Communiqué de presse

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Communiqué de presse
Communiqué de presse
Basquiat
9 mai – 5 septembre 2010
La Fondation Beyeler consacre une vaste rétrospective au célèbre peintre et dessinateur
américain Jean-Michel Basquiat (1960-1988). Organisée à l’occasion du cinquantième
anniversaire de la naissance de cet artiste mort d’overdose à 27 ans, cette exposition est la
première de cette envergure à être présentée en Europe. Avec plus de cent toiles, travaux
sur papier et objets provenant de grands musées du monde entier et de collections particulières de renom, elle rassemble les œuvres majeures de Basquiat et retrace son parcours
artistique.
Né à New York, dans le quartier de Brooklyn, Jean-Michel Basquiat était le fils d’un immigré
haïtien et d’une mère d’origine portoricaine. Il a fait ses débuts dans l’underground newyorkais comme graffeur, musicien et acteur avant de se consacrer également à la peinture à
partir de 19 ans. On retrouve dans ses compositions picturales l’intensité et l’énergie qui ont
marqué sa brève existence. En l’espace de huit ans seulement, au cours desquels il a collaboré notamment avec Andy Warhol, Keith Haring, Francesco Clemente et Debbie Harry, il a
créé une œuvre de grande ampleur, comprenant un millier de peintures et plus de deux mille
dessins. Il est ainsi parvenu à imposer, à côté de l’art conceptuel et du Minimal Art alors
dominants, de nouveaux éléments figuratifs et expressifs. Ses œuvres peuplées de personnages qui semblent sortis de bandes dessinées, de silhouettes squelettiques, d’objets quotidiens bizarres et de slogans poétiques frappent par leur force et par la somptuosité de leurs
couleurs. Associant des motifs issus de la culture pop et de l’histoire culturelle — plus particulièrement du monde de la musique et du sport —, ainsi que des thèmes politiques et
sociaux, elles se livrent à des commentaires critiques et ironiques sur la société de consommation et sur l’injustice sociale, en faisant porter un accent tout particulier sur le racisme.
À la fin des années 1970 — il avait alors 16 ans —, Basquiat commença à bomber des
graffitis sur les murs du centre de Manhattan en compagnie d’Al Diaz, sous le pseudonyme
de « SAMO© ». Lorsque cette collaboration prit fin, il entreprit de vendre des collages sous
forme de cartes postales photocopiées ainsi que des dessins et des T-shirts qu’il peignait luimême. Pendant quelque temps, il joua de la clarinette et du synthétiseur dans le groupe
« Gray », qu’il avait fondé avec Michael Holman, Shannon Dawson et Vincent Gallo. C’est
de cette époque que datent ses liens avec les réalisateurs, les musiciens et les artistes qui
fréquentaient les boîtes de nuit à la mode de Manhattan Downtown, le Mudd Club, le Club
57, CBGB’s, Hurrah’s et Tier 3 — il devint ainsi l’ami de Patti Astor, de David Byrne, de
Blondie, de Madonna, de John Lurie et de Diego Cortez. Basquiat se mit également à
peindre sur des objets quotidiens, tels que des réfrigérateurs, des portes et des fenêtres.
Sans domicile fixe pendant une longue période, il lui arrivait souvent de prendre pour support
de ses créations le mobilier de ceux qui lui accordaient l’hospitalité. Ces objets peints se
retrouvent par la suite régulièrement dans la création de Basquiat. En 1980/1981, il joua le
rôle principal dans le film Downtown 81 (qui n’est sorti qu’en 2000), interprétant pour
l’essentiel son propre personnage sur la toile de fond réelle de la scène artistique et musicale de Downtown.
Basquiat fit sa percée artistique en 1981, lorsque ses travaux furent présentés à côté de
ceux d’artistes comme Keith Haring et Robert Mapplethorpe dans le cadre de l’exposition
New York / New Wave au centre artistique P.S.1. La vingtaine de peintures et de dessins
montrés à cette occasion retinrent l’attention de grands galeristes comme Emilio Mazzoli,
Annina Nosei et Bruno Bischofberger. Après sa première exposition personnelle à la Galerie
d’Emilio Mazzoli, à Modène, en Italie, on put le revoir quelques mois plus tard dans une
exposition collective à la galerie new-yorkaise Annina Nosei, aux côtés, notamment, des
artistes conceptuelles Jenny Holzer et Barbara Kruger. En 1981, Basquiat, alors âgé de 21
ans, fut invité à exposer à la Documenta, dont c’était le plus jeune participant. Ses œuvres y
côtoyaient celles de Joseph Beuys, d’Anselm Kiefer, de Gerhard Richter, de Cy Twombly et
d’Andy Warhol. Promu ainsi au rang de star internationale, il exposa dans des galeries de
prestige, dont celle de Larry Gagosian à Los Angeles. Ce fils d’immigrés antillais fut ainsi le
premier artiste noir à s’imposer réellement sur la scène artistique internationale. Le galeriste
zurichois Bruno Bischofberger se chargea de sa représentation à l’échelle mondiale,
parallèlement à la galeriste Mary Boone en Amérique. Basquiat se rendit en Suisse quatorze
fois au total, séjournant à Bâle, Zurich et St Moritz, où il travailla dans l’atelier de Bruno
Bischofberger. D’où l’apparition dans sa création d’œuvres consacrées des motifs suisses —
montagnes, téléskis, par exemple. Basquiat avait 22 ans quand Ernst Beyeler l’emmena à
Bâle ; il le fit exposer pour la première fois en 1983 dans sa galerie, où l’on put découvrir les
tableaux Philistines et Self-Portrait (1982 tous les deux), qui appartiennent aujourd’hui à de
célèbres collections particulières et que l’on peut voir dans cette exposition.
L’œuvre de Jean-Michel Basquiat s’articule en cinq phases majeures. La première va de la
fin des années 1970 à l’automne 1981, date à laquelle Annina Nosei mit à sa disposition le
sous-sol de sa galerie en guise d’atelier, ce qui lui permit de ne plus peindre sur des objets
de son environnement, mais sur des toiles. Les premières toiles comme Aaron I et Cadillac
Moon (1981 les deux) sont marquées par la spontanéité et la rapidité qui caractérisaient déjà
les graffitis que Basquiat avait réalisés sur des murs de maisons. Il continua en même temps
à dessiner : pour lui, l’acte même du dessin n’avait pas pour seul objectif son résultat
artistique, mais constituait une forme d’ancrage de sa propre existence quotidienne. Que ce
soit en dessin, en peinture ou en musique, il se servait de ce qui existait dans son cadre
immédiat ou qu’il trouvait par hasard, comme c’est le cas dans Untitled (Refrigerator) ou
dans Pork (1981 les deux). Influencé par les méthodes de composition de John Cage et par
son invitation à intégrer le hasard et l’imprévisible dans l’art, Basquiat transforma son
environnement direct en un vaste champ de libres associations. Les mots, les signes et les
concepts qu’il intégrait dans ses œuvres étaient souvent recueillis dans la rue, mais aussi
dans des livres, à la télévision, sur des disques, dans des films et des conversations. Le hiphop et ses procédés artistiques du sampling et du scratching ont également joué un rôle
dans son œuvre. L’association entre pentimenti, acrylique, pastel gras et collage donna
naissance à une forme de hip-hop pictural et rythmé. En 1982, Basquiat produisit avec d’autres musiciens un disque, Beat Bop, qui est devenu un classique des débuts du hip-hop. La
musique, et notamment le jazz de musiciens noirs comme Billie Holliday, Dizzy Gillespie,
Charlie Parker, Max Roach et Miles Davis, a accompagné Basquiat toute sa vie durant.
La deuxième phase de sa création, entre 1981 et 1982, est surtout dominée par la peinture
sur toile. Boy and Dog in a Johnnypump (1982) et Untitled (1981) constituent des exemples
marquants de cette période. Basquiat accorda alors une place croissante à la peinture, sans
interrompre pour autant le dialogue avec le dessin, en associant sur la toile acrylique et
pastel gras dans des couleurs de plus en plus intenses. On observe dans le même temps un
élargissement de son répertoire figuratif et de son corpus d’éléments picturaux. La toile en
tant que fond reste présente et établit une association avec le mur porteur de graffiti. De plus
en plus, Basquiat commence alors à superposer plusieurs couches de peintures ; dans
certains cas, il ne crée des éléments picturaux et des traits que pour les faire aussitôt disparaître. Cette alternance entre transparence et disparition, érigée en méthode stylistique
délibérée, détermine alors son processus de création : il repeint sur ses compositions et sur
ses éléments picturaux, intégralement ou partiellement, permettant tout de même au spectateur de discerner la représentation d’origine. Il ouvre ainsi une seconde réalité picturale,
proprement haptique.
Le début de la troisième phase est marqué par une exposition de travaux à la Fun Gallery de
New York en novembre 1982 ; Basquiat recommence alors à dessiner des mots et des
symboles de façon accrue et se lance dans l’utilisation de matières brutes comme support
pictural. Il s’intéresse de très près au support de l’image et à sa matérialité. S’inspirant des
Combine-Paintings de Robert Rauschenberg, il renonce aux châssis pour tendre ses toiles
sur des supports fort peu orthodoxes, palettes de bois, assemblage de portes notamment.
Poussé à l’extrême, ce procédé donne naissance à une sorte de sculpture de toile et de
bois. La forme du triptyque, que Basquiat a utilisée dans une série de travaux de 1982 et de
1983, lui permettait, par le montage de plusieurs toiles, d’élargir le champ pictural en se
livrant à une forme de sampling. La représentation de célèbres boxeurs afro-américains
comme Mohammed Ali (Cassius Clay, 1982), Joe Lewis, Jersey Joe Walcott ou Jack
Johnson s’inscrit également dans ce corpus. Par analogie symbolique avec la sauvagerie de
ces célèbres boxeurs, la toile paraît littéralement indomptée, ne fût-ce parce qu’elle laisse
apparaître par endroits la palette de transport faite de lattes de bois brutes. Basquiat a
associé jusqu’à douze panneaux, accordant toujours à chaque segment une totale indépendance. Il poursuit ainsi son « rap » en associant les mots, les signes, les pictogrammes
et les éléments picturaux les plus divers. La couronne à trois pointes apparaît avec une
fréquence particulière, par exemple dans Untitled (1982), parallèlement à la couronne
d’épines, ces deux motifs prenant valeur d’icônes dans l’œuvre de Basquiat. Au printemps
de 1983, ses œuvres atteignent leur complexité suprême, tant par leurs thèmes picturaux
que par les stratégies artistiques que Basquiat associe et transforme désormais avec une
infinie diversité. Esquissant un parallèle avec le style de performance de ses dessins, ses
toiles sont également le fruit d’un processus créatif ; elle se développent à partir de structures préétablies et de hasards. Les agressions physiques contre le support pictural et contre
l’œuvre sous forme de remaniement, de destruction et de recomposition des panneaux picturaux relèvent de la méthode artistique de Basquiat. Celui-ci met également des mots en
relief, par leur disparition même. In Italian (1983) et Zydeco (1984) en constituent des
exemples frappants.
L’année 1983 marque également le point de départ d’une collaboration intensive et d’une
grande amitié avec Andy Warhol. Au cours de cette quatrième phase de création qui
commence en 1984, il reprend d’anciens collages dont il réalise une forme de sampling à
l’aide du procédé sérigraphique auquel Warhol l’a initié. Parallèlement, il se consacre
davantage à la peinture sur toile. À l’instigation de son galeriste Bruno Bischofberger, il
réalise d’abord une quinzaine de travaux collectifs avec Warhol et Francesco Clemente.
Suivront dans les années 1984/1985 une centaine de nouvelles œuvres en coopération avec
Warhol, soit le dixième de la production picturale de Basquiat. Celui-ci mit brutalement fin à
cette collaboration fructueuse en 1985, après le mauvais accueil réservé par la critique à une
exposition comprenant seize Collaborations présentées à la galerie Tony Shafrazi de New
York.
Les années 1986 à 1988 constituent la cinquième et dernière phase de création de cet
artiste. Il élabore alors un nouveau type de représentation figurative et élargit considérablement son répertoire de symboles et de contenus. Les œuvres de cette époque se caractérisent par une alternance entre un vide radical et une abondance qui paraît presque dictée par
l’horror vacui, comme en témoigne Light Blue Movers de 1987. Cette année-là, Basquiat
crée aussi une série d’importants dessins de grand format, qui laissent transparaître la fascination de l’artiste pour la mort. Riding with Death (1988) est devenu l’icône de la propre mort
de Basquiat, et un véritable substrat de son mythe.
L’œuvre de Basquiat doit son originalité et sa singularité à une forme d’appropriation du
quotidien, du fortuit en même temps que de l’apparemment important. Il copie délibérément
des éléments de la réalité qui l’entoure, il introduit le hasard comme stratégie artistique et
transforme le matériau esthétique préexistant en esthétique personnelle, sur le modèle du
sampling couper-coller de la génération internet qui lui succédera. Jean-Michel Basquiat a
été aussi bien un précurseur de la société du savoir que de la génération du couper-coller,
qu’il a anticipée dans son utilisation de nouveaux médias.
Les prêts consentis par de célèbres musées, galeries et de prestigieuses collections particulières
d’Europe et d’Amérique ont largement contribué à la réussite de cette exposition. Nous pouvons citer
le Museum of Modern Art, New York, le Whitney Museum of American Art, New York, le Musée
national d’art moderne, Centre Georges Pompidou, le Museum Boijmans Van Beuningen, Rotterdam,
The Broad Art Foundation, Santa Monica, The Brant Foundation, la Daros Collection, Suisse, The
Estate of Jean-Michel Basquiat, New York, la Fondation Louis Vuitton pour la création, la Rubell
Family Collection, Miami, la Galerie Bruno Bischofberger, Zurich, la Tony Shafrazi Gallery, New York,
la Gagosian Gallery, la Galerie Jérôme de Noirmont, Paris, Lio Malca, New York, Fred Hoffman Fine
Art, Enrico Navarra, The Steven and Alexandra Cohen Collection, la Mugrabi Collection, Irma et
Norman Braman, Amalia Dayan et Adam Lindemann, Laurence Graff ainsi que John McEnroe.
Cette exposition a été conçue par la Fondation Beyeler en collaboration avec le Musée d’art moderne
de la Ville de Paris, où elle sera présentée du 15.10.2010 au 30.1.2011. Elle jouit du soutien de
l’Estate of Jean-Michel Basquiat à New York et de ses principaux galeristes et collectionneurs. Les
commissaires de cette exposition, qui en éditent également le catalogue, sont Dieter Buchhart et Sam
Keller.
La maquette du catalogue, publié chez Hatje Cantz, Ostfildern, en allemand et en anglais, est signée
de Marie Lusa. Ce volume contient des articles de Dieter Buchhart, Glenn O’Brien et Robert Storr,
une interview de Jean-Michel Basquiat réalisée par Becky Johnston et Tamra Davis (1985), qui
n’existait jusque-là que sous forme de vidéo, ainsi que des notices de Michiko Kono et une
chronologie de M. Franklin Sirmans. 244 pages, 334 illustrations, CHF 68.
Contact/Presse: Catherine Schott, Tél. + 41 (0)61 645 97 21, Fax + 41 (0)61 645 97 39 [email protected]
www.fondationbeyeler.ch – Images de presse à télécharger sous www.fondationbeyeler.ch/press-images
Heures d’ouverture de la Fondation Beyeler: tous les jours 10–18 h., le mercredi jusqu’à 20 h.

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