L`honneur d`un capitaine!

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L`honneur d`un capitaine!
N°176 - 25 février 2016
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RENCONTRE
L’honneur
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d’un capitaine
En sept saisons à l’ACA,
Cyril Granon a disputé
210 matchs et le club est
passé du National à la D1.
Il l’a quitté en 2004,
avec la satisfaction
de n’avoir connu
que des accessions
«Confiant
Photos Michel Luccioni
pour l’ACA
et pour le Gaz »
Depuis Aix, Cyril Granon suit évidemment de près le parcours de son club de cœur. Un ACA qui l’a quelque peu
inquiété en début de saison, mais qu’il a eu le plaisir
de voir se serrer les coudes pour remonter au classement. Une situation qu’il a bien connue il y a quelques
années : « Dans ce cas-là, il n’y a pas trente-six solutions
pour s’en sortir. Il faut s’en remettre aux valeurs et rester solidaires. C’est ce qu’ont fait Cavalli et les siens et
je m’en réjouis. Je suis confiant pour la fin de saison ».
L’ancien capitaine acéiste s’avoue agréablement surpris
par les performances du GFCA, que tout le monde avait
condamné dès le début du championnat. « Encore une
fois, les mystères du foot ont tordu le cou à la logique et
c’est tant mieux. Sur ce que ce je vois à la télé, Thierry
Laurey fait plutôt bien jouer son équipe et elle mérite de
se sauver et de repartir pour une nouvelle saison en L1 »
P
our les fans de l’ACA, il est à jamais le capitaine de l’équipe qui retrouva l’élite en
2002. Cyril Granon a quitté Ajaccio deux
ans plus tard pour Ferrol, en D2 espagnole. Il y a terminé sa carrière, mais n’a
jamais coupé le cordon acéiste. La preuve, on l’a
retrouvé la semaine dernière du côté de François-Coty où il a amené les jeunes du Pays d’Aix
en stage. L’occasion d’ouvrir la boîte à souvenirs
avec leur directeur sportif. Lorsqu’il arrive dans
la Cité Impériale en 1997, Cyril Granon a déjà
porté le maillot de l’ASM comme Anthony Garcia, Greg Ursule, Philippe Burle, Nicolas Bonnal,
Dado Prso ou Sébastien Squillaci... A l’inverse
de ces derniers, il n’est pas là pour se faire
les dents, mais pour relancer une carrière stoppée net par une rupture
des ligaments croisés un an et
demi plus tôt à Mulhouse.
« J’avais fait une super
première saison en Alsace, mais j’ai eu du
mal à me remettre
de ma blessure.
Mes six derniers mois
n’ont pas
convaincu
le
FCM de
me garder ».
A p r è s
s’être refait
une santé en National du côté de feu Saint-Denis
Saint-Leu, l’homme du Sud
préfère la Corse à certaines
terres de L2 moins ensoleillées. « Mon agent Henri
Zambelli est un ami intime
de Bati Gentili. On les a
rencontrés Michel Moretti
et lui. Leur projet m’a tout
de suite plu. J’ai toujours
aimé la passion des Corses
pour le foot. Avec Monaco,
j’avais souvent joué contre le
GFCA. J’aimais la façon dont le
public transcendait son équipe.
J’avais envie de tenter cette expérience, de relever ce défi ».
En sept saisons, Cyril Granon
et l’ACA vont se hisser au
sommet du football français. « Je suis toujours monté, jamais descendu. C’est
pour ça que j’ai pu quitter
le club la tête haute, avec
l’impression d’avoir bien
fait le job… »
La patte Prso
L’Aixois fait parler d’entrée son gros moteur et
sa technique puisque son
arrivée débouche sur le
retour de l’ACA dans le
monde professionnel
en 98. « On était loin
de faire partie des
favoris pour l’accession en D2, mais la
mayonnaise a pris
rapidement entre anciens et nouveaux comme moi,
Philippe Burle, Nicolas Bonnal ou Eric Colling. Et on
a touché le jackpot avec l’arrivée de Dado Prso à la
trêve. Il a apporté une dimension supplémentaire au
groupe par sa puissance et ses qualités de finisseur. Je crois qu’on n’a
plus perdu un match jusqu’à
la fin du championnat ».
Les trois années qui ont suivi
ont été moins réjouissantes
en terme de résultats, mais
tout aussi passionnantes
au niveau humain. « On a
lutté pour le maintien, mais
cela nous a forgé le mental pour la suite. Le
club était comme
une famille, avec
ses valeurs… ».
Des
valeurs
que
Capitaine Granon
croient ent a m é e s
lorsque le
regretté
président
Moretti
décide de
faire appel
à Rolland
Courbis
pour donner
un
nouveau
souffle à
son équipe.
« Je me souviens
avoir
eu une longue
discussion avec
Michel. J’étais très
proche de Bati et son
départ m’a beaucoup
affecté », glisse un Cyril qui n’en demeura
pas moins l’un des
rouages
essentiels de l’ACA de
Courbis. « On
savait que Rolland était là
pour nous faire
franchir un palier, mais rien ne
laissait
entendre
qu’on allait monter
en D1. Comme d’habitude, on avait recruté malin avec
des chômeurs comme David Terrier. Le seul ancien pensionnaire
de l’élite qui nous avait rejoints était
Samba N’Diaye, en provenance de
Nantes. Mais le foot garde toujours une
part de mystère. Rolland a apporté son expérience et pris la pression médiatique sur ses
épaules. Le noyau dur d’anciens que nous formions
avec Colling, Ursule, Robin ou Destruhaut a su inculquer la mentalité du cru aux recrues. Avec des
jeunes comme Squillaci ou Bonnal, c’était facile. Ils
étaient à l’écoute. Je me souviens d’avoir dit à Toto
qu’il avait tout pour être international. A condition
de croire en lui… ».
Celui qui fait les beaux jours du Sporting, à 35
ans, a pu se rendre compte que la clairvoyance
de son capitaine dépassait le cadre du terrain.
Cyril Granon, lui, a vraiment kiffé de jouer dans
cette équipe : « C’est la première fois qu’on
prenait autant de plaisir à se retrouver sur et
en dehors du terrain. Et les résultats ont fait
qu’on s’est vite dit qu’il y avait un truc à faire… »
L’ACA avait d’ailleurs démarré sur les chapeaux de
roue cette saison 2001-2002 par un retentissant
succès sur Nancy (4-2).
Un match que le capitaine avait marqué de son
empreinte, en réussissant notamment un lob magistral de près de 35 mètres. « Aujourd’hui, quand
je vois le nouveau François-Coty, je me dis que le
club a bien grandi, qu’il a des infrastructures dignes
des professionnels. Mais à mon époque, c’était loin
d’être le cas. On était en pleine évolution. Un peu
comme le GFCA d’aujourd’hui. On s’entraînait à Cauro où souvent on trouvait des vaches sur la pelouse
en arrivant. Je me souviens que Xavier Gravelaine
était reparti comme il était arrivé en découvrant nos
conditions d’entraînement. Mais au final, c’est ce qui
a fait notre force. Cette histoire était tellement forte,
on avait tellement de handicaps qu’ils nous ont rendu plus forts. Tout le monde s’est accroché pour relever ce défi et montrer à tous ceux qui n’y croyaient
pas qu’il était réalisable… »
Une accession
longuement fêtée
Un tas de raisons qui rendirent la fête de l’accession aussi grandiose qu’interminable. « On
a eu la chance d’être sûrs de monter très tôt, un
mois avant la fin je crois. Cela nous a laissé beaucoup de temps pour partager notre bonheur avec
beaucoup de monde. C’était tellement bon qu’on
n’a pas beaucoup dormi. Je me souviens d’une
soirée chez les Stouvenot qui s’est terminée au
petit matin. Le champagne coulait à flot. Il y en
avait même sur tout le sol de l’établissement… »
Cyril Granon a retrouvé la Ligue 1 à 30 ans pour
y jouer le maintien et un rôle moins gratifiant.
« On avait un jeu plus direct, moins technique et je
me suis bien moins épanoui sur le terrain. Mes rapports avec Rolland étaient moyens. Cela s’est mieux
passé la saison suivante avec Dominique Bijotat,
mais j’étais arrivé en fin de cycle. Il était temps de
changer. Pour le club, comme pour moi. Et même
si cela a été compliqué de faire mes valises – Lucia son épouse est Ajaccienne, Mattis son fils y est
né - je pense que c’était la meilleure solution... »
Le milieu de terrain termina donc sa carrière en D2
espagnole où il a découvert un foot fait pour lui :
« Beaucoup de jeu, de la qualité technique. J’avais
retrouvé l’envie. Malheureusement, je me suis à
nouveau blessé à un genou et n’ai plus été en mesure de m’exprimer comme je l’aurais souhaité lors
de la seconde saison. Il a mieux valu que j’arrête… »
Le retour en France fut un retour aux sources
puisque la famille Granon s’installa dans la région
paternelle, à la Roque d’Anthéron.
Après avoir passé ses diplômes d’entraîneur, Cyril
prit en main le Pays d’Aix FC qu’il mena sur le podium de DH, avant de passer la main pour devenir éducateur sportif à la mairie de la Roque. Il y a
deux ans, un nouveau président lui a proposé de
redonner un nouveau souffle au Pays d’Aix FC, retombé en PHB, en insufflant une nouvelle politique
au niveau de la formation des jeunes.
Un défi que l’ancien numéro 8 s’est mis dans la
tête de relever. Un défi taillé à la mesure d’un garçon aux qualités techniques avérées.
THIERRY VIRORELLO

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