HI - Gestion privée PEAK

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HI - Gestion privée PEAK
i-8
investir
8 octobre 2016
Votre portefeuille est-il aussi diversifié
que vous ne le croyez ?
Hélène Gagné
Experte invitée
Nous savions déjà que les investisseurs ont tendance à détenir une proportion importante d’actions de leur pays de résidence, même quand ce
marché représente une faible partie de la capitalisation boursière mondiale. Une situation qui
entraîne une concentration de portefeuille. Voilà
qu’une analyse de la firme américaine Charles
Schwab révèle que le marché boursier de plusieurs pays développés se comporte de façon similaire à un seul secteur d’activité du marché mondial1. Qu’ils soient canadiens, japonais ou
américains, les investisseurs n’y échappent pas
et détiennent un portefeuille encore moins diversifié qu’ils ne le croyaient : est-ce votre cas ?
Malgré l’accès facile et à faibles frais aux marchés étrangers (notamment grâce aux FNB), les
investisseurs ont un penchant pour des titres de
sociétés dont le nom leur est familier. De plus, les
recherches publiées par les firmes de courtage
canadiennes mettent l’accent sur les entreprises
locales (qui sont souvent leurs clientes). Le risque
lié aux devises et le sentiment que les multinationales canadiennes offrent de facto une diversification géographique sont d’autres raisons expliquant le home bias (la préférence nationale).
Selon Charles Schwab, aucun pays n’offre une
diversification boursière mondiale ; pas même
les États-Unis où les investisseurs détiennent
environ 75 % de leurs actions en titres américains. Leur analyse révèle que la Bourse d’un
pays développé évolue souvent de façon similaire à l’indice mondial d’un secteur spécifique.
Voici quelques exemples de l’impact du home
bias au Canada, au Japon et aux États-Unis.
Au Canada
Avec près de 100 titres de sociétés de moyenne
et grande tailles, l’indice MSCI Canada couvre
85 % de la capitalisation boursière canadienne.
Or, son rendement et ses fluctuations s’apparentent à l’indice mondial MSCI Énergie depuis
plus de 15 ans. Bien que le secteur de l’énergie
n’occupe que 22 % de l’indice canadien MSCI,
notre économie est tributaire des ressources
naturelles et nos banques sont exposées au cycle
des commodités. Selon Schwab, la seule raison
qui justifierait les investisseurs canadiens de
détenir plus de 50 % de leurs actions en titres
locaux est qu’ils croient que le secteur de l’énergie
devrait accaparer plus de 50 % de leur portefeuille.
Je doute que ce soit le cas de plusieurs lecteurs.
Au Japon
Les 300 titres de l’indice MSCI Japan couvrent
85 % du marché boursier japonais. Le secteur de
la consommation discrétionnaire y domine.
Pourtant, la Bourse y évolue comme le MSCI
World Financials Index depuis 10 ans. Il en ressort
que la performance des sociétés japonaises est
influencée par les conditions financières à
l’échelle mondiale. Ainsi, les investisseurs nippons qui détiennent en moyenne plus de 75 % de
leurs actions en titres locaux voient leur portefeuille varier selon le secteur financier mondial.
Aux États-Unis
Les 600 titres de sociétés de moyenne et grande
tailles de l’indice MSCI USA couvrent 85 % du
marché boursier américain. L’indice est dominé
par les technologies de l’information, et son
comportement calque celui de l’indice mondial
MSCI de ce même secteur. Aussi, il suit de près
l’évolution de l’indice MSCI mondial, constitué
à 50 % d’actions américaines. Malgré cela, l’évolution du plus important marché boursier du
monde se colle davantage à celle du secteur des
TI qu’à celle du marché mondial, largement
diversifié dans 23 pays et plus de 1 600 titres.
Trois éléments clés à retenir
1. Au-delà de la politique et de l’économie, la
différence de rendement entre les pays s’explique en grande partie par l’exposition à divers
secteurs, selon Charles Schwab.
2. Pour que son portefeuille soit bien diversifié, l’investisseur ne devrait pas se limiter aux
actions canadiennes, américaines et japonaises,
car il n’est ainsi exposé qu’à trois secteurs. Il doit
plutôt être diversifié à l’échelle mondiale.
3. La diversification réduit la volatilité et assure
d’être toujours présent dans le secteur qui performe le mieux. En contrepartie, elle peut réduire
la performance lorsqu’un secteur « surperforme »
les autres sur une longue période.
1 Jeffrey Kleintop, « Your portfolio may be less diversified than
you think », Schwab.com, 22 août 2016 2 Christophe B. Philips,
Francis McKinniry et Scott J. Donaldson, « The role of home
bias in global asset allocation decisions », juin 2012.
3 Dimensional Fund Advisors, au 31 décembre 2015
expertE invitéE
Hélène Gagné,
F.Adm.A., est gestionnaire de
portefeuille chez Gestion privée
PEAK (une division de Valeurs
mobilières PEAK) Pl. Fin. et
conseillère en sécurité
financière chez Gagné, Morin &
Associés M.T.L. Elle est l’auteure
du livre Votre retraite crie
au secours.

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