Rencontre avec un parfumeur qui ressuscite les parfums oubliés
Transcription
Rencontre avec un parfumeur qui ressuscite les parfums oubliés
$7s Rencontre avec un parfumeur qui ressuscite les parfums oubliés : Eddy Blanchet Eddy est un parfumeur discret, qui cultive la confidentialité bien que membre de la célèbre Société Française des parfumeurs. Son histoire et celle de sa famille lui ont permis de se forger une solide culture internationale et un patrimoine olfactif construit en France et autour de la Méditerranée. Il compose avec ces souvenirs de fleurs du jardin de sa maison d’enfance à la campagne, des embruns iodés d’un bord de mer de Bretagne d’une propriété familiale où il passait ses vacances, du soleil fruité et aromatique du Liban où il a vécu plusieurs années. Puis ses études de commerce l'ont conduit à collaborer chez les grands noms de l’industrie du parfum où il fait ses classes au commercial puis au marketing. Il est vite séduit par l'insaisissable mystère de l'olfaction et au contact quotidien des parfumeurs naît un sentiment de frustration et l'envie de créer se fait rapidement sentir. Plutôt que de se lancer dans cette course effrénée à la création quand on sait qu’il y a environ 200 à 300 lancements parfums par an en Belgique, ce passionné d’histoire ne peut résister à l’envie de ressusciter des parfums du passé. Collaborateur de l’Oréal Produits de Luxe en Belgique, leader Mondial de la Beauté, il acquiert sa formation olfactive, aux côtés d’un grand maître parfumeur Français; Nicolas de Barry. Dans cet apprentissage de parfumeur, il s’entraîne à reconstituer des parfums anciens comme le Kyphi ou l’Eau de Hongrie sous le regard bienveillant de son mentor qui est le précurseur de ce mouvement et créateur de la collection des parfums historiques dont le célèbre parfum George Sand. Il va parfaire sa connaissance historique de la beauté comme auditeur à l’école du Louvre et de l’Académie Royale de Belgique, étudiant l’histoire des parfums, les origines et les utilisations culturelles des odeurs. Il poursuit l’apprentissage du métier grâce à des passages à l’école Internationale des parfumeurs de Grasse (The Grasse Institute of perfumery) où il enseigne désormais l’histoire de la parfumerie. Après plus de dix ans de formation à l'éducation de sa mémoire olfactive, il est persuadé que développer ce sens particulier, en l'occurrence, l'olfaction, permettrait de réveiller une mémoire collective qui sommeille en nous. Nous emmagasinons tout au long de notre vie dans notre mémoire des milliers d'odeurs et pour lui notre humanité par son histoire à façonné un patrimoine olfactif historique collectif. Rencontrer Eddy, c'est entrer dans un laboratoire musée au coeur de Bruxelles, et découvrir un univers intimiste et chaleureux qui s’exprime au sein d’une exceptionnelle bibliothèque sur la parfumerie. Esprit créatif et rigoureux, il s'occupe à la fois de récréer des parfums anciens mais aussi de les raconter en les faisant découvrir à un large public au travers de conférences qu’il donne un peu partout dans le monde, toujours avec enthousiasme et passion. L’odorat est le parent pauvre de nos sens, il est pourtant un puissant évocateur de souvenirs, dans nos relations sociales, intimes et affectives. Finalement son but, peut-être inconsciemment, est d'essayer de transmettre à son auditoire, la clé pour sentir les parfums de ce patrimoine enfouit en nous, en ouvrant la porte de cette mémoire olfactive individuelle et collective pour nous faire revivre le passé. Par cette histoire qu’il nous raconte, il nous permet de lutter contre l'oubli par une prise de conscience historique qui libère notre inconscient. Lors de sa conférence à Deauville, il nous a donné l’occasion unique et le privilège de découvrir des parfums disparus comme le kyphi, le Basilicum Sanitatis et l’eau de Hongrie et de redécouvrir des parfums presque oubliés aujourd’hui et très confidentiels comme l’Acqua Regina ou l’Eau de Cologne de Jean Marie Farina. $7s DW : Eddy BLANCHET, à part vous même qui auriez-vous souhaité être ? L’incontournable rose, complexe, mystérieuse, sensuelle et douce comme une peau. J’aurais beaucoup aimé être un professeur pour transmettre, ou un médecin pour sauver ou soulager l’humanité. DW : Quel parfum d’un autre créateur auriez-vous aimé créer ? DW : Puis-je vous demander quel est votre signe astrologique ? Je suis verseau. DW : Pouvez-vous définir votre personnalité en 3 mots ? Passionné, Généreux, curieux d’esprit . DW : Votre première rencontre avec le parfum ? Ma première rencontre était inconsciente, juste des petites touches d’Eau de Cologne que me mettait ma maman dès qu’on quittait la maison. Ma première rencontre bien consciente celle-là, fût à l’âge de 11 ou 12 ans. Quand je suis rentré la peur au ventre dans un Grand magasin Parisien avec mon argent de poche pour faire un cadeau à ma maman pour son anniversaire. Je cherchais un parfum qui la rendrait belle et heureuse, je lui aie offert Anaïs Anaïs de Cacharel qu’elle porte toujours DW : Votre fleur préférée ? Opium pour Homme d’Yves Saint Laurent. C’est une essence de peau pour homme d’une sensualité extraordinaire, j’aime son caractère fort apporté par la noblesse des bois orientaux comme le cèdre de l’Atlas mais qui cache une profonde tendresse avec sa vanille bourbon. Il pétille et flamboye par sa note orientale fraîche aux tons épicés du Galanga et du poivre de Sichuan. On y reconnaît la touche inégalable du parfumeur Jacques Cavallier. En un mot, addictif, à le respirer il m’emporte vers un autre univers, je voyage. Merci à toi Jacques ! DW : En tant que créateur, quelles sont vos influences ? Je n’en ai que deux, ce sont mes voyages à travers le temps et mes rencontres avec les personnages historiques. C’est pourquoi, je me qualifie volontiers de " Parfumeur Olfactologue», tout comme Françoise Donche de Givenchy. Je me sens quelque part un des garants de notre héritage olfactif, celui du patrimoine de la parfumerie tout comme d’autres institutions qui participent à cet objectif comme l’Osmothèque de Versailles. DW : De quel parfumeur admirezvous le style ? Jean Claude Helena, il sait se tenir à son idée créative, sans compromis, je le qualifierai d’équilibriste de la parfumerie capable de réaliser un chef d’œuvre avec un nombre limité d'essences ou une partition avec plus de 150 notes olfactives. C’est un Mozart de la parfumerie. DW : Le tout premier parfum que vous avez porté ? DW : Un artiste dont l’œuvre vous fascine ? Dès l’enfance l’eau de Cologne du Coq de Guerlain, puis j'ai beaucoup porté Grey Flannel de Geoffrey Beene. Je suis fasciné par le peintre Salvador Dali. Il y a une dimension allégorique et une puissance dans ces œuvres qui me bouleversent par ces inspirations si exactes des grands maîtres de la Renaissance Italienne comme Léonard de Vinci, Raphaël ou Michel-Ange . DW : Vos matières premières de prédilection ? Je répondrais la rose bulgare, l’encens, la Myrrhe et le Bois de Oud sont celles qui me fascinent par ce qu’elles donnent pour moi une âme au parfum. DW : L’odeur que vous préférez ? Le bois et L’iode des embruns marins. DW : Un créateur de mode que vous appréciez particulièrement ? Muccia Prada. C’est une femme si talentueuse qui a réussi à exprimer parfois une certaine folie dans un style minimaliste, a bousculer les codes dans un style classique, en créant le luxe confortable dont nous les hommes avions besoin DW : Une destination de voyage qui vous a enthousiasmé ? La Thaïlande pour son pouvoir d’inspiration sensuel et romantique, l’Egypte pour sa magie et son mystère et la Grèce pour sa chaleur et sa lumière sont mes lieux de pèlerinages. J’y vais aussi souvent que possible, je m’y sens chez moi avec un sentiment de bienêtre profond indéfinissable. Et à chacun de mes voyages, je ramène trop de choses dans ma valise, dans ma trousse de parfumeur comme dans ma tête. DW : Avez-vous une anecdote personnelle de votre carrière en parfumerie ? Pendant la première guerre du Golfe, lors d’un séjour dans le désert du Sinaï où je servais pour les Nations Unies, j’ai rencontré des nomades qui jetaient dans le feu une espèce de poudre de bois et de plantes séchées afin de se parfumer en traversant la fumée. J’ai retrouvé ce geste incroyable mais historique qui est à l’origine étymologique du mot parfum qui vient de ‘perfumare’ (par la fumée). Cette odeur était inhabituelle mais si envoutante me plongeant dans le passé oublié des gestes des premiers parfumeurs de l’humanité. $7s d’aujourd’hui. Dans un marché mondialisé et uniformisé, on pouvait avoir l'impression qu’avec une pléthore de nouveaux lancements, la notion de qualité se perdaient avec des parfums qui se ressemblaient sous l’effet marketing d’une tendance consommateur. Habit de parfumeur du XVIII siecle selon Larmessin DW : Travailler des Parfums historiques, c’est finalement créer des parfums Bio et Naturels ? vous êtes finalement en pleine tendance ? La contrainte du bio impose de travailler uniquement avec des matières premières naturelles de premier choix. Il faut savoir que les matériaux de synthèse, apportent globalement des effets à volonté. Avec les matières naturelles ces effets sont parfois difficiles voire impossibles à obtenir. Il faut donc travailler beaucoup pour obtenir un bon accord qui tient les objectifs visés avec une formulation naturelle. Et le tout en restant dans un prix raisonnable ce qui est une contrainte importante quand on parle de recréations, l’objectif étant de garder une accessibilité à tous à ces trésors cachés que je ressuscite. DW : Vous travaillez en dehors des sentiers battus dans un certain secret, est ce finalement utile ? Et pourquoi ne pas commercialiser ces beaux trésors du passé. Je suis fier de cette mission que je me suis donnée au regard des contraintes qui sont imposées, c'est-à-dire de se rapprocher le plus du contexte, des usages, des outils et matières premières d’une époque. Mon objectif n’est pas de commercialiser ces produits puisque je travaille pour une entreprise qui crée de merveilleux parfums, je souhaite juste faire revivre une époque à mon public lors de mes conférences en faisant découvrir les parfums de cette époque. DW : Qu’auriez vous envie de dire sur la parfumerie d'aujourd'hui ? Je suis heureux d’assister à un retour de la belle parfumerie qui se dessine dans le paysage Mais il y a en France et en Belgique une vraie culture hédoniste du parfum très enracinée. Les consommateurs achètent différemment, et surtout ils achètent mieux... Ils veulent du sens d’où le succès de points de vente spécialisés qui commercialisent des produits très sélectif comme La Haute Parfumerie Place Vendôme à Wevelgem ou SENTEURS D’AILLEURS à Bruxelles, mais les grandes chaînes s'y mettent aussi. De leur côté, les grands groupes l’ont compris et lancent des créations intéressantes parfois avec des marques plus niches, dont le succès repose sur des propositions parfums à destination de véritables clients amoureux et esthètes qui recherchent avant tout une odeur alliée à une dimension aspirationnelle forte de marque. Le succès de produits comme Martin Margiela ou la collection ARMANI Privé le démontre. DW : Puis-je vous demander les parfums qui vous ont marqués ? Bien sûr, ce sont souvent les parfums anciens comme le Kyphi qui à toujours un grand succès dans mes conférences, c’est un parfum avec une forte dimension aromachologique et olfactive, il est si interpellant que quand je marche dans la rue, il est fréquent qu’on m’arrête pour me demander ce que je porte. Ou encore l’Eau de Hongrie avec laquelle j'éprouve toujours une émotion par sa puissance aromatique. Puis il y a de magnifiques féminins comme Trésor de Lancôme, 24 Faubourg d’Hermès ou Opium d'Yves Saint Laurent. Des chefs d’œuvre au sillage qui vous donnent l’impression de vous habiller d’un parfum comme chez Serge Lutens avec Féminité du bois ou Chergi et chez Armani Privé, Pierre de Lune Rose d'Arabie et Oud royal. Quelques beaux masculins, Monsieur de Givenchy, D&G Homme, Opium pour homme en eau de parfum YSL. Quand j'ai besoin de me ressourcer, toutes les Colognes sont pour moi une formidable source d’énergie et plus particulièrement l’Eau de Cologne de Jean Marie Farina. Mais cette liste est non exhaustive, je suis trop amoureux des parfums pour en parler, et en plus si sensible à des styles différents, ne trouvez-vous pas ? DW : Votre luxe à vous ? Mon privilège… Vivre de ma passion… Mon luxe… Ce serait sans doute de ne rien faire mais je veux rarement me donner les moyens d’y accéder… Mais un luxe ne tire-t-il pas l’essence de son attractivité par sa difficulté d'y accéder. Un peu comme les parfums que j’essaie de faire revivre. $7s L’histoire des parfums…. Le kyphi ce parfum des dieux égyptiens était exporté dans tout le monde antique. Dans l'ancienne Égypte, le Kyphi le plus réputé était fabriqué dans le temple d'Edfou, dédié à Horus, le dieu à tête de faucon.Là. Sur les murs de leur officine à l'arrière du temple, les prêtres tracèrent des hiéroglyphes décrivant leur recette . taines louanges vouées aux vertus bienfaisantes des fumigations à base de Kyphi. Enthousiaste, Plutarque s'exclamait: Le Kyphi peut bercer les hommes jusqu'au sommeil, leur susciter des rêves agréables et chasser leurs soucis du jour. Celui qui brûle du Kyphi le soir va véritablement bénéficier de calme et de sérénité. Il était appelé aussi aussi le parfum deux fois bons. L’Eau de Hongrie Arnaud de Villeneuve né en 1238 à Villeneuve en Languedoc se distingua notamment en médecine, en chimie, en astrologie et en théologie. Il séjourna longtemps à Montpellier en exerçant la médecine et la chimie ainsi qu’en enseignant à l’Université. Ayant appris à Cordoue le principe de la distillation, il l’applique au vin et réalise de ‘’l’esprit de vin’’. Ce savant utilisa le premier l’alcool en parfumerie, réalisa les premières huiles essentielles et découvrit également les acides sulfurique, chlorhydrique et nitrique. D'autres formules nous sont parvenues notamment grâce au papyrus Ebers et à un autre papyrus découvert dans la pyramide de Khéops. Dans ses écrits, Plutarque nous indique également comment préparer le Kyphi et énumère seize ingrédients. Il semble que cette recette lui ait été transmise par le prêtre égyptien Manéthon. Dioscorides, médecin des armées de l'empereur Néron, parle lui, d'une recette composée de dix substances. En comparant ces différentes données, on peut déduire que le Kyphi contenait en tout cas les ingrédients suivants : oliban, myrrhe, cannelle, bois de santal, souchet, genévrier, acore odorant, coriandre, mastic du lentisque, storax, raisin et vin. Leurs ingrédients étaient combinés avec tant de raffinement et s'harmonisaient si bien entre eux qu'ils créaient toute une gamme de senteurs nouvelles aux effets hors du commun. Sa préparation durait des mois et s'accompagnait de rites et de prières. On peut encore à l'heure actuelle entendre cer- A cette époque, apparaît la fameuse ‘’Eau de Hongrie’’, offerte à Charles V (1338 / 1380), à base de romarin additionné de fleur d’oranger, d’esprit de rose, d’extrait de menthe et de citron. C’est un alcoolat de romarin et le plus ancien parfum connu à base d’alcool. Dès le XVII° siècle, on attribue à l’Eau de la ‘’Reine de Hongrie’’ des pouvoirs revitalisants, esthétiques et thérapeutiques. Elle permet de retrouver la force et la beauté nécessaires à la séduction, ainsi que guérir des maux aussi divers que : rhumatismes, palpitations cardiaques, peste, obstruction du foie, jaunisse, bourdonnements d’oreilles ou douleurs abdominales. Elle était très utilisée à la Cour de Louis XIV , Madame de Sévigné en raffola et disait à sa fille Madame de Grignan ‘’J’en suis folle, c’est le soulagement de tous mes chagrins .. ….’’, ‘’je m’en enivre tous les jours, j’en ai dans ma poche…..’’. Madame de Maintenon en recommandait également un usage quotidien à ses pensionnaires de Saint Cyr afin de les protéger des épidémies. Selon certains, l’origine la plus probable pour la fabrication de la première ‘’Eau de Hongrie’’ serait Montpellier. Rappel de la légende : "Un Ermite aurait glissé dans cette préparation de romarin, la formule d’une éternelle jeunesse. Elle aurait permis à Donna Isabella, Elisabeth de Pologne ( 1306 / 1381). Reine de Hongrie, septuagénaire, laide, paralytique et goutteuse de retrouver la splendeur de ses vingt ans et séduire un jeune Roi de Pologne. ‘’Qui me voulut épouser, ce que je refusais pour l’amour de Notre Seigneur Jesus-Christ croyant que cette recette m’avait été donnée par un ange’’. $7s Selon les recherches de Monsieur André Chauvière, l’appellation " Eau de la Reine de Hongrie " n’apparaît qu’à partir de 1639 et pourrait être une opération de type ‘’publicitaire’’, s’appuyant sur la vie des Cours galantes de Pologne et de Hongrie au XIV° siècle. Catherine de Médicis et son parfum l’Acqua regina En 1533, accompagnée de son astrologue et de Renato Bianco dit " René le Florentin " son parfumeur, Catherine de Médicis arriva en France pour son mariage avec Henri II. Portant le parfum " Eau de la Reine ", spécialement créé pour son mariage par des Frères Dominicains de Florence, elle lança la mode des parfums Italiens à la Cour de France qui en était déjà très friande, ainsi que celle des gants parfumés. Elle mit également à la mode les petits flacons à odeur à porter dans les poches des vêtements. " René le Florentin ", fut formé à l’Ecole de Florence encouragée par Cosme de Médicis un " fou de parfums ", et aussi grâce aux nouveaux produits aromatiques rapportés par les grands découvreurs de l’époque : Vasco de Gama, Magellan et Marco-Polo. Les banquiers Florentins et les armateurs Vénitiens amassèrent des fortunes en important de l’ambre, de la cannelle, de l’aloès, du camphre, de la muscade, du santal etc.… " René le Florentin ", créa sa boutique Parisienne sur le Pont-au-Change, se rendit célèbre pour ses parfums et fut accusé d’élaborer et de vendre des poisons. Après la mort de Henri II, Catherine de Médicis toujours vêtue de noir, utilisa le parfum au service de ses ambitions et de ses vengeances. " René le Florentin " lui confectionnera des philtres, des sachets, des bijoux et en particulier des gants parfumés cachant ….un poison !!. Agrippa d’Aubigné (le grand père de la future épouse morganatique de Louis XIV, Madame de Maintenon), accusa la Régente d’avoir empoisonné Jeanne d’Albret, sœur de François I°, Reine de Navarre. Laissant son fils le futur Henri IV face à son destinée ; elle mourut à Paris en 1572, après avoir discuté et convenu de l’union entre ce fils et Marguerite de Valois, la " Reine Margot ". Le " Vinaigre des 4 Voleurs ". On raconte qu’au début du XVIII° siècle, alors que les " Officiels " de la ville de Marseille ( ou Toulouse un siècle avant selon d’autres sources?) sont atterrés et impuissants devant l’ampleur du désastre, cette ville fut pillée par 4 voleurs sans scrupules qui semblaient être immunisés contre la peste, ce qui leur permettait d’opérer facilement dans les maisons et détrousser les victimes de l’épidémie. Ils furent arrêtés et le tribunal leur proposa une jugement de clémence s’ils révélaient leur secret. Soumis à " la Question ", ils avouèrent se frictionner le corps et notamment les mains et le visage, avec le produit d’une macération dans du vinaigre :d’ail, de rue et de nombreuses autres herbes aromatiques, ……, puis…….. par mansuétude exceptionnelle, compte tenu de leurs aveux, …..ils furent pendus au lieu d’être brûlés vifs !!. La recette fut ensuite publiée et recommandée à la population. Elle se révéla très efficace. L’efficacité thérapeutique, antiseptique, astringente et rafraîchissante du vinaigre est très ancienne, car Hippocrate lui même dès l’an 400 av. JC, le prescrivait déjà à ses patients. A remarquer au passage que jusqu’au XVIII° siècle, les récipients et les moyens de transports sommaires " abîmaient ou nuisaient à la conservation du vin ", il devenait donc rapidement " aigre ". La fraîcheur acide du vinaigre, très odorante assainit, purifie et dissimule l’odeur de putréfaction donc combat la peste. Dès le début du XVIII° siècle, on prit l’habitude de se frotter le visage et les mains avec du vinaigre. ‘’L'Eau de Cologne’’ Giovanni Paolo Feminis, un droguiste lombard souhaite développer son commerce, il quitte l'Italie pour l'Allemagne et crée, à Cologne, en 1693, une aqua mirabilis baptisée Eau admirable en raison de ses vertus thérapeutiques reconnues par l'Université de pharmacie de Cologne en 1727. Elle se compose d'esprit-de-vin, d'eau de mélisse et d'esprit de romarin, associés à de l'essence de ber- gamote, de néroli, de cédrat et de citron. Une formule proche était déjà préparée au couvent Santa Maria Novella à FLORENCE depuis le XIVè siècle, et connaissait alors un grand succès. Or, il est établi que Jean-Paul FEMINIS a bien connu une religieuse de ce couvent . A sa mort, en 1763, Feminis lègue le secret de sa formule aux trois fils d'un cousin germain. C’est Jean Marie Farina, donne à l'eau de Cologne ses lettres de noblesse. Il s'installe à Paris, en 1806, comme parfumeur, au 331, rue du FaubourgSaint-Honoré. Napoléon Ier, fût son plus grand client , il consommait jusqu'à 60 litres par mois. Le succès est tel qu’il est victime de contrefaçons, Farina appose sa signature sur les étiquettes de ses flacons et fait ainsi de son nom une marque. Elle y figure encore aujourd'hui. Armand Roger, chapelier, et de Charles Gallet, son beau-frère banquier, reprennent la maison Jean Marie Farina en 1862. Réputée pour son Rouleau de l'Empereur, flacon destiné à se glisser dans des bottes et confectionné à la demande de l'impératrice Joséphine ou pour sa pommade Rosat, mais la maison l'est avant tout pour son eau de Cologne. Ils vont donner naissance à la cosmétique moderne, grâce à une eau de Cologne mythique. Armand Roger et Charles Gallet sont les premiers à percevoir l'importance des flacons et à associer de grands noms, comme René Lalique ou Baccarat, à la parfumerie.». Fournisseurs des cours royales, ils exportent dans quarante pays. De nos jours, la marque fournit encore la cour d'Angleterre. L’Eau de Cologne Jean Marie Farina de Roger & Gallet est disponible dans de nombreuses parfumeries et pharmacies de Belgique