AS GOOD AS GOLD…

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AS GOOD AS GOLD…
AS GOOD AS GOLD…
Comme le disait Charles Dickens, il y a pas mieux que l’or… alors depuis quelque temps les marchés
s’en rendent compte. C’est ainsi que la nouvelle star des bourses est un produit mythique très
convoité, l’Or. Objet des désirs, symbole des Crésus et du pouvoir, l’or est aussi une valeur- refuge,
très prisée lors des périodes agitées de l’Historie. Et les dernières semaines ont été plus qu’agitées,
avec la vague d’attentats et d’attaques au Moyen Orient et les menaces de catastrophe majeure avec
100.000 victimes qui devrait arriver avant la fin du Ramadan …Cerise sur le gâteau, le déficit de la
balance commerciale américaine se creuse encore, de quoi faire chuter le dollar au plus bas de 3
semaines et donner des ailes aux prix des commodities, l’or en tête. Si l’on veut devenir riche, c’est
sur l’or qu’on doit miser maintenant!
AU PLUS HAUT DE 7 ANS..
C’était le jeudi dernier que l’or atteignait son plus haut de plus de 7 ans, dans un marché qui avait
anticipé (à raison) une nouvelle progression du déficit de balance commerciale US, sur le fond des
tensions géopolitiques mondiales grimpantes à la suite de l’attentat de Riad et des nouvelles attaques
de forces de guérilla contre les troupes US et italiennes en Irak.
Alors, au London Bullion Market, le marché des métaux précieux de la capitale britannique, l'once d'or
était vendredi dernier à 395,35 $ au fixing du matin, contre 395,40 $ jeudi après-midi au fixing, tandis
que sur le marché au comptant, l'once se négociait à 396,15 $ vendredi matin, après avoir touché le
niveau de 397,85 $ , le plus haut depuis le 9 avril 1996! .. Lundi matin, l’échéance décembre était déjà
à 399 $ /once dans la séance asiatique du Comex- un niveau si proche du seuil psychologique de 400
$/once que le marché ne va pas tarder à atteindre bientôt, surtout que la remontée de l’euro, à
l’origine de cette hausse actuelle (pour 3 journées à la suite), est toujours en train de continuer, avec
un objectif immédiat à 1.18.
Donc l’euro monte: pas parce que l’économie européenne fait du rallye (elle arrive tant bien que mal à
repartir au T3, avec une hausse du PIB de 0.4% par rapport au T2), mais par ricochet, à la suite de la
faiblesse du dollar qui a forcé des achats spéculatifs lors des dernières sessions, lesquels ont poussé
l’once vers les 400$, niveau atteint la dernière fois le 27 mars 1996. Alors, pourquoi le billet vert
chute-t-il encore et encore? Parce que, malgré les statistiques américaines très optimistes de la
semaine précédente, qui avaient indiqué une croissance record, l‘économie US n’est pas repartie sur
des bases saines. Déjà frappé par la reprise des tensions géopolitiques et la remontée des nouvelles
demandes hebdo d’allocation de chômage, le dollar s’engouffre sur la menace des twin deficits.
LE TROU DE LA BALANCE COMMERCIALE SE CREUSE…
En effet, le déficit de balance commerciale US augmente: il est sorti en hausse en septembre, à 41.3
mlds de $, accompagné d’une révision à la hausse du chiffre d’août, à 39.5 mlds$ .. alors le dollar
chute, ce qui rend moins cher l’or (exprimé en $) pour les investisseurs qui le paient avec d’autres
e
devises. D’où l’intérêt pour ce produit, le 3 actif de réserve au monde: son prix grimpe en
conséquence à Londres ou ailleurs, sur une forte demande de protection contre la faiblesse du dollar,
mais aussi sur nombreuses spéculations. Sachons que les US doivent chaque jour attirer entre 1.5 –2
milliards de $ pour boucher ce trou des finances publiques, et pour maintenir ainsi le dollar à une
valeur stable… ce qui n’est pas le cas, vu la chute (lire dévaluation désirée) du dollar.
LA FAIBLESSE DU DOLLAR FAIT LE BONHEUR DE L’OR
Alors, plus le dollar s’affaiblit, plus l’or monte, on a même une forte corrélation indirecte entre les prix
des deux, au moins cette année! Le billet vert a perdu les 12 derniers mois environ 12% contre l’euro,
tandis que l’or a gagné 15%, dans une tendance générale de hausse des prix de toutes les matières
premiers (commodities). En fait, les marchés mondiaux ont (trop vite?) anticipé la reprise de la
demande globale et de la croissance des économies, ce qui a fait monter les prix des commodities.
Dans le cas de l’or, les choses sont les plus évidentes: avec des prévisions de prix au T4 à 367
$/once en septembre, il est déjà en train de toucher les 400 $ - besoin de protection contre les
attaques de ces dernières semaines et l’instabilité générale (on se rappelle, le jour noir du 11 Sept.,
l’or avait grimpé de 5.4% en une seule séance…)
Les autres commodities se négocient aussi en hausse, et les métaux touchent des plus hauts: en une
seule séance l’argent avait pris le jeudi dernier 1.1%, le palladium 2.1% et la platine, fortement
demandée pour les pots d’échappement catalytiques des moteurs Diesel, 1.3%, au plus haut de 23
ans, alors que le nickel touchait le plus haut de 14-ans (forte demande à venir de la part de la
bouillonnante industrie sidérurgique chinoise d’acier inoxydable) sur craintes de pénurie en 2004.
La fin des années 90 avait fait la fortune des nouveaux venus qui avaient misé sur l’avenir en or de
l’Internet et des ordinateurs, les années 2000 semblent voués à un autre mythe, l’Or même. Et la
dernière mode sur les marchés n’est plus de parler informatique, performances des banques
d’investissements ou émissions d’obligations, mais fusion des géants du domaine aurifère, techniques
d’extraction et nouveaux glissements en Mozambique, Ghana ou dans l’inconnue Sibérie, en Russie.
L’or est donc un marché qui monte: à 348 $ /once en début d’année, on s’apprête à franchir la barre
de 400 $, incertitudes économiques et surtout politiques à l’appui. Sans oublier l’inflation: actuellement
elle semble calmée, mais gare aux eux profondes qui sont les plus trompeuses.. . Et tant que les
déficits montent, aux US aussi bien qu’en Europe, la seule solution des gouvernements est de faire
tourner à fond la planche à billets pour combler les trous.. les prix devront donc remonter, et alors, le
dernier refuge: l’or. Mais au lieu de trop parler, laissons plutôt l’or faire le reste, comme le disait
l’éternel Shakespeare, «gold were as good as twenty orators » (l’or fut aussi bon que 20 orateurs) …
CRISTINA VASILESCU