Télécharger
Transcription
Télécharger
LES DOSSIERS THEMATIQUES DE L’APESA LE TRI DES DECHETS : LA VOIE DE L’AUTOMATISATION Depuis Le Grenelle de l’Environnement, le recyclage matière provenant des déchets est devenu un enjeu national et une priorité dans la gestion de l’environnement. Le contexte réglementaire et le contexte de raréfaction des ressources donnent des perspectives de croissance forte du recyclage matière des déchets. Les déchets ainsi récupérés pourront être utilisés en matières premières secondaires (diminution de la consommation de matière première) ou valorisés en utilisant leurs propriétés améliorées (pouvoir calorifique ou fraction fermentescible plus élevés par exemple). Le tri est l’étape préalable indispensable au recyclage des matériaux. Il rend possible la transformation d’un flux de déchets mélangés et non directement valorisables en plusieurs fractions dont certaines se prêteront mieux au recyclage matière. Septembre 2010 EDITO Et si les déchets étaient «la mine » de demain ? La raréfaction des matières premières, en particulier des métaux et des matières premières pétrolières peuvent en tout cas le laisser à penser. Pour rendre possible l’exploitation de il est cette nouvelle «mine», indispensable de pouvoir trier les déchets et séparer les matières. D’où l’importance que prennent les technologies de tri dans le processus de gestion des déchets. Ce dossier thématique de l’APESA fait le point sur les principales technologies de tri disponibles, avec un zoom sur le tri optique dans lequel des développements intéressants sont en cours. Benoit de Guillebon Plusieurs techniques de tri existent, manuelles ou automatiques. On les retrouve souvent associées dans les centres de tri. En 2002 en France, sur un total de 26,4 MT de déchets ménagers et 94MT de déchets banals, 5,2 MT étaient triés et 3,6 MT valorisés (Rapport sur les installations de traitement SOURCES des déchets, ADEME, 2002). Etude réalisée par le cabinet Nodal Consultants d’octobre à décembre 2009 dans le cadre du programme d’actions et de soutien aux PME-PMI innovantes de l’écosystème optique & systèmes complexes - Analyse le LIBS confirme son potentiel, Green News Techno du 19 octobre 2009 - Recyclage Récupération n°17, 10 mai 2010, page 49 - « Les machines de tri des déchets », Environnement & Technique n°241, novembre 2004 - « Etude d’implantation de filières de traitement de déchets en Guadeloupe », INP, ENSEEIHT, Rémi LESTIENNE et Philippe BAUDEZ, 2010 CE PROJET EST COFINANCE PAR L’UNION EUROPEENNE. L’EUROPE S’ENGAGE EN AQUITAINE AVEC LE FOND EUROPEEN DE DEVELOPPEMENT DURABLE Pour atteindre les objectifs du Grenelle en matière de recyclage des déchets, certaines filières de recyclage « matière » devront se développer : matériaux Le Grenelle, des objectifs ambitieux : plastiques, 75% des emballages ménagers Déchets recyclés en 2012, 35 % des déchets d’Equipement Electrique et Electronique, Véhicules ménagers et assimilés recyclés en Hors Usage, déchets du Bâtiment et Travaux Publics, 2012 puis 45 % en 2015. mobilier hors d’usage, déchets contenant des métaux « stratégiques » et des substances rares… Le développement ou l’optimisation de ces filières nécessitera non seulement des sauts technologiques pour le tri (automatisation des procédés existants et amélioration des filières…) mais aussi des avancées en matière de captation du gisement. Cependant le marché du recyclage qui se situe en aval du tri est encore insuffisamment développé. Les difficultés de mobilisation du gisement, de capacité de valorisations insuffisantes, de volatilité des marchés des produits de récupération et de variabilité de la demande extérieure sont autant de freins à ce développement. LES METHODES DE TRI AUTOMATIQUE Déjà couramment utilisé pour certains types de matériaux (les métaux par exemple) le tri automatique est une alternative au tri manuel (corps creux…) qui se développe de plus en plus. Les méthodes automatiques de tri reposent sur des propriétés physiques des déchets : tri granulométrique (séparation en fonction de la forme, de la taille…), tri aéraulique (séparation basée sur les différences de densité, de forme, de portance à l’air…), tri magnétique, le tri électrostatique (création d’une charge électrostatique puis séparation par attraction-répulsion) mais aussi tri optique (séparation en fonction du spectre visible, proche infrarouge, infrarouge ou fluorescence X…) LES EQUIPEMENTS UTILISANT LE TRI GRANULOMETRIQUE >>Crible plan : plaque perforée permettant un tri granulométrique, les objets les plus fins passant à travers les trous. >>Le trommel : crible cylindrique rotatif. Les matériaux sont brassés et convoyés de l’extrémité haute vers l’extrémité basse du trommel. Les particules de dimensions inférieures à celles des perforations sont évacuées au fur et à mesure de leur avancement. >>Le crible à godets : gros tambour aplati monté sur un socle contenant un tapis de godets métalliques tournant autour d’un axe et incliné dans le sens de la pente des déchets. Les produits les plus fins tombant dans les godets sont entraînés en rotation. Les plus gros traversent la table sans être entraînés par les godets. CE PROJET EST COFINANCE PAR L’UNION EUROPEENNE. L’EUROPE S’ENGAGE EN AQUITAINE AVEC LE FOND EUROPEEN DE DEVELOPPEMENT DURABLE LES EQUIPEMENTS UTILISANT LE TRI AERAULIQUE >>Le trommel aéraulique : il sépare les corps creux, des corps plats. C’est un tambour rotatif découpé en deux parties, une partie de criblage des matériaux et Trommel aéraulique une partie mise en dépression dans laquelle s’opère la séparation des matériaux. Dans cette dernière partie les corps plats sont plaqués sur la surface intérieure du tambour. Ils retombent par gravité une fois la zone de dépression passée. Ils sont réceptionnés sur un convoyeur situé en partie haute du tambour. Les corps creux sont acheminés vers un autre convoyeur en partie basse du tambour. >>Le crible à étoiles : il sépare lui aussi les corps creux des corps plats. Il s’agit d’une grande table inclinée pourvue d’étoiles ou de disques. Les produits plats progressent sur la table en restant à la surface des disques ou étoiles. Ils sont récupérés par un convoyeur. Les petits produits passent entre les disques. Séparateur balistique >>Le séparateur balistique : il effectue la séparation grâce à des palettes de projection inclinées et équipées de plaques perforées. Le principe repose sur l’utilisation des différentes qualités physiques des matériaux, dont les courbes balistiques varient en fonction des mouvements dynamiques générés. Les produits creux rebondissent sur les palettes et sont évacués en partie basse du dispositif. Les corps plats restent collés aux palettes et sont évacués en partie haute de dispositif. Quant aux parties fines, elles passent à travers les trous des plaques. >>Le séparateur morphologique : il s’agit d’un tambour rotatif. Les matériaux, corps creux et corps plats, arrivent sur la surface externe du tambour dont un tiers de la circonférence est mise en dépression. Les produits creux tombent naturellement par gravité et sont réceptionnés d’un côté du tambour. Les produits plats restent plaqués sur la surface du tambour et sont réceptionnés à sa sortie. >>La table inclinée : sépare les produits lourds, des produits légers et ultra légers. Animée d’un mouvement vibratoire, elle est équipée d’une bande transporteuse et de chaînes en mouvement au dessus de la bande. À chaque maillon d’une chaîne, une chaînette au bout de laquelle est fixé un tube plastique ou métallique. Les matériaux ont ainsi à franchir des rideaux qui sont autant d’obstacles successifs. Les lourds roulants traversent ces rideaux. Les légers roulants sont freinés par la 2ème rangée de chaînes et sont réceptionnés. Les plats sont transportés le long du 1er rideau et ne le traversent pas. Table inclinée CE PROJET EST COFINANCE PAR L’UNION EUROPEENNE. L’EUROPE S’ENGAGE EN AQUITAINE AVEC LE FOND EUROPEEN DE DEVELOPPEMENT DURABLE >>Le séparateur à brosse : le séparateur à brosse permet d’effectuer un sur-tri des corps creux. Une brosse montée sur un axe motorisé est installée sur un convoyeur. Les corps plats passent sous la brosse et restent en bout de convoyeur. Les corps creux sont déviés par la brosse et dirigés vers un autre convoyeur. L’écart entre la bande et la brosse est réglable de façon à ajuster les performances. LES EQUIPEMENTS UTILISANT LE TRI MAGNETIQUE >>L'overband : système magnétique fixe placé audessus d'un convoyeur et autour duquel tourne une bande d'évacuation entraînée par un moto-réducteur. Sous l'effet de l'attraction magnétique, les produits ferreux acheminés par le convoyeur sont entraînés en dehors de la ligne de transport du mélange. L'attraction cessant en bout de course, les produits retombent, soit dans une trémie, soit sur un convoyeur. >>La poulie magnétique : elle se présente sous la Overband forme d'un cylindre monté sur un axe. Son corps contient un aimant permanent ou un électro aimant. Elle est généralement utilisée en remplacement de la poulie d'entraînement d'un convoyeur à bande. À l'extrémité du convoyeur à bande, les corps ferreux sont retenus par la poule et entraînés en dessous du convoyeur. Ils tombent alors par gravité. L’avantage de cet équipement est d’être beaucoup moins onéreux qu’un overband mais il est également moins performant et implique un tri amont. >>Le tambour magnétique : c’est un tambour rotatif à l'intérieur duquel un aimant forme une demi-circonférence. Lorsque les matériaux tombent sur le tambour, les corps ferro-magnétiques restent plaqués contre le tambour et tombent une fois atteinte la partie non magnétique. Les autres corps tombent par gravité directement dans une goulotte. Ce type de matériel peu onéreux peut convenir aux centres de tri de faible capacité, par exemple dans une trémie recevant un flux d’acier et d’aluminium : il sépare alors ce flux en deux fractions. CE PROJET EST COFINANCE PAR L’UNION EUROPEENNE. L’EUROPE S’ENGAGE EN AQUITAINE AVEC LE FOND EUROPEEN DE DEVELOPPEMENT DURABLE Séparateur à courant >>Le séparateur à courants de Foucault : pour trier l’aluminium, les systèmes généralement utilisés sont les séparateurs à courants de Foucault. Ils permettent d’extraire l’aluminium d'un flux de matériaux. Le principe des courants de Foucault est de générer des champs magnétiques répulsifs pour les métaux non-ferreux à l’aide de courants électriques eux-mêmes induits par un champ magnétique variable. Ils comportent un court convoyeur qui entoure l’appareillage générateur des courants de Foucault. Lorsque les matériaux passent sur ce convoyeur, la force de répulsion soulève et projette vers l’avant l’aluminium et les métaux non ferreux. Une plaque de division installée dans une goulotte permet de séparer les deux flux. Ce type de machines représente un investissement important (30 à 60 k€ HT) compte tenu de la faiblesse habituelle des flux d’aluminium : il est donc réservé aux centres de tri de grande capacité, qui pourront l’amortir en 5 à 7 ans. Le choix du ou des types de tri utilisés se fait en fonction de plusieurs critères : la nature du flux traité, le débit attendu, l’organisation de la collecte en amont, les volumes gérés, l’aspect financier, les objectifs de production, la volonté de formation et d’insertion… Les deux éléments qui déterminent la performance d’un équipement de tri sont le taux de séparation et son débit. Mais les coûts de fonctionnement (maintenance, consommation électrique, …) ne doivent pas être oubliés dans la prise de décision. ZOOM SUR LE TRI OPTIQUE Au-delà des questions de productivité, l’automatisation permet d’étendre le tri aux déchets qui ne peuvent pas être séparés par des méthodes manuelles. Un exemple est l’identification des plastiques par les techniques de tri optique. Actuellement, dans la chaîne du tri des déchets, le tri optique est déjà couramment utilisé pour le tri de nombreux déchets en fonction de leur spectre visible (identification des couleurs par caméra ultrasensible) ou proche infrarouge >> Principaux industriels ou infrarouge développant et fournissant des moyen (capteur équipements de tri optique en « intelligent » pour France : DELTA NEU, PELLENC ENVIRONNEMENT, RAOUL détecter les densités des matériaux) ou fluorescence X. LENOIR Groupe DELACHAUX (distributeur en France de la technologie TITECH), VAUCHE… Pour le proche infrarouge, le capteur utilisé reconnaît les matériaux sur la base des caractéristiques spectrales spécifiques de la lumière incidente (la plupart des matériaux réfléchissent la lumière proche du spectre d’ondes infrarouges lorsqu’ils sont illuminés). Pour le spectre visible, un autre type de capteur reconnaît les couleurs à l’intérieur du spectre visible pour les objets transparents et opaques. CE PROJET EST COFINANCE PAR L’UNION EUROPEENNE. L’EUROPE S’ENGAGE EN AQUITAINE AVEC LE FOND EUROPEEN DE DEVELOPPEMENT DURABLE Détecteur à champ magnétique >>Le détecteur à champs magnétiques : le tri de l’aluminium peut également s’opérer à l’aide de détecteurs à champs magnétiques. Ces systèmes détectent l’aluminium et constituent soit une aide au tri manuel, soit un moyen de piloter un extracteur d’aluminium entièrement automatisé. Un capteur est placé sous la bande d’un convoyeur. Lorsqu’un objet passe au dessus du capteur, ce dernier reconnaît sa nature. Utilisé en tant qu’aide au tri manuel, le détecteur envoie un signal vers une rampe lumineuse qui éclaire l’objet pour faciliter le travail de l’opérateur. L’investissement à prévoir sera alors de 11 à 22 k€ HT. Au contraire, destiné au tri automatisé, l’équipement envoie alors un signal vers un extracteur entièrement automatique. Le produit est alors éjecté via un procédé pneumatique. L’investissement sera alors le double du modèle précédent. Notons que cet équipement donne la possibilité de choisir la nature des objets à détecter à l’aide d’un interrupteur (objets rigides, semi-rigides, emballages liquides alimentaires, objets ferreux). Ces techniques permettent d’atteindre des débits maximum de 5 à 6 t/heure et par mètre de largeur de l’équipement. Elles s’appliquent aux déchets plastiques (PE, PP, PS, PVC, PET, etc…), papiers, cartons, bois, DEEE. DES TECHNIQUES INNOVANTES Une autre technique appelée « Désignation à Distance » (DAD) consiste à filmer les matériaux sur le convoyeur et à envoyer leur image à un opérateur via un écran sur lequel l’opérateur désigne l’objet dont il a la charge ce qui active son éjection par un système à air pulsé. Cette technique permet d’augmenter les quantités et les types de matières récupérées dans les déchets mais aussi et surtout de faire progresser les conditions de travail, l’hygiène et la sécurité des opérateurs. En termes de recherche, au sein du consortium « Tri+ » BERTIN Technologies en partenariat avec PELLENC ENVIRONNEMENT cherche à développer la technologie « système LIBS » (Laser Induced Breakdown Spectroscopy) à des applications dans le tri des matériaux pour les amener vers des filières de recyclage. Le principe de cette technique consiste à focaliser une impulsion laser sur un INNOVATION La société Metaufer, PME alsacienne, a développé une solution pour valoriser des déchets complexes (mélange de plastiques, de métaux écartés à l’issu d’un premier recyclage de vieilles voitures ou d’appareils électroniques usagés). Couplés à un tri basé uniquement sur les propriétés physiques des matières (densité, granulométrie, magnétisme…) des solutions de tri optiques ont été mises en place pour les déchets supérieurs à 30 millimètres. Au final, le verre, les pierres et les terres sont réutilisés par la filière des travaux publics et les métaux sont revendus à des fonderies. Le bois, le plastique et le caoutchouc sont valorisés énergétiquement en incinérateur ou cimenterie. Ce procédé permet de traiter environ 8000 tonnes de déchets complexes par an et d’en valoriser 95 %. matériau et à créer un plasma. Ce rayonnement est analysé par une spectroscopie optique. Cette méthode est quasi-instantanée, non destructive, très sensible et ne nécessite pas ou peu de préparation d’échantillon. Elle est destinée à terme au tri des plastiques des DEEE. En effet ces produits contiennent différents polymères complexes (PVC, ABS, etc…), une faible granulométrie et un mélange de fractions blanches et de fractions noires, problématique pour un tri optique. Les dossiers de l’APESA Directeur de publication : [email protected] Rédaction: [email protected] Conception & Réalisation: Exlineo, Poids Plume er Source : Usine Nouvelle du 1 juillet 2010 CE PROJET EST COFINANCE PAR L’UNION EUROPEENNE. L’EUROPE S’ENGAGE EN AQUITAINE AVEC LE FOND EUROPEEN DE DEVELOPPEMENT DURABLE