Lien externe ou de téléchargement

Transcription

Lien externe ou de téléchargement
Bulletin de la Recherche Agronomique du Bénin
Numéro 63 – Mars 2009
Impacts des régimes de gestion sur la distribution des carnivores dans le Parc
National de Bouba N’djida et la Zone d’Intérêt Cynégétique 11 au Nord
Cameroun
F. C. Ahononga10, A. Djidda11, P. N’Sera12 et M. Aboudou13
Résumé
L’objectif de l’étude est d’évaluer les impacts des régimes de gestion sur la distribution des carnivores
dans la Zone d’Intérêt Cynégétique 11 et le Parc National de Bouba N’djida au Nord-Cameroun. La
méthodologie était la description de l’habitat, l’inventaire des herbivores et l’estimation de l’abondance
relative des carnivores par le suivi des traces et le camera-trapping. L’habitat des deux zones a différé
par les taux de couverture arbustive et des herbacées. Le dénombrement des herbivores a permis de
recenser 11 espèces herbivores dont seulement 6 dans la zone cynégétique. Les zones de moyenne
et haute biodiversité étaient plus larges dans le parc et il possédait une diversité plus élevée que la
zone cynégétique. Dix espèces de carnivores étaient identifiées à travers les traces et les photos des
cameras à savoir : lion, hyène, panthère, serval, caracal et chacal pour les grands carnivores ; civette,
chat sauvage, genette et mangouste pour les petits carnivores. Les herbivores et les traces des
carnivores étaient plus fréquents dans le Parc National que dans la zone cynégétique. Les zones de
forte biodiversité étaient proches du campement ou des services de conservation tandis que les zones
qui étaient vers la périphérie étaient faibles en biodiversité. La distribution des carnivores était
significativement fonction d'une offre alimentaire d’herbivores et ce facteur influençait les stratégies de
recherche alimentaire mises en œuvre par les carnivores. Ces résultats confirmaient l'existence d'un
gradient écologique et anthropique du centre d'un parc national vers sa zone périphérique ou les
zones de chasse et permettaient de ressortir l’impact des régimes de gestion sur la distribution des
carnivores. Ils agissaient sur l’abondance relative des carnivores et leur distribution. Cette influence
est très significative sur la distribution de la mangouste que sur les autres carnivores. La lutte contre le
braconnage et les incursions des populations, puis la mise en œuvre des études et d’un système de
suivi des carnivores, doivent être faites pour limiter les menaces sur les espèces.
Mots Clés : Habitat, camera-trapping, gradient écologique et anthropique, Cameroun.
Impacts of management modes on the distribution of the carnivores in the
National park of Bouba djidda and the hunting zone 11 in Northern Cameroun
Abstract
The purpose of the study is to evaluate the impacts of management modes on the distribution of
carnivores in the National Park of Bouba Djidda and the Hunting Zone of 11 in Northern Cameroun.
The methodology was the habitat description, herbivores inventory, the estimation of the relative
abundance of carnivores by following presence indices and using camera-trapping. Our results
revealed that the two studied zones differ in shrubby and herbaceaous cover rate. Eleven species of
herbivores have been inventoried in the park but only six have been found in the Zone d’Intérêt
Cynégétique 11. Ten species of carnivores were identified through indices and camera trapping: large
carnivores such as lion, hyena, panther, serval, caracal, jackal and small carnivores such as African
civet, wildcat, small spotted genet and mongooses. Herbivores and carnivores indices were more
frequent in the National Park of Bouba Djidda than in the Hunting Zone of 11. The zones of high
biodiversity in the reserve were closed to the camping and conservation services in contrary to the
surrounding zone. The distribution of carnivores is significantly related to the food of herbivores
availability and this influences the strategies developed by carnivores for prey hunting. These results
confirm the existence of an ecological and anthropic gradient from the center of a national park
towards its periphery or hunting zones. This influence is very significant on the distribution of the
mongooses than on the other carnivores of the studied reserve. Suitable issues have to be developed
Capitaine Fiacre Codjo AHONONGA, Ingénieur agronome forestier, spécialiste en gestion de la faune et des aires
protégées, Direction Générale des Forêts et des Ressources Naturelles du Bénin, Tél.: (++229) 96 00 46 85/95 85 27 22, email : [email protected]
11 André DJIDDA, Ingénieur forestier, responsable du PNBN, Délégation MINFOF/Nord-Cameroun, e-mail:
[email protected]
12 Parfait N’SERA, Chef suivi écologique Parc National de la Pendjari/CENAGREF/Bénin, e-mail: [email protected]
13 Mensa ABOUDOU, Ingénieur des Eaux et forêts, Direction Régionale des ressources forestières, Sokodé/Togo, e-mail:
[email protected]
10
36
Bulletin de la Recherche Agronomique du Bénin
Numéro 63 – Mars 2009
to limit illegal poaching, population incursions in the reserve and a monitoring system of carnivores
must be made for a long term conservation of concerned species.
Key words: Habitat, Camera-trapping, ecological and anthropic gradient, Cameroun.
INTRODUCTION
Le continent africain abrite une richesse floristique et faunique impressionnantes. L’intérêt grandissant
accordé à la protection de l’environnement et aux écosystèmes a amené plusieurs états africains à
créer des aires protégées sur leur territoire (UICN, 1994). Parmi les mesures prises pour conserver la
diversité biologique au sein de ces aires protégées, la mise en protection de certains territoires joue
un rôle majeur. Les aires protégées, lorsqu'elles fonctionnent correctement, remplissent trois rôles
principaux à savoir : la conservation in situ de la diversité des écosystèmes et des paysages naturels
et semi-naturels ; la création de zones de démonstration d'utilisation écologiquement durable des
terres et des ressources ; la fourniture d'un appui logistique à la recherche, au suivi, à l'enseignement
et à la formation en matière de conservation et de durabilité. Ces fonctions sont associées grâce à un
système de zonage consistant en une ou plusieurs zones centrales, où l'ingérence humaine est
minimale (figure 1).
Figure 1.
Zonage schématique d’une aire protégée (Mengue-Medou, 2002)
Au Cameroun, au sein des zones de transition, sont établies des Zones d’Intérêt Cynégétique servant
de corridor entre les parcs nationaux indispensables à l’échange des populations animales. La chasse
sportive sous contrôle de l’administration constitue l’activité principale de valorisation de la faune. La
gestion des ressources naturelles dans et autour de ces aires protégées ne se fait pas toujours de
manière à garantir une pérennisation de ces ressources. L’exploitation de ces écosystèmes agit sur la
biodiversité spécifique et celle des écosystèmes avec des intensités différentes suivant les régimes de
gestion. Cette exploitation comprend en simplifiant ce qui suit : la protection intégrale des ressources
et le tourisme dans les parcs ; les situations de prélèvement limité (chasse, pêche, etc..) dans la Zone
d’Intérêt Cynégétique ; l’utilisation non contrôlée de l’espace et de ressources dans les zones
périphériques aux aires protégées. Toutefois, ces modes de gestion de la faune en particulier ne
restent pas sans influence sur la diversité de la faune. Ainsi, la gestion des Zones d’Intérêt
Cynégétique ne se fait pas de façon durable à cause d’une méconnaissance et d’une insuffisance des
données sur ces sites, sur le potentiel faunique surtout des carnivores qui sont les grands régulateurs
de la dynamique de la population animale et surtout leur distribution dans les aires où des modèles de
conservation sont appliquées. Cependant, la définition de ces modes de gestion de la faune est
récente et il s’avère nécessaire de bien comprendre l'efficacité de ces régimes de conservation sur la
diversité biologique dans les aires protégées et spécifiquement sur les carnivores.
Les dénombrements dans le réseau des aires protégées du Nord se sont basés surtout sur les
herbivores et ont été effectués avec la méthode line-transect et par des survols aériens ne tenant
toujours pas compte de l’habitat, des mœurs et de certaines conditions écologiques de certaines
espèces (Gomsé et Mahop, 2001). Il urge alors de compléter les données sur les mammifères
apportées par les inventaires fauniques par d’autres méthodologies de dénombrement afin de
disposer des données plus fiables et représentatives de la réalité faunique des aires protégées en
37
Bulletin de la Recherche Agronomique du Bénin
Numéro 63 – Mars 2009
prenant en compte des carnivores. De l’analyse des travaux de recherche menés, il ressort que
l’estimation de l’abondance des carnivores et leur variation sur les types d’aires protégées (parc, zone
d’intérêt cynégétique et zone d’occupation contrôlée) sont des opérations compliquées. En effet, la
plupart des espèces de carnivores ont une vie nocturne et souvent elles passent les heures de la
journée à l’abri de la végétation ou dans les terriers. De plus, les grands carnivores sont naturellement
en faibles densités et des données sur l’écologie des principaux carnivores des réseaux aires
protégées du Cameroun demeurent encore largement inconnues (Croes, 2008). Ainsi, il est alors
question d’analyser et de bien comprendre l'efficacité de ces régimes de conservation sur la diversité
biologique dans les aires protégées et spécifiquement sur les carnivores.
L’objectif de la présente étude est d’estimer l’abondance relative de la faune et de comprendre la
variation de leur distribution suivant les régimes de gestion dans la Zone d’Intérêt Cynégétique 11 et
le Parc National de Bouba N’djida au Nord-Cameroun. Il s’agit spécifiquement de :
•
connaître la variation de l’habitat et de l’abondance des herbivores suivant les régimes de
gestion ;
•
connaître l’abondance relative des carnivores en fonction des régimes de gestion ;
•
faire ressortir les corrélations entre les régimes de gestion et la distribution des carnivores.
MILIEU D’ETUDE
Le Parc National de Bouba N’djida au Nord-Cameroun d’une superficie de 220.000 ha est compris
entre la latitude 08°21' et 09°00' Nord, et la long itude 14°25' et 14°55' Est. Il est limité par une z one
banale et 5 Zone d’Intérêt Cynégétique dont la Zone d’Intérêt Cynégétique 11 ou Mayo Bidjou de
64.192 ha).
La zone d’étude jouit d’un climat de type soudano-guinéen caractérisé par des saisons d’égale
importance : une saison pluvieuse de 6 mois allant de fin avril à mi-octobre et une saison sèche allant
de novembre à avril au cours de laquelle n’est observée aucune pluie (Aubréville, 1938). La région de
Bouba–Ndjida reçoit entre 1.000 et 1.250 mm de précipitations par an (Génieux cité par Bosch, 1976).
Les mois les plus pluvieux étant août et septembre (Gomsé & Mahop, 2001). La moyenne annuelle
des températures est de 28 °C avec des maxima de 35 °C et des minima de 21 °C. La moyenne
mensuelle de l’humidité relative est de 80 %.
Les sols rencontrés dans la région sont en général des sols ferrugineux tropicaux lessivés ou une
combinaison de sols ferrugineux et hydromorphes (Martin et Segalen, 1966 ; Brabant, 1972 cité par
Gomsé et Mahop, 2001).
La végétation du Parc est composée d'espèces très caractéristiques de la zone soudanienne, et
d'espèces normalement associées au nord de la zone guinéenne. Huit types de végétation ont été
définis par Bosch (1976) et van Lavieren et Bosch (1977) : la savane boisée à Terminalia laxiflora qui
s'étend sur toute l'étendue du parc ; la forêt claire à Isoberlinia doka ; la forêt claire à Monotes
kerstingii ; la forêt claire Isoberlinia doka et Monotes kerstingii ; la savane arbustive à Combretum
glutinosum ; la savane arborée à Terminalia macroptera ; la galerie forestière à Anogeissus
leiocarpus ; la végétation de montagne est assez diversifiée en termes d'arbres et arbustes.
MATERIELS ET METHODES
Balisage des zones d’étude
Dans chacune des deux zones, une piste de 30 km a été choisie (figure 2). Ce choix a tenu compte de
la variation des facteurs écologiques du milieu et de la praticabilité de la piste.
Des segments de 0,5 km sont considérés et balisés à l’aide des banderoles sur lesquelles sont
mentionnés les numéros des segments par des marqueurs. Ces segments sont numérotés de 00 à
60. Le début et la fin des segments sont numérotés de 00 à 60 et géoréférencés à l’aide du GPS
Garmin 12 XL.
Ces coordonnées sont utilisées dans Diva-GIS 5.2 pour l’établissement des cartes.
38
Bulletin de la Recherche Agronomique du Bénin
Figure 2.
Numéro 63 – Mars 2009
Localisation des pistes dans les zones d’étude
Description de l’habitat
Le long des transects et au milieu de chaque segment préalablement définis, trois placeaux
temporaires carrés de 50 m, 25 m et de 5 m de côté sont installés. Ils sont utilisés pour décrire
l’habitat suivant les 3 strates ci-après : la strate arborée regroupant les espèces de plus de 3 m de
hauteur ; la strate arbustive pour les espèces ayant entre 1 et 3 m de hauteur ; la strate herbacée pour
les espèces de moins de 1 m de hauteur. Au sein des placeaux de 50 m de côté, le taux de
recouvrement des arbres a été estimé. Il en est de même pour les placeaux de 25 m de côté où est
estimé le taux de recouvrement des arbustes. Dans les placeaux de 5 m, les données collectées ont
été le taux de recouvrement et de la hauteur des plantes vertes et des plantes sèches, les passages
des feux, les utilisations (champs….), la présence des cours d’eaux (mayo) et la topographie du
terrain.
Méthode de dénombrement des herbivores, de suivi des traces et de piégeage
photographique des carnivores
La méthode de comptage à bord de véhicule est adoptée afin de dénombrer les herbivores. Elle a été
une variante de la méthode de line-transect déjà testée avec succès dans les écosystèmes similaires
des savanes (Lamprey, 1964 ; WWF, 1998 ; Gomsé et Mahop, 2000). Une ligne droite appelée
transect (de 30 km) a été parcourue à bord du véhicule roulant à environ 20 km/h. Le recensement a
débute vers 6 h du matin dès que la visibilité a été suffisante afin de reconnaître les animaux. Les
coordonnées géographiques du point de détection, l’espèce et l’effectif du troupeau sont notés sur
une fiche de collecte.
Pour suivre les traces des carnivores, la piste est balayée la veille à l’aide des branchages solidement
attachés derrière le véhicule. L’identification des empreintes laissées sur la piste a commencé très tôt
le lendemain dès que la visibilité le permettait et prenait fin lorsque les rayons solaires devenaient
ardents. A l’aide d’un véhicule roulant à moins de 20 km/h et du guide des traces et signes de Stuart
et al. (2000), les coordonnées des traces, les espèces et le numéro de segment du transect sont
notés sur une fiche. Trois suivis de traces ont été effectués dans chacune des zones d’étude.
Le piégeage photographique des carnivores est réalisé le long de la piste choisie. Ainsi, 15 cameras
de type Stealth cam sont positionnés dans chacune des zones d’étude à des endroits choisis. Pour
éviter des agrégats de sites d’échantillonnage, les cameras sont placées à une équidistance de 2 km.
La première camera est posée à la balise 2 et la dernière à la balise 58. Toutes les cameras sont
positionnées à environ 30 m de la piste et à une hauteur de 0,5 m sur un arbre. Chaque camera est
équipée d’un système passif de détection à infrarouge et notait la date et l’heure sur chaque prise de
vue. L’intérêt de ce système de dénombrement était que les pièges sont actifs 24 h sur 24. Ce qui
39
Bulletin de la Recherche Agronomique du Bénin
Numéro 63 – Mars 2009
rendait l’inventaire continu. Devant les cameras et s’inspirant des résultats des travaux de Jager
(2007), des appâts constitués de la viande, des viscères et des intestins d’animaux de la Zone
d’Intérêt Cynégétique sont fixés au sol à l’aide d’un fer. A la fin, les pellicules sont enlevées,
développées et tirées afin d’obtenir les images prises.
Méthode d’analyse des données
Le dépouillement manuel de toutes les informations est fait et les données collectées sont saisies
dans le tableur Excel. Les données des segments sont considérées par groupe de 4 segments afin de
faciliter l’analyse avec les données des cameras. Ainsi, 15 groupes de 4 segments sont formés.
Chacun des groupes est désigné par « site » suivant un numéro correspondant à celui des cameras.
Les données sur les facteurs de l’habitat (couverture arborée, couverture arbustive, couverture et
hauteur des herbacées) de chacun des segments nous ont permis de calculer les valeurs moyennes
pour les 15 sites. Le test de comparaison des moyennes a été utilisé dans le logiciel SPSS 10.0 afin
de séparer les moyennes et de caractériser les sites suivant les zones d’étude.
L’analyse préliminaire des données d’inventaire a permis de ressortir la diversité spécifique du Parc et
de la Zone d’Intérêt Cynégétique 11. Les estimations des densités et des effectifs d’animaux sont
faites à l’aide du programme Distance 4.1. (Laake et al., 1994). Seules sont considérées les densités
des espèces animales suffisamment observées donc celles ayant un nombre d’observations supérieur
ou égal à 40. Toutefois, ici seuls l’ourébi (Ourebia ourebi) et le rédunca ou cobe de roseaux (Redunca
redunca) sont considérés pour l’analyse car le nombre d’observations était insuffisant pour les autres
espèces d’herbivores. Pour ces deux espèces d’herbivores, les deux modèles suivants sont employés
dans l’analyse : le modèle semi-normal avec des ajustements en cosinus pour le rédunca ; le modèle
semi-normal ajusté par des polynômes pour l’ourébi.
Pour les espèces animales dont le nombre d'observations était insuffisant, nous avons calculé des
indices kilométriques d'abondance (IKA). Il se calcule pour une espèce ou pour l’ensemble des
espèces dans une zone.
Afin de déterminer la distribution spatiale des animaux, l'ensemble des données collectées sur la
faune est réorganisé dans chaque site et le taux de rencontre ou l’indice kilométrique d'abondance
(IKA) de chaque espèce est calculé. Des observations géo-référencées, les cartes ont été générées
par le programme Diva-GIS 5.2 afin d’élaborer les différentes zones de concentration de la faune.
Dans le Parc National de Bouba N’djida, 3 classes ou zones de biodiversité sont définies à savoir
(Gomsé et Mahop, 2001) : la zone de faible biodiversité avec IKA < 1 animal/km (Zone 1) ; la zone de
moyenne biodiversité avec 1≤ IKA < 2 animaux/km (Zone 2) ; la zone de haute biodiversité avec IKA ≥
2 animaux/km (Zone 3). De même, afin de déterminer la distribution spatiale des carnivores, le taux de
rencontre ou l’indice kilométrique d’abondance des traces de chaque espèce et des sites a été
calculé. Afin de caractériser les différentes zones de concentration des carnivores nous avons définis
3 classes ou zones de concentration des carnivores suivantes : la zone de faible observation des
traces avec IKA < 1 trace/km (Zone 1) ; la zone de moyenne observation des traces avec 1≤ IKA< 2
traces/km (Zone 2) ; la zone de forte observation des traces avec IKA ≥ 2 traces/km (Zone 3).
La corrélation entre les valeurs calculées est déterminée en utilisant le logiciel SPSS 10.0. L’analyse
de comparaison des moyennes par paires ou « Paiered sample t test » est faite pour déceler les
différences significatives. L’analyse de corrélation bivariable est faite pour ressortir les corrélations et
tester leur signification. Les courbes de tendance sont établies si la corrélation a été significative.
RESULTATS ET DISCUSSIONS
Variation de l’habitat de la zone d’étude
Les taux de couverture des herbacées et les hauteurs ont été plus élevés dans le Parc que dans la
Zone d’Intérêt Cynégétique (tableaux 1 et 2). Il a existé une différence significative (p<0,05) entre les
taux de couverture arbustive et des herbacées. Ces taux ont été inférieurs dans la Zone d’Intérêt
Cynégétique 11. Ainsi, les habitats des deux zones étudiées différaient par les taux de couverture
arbustive et des herbacées. Cette variation est beaucoup plus la conséquence des formes de
dégradation d’origine anthropique et d’une mauvaise gestion des feux de végétation dans la Zone
d’Intérêt Cynégétique 11. Cette situation peut s’expliquer par le fait que la Zone d’Intérêt Cynégétique
11 est sujette à de nombreuses incursions de braconniers, de chasseurs et de peulhs. Ils provoquent
des feux de végétation non contrôlés (Gomsé et, Mahop, 2001). Notons que les feux d’entretien sont
aussi mis par les gestionnaires du parc dans certains endroits des zones de chasse afin d’améliorer la
visibilité au cours de la chasse.
40
Bulletin de la Recherche Agronomique du Bénin
Tableau 1.
Valeurs des facteurs de description de l’habitat dans le Parc National de Bouba N’djida et
la Zone d’Intérêt Cynégétique 11 (ZIC 11)
Caractéristiques
Moyenne
Ecart-type
Tableau 2.
Numéro 63 – Mars 2009
Couverture des
arbres (%) arbustes (%)
Parc ZIC 11 Parc ZIC 11
26,20 27,44 12,59 19,53
11,23 12,60 5,32 10,69
Couverture des herbacées
Hauteur des herbacées
verdies (%) jaunies (%) verdies (cm) jaunies (cm)
Parc ZIC 11 Parc ZIC 11 Parc ZIC 11 Parc ZIC 11
29,90 10,28 22,02 12,71 15,12
8,63 47,58 39,95
11,47
8,78 8,81
8,85 4,22
3,23 13,17 18,04
Test de comparaison des taux moyens de couverture de l’habitat dans le Parc National de
Bouba N’djida et la Zone d’Intérêt Cynégétique 11 (ZIC 11)
t de
student
Couverture des arbres dans le Parc - Couverture des arbres dans la ZIC 11
-0,364
Couverture des arbustes dans le Parc - Couverture des arbustes dans la ZIC 11
-2,152
Couverture des herbacées verdies dans le Parc - Couverture des herbacées verdies dans la ZIC 11
4,663
Couverture des herbacées jaunies dans le Parc - Couverture des herbacées jaunies dans la ZIC 11
2,794
Couple de facteurs
ddl : degré de liberté
p : probabilité
ddl
p
14
14
14
14
0,721
0,049*
0,000*
0,014*
* significatif au seuil de 5 %
Abondance et distribution des herbivores
Redunca redunca a eu une densité de 0,172 individus/km² pour un effectif total estimé à 379 individus
dans la zone du transect inventorié. Ourebia ourebi a eu une densité de 0,097 individus/km² pour un
effectif total estimé à 214 individus. Dans le Parc National de Bouba N’djida, les espèces communes
telles que le cobe de buffon (Kobus kob kob), le cobe défassa (Kobus defassa), l’hippotrague
(Hippotragus equinus) et le bubale (Alcelaphus buselaphus major) présentent des valeurs d’indice
kilométrique d’abondance assez élevées et de l’ordre supérieur à 4 individus aux 100 km avec une
grande différence entre leurs indices kilométriques d’abondance et ceux obtenus pour les mêmes
espèces dans la Zone d’Intérêt Cynégétique 11 (tableaux 3 et 4).
Tableau 3.
Valeurs moyennes des indices kilométriques d'abondance (IKA) des espèces
d’herbivores insuffisamment observées dans le Parc National de Bouba N’djida et la
Zone d’Intérêt Cynégétique 11 (ZIC 11)
Espèces
Alcelaphus buselaphus major (bubale)
Cephalophus rufilatus (céphalophe à flanc roux)
Sylvicapra grimmia (céphalophe de Grimm)
Kobus kob kob (cobe de buffon)
Kobus defassa ou Kobus ellipsiprymnus (cobe defassa)
Taurotragus derbianus gigas (éland de Derby)
Tragelaphus scriptus (guib harnaché)
Hippotragus equinus (hippotrague ou antilope cheval)
Ourebia ourebi (ourébi)
Phacocherus africanus (phacochère)
Redunca redunca (cobe de roseau ou rédunca)
Indice kilométriques d'abondance (IKA)
dans le Parc
dans la ZIC 11
1,40
0,08
0,20
0,72
0,70
0,12
0,32
0,43
-
0,03
0,08
0,08
0,05
0,15
0,12
0,03
Globalement, dans le Parc, les zones de biodiversité importante ont représenté environ 75 % des
sites (11 sites) alors que dans Zone d’Intérêt Cynégétique 11, il n’existait qu’un seul site de
biodiversité importante. Ceci nous permet de dire que dans le Parc National de Bouba N’djida, les
zones de moyenne et de haute biodiversité sont plus larges et qu’il possède une diversité plus élevée
que la Zone d’Intérêt Cynégétique. Il est vraisemblable que la pression de chasse sportive (objectif du
régime de gestion dans la zone cynégétique) et du braconnage (Hassan, 1998 ; Kirda, 2000 ; Roulet,
2004), expliquent ces faibles indices kilométriques d'abondance enregistrés chez certaines espèces
dans la Zone d’Intérêt Cynégétique 11. En effet, les effectifs de bubales et cobe de Buffon abattus
dans les zones cynégétiques de la province du Nord-Cameroun ont doublé entre 2000 et 2006
41
Bulletin de la Recherche Agronomique du Bénin
Numéro 63 – Mars 2009
(Kwabong, 2006 cité par Croes et al., 2006). Notons aussi que les grands carnivores et surtout le lion
prélèvent près de 95 % de leurs proies au sein des herbivores de grands et moyens poids et
particulièrement les ongulées (Bauer, 2008). Les zones de forte concentration des herbivores (figure
3) sont situées surtout dans la partie centrale du parc et semblent suivre le cours des principaux cours
d’eau. Ces résultats corroborent ceux de Stark et Wit (1977), de Tsagué (1991), de Tsakem et al.
(1999) et de Gomsé et Mahop (2001) qui ont montré que les animaux se retrouvent en grand nombre
dans le centre du parc là où les disponibilités en eau sont meilleures. La présence des services de
conservation au centre du parc contribue aussi à cette distribution. Les animaux se sentent en
sécurité dans ces zones et sont moins soumises à l’action humaine. Ceci peut avoir une influence sur
la répartition des carnivores dans les différents habitats de notre zone d’étude.
Tableau 4.
Zones de biodiversité d’herbivores dans le Parc National de Bouba N’djida et la Zone
d’Intérêt Cynégétique 11 (ZIC 11)
N° site IKA Parc Zone de biodiversité IKA ZIC 11 Zone de biodiversité
Site 1
8,25
zone 3
0,25
Zone 1
Site 2
20,00
zone 3
0
Zone 1
Site 3
15,00
zone 3
0
Zone 1
Site 4
12,00
zone 3
1,00
Zone 2
Site 5
8,00
zone 3
0,50
Zone 1
Site 6
15,25
zone 3
0
Zone 1
Site 7
16,75
zone 3
0
Zone 1
Site 8
15,00
zone 3
1,00
Zone 2
Site 9
2,00
zone 2
0
Zone 1
Site 10
3,50
zone 3
0,25
Zone 1
Site 11
3,00
zone 3
0,75
Zone 1
Site 12
4,50
zone 3
1,00
Zone 2
Site 13
1,50
zone 2
0
Zone 1
Site 14
0,75
zone 1
1,00
Zone 2
Site 15
1,50
zone 2
2,50
Zone 3
IKA = Indice kilométriques d'abondance ; Zone 1 = zone de faible biodiversité avec IKA < 1 animal/km ;
Zone 2 = zone de moyenne biodiversité avec 1≤ IKA < 2 animaux/km ; Zone 3 = zone de haute biodiversité
avec IKA ≥ 2 animaux/km.
Figure 3.
Distribution des herbivores suivant les transects dans le Parc National de Bouba N’djida
et la Zone d’Intérêt Cynégétique 11
42
Bulletin de la Recherche Agronomique du Bénin
Numéro 63 – Mars 2009
Abondance et distribution des carnivores
Les traces des espèces de carnivores sont plus fréquentes dans le Parc National de Bouba N’djidac
que dans la Zone d’Intérêt Cynégétique 11 (tableaux 5 et 6). En effet, 75 % des observations des
traces des espèces de carnivores ont été faites sur la piste traversant le Parc National de Bouba
N’djida (tableaux 5 et 6).
Tableau 5.
Valeurs moyennes des indices kilométriques d'abondance (IKA) des espèces de
carnivores insuffisamment observées dans le Parc National de Bouba N’djida et la Zone
d’Intérêt Cynégétique 11 (ZIC 11)
Ratio Présence/absence
des traces
Parc
ZIC 11
Grands Carnivores
Lion (Panthera leo)
0,67
0,07
Hyène (Crocuta crocuta)
0,25
0,15
Panthère (Panthera pardus)
0,25
1,00
Chacal (Canis adustus)
0,00
0,07
Petits Carnivores
Civette (Viverra civetta)
1,00
1,00
Chat sauvage (Felis libyca)
0,07
0,07
Genette (Genetta genetta)
0,50
0,00
Mangouste (Atilax paludinosus) 4,00
2,75
Espèces
Tableau 6.
Zones de biodiversité de concentration des carnivores dans le Parc National de Bouba
N’djida et la Zone d’Intérêt Cynégétique 11 (ZIC 11)
Parc
ZIC 11
N° Zone
IKA Zone de biodiversité IKA Zone de biodiversité
Zone 1
Zone 2
Zone 3
Zone 4
Zone 5
Zone 6
Zone 7
Zone 8
Zone 9
Zone 10
Zone 11
Zone 12
Zone 13
Zone 14
Zone 15
2,83
4,33
4,83
2,83
3,17
4,33
0,67
0,33
1,17
1,33
1,17
0,67
0,67
1,50
0,33
Zone 3
Zone 3
Zone 3
Zone 3
Zone 3
Zone 3
Zone 1
Zone 1
Zone 2
Zone 2
Zone 2
Zone 1
Zone 1
Zone 2
Zone 1
0,83
0,50
0,50
0,17
0,17
0,33
0,83
0,67
0,67
0,50
0,00
0,83
0,50
1,00
2,50
Zone 1
Zone 1
Zone 1
Zone 1
Zone 1
Zone 1
Zone 1
Zone 1
Zone 1
Zone 1
Zone 1
Zone 1
Zone 1
Zone 2
Zone 3
IKA = Indice kilométrique d'abondance ; Zone 1 = zone de faible observation des traces avec IKA < 1
trace/km ; Zone 2 = zone de moyenne observation des traces avec 1≤ IKA< 2 traces/km ; Zone 3 = zone de
forte observation des traces avec IKA ≥ 2 traces/km.
Les zones de biodiversité de très forte fréquentation des carnivores (Zone 3) étaient situées surtout
dans la partie centrale du parc, proches du campement et semblaient suivre le cours des principaux
cours d’eaux. Les zones à faible observation des traces de concentration des carnivores étaient
situées aux extrémités vers les villages où la présence et les incursions humaines ont été fréquentes.
La plupart des sites de la Zone d’Intérêt Cynégétique 11 appartenaient à la zone 3 (figure 4). Un tel
gradient existe du centre du parc national de Hwange (Zimbabwe) vers sa zone périphérique (Cooper
et al., 1999). Le long de ce gradient, les ressources alimentaires varient en nature, quantité et
43
Bulletin de la Recherche Agronomique du Bénin
Numéro 63 – Mars 2009
accessibilité. En effet, nous observons au cœur du parc, une forte diversité et abondance des proies
et des prédateurs, ainsi qu’une importante quantité de carcasses « naturelles ». De telles
modifications de la gamme des ressources alimentaires sont susceptibles d’influer sur les techniques
alimentaires des grands carnivores (chasse plus ou moins active), sur la taille de leurs territoires, la
taille des groupes et sur les déplacements des individus. En réponse à la diminution de leurs proies
principales, ces prédateurs peuvent en effet basculer d’une source alimentaire à une autre ou
diminuer en nombre (White et al., 1996).
Figure 4.
Distribution des zones d’observation des traces des carnivores
Impact de l’habitat sur la distribution des herbivores et des Carnivores
Une corrélation négative a existé entre l’abondance des herbivores et la couverture arbustive (tableau
7). La mise en protection et la lutte contre les incursions dans le Parc favorise le développement de
l’habitat et agit sur la distribution des herbivores en les rendant plus abondants dans les habitats
ouverts. Une corrélation négative a existé seulement entre la couverture des herbacées sèches et
l’abondance relative des carnivores dans le Parc (tableau 8). Dans le parc, l’habitat agit sur la
distribution des carnivores qui utilisent plus les habitats ouverts. Cette relation n’est pas significative
(p<0,05) dans la Zone d’Intérêt Cynégétique 11.
Tableau 7.
Résultats d’analyse de corrélation entre les facteurs de l’habitat et l’abondance des
herbivores dans le Parc National de Bouba N’djida et la Zone d’Intérêt Cynégétique 11
(ZIC 11)
Caractéristiques
Zone d’étude
Coefficient de Pearson
Parc
Valeur de p
Couverture des Couverture des herbacées
arbresarbustes verdies
jaunies
-0,002 -0,554
-0,302
-0,007
0,995 0,036*
0,270
0,980
Coefficient de PearsonZone d’Intérêt Cynégétique 11 -0,035 -0,118
-0,291
-0,440
Valeur de p
0,292
0,098
0,900 0,617
* significatif au seuil de 5 %
Une corrélation négative a existé seulement entre la couverture des herbacées sèches et l’abondance
relative des carnivores dans le Parc (tableau 8). Dans le parc, l’habitat agit sur la distribution des
carnivores qui utilisent plus les habitats ouverts. Cette relation n’est pas significative (p<0,05) dans la
Zone d’Intérêt Cynégétique 11. En effet, une forte couverture des herbacées ne constitue pas pour les
herbivores une bonne disponibilité alimentaire. Elle limite également la visibilité dans la recherche des
proies pour les carnivores. Nos résultats sont contraires aux résultats obtenus par Stark et Wit (1977)
44
Bulletin de la Recherche Agronomique du Bénin
Numéro 63 – Mars 2009
dans le parc de la Bénoué qui stipulent qu’il existe une corrélation significative positive (p<0,05) entre
l’abondance du lion et la couverture des herbacées et la population de la genette et de la mangouste
par rapport à la couverture des arbustes. La période et la durée de collecte des données expliquent
cette variation.
Tableau 8.
Résultats d’analyse de corrélation entre l’habitat et l’abondance relative des carnivores
dans le Parc National de Bouba N’djida et la Zone d’Intérêt Cynégétique 11 (ZIC 11)
Caractéristiques
Couverture des Couverture des herbacées
arbres arbustes verdies
jaunies
Zone d’étude
Coefficient de Pearson
Parc
Valeur de p
Coefficient de Pearson
Valeur de p
Zone d’Intérêt Cynégétique 11
-0,338 -0,356
-0,112
-0,526
0,218 0,196
0,692
0,044*
-0,291 -0,020
-0,030
-0,226
0,292 0,944
0,916
0,418
* : significatif au seuil de 5%
Impact des herbivores sur la distribution des Carnivores
La présence des carnivores était significativement corrélée (p<0,05) à celle des herbivores (tableau
9). Cette relation est plus forte dans la Zone d’Intérêt Cynégétique 11 que dans le Parc (tableau 9).
Dans le Parc, l’interdiction de la chasse et la lutte anti-braconnage provoquent le bon développement
et une bonne distribution spatiale des herbivores. Dans la Zone d’Intérêt Cynégétique 11, le
braconnage, les empoisonnements, la faible abondance des proies et l’utilisation excessive des
salines provoquent une « régionalisation » des carnivores. Le braconnage représente une perte en
potentiel faunique de l’ordre de 1.600 animaux par an contre près de 800 animaux prélevés
officiellement à travers la chasse sportive dans toutes les Zones d’Intérêt Cynégétique (Djankoua,
2001). En effet, l'action du braconnage de la faune est comparable à celle de 5 Zones d'Intérêt
Cynégétique pendant douze saisons de chasse sportive (Djankoua, 2001). En considérant les entrées
illicites des populations, près de 80 % des ménages riverains des zones de chasse reconnaissent la
présence de viande de gibier dans leur alimentation. Le taux de consommation de protéines animales
provenant du braconnage est estimé pour toute la zone entre 48 et 65 %. Ce taux de consommation
dénote d’une consommation certaine et permanente des produits du braconnage par les ménages
ruraux (Djankoua, 2001). Un autre facteur fréquent caractérisant les Zone d’Intérêt Cynégétique est
l’utilisation excessive des salines et des pesticides. Les salines orientent les animaux herbivores.
Quant aux pesticides, ils réduisent l’effectif des carnivores et ont une forte influence sur la population
des hyènes et de moindre impact sur celles du Lion et de la panthère (Croes et al., 2006). Ces
incursions très permanentes dans les Zone d’Intérêt Cynégétique provoquent une « régionalisation »
des carnivores vers les lieux d’où ils peuvent disposer de la nourriture avec un fiable indice
d’appétence.
Tableau 9.
Résultats d’analyse de corrélation entre herbivores et carnivores dans le Parc National
de Bouba N’djida et la Zone d’Intérêt Cynégétique 11 (ZIC 11)
Zone d’étude
Coefficient de corrélation de Pearson Valeur de p
Parc National de Bouba N’djida
0,582
0,023*
Zone d’Intérêt Cynégétique 11
* : significatif au seuil de 5 %
0,660
0,007**
** significatif au seuil de 1 %
Impact des régimes de gestion sur la distribution des carnivores
Les distributions du lion, de l’hyène, de la civette et du chat sauvage dans le Parc ne étaient
significativement différentes (p<0,05) de celles de la Zone d’Intérêt Cynégétique 11 (Tableau 10).
Seule la mangouste a une distribution qui diffère significativement en fonction de la zone (p<0,05). Les
régimes de gestion agissent sur la distribution des carnivores. En effet, cette influence est plus
significative sur la mangouste que sur les autres espèces. Nos résultats sont corroborés par ceux
obtenus par de Jager (2007) dans le parc de la Bénoué et ses zones attenantes qui stipulaient qu’il
existe une corrélation significative positive entre la distribution du lion et les types de gestion et cette
corrélation est négative pour la genette et de la mangouste.
45
Bulletin de la Recherche Agronomique du Bénin
Tableau 10.
Numéro 63 – Mars 2009
Corrélations entre les distributions des espèces de carnivores dans le Parc National de
Bouba N’djida et la Zone d’Intérêt Cynégétique 11 (ZIC 11)
Distribution dans le Parc et la ZIC des carnivores
Lion Hyène Civette Mangouste Chat sauvage
-0,567
-0,071
Coefficient de corrélation de Pearson -0,210 -0,153 -0,224
0,453 0,586 0,424
0,028*
0,800
Valeur de p
Caractéristiques
* : significatif au seuil de 5 %
CONCLUSION
Le régime de gestion agit sur l’habitat, la distribution de la faune des aires protégées. La distribution
des carnivores est fonction de l’habitat et de la présence des herbivores. Cependant, la distribution
des carnivores est plus corrélée par la présence des herbivores. Les régimes de gestion ont une
influence sur la distribution des carnivores et elle très significative sur la distribution de la mangouste
que sur les autres carnivores. La lutte contre le braconnage, les incursions des populations et la mise
en œuvre d’un système de suivi des carnivores vont limiter les menaces sur les espèces fauniques et
en particulier les herbivores et les carnivores dans le Parc National de Bouba N’djida et la Zone d’Intérêt
Cynégétique 11.
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
Aubréville, A., 1938 : La forêt coloniale, les forêts de l’Afrique Occidentale Françaises. Académies des Sciences Coloniales.
Annales IX, Paris, France, 244 p.
Bauer, 2008: Carnivores distribution in North Cameroon. Cours post académique, Ecole de faune de Garoua, 32 p.
Bosch, M.L., 1976 : Enquête écologique du Parc National de Bouba Ndjida. Doc. de Trav. No. 2, RAF 74/056, FAO, Rome.
Cooper, S.M., K.E. Holekamp, L. Smale, 1999: A seasonal feast: long-term analysis of feeding behavior in the spotted
hyaena Crocuta crocuta (Erxleben). African Journal of Ecology. 37: 149-160.
Croes, B. 2008: Survey of secretive carnivores in North Cameroon. Cours post académique, CEDC; CML Ecole de faune de
Garoua, 18 p.
Croes B.; Buji R. Van Dalen J. et de Iong H. 2006: Livestock-carnivore conflicts: results of an inventory arond Bénoué
national Park, Cameroun in Management and conservation of large carnivores in west and central Africa: Proceedings of an
international seminar CML/CEDC. pp 29-40.
Djankoua, W.D., 2001 : Perspectives et contribution économiques de la flore et de la faune sauvage au développement local
dans la province du Nord Cameroun. Rapport de consultation, WWF/PSSN. Garoua, 2001, 125 p.
Gomsé, A., Mahop, J.P., 2000 : Dénombrement de grands mammifères dans le Parc national de la Bénoué et les zones de
chasse 1 et 4. Rapport d'étude, WWF/PSSN, 41 p.
Gomsé, A., Mahop, J.P., 2001 : Dénombrement de grands mammifères dans le Parc national de Bouba N’Djidda. Rapport
d'étude, WWF/PSSN, 46 p.
Hassan, R., 1998 : Etude de quelques aspects du braconnage dans et autour du parc National de la Bénoué. Mémoire
d’ingénieur, Univ. de Dschang., 56 p.
de Jager, M., 2007: The impact of different management regimes on carnivore distribution and the effectiveness of a baited
camera trapping method to study carnivore distribution. Environment and Development Student Report no. 224. CEDC and
CML Leiden University, 34 p.
Kirda, P., 2000 : Les activités cynégétiques dans la province du Nord Cameroun entre 1993 et 1997, WWF/MINEF, Rapport
de consultation, 32 p.
Laake J.L., S.T. Buckland, D.R. Anderson, K.P. Burnham, 1994: Distance User’s Guide V2. 1. Fort Collins, CO. Colorado
Cooperative Fish and Wildlife Research Unit. Colorado State University. 84 p.
Lamprey, H.P., 1964: Estimation of the large mammals densities biomass and energy exchange in the Tamangire Game
Reserve and Massai steppe of Tanganyika. E. Afr. Wildl. J., 2 : 1-48.
Martin, D., Segalen, P., 1966 : Notice explicative de la carte pédologique du Cameroun oriental. ORSTOM, Centre de
Yaoundé, Cameroun.
Mengué-Medou, C., 2002 : Les aires protégées en Afrique : perspectives pour leur conservation.
http://www.vertigo.uqam.ca/vol3no1/art7vol3n1/c_mengue-medou.html
Roulet, P.A., 2004 : Chasseur blanc, Coeur noir ? La chasse sportive en Afrique centrale une analyse de son rôle dans la
conservation de la faune sauvage et le développement rural au travers des programmes de gestion de la chasse
communautaires. Thèse de doctorat, Université d’Orleans, IRD, 566 p.
Stark, M.A., Wit, P., 1977: Ecological studies in Benoue National Park, Cameroon. FAO, Project Working Document N°5, 47
p.
46
Bulletin de la Recherche Agronomique du Bénin
Numéro 63 – Mars 2009
Stuart, C., Stuart, T., 2000: A field guide to the Tracks and signs of Southen and East African Wildlife. South Africa, Southern
Book Publishers. 310 p.
Tsagué, L., 1991 : Etude écologique du Cobe de Buffon au Parc National de la Bénoué. Thèse 3e cycle. Université de
Yaoundé, 144 p.
Tsakem S.C., Donfack P., Gomsé A., 1999 : Les formations ripicoles du Parc National de la Bénoué et de la Zone d’Intérêt
Cynégétique 2 : Typologie, Diversité et utilisation par la faune sauvage et en particulier les éléphants. Rapport de
consultation, WWF. Garoua, 1999, 40 p.
van Lavieren, L.P., Bosch, M.L., 1977 : Evaluation des densités des grands mammifères dans le Parc National de Bouba
N’djida, Cameroun. La Terre et la Vie, 31 : 3-32.
UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature), 1994 : Lignes directrices pour les catégories de gestion des
aires protégées. 102 p.
White, G. C. 1996: population estimation from mark-resighting surveys. Wildlife Society Bulletin 24:50-52.
WWF (World Wild Fund for Nature), 1998 : Abondance, distribution et biomasse de quelques grands mammifères dans le
parc national de la Bénoué, Cameroun. WWF/FAC/MINEF, Garoua, 48 p.
47

Documents pareils