,
Baltimore, Johns Hopkins University Press, 1964; article également repris dans Paul de Man, Blindness and
Insight: Essays in the Rhetoric of Contemporary Criticism, New York, Oxford University Press, 1971; rééd.
Londres, Routledge, 1989.
Paul Ricœur, La Métaphore vive, Paris, Le Seuil, 1975.
Patrick Labarthe, Baudelaire et la tradition de l’allégorie, Genève, Droz, 1999
Patrick Née, Rhétorique profonde d’Yves Bonnefoy, Hermann, 2004
* Cycle de conférences (6h) à l’Espace Mendès-France (programme à venir).
UE 2. SEMINAIRES FONDAMENTAUX.
A. Littérature et engagement, 18 h.
Caroline Lepage, « L’Espagne et l’Amérique latine héritières des modèles du roman noir étasunien –
modalités et portée d’engagements littéraires renouvelés ».
Quand il émerge dans les États-Unis des années 1920-1930, le roman hard-boiled s’établit pour ses
pères fondateurs (notamment les deux figures majeures que sont D. Hammett et R. Chandler) sur
trois postulats : être foncièrement et « authentiquement » étasunien, être réaliste, et être militant plus
encore que « simplement » engagé. Sans doute n’est-il pas inutile de rappeler que si, après
maintenant près d’un siècle de circulation(s) dans le monde, la pratique de ce sous-genre est
malheureusement devenue pour beaucoup un pur exercice de style, avec un résultat qui a peu ou prou
défiguré les modèles et les nobles ambitions du départ (privant jusqu’à un certain point cette écriture
singulière au sein des familles des littératures dites populaires de sa légitimité et même de sa raison
d’être), il a initialement été conçu comme une arme de combat politique acérée et sans concession —
loin du strict divertissement et de l’excitation ludique et stérile des petites cellules grises des lecteurs
de romans d’énigme à l’anglaise — et vu de la sorte par les diverses instances de pouvoir qu’il visait
(finance, politique, justice, police etc.), celles qui avaient mené le pays vers ce fameux « Jeudi noir »
de 1929. Ses positionnements et son efficacité ont d’ailleurs été jugés suffisamment dangereux et
déstabilisants pour l’ordre établi, pour que l’on n’ait pas hésité, entre autres formes de rétorsion
directes et indirectes, à infliger six mois de prison fermes à un Hammett trésorier de la section
communiste de Hollywood.
L’objectif de ce séminaire est donc de partir de la genèse du roman noir (d’où la lecture de deux
classiques : La Moisson rouge de Dashiell Hammett et Le Grand sommeil de Raymond Chandler) pour
voir comment il a évolué au fil du temps, précisément en tant qu’outil discursif… A-t-il perdu de sa
vigueur, ou est-il demeuré — en dépit de nombreux et souvent désastreux dévoiements qui n’en font
plus qu’une machine à répéter inlassablement les mêmes intrigues creuses — le lieu et le vecteur de la
lutte (lutte politique, lutte sociale, lutte pour la préservation de la mémoire collective, lutte dans et
pour l’Histoire etc.) ? Question à laquelle on tentera de répondre à travers l’étude du champ et de la
matière hispaniques et hispano-américaines (l’Espagne et l’Amérique latine étant parmi les territoires
les plus dynamiques et novateurs dans le domaine), comme source de corpus et comme thématique,
puisque si les auteurs espagnols et latino-américains ont récupéré et se sont approprié le genre, se
revendiquant systématiquement des pionniers, des auteurs d’autres origines se sont approprié
l’Espagne et l’Amérique latine pour écrire des romans noirs…
Corpus. États-Unis : D. Hammett, La Moisson rouge, Gallimard, « Folio Policier », 1999 ; R. Chandler,
Le Grand sommeil, Gallimard, « Folio Policier », 1998. Espagne : Antonio Muñoz Molina, Beltenebros,
Seuil, « Points Roman noir », 2010 ; Andrés Trapiello, Les Amis du crime parfait, Seuil, « Points
Roman noir », 2010. Cuba : Leonardo Padura Fuentes, Passé parfait, Seuil, « Points Roman noir »,
2008. Colombie : Santiago Gamboa, Perdre est une question de méthode, Seuil, « Points Roman
noir », 2009. France : Maud Tabachnik, J’ai regardé le diable en face, Le Livre de poche,
« Policier/Thriller », 2007. Écosse : Philip Kerr, Une douce flamme, Le Livre de poche,
« Policier/Thriller », 2012.
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B. Graphisme politique, 18 h.
Luciano Cheles, « Le graphisme politique et social, de 1922 à nos jours ».
Ce cours portera sur l’image comme forme de communication et de persuasion politique et sociale. Les
sujets qui seront traités comprennent : la propagande fasciste, nazie et soviétique ; les affiches de
protestation de l’après-guerre (Mai 68, mouvements contre la guerre au Vietnam) ; la propagande des
élections présidentielles et législatives françaises ; les portraits officiels des Présidents français ; la
représentation des leaders dans l’Italie de l’après-guerre ; et l’affiche « d’utilité publique ». Les
documents visuels seront étudiés dans leur contexte socio-politique ; l’analyse portera sur l’image et le
texte, ainsi que sur leur interaction.
Bibliographie indicative. Diane Afoumado, L’affiche antisémite en France sous l’Occupation, Berg
International, 2008 ; Luciano Cheles, Grafica Utile. L’environnement, la santé, la sexualité, la paix, la
culture et la vie civique dans les affiches d’utilité publique en Italie, Médiathèque François-Mitterrand
(Poitiers), 2000 ; Christian Delporte, Images et politique en France au XXe siècle, Nouveau Monde,
2006 ; Anne-Lise Desmas (dir), Les portraits du pouvoir, Somogy, 2003 ; Ana Claudia Fonseca Brefe
et Krystel Guadé (dir.), Pouvoirs. Représenter le pouvoir en France du Moyen Age à nos jours,
Somogy, 2008 ; Laurent Gervereau (dir.), Dictionnaire mondial des images, Nouveau Monde, 2006 ;
Igor Golomstock, L’art totalitaire, Carré, 1991 ; Stephen Luckert et Susan Bachrach, State of
Deception. The Power of Nazi Propaganda, United States Holocaust Memorial Museum (Washington),
2009 ; Michel Wlassikoff & Philippe Delangle, Signes de la collaboration et de la résistance, Autrement,
2002.
Ce séminaire est partagé avec la spécialité « Littératures et culture de l’image » (mention Texte/Image :
Littératures, Écrans, Scènes).
C. Politiques du livre, 14 h.
Intervenants DRAC, CDL, et autres professionnels : Stéphane Bikialo (coordination).
La politique du livre envisage les raisons et enjeux d’une intervention de l’Etat dans le domaine du livre
(soutien à la diversité de la création, de la diffusion et à la lecture publique, conservation et
valorisation du patrimoine écrit, mais aussi uniformisation des écrits, voire censure). Le séminaire
envisagera l’histoire de ces politiques du livre avant de se concentrer sur les enjeux contemporains
(prix unique du livre, numérique, aides publiques). Le séminaire donnera lieu à la rédaction d’un
document de référence sur les aides publiques en France (Ministères, CNL, mais surtout région par
région selon les DRAC et les conseils régionaux) et à l’étranger (Europe, Amérique du Sud et du Nord).
Bibliographie : Sophie Barluet, Rapport Livre 2010. Pour que vive la politique du livre, 2007 ; Yann
Gaillard, La Politique du livre face au défi du numérique, Rapport Sénat février 2010 ; Pierre Moulinier,
Les Politiques publiques de la culture en France, PUF, « Que sais-je ? », 1999 ; Yves Surel, L’Etat et le
livre. Les politiques publiques du livre en France (1957-1993), L’Harmattan, 1997 ; Dossier « La
Politique du livre : enjeux et mutations (1979-2010) sur le site Vie-publique.fr, 20 avril 2010,
http://www.vie-publique.fr/politiques-publiques/politique-livre/index/ ; André Schiffrin, L’Argent et les
mots, La Fabrique, 2010.
Ce séminaire est partagé avec la spécialité professionnelle « Livre et médiations ».
UE 3. SEMINAIRES D’APPROFONDISSEMENT ET SUIVI D’ACTUALITE SCIENTIFIQUE.
A. Mythes identitaires, figures de l’étranger, 18 h.
Jean-Philippe Guez et Liza Méry, « Barbares, sauvages, étrangers : figures de l’altérité dans
l’Antiquité gréco-romaine ».
Le voyage et la rencontre avec l’autre sont au cœur des deux épopées fondatrices de la littérature
gréco-romaine : Ulysse est l’homme qui a « vu les cités de beaucoup d’hommes et connu leur esprit »,
et c’est Énée, l’exilé troyen, qui, au terme de son errance, fonde la dynastie dont sera issu Romulus.
Quant aux mythes de fondation d’Athènes et de Rome, ils mettent en scène, de façon opposée, la
dialectique du même et de l’autre : au mythe de l’autochtonie athénienne, qui légitime la suprématie
d’Athènes par le fait que ses habitants seraient nés de la terre de l’Attique, répond celui de l’asyle
ouvert à tous, esclaves en fuite et hommes libres en rupture de ban, par Romulus pour peupler sa
ville, préfigurant ainsi la Rome républicaine et impériale, « cité constituée de la réunion des nations »,
selon les termes de Cicéron.
La figure de l’autre sera envisagée diachroniquement, dans le monde grec et romain, depuis Homère
jusqu’à l’Antiquité tardive. C’est d’abord à l’époque des « Lumières » grecques (Ve-IVe av. J.-C.), dans
le prolongement du grand conflit avec l’empire perse, que furent forgées les notions de barbare et de
barbarie pour désigner et caractériser l’étranger non grec. Apparition indissociable de celle du concept
d’hellénisme : deux notions symétriques, dont savants, poètes et philosophes ne tardèrent pas à
montrer la réversibilité, reformulant une notion morale de la barbarie susceptible d’englober le Grec
lui-même. Vers la fin du IVe siècle av. J.-C., les conquêtes d’Alexandre redessinent la carte du monde
et font surgir, du côté de l’Orient, de nouvelles figures de l’autre : l’Inde fabuleuse qui se déploie dans
les descriptions de l’époque oscille alors entre l’univers de fantaisie pure, et l’objet scientifique inouï
que les Grecs se mettent au défi de conquérir par la pensée. Enfin, la définition par l’exclusion du
barbare (le non hellénophone, puis le non Grec et le non civilisé) est reprise et transformée par les
auteurs romains du Ier s. av. J.-C. pour aboutir à une définition morale, et non plus ethnique, de la
barbarie.
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Dans ce domaine comme dans tant d’autres, littérature et politique sont indissociables : la réflexion
sur l’étranger et, partant, sur ce que c’est qu’être Grec ou Romain, ne s’élabore pas seulement dans
des textes théoriques ou des genres littéraires non fictionnels. Elle est également présente dans des
genres fictionnels, chez les tragiques grecs, par exemple : les Perses d’Eschyle mettent en scène la
nouvelle définition du barbare qui voit le jour après les guerres médiques. Les textes littéraires
illustrent ainsi l’oscillation permanente entre curiosité/ouverture et rejet/fermeture qui caractérise la
vision grecque et romaine de l’étranger.
Le séminaire s’attachera donc à la figure de l’étranger et du barbare telle qu’elle est théorisée et mise
en scène dans les textes antiques. Après une mise au point historique sur la genèse et l’évolution de la
notion de barbarie en Grèce et à Rome, on s’attachera à étudier les « lieux » de la représentation de
l’altérité dans la littérature grecque et romaine :
quels sont les genres littéraires concernés ? Genres non-fictionnels (historiographie, ethnographie,
textes médicaux, philosophie, genre oratoire) et fictionnels (théâtre – comédie et tragédie, épopée,
poésie élégiaque, satire, roman).
quels sont les procédés intellectuels, stylistiques, narratifs de la représentation de l’altérité ? Comment
représenter/raconter/décrire l’inconnu, le mal-connu, le différent ? Stéréotypes, procédés de
« traduction » (Hartog)…
La réflexion s’attachera pour finir aux résonances contemporaines de ces questions : mise au point sur
quelques notions-clés de la réflexion sur identité et altérité (universalisme, exclusivisme, xénophobie,
racisme) à la lumière des textes antiques, utilisation et détournement de la référence antique dans les
discours nationalistes européens (la Germanie de Tacite et les idéologues nazis).
Le séminaire fera alterner séances partagées entre les deux enseignants (séance d’introduction aux
problématiques du séminaire ; regards croisés sur l’ethnographie antique ; regards croisés
Grèce/Rome : Plutarque, Questions romaines et Questions grecques) et séances consacrées plus
spécifiquement au monde grec ou au monde romain.
Bibliographie indicative. Sources antiques. Textes en traduction : Homère, Eschyle, Hérodote,
Ctésias, Plutarque, Philostrate ; Salluste, Cicéron, César, Tite-Live, Virgile, Ovide, Juvénal, Tacite,
Augustin. Anthologie de textes : CUSSET (C.), SALAMON (G.), À la rencontre de l’étranger. L’image de
l’Autre chez les Anciens, Paris, Les Belles Lettres, 2008. Études critiques. DENCH (E.), Romulus’
Asylum: Roman Identities from the Age of Alexander to the Age of Hadrian, Oxford University Press,
2005. DUPONT (F.), Rome, la ville sans origine. L’Enéide : un grand récit du métissage ?, Paris, 2011.
HALL (E.), Inventing the Barbarian. Greek Self-Definition through Tragedy, Oxford University Press,
1989. HARTOG (F.), Le miroir d’Hérodote, Paris, Gallimard, Folio, 2001. JACOB (Ch.), Géographie et
ethnographie en Grèce ancienne, Paris, Armand Colin, 1991. MÉRY (L.), « Barbares et civilisés chez
les auteurs romains du Ier s. av. J.-C. », Cahiers Kubaba, Paris, L’Harmattan, 2005, 153-185. MOATTI
(C.), La Raison de Rome, Paris, Seuil, 1997. SAÏD (S.), « Grecs et Barbares dans le théâtre d’Euripide
: la fin des différences ? », Ktèma 9, 1984, 27-53. SAÏD (S.) (éd.), \ELLHNISMOS. Quelques jalons
pour une histoire de l’identité grecque, 1991, Leiden, E. J. Brill, Travaux du centre de recherches sur
l’Orient et la Grèce antique (Strasbourg). VEYNE (P.), « Humanitas : les Romains et les autres »,
L’homme romain, GIARDINA (A.) (éd.), Paris, Points-Seuil, 2002 (1ère éd. française 1992), p.437-478.
B. Roman et histoire, 18 h.
Anne-Yvonne Julien, « L’archive dans le récit contemporain ou l’Histoire minuscule ? ».
Le roman ou le récit de la fin du XXe siècle ou du début du XXIe siècle affiche un intérêt manifeste
pour tout ce qui peut faire « archive » et donner lieu à un questionnement de l’écrivain sur la relation
entre cheminement intérieur et identité familiale ou sociale. Maintes fictions ou récits de nature
autobiographique se concentrent en effet sur le rapport au résiduel, sur ce qui témoigne de l’être-là du
passé d’une Histoire. Comme si l’époque contemporaine, rompant avec la volonté de césure et le
besoin d’inédit de la modernité, avait besoin de réassurer son lien à la trace durable du passé
collectif…
Le séminaire se propose d’analyser les formes de la mise en valeur du document dans le récit
contemporain, et de tenter de cerner par là même une poétique de l’archive à modulation variable qui
joue sur l’ordonnance narrative et structurelle des textes : bouffées fictionnelles sur fond de
chroniques familiales et de micro-histoire des Flandres chez Yourcenar, à partir d’une pratique du
collage épistolaire ; enquête obstinée sur le statut elliptique (ou honteux) du document officiel chez
Modiano ; interrogation sarcastique ou rêveuse sur les résidus iconographiques de l’histoire d’une
famille confrontée à la grande Histoire dans le texte de Claude Simon, mémoire d’une rue populaire
montréalais, l’année 1942, à travers ses éclats de « joual » dans le premier volume des Chroniques du
Plateau Mont-Royal de Michel Tremblay, inventaire des codes d’une jeunesse ou d’une jeune maturité
(programmes de cinéma, slogans féministes, sketches de Coluche…) et de la manière paradoxale dont
ils font sens dans un cheminement identitaire chez Annie Ernaux.
Textes au programme. Marguerite Yourcenar, Souvenirs pieux (1974), Gallimard, « Folio », 2003 ;
Patrick Modiano, Livret de famille (1977), Gallimard, « Folio », 2006 ; Claude Simon, L’Acacia (1989),
éd. Minuit double, 2004 ; Michel Tremblay, La grosse femme d’à côté est enceinte (1978), Babel,
2003 ; Annie Ernaux, Les Années (2008), Gallimard, « Folio », 2010.
Textes critiques. Paul Ricœur, Temps et Récit I, II, III, Seuil, « Points », 1983-1984-1985 ; Paul
Ricœur, La Mémoire, L’Histoire, L’Oubli, Seuil, « Points », 2000 ; Pierre Nora, Les Lieux de mémoire,
T1, Gallimard, 1997.
7
2
SEMESTRE 2
UE 1. TRONC COMMUN.
« Circulations littéraires internationales » (12h)
Enseignant : Michel Riaudel (6 séances de 2 h, mardi 14h-16h) :
Il s’agit d’examiner les processus de circulations littéraires internationales d’abord de façon théorique, puis
pratiquement, à partir d’une étude de cas : celui des circulations entre Brésil et France.
L’approche théorique mettra l’accent sur l’importance prise par les phénomènes de circulation dans l’étude
critique de la littérature : à la fois dans le volet « réception » (école de Constance), histoire de la lecture (R.
Chartier), les aspects socio-économiques de l’édition et de la traduction (Bourdieu…), socio-esthétiques des
« transferts culturels » (M. Espagne, M. Werner) ou de « translation » (A. Berman), et les enjeux intellectuels
d’interprétation qui en découlent. Elle discutera des objets en mouvement (qu’est-ce qui « circule » en
littérature ? — œuvres, genres, formes, courants, auteurs…), et des conditions de ces circulations (agents
médiateurs, périodiques ; asymétrie intrinsèque de l’échange, réception active ou influence, production des
jugements de valeur, instances de légitimation…) et de leur examen (national/transnational, ethnocentrisme/
anthropologie symétrique etc.).
Puis le cours s’appuiera sur le bilan de deux siècles de “circulations” entre Brésil et France, pour comparer ce
qui retient ou non l’attention, pour mettre à jour les phénomènes de focalisation (sur le présent, les classiques,
une certaine conception de l’exotisme ou de la différence, du cliché, de l’identité de l’autre...), observer les
“biais” de réception, lecture et traduction. On s’attachera moins au détail de cette histoire qu’à ce qu’elle
apprend, à travers les critères mis à jour, de l’historicité de ces circulations : accentuation des ressemblances
(l’élément « latin », l’imitation, l’influence), puis affirmation des différences, évolution des notions de littérature
et de culture, effets de distorsions… Sans postuler une translation définitivement juste, ni céder au relativisme,
on verra combien ces circulations sont autant tributaires et symptomatiques de la culture d’accueil que des
réalités de la culture accueillie.
Bibliographie :
Pierre Bourdieu, « Les conditions sociales de la circulation internationale des idées », in Actes de la
recherche en sciences sociales, n° 145, déc. 2002, p. 3-8. Mario Carelli, Cultures croisées. Histoire des
échanges culturels entre la France et le Brésil de la Découverte aux Temps modernes, préface de
Gilbert Durand, Paris, Nathan, coll. « Essais & Recherches », 1993. Pascale Casanova, « Consécration
et accumulation de capital littéraire. La traduction comme échange inégal », Actes de la recherche en
sciences sociales, n° 144, 2002, p. 7-20. Roger Chartier et Guglielmo Cavallo, Histoire de la lecture
dans le monde occidental (dir.), Paris, Seuil, coll. « Points / Histoire », 2001 [1997]. Jacques Derrida,
Le
monolinguisme
de
l’autre,
Paris :
Galilée,
1996.
Téléchargeable :
http://www.jacquesderrida.com.ar/frances/monolinguisme.pdf. Michel Espagne et Michaël Werner
(dir.), Transferts. Les relations interculturelles dans l’espace franco-allemand (XVIIIe-XIXe siècle),
Paris, Recherches sur les civilisations, 1988. S. Fish, Quand lire c’est faire. L’autorité des communautés
interprétatives, trad. E. Dobenesque, préface d’Y. Citton, Paris, Les Prairies ordinaires, 2007. Édouard
Glissant, Philosophie de la relation, Paris : Gallimard, 2009. Anne-Rachel Hermetet et Régis Salado
(dir.), Les Études de réception en France, L’Esprit créateur vol. 49, n° 1, printemps 2009. Wolfgang
Iser, L’Acte de lecture. Théorie de l’effet esthétique, trad. Evelyne Sznycer, Wavre (Belgique), éd.
Mardaga, 1985 [éd. originale : 1976]. Et : « La fiction comme effet », in Poétique, vol. 10, n° 39. Hans
Robert Jauss, Pour une esthétique de la réception, Paris, Gallimard, coll. « Tel », 1978. Béatrice
Joyeux, « Les Transferts culturels, un discours de la méthode » (bilan historiographique, perspectives
d’application), in Hypothèses, Paris, Presses universitaires de la Sorbonne, 2002. Bruno Latour, Nous
n'avons jamais été modernes. Essai d'anthropologie symétrique, Paris, La Découverte, 1997 (nouvelle
éd.). Hervé Le Crosnier et Laurent Vannini (dir.), Net.lang. Réussir le cyberespace multilingue, Réseau
Maaya (Daniel Prado), C&F éditions. Matthias Middell, “Histoire universelle, histoire globale, transfert
culturel”, in Revue Germanique internationale, “L’Horizon anthropologique des transferts culturels”,
n° 21, janvier 2004, p. 227-244 (http://rgi.revues.org/1015). Solange Parvaux, Jean Revel-Mouroz
(dir.), Images réciproques du Brésil et de la France : actes du colloque, Paris, Institut des hautes
études de l'Amérique latine, coll. « Travaux et mémoires de l'IHEAL », Série « Thèses et colloques »,
n° 46, 1991, 2 vol. Leyla Perrone-Moisès, « Gallophilie et gallophobie dans la culture brésilienne (XIXe
et XXe siècles ». In Modèles politiques et culturels au Brésil. Emprunts, adaptations, rejets / K. de
Queirós Mattoso, I. M.-F. dos Santos et D. Rolland (dir.), Paris, Presses de l’Université de ParisSorbonne, 2003. Michel Riaudel (dir.), France Brésil, Paris, Adpf, 2005 (catalogue des ouvrages
disponibles en France sur le Brésil : arts, littérature, sciences humaines). Gisèle Sapiro (dir.),
Translatio. Le marché de la traduction en France à l’heure de la mondialisation, Paris : CNRS Éditions,
2008.
« Approches critiques étrangères » (9 h)
Enseignant : Claudio Galderisi: « la philologie romane au service de la critique du texte » (3 séances de 3h,
mardi 14h-17h).
« Jamais aucun texte n'a été écrit pour être lu et interprété philologiquement par des philologues – ou,
ajouterai-je, par des historiens avec le regard de l'histoire. » Ce jugement de Hans Robert Jauss est aussi
célèbre que tranché. Y résonne l’écho d’un débat théorique dans lequel le Moyen Âge et les médiévistes ont été
à la pointe de la réflexion théorique, faisant de la différance propre aux premières œuvres vernaculaires un
critérium épistémologique pour une esthétique de la réception.
Le séminaire prévoit une partie théorique d’histoire de la critique du texte à partir de la philologie allemande
(Lachmann), à travers Bédier, Curtius, Spitzer, Auerbach, Jauss, Contini, Segre, jusqu’à la new Philology et à la
8
2
critique génétique. Une attention particulière sera réservée à la question de la diffraction (Contini) et à ses
modalités, double philologique de la création littéraire.
Bibliographie :
Erich Auerbach, Mimesis : la représentation de la réalité dans la littérature, Paris, Gallimard, 1968 [1re éd.
1946 ; Coll. « Tel », 1977]
Gianfranco Contini, La critica testuale come studio di strutture, in La critica del testo. Atti del II Congresso
Internazionale della Società Italiana di Storia del Diritto, Firenze, 1971.
Ernst Robert Curtius, La littérature européenne et le Moyen âge latin, Paris, Puf, 1956 [1re éd. 1948 ; Coll.
« Agora » 1986]
Hans Robert Jauss, Pour une esthétique de la réception, Paris, Gallimard, 1990 [1re éd. 1978].
Leo Spitzer, Etudes de style, Paris, Gallimard, 1970, [1re éd. 1928 ; Coll. « Tel » 1980]
Cesare Segre, I Segni e la critica, Torino, G. Einaudi, 1969 ; Semiotica, storia e cultura, Padova, Liviana, 1985
« Qu’est-ce qu’une forme poétique ? » (10h)
Enseignants : Dominique Moncond’huy et Bianca Concolino – (7 séances, mercredi 18h-19h30)
Dominique Moncond’huy, “D’Aristote à l’Oulipo”:
Après une première séance consacrée à Aristote et à la tradition occidentale en matière de poétique,
on s’attachera plus particulièrement (mais pas exclusivement) aux pratiques françaises, de la
Renaissance à la poésie contemporaine. On s’appuiera donc aussi bien sur les traités et autres
ouvrages à vocation théorique de la Renaissance ou du XVII e siècle que sur certains points de vue
contemporains (Meschonnic, Roubaud etc.).
Après avoir évoqué la question de l’épopée, on mettra l’accent sur les formes dites codifiées et, plus
largement, sur la problématique des contraintes liées aux formes. On s’attardera sur le sonnet et la
sextine, non dans une perspective strictement diachronique mais en proposant des pistes de réflexion
sur le langage dans son rapport à la forme poétique tel que l’Occident l’a pensé.
Bibliographie :
Aristote, Poétique
Traités de poétique et de rhétorique de la Renaissance (éd. F. Goyet), Le Livre de poche
Michel Jarrety (et alii), La Poésie Française du Moyen Age jusqu’à nos jours, Paris, PUF, 1997
- Pour découvrir l’histoire de 2 grandes formes :
André Gendre, Evolution du sonnet français, Paris, PUF, 1996
Pierre Lartigue, L’Hélice d’écrire. La sextine, Paris, Les Belles Lettres, 1994
Bianca Concolino :
Le séminaire se propose de présenter aux étudiants les différentes formes poétiques anciennes et
contemporaines les plus répandues en Italie. On illustrera l’utilisation de ces formes (l’ottava, la
terzina, l’endecasillabo, il sonetto, il capitolo in terza rima) dans différents contextes et occasions en
lien avec la situation culturelle, politique et sociale italienne.
Une attention particulière sera consacrée à l’Italie de la Renaissance : un bref panorama des formes
poétiques utilisées permettra de brosser un portrait de la société de l’époque. À partir de 1530, après
les Prose de la vulgar lingua de Pietro Bembo, le modèle de la poésie pétrarquiste est largement
diffusé. Dans le contexte d’une vie sociale sublimée et exemplaire, les gens de cour utilisent le langage
lyrique issu de Pétrarque pour communiquer et échanger entre eux. Le sonnet, qui est la forme
métrique la plus simple et la plus facile à manier, est très répandu. Si l’amour est un thème privilégié,
la poésie sert également à véhiculer la satire et la polémique sociales, en utilisant le grotesque et la
caricature. La poésie devient alors le langage de la contradiction et de la crise (cf. les sonetti caudati et
les capitoli in terza rima de Francesco Berni, Anton Francesco Grazzini dit le Lasca, ou encore MichelAnge).
Bibliographie :
F. Berni, Le Rime e Rime bernesche di altri poeti, Milano, Istituto Editoriale Italiano, 1929 ;
Michelangelo, Rime, Milano , Mondadori, 1998 ;
G.Cambon, La poesia di Michelangelo. Furia della figura, Torino, Einaudi, 1991 ;
A.Quondam, Il naso di Laura. Lingua e poesia lirica nella tradizione del classicismo, Ferrara, Istituto di Sudi
Rinascimentali, 1993 ;
B.Concolino Mancini Abram, La norma e lo scarto. Comico e grottesco nelle Rime di Michelangelo, in Chroniques
Italiennes, Université de la Sorbonne nouvelle, numéro 9, (1/2006), série Web.
* Conférences (Professeurs invités, échanges Erasmus) (6h)
UE 2. SEMINAIRES FONDAMENTAUX.
A. Littérature et pouvoirs, 18 h.
Ariane Eissen, « Le cas Kadaré », 9 h.
Ce qu’il est convenu d’appeler « l’énigme Kadaré » pose clairement la question des relations,
complexes et multiformes, de l’écrivain et des pouvoirs.
Dans l’Albanie communiste, être écrivain correspond à un statut social et symbolique sans équivalent
dans le monde occidental. L’écrivain est à la fois privilégié par un statut social lui permettant de se
consacrer à son œuvre en étant salarié, et en même temps soumis à une série de contrôles (ligue des
9
2
Ecrivains, décisions éditoriales, etc.) et de sanctions possibles (auto-critique, relégation,
emprisonnement, peine de mort). Symboliquement, il n’est pas le garant absolu de son texte, qui peut
être corrigé par le groupe, et n’est pas non plus celui qui touche les « droits d’auteur », perçus par les
autorités.
Kadaré, rapidement repéré comme le plus grand de sa génération, court, de surcroît, le risque d’être
instrumentalisé par le régime : il est traduit en français, anglais et en italien dans son propre pays,
avant même que des maisons d’édition étrangères ne souhaitent le publier ; le pouvoir utilise son
image à l’Ouest, comme preuve des progrès accomplis, y compris dans le champ littéraire ; cette
image est façonnée aussi bien à destination du grand public (paratextes des éditions les plus diffusées,
interviews dans les journaux à fort tirage, ou à la télévision…) que des sympathisants (via le relais des
associations et groupes militants, notamment).
Du même coup, est posée la question de la résistance ou de la complaisance de Kadaré : peut-on
établir, ou non, qu’il se censure avant même la remise des manuscrits ? Résiste-t-il aux injonctions
des autorités ? Comment ? Par l’originalité esthétique? Par un double jeu, qui userait de l’allusion, de
l’allégorie ou de la polyphonie ? Ce double jeu est-il total ? Ou maintient-il des éléments de soumission
aux discours dominants ?
Sandra Teixeira, « La pensée politique de Fernando Pessoa », 9 h.
De l’utopique « cinquième empire » à l’admiration du pouvoir autoritaire (mais non totalitaire), de la
critique de la démocratie aux solutions envisagées pour enrayer la décadence de la société, la pensée
politique du célèbre poète aux hétéronymes se révèle complexe et souvent ambiguë. À partir de
poèmes, d’essais, de chroniques, de lettres, de textes d’opinion ou d’intervention, ce séminaire se
propose d’analyser la manière dont Fernando Pessoa perçoit et problématise l’évolution politique de la
société dont il est le contemporain, et d’étudier la conception de la patrie mythique que son œuvre
reflète.
Bibliographie indicative : Textes de Fernando Pessoa : Le Banquier anarchiste, textes réunis et
annotés par José Blanco, Paris, La Différence, 1998 ; Le chemin du serpent, trad. (portugais) Françoise
Laye, Michel Chandeigne et João Viegas, Christian Bourgois, 1996 ; Le Livre de l’Intranquillité, trad.
(portugais) Françoise Laye, Christian Bourgois, 1999 ; Message, éd. bilingue français/portugais, Paris,
José Corti ; Œuvres poétiques, trad. (portugais) Patrick Quillier, Bibliothèque de la Pléiade, 2001.
Bibliographie critique : Pascal Dethurens, « Le poète face au politique : une interrogation
insupportable ? Pessoa et l’Europe » in Littérature, Histoire et politique au XXe siècle : hommage à
Jean-Pierre Morel, études réunies par Daniel Mortier et Vincent Ferré, Paris, Éd. Le Manuscrit, coll.
« L’esprit des Lettres », 2010 ; Alfredo Margarido, « La pensée politique de Fernando Pessoa »,
Bulletin des Études Portugaises, nouvelle série, tome 32, 1971, p. 141-184.
B. Cinéma et politique, 18 h.
Véronique Campan et Sylvie Rollet, « Faire du cinéma un “geste” politique ».
Dans Notes sur le geste, Giorgio Agamben articule la notion de geste, redéfini dans une perspective
éthique et politique, et une certaine conception du cinéma qui, constitué d’images-mouvement, aurait
pour vocation de « rendre l’image à la liberté du geste ». Le propos de ce séminaire serait de gloser
cette réflexion à la lumière d’œuvres cinématographiques dont la dimension politique, évidente sans
être toujours déclarée, n’est pas de l’ordre du discours mais bien du geste.
Le geste serait, selon Agamben, un « troisième genre d’action » qui ne se confond ni avec le faire
(facere : action menée en vue d’une fin) ni avec l’agir (agere : action n’ayant d’autre fin qu’ellemême). « Ce qui caractérise le geste, c’est qu’il ne soit plus question en lui ni de produire ni d’agir,
mais d’assumer et de supporter ». Il y a geste quand on devient sujet d’une action, quand on la
reconnaît comme sienne. Le cinéaste crédité d’un geste politique serait celui qui s’efforce de filmer,
saisir et exhiber le geste en tant que tel. L’acte de filmer excède alors le simple fait de faire de films. Il
s’inscrit dans un contexte historique, social et culturel qui le détermine en tant que démarche
heuristique, pédagogique, testimoniale autant qu’esthétique.
Quelles formes peut prendre un geste cinématographique ainsi redéfini, quelle poétique engage-t-il ?
Comment filmer le corps pour que, au-delà de toute action, il donne à voir l’accomplissement de
gestes ?
C’est au plus près de ce questionnement, que Krzyzstof Kieslowski, Abbas Kiarostami, Rithy Panh et
Hou Hsiao-Hsien, dont certains films seront pris en exemple, élaborent leur propre geste politique et
artistique en filmant la naissance ou le retour du geste dans des corps contraints. Gestes des ouvriers
ou des employés dans la Pologne des années 1960-80, qui vit encore sous l’influence soviétique (K.
Kieslowski, L’Usine (1970), L’Amateur (1979) ; gestes des victimes et des bourreaux du « génocide »
que les cambodgiens, encore récemment, n’avouaient ni n’assumaient (R. Panh, S 21 (2003), Les
Artistes du théâtre brûlé (2005) ; gestes des enfants et des femmes opprimés par le régime politicoreligieux des ayatollahs iraniens (A. Kiarostami, Où est la maison de mon ami ? (1987), Le Vent nous
emportera (1999) ; gestes d’une jeune génération de taiwanais tentant de se réapproprier l’histoire
que les régimes de colonisation japonais, puis chinois leur ont confisqué (Hou Hsiao-Hsien, Goodbye,
south, goodbye (1996), Three times (2004).
Saisis sous l’angle du geste, les films de ces quatre cinéastes seront envisagés sous un triple éclairage,
politique, anthropologique et poétique.
Bibliographie indicative :
Giorgio Agamben, Moyens sans fins : Notes sur la politique, trad. D. Valin, Paris , éditions Payot & Rivages,
1995.
Jean-Louis Comolli, Corps et cadre : Cinéma, éthique, politique, Paris, éditions Verdier, 2012.
Georges Didi-Huberman, L’Oeil de l’histoire, tomes 1, 2 et 3, Paris, éditions de minuit, 2009-2011.
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2
Annette Insdorf, Krzysztof, Kieslowski, doubles vies, secondes chances, Paris, éditions Cahiers du cinéma,
2002.
Slavoj Zizek, Lacrimae Rerum : Cinq essais sur Kieslowski, Hitchcock, Tarkovski et Lynch, Paris, éditions
Amsterdam, 2005
Jean-Luc Nancy, L’Evidence du film, Abbas Kiarostami, Paris, Yves Gevaert éditeur, 2007.
Sylvie Rollet, Une éthique du regard, Paris, Hermann éditions, 2011.
Rithy Panh & Christine Chomeau, La Machine Khmère rouge, Paris, Flammarion, 2003.
June Yip, Envisioning Taiwan, Fiction, Cinema and the Nation in the Cultural Imaginary, London, Duke
University press, 2004.
C. Séminaire Atelier Recherche.
Liza Méry
Cet atelier accompagne les différentes étapes de l’élaboration d’un travail de recherche universitaire,
de la formulation du sujet à la soutenance du mémoire : construire une problématique de recherche ;
constituer le corpus d’études et la bibliographie critique et théorique ; analyser des exemples et
commenter des références théoriques ; rédiger le mémoire ; soutenir son travail devant un jury. C’est
également l’occasion pour les étudiants de confronter leurs travaux et d’envisager la diversité des liens
entre littérature et politique.
Ce séminaire est mutualisé avec le M2 de « Littératures et Politique ».
UE 3. CONFERENCES, JOURNEES D’ETUDES, COLLOQUES ; SUIVI D’ACTUALITE SCIENTIFIQUE ET
REDACTION DU TER.
REDACTION DU MEMOIRE
La soutenance du mémoire de M1 (ou TER) a lieu en juin (première session) ou en septembre (deuxième
session) : le mémoire doit être rendu 15 jours avant la date de soutenance au directeur et aux membres du
jury. La soutenance consiste en une présentation orale du mémoire, suivie d’un entretien avec le jury.
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M2 – 2013/14
SEMESTRE 3
UE 1. TRONC COMMUN — « OUTILS ».
« Littérature et sciences humaines » (18h)
L’essai littéraire : Patrick Née (8 séances, mercredi 15h-17h)
Historique de l'essai littéraire en France et en Europe, depuis les Essais de Montaigne influençant ceux de
Bacon, qui en font un genre anglo-saxon, lequel revient dans la France du XVIIIe siècle par le biais de
l'anglophilie ; double registre du periodical essay et de l'essai savant, et leur commune opposition au "traité"
dans son développement historique; lien fondamental aux sciences humaines naissantes : après l'essai
philosophique, l'essai historique et d'histoire de l'art ; puis extension à la sociologie, aux sciences religieuses
(mythes et sacré), à l’anthropologie, à la psychanalyse.
Bibliographie :
- Pierre Glaudes et Jean-François Louette, L’Essai, Armand Colin, « Lettres supérieures », 2e éd. augmentée,
2011
- Pierre Glaudes (dir.), L’Essai. Métamorphoses d’un genre, Presses Universitaires de Toulouse-Le Mirail (PUM),
2002
- Dominique Combe, Les Genres littéraires, Hachette, « Hachette Supérieur », 1992
- Gérard Genette, Fiction et diction [1991], Seuil, « Points Seuil »
- Théorie des genres, Seuil, « Points Seuil », 1986
- François Dumont, Approches de l’essai. Anthologie, Québec (Canada), Ed. Nota Bene, 2003
- Marc Angenot, La Parole pamphlétaire, Payot, 1982
- Marielle Macé, Le Temps de l’essai. Histoire d’un genre en France au XXe siècle, Belin, « L’extrême
contemporain », 2006
- Claire de Obaldia, L’Esprit de l’essai. De Montaigne à Borges, Seuil, « Poétique », 2005
- Gilles Philippe (dir.), Récits de la pensée. Etudes sur le roman et l’essai, SEDES, 2000
- Eric Vigne, L’Essai, ADPF, 1997
Littérature et idées : Christine Baron (3 séances, mercredi 15h-18h)
Tout au long du XXe siècle, la réflexion critique et la théorie littéraire ont été adossées à la philosophie, la
pensée historique ou la sociologie, qu'il s'agisse de la place de la littérature et des arts dans l'ensemble des
pratiques sociales ou du rôle de la pensée dans la construction et la réception des œuvres. A travers des
contributions variées, et selon une approche transdisciplinaire (théories du roman, phénoménologie et
herméneutique, lecture psychanalytique des œuvres, théories de la réception, narratologies, rôle du
déconstructionnisme) une réflexion sur l'objet littéraire sera menée en tenant compte des grands clivages qui
ont déterminé la manière dont il est décrit encore aujourd'hui (rapport entre fiction et non fiction, relation
entre tradition et « modernité » par exemple)
Les extraits de textes seront distribués au fur et à mesure du déroulement des séances, qui seront réparties
selon cinq axes qui définissent une progression à la fois logique et chronologique:
-Des avant-gardes et théories esthétiques du début du XXe siècle aux années 20 (Adorno / Horkeimer) au New
criticism
-Théories du roman ; dialogisme et approches politiques (Lukacs/ Bakhtine)
-Phénoménologie, approches philosophiques du littéraire
-Herméneutique et théories de la réception (Gadamer/ Jauss/ Iser)
-La théorie dans les années 60-70; déconstructionnisme, définitions du moderne et du postmoderne.
« Transmissions et réceptions » (séminaire en anglais, 10h),
Enseignante : Karine Guibert (5 séances, mardi 15h30-17h30)
« Religious books in England (14th-15th century) »
Ce séminaire propose, par le biais de l'Angleterre des 14ème et 15ème siècles, de s'intéresser à la littérature
religieuse. Nous définirons tout d'abord ce genre littéraire par rapport aux autres, en faisant état de ses
particularismes mais aussi de ses relations au fil des siècles avec trois autres genres majeurs: la poésie, le
théâtre et le roman.
Cela nous amènera à nous questionner sur les modes de transmission de ces textes et par extension sur
leur circulation en Europe de l'ouest puisque cette littérature était à l'origine destinée à la communauté des
Chrétiens et non pas à une nation culturellement ou géographiquement définie telle qu'on peut l'entendre
aujourd'hui ; un des aspects étudié sera cette 'universalité' des textes religieux au Moyen Age qui disparait
graduellement au profit de la notion d'état géographique et politique qui se définit alors aussi par des
productions littéraires qui lui sont propres, dans la langue vernaculaire. Enfin, nous aborderons la question de
la réception de ces textes ; nous verrons que les publics auxquels ils s'adressent n'ont cessé d'évoluer au fil des
siècles et que cela s'est accompagné d'une évolution de ce genre littéraire. Il nous restera alors à définir la
nature de la relation qui unit transmission d'une part et réception de l'autre, ce qui reviendra à nous demander
si ce sont les textes qui ont fait évoluer les publics ou si c'est le public qui a fait se métamorphoser le genre.
En plus des extraits de sources primaires et secondaires qui seront distribués en cours pour étude, les étudiants
pourront consulter ces ouvrages, disponibles à Poitiers :
Bibliographie:
FLETCHER , Alan John, Preaching, Politics and Poetry in Late-Medieval England, Dublin ; Portland, OR : Four
Courts Press, 1998
12
2
GENETTE , Gérard, JAUSS , Hans Robert, SCHAEFFER , Jean-Marie, Théorie des genres, Paris : Éd. du Seuil,
1986
KULLMANN , Dorothea , ed. The Church and Vernacular Literature in Medieval France Toronto : Pontifical
Institute of mediaeval studies, 2009
MINNIS, Alastair, ed., Late Medieval Religious Texts and their Transmission: Essays in Honour of A. I. Doyle,
Brewer, Cambridge, 1994
SOMERSET , Fiona, Clerical Discourse and Lay Audience in Late Medieval England , Cambridge : Cambridge
University press, 1998
Cycle de conférences Mendès-France, « Politiques de l’image ; images du politique » (mutualisé
avec S1). 6 h.
Programme à venir.
UE 2. SEMINAIRES FONDAMENTAUX.
A. Littérature et savoirs, 18 h.
Christine Baron, « Interactions entre paradigmes des savoirs contemporains et récit, fiction,
poésie »
Le séminaire sera centré moins sur la manière dont les textes littéraires (romanesques en particulier)
sont porteurs de savoirs socio-historiques par exemple, que sur leur aptitude à représenter mais aussi
à questionner des champs épistémologiques parfois très distants par des moyens qui leur sont
propres. La réflexion portera principalement sur les interactions entre paradigmes des savoirs
contemporains et récit de fiction et poésie. Comment les configurations actuelles du savoir
recomposent-ils la manière dont un récit se construit ? Quels questionnements nouveaux certains
champs de savoir importent-ils en littérature ? Quels types de savoirs interviennent dans des textes
dont l’enjeu relève de l’identité du sujet ? Quel éclairage nouveau sur un texte peut introduire la
référence à un type de savoir ; savoir médical, astrophysique, psychanalytique ? Et surtout en quoi ces
références ont-elles une incidence sur les œuvres littéraires elles-mêmes, leur construction et les
modalités de lecture qu’elles induisent ?
La bibliographie indiquée ne donnera pas lieu à des études de textes systématiques mais constituera
une base de réflexion pour les étudiants qui pourront étudier des œuvres de leur choix dans les
dossiers élaborés en fin de parcours.
Chêne et chien suivi de Petite cosmogonie portative de Raymond Queneau, Paris, Poésie Gallimard, 1998.
Cosmicomics de Calvino (en fonction des disponibilités), seuil, Points, 1995.
Crying of lot 49 (Vente à la criée du lot 49) de Pynchon, Paris, Seuil, « Points » 2000.
The shaking Woman de Nancy Houston
Euclidiennes de Guillevic (Poésie/ Gallimard)
B. Critique politique de l’image— 18 h.
Frédérik Detue, « Contre l’image ? Du bon usage critique des images pour faire l’histoire »
Nous partirons d’une querelle des images contemporaine : celle qui a opposé Georges Didi-Huberman
à Claude Lanzmann, et qui donne matière au livre Images malgré tout. Cela permettra de critiquer un
certain iconoclasme contemporain, qui consiste à lancer un interdit de représentation de façon
péremptoire. Le problème qui se pose n’est pas celui de l’image en soi mais celui de ses usages, en
particulier par l’industrie culturelle. Fondamentalement, la question est de savoir ce que l’image nous
permet ou non de voir et d’imaginer. À l’instar des images de propagande, les images spectaculaires
dont sont saturées les sociétés contemporaines visent non à montrer mais au contraire à masquer et à
falsifier le réel. Elles forment des hommes indolents, réduits à la condition de spectateurs, qui
semblent privés de la faculté de juger, de distinguer entre fait et fiction, et donc d’intervenir dans le
réel. Il s’agira d’étudier la façon dont d’autres images exercent une fonction critique par rapport à ces
images spectaculaires, luttant contre les attitudes de déni et de négation, donnant vraiment à voir et à
imaginer. Nous nous concentrerons sur les images qui sont produites afin de « faire l’histoire », en
particulier par rapport aux crimes de masse du xx e siècle. Nous analyserons notamment la fonction
critique du montage, par exemple dans le cinéma documentaire de Rithy Panh. Nous opposerons cette
exigence documentaire à la fausseté du docu-fiction, pourtant très en vogue actuellement.
Films :
Alain Resnais, Nuit et Brouillard (1956)
Claude Lanzmann, Shoah (1985)
Rithy Panh, S21, la machine de mort khmère rouge (2002)
Christian Delage, Le Procès de Nuremberg : Les nazis face à leurs crimes (2006)
Isabelle Clarke, Daniel Costelle, Apocalypse, la Seconde Guerre mondiale (2009)
Rithy Panh, Duch, le Maître des forges de l’enfer (2011)
Joshua Oppenheimer, The Act of Killing (2012)
Bibliographie indicative :
Jean Cayrol, Claude Durand, Le Droit de regard, Paris, Le Seuil, coll. « Pierres vives », 1963.
Clément Chéroux (dir.), Mémoire des camps : Photographies des camps de concentration et d’extermination
nazis (1933-1999), Paris, Marval, 2001.
Christian Delage, La Vérité par l’image : De Nuremberg au procès Milosevic, Paris, Denoël, coll. « Médiations »,
2006.
13
2
Georges Didi-Huberman, Images malgré tout, Paris, Minuit, coll. « Paradoxe », 2003.
Sylvie Lindeperg, “Nuit et Brouillard”, un film dans l’histoire, Paris, O. Jacob, 2007.
Rithy Panh (avec Christine Chaumeau), La Machine khmère rouge : Monti Santésok S-21, Paris, Flammarion,
2003.
Rithy Panh (avec Christophe Bataille), L’Élimination, Paris, Grasset, 2011 [DL 2012].
Sylvie Rollet, Une Éthique du regard : Le Cinéma face à la catastrophe, d’Alain Resnais à Rithy Panh, Paris,
Hermann Éd., coll. « Fictions pensantes », 2011.
Ce séminaire est partagé avec la spécialité « Littératures et culture de l’image » (mention
Texte/Image : Littératures, Écrans, Scènes).
C. Langue et politique — 18 h.
Cinzia Pignatelli, Frédérik Detue, Ariane Eissen et Étienne Boillet
-
Cinzia Pignatelli, « La “politique” linguistique du XVIe siècle français » : ordonnance de
Villers-Cotterêts, volonté de s’affranchir du latin, recherche d’un ancêtre différent de celui de
l’italien, maintien des identités culturelles régionales, défense et illustration de la langue française
par la poésie.
-
Étienne Boillet, « Italie 1968 – 2014 : stratégies linguistiques dans le théâtre engagé de
Dario Fo ».
Le cours portera sur l’œuvre de Dario Fo, prix Nobel 1997. Chez Dario Fo et son épouse Franca
Rame, la satire du pouvoir politique, et le développement d’un discours politique de gauche au sein
d’une démarche engagée qui entend dépasser les limites attribuées à l’œuvre artistique, constituent
une dimension qui s’affirme au premier plan à partir des années 1970. Il faudra d’abord voir dans
quelles modalités Dario Fo et Franca Rame font dialoguer leurs œuvres théâtrales et l’histoire
politique, contemporaine notamment, en présentant certaines œuvres et en les situant dans leur
contexte historique, politique et social. Nous nous concentrerons sur les années 1970 (contestation
étudiante et ouvrière, féminisme, « années de plomb » marquées par le terrorisme) et sur les
« années Berlusconi » des décennies 1990 et 2000.
Au-delà de ce travail de contextualisation nécessaire pour réfléchir aux articulations entre création
artistique, réalité historique et engagement politique, nous examinerons plus particulièrement les
choix linguistiques opérés par Dario Fo et Franca Rame, notamment le recours à une langue
dialectale souvent indéterminée plutôt qu’à l’italien standard, héritage du toscan littéraire. Cette
langue dialectale, ainsi que le grammelot, sont à envisager comme l’une des nombreuses modalités
du langage théâtral de l’acteur : la dimension scénique sera au cœur de notre étude et elle sera liée
à la question politique, c’est-à-dire au théâtre comme engagement.
Du fait que le cours portera sur un auteur italien, la traduction de l’italien dans les autres langues et
notamment en français sera aussi un aspect que nous étudierons, toujours en lien avec la démarche
politique de Fo et Rame, mais aussi avec la question de l’édition et de l’actualisation du texte
théâtral.
Enfin, le cours pourra être relié à l’actualité politique italienne et notamment aux élections
législatives de 2013, marquée par l’émergence du « M5S » guidé par Beppe Grillo, humoriste proche
de Dario Fo et d’une autre grande figure de la littérature populaire de l’Italie contemporaine,
l’écrivain Stefano Benni (dont les romans sont traduits en français chez Actes Sud).
Bibliographie :
Œuvres de Dario Fo traduites en français :
-Mystère bouffe : jonglerie populaire, postface par José Guinot, François Ribes et Ginette Herry,
Paris, Dramaturgie, 1984.
-Histoire du tigre et autres histoires, adapt. de l'italien par Valeria Tasca, Paris, Dramaturgie,1984.
-Récits de femmes et autres histoires, adapt. française par Valeria Tasca, Paris, Dramaturgie, 1988.
-Johan Padan à la découverte des Amériques, texte français de Valeria Tasca, Paris, Dramaturgie,
1995.
-Mort accidentelle d'un anarchiste ; Faut pas payer !, avant-propos et lexique par Valeria Tasca,
Paris, Dramaturgie, 1997.
Textes critiques de Dario Fo :
-Le gai savoir de l’acteur, Paris, L’Arche, 1990
-Le Monde selon Fo, conversations avec Giuseppina Manin, Paris, Fayard, 2008
Etudes critiques en français sur Dario Fo :
a) Articles de Brigitte Urbani, pour une introduction à l’œuvre de D. Fo :
-Comprendre et apprécier le théâtre de Dario Fo, in L’homme en son théâtre, « Théâtres du
Monde », revue de l’A.R.I.A.S., Université d’Avignon, 1991, n°1, pp. 103-120 ;
-Une nouvelle forme de théâtre engagé dans la carrière de Dario Fo : « Histoire du tigre » et
« Johan Padan à la découverte des Amériques », in Théâtre(s) engagé(s), « Théâtres du Monde
», 1997, n°7, pp. 187-197
- Monologues et dialogues de Franca Rame (et Dario Fo),in La parole, le silence et le cri au
théâtre, « Théâtres du Monde », 2001, n°11, pp. 233-254 ;
-Les « rêves énormes » de Dario Fo, in Rêves et cauchemars au théâtre, « Théâtres du Monde »,
2002, n°12, pp. 185-201 ;
-Usage de l’histoire dans le théâtre de Dario Fo, in Dérision et démythification dans la culture
italienne, Publications de l’Université de Saint-Étienne, 2003, pp. 255-274
b) Un recueil d’articles en français consacrés à Dario Fo :
« Dario Fo », Les Nouveaux Cahiers de la Comédie-Française, n° 6, 2010
c) Revues universitaires en ligne où l’on trouvera des articles en français sur Dario Fo :
-Chroniques italiennes n°22, http://chroniquesitaliennes.univ-paris3.fr/numeros/Web22.html
-
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2
-Journée d’études du 27 janvier 2012 organisée par la SIES, http://cle.ens-lyon.fr/italien/dariofo-franca-rame-un-theatre-en-actes-140915.kjsp
d) Sur le théâtre italien de 1950 à nos jours
Jean-Paul Manganaro, « Théâtre italien contemporain », dans Dictionnaire du théâtre, Paris,
Encyclopaedia Universalis/Albin Michel, 1998
e) Etudes générales sur le théâtre et les études théâtrales :
-Dictionnaire du Théâtre, Paris, Encyclopaedia Universalis/Albin Michel, 1998
-Christian Biet, Christophe Triau, Qu’est-ce que le théâtre ?, Paris, Gallimard, 2006
-Patrice Pavis, Dictionnaire du théâtre, Paris, Armand Colin, 2002
-Michel Pruner, L’Analyse du texte de théâtre, Paris, Dunod, 1998
Ariane Eissen, « Langue et politique dans l’Albanie communiste ».
On étudiera le rôle joué par les autorités communistes albanaises

dans la sacralisation de la langue commune

dans le travail scientifique (dictionnaires, études philologiques).

dans l'instauration d'une norme, nécessaire dans un pays qui fixe son alphabet en 1912 et dont la
langue oscille entre deux "dialectes" principaux, le tosque et le guègue.
-
Frédérik Detue, « Langues totalitaires et contre-langues aux xxe et xxie siècles ».
Nous nous intéresserons pour commencer à ce qui arrive à la langue lors d’une prise de pouvoir
totalitaire ; qu’appelle-t-on « langue de bois » voire « langue de plomb » ou « novlangue », et
comment s’organise la domination dans la langue ? Ce processus politique, formidablement décrit et
analysé dans la clandestinité par le philologue Victor Klemperer en Allemagne nazie, s’impose à toutes
les sphères d’activité sociale, et donc à la littérature. À cet égard, nous verrons comment, au moment
où il s’est agi d’imposer la doctrine réaliste socialiste en Union soviétique, Maxime Gorki a lutté pour
l’instauration en littérature d’une langue pure, moyenne, transparente – qui n’est autre que l’idéal du
slogan. Nous nous interrogerons sur un possible héritage totalitaire des sociétés démocratiques
contemporaines, par exemple au regard des analyses de Pier Paolo Pasolini (en termes de « génocide
culturel ») et d’Éric Hazan (dans LQR, titre qui pastiche le LTI de Klemperer).
Mais nous nous focaliserons surtout sur des stratégies littéraires résistantes, qui visent à produire des
œuvres dans une contre-langue : la satire de la langue russe officielle chez le romancier Andrei
Platonov, par exemple dans Le Chantier, la pratique d’une langue allemande qui « se méfie du
“beau” », d’« une langue “plus grise” », chez le poète Paul Celan. En général, nous étudierons le
principe de sobriété qui gouverne les contre-langues en littérature, par opposition au kitsch
hyperbolique des langues totalitaires ; des témoignages de crimes de masse sont exemplaires de ce
parti pris. Nous réfléchirons enfin aux tentatives contemporaines (d’Antoine Volodine, de Valère
Novarina…) d’« écrire en français une littérature étrangère », qui renouent avec l’utopie dans la langue
de façon antitotalitaire.
Textes :
Paul Celan, Le Méridien & autres proses, trad. de l’allemand par Jean Launay, Paris, Le Seuil, coll. « La Librairie
du xxie siècle », 2002.
Éric Hazan, LQR, la propagande du quotidien, Paris, Éd. Raisons d’agir, 2006.
Victor Klemperer, LTI, la langue du IIIe Reich : Carnets d’un philologue, trad. de l’allemand par E. Guillot,
postface d’Alain Brossat, Paris, Pocket, coll. « Agora », 2003.
Valère Novarina, Le Théâtre des paroles, Paris, P.O.L, 1989 ; Devant la parole, Paris, P.O.L, 1999.
Pier Paolo Pasolini, Écrits corsaires, trad. de l’italien par Ph. Guilhon, Paris, Flammarion, coll. « Champs. Arts »,
2009 ; Lettres luthériennes : Petit traité pédagogique, trad. de l’italien par A. Rocchi Pullberg, Paris, Le Seuil,
coll. « Points », 2002.
Andrei Platonov, Le Chantier, suivi de Roman technique, trad. du russe par L. Martinez et A. Coldefy-Faucard,
Paris, Robert Laffont, coll. « Pavillons/Domaine de l’Est », 1997. Version originale : Čevengur : Roman ;
Kotlovan : Povest’, Moskva, Vremâ, 2009.
Antoine Volodine, « Écrire en français une littérature étrangère », Chaoïd (en ligne) : International, automnehiver 2002, n° 6, format PDF, p. 52-58. Disponible sur : http://www.chaoid.com/pdf/chaoid_6.zip.
Bibliographie indicative :
Jean Bollack, Poésie contre poésie : Celan et la littérature, Paris, P.U.F., coll. « Perspectives germaniques »,
2001.
Frédérik Detue, « Des langues chez Volodine : un drame de la survie », dans Littérature : Fictions
contemporaines, septembre 2008, n° 151, p. 75-89, tiré à part en format PDF disponible en ligne sur :
http://www.cairn.info/revue-litterature-2008-3.htm ; « Le slogan, vision et voix à contretemps ? », dans Pierre
Ouellet (dir.), La Vue et la voix : Dans les arts, la littérature et la vie commune, Montréal, VLB Éd., coll. « Le
soi et l’autre », 2009, p. 53-71.
Olivier Reboul, Langage et idéologie, Paris, Presses universitaires de France, 1980.
Régine Robin, Le Réalisme socialiste : Une esthétique impossible, Paris, Payot, coll. « Aux origines de notre
temps », 1986.
Patrick Sériot, Analyse du discours politique soviétique, Paris, Institut d’études slaves, coll. « Cultures et
sociétés de l’Est », 1985.
Thèses :
Frédérik Detue, En dissidence du romantisme, la tradition post-exotique : Une histoire de l’idée de littérature
aux XXe et XXIe siècles, thèse de doctorat sous la dir. de T. Samoyault, Saint-Denis, Université Paris 8, 2011.
Annie Epelboin, “Les Bâtisseurs de ruines” : Poétique d’André Platonov, thèse de doctorat sous la dir. de M.
Aucouturier, Université Paris 4, 1995.
Charlotte Lacoste, Le Témoignage comme genre littéraire en France de 1914 à nos jours, thèse de doctorat
sous la co-dir. de F. Rastier et de T. Samoyault, Nanterre / Saint-Denis, Universités Paris 10-Paris 8, 2011.
« En interceptant la pratique traditionnelle de la lecture, le magazine [Playboy] inventait non seulement un
nouveau consommateur masculin urbain, mais il dessinait un nouveau type d’affect, de désir et de pratique
15
2
sexuelle, différent de celui qui dominait l’éthique du ‘breadwinner’ : le travailleur honnête, le bon mari blanc
et hétérosexuel encensé par le discours gouvernemental américain. » (Beatriz Preciado)
UE 3. SEMINAIRES D’APPROFONDISSEMENT ET SUIVI D’ACTUALITE SCIENTIFIQUE.
A. Littératures et subversion — 18 h.
Bianca Concolino (9h)
Le comique comme forme de subversion, par le biais de la caricature, de la satire et du grotesque.
On analysera plusieurs exemples tirés de la littérature italienne: des sonnets (Michel-Ange, Berni) des
prologues de comédies (ex: La Cortigiana, de l’Arétin) ou des extraits d’opéra (Rigoletto, de G.Verdi)
et des textes plus modernes (Dario Fo) pour montrer comment l’art de faire rire peut être une arme
redoutable face au pouvoir, toutes époques confondues.
Bibliographie :
BERGSON, Henry. Le rire. Essai sur la signification du comique. Paris: PUF, coll. «Quadrige», 2010 [1940].
CIXOUS, Hélène. Le rire de la méduse et autres ironies. Editions Galilée, coll. «Lignes fictives», 2010.
DUPRÉEL, Eugène, « Le problème sociologique du rire », Revue philosophique de la France et de l’étranger, t.
CVI, 1928, rééd. in Essais pluralistes, Paris, PUF, 1949, 27-69.
Michel Riaudel (9h)
A côté d’une littérature frontalement engagée, il existe des formes d’interventions obliques, mineures,
qui oscillent entre le discours en creux de la subversion, l’ironie ou le scepticisme, occupant une
position qui a de toute façon le don de déstabiliser le lecteur par la plasticité d’interprétation, qui ne lui
impose rien mais lui suggère tout ou presque.
L’œuvre du grand auteur « classique » Machado de Assis en fournit un exemple magistral. Apprécié en
son temps par le grand public tout comme l’élite brésilienne, figure tutélaire des lettres brésiliennes de
la deuxième moitié du XIXe siècle et des premières années du siècle suivant, boudé par les
modernistes qui lui reprochaient son effacement dans les mobilisations sociales, et la lutte
abolitionniste en particulier, retrait d’autant plus incompréhensible à leurs yeux qu’il était mulâtre, il a
progressivement fait l’objet de relectures qui ont montré combien il avait su se montrer attentif et
sensible aux contradictions et cruautés d’une société profondément inégalitaire, autoritaire et marquée
par l’esclavage. Aujourd’hui, la critique a complètement renversé les lectures de jadis, en dégageant
ce que ces textes contiennent de corrosif, très loin du conformisme qu’on lui prêta parfois.
Le séminaire analysera, à partir d’un roman négligemment historique, Esaü et Jacob (1904), ce que
cette prose suppose de stratagème narratif et d’art de la duplicité pour parvenir à ces lectures à
multiples détentes, qui rappellent d’autres classiques comme Sterne, Diderot, Gogol etc. En ayant pour
soin de fournir le minimum de vue panoramique (œuvre, situation historique…) nous tirerons les leçons
théoriques de tels dispositifs : rôle du contexte, l’œuvre « ouverte », les mécanismes de l’implicite, la
littérature conçue comme atelier de la subversion, par opposition à d’autres écoles à vocation
missionnaire ou prophétique…
Bibliographie indicative : Machado de Assis, Dom Casmurro ; Esaü et Jacob ; Le Philosophe et le Chien
(Quincas Borba), Paris : Métailé, coll. « Suites ».
B. Scènes du politique — 18 h.
Françoise Dubor, « Comment dire le génocide ? A propos du Rwanda »
Les étudiants se procureront le texte du spectacle : Groupov, Rwanda 94, Paris, Editions Théâtrales, coll.
Passages francophones, 2002, 174 p.
Information, témoignage, représentation sont autant d’actes qu’il s’agit, pour le moins, de peser, lorsqu’on
parle de génocide. Avec textes et vidéos à l’appui, nous envisagerons la question de la parole et du savoir à
propos du génocide au Rwanda, une question qui évolue selon que l’on se place avant, pendant ou après ce
génocide. Le spectacle théâtral conçu par le Groupov rassemble la plupart des questions qui sont en cause.
Nous verrons donc comment ils l’ont écrit, comment ils l’ont représenté, en 1999, et comment les Rwandais
l’ont reçu lorsqu’ils sont allés le jouer devant eux en 2004, soit dix ans après le génocide qui les a touchés.
Bibliographie Rwanda
Agamben G., CE QUI RESTE D’AUSCHWITZ. LE TÉMOIN ET L’ARCHIVE, Paris, Payot-rivages, 2001.
Anselme J-L. et M'Bokolo E. (Sous la direction de), AU CŒUR DE L'ETHNIE. ETHNIES, TRIBALISME ET ÉTAT EN
AFRIQUE, Éditions La Découverte, 1985.
Bertrand Jordane, RWANDA. LE PIÈGE DE L'HISTOIRE. L'OPPOSITION DÉMOCRATIQUE AVANT LE GÉNOCIDE,
Editions Karthala, 2000.
Borie Monique, LE FANTÔME OU LE THÉÂTRE QUI DOUTE, Editions Actes Sud, Paris, 1997.
Braeckman Colette, RWANDA. HISTOIRE D'UN GÉNOCIDE, Editions Fayard, juin 1996.
Braeckman Colette, QUI A ARMÉ LE RWANDA? CHRONIQUE D'UNE TRAGÉDIE ANNONCÉE, Éditions GRIP,
Bruxelles, 1994.
Césaire Aimé, DISCOURS SUR LE COLONIALISME, Editions Présence africaine, Paris, 1995.
Chrétien Jean-Pierre, (sous la direction de), RWANDA. LES MÉDIAS DU GÉNOCIDE, Editions Karthala, 1995.
Coquio Catherine, L’HISTOIRE TROUÉE : NÉGATION ET TÉMOIGNAGE, L’Atalante, 2004.
Conrad Joseph, AU CŒUR DES TÉNÈBRES, Editions Flammarion, 1989.
Destexhe Alain, RWANDA, ESSAI SUR LE GÉNOCIDE, Éditions Complexes, Bruxelles, 1994.
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2
Franche Dominique, RWANDA GÉNÉALOGIE D'UN GÉNOCIDE, Éditions Mille et Une Nuits, Les Petits Libres n°
12, février 1997.
Hatzeld Jean, DANS LE NU DE LA VIE. RÉCITS DES MARAIS RWANDAIS, Editions du Seuil, 2003.
Hatzeld Jean, UNE SAISON DE MACHETTES, Récits, Editions du Seuil, Fiction et Vie, 2000.
Mukagasana Yolande, LA MORT NE VEUT PAS DE MOI, Éditions Fixot, Paris, 1997.
Mukagasana Yolande, N'AIE PAS PEUR DE SAVOIR, Editions Robert Laffont, 1999.
Piralian Hélène, GÉNOCIDE ET TRANSMISSION, Editions L'Harmattan, 1995.
Prunier Gérard, RWANDA 1959-1996, HISTOIRE D'UN GÉNOCIDE, Editions Dagorno, 1997.
Umurerwa Marie-Aimable, COMME LA LANGUE ENTRE LES DENTS, L'Harmattan, 2000.
Willame Jean-Claude, LE PARCOURS DE LA HONTE. COMMISSION RWANDA: QUELS ENSEIGNEMENTS? GRIP et
Editions Complexe, 1997.
Revues, articles
Alternatives théâtrales n°67-68, « Rwanda 94 : le théâtre face au génocide. Groupov, le récit d’une création »,
avril 2001, 128 p.
De Heusch Luc, Anthropologie d'un génocide: le Rwanda, in Les Temps Modernes, Paris, décembre 1994, pages
1 à 19.
De Heusch Luc, Rwanda: les responsabilités d'un génocide, in Le Débat n°84, Editions Gallimard, mars-avril
1995.
17
2
Semestre 4
UE 1. SEMINAIRES FONDAMENTAUX.
A. Littérature et pouvoirs, 18 h.
Pierre Loubier, « Poésie et révolution(s) au XIXe siècle ».
Ce séminaire de recherche se propose d'analyser les constantes et les mutations, de Chénier à Rimbaud, de la
représentation poétique de la Révolution, comme fait et comme idée, dans ses aspects thématiques, historiques
et idéologiques. Le cœur du corpus sera formé par les poètes de l'âge romantique et nourrira la réflexion sur les
rapports entre Poésie, Politique et Histoire au XIXe siècle, que ce soit selon les contextes et événements
(Révolutions de 1789, de 1830, de 1848, la Commune) ou selon les enjeux esthétiques (catégories génériques
telles que l'iambe, l'épopée, l'élégie, l'ode, le pamphlet ; représentation de la violence, de la foule, du peuple ;
rapport à la langue) et sociologiques (statut du poète, engagement, champ littéraire). C'est pourquoi la
question du lien entre révolution politique et révolution poétique ou littéraire apparaîtra comme l'horizon
majeur de la recherche et de la réflexion communes.
Bibliographie indicative
Les textes du corpus seront fournis sous forme de photocopies ou de références à consulter. Les auteurs
étudiés seront : André Chénier, quelques élégiaques de la Restauration, Hugo, Lamartine, Vigny, Auguste
Barbier, Baudelaire, Rimbaud, Verlaine.
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Bonnet, Jean-Claude, dir., La Carmagnole des muses : l'homme de lettres et l'artiste dans la
Révolution, A. Colin, 1988
Darnton, Robert, Bohème littéraire et révolution, Gallimard, Coll. Tel.
Bénichou, Paul, Le Sacre de l'écrivain : 1750-1830, essai sur l'avènement d'un pouvoir spirituel laïque
dans la France moderne, 1973, Le Temps des prophètes : doctrines de l'âge romantique, 1977, Les
Mages romantiques,1988, Gallimard.
Jakobowicz, Nathalie, 1830, le Peuple de Paris - Révolution et représentations sociales, PU Rennes,
2009.
Bowman, Frank Paul, Le Christ des barricades : 1789-1848, Éd. du Cerf, 1987.
Dupart, Dominique, Le Lyrisme démocratique ou la naissance de l'éloquence romantique chez
Lamartine (1834-1849), Honoré Champion, 2012.
Flottes, Pierre, La Pensée politique et sociale d’Alfred de Vigny, Le Belles lettres, 1927.
Gribaudi, Maurizio, Riot-Sarcey, Michèle, 1848, la révolution oubliée, Paris, Éditions La Découverte,
2008.
Oehler, Dolf, Le spleen contre l'oubli, juin 1848 : Baudelaire, Flaubert, Heine, Herzen, Paris, Payot,
1996.
1848, une révolution du discours, sous la dir. d'Hélène Millot et de Corinne Saminadayar-Perrin, SaintÉtienne, Éd. des Cahiers intempestifs, 2001.
Pachet, Pierre, Le premier venu : essai sur la pensée de Baudelaire, Éd. revue et augmentée, Denoël,
2009.
Laforgue, Pierre, Hugo, romantisme & révolution, Besançon, Presses universitaires franc-comtoises ;
Paris, les Belles lettres, 2001.
Hugo politique: actes du colloque international de Besançon, 11-13 décembre 2002 ; sous la dir. de
Jean-Claude Caron et Annie Stora-Lamarre, Presses universitaires franc-comtoises, 2004.
Laurent, Franck, Victor Hugo, espace et politique : jusqu'à l'exil, 1823-1852, P.U. de Rennes, 2008.
Murphy, Steve, Rimbaud et la Commune: microlectures et perspectives, Paris, Garnier, 2009.
Murphy, Steve, Rimbaud et la ménagerie impériale, P.U. de Lyon ; Paris, Éd. du CNRS, 1991.
Bernardet, Arnaud, L'exil et l'utopie, politiques de Verlaine, Publications de l'Université de SaintÉtienne, 2007.
Rancière, Jacques, Mallarmé : la politique de la sirène (1996), Hachette littératures, 2006.
Peuple, mythe et histoire, textes réunis et présentés par Simone Bernard-Griffiths et Alain Pessin,
Toulouse, P.U. du Mirail, 1997.
Paul, Jean-Marie, La Foule, mythes et figures: de la Révolution à aujourd'hui, P.U. de Rennes, 2004.
B. Médiations littéraires et scientifiques, 18 h.
Dominique Moncond’huy, Frédérik Detue et Sylvie Rollet.
Le séminaire portera sur les problématiques du témoignage et sur les œuvres (littéraires et
cinématographiques) qu'il a pu susciter, notamment à la suite de la Seconde Guerre mondiale et, pour les
rescapés, de l'« expérience » des camps ; après un certain nombre de mises en place théoriques sur la
question du témoignage, l'accent sera mis sur les textes de Charlotte Delbo, autour duquel un projet
scientifique sera élaboré avec les étudiants.
Ce séminaire est partagé avec le master LIMES.
C. Séminaire Atelier Recherche.
Liza Méry
Cet atelier accompagne les différentes étapes de l’élaboration d’un travail de recherche universitaire, de la
formulation du sujet à la soutenance du mémoire : construire une problématique de recherche ; constituer le
corpus d’études et la bibliographie critique et théorique ; analyser des exemples et commenter des références
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théoriques ; rédiger le mémoire ; soutenir son travail devant un jury. C’est également l’occasion pour les
étudiants de confronter leurs travaux et d’envisager la diversité des liens entre littérature et politique.
Ce séminaire est mutualisé avec le M1 de « Littératures et Politique ».
UE 2. SUIVI D’ACTUALITE SCIENTIFIQUE ET MEMOIRE.
Voir plus haut, la rubrique « Suivi d’actualité scientifique et rédaction des mémoires ».
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