Peut-on peindre la guerre et promouvoir la paix ?

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Peut-on peindre la guerre et promouvoir la paix ?
Peut-on peindre la guerre et promouvoir la paix ?
MASSACRE EN CORÉE
Pablo Picasso, 1951
Huile sur contreplaqué (110 x 210 cm), Musée national Picasso, Paris
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L’auteur
tre la partie nord de la Corée dominée par les communistes et la partie sud
!
partie pour le camp soviétique car, si les victimes sont des Coréennes, ceux
sous contrôle des Occidentaux. Picasso, membre du PCF, prend clairement
Pablo Picasso est un peintre, graveur et sculpteur espagnol installé en
qui fusillent sont des soldats américains.
France à partir de 1904. Il s’engage politiquement avec le déclenchement de
la guerre civile espagnole en soutenant les Républicains face à Franco. Il a été
membre du parti communiste français de 1944 à sa mort, mais a souvent pris
!
Une oeuvre pacifiste
ses distances avec la ligne officielle du parti.
!
Au delà de la prise de position anti-américaine, ce tableau, comme
Guernica en 1937, dénonce les horreurs de la guerre et les massacres de civils.
Leur nudité, leurs mains ouvertes, les formes arrondies et la présence de bé-
«La peinture est un instrument de guerre»
!
Description
!
Cette oeuvre se rattache au cubisme développé par Picasso depuis Les
bés montrent l’innocence des victimes. Chez les soldats, l’agressivité et la brutalité sont soulignées par les formes anguleuses et pointues. Les casques en
font des bourreaux anonymes ou robotisés. La personne du chef est particulière car il est le seul à avoir le visage découvert ; il tient des insignes du pouvoir (épée, bâton/sceptre), mais tourne en partie le dos à la guerre : hésitation
demoiselles d’Avignon --> Le visage des trois femmes adultes. Elle prend sur-
devant ce qu’il a à accomplir, position de fuite ?
tout place dans le courant expressionniste par l’instant dramatique qu’elle
présente. Les couleurs ternes dominent : gris des personnages et gris du ciel,
ocre et kaki du paysage à l’arrière-plan. Au premier plan à gauche se tient un
groupe de femmes- dont une est enceinte, et de très jeunes enfants, tous nus.
Toujours au premier plan, à droite de l’autre côté d’une rivière, un groupe
d’hommes, des soldats, sont partiellement vêtus d’armures et portent des casques. Ils pointent leurs fusils bizarres vers les femmes et s’apprêtent à les massacrer. Tout à droite, un homme presque dos à la scène a une épée et semble
diriger le groupe de soldats. A l’arrière-plan, dans un paysage de collines
sans arbres on distingue une maison en ruine.
!
Une oeuvre de la Guerre froide
!
!
La date et le titre de l’oeuvre la situent pendant la guerre de Co-
rée (1950/1953), à la fois le début et l’apogée de la Guerre froide. La construction de ce tableau fait clairement apparaître deux groupes, comme les deux
Blocs de la Guerre froide (les soldats chinois et coréens sont toutefois absents
du tableau). La rivière qui coule au milieu semble représenter la frontière en-
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TRES DE MAYO
L’EX ÉC UTI ON DE MA X I MI L I EN
Francisco de Goya, 1814
Huile sur toile (266 x 345 cm), Musée du Prado, Madrid
Edouard Manet, 1868
Huile sur toile (252 x 305 cm), Städtische Kunsthalle, Manheim
Inspiration
Ces deux tableaux ont été réalisés avant Massacre en Corée et ont indéniablement inspiré Picasso.
Le Tres de mayo est très proche dans sa conception. Il rappelle la terrible répression menée par les troupes napoléoniennes après le soulèvement des Madrilènes le 02 mai 1808.
On retrouve la même composition dans l’exécution de Maximilien, éphémère empereur autrichien du Mexique entre 1864 et 1867.
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