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Le fédéralisme, facteur d’américanisation et d’antiaméricanisme Gymnase Auguste Piccard Bouchez Géraldine 3m2 14 novembre 2005 Professeur responsable : Madame M. Barthes 14 novembre 2005 Géraldine Bouchez 3m2 Le fédéralisme, facteur d’américanisation et d’antiaméricanisme Gymnase Auguste Piccard 0. Tables des matières 0. TABLES DES MATIÈRES ..................................................................................................................................... 1 1.0 INTRODUCTION................................................................................................................................................... 2 2.0 DÉFINITIONS......................................................................................................................................................... 3 3.0 HISTORIQUE COMPARÉ................................................................................................................................... 3 3.1 AVANT LE FÉDÉRALISME ................................................................................................................................ 3 3.2 LA CRÉATION DU SYSTÈME FÉDÉRALISTE ...................................................................................................... 5 3.3 LES DÉBUTS DU SYSTÈME FÉDÉRALISTE ........................................................................................................ 6 3.4 LES PRINCIPALES CRISES ................................................................................................................................ 8 3.5 LES PRINCIPALES MODIFICATIONS DE LA CONSTITUTION ............................................................................. 9 3.6 OÙ EN EST-ON AUJOURD’HUI?...................................................................................................................... 10 4.0 L’APPLICATION DU SYSTÈME FÉDÉRALISTE AU NIVEAU CONSTITUTIONNEL...................... 11 4.1 STRUCTURE DE LA CONSTITUTION SUISSE ................................................................................................... 11 4.2 STRUCTURE DE LA CONSTITUTION AMÉRICAINE ......................................................................................... 11 4.3 AU NIVEAU LÉGISLATIF ................................................................................................................................ 12 4.3.1 Les principales convergences.............................................................................................................. 12 4.3.2 Les principales divergences................................................................................................................. 13 4.4 AU NIVEAU EXÉCUTIF ................................................................................................................................... 13 4.4.1 Les principales convergences.............................................................................................................. 13 4.4.2 Les principales divergences................................................................................................................. 14 4.5 AU NIVEAU JUDICIAIRE ................................................................................................................................. 15 4.5.1 Les principales convergences.............................................................................................................. 15 4.5.2 Les principales divergences................................................................................................................. 15 4.6 ANALYSE....................................................................................................................................................... 15 5.0 ANALYSE DE DEUX POINTS DE LA CONSTITUTION............................................................................ 17 5.1 LA PEINE DE MORT ........................................................................................................................................ 17 5.1.1 Résumé des similitudes et divergences constitutionnelles.................................................................. 17 5.1.2 Analyse des divergences et similitudes constatées ............................................................................. 18 5.1.3 Commentaires....................................................................................................................................... 19 5.2 LES LIBERTÉS CONSTITUTIONNELLES........................................................................................................... 20 5.2.1 Résumé des points communs et divergences constitutionnelles ......................................................... 20 5.2.2 Analyse de ces points communs et divergences .................................................................................. 21 5.2.3 Commentaire ........................................................................................................................................ 21 6.0 CONCLUSION...................................................................................................................................................... 22 7.0 BIBLIOGRAPHIE................................................................................................................................................ 24 7.1 LIVRES : ........................................................................................................................................................ 24 7.2 SITES INTERNET :.......................................................................................................................................... 24 1/24 14 novembre 2005 Géraldine Bouchez 3m2 Le fédéralisme, facteur d’américanisation et d’antiaméricanisme Gymnase Auguste Piccard 1.0 Introduction L’américanisation et l’antiaméricanisme sont des thèmes récurrents qui depuis des années, sont abordés par tous les médias. Malgré cette médiatisation je n’ai toujours pas compris ce que signifiaient exactement ces deux concepts. C’est pourquoi j’ai choisi ce thème comme sujet de Travail de Maturité. Je pourrais ainsi me forger une opinion sur ces notions des plus actuelles en laissant de côté les idées préconçues et le manque d’objectivité. Mon premier objectif était de comprendre, comme je l’ai dit précédemment, ce que sont l’américanisation et l’antiaméricanisme. Il fallait donc que j’aborde ce thème sous un angle personnel. Après quelques courtes hésitations, j’ai choisi celui du droit. Ceci, pour deux raisons essentielles: premièrement, mon grand intérêt pour cette branche et deuxièmement, je considère cet angle comme étant une manière originale et innovante d’aborder ce thème. Je voulais trouver un sujet qui parviendrait à concilier mes deux impératifs. Après quelques recherches j’ai fini par trouver le lien: le fédéralisme. J’ai été surprise de découvrir que ce système politique avait vu le jour aux Etats-Unis et que ce sont les Américains, qui les premiers, ont créé une Constitution. Les Suisses s’en sont inspirés pour créer la leur. Et, aujourd’hui, le modèle suisse est devenu celui dont s’inspirent les Etats fédéraux dans le monde entier. Je me suis ensuite demandé comment deux pays ayant plus ou moins la même base constitutionnelle avaient pu par la suite autant s’éloigner sur ce plan. En fait, cette question résume ma problématique. Je pense qu’on peut trouver une partie de la solution à cette interrogation dans l’histoire des deux pays. Car, pour moi, il est clair que les différences et les points communs entre les deux systèmes sont directement liés au vécu des deux nations. Il me sera donc nécessaire de faire un historique comparé entre le fédéralisme américain et le fédéralisme suisse. A la suite de cet historique je ferai une recherche précise des convergences et des divergences entre les textes constitutionnels ainsi qu’entre les valeurs fondatrices de la Suisse et des Etats-Unis d’Amérique. J’exploiterai ces similitudes et différences comme facteurs d’américanisation et d’antiaméricanisme. En effet, nous avons eu affaire à une américanisation de notre constitution lors de sa création, puis avec le temps nous nous sommes éloignés de notre modèle américain, ce qui, pour moi, est une sorte d’antiaméricanisme. Ensuite, pour arriver à élaborer une comparaison valable, j’analyserai mes observations selon deux perspectives: la peine de mort et les libertés constitutionnelles. Je n’ai pas choisi ces deux sous sujets au hasard. Je pense qu’ils reflètent une vision des Etats-Unis assez particulière. Ces sujets soulèvent un aspect de la vie américaine parfois incompréhensible pour un certains nombre d’Européens. De plus, ce sont l’une des bases de l’antiaméricanisme européen. 2/24 14 novembre 2005 Géraldine Bouchez 3m2 Le fédéralisme, facteur d’américanisation et d’antiaméricanisme Gymnase Auguste Piccard 2.0 Définitions Il me semble important de définir un certain vocabulaire qui me sera utile tout au long de mon Travail de Maturité. Le fédéralisme est un système politique. Le principe de base de ce système est l’organisation des rapports entre le gouvernement central et les gouvernements des états ou cantons. Cette organisation est réglementée par une Constitution. Ces états et cantons, ensemble, forment un Etat fédéral. Cette organisation politique a été adoptée entre autres par les Etats-Unis et la Suisse ainsi que par des pays non démocratiques tels que la Turquie. En recherchant les traces d’américanisation dans le système fédéraliste suisse, je vais tenter d’évaluer le degré d’inspiration de la Constitution helvète par rapport à la Constitution américaine. Dans mon travail, je vais aussi explorer la voie de l’antiaméricanisme mais de manière un peu particulière. L’antiaméricanisme est une position hostile vis-à-vis de la politique, de l’économie ou de la culture américaine. Pour moi, cela se manifeste surtout à travers la recherche de démarcation de la Constitution suisse par rapport à l’un de ces modèles, la Constitution américaine. 3.0 Historique comparé 3.1 Avant le fédéralisme En Suisse comme aux Etats-Unis, il y eut une réelle recherche d’unification avant la création de la Constitution. Dans chacun des pays, la recherche d’union entre les différents cantons ou états était présente bien avant l’adoption du fédéralisme. A ce propos, il est important de noter deux grandes différences existant entre les deux pays. La première c’est que la Suisse a mis beaucoup plus de temps que les Etats-Unis à adopter le système fédéraliste que nous connaissons aujourd’hui. Et la seconde, c’est que les Américains sont une communauté d’exilés alors que les Suisses n’ont jamais été des déracinés. Cela entraîne donc une différentiation dans la manière dont les deux populations ressentent leur environnement. Au niveau historique il existe certains points communs entre les deux nations. Les deux gouvernements cherchaient, en remaniant leur texte de loi, à se protéger des attaques extérieures et à affirmer leur indépendance. Dès 1291, date de l’union entre Uri, Schwyz et Unterwald, les Suisses ont voulu préserver leurs intérêts par leur indépendance. Ils désiraient se protéger des autres Etats européens et en particulier des Habsbourgs. Les Suisses ont par la suite créé des unions avec d’autres cantons. Jusqu’à la fin du dixhuitième siècle, la Suisse gardera la même forme constitutionnelle. Pourtant, la structure de la Confédération était extrêmement compliquée. La base légale étant constituée d’une pluralité de traités entre les différents partenaires, il n’existait qu’un organe commun : la Diète. Seulement, elle ne pouvait prendre des décisions qu’à l’unanimité car tous les cantons étaient souverains. Puis en 1648, le Saint Empire Germanique reconnaît la souveraineté suisse. Ainsi, la Suisse a été libérée du joug des Habsbourgs. En 1607, la ville de Jamestown est fondée aux Etats-Unis. C’est le point de départ de la colonisation du pays. Les raisons principales de cette colonisation sont d’ordre religieux. En effet, la plupart des colons venus au pays étaient des catholiques ou des puritains cherchant asile après avoir été chassés d’Angleterre. Au cours des années qui suivront l’édification de la ville, treize colonies vont être créées par les colons américains. 3/24 14 novembre 2005 Géraldine Bouchez 3m2 Le fédéralisme, facteur d’américanisation et d’antiaméricanisme Gymnase Auguste Piccard Le 4 juillet 1776, les colonies américaines vont déclarer leur indépendance et concevoir leur Déclaration d’Indépendance. Par ce texte, ils se libèrent de l’autorité de l’Empire britannique car depuis quelques années, les relations entre la métropole et les colonies sont de plus en plus tendues. Tandis que les Américains voulaient devenir une nation à part entière et agissaient comme tel, la métropole tentait de resserrer son emprise. C’est pour accéder à l’indépendance que les Américains ont du se battre durant neuf ans. Car malgré un soutien français, les Américains privés d’un gouvernement central ne pouvaient prendre aucune décision politique, militaire ou économique rapidement puisque chaque état étant souverain, les décisions devaient être prises à l’unanimité. Ils gagnèrent malgré tout, la guerre et finalement, leur indépendance fut reconnue par l’Angleterre en 1783 grâce au traité de Paris. En Suisse comme aux Etats-Unis, l’indépendance d’esprit s’est faite beaucoup plus rapidement que l’autonomie territoriale. Il a fallut que les Suisses ainsi que les Américains prennent les armes pour que leur souveraineté soit reconnue par les autres nations. Seulement, en Suisse, le conflit armé ne dura qu’un an alors que la guerre déchira la nation américaine durant neuf ans. A la fin de la révolution américaine, les treize colonies indépendantes créent les "Articles of Confederation". Pourtant, ce pacte n’apporte pas la stabilité espérée au pays. La situation se dégrade car les dettes ne peuvent être remboursées et les Etats européens jugent sévèrement l’impuissance américaine. Malgré cela, le pays sera gouverné par ces articles durant 8 ans. Toutefois, en 1787, une poignée d’homme comprenant l’importance d’une union, va réunir une convention constitutionnelle à Philadelphie. En 1798, les troupes françaises envahissent la Suisse qui devient alors une république. La première Constitution suisse va être rédigée par quelques têtes bien pensantes, mais va être altérée par Napoléon Bonaparte. Par cette Constitution, la Suisse devient un état centralisé à part entière: la République helvète. Créée sur le modèle français, la Constitution de Bonaparte ne réussit pas à s’imposer. En 1802, il va réessayer de mettre en place une nouvelle Constitution ayant la même base juridique que la première mais là encore il va échouer. Napoléon va se rendre compte que la centralisation n’est pas possible en Suisse. Le premier consul impose alors un nouveau régime politique à la Suisse : l’Acte de Médiation. Ce changement de régime a été un bienfait réel car il parvint à calmer les tensions intérieures régnant en Suisse à cette époque. Sa forme elle-même était une révolution : il était composé de vingt et un chapitres, un pour chaque canton. Par cet acte la Suisse retrouvait plus ou moins ses frontières traditionnelles qu’elle avait perdues sous la République Helvète. Ainsi, le pays sera durant dix ans sous protectorat français. A la chute de Napoléon, les Suisses créent le Pacte de 1815. Par ce pacte, ils vont retourner aux anciennes structures, avec cependant quelques différences notoires. Désormais, les cantons sont liés entre eux par un seul traité. Il n’y a plus de pluralité. Jusqu’en 1848, ce pacte sera considéré comme la loi fondamentale suisse. Mais, de 1830 environ jusqu’à la création de la Constitution helvète, il y aura plusieurs tentatives de révision qui échoueront toutes. Probablement parce que les esprits de l’époque n’avaient pas encore trouvé une solution qui pourrait contenter tout le monde. Les Américains comme les Suisses ont vite compris qu’il fallait que tous les cantons ou états soient liés les uns aux autres pour parvenir à une réelle consolidation. Il fallait trouver une solution qui conviendrait aussi bien aux états qu’à l’Etat. Faire des compromis était indispensable car les états ou cantons auraient refusé de perdre leur propre indépendance ainsi que leur souveraineté. La plupart des états ou cantons étaient inquiets de perdre une partie de leur pouvoir décisionnel à la faveur d’une autorité centrale. Ils 4/24 14 novembre 2005 Géraldine Bouchez 3m2 Le fédéralisme, facteur d’américanisation et d’antiaméricanisme Gymnase Auguste Piccard voulaient également préserver leur identité propre. Bien que cette notion soit plus forte aujourd’hui en Suisse qu’aux Etats-Unis, elle y est aussi très présente. En général, chaque colonie américaine est composée d’un groupe de colons partageant la même religion et les mêmes idéaux sociaux. Or en s’unissant sous le drapeau fédéraliste ils parvenaient à protéger leur identité ainsi que leur indépendance. En acceptant un traité unique qui leur laissait malgré tout des libertés, l’harmonie était possible. De plus, cette harmonie leur offrait une plus grande stabilité politique. 3.2 La création du système fédéraliste La toute première Constitution du monde contemporain est une œuvre américaine. En créant cette Constitution, les Américains avaient pour but essentiel de calmer les tensions régnant dans leur pays. Il ne leur aura pas fallu très longtemps pour créer ce texte qui va faire d’eux les pères fondateurs des Etats-Unis ainsi que du fédéralisme. Le 25 mai 1787, douze des treize colonies envoient des représentants à Philadelphie "pour aviser aux dispositions qui leur sembleraient nécessaires pour rendre la Constitution du gouvernement fédéral adéquate aux exigences de l’Union." 1 En Suisse c’est en 1848 que la Diète décide de créer une commission chargée de réviser le Pacte de 1815. Cinquante cinq délégués américains participent aux débats. Ils sont membres de l’élite sociale de leur époque, juristes ou planteurs. La moyenne d’âge est de quarante ans et ils ont, pour la plupart, l’expérience des affaires publiques. La commission helvète, elle, fut composée de vingt-trois membres représentant chaque canton ou demi-canton souhaitant la révision. Seul les cantons de Neuchâtel et Appenzell ne furent pas représentés. Les membres de la commission étaient pour la plupart magistrats et avaient une grande expérience politique. La majorité était quadragénaire. D’ailleurs, la relative jeunesse de la commission fut sans doute un réel atout. Ils étaient en majorité citadins ce qui leur apportaient une vision réelle des besoins du peuple, contrairement à la classe bourgeoise. On peut noter que dans les deux cas, les membres des commissions étaient des hommes d’une quarantaine d’années ayant un niveau social élevé. La composition sociale de ces comités n’était donc pas très représentative de la population. Le fait que la moyenne d’âge ne soit pas très élevée est un point important à noter. Cela démontre que l’on confia ce travail à des hommes murs ayant, pour la plupart, un vécu politique. On recherchait les personnes les plus aptes à remplir la tâche qui leur était confié. Aux Etats-Unis, dès le début des débats, les délégués décident de ne rien révéler de leurs discussions à l’extérieur de la commission. Après quatre mois de délibération parfois houleuse, la première Constitution du monde était née. En Suisse, les séances étaient aussi tenues à huit clos. La raison de ce choix est la volonté d’aboutir, le plus rapidement, à la rédaction d’un texte acceptable pour toutes les parties. Il ne fallut que cinq mois aux membres de la commission pour créer leur texte constitutionnel. Il semblait donc important, à l’époque pour les auteurs du texte constitutionnel de se préserver de toutes influences extérieures. En permettant ainsi aux participants de ne pas subir de pressions, ceux-ci furent plus aptes à échanger leur point de vue. Et ainsi ils purent trouver plus facilement des compromis. 1 René Rémond, Histoire des Etats-Unis, 1982, p.26. 5/24 14 novembre 2005 Géraldine Bouchez 3m2 Le fédéralisme, facteur d’américanisation et d’antiaméricanisme Gymnase Auguste Piccard Pour être mis en application, le texte devait recevoir l’aval de neuf des treize colonies américaines. Deux camps principaux vont alors se distinguer : les fédéralistes et les antifédéralistes. Les premiers soutiennent la nouvelle Constitution alors que les seconds craignent que l’extension du gouvernement central étouffe le pouvoir des états. Au contraire de ce qu’on peut imaginer, le débat entre les deux camps ne fut pas très hargneux. La majorité va donc être atteinte rapidement et le nouveau gouvernement américain entrera en vigueur en 1789. En Suisse, avant que le texte ne soit adopté par le peuple il fallait que la commission le soumette à la Diète. Car ce n’était pas un organe politique comme on pourrait le croire, mais une commission d’expert. Pourtant, pour gagner du temps, ils adressèrent directement leur projet aux cantons. Ensuite, eurent lieu des séances durant lesquelles le texte constitutionnel fut remanié. Le projet fut finalement accepté lors de la seconde lecture de l’œuvre helvétique. Après discussions, l’adoption de la Constitution fut soumise au peuple qui l’accepta. Certains historiens américains ont comparé les créateurs de la Constitution à des demi-dieux. Cela est probablement exagéré mais il faut reconnaître que ces auteurs avaient un peu de génie en eux. En effet, ils sont parvenus en moins d’un an à créer un système politique alliant rigidité et souplesse. Les auteurs suisses ont aussi beaucoup de mérite puisqu’ils sont parvenus à créer leur propre Constitution. Certes, comme nous pourrons le voir, certains points communs existent entre les deux textes. Mais ils ont quand même réussi à se distinguer de leurs prédécesseurs sur plusieurs points. 3.3 Les débuts du système fédéraliste Les débuts du système fédéraliste aux Etats-Unis comme en Suisse ont eu pour principal effet de calmer les tensions régnant entre les différents protagonistes de la Constitution. Son adoption eut aussi un effet révolutionnaire sur la politique helvète et américaine. En 1789, aux Etats-Unis, douze états ratifièrent la Constitution. Le six avril de la même année Georges Washington fut élu comme le premier président des Etats-Unis. Un an plus tard, le Rhode Island fut le treizième état à ratifier la Constitution. Durant les six années qui suivirent, trois nouveaux états adhérèrent au texte constitutionnel. En 1791, les dix premiers amendements furent votés. Un amendement est un article ajouté à la Constitution. Il sert à définir plus précisément certaines parties du texte constitutionnel. On réunit les dix premiers amendements sous le nom de "Bill of rights" ou Déclaration des droits. En Suisse, l’adoption de la Constitution aura un effet révolutionnaire sur le pays. Une union douanière et monétaire va être instaurée entre les cantons. Il n’y aura plus jamais de douanes entre les cantons suisses. Le 7 mai 1850, une loi est votée pour créer le franc suisse. Il sera mis en circulation deux ans plus tard. Avec le temps, de nouveaux droits populaires vont être votés dans les cantons. Le droit de référendum ainsi que celui d’initiative constitutionnelle vont aussi être accordés aux citoyens. On peut mettre en avant certains points communs existant entre les deux nations. Tout d’abord la création d’une Constitution a permis à la Suisse comme aux Etats-Unis de stabiliser leur situation politique et plus tard économique. Ensuite, il paraît important au deux pays de privilégier les droits de leurs citoyens. Il ne faut que deux ans pour que les Américains mettent en place leur « Déclaration des droits » qui règlemente les droits des 6/24 14 novembre 2005 Géraldine Bouchez 3m2 Le fédéralisme, facteur d’américanisation et d’antiaméricanisme Gymnase Auguste Piccard citoyens américains, garantis constitutionnellement. La Suisse va créer les mêmes droits constitutionnels quelques années plus tard. Il semblait donc important aux deux gouvernements de protéger leurs concitoyens des possibles abus du système. Cependant, dès le départ, la Suisse va se démarquer de son modèle sur un point bien précis. Comme nous pourrons le voir plus tard, aux Etats-Unis, le pouvoir exécutif est détenu par un seul homme alors qu’en Suisse c’est une autorité collégiale qui dirige l’exécutif. On voit donc émerger une image d’homme dirigeant la nation aux Etats-Unis ce qui n’est pas le cas en Suisse. C’est Georges Washington le premier qui va jouer ce rôle. La première tâche que doit accomplir Washington en tant que président est de rembourser les dettes de la jeune nation. Le pays est endetté et il faut trouver des fonds pour rembourser. Pour trouver une solution, il va faire appel à deux de ses plus fidèles amis: Alexander Hamilton et Thomas Jefferson. Deux années après la création de la Constitution, Hamilton va proposer au Congrès la création d’une banque qui servira d’institut d’émission et de régulateur de l’économie nationale. Qualifiée d’anticonstitutionnelle par une partie des représentants au Congrès, dont Jefferson fait partie, cette initiative va pourtant être soutenue par Washington. Le vingt-cinq février 1791, une loi établissant l’existence d’une Banque des Etats-Unis est signée. Jefferson dégoûté de la tournure de l’affaire va créer le premier parti politique des Etats-Unis: les républicains. Hamilton, lui, reste toujours fédéraliste. La Constitution ne prévoit pas la création de partis politiques, mais ce sont eux qui, désormais, vont rythmer la vie politique. Washington, quant à lui, va faire de son mieux pour préserver l’union nationale. C’est dans cette optique qu’il va, en 1793, proclamer la neutralité des Etats-Unis. La même année, il se fait réélire au poste de président des Etats-Unis. La Suisse quant à elle va entrer dans l’Union monétaire latine. En 1865, l’Union est constituée de la France, de la Belgique, de l’Italie et de la Suisse. Par cette union, les différents partis recherchent une harmonisation au niveau monétaire. Les accords les liant réglementent l’usage des pièces dans les différents pays ainsi que la limitation du nombre émis qui doit être proportionnel à la population. Ces réglementations ne concernent pas le papier monnaie. L’Union monétaire latine sera dissoute en 1926. Tandis que des tensions apparaissent dans la politique américaine, la Suisse va renforcer ses liens avec ses voisins européens. Cette divergence notable entre les deux pays s’explique en premier lieu par leur situation géographique. Les Etats-Unis sont isolés sur un continent alors que la Suisse est entourée de cinq pays. Il est donc important pour les helvètes de conclure des accords commerciaux avec leurs voisins. Ce qu’ils vont concrétiser en 1868 lorsque le gouvernement obtient un débouché maritime grâce à la Convention de Mannheim. Le Rhin devient eaux internationales entre le dernier pont de Bâle et son embouchure. Avec le temps, aux Etats-Unis, les querelles entre les républicains et les fédéralistes vont s’envenimer. Le pays va traverser différentes crises plus ou moins graves, mais l’unité du pays va perdurer. En 1796, Gorges Washington décide de ne pas se représenter au poste de président pour un troisième mandat. Il écrira dans son message d’adieu: "Le maintien de l’Union doit être le principal objet des vœux de tout patriote américain."2 Durant les années qui vont suivre, la politique américaine va continuer à être mouvementée. Cela est en partie dû aux relations entre les fédéralistes et les républicains qui sont toujours extrêmement 2 André Kaspi, Les Américains naissance et essor des Etats-Unis 1607-1945, 1986, p.120. 7/24 14 novembre 2005 Géraldine Bouchez 3m2 Le fédéralisme, facteur d’américanisation et d’antiaméricanisme Gymnase Auguste Piccard tendues. En 1812 éclate une seconde guerre entre l’Angleterre et les Etats-Unis. Elle trouve ses origines dans la discorde existant entre les deux pays au niveau économique mais aussi politique. A la suite de cette guerre, les relations entre l’empire britannique et les EtatsUnis se verront améliorées. La Suisse est un petit pays qui peut-être menacé par les pays qui lui sont limitrophes. En 1858, l’Affaire de la Savoie va soulever le problème de la politique extérieure helvète. A cette époque, une partie de la Savoie qui était depuis 1815 parfaitement neutre, va redevenir française. En réaction, le Conseil Fédéral envisage d’occuper la zone. Mais l’Assemblée Fédérale ne va pas donner son accord. Depuis, la Confédération se tient à une politique de neutralité. 3.4 Les principales crises Il me semble important de connaître les événements majeurs de l’histoire suisse et américaine. Car cela va nous permettre, par la suite, de mieux comprendre certaines évolutions de leur Constitution respective. Je ne vais m’attarder que sur les faits ayant eu une incidence sur la nature du fédéralisme suisse et américain. La principale crise intérieure qu’ont eu à affronter les Etats-Unis durant leur histoire fut la guerre de Sécession. Ce conflit opposa les états du Nord à ceux du Sud. La raison principale de cette sécession entre les états était l’esclavage. Dans la Déclaration d’indépendance il est écrit que "tous les hommes sont créés 3 égaux" . Or ce n’était pas le cas, puisque les esclaves n’avaient pas les mêmes droits que les autres Américains. En 1860, lorsque Abraham Lincoln, qui était un farouche opposant à l’esclavage, fut élu président, onze états du sud quittèrent l’Union et donnèrent naissance à une nouvelle nation indépendante: les Etats Confédérés d’Amérique. Ce pays regroupait la Caroline du Sud, la Caroline du Nord, le Mississipi, la Floride, l’Alabama, la Géorgie, la Louisiane, le Texas, la Virginie, l’Arkansas et le Tennessee. La guerre finit par éclater entre les Etats-Unis et les Etats Confédérés d’Amérique. L’union venait d’être brisée. Après quatre ans de guerre les états du Sud capitulèrent et l’esclavage fut aboli. Au sortir de cette guerre, les Etats-Unis montrèrent au monde qu’ils ne se composaient pas seulement d’états semi indépendants mais formaient une véritable nation. Néanmoins, cette nation fut durant de très longues années déchirée à d’autres niveaux. Il aura fallu des décennies pour que les droits civiques des personnes de couleur soient respectés au Sud des Etats-Unis. La Suisse a aussi connu dans son histoire une crise particulièrement grave mais antérieure à la création de la Constitution. Malgré cela, il me semble important de l’évoquer car elle fut l’un des événements qui provoqua la révision, en 1848, du Pacte de 1815. Depuis 1845, sept cantons catholiques se sont secrètement liés entre eux. Les cantons de Lucerne, d’Uri, de Schwyz, d’Unterwald, de Zoug, de Fribourg et du Valais, ont conclu une alliance ayant pour nom le « Sonderbund ». En 1847, cette alliance apparaît aux yeux de tous lorsque le Sonderbund cherche à s’allier avec l’Autriche. Cette recherche de coalition étant contraire au Pacte de 1815, la Diète ordonne la dissolution du Sonderbund, le vingt juillet de cette année. Elle va même jusqu’à envisager la solution armée si les cantons récalcitrants ne coopèrent pas. En réponse à cet ultimatum, les sept 3 In la Déclaration d’Indépendance des Etats-Unis d’Amérique, troisième paragraphe 8/24 14 novembre 2005 Géraldine Bouchez 3m2 Le fédéralisme, facteur d’américanisation et d’antiaméricanisme Gymnase Auguste Piccard cantons quittent la Diète, le vingt-neuf octobre. Cinq jours plus tard, une guerre civile éclate. Heureusement, le conflit fut bref et ne fit que quatre-vingt morts et quelques cinq cents blessés. La fin de la guerre entraîna avec elle les dernières réticences à une révision complète du Pacte de 1815, car il paraissait évident à toutes les responsables politiques de l’époque qu’il était devenu indispensable de resserrer les liens unissant les cantons. D’autres conflits vinrent déchirer les Etats-Unis et la Suisse. Or, la guerre de Sécession comme la guerre du Sonderbund tendent à montrer que le lien unissant les cantons ou états peut être rompu. Seule la volonté des intéressés permet de sauvegarder l’union. L’un des facteurs de divergences qui existent entre les deux pays est que la rupture entre les acteurs de la scène du fédéraliste s’est faite à des moments différents. Comme nous avons pu le voir, la crise du Sonderbund eu lieu avant la création de la Constitution, alors que la guerre de Sécession eut lieu après la création du texte constitutionnel américain. Cela montre que la Constitution, en Suisse, a permis d’apaiser les tensions qui existaient entre les cantons. Pour les Américains, il leur fallait démontrer que l’unité nationale était possible. La guerre n’a pas amené de réponse. Néanmoins, elle a eu le mérite de mettre en avant les problèmes que ce texte soulevait. 3.5 Les principales modifications de la Constitution En 1874, la Suisse soumit sa Constitution fédérale à une réforme complète. Elle donna de nouvelles compétences à l’Etat central ainsi que quelques nouveaux droits fondamentaux aux citoyennes et citoyens helvètes. Le droit de référendum législatif facultatif fut, lui aussi, créé lors de cette réforme. Il y eut ensuite quelque cent vingt réformes partielles de la Constitution entre 1874 et 1993. On peut relever surtout les modifications suivantes: en 1891, on introduit une initiative tendant à la révision partielle de la Constitution; en 1913, le mode de scrutin de la représentation proportionnelle au Conseil national est adopté; en 1921, on opte pour une extension du référendum aux traités internationaux et enfin en 1978, on vote pour l’introduction d’un nouveau canton: le Jura. En 1999, la Constitution suisse va connaître sa première révision complète. La nouvelle Constitution sera adoptée en 2000. Aux Etats-Unis, pour modifier la Constitution, on ne crée pas de nouveaux articles mais des amendements. Le texte de base n’a donc jamais été modifié. Les dix premiers amendements, qui constituent la "Déclaration des droits", furent ratifiés en 1791. A la fin de la guerre de Sécession trois nouveaux y furent ajoutés: le treizième amendement confirme l’abolition de l’esclavage, le quatorzième amendement met en avant la question de la peine de mort et le quinzième celui du droit de vote. Les autres amendements vont être votés par le Congrès au fil des années. Il me semble important de noter que le droit de vote fut accordé aux femmes en 1920, lors de la création du dix-neuvième amendement. En Suisse, ce n’est qu’en 1971 que ce droit leur fut accordé. La dernière modification de la Constitution eu lieu en 1992 lors de l’adoption du vingt-septième amendement. On peut voir que la Suisse a modifié sa Constitution beaucoup plus souvent que les Etats-Unis, que ce soit de manière partielle ou complète. Cette facilité de modification du texte constitutionnel fut véritablement favorisée par le texte de 1848. Ses auteurs souhaitaient réellement que la Constitution puisse évoluer avec le temps, au contraire de la Constitution américaine qui est restée figée avec les années. Aux Etats-Unis il n’y a eu que dix-sept modifications du texte constitutionnel depuis sa création. Le texte de base n’a jamais été modifié. On peut d’ailleurs constater certaines particularités quand on lit, par 9/24 14 novembre 2005 Géraldine Bouchez 3m2 Le fédéralisme, facteur d’américanisation et d’antiaméricanisme Gymnase Auguste Piccard exemple: "… Representatives and direct taxes shall be apportioned among the several states which may be included within this union, according their respective numbers, which shall be determined by adding to the whole of free persons, including those bound to service for a term of years, and excluding Indians not taxed, three fifths of all other Persons..."4 La loi fondamentale américaine paraît avoir des aspects véritablement archaïques. Mais en même temps sous d’autres formes, elle semble très moderne. 3.6 Où en est-on aujourd’hui? Le fédéralisme américain est on ne peut plus compliqué et fragile. Le législatif, l’exécutif et le judiciaire sont perpétuellement en concurrence et doivent en même temps faire preuve d’une certaine solidarité car il leur est impossible de s’écarter de leur rôle constitutionnel. Cependant, cette souplesse leur est parfois bénéfique dans les temps de crises. Il faut qu’ils fassent en permanence la part des choses. Et c’est là que se trouve la plus grande difficulté. Ils doivent trouver le juste équilibre entre le législatif, l’exécutif et le judiciaire. Le fédéralisme suisse quant à lui est un tout. Sans fédéralisme la Suisse n’existerait tout simplement pas. En laissant une autonomie substantielle aux cantons il permet à la nation de protéger les minorités. Pourtant, les différences s’expriment dans un cadre uni. De plus, il faut que les cantons et l’Etat communiquent en permanence, sinon il y a un risque de scission. Et c’est sur ce point qu’il y a une véritable difficulté, car il faut faire en sorte que les cantons soient le plus possible autonomes autrement il pourrait avoir quelques mécontents. Mais en même temps, l’Etat doit être respecté comme une entité propre sans quoi l’unité n’existerait plus. On peut donc constater que le fédéralisme suisse est très différent du fédéralisme américain sur le point des relations Etat à cantons ou Etat à états. Aux Etats-Unis, l’Etat à son rôle défini par la Constitution. Tous les autres pouvoirs sont donnés aux états. Alors qu’en Suisse la situation est différente. La Constitution cherche à définir aussi bien le rôle de l’Etat que le rôle des cantons. Il n’existe pas de réelle concurrence entre le législatif, l’exécutif et le judiciaire. Ils forment un tout. Au contraire, aux Etats-Unis, la rivalité permanente existant entre les trois organes fait qu’ils doivent en permanence trouver des compromis. La différence qui existe entre une fédération et une confédération peut-être difficile à définir. Certaines divergences peuvent être notées entre les deux interprétations de la pensée fédéraliste. Par exemple, dans une confédération, quand on souhaite réviser le pacte fondateur, cela doit se faire à l’unanimité. Alors que dans une fédération cela se fait à la majorité. Dans le même ordre d’idées, une confédération applique le droit international entre les états-membres. Tandis que dans une fédération c’est le droit constitutionnel qui prime. L’un des autres points de divergence concerne la sécession. Dans une confédération chaque état est libre de quitter l’union. Mais dans une fédération les protagonistes ont l’impossibilité de faire sécession. Tout ceci est bien sûr totalement théorique. Dans la pratique on peut voir que ces notions sont loin d’être respectées. Concrètement, la Suisse est une confédération, or les décisions de révision ne se font pas à l’unanimité mais elle reconnaît le droit international. Aux Etats-Unis qui est une fédération les états sont normalement dans l’impossibilité de faire sécession. Or cela s’est déjà produit comme nous 4 In the Constitution of the United States of America, article premier, section deux. 10/24 14 novembre 2005 Géraldine Bouchez 3m2 Le fédéralisme, facteur d’américanisation et d’antiaméricanisme Gymnase Auguste Piccard avons pu le voir. Finalement, les liens unissant les états membres d’une confédération seraient théoriquement plus lâches que ceux d’une fédération. Donc théoriquement les Etats-Unis et la Suisse sont autant des fédérations que des confédérations. Malgré tout la Suisse a encore réussi à brouiller les cartes en se baptisant « confédération helvétique » alors qu’elle avait toutes les particularités d’une fédération. 4.0 L’application du système fédéraliste au niveau constitutionnel Nous avons vu quelles avaient été les différentes étapes qui ont conduit la Suisse et les Etats-Unis à adopter le fédéralisme. A présent, nous allons voir l’application concrète de ce système politique. Il existe une Constitution fédérale suisse et une Constitution fédérale américaine. De plus, chaque canton ou état a son propre texte constitutionnel. Mais mon travail se basant sur une comparaison entre la Suisse et les Etats-Unis au niveau fédéral je m’appuierais uniquement sur les deux Constitutions fédérales pour écrire ce chapitre. Tout d’abord, je vais m’attarder sur la structure même des textes constitutionnels. Ensuite, je vais soulever les différences et les points communs existant entre les deux textes au niveau législatif, exécutif et judiciaire. Puis, j’analyserai et commenterai certains points relevés. 4.1 Structure de la Constitution suisse La Constitution fédérale suisse contient un ensemble de cent quatre-vingt-seize articles accompagnés d’un préambule. Le préambule est une introduction expliquant les raisons de la création de la Constitution. Il est important de noter que ce préambule fait référence à Dieu. Les chapitres qui suivent définissent avec beaucoup de précision le rôle de la Confédération, des cantons et communes ainsi que les devoirs et pouvoirs des citoyens. Le dernier chapitre est une marche à suivre servant à la révision du texte luimême. Une révision complète peut être proposée par le peuple ou par l’un des deux conseils. Elle peut aussi être décrétée par l’Assemblée fédérale. La proposition de révision émanant du peuple ou qui crée un désaccord entre les deux chambres, doit être entreprise avec l’accord de la population qui s’exprimera par votation. Une révision partielle de la Constitution peut être demandée par le peuple ou décrétée par l’Assemblée fédérale. Dans les deux cas la révision doit respecter les règles de droit international. Pour qu’une révision totale ou partielle entre en vigueur, il faut que le peuple et les cantons l’acceptent. 4.2 Structure de la Constitution américaine Le texte constitutionnel américain est composé de sept articles composés euxmêmes d’un nombre variable de sections. A cela il faut rajouter un préambule ainsi que vingt-sept amendements. Ces amendements sont en fait la trace des modifications du premier texte constitutionnel. Il est impossible de modifier complètement le texte de la Constitution. Seule une modification partielle est possible en créant des amendements. L’article cinq de la Constitution énumère les dispositions nécessaires: "The Congress, whenever two thirds of both houses shall deem it necessary, shall we propose amendments to this Constitution, or, on the application of the legislatures of two thirds of the several states, shall call a 11/24 14 novembre 2005 Géraldine Bouchez 3m2 Le fédéralisme, facteur d’américanisation et d’antiaméricanisme Gymnase Auguste Piccard convention for proposing amendments."5 Pour que cet amendement soit validé, il faut qu’il soit ensuite ratifié par les deux tiers des états. A ce moment uniquement, l’amendement sera ajouté à la Constitution. Contrairement à la Suisse, le peuple ne peut pas proposer directement de révision du texte. Il faut qu’il passe par l’autorité législative de son état. De plus, un état seul n’a pas le pouvoir d’entreprendre une modification de la Constitution. Il est obligé de s’associer à d’autre états ce qui rend le changement plus difficile et plus long. L’une des particularités de cette Constitution est qu’elle prévoit que le président, avant d’entrer en fonction prête serment selon ces termes: "I do solemnly swear (or affirm) that I will faithfully execute the office of President of the United States, and will to the best of my ability, preserve, protect and defend the Constitution of the United States."6 Cela montre l’importance de ce texte pour ses auteurs. La Constitution est aussi le facteur unificateur existant entre les états et l’Etat. En jurant de la protéger et de la défendre le président jure de défendre l’unité nationale. Un second point à relever est que le texte constitutionnel américain est écrit au conditionnel alors que le texte suisse est écrit au présent. Comme le texte n’a jamais était réécrit son temps de rédaction n’a pas pu être modifié. Or, lorsque les pères fondateurs ont écrit leur Constitution, ils n’ont pas utilisés le présent. Ce choix paraît logique quand on pense que le texte n’avait pas encore était adopté. 4.3 Au niveau législatif Dans ce paragraphe nous allons voir quels sont les points communs ainsi que les divergences existant entre les deux systèmes au niveau législatif. 4.3.1 Les principales convergences Le principal point commun existant entre les deux Constitutions est le système des deux chambres ou système bicaméral. Le système législatif suisse s’est particulièrement inspiré du bicamérisme américain. Aux Etats-Unis, l’instance suprême détenant le pouvoir législatif est appelé le Congrès. Il est composé d’un Sénat et d’une Chambre des Représentants. En Suisse, le pouvoir législatif appartient à l’Assemblée fédérale composée elle-même du Conseil des Etats et du Conseil national. Le Sénat est l’équivalent du Conseil des Etats. La Chambre des Représentants a plus ou moins le même rôle que le Conseil national. Les raisons de l’adoption de ce système en Suisse sont à peu près les mêmes qui ont poussé les Américains à le créer. Il établit un juste équilibre entre l’influence des grands et des petits états ou cantons. Au Sénat, chaque état quelles que soient sa taille ou sa population est représenté par deux sénateurs. En Suisse, les demi-cantons ont un seul député alors que les autres en ont deux. La Chambre des Représentants est composée d’un nombre de représentants proportionnel à la population de chacun des états. Le Conseil national est composé de deux cents députés. Les sièges du Conseil national sont répartis proportionnellement entre les cantons selon leur population. Donc dans l’une des chambres la population de l’état n’a aucune influence alors que dans l’autre elle en a. D’un côté les petites circonscriptions ont autant d’influence que les grandes. De l’autre elles sont quelque peu désavantagées au profit des plus grandes. 5 6 In the Constitution of United States of America, article cinquième In the Constitution of United States of America, article second, section un 12/24 14 novembre 2005 Géraldine Bouchez 3m2 Le fédéralisme, facteur d’américanisation et d’antiaméricanisme Gymnase Auguste Piccard Cela permet de contenter les deux parties. De plus, de cette manière, le pouvoir législatif assure aux minorités l’égalité des droits avec la majorité et permet de maintenir l’esprit du fédéralisme. Que ce soit dans la Constitution helvète ou américaine, l’immunité est garantie aux membres du Congrès ou de l’Assemblée fédérale. Ils ne peuvent donc pas être inquiétés par leurs discours ou discussions tenus lors d’une session d’une des deux Chambre ou Conseils. Par cette décision les auteurs suisses et américains ont fait en sorte que les débats puissent se faire le plus librement possible et cette liberté peut être un réel gain de temps. Certaines des compétences définies par la Constitution sont communes aux deux systèmes. L’un des rôles majeurs qu’ont en commun le Congrès et l’Assemblée fédérale est de surveiller les instances exécutives et judiciaires. L’autre est de pouvoir mobiliser l’armée quand cela leur paraît nécessaire. 4.3.2 Les principales divergences Certes la nomenclature varie selon le pays mais ce n’est pas là la différence majeure. L’un des points de démarcation de la Constitution suisse par rapport à son modèle américain est l’égalité des compétences entre les deux Conseils. Aux Etats-Unis, le Sénat a un droit d’initiative législative et peut modifier toute législation provenant de la Chambre des Représentants. L’autre aspect qu’il me semble important de mettre en avant est l’implication de la population au niveau législatif. Ainsi, en Suisse, le peuple a un droit de référendum et un droit d’initiative que le peuple américain n’a pas. Sous certaines conditions, la population peut soumettre certains projets de loi directement à un de leur Conseil. Aux Etats-Unis, la situation est différente, car les groupes de pressions ou lobbies y sont extrêmement présents. Un lobby est un groupe de pression ou groupe d’intérêts. Il a pour but d’influencer un pouvoir public ou privé afin de refléter un point de vue. Alors qu’en Europe les lobbies ont une signification extrêmement péjorative, aux Etats-Unis ils ont pignon sur rue. Les lobbies américains sont complètement institutionnalisés. Ils donnent la possibilité d’identifier différentes factions lors d’un débat. Par exemple, celui sur la peine de mort ou encore les droits des citoyens. Pour arriver à leur fin ils utilisent divers moyens de pression. Par exemple des actions médiatiques ou des dons à la campagne de tel ou tel candidat. De plus en plus, le système des lobbies pose problème aux Américains. Certaines tentatives de régulation ont vu le jour pour limiter le pouvoir financier des lobbies qui parfois rappelle une certaine forme de corruption. Malgré tout, le système du lobbying a certains avantages comme la transparence concernant les pressions exercées sur les membres du Congrès. 4.4 Au niveau exécutif A présent, je vais mettre en lumière les principaux points communs et divergences existant entre les Constitutions américaine et suisse au niveau exécutif. 4.4.1 Les principales convergences En Suisse, c’est le Conseil fédéral qui détient le pouvoir exécutif. Aux Etats-Unis c’est le Président qui est le dirigeant de l’exécutif. On trouve malgré tout, au niveau de l’exécutif, plusieurs points communs entre les deux textes. 13/24 14 novembre 2005 Géraldine Bouchez 3m2 Le fédéralisme, facteur d’américanisation et d’antiaméricanisme Gymnase Auguste Piccard Le point commun le plus important entre les deux systèmes ne tient pourtant pas à leur forme mais plutôt à leur processus décisionnel. Que se soit le Conseil fédéral ou le Président, il leur faut soumettre la plupart de leurs décisions au Congrès ou à l’Assemblée fédérale. Cela concerne, par exemple, les traités internationaux ou les nominations des juges à la Cour Suprême et au Tribunal fédéral. Le Président comme le Conseil fédéral peuvent signer des traités, mais ils doivent les soumettre à l’approbation de l’Assemblée fédérale ou du Sénat. De plus, ils peuvent proposer des candidats au poste vacant de la Cour Suprême ou du Tribunal fédéral, mais c’est à l’Assemblée fédérale ou au Congrès que revient la décision finale. Le Président des Etats-Unis ainsi que le Conseil fédéral ont un droit d’initiative. Ils peuvent soumettre au législatif des lois ou des projets de lois. L’une de leurs obligations principales est de rendre compte de l’état de la nation au détenteur du pouvoir législatif. Le contrôle exercé sur l’exécutif par le législatif est énorme. Presque tous les actes que l’exécutif peut entreprendre doivent avoir l’approbation du législatif. Cela peut se comprendre quand on pense que lui revient le grand privilège de représenter la nation à l’étranger. 4.4.2 Les principales divergences Au niveau exécutif, le point essentiel de divergence que l’on peut soulever est sa forme même. Le Conseil fédéral est composé de sept membres, chacun dirigeant un département. Ils sont élus pour quatre ans. Chaque année, un des membres est élu comme président du Conseil fédéral. Un autre devient vice-président. Toutes les décisions sont prises en autorité collégiale. Autrement dit il faut l’approbation de tous les membres pour qu’une décision soit exécutée par le département concerné. Chacun des membres du Conseil fédéral appartient à un parti politique. Cela a entraîné durant des années des frictions entre membre du Conseil fédéral. Mais en 1963 entre en vigueur « la formule magique ». Cette règle totalement tacite permet à la politique suisse de connaître une certaine stabilité. Elle consiste à donner deux sièges au parti radical démocratique, au parti démocrate-chrétien ainsi qu’au parti socialiste et un siège à l’union démocratique du centre. Mais en 2003 cette « formule magique » se voit transformée. L’union démocratique du centre obtient deux sièges alors que le parti socialiste en perd un. Depuis le paysage politique suisse se voit modifié ce qui n’avait pas été le cas depuis quarante ans. Aux Etats-Unis, la situation est toute autre. Le pouvoir exécutif est détenu par un seul homme : le Président des Etats-Unis. Il est, bien sûr, entouré de conseillers et de ministres qui l’aident dans ces prises de décisions. Il est élu pour une durée de quatre ans et est le représentant d’un parti. Il me semble important de noter que la différence majeure existant entre l’exécutif suisse et américain est l’image de cette instance. Au contraire du Président du Conseil fédéral, le Président américain est connu dans le monde entier. C’est d’ailleurs l’un des chefs d’Etat les plus connus au monde. Pour les autres pays du monde, les Etats-Unis ont un seul visage, celui de leur président. Alors qu’en Suisse il n’est pas rare pour un collégien d’ignorer qui est le président du Conseil fédéral d’une année à l’autre. Cela entraîne une médiatisation de la politique suisse extrêmement différente de la médiatisation américaine au niveau international. 14/24 14 novembre 2005 Géraldine Bouchez 3m2 Le fédéralisme, facteur d’américanisation et d’antiaméricanisme Gymnase Auguste Piccard 4.5 Au niveau judiciaire Dans ce paragraphe je vais mettre en évidence les principaux points de convergence et de divergence existant entre les deux Constitutions. 4.5.1 Les principales convergences Dans les deux textes constitutionnels il est prévu que le pouvoir judiciaire est détenu par une cour supérieure ainsi que des cours inférieures. La cour supérieure en Suisse est appelée le Tribunal fédéral. Aux Etats-Unis c’est la Cour Suprême. Elles détiennent le pouvoir judiciaire suprême. Leur procédure et leur juridiction ont beaucoup de points communs. Ainsi, elles sont saisies en première instance dans les affaires impliquant un état ou un canton ou encore l’Etat lui-même. Pour toutes les autres affaires elles ont une compétence d’appel. Elles ont aussi le pouvoir de juger des affaires de droit public. Dans ces affaires des citoyens font recours pour violation de leurs droits constitutionnels par les autorités de l’Etat. 4.5.2 Les principales divergences L’un des points sur lequel la Constitution suisse se différencie de son modèle américain est l’institution d’un tribunal pénal. Il est chargé de régler des cas que la loi attribue à la juridiction fédérale. L’une des compétences que seule la Cour Suprême possède est de juger la constitutionnalité des lois. Ce contrôle de la constitutionnalité est l’essentiel de la puissance de cet organe. Or le Tribunal fédéral ne le détient pas. Ce système de contrôle permet aussi à la Cour Suprême d’exercer une forte influence sur la législation. C’est un excellent moyen de contrôle du législatif. En Suisse, les recours d’ordre constitutionnels au niveau fédéral sont traités par les deux cours de droit public. Mais les réclamations peuvent selon les accusations être traitées par les deux cours civiles ou par la Cour de cassation. L’autre aspect de distinction est que la Suisse reconnaît le droit international explicitement. Le droit international est le droit régissant les rapports entre les Etats, les personnes de nationalités différentes. Dans la Constitution suisse, il en est fait mention en ces termes : « Le Tribunal fédéral et les autres autorités sont tenus d’appliquer les lois fédérales et le droit international. »7 Nulle part dans la Constitution américaine, il n’y a de passage soulevant la question du droit international. Cela peut se comprendre par la date de rédaction du texte constitutionnel américain. Car au 18ème siècle, une telle notion n’existait pas. Mais malgré les années, cette lacune ne fut pas comblée. 4.6 Analyse Sur bien des points la Suisse s’est fortement inspirée de la Constitution américaine pour écrire sa propre Constitution. Dans ce paragraphe je vais analyser les points relevés précédemment. La première chose qui différencie les deux systèmes est la différence de nom des institutions constitutionnelles. Cela se comprend par le fait que la langue entre les deux pays est différente. 7 In la Constitution suisse, article 191, p.48. 15/24 14 novembre 2005 Géraldine Bouchez 3m2 Le fédéralisme, facteur d’américanisation et d’antiaméricanisme Gymnase Auguste Piccard Ensuite, la structure de la Constitution helvète n’est pas identique à la structure du texte américain. Mais on peut soulever un point commun très important entre les deux textes : le préambule. Il a semblé important aux auteurs suisses d’y faire une référence religieuse. Alors que les auteurs américains ont plus insister sur l’indépendance et l’union de leur patrie. Cette différence s’explique par l’histoire des deux nations ainsi que par les raisons les poussant à s’unir. Ce préambule permet aussi de mettre en lumière les valeurs fondatrices des deux pays. De plus, cela donne les raisons d’une telle union. Ainsi pour les Américains, la protection contre l’oppresseur et pour les Suisses le respect de la religion. Mais il existe aussi une valeur commune aux deux nations : la liberté. Donc derrière une recherche de différentiation, un point commun apparaît. Une des autres différences que l’on peut mettre en avant concerne la possibilité de modification du texte constitutionnel. Comme nous l’avons vu précédemment, la Constitution suisse offre une possibilité au peuple de modifier son texte constitutionnel. La Suisse étant une démocratie semi directe le peuple à un pouvoir décisionnel qui paraît plus important qu’aux Etats-Unis. Pourtant, le système du lobbying donne une possibilité de pression aux citoyens américains. De plus, les auteurs suisses lors de la rédaction de leur œuvre recherchaient une manière de la rendre aussi souple que possible. Ils sont parvenus à atteindre leur objectif en permettant aux générations futures de la modifier sans grande difficulté mais avec quelques impératifs. Le facteur d’américanisation le plus fort est le système bicaméral. Inventé par les Américains, le système des deux chambres avait pour principal atout de mettre les petits et les grands états ou cantons sur un pied d’égalité. C’est à ce niveau que les Suisses se sont le plus inspirés des Américains. Ainsi, c’est la partie la plus fortement américanisée de la Constitution. Quantitativement, elle est également la plus importante. Pourtant, ils se sont démarqués de leur modèle en donnant aux deux Conseils les mêmes compétences. Aux Etats-Unis, le Sénat a un ascendant sur la Chambre des Représentants que n’a pas le Conseil des Etats sur le Conseil national. Cela permet de mettre véritablement les petits et grands états à pied d’égalité. La Constitution suisse ne prévoit pas que l’exécutif soit dirigé par un seul homme mais par un collège composé de sept membres. C’est donc un fort facteur d’antiaméricanisme. Pourtant, chaque année un président est élu. Les auteurs de la Constitution ont donc gardé à l’esprit qu’il était indispensable d’avoir un homme à la tête du pays. Le président du Conseil fédéral a un rôle purement symbolique, mais malgré tout important. Le pays a besoin d’avoir un représentant auprès des autres nations du monde mais aussi auprès du peuple. Cela donne une image humaine à la politique. Le temps que dure le mandat du président américain est de quatre ans. Le Conseil fédéral est lui aussi élu tous les quatre ans. Il y a là un facteur d’américanisation. En choisissant cette durée de mandat cela permet d’installer une certaine continuité. Pourtant ce concept est plus fort aux Etats-Unis qu’en Suisse. Car, durant quatre ans, il n’y a qu’un seul homme à la tête de l’état et non quatre. Au niveau judiciaire l’une des divergences majeures concerne le pouvoir de la Cour Suprême. C’est à elle de trancher quant à savoir si un jugement est constitutionnel ou non. Ce qui se révèle être un pouvoir très important. Comme nous le verrons ultérieurement cela peut avoir de grandes conséquences sur certaines questions comme la peine de mort. 16/24 14 novembre 2005 Géraldine Bouchez 3m2 Le fédéralisme, facteur d’américanisation et d’antiaméricanisme Gymnase Auguste Piccard Comme nous avons pu le voir précédemment les Etats-Unis ne reconnaissent pas le droit international. Concrètement, cela signifie qu’ils ne respectent pas la juridiction internationale. De plus, le gouvernement américain n’accorde pas de crédit à la Déclaration universelle des droits de l’homme. Et c’est pourquoi la peine de mort est une sentence légale aux Etats-Unis. C’est aussi la raison pour laquelle les citoyens américains peuvent voir certains de leur droit bafoués simplement parce qu’ils ne sont pas reconnus dans leur pays. 5.0 Analyse de deux points de la Constitution Après avoir vu comment était structurées la Constitution suisse ainsi que la Constitution américaine je souhaiterais continuer ma démarche en soulevant la question de la peine de mort et des libertés constitutionnelles. 5.1 La peine de mort Dans ce paragraphe je vais tout d’abord définir ce qu’est la peine de mort. Puis, je vais analyser ce sujet sous l’angle constitutionnel en relevant les similitudes et différences entre les Constitutions américaine et helvète. Finalement j’essaierai d’analyser et de commenter mes découvertes. La peine de mort est une sentence de mort prononcée par le pouvoir judiciaire d’un Etat à l’égard d’une personne qui a commis ou qui est soupçonnée d’avoir commis un crime. Dans le monde, quatre-vingt six pays ont aboli la peine de mort. Onze pays l’on abolie pour les crimes de droit commun et trente-cinq nations sont abolitionnistes en pratique. Cela signifie que dans ces pays, il n’y a pas eu d’exécution depuis au moins dix ans. Il reste cinquante-huit états qui maintiennent la peine de mort dans leur législation et qui procèdent à des exécutions. Il existe différente manière d’exécuter la sentence : la chambre à gaz, l’injection létale ou encore la chaise électrique. Selon l’endroit dans le monde où l’on est condamné cela peut-être encore la décapitation ou la lapidation. Il existe autant de méthodes d’exécution que de raison pour lesquelles elles sont employées. 5.1.1 Résumé des similitudes et divergences constitutionnelles La plus grande divergence existant actuellement entre les deux Constitutions est que la peine de mort est abolie en Suisse et non aux Etats-Unis. Pourtant, cela n’a pas été toujours le cas. En effet, en 1942, la Suisse abolit la peine de mort pour tous les crimes commis en temps de paix. Mais cette sanction n’a été éliminée du code pénal militaire qu’en 1992. Il a encore fallu attendre sept ans pour qu’elle soit expressément interdite par la Constitution. C’est à présent l’article 10 alinéa 1 qui traite de ce sujet: « Tout être humain a droit à la vie. La peine de mort est interdite ». Aux Etats-Unis, il n’existe pas d’article traitant directement de la peine de mort dans la Constitution. A aucun endroit du texte constitutionnel les mots « peine de mort » n’apparaissent. Et donc dans un cas pareil c’est le dixième amendement qui prime: « The power not delegated to the United States by the Constitution, nor prohibited by it to the states, are reserved to the states respectively, or to the people »8. C’est donc aux états de décider d’appliquer ou non cette sanction. Seulement le huitième amendement stipule que « des châtiments cruels et exceptionnels »9 ne peuvent pas être infligés aux citoyens 8 9 In the Constitution of United States of America, dixième amendement In the Constitution of United States of America, huitième amendement 17/24 14 novembre 2005 Géraldine Bouchez 3m2 Le fédéralisme, facteur d’américanisation et d’antiaméricanisme Gymnase Auguste Piccard américains. Il faut encore relever que le quatorzième amendement protège en partie les américains contre une telle pratique en interdisant les abus de pouvoir de la part des états: « No state shall make or enforce any law which shall abridge the privileges or immunities of citizens of United States; nor shall any state deprive any person of life, liberty, or property, without due process of law; nor deny to any person within its jurisdiction the equal protection of laws. »10. Cet amendement n’interdit pas la peine de mort mais précise qu’une personne ne peut pas être privé de la vie sans une procédure légale régulière. 5.1.2 Analyse des divergences et similitudes constatées Concernant les divergences existantes entre les deux Constitutions plusieurs points peuvent être soulevés. Tout d’abord, il faut savoir que la Suisse n’a pas aboli la peine de mort depuis bien longtemps. Certes en pratique, cela remonte à la fin de la seconde guerre mondiale, mais dans les textes cela ne fait même pas dix ans. En Europe, le mouvement abolitionniste vit le jour à la fin du dix-huitième siècle. La prise en considération des circonstances atténuantes ainsi que le droit de grâce du chef de l’Etat contribuent à une réduction des peines capitales. Mais comme ce fut le cas en Suisse l’abolition légale est tardive. En 1942, le nouveau code pénal ne prévoit plus la peine de mort. Cependant la peine capitale peut être décidée en temps de guerre. La désobéissance, la mutinerie, la lâcheté, la capitulation devant l’ennemi et la divulgation de secrets militaires sont les crimes passibles de la peine de mort. Cinquante ans plus tard cette sanction sera éliminée du Code pénal militaire. Mais ce n’est qu’en 1999 que l’article dix va être ajouté à la Constitution helvète. Les Etats-Unis ont aussi connu l’abolitionnisme. D’ailleurs, tous les états ne pratiquent pas la peine capitale et certains font même parti du camp des abolitionnistes. Sur cinquante et un états, douze ont aboli cette sanction. L’un des faits marquants de l’histoire des Etats-Unis est que durant presque dix ans la peine capitale fut interdite sur tout le territoire. En 1967, la Cour Suprême qualifie la peine de mort de châtiment cruel et donc elle l’abolie d’office. Car le huitième amendement dit: « Excessive bail shall not be required, nor excessive fines imposed, nor cruel and unusual punishments inflicted »11. Ainsi, la Constitution américaine interdit d’infliger des châtiments cruels et exceptionnels. Elle les interdit mais ne les définit pas. C’est d’ailleurs le problème ; à savoir si la peine de mort est un châtiment cruel ou non. On peut reprocher à cet amendement un réel manque de clarté et de définition. Pourtant neuf ans plus tard, la Cour Suprême change de point de vue et décide que la peine de mort n’est pas un châtiment cruel. De ce fait, les états, après une modification de leur législation, peuvent à nouveau infliger cette peine à leurs détenus. Au niveau fédéral, elle fut réhabilitée en 1988. De plus, le mode d’exécution varie selon les états. Il est donc complexe se savoir si une méthode est plus ou moins douloureuse. Il existe cinq méthodes d’exécution légale aux Etats-Unis : l’injection létale, l’électrocution, la chambre à gaz, la pendaison et le peloton d’exécution. A l’exception du Nebraska qui reconnaît uniquement la chambre à gaz comme méthode d’exécution, tous les états peuvent avoir recours à l’injection létale. 10 11 In the Constitution of United States of America, quatorzième amendement In the Constitution of United States of America, huitième amendement 18/24 14 novembre 2005 Géraldine Bouchez 3m2 Le fédéralisme, facteur d’américanisation et d’antiaméricanisme Gymnase Auguste Piccard Quand il existe plusieurs procédés d’exécution dans un seul état c’est au condamné de décider. L’injection létale est probablement la méthode la moins douloureuse. C’est aux yeux de beaucoup la manière la plus humaine de tuer un condamné. 5.1.3 Commentaires La peine de mort a été durant de nombreuses années un sujet tabou. La Suisse est elle-même restée très discrète à ce sujet. Malgré une recherche approfondie, je n’ai trouvé que peu de documents parlant de la pratique de la peine de mort en Suisse. Il semble pourtant étonnant de penser qu’aucun débat n’ait vu le jour. Au contraire, aux Etats-Unis nous assistons à un véritable débat de société. Les principaux arguments en faveur de la peine de mort sont la dissuasion, la prévention, le coût économique, le soulagement des victimes ou de leur famille et finalement l’exécution de la loi divine. D’après ses partisans la peine capitale dissuade les criminels de commettre leur crime. De plus, elle prévient des cas de récidive : si le criminel meurt il ne peut plus commettre de crime. L’un des autres aspects concerne simplement le coût économique. Cela coûte moins cher à la société de tuer ses criminels que de les garder en prison toute leur vie. C’est aussi un soit disant réconfort pour les victimes voire un soulagement. Et finalement, le dernier argument est l’exécution de la loi divine. La loi du Talion dit ceci : « T u donneras vie pour vie, œil pour œil, dent pour dent, main pour main, pied pour pied, brûlure pour brûlure, meurtrissure pour meurtrissure. »12 Seulement les personnes qui tiennent de nos jours de tels propos ont oublié que depuis cette époque, le monde a connu une évolution culturelle, sociale et politique et a vu évoluer ses préceptes religieux. Quant au camp des abolitionnistes, les principaux arguments sont que la peine de mort tue, c’est donc une violation des droits fondamentaux de l’être humain, les procès criminels sont faillibles, impossibilité de réhabilitation et finalement que l’abolition n’entraîne pas forcément une hausse de la criminalité. Dire que la peine de mort tue est en fait une critique directe du système judiciaire d’un pays. Parce que la peine de mort est une sorte d’échec de la justice. De plus, les droits fondamentaux de l’être humain sont définis par une déclaration universelle des droits de l’homme. L’article trois dit ceci : « Tout individu a droit à la vie, à la liberté et à la sûreté de sa personne. »13. Tandis que l’article cinq énonce ce principe : « Nul ne sera soumis à la torture, ni à des peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants. »14. Au vu de ces deux articles une telle pratique est contraire à cette déclaration. Mais il est important de noter que les EtatsUnis ne reconnaissent pas le texte de la Déclaration universelle des droits de l’homme. Les personnes pratiquant une telle sentence ne sont pas hors la loi aux Etats-Unis. Pourtant aux yeux du monde, et particulièrement aux yeux de certains Européens, cela démontre un manque total de respect de la vie humaine. C’est l’une des principales raisons de l’antiaméricanisme actuel sur ce sujet. Concernant la fiabilité des procès criminels, on peut noter que l’homme commet des erreurs dans sa vie. Pourquoi alors n’en commettrait-il pas dans une cour ? De plus, le quatorzième amendement exige des états que la procédure légale mettant fin à la vie d’un citoyen américain soit régulière. Seulement comment définir un tel terme. A nouveau nous pouvons observer un réel manque de clarté du texte constitutionnel américain. Finalement, le problème avec cette sentence c’est qu’on ne peut 12 In Exode, XXI, 24-25 In la Déclaration universelle des droits de l’homme, article trois 14 In la Déclaration universelle des droits de l’homme, article cinq 13 19/24 14 novembre 2005 Géraldine Bouchez 3m2 Le fédéralisme, facteur d’américanisation et d’antiaméricanisme Gymnase Auguste Piccard jamais revenir en arrière. En plus, cette décision ne laisse aucune chance au criminel de se réhabiliter. Et enfin, dernier argument, aucun chiffre ne démontre que l’abolition de la peine de mort fait exploser le taux de criminalité du pays en question. Ce que j’ai voulu montrer dans ce paragraphe c’est que les deux camps ont des arguments logiques. Que l’on soit pour ou contre la peine de mort il faut surtout savoir de quoi on parle. La décision helvète d’abolir une telle pratique a été prise avec beaucoup de précaution. Il est aussi important de noter que durant sept ans la situation est restée floue. Les Américains pour leur part, ont fait quelque chose de très différent. Ils l’ont abolie, puis on fait marche arrière. Ce qu’il faut savoir c’est que l’opinion américaine est très divisée sur ce sujet. D’ailleurs la peine de mort divise beaucoup de monde. C’est aussi l’une des grandes incompréhensions des Européens face aux Américains, ainsi qu’un fort facteur d’antiaméricanisme. Les populations européennes ont été parmi les premières à abolir la peine de mort. Il leur semble à présent normal que les Américains fassent de même. Pourtant, il a fallu attendre la fin du vingtième siècle pour que la Suisse, pays prônant le respect de l’être humain depuis des années, prenne la décision d’abolir une telle sentence dans sa Constitution. Certes, personne n’avait eu recours à un pareil extrême depuis la seconde guerre mondiale. Mais que se serait-il passé si un conflit avait éclaté dans notre pays vers le début des années quatre-vingt dix? De plus, aux Etats-Unis, il y a quelques évolutions qui vont dans le sens de l’abolition. Depuis le 1er mars 2005, les personnes mineures au moment de leurs crimes ne peuvent plus être condamnés à la peine capitale. Les Etats-Unis étaient le dernier pays du monde à admettre publiquement avoir recours une telle sentence. 5.2 Les libertés constitutionnelles A présent, nous allons voir comment les libertés constitutionnelles sont définies par les Constitutions helvétique et nord-américaine. La marche à suivre que je vais employer pour traiter la question des libertés constitutionnelles sera la même que pour la peine de mort. Les libertés constitutionnelles sont les pouvoirs que la loi reconnaît aux individus. Elles sont garanties par la Constitution de leur pays. Ces libertés peuvent toucher différents aspects de la vie comme la religion ou l’information. 5.2.1 Résumé des points communs et divergences constitutionnelles Dans la Constitution suisse, les libertés constitutionnelles sont clairement énumérées. Il y a au total douze articles évoquant une liberté. Le texte constitutionnel suisse garantit la liberté personnelle, la liberté de conscience et de croyance, d’opinion et d’information, des médias, de la langue, de la science, de l’art, des réunions, d’association, d’établissement ainsi que la liberté économique et finalement la liberté syndicale. Aux Etats-Unis, la liberté de religion, de parole et de la presse sont garanties par le premier amendement. En réalité, le premier amendement interdit au Congrès de créer des lois touchant à réduire ou à interdire ces libertés. Ce sont les seules libertés garanties par la Constitution américaine. Certaines libertés sont communes aux deux pays comme la liberté de la presse et celle de la religion. Le texte constitutionnel suisse interdit la censure et garantit la liberté de tous les médias y compris la télévision et la radio. Étonnamment, seule la presse est protégée aux Etats-Unis. Mais à l’époque de la création de la Constitution américaine, en 20/24 14 novembre 2005 Géraldine Bouchez 3m2 Le fédéralisme, facteur d’américanisation et d’antiaméricanisme Gymnase Auguste Piccard 1787, c’était le seul média existant. Concrètement, aujourd’hui, les autorités gouvernementales américaines reconnaissent la liberté de tous les médias. Néanmoins, le texte n’a pas était modifié par un autre amendement. Le terme exact utilisé dans la Constitution suisse est la liberté de croyance. En Suisse « Toute personne a le droit de choisir librement sa religion ainsi que de se forger ses convictions philosophiques et de les professer individuellement ou en communauté »15. Le terme croyance est en fait un terme plus large qui englobe la religion. L’une des libertés garanties aux Etats-Unis et non en Suisse est la liberté de parole. Seulement, on peut supposer que la liberté d’opinion est son équivalent actuel. Pourtant, la liberté de parole paraît beaucoup plus importante que la simple liberté d’opinion. Elle donnerait le droit à tout citoyen de dire tout ce qu’il désire sur n’importe quel sujet. Le problème avec une définition aussi vaste c’est que l’on ne connaît pas la limite. 5.2.2 Analyse de ces points communs et divergences La liberté est une notion extrêmement complexe à définir. Généralement, on l’apparente à un sentiment de pouvoir. Ainsi on a l’impression de contrôler notre vie et de prendre nos propres décisions. Cela nous permet de penser par nous-même et d’avoir une impression d’indépendance. Les domaines que touche la liberté sont vastes. Et les libertés garanties par la Constitution suisse et américaine sont nombreuses. Elles traduisent une recherche de démocratisation des valeurs. En garantissant la liberté des médias les deux nations recherchaient à donner à leurs citoyens un moyen d’expression libre. Elles voulaient avoir la possibilité d’écouter leurs critiques et leurs assentiments mais cela de manière objective. La religion est aussi un facteur important pour les Helvètes comme pour les Américains car dans les deux Constitutions elle est protégée. La religion est d’ailleurs l’un des fondements culturels des plus importants. Dans les deux pays, il n’y a pas de religion officielle. Il y eu pourtant des guerres de religions. En Suisse, durant des années, les catholiques et protestants se sont déchirés. Aux Etats-Unis la guerre contre les Indiens est une forme de guerre de religions. Mais malgré cela les auteurs des deux Constitutions ont voulu préserver une telle liberté. Dans la Constitution américaine, les libertés garanties au peuple sont extrêmement importantes pour l’époque. De cette manière, les Américains voulaient montrer au monde que leur pays était celui de la liberté et des grands idéaux. De façon similaire, la Suisse a voulu donner une image d’une Confédération ouverte d’esprit. 5.2.3 Commentaire On ne se rend pas compte de la chance que nous avons de vivre dans une société telle que la nôtre. En tant que citoyenne de ce pays, je peux pratiquer la religion que je désire, regarder n’importe quelle chaîne à la télévision et lire le quotidien que je veux. On n’imagine pas à quel point la Constitution protège nos libertés dans la vie de tous les jours. Dans certains pays du monde la liberté de la presse n’est pas garantie. Ce qui signifie que toutes les informations arrivant aux oreilles de la population ont été soigneusement triées par le gouvernement. Il n’y a aucune possibilité d’opinion contraire à 15 In la Constitution suisse, article quinze, alinéa deux 21/24 14 novembre 2005 Géraldine Bouchez 3m2 Le fédéralisme, facteur d’américanisation et d’antiaméricanisme Gymnase Auguste Piccard celle des dirigeants. De plus, les personnes qui essayent de donner une opinion différente enfreignent la loi et risquent de mourir. Ailleurs dans le monde, on tue des gens car ils pratiquent une religion interdite là où ils vivent. Ces gens n’ont pas le droit de pratiquer leurs cérémonies religieuses ou d’aller dans leur lieu de culte. Vivre dans un pays démocratique est une chance. Pourtant, le fait qu’un pays soit une démocratie ne garantit pas pour autant des libertés à sa population. Les libertés constitutionnelles nous apportent beaucoup, mais surtout elles protègent notre mode de vie et nos valeurs. C’est pourquoi la Suisse comme les Etats-Unis se démarquent par l’acceptation de ces valeurs fondamentales. Nous avons la chance de vivre dans des sociétés qui nous respectent en temps qu’être humain à part entière. Alors que certaines libertés fondamentales, tel que la liberté d’opinion, sont encore bafouées dans le monde. 6.0 Conclusion Ce dernier chapitre a pour but principal de conclure mon Travail de Maturité. Je vais tout d’abord faire un bref résumé des principaux points relevés. Puis, j’essayerai de faire une extension de ce travail en parlant de l’Union Européenne et de sa Constitution. Nous avons pu voir que le fédéralisme suisse a été inspiré par le système américain. Il existe de nombreux points communs entre les deux organisations politiques. La plus importante de ces convergences est bien sur le système des deux chambres dit système bicaméral. Les Suisses l’ont en grande partie reproduit. Pourtant on peut noter la différence de nom des différentes institutions. Mais les auteurs de la Constitution helvète ont aussi réussi à se démarquer de leur modèle. Sur bien des points les instances exécutive et judiciaire se distinguent de leur exemple américain. Les Suisses sont donc parvenus à allier inspiration et innovation à la perfection. D’ailleurs les Suisses y sont tellement bien arrivés qu’aujourd’hui, ils ont en quelque sorte « dépassé le maître ». Car de nos jours, plusieurs pays dans le monde se sont inspirés du système suisse. Mais il faut aussi mettre en avant que sur le plan international il est plus simple de s’inspirer du modèle suisse qu’américain. L’Union Européenne est d’ailleurs un excellent exemple. C’est une organisation internationale regroupant depuis le premier mars 2004 vingt-cinq nations. Elle est par certains de ses aspects une confédération et par d’autres une fédération. Le dix-huit juin 2004, le Conseil européen adopte un projet de « Constitution européenne ». Il regroupe et enrichit les traités fondateurs de l’Union. Actuellement, ce projet est soumis aux différentes procédures de ratification dans les états membres. D’un point de vue juridique cette Constitution n’est pas strictement celle d’un Etat. Sa vocation première est en fait de créer un Etat européen fédérale. Et c’est ensuite qu’une Constitution verra le jour. L’Union Européenne n’a jamais cherché à « copier » la Suisse. Seulement avec les années la grande union s’est rendue compte que les petits Suisses pouvaient lui apporter quelque chose. Ainsi l’avantage qu’a la Suisse sur son voisin européen c’est l’expérience du fédéralisme. Depuis, bientôt deux cents ans, le pays helvète est dirigé par ce système. En fait, on ne sait pas exactement si la Suisse est un fédération ou une confédération. Et c’est d’ailleurs un point commun qu’elle a avec l’Union Européenne. D’ailleurs, on peut imaginer que sur beaucoup d’aspects elle finisse par ressembler à la Confédération helvétique. Déjà certains points communs apparaissent comme la recherche de rapprochement entre le pouvoir et les citoyens. On peut donc comparer par biens des aspects la Suisse à une minuscule Union européenne. 22/24 14 novembre 2005 Géraldine Bouchez 3m2 Le fédéralisme, facteur d’américanisation et d’antiaméricanisme Gymnase Auguste Piccard 23/24 14 novembre 2005 Géraldine Bouchez 3m2 Le fédéralisme, facteur d’américanisation et d’antiaméricanisme Gymnase Auguste Piccard 7.0 Bibliographie 7.1 Livres : • • • • • • • • • • • • • • • • • • William E.Rappard, « La Constitution Fédérale de la Suisse, ses origines, son élaboration, son évolution », Lausanne, A la Baconnière, 1948, 476 pages Denis de Rougemont, « Dictionnaire international du fédéralisme », Belgique, Emile Bruylant, 1994, 475 pages François Masnata & Claire Rubattel, « Le pouvoir suisse 1291-1991 », Lausanne, Editions de l’Aire, 1991, 518 pages Alexis de Tocqueville, « De la Démocratie en Amérique Tome 1 & 2 », Paris, Librairie de Médicis, 1951, 1090 pages David Lasserre, « Etapes du fédéralisme : l’expérience suisse », Lausanne, Editions Rencontre, 1954, 304 pages Rapport présenté au Comité d’Action pour les Etats-Unis d’Europe, « Fédération des Etats-Unis, Confédération suisse, Fédération allemande, Communauté européenne », Lausanne, Centre de recherches européennes, 1972, 147 pages Yves-Henri Nouailhat, « Histoire des doctrines politiques aux Etats-Unis », Vendôme, Que sais-je?, 1977, 126 pages René Rémond, « Histoire des Etats-Unis », Vendôme, Que sais-je?, 2003, 125 pages Jean-marie Aubert, « Chrétiens et peine de mort », Belgique, Relais Desclée, 1978, 144 pages Robert Cario, « La peine de mort au seuil du troisième millénaire », Cahors, Erès, 1993, 193 pages Edmund & Marie Morgan, " Une passion américaine: prison et peine de mort", Paris, Les Empêcheurs de penser en rond / le Seuil, 2004, 122 pages André Kaspi, « La peine de mort aux Etats-Unis », Paris, Plon, 2003, 250 pages Martin Monestier, « Peines de mort », France, le cherche midi éditeur, 1994, 301 pages André Kaspi, « Les Américains, naissance et essor des Etats-Unis 1607-1945 », France, Editions du Seuil, 1986, 350 pages H.C.Allen, « Les Etats-Unis tome 1&2 », Belgique, Marabout Université, 1967, 570 pages Georges Arès, « La Suisse avenir de l’Europe ? Anatomie d’un anti-modèle », France, Editions Gallimard, 1997, 115 pages Amnesty International, « Rapport sur la peine de mort », France, Editions Mazarine, 1979, 367 pages Eric Eugène, « Le Lobbying : une imposture ? », Paris, Le cherche midi, 2002, 212 pages 7.2 Sites Internet : • • • • • http://www.revoltes.org/actions-urgentes.htm http://fr.wikipedia.org/wiki/Accueil http://usinfo.state.gov/usa/infousa/facts/funddocs/constfr.htm http://www.house.gov/Constitution/Constitution.html http://www.law.cornell.edu/index.html 24/24 14 novembre 2005 Géraldine Bouchez 3m2 Le fédéralisme, facteur d’américanisation et d’antiaméricanisme Gymnase Auguste Piccard Résumé L’américanisation et l’antiaméricanisme sont des thèmes récurrents qui depuis des années, sont abordés par tous les médias. Je voulais me forger une opinion sur ces notions des plus actuelles en laissant de côté les idées préconçues et le manque d’objectivité. C’est pourquoi j’ai pris ce sujet pour mon Travail de Maturité. J’ai choisi d’aborder ce thème sous l’angle du droit. Ceci, pour deux raisons essentielles: mon grand intérêt pour cette branche et le fait que je considère cet angle comme étant une manière originale et innovante d’aborder ce thème. Le fédéralisme était un excellent moyen d’aborder ce thème tout en respectant mes envies personnelles. J’ai été surprise d’apprendre que ce système politique avait vu le jour aux EtatsUnis et que ce sont les Américains, qui en premier ont créé une Constitution. Ensuite, le peuple helvète s’en est inspiré pour créer la sienne. Et, aujourd’hui, le modèle suisse est devenu celui dont s’inspire les Etats fédéraux dans le monde entier. Il est donc intéressant de voir l’évolution du fédéralisme à travers les années. Après avoir choisi le fédéralisme comme sujet, j’ai voulu comprendre comment deux pays ayant plus ou moins la même base constitutionnelle ont pu avec le temps autant s’éloigner. En fait, cette question résume ma problématique. Je pense que l’histoire des deux pays peut en partie répondre à cette question. J’ai donc décidé de comparer l’histoire de la Suisse et des Etats-Unis. J’ai ainsi pu relever et comprendre les différentes étapes de l’adoption du fédéralisme dans les deux pays. Cela m’a aussi permis de noter les véritables points communs mais aussi les quelques divergences quant aux raisons d’un tel choix. Finalement, faire cet historique comparé m’a donné la possibilité de mieux comprendre la manière dont les Suisses et les Américains avaient abordé la question du fédéralisme et surtout quels avaient été les événements qui les ont conduits à cette organisation politique. A la suite de cet historique j’ai fait une recherche précise des convergences et des divergences entre la Constitution suisse et la Constitution américaine. J’ai alors pu découvrir que la principale inspiration suisse est le système des deux chambres dit système bicaméral. J’ai ensuite exploité ces similitudes et différences comme facteurs d’américanisation et d’antiaméricanisme. En effet, nous avons eu affaire à une américanisation de notre constitution lors de sa création, puis avec le temps nous nous sommes éloignés de notre modèle américain, ce qui, pour moi, est une sorte d’antiaméricanisme. J’ai pu noté que sur bien des niveaux nous nous étions éloignés de notre modèle. Ainsi, nous avons la même répartition des pouvoirs mais nos instances législatives, exécutives et judiciaires n’ont pas exactement le même rôle que celui donné par la Constitution américaine au Congrès, au Président des Etats-Unis et à la Cour Suprême. Finalement, pour parvenir à élaborer une comparaison valable, j’ai analysé mes observations selon deux angles bien distincts: la peine de mort et les libertés constitutionnelles. Dès le début de mon Travail de Maturité, j’ai pensé qu’ils reflétaient une vision des EtatsUnis assez particulière. La peine de mort est un aspect de la vie des Américains qui paraît incompréhensible à un bon nombre d’Européens. Les libertés constitutionnelles étaient mon second sous-chapitre. En analysant les différentes libertés garanties par les deux Constitutions, cela m’a permis de mieux comprendre les valeurs fondamentales des deux nations.