Pourquoi il ne faut pas voter extrême droite…

Interview de Jo De Leeuw, co-auteure
de "L'extrême droite contre les femmes"
Pourquoi
il ne faut pas voter
extrême droite…
Le 8 octobre nous irons voter aux élections communales. En ces
temps où les affaires des logements sociaux et de Francorchamps laissent un goût amer et creusent le fossé entre les politiques et les citoyens, cer tains peuvent avoir la tentation de
voter extrême droite, en signe de contestation ou parce qu'ils
pensent que le FN ou le Vlaams Belang sont les seuls par tis à
prendre en compte leur réalité quotidienne. Mais que propose
réellement l'extrême droite?
Jo De Leeuw est professeur de morale à
l'Athénée de Leuven et co-auteure du livre
" L'extrême droite contre les femmes". Dans
ce cadre elle a étudié de près le programme
et l'idéologie du Vlaams Blok, devenu Vlaams
Belang. Elle dénonce l'idéologie profondément
raciste et sexiste qui se cache derrière des
phrases racoleuses et volontairement floues.
" En général, les gens ne connaissent pas réellement le programme proposé par les partis d'extrême droite. Aujourd'hui, face au chômage, à
l'insécurité, de plus en plus de personnes ne se
sentent tout simplement plus défendues, ni
représentées par les partis démocratiques. Ces
personnes ont alors tendance à radicaliser leurs
idées et, si elles ne trouvent pas de réponse à
gauche, elles radicalisent à droite, explique Jo
De Leeuw. Le Vlaams Belang et les partis d'extrême droite jouent très fort là-dessus. Ils se
disent les partis des travailleurs et des chômeurs, ils s'approprient des symboles populaires comme le 1 er mai en leur donnant un
contenu xénophobe et sexiste. Ce n’est plus
" Travailleurs de tous pays unissez-vous ", mais
" Travailleurs flamands d’abord ".
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Racisme et sexisme
Le racisme envers les étrangers est ce qu'on
dénonce en premier lorsqu'on parle des partis
d'extrême droite, on connaît moins leur idéologie par rapport aux femmes. Cette idéologie
est pourtant essentielle puisque c'est en partant de la famille, et donc en s'appuyant sur les
femmes, que l'extrême droite veut s'étendre
rapidement.
" La famille, où ce que le Vlaams Belang appelle
'la communauté du peuple' est le point de départ
de toute l'idéologie fasciste, poursuit Jo De Leeuw.
Il est important de rester 'entre soi', entre personnes d'une même nation, et donc de chasser les
étrangers pour construire LE peuple. L'homme et
la femme unis dans le cadre du mariage sont le
noyau de cette’ communauté du peuple’. Ce
mariage doit être favorisé au niveau fiscal et être
le moins dissoluble possible (pas de divorce)."
Dans l'idéologie d'extrême droite la femme
occupe donc un rôle central dans la famille.
C'est à elle que revient la tâche de construire
LE peuple et la natalité est fortement encou-
ragée. En cas de conflit travail/famille, c'est la
famille qui est prioritaire. Tout est alors fait pour
maintenir la femme à la maison (congés de maternité allongés…), le Vlaams Belang propose même
un "salaire d'éducation" devant pouvoir atteindre
100% d'un salaire minimum de chef de famille. Si
les partis d'extrême droite soulignent que c'est
aux hommes que revient la tâche d'occuper la
sphère publique, ils ne se disent pas contre le travail des femmes. En ce qui concerne le travail, la
notion de solidarité entre patrons et travailleurs
est mise en avant comme étant logique puisqu'elle
lie des personnes appartenant à un même peuple.
Une vision du monde qui peut paraître rassurante
et attirante dans un monde où règne l’insécurité
sociale et où les gens sont à la recherche de
repères. Il est frappant de voir combien la montée
de l’idéologie d’extrême droite est parallèle à la
montée des idées néolibérales !
Derrière
les paroles racoleuses
" Il faut bien sûr aller un peu plus loin que les phrases
volontairement floues que l’extrême droite utilise dans
son programme électoral, précise Jo De Leeuw. Qui
va par exemple financer le fameux ‘salaire d'éducation’ ? Le Vlaams Belang estime que la Wallonie a
volé 12 milliards d’euros à la Flandre et compte sur
cet argent (à récupérer) pour financer le ‘salaire
d’éducation’, mais aussi les logements sociaux etc…
Quand les partis d’extrême droite se disent pour le
travail des femmes, c’est pour le travail des femmes
en tant que main-d’œuvre moins chère dans les
usines par exemple. Enfin, il faut bien comprendre
que dans leur idéologie, cette notion de solidarité
entre patronat et travailleur remplace la lutte des
classes qui n’a plus de raison d’être : plus besoin de
discuter avec les représentants des travailleurs
puisque tout le monde est du même peuple et qu’il
ne peut par conséquent pas y avoir de contradiction
au sein de ce peuple… C’est une attaque directe
envers les syndicats et une grave menace envers les
droits sociaux les plus élémentaires. "
A qui profite
le vote extrême droite ?
En Flandre le Vlaams Belang mobilise tellement
l’opinion publique que les autres par tis ont peur
et commencent à « plier ». On assiste ainsi à une
contagion des idées de droite, qui sont de plus en
plus d’extrême droite.
En France, quand on entend le discours de Nicolas
Sarkozy on se rend compte que le même phénomène de contagion est en train de se produire…
Voter extrême droite, c’est donner toutes ses
chances à la libéralisation rapide et complète de
la société. C’est donner à nos enfants un monde
sans avenir où les inégalités sociales sépareront
les populations entre ceux qui auront les moyens
d’aller à l’école, de trouver du travail, de manger,
d’être soignés… et les autres, ceux qui n’auront
accès à rien.
De quel côté de la « barrière » seront vos
enfants ?
Femmes en Plénière avant le Scrutin…
la suite, pas forcément la fin !
Contre l’extrême droite, mobilisons-nous !
Les Femmes Prévoyantes Socialistes de Liège organisent des plénières pour ouvrir des espaces de
parole et d’expression aux femmes et invitent toutes celles qui veulent s’inscrire contre l’extrême droite à se rencontrer une nouvelle fois avant le scrutin 2006 le samedi 4 mars en
matinée, à Liège.
Cette assemblée qui aura pour thème « Processus démocratiques : perception et vécu »,
accueillera Isabelle STENGERS, philosophe, professeure à l’Université libre de Bruxelles, observatrice de l’évolution de notre société, très engagée dans les luttes qui traduisent les exigences de
ce pari appelé « démocratie », …
C’est également cette rencontre qui avalisera notre, votre « argumentaire », ce document final que les
FPS de Liège veulent remettre aux politiques avant l’élaboration de leurs programmes électoraux.
Infos
et inscriptions
04/341 62 85
catherine.lemiere
@mutsoc.be
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