Lire un extrait - Editions Persée
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LE TÉLÉPATHE José Russotto Le télépathe Roman Editions Persée Ce livre est une œuvre de fiction. Les noms, les personnages et les événements sont le fruit de l’imagination de l’auteur et toute ressemblance avec des personnes vivantes ou ayant existé serait pure coïncidence. Consultez notre site internet © Editions Persée, 2015 Pour tout contact : Editions Persée – 38 Parc du Golf – 13 856 Aix-en-Provence www.editions-persee.fr INTRODUCTION Nécessaire à la compréhension de ce texte et à son but. J’ai rédigé ce texte il y a très longtemps… en 1984. C’est à cette date que j’ai compris mes pouvoirs et l’action que je voulais pour le monde et la Terre. Depuis, le monde est ajusté à la puissance de l’Esprit saint… 5 LE TÉLÉPATHE Histoire du monde avant sa résurrection… à travers une histoire singulière. José Russotto. 7 I l entra. Tout lui semblait étrange. Il vit sur la petite table abîmée par le temps une feuille de papier. Il s’empressa de lire. C’était une écriture très particulière, presque de l’art. Il ne s’attachait pas au contenu de cette feuille de papier mais à la forme, à la calligraphie. Ses mains tremblaient. Était-ce la joie ou bien ce vague sentiment qui fait que tout votre corps se met à vibrer à l’unisson. À cet instant, il ne savait pas ce qui lui arrivait. La seule chose, c’est que tout son corps et toute son âme étaient en transe. C’était un concerto en ut majeur avec accompagnement, ou je ne sais quoi. Pourquoi notre héros éprouvait-il un tel sentiment ? Pour cela, il faut remonter très loin dans le temps. Nous sommes à la période du Christ. Nous sommes dans les années quatre-vingt. Nous sommes plus précisément en 1984 à Aix-en-Provence. Notre héros, si nous décidons de le nommer ainsi, est étudiant en première année de droit. Il est socialement pauvre. Il a décidé de s’en sortir par les études. Il s’est entouré de quelques copains. Mais quel élément caractérise cet individu par rapport aux autres individus ? Disons que sa sensibilité et son regard sur le monde sont différents. Entrons dans la ronde de sa vie et regardons vivre notre héros. — Mais que fais-tu ? Cesse de te moquer. — Mais voyons, on peut s’amuser de temps à autre. Tu es le vrai sucre et voilà que tu t’es encore fait battre au flipper ! s’écria Richard. 9 — Tu me dépasses peut-être au flipper mais côté humain je te dépasse et de loin. — Mais oui, prends tes rêves pour des réalités… reprit Richard avec arrogance. Il fallait dire que notre héros souffrait d’un complexe d’infériorité. C’est qu’il y avait dans ce groupe de copains cette ambiance malsaine de compétition où il fallait toujours être gagnant. Oui, il fallait toujours jouer mieux que l’autre, avoir le plus de points dans tel jeu ou tel autre jeu débile. Toute différence dans notre société est considérée (dans notre groupe aussi) comme une infériorité. C’est peut-être cela que je reprochais à mes copains : le fait de prendre une différence pour une faiblesse. Et puis c’est si beau d’être faible. C’est la faiblesse de la mouche qui fait sa force. C’est l’apparente faiblesse du diamant qui fait sa force puisqu’il raye le verre. Eh bien c’est en cela que très souvent en groupe je me suis senti mal. Mal à l’aise face au jugement de l’autre, mal à l’aise face au regard de l’autre. Depuis sa plus tendre enfance, on lui avait tellement dit qu’il était trop gros qu’il souffrait. Quelle fut sa blessure quand à l’âge de treize ans il reçut une veste d’une jeune fille qui lui dit que pour l’aimer il fallait être moins gros. — Tu es trop gros. — Eh ! le gros ! s’exclamaient des voix qui assurément se contentaient de regarder l’extérieur et oubliaient le plus important : son monde intérieur. Oui, depuis toute son adolescence, il avait souffert de ce que les médecins nomment son excès pondéral. Il était arrivé à un tel complexe d’infériorité que même plus tard, alors qu’une fille lui fit des avances, il refusa ! Torturé par ce qu’on voulait lui imposer, il décida de maigrir… et il perdit tout cet excédent pondéral. — Oh ! Mais tu as maigri, s’exclama Élisabeth. 10 Il est bon de préciser qu’il était aussi tombé amoureux de cette fille. Notre héros tombe très vite amoureux. Un regard lui suffit, c’est une naïveté que les gens lui envient. Faites-lui un sourire et il vous aimera. Oui, tel est notre personnage. — On pourrait fonder un groupe musical ? — Mais oui, pourquoi pas ? Et puis on gagnerait des sous et on pourrait se faire construire une belle maison où nous pourrions passer de bons moments. C’est ce que nous voulions… C’est ce dont nous rêvions tous, à savoir se bâtir un toit pour s’aimer. Oui, car il n’y a rien sans amour. L’amour est un fleuve, que dis-je, une source infinie et inépuisable où il fait bon s’abreuver. — Stop, s’écria Richard… comme si au fond de lui l’amour rimait avec hypocrisie. Richard n’est pas branché sur l’onde amour « fraternel ». C’est un être qui voit la dureté du monde et qui sait bien qu’il faut se battre pour gagner. Certes on peut aimer se battre et non pour cela écraser l’autre. C’est ce que pense notre héros. Il avait de nombreuses discussions avec eux. Mais quelque chose ce sous-jacent avait pris naissance. Quoi ? Il ne pouvait pas encore le dire. Il ne comprenait pas encore. C’était quelque chose de mystérieux et d’étrange. Quelque chose qui ferait boum dans sa tête et qui pourrait lui faire mal aussi. Chaque jour était pour lui une étincelle, cette étincelle qui ne dure qu’un instant. Et cette femme qui ne venait jamais. Cette femme dont il avait tant rêvé, cette femme sacrée ou cette sacrée femme dont on a tellement besoin quand on se sent si seul dans sa petite tête. En lui il y avait deux mondes : celui de la solitude qu’il détestait et celui où on est bien quand on est aimé. Pour lui rien d’autre ne comptait sinon cet homme vers qui tout l’attirait. Très tôt, alors qu’il n’était encore qu’un enfant, il lisait les textes sacrés comme si quelque chose en lui 11 devait s’éclairer. Il voulait connaître cet homme qu’on disait Dieu. Il lisait la Bible à la recherche de l’étincelle. Cette étincelle, il ne la trouvait pas car il ne faisait que la chercher en dehors de luimême. L’étincelle est en nous. Si nous arrivons à allumer cette mèche qui est en nous, alors là oui, nous avons l’espoir de voir autre chose, cet autre paramètre qui rime avec tendresse et amour. Quand il devenait trop sérieux, pour ne pas voir ses copains se moquer de lui, il s’en sortait par une plaisanterie. — Allô, pourrais-je parler à Richard ? — Oui, tout de suite, reprit une voix féminine. — Allô Richard, c’est moi. Tu viens me chercher en voiture. — D’accord, pas de problème. Il me plaît de me souvenir de ces soirées de jour de l’an. Tout y passait. Dans ces soirées on disait tant de bêtises. Et on y allait. Comme c’était agréable de se laisser porter par le courant. Le jour de l’an pour moi, c’est le moment merveilleux, ce merveilleux moment où on partage tout ce que l’on a : le matériel, c’est-à-dire la nourriture, et le spirituel. Et là, il me plaît de faire une comparaison avec la cène. Si on pensait dans de tels moments au partage, au don de soi, à la fraternité entre individus… C’est le moment certes des rires mais aussi et surtout de l’amour. On se sent bien entouré de ceux que l’on aime. Ce sont des échanges, des clins d’œil qui font chaud au cœur. Pour moi, le jour de l’an c’est le rêve qui déploie ses ailes. Quand je pense à ce moment, je pense à Jésus et à ses apôtres réunis autour d’une table. C’est l’échange et l’amour du Christ qui prend son envolée. C’est merveilleux. Ce qu’il y a de merveilleux, c’est le fait de se réunir. Se réunir… C’est peutêtre cela qui manque à notre société. Ce qui est malheureux, c’est le fait que pour se réunir il faille que l’on soit le jour de l’an ; autrement dit ce qui est malheureux c’est le fait qu’un tel échange devienne une habitude. On se réunit tous les ans par habitude. Moi je rêve de ces échanges sans habitude. 12 Pour en revenir à nos jours de l’an, je dois préciser que nous nous réunissons entre copains et copines dans cette maison de campagne qui se trouve à La Bouilladisse, en Provence. C’est une maison ancienne qui appartient aux grands-parents de Richard. Nous avons là de très bons souvenirs. Nous avons fêté quelques jours de l’an sous les cotillons et le champagne. Il se dégage de cette maison une odeur de guirlandes et de cotillons. C’est un endroit où il fait bon vivre entre copains. Ce qui fait le charme de cet endroit, c’est le souvenir qu’on y a laissé. C’est un peu comme si notre esprit avait laissé dans ce lieu quelque chose de soi, quelque chose qui nous appartient en propre, qui est secret et que nous avons laissé là. Ce peut être un sourire, une odeur, une impression, un état d’âme. Quelque chose de secret vous a été ôté et vous ne serez plus le même. Cette maison connaît désormais vos mystères. C’est une femme qui vous charme et qui vous prend tout ce que vous avez : n’avez-vous jamais ressenti cela ? Il est déjà tard et le repas s’annonce fantastique. — Alors José, que nous dis-tu de beau ? — Eh bien tout va bien. Mon rêve, c’est devenir écrivain. — Eh oui, mais des écrivains il y en a des milliers, s’exclame Pierre. La soirée est chaude, le vin coule à profusion et tout va bien. Observons notre personnage. Il ne dit rien, il réfléchit. Parfois il fait quelques plaisanteries comme l’imitation de la poule qui ne fait rire personne. Notre personnage est en réalité quelqu’un qui a soif d’échanges mais qui pour s’exprimer a besoin d’un auditoire qui soit prêt à l’écouter. Comment échanger ? Voilà tout le problème du système ; un système qui se cache derrière la télévision et la vidéo. Une société qui devient de plus en plus individualiste. Cela est normal dans un monde où il faut lutter pour vivre. Pourtant, avec le droit nous devrions arriver à bâtir une société où chacun pourrait vivre et s’épanouir le plus merveilleusement 13 possible. Mais non, il n’y a pas d’épanouissement sans échange car l’échange est dans son essence même le courant qui se fait dans les deux sens. C’est ce que m’a dit Siegried, cette fille de la faculté. Elle me dit : échange. Ce mot je l’ai gardé. C’est mon maître mot. Nous avons besoin d’échanger car de cet échange naîtra, comme le dit si bien Jean Onimus, autre chose. Parfois notre personnage tente de placer une de ses pensées philosophiques, mais cela accroche peu et pour cause : les copains qui l’entourent ne rêvent que de voitures et de fadaises. À la fin de ces soirées, il perd plus qu’il ne gagne ? Oui, il perd plus qu’il ne gagne. En effet, il en sort démoralisé. Entrons dans ses pensées. Ô combien je vous aime, vous mes copains, vous qui ne savez pas la réalité de ma solitude, de cette solitude qui par pudeur se cache au plus profond de mon être. Que ne savez-vous pas. Et pourquoi ? Oui, et pourquoi ne voyez-vous pas qu’il me faut autre chose ? — Oh le paysan, s’écria Jean-Marc en s’adressant à Thierry. — Et vlan je t’ai eu. En effet, c’était la soirée du jour de l’an et mes copains n’avaient rien trouvé de mieux que de faire les fous avec des confettis qui pleuvaient de tous les côtés. Moi, j’étais sans mes pensées. Et je rêvais de cette jeune fille rencontrée à la faculté de droit à Aix. Elle hantait mes nuits et ma vie. Elle était si belle, si jolie… et moi je me demandais ce que je foutais dans cette galère. Et elle ? Que faisait-elle ? Et elle que fait-elle ? Le temps n’existait plus. Présent et passé se mêlaient au beau milieu de ce vacarme, de ces cotillons. Moi j’étais ailleurs. J’étais en esprit avec elle, avec celle qui aurait pu un jour éclairer mes jours. Le personnage, le « il » du début est devenu le « je » qui décrit. En effet, effacé par le « il », je décide de dévoiler et deviens le « je ». Il devient je. Tout réside là. Tout est là. Pour que l’homme aujourd’hui se développe, pour qu’il devienne je, c’est-à-dire pour 14 qu’il existe, il a besoin du tu. Oui, pour que il devienne je, j’ai besoin de toi. C’est cela la réalité du logos. La solitude… voilà un vaste sujet. Il faut dire que de nos jours la solitude se fait de plus en plus « présente »… C’est un paradoxe. Face à son ignorance métaphysique de ses origines, l’homme se cherche… Pour se trouver il a besoin de l’autre. Nous avons besoin de l’autre, nous avons besoin d’être au moins deux pour pouvoir jouir de la vie avant de partir vers d’autres aventures ou bien avant de mettre un point final selon que l’on croit à une vie « après la vie » ou bien non. Quant à moi, j’ai besoin de « je t’aime » brûlants, de sourires limpides et chaleureux, de poignées de main qui font mal aux articulations mais qui font si bien au cœur. Il cherchait son sourire comme une affirmation à ce qu’il croyait être de l’amour. Elle me dit qu’elle allait se marier. Était-ce vrai ? Et puis pourquoi avais-je refusé son adresse, elle qui voulait que je lui écrive ? Pourquoi ? Moi qui rêvais tant d’avoir avec elle un échange d’idées à défaut d’autre chose plus intime et plus intense. Quel imbécile ! Moi qui me prenais pour un dieu et à qui il a suffi d’un regard, d’une parole pour m’effondrer tel un château de cartes. Quel imbécile, me répétais-je… Il était minuit et nous commençâmes à nous souhaiter la bonne année. C’est dans ces moments que l’on a le plus besoin d’un être à qui on peut tout confier. Qui n’a pas senti ce que je ressens ? Qui n’a pas éprouvé ces moments d’angoisse terribles où on ne sait où se mettre de peur de laisser transparaître sa solitude car on en a de la honte… honte d’être seul. Eh oui, nous sommes arrivés dans un monde où il est très difficile de communiquer, de donner. Cette soirée s’acheva. Chacun s’en retourna et le rêve artificiel d’un monde de communication s’évapora. C’était comme une bulle de savon qui finit par mourir. Les restes attestaient… cotillons et autres. On avait tout pris et rien donné, tel est le sentiment qui me marqua. Ne vous est-il jamais arrivé d’avoir le sentiment 15