un projet immobilier pour ma communauté
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un projet immobilier pour ma communauté
Été 2015 UN PROJET IMMOBILIER POUR MA COMMUNAUTÉ, LE GUIDE UN PROJET IMMOBILIER POUR MA COMMUNAUTÉ, LE GUIDE est issu du partage de l’expertise des organismes, porteurs de projets de logement social avec soutien communautaire, ayant participé à des consultations menées au cours de l’hiver 2015. Les rencontres ont permis d’affiner la réflexion et de bonifier le contenu de cet outil. TABLE DES MATIÈRES INTRODUCTION...............................................................................................................................................5 LEXIQUE DES ACTEURS ET DES PRINCIPAUX PROGRAMMES........................................................ 6 Les acteurs............................................................................................................................................................. 6 Les programmes.................................................................................................................................................. 7 Développer du logement social avec soutien communautaire, LES MOTIVATIONS INITIALES................................................................................................................... 8 Une décision importante, les clés du succès ............................................................................................. 8 NATURE DE VOTRE PROJET....................................................................................................................... 9 Logement de transition..................................................................................................................................... 9 Logement permanent........................................................................................................................................ 9 Nombre et le type d’unités............................................................................................................................. 10 Bail ou entente de séjour................................................................................................................................ 11 PREMIÈRES GRANDES QUESTIONS...................................................................................................... 12 Construire ou rénover...................................................................................................................................... 12 Choisir les quartiers centraux ou s’en éloigner......................................................................................... 12 Rechercher des sites et des immeubles...................................................................................................... 12 Espaces communautaires............................................................................................................................... 13 DE LA CONCEPTION À L’OCCUPATION, les phases d’un projet.......................................... 14 Préparation.......................................................................................................................................................... 14 Développement................................................................................................................................................. 15 Réalisation........................................................................................................................................................... 16 Exploitation......................................................................................................................................................... 17 LE MONTAGE FINANCIER DU PROJET............................................................................................... 18 Programmes de financement........................................................................................................................ 18 Budget de réalisation........................................................................................................................................ 19 Budget d’exploitation........................................................................................................................................ 19 LA SÉLECTION DES LOCATAIRES ......................................................................................................... 20 INTÉGRATION DANS LE MILIEU............................................................................................................ 21 CONCLUSION.................................................................................................................................................. 22 ANNEXES 1. Synthèse des phases du cheminement d’un projet............................................................................ 23 2. Références....................................................................................................................................................... 24 3. Organismes rencontrés pour le développement de ce guide.......................................................... 24 3 Crédit photo de la couverture En haut à droite : Johanne Groulx Au centre à gauche : Sébastien Payeur Au centre à droite : L’Avenue HC En Bas à droite : Guy-Pierre Lévesque INTRODUCTION Le logement social avec soutien communautaire a permis à des milliers de personnes d’éviter ou de sortir de la rue de façon durable. C’est un investissement social et économique qui a fait ses preuves. C’est donc en appui à cette formule d’habitation que le présent guide est élaboré. Il se veut un outil d’accompagnement des promoteurs que vous êtes ou deviendrez. L’objectif est de permettre aux groupes qui ont identifié des besoins de logement chez les personnes qu’ils rejoignent de mieux cheminer à travers les différentes étapes de réalisation d’un projet de logement social avec soutien communautaire dans le ca dre du programme AccèsLogis, volet III, uni que programme permettant la construction ou la rénovation de bâtiments existants. Développer un projet de logement social avec soutien communautaire est un choix que de nombreux orga nismes – dont plusieurs membres du Réseau d’aide aux personnes seules et itinérantes de Montréal (RAPSIM) – ont fait au fil des trois dernières décennies. Au cœur de ce choix : des personnes marginalisées, qui ont connu l’itinérance ou qui sont aux prises avec des conditions de logement précaires, souvent insalubres. Grâce à un projet de logement social, ces personnes voient leur situation transformée : elles auront accès à un logement de qualité, sécuritaire et abordable, dans un environnement accueillant et aidant, avec un « propriétaire » – un organisme à but non lucratif (OBNL) – compétent et respectueux. Un projet de logement social, c’est aussi, très souvent, l’ajout de logements neufs dans un quartier qui en manque, ou la rénovation complète d’immeubles auparavant délabrés. Bref, un projet de logement social, c’est une formule gagnante pour ses occupants et pour le milieu qui l’accueille. TABLE DES MATIÈRES Au fil des ans, à la faveur des programmes de financement public provincial, fédéral et la contribution de la Ville de Montréal, les projets portés par des organismes en itinérance ont fleuri. Quoique leur nombre ait été insuffisant eu égard aux besoins croissants, il demeure qu’ils ont permis des réponses structurantes et porteu ses. Souhaitons que l’avenir voie le maintien et le renforcement des programmes permettant ces succès. Les aspects abordés dans le UN PROJET IMMOBI LIER POUR MA COMMUNAUTÉ, LE GUIDE vont de la naissance du projet, alors que l’idée germe et prend forme au sein de votre organisme, jusqu’à l’occupation d’un immeuble s’adressant aux personnes visées par votre mission. Présenté par sections, ce guide pourra être consulté selon vos b esoins. Il ne prétend pas c ontenir toutes les r éponses, mais vous permettra d’apprivoiser les différentes étapes de cette aventure qu’est le développement d’un projet de logement social avec soutien communautaire. 5 LEXIQUE DES ACTEURS ET DES PRINCIPAUX PROGRAMMES LES ACTEURS Un projet de logement social implique plusieurs acteurs, qui contribuent de façons diverses à son éclosion et à sa réalisation : bailleurs de fonds, instances municipales, conseillers techniques et professionnels, etc. LE PORTEUR : votre organisme est le maître d’œuvre du projet et, à terme, son propriétaire. Votre organisme est donc au cœur de la démarche. LE GROUPE DE RESSOURCES T ECHNIQUES (GRT) : Le GRT est un organisme communautaire dont l’expertise professionnelle et l’orientation sociale facilitent le montage et la réalisation de projets immobiliers, qu’il s’agisse de construction ou de rénovation. Le GRT fournit un ac compagnement des premières idées et esquisses jusqu’à l’entrée des occupants dans les logements. Le GRT joue le rôle d’une véritable courroie de trans mission entre les professionnels impliqués dans un projet de développement. Les GRT sont des partenaires ac crédités par la SHQ ; la colla bo ration d’un GRT est requise pour les projets soumis à la Ville de Montréal dans la mise en œuvre du programme AccèsLogis. Quatre sont actifs sur l’île de Montréal : Atelier Habitation Montréal, Bâtir son quartier, Groupe CDH et ROMEL. LA SOCIÉTÉ D’HABITATION DU QUÉBEC (SHQ) : Le gou vernement du Québec, représenté par la Société d’habitation du Québec (SHQ), finance le programme AccèsLogis Québec. Ce programme exige que les projets obtiennent une contribution dite « du milieu » qui, sur le territoire montréalais, est assurée par des apports municipaux. LA VILLE DE MONTRÉAL : La Ville agit comme manda taire de la SHQ, dont elle gère les programmes d’habi tation sur le territoire montréalais. Ce rôle permet à la Ville de définir ses propres cibles en fonction des besoins des citoyens montréalais. Dans le cas du programme AccèsLogis, la Ville accueille les projets prove nant de l’ensemble de l’agglomération (île) de Montréal. La Ville offre un accompagnement actif pendant leur cheminement. LES ARRONDISSEMENTS : Ils sont responsables de la réglementation d’urbanisme sur leur territoire, et doi vent approuver tous les p rojets avant leur réalisation. Lorsque des projets requièrent des dérogations (exceptions) au zonage, l’arrondissement met en place un pro cessus public qui implique une étape de consultation. L’ARCHITECTE : Son rôle est prépondérant dans la conception du projet et la gestion du contrat de l’entre preneur. L’ENTREPRENEUR GÉNÉRAL : C’est le contractant en charge du chantier de construction ou de rénovation et il gère les sous-traitants. 6 TABLE DES MATIÈRES LES PROGRAMMES ACCÈSLOGIS QUÉBEC (ACL) : Ce programme de sub vention constitue la principale source de financement pour les projets de logements sociaux et communau taires, qu’ils s’agissent de nouvelles constructions ou d’achat et rénovation d’immeubles existants. Il comprend trois volets qui touchent des clientèles différentes. Le volet I vise la réalisation de logements permanents pour familles, personnes seules ou personnes âgées autonomes. Le Volet II, qui produit aussi des logements perma nents, est destiné à loger des personnes âgées de 75 ans et plus ou des personnes moins âgées en légère perte d’autonomie. LES PROGRAMMES COMPLÉMENTAIRES : les conditions particulières de réalisation d’un projet peuvent deman der des apports de fonds pour compléter le financement d’AccèsLogis. Des pro grammes munici paux ou québécois sont donc sollicités pour boucler le montage d’un projet. Parmi les programmes actuellement en vi gueur, on peut noter le programme Novateur de la SHQ, destiné à soutenir des innovations « vertes », le programme Climat Sol, qui peut contribuer à la décontamination de sites, ou des programmes municipaux d’aide aux rénovations. La Stratégie de partenariat de lutte contre l’itinérance (SPLI, fédérale) peut également jouer un rôle, quoique de façon moins importante que par le passé. Le Volet III permet la réalisation de logements pour des populations ayant des besoins parti culiers d’ha bi tation. Il vise la réalisation de logements permanents ou de transition, avec soutien. Accès- Logis, vo let III est le programme permettant le logement social avec soutien communautaire dont traite ce guide. LE SUPPLÉMENT AU LOYER : Le programme AccèsLogis intègre une aide appelée « Supplément au loyer », qui permet aux locataires qui en bénéficient de payer un loyer correspondant à 25 % de leur revenu. Le Supplément au loyer couvre la différence entre la part payable par le locataire (le 25 %) et le coût du loyer réel du projet. Dans le cas de projets du Volet III, selon la situation financière de la clientèle, jusqu’à 100 % des logements peuvent bénéficier de cette aide. TABLE DES MATIÈRES 7 Développer du logement social avec soutien communautaire, LES MOTIVATIONS INITIALES Votre organisme y songe. Le d éveloppement d’un projet de logement social avec s outien communautaire apparaît être une réponse aux besoins des personnes que vous r ejoignez. Vous souhaitez étendre votre m ission en ajoutant cette stratégie aux moyens déjà développés mais vous vous interrogez : est-ce réaliste ? Quels seront les impacts ? Avons-nous les ressources requises ? UNE DÉCISION IMPORTANTE Un premier projet, plusieurs défis. Se lancer dans un projet impliquera tous les éléments de votre organisme et tout particulièrement la direction générale, à qui il reviendra de coordonner les actions aux différentes étapes, tant à l’interne qu’avec les différentes parties impliquées, dont le GRT. Votre conseil d’administration (CA) et l’équipe devront se familiariser avec le langage et les règles propres aux différents professionnels impliqués dans la construction ou la rénovation. La responsabilité associée à un investissement de cette importance peut être source d’inquié tude. Ce projet exigera un investissement de temps important et de nouvelles responsabilités financières et immobilières (la gestion d’un immeuble). Votre organisme voudra aussi s’assurer de pouvoir main tenir l’approche qui lui est propre, tout en répondant aux conditions des différents bailleurs de fonds publics. Gérer un projet d’habitation communautaire demandera de mettre en place des p ratiques d’intervention et de gestion qui sont spécifiques : un logement n’est pas un refuge, ou une maison d’hébergement. Réfléchir à ces pratiques fera partie des étapes du développement de votre projet. Les questions soulevées par le développement d’un pro jet de logement social supposent des expertises en différents domaines, mais vous aurez l’appui des ressources conséquentes pour y parvenir ! LES CLÉS DU SUCCÈS Plusieurs questions que vous vous p osez trouveront réponse au cours des semaines ou mois qui viennent, mais dès le départ, quatre conditions doivent être présentes. 1re clé : l’existence du besoin Le besoin est identifié par votre organisme et est en cohérence avec l’énoncé de sa mission. 2e clé : une vision partagée Une volonté commune lie les différentes instances de votre organisme. Toutes souhaitent le projet, et veulent participer à la démarche. 3e clé : des informations en continu Le CA et l’équipe sont associés au projet en continu grâce à la formation et l’information ; les décisions – sur les choix architecturaux, sur les pratiques de gestion à développer, etc. – sont réfléchies collectivement. 4e clé : du leadership Depuis le démarrage jusqu’au jour de l’ouverture, la direction de votre organismes ainsi que les membres du CA font preuve de leadership pour mener le projet. L’équipe et les usagers sont également partie intégrante des démarches. aide-mémoire Votre organisme adhère au projet, en mesure l’engagement requis et en anticipe l’heureuse issue Vous vous inspirez des projets existants pour définir le vôtre. Les porteurs de projets seront h eureux de partager leur expérience Vous identifiez vos besoins de formation et veillez à les inscrire dans votre planification Vous tenez informés tous les membres de votre organisation des différentes étapes de l’évolution du projet 8 TABLE DES MATIÈRES NATURE DE VOTRE PROJET Le logement diffère de l’hébergement, qui comprend le gîte et le couvert dans bien des cas. Les populations admissibles au projet de logement social avec soutien c ommunautaire sont généralement les personnes rejointes par la mission de votre organisme et pour lesquelles le logement représente un levier supplémentaire d’intervention visant à soutenir leur insertion sociale. Deux formules existent, le logement de transition et le logement permanent. Très rapidement dans votre processus de réflexion, le choix du type de projet devra être identifié. Dans le cadre du programme AccèsLogis, Volet III, tant le logement social de transition que le logement permanent permettent de créer des unités de différents types (chambres, studios, logements réguliers). Par ail leurs, tous les projets doivent offrir des services de sou tien communautaire, dont l’intensité sera variable selon les besoins des personnes visées. Ce soutien communautaire pourra être en lien avec les autres activités de votre organisme. LOGEMENT PERMANENT Cette formule offre une alternative durable à l’instabi lité résidentielle et à l’itinérance, à l’isolement de personnes marginalisées. Le logement permanent permet aussi aux locataires de se créer un milieu de vie, un lieu d’enraci nement et d’appartenance, et de développer des liens avec et dans une communauté plus large, un quartier. Le logement permanent permet aux personnes vulnérables de pouvoir compter sur un propriétaire – un OBNL – respectueux et sensible à leur situation et qui pourra au besoin les mettre en contact avec d’autres ressources dans leur milieu. LOGEMENT DE TRANSITION La personne peut résider dans un logement de transi tion pour des périodes variables pouvant aller jusqu’à un maximum de 5 ans. Cet intervalle vise à permettre d’améliorer la situation de la personne en lui fournissant un logement décent et en brisant son isolement par des activités de vie communautaire. L’accompagnement offert permet de soutenir l’apprentissage à la vie autonome en logement, encourager le retour sur le marché de l’emploi ou aux études, favoriser le rétablissement de la santé des personnes en traitement, etc. On peut résumer en disant que dans un projet de logement de transition, le logement n’est pas une fin en soi : il est une condition nécessaire à l’intervention. À terme, le soutien en logement de transition vise à ce que les occupants aient stabilisé leur situation et déve loppé les habiletés et autres conditions nécessaires à une vie autonome leur permettant de quitter le projet. « À MÉTA D’ÂME, le choix initial avait été pour du logement de transition. En s’appuyant sur l’hypothèse qu’en trois ans les personnes auraient le temps de s’être stabilisées et seraient prêtes à quitter. Dans les faits, le temps de rétablissement (par ex. : traitement pour l’hépatite C, changement des habitudes de vie, difficultés c oncomitantes) est souvent plus long que prévu et bon nombre des personnes en logement présentent des difficultés permanentes qui les excluent d’un retour sur le marché de l’emploi et leurs c onditions de vie demeurent précaires. Le temps de séjour a donc été prolongé à 5 ans et le prochain projet offrira du logement permanent » TABLE DES MATIÈRES 9 NOMBRE ET LE TYPE D’UNITÉS Selon les besoins de la population que l’on rejoint, le pro jet pourra offrir des chambres ou des logements complets (studios ou 3½), qu’ils soient de transition ou permanents. Le studio offre plus d’espace qu’en offre une chambre. Il inclut une salle de bain et un espace cuisine. On observe que les femmes souhaitent davantage avoir un accès privé à ces espaces. Nombre d’unités Les logements plus grands favorisent les couples et les familles ou l’accueil des enfants en visite. Tous les projets sont différents et le nombre d’unités possibles varie selon l’immeuble choisi, quand il s’agit de rénovation, ou selon le potentiel du site dans le cas d’une construction neuve. Souhaitez-vous un projet au volume im portant d’unités ou de plus petite taille ? Quels sont vos effectifs ? Quelle est votre capacité de gestion ? Afin d’assurer le mieux-être de vos futurs loca taires, vous devrez faire le point sur la capacité de votre groupe à leur garantir un soutien adéquat. Compte tenu des dynamiques des personnes, l’installation de sanitaires dans les chambres n’est pas toujours souhaitable, e ssentiellement parce que ceci implique que le locataire devra en assurer l’entretien. Certains promoteurs privilégient donc des sanitaires partagés, dont ils veillent au maintien en bon état. Dans le cas des autres types d’unités (studios ou logements), qui comprennent une salle de bain complète, l’entretien échoie à l’occupant. Petit ou gros projet ? À cet égard, vous devrez rapidement faire connaître vos besoins à votre GRT et votre architecte, en début de processus. Il sera important de parler de votre idéal et de vos limites : une bonne communication au départ permet de faire démarrer le projet du bon pied ! En dernière instance, les besoins de vos usagers priment. Vos choix du nombre et du type d’unités seront conséquents. Type d’unités IDENTIFIEZ LES BESOINS DE VOS USAGERS ET PRÉCISEZ VOS CHOIX EN PESANT LE POUR ET LE CONTRE DE CHAQUE OPTION Les besoins sont différents selon l’âge et les conditions personnelles : toxicomanie, santé mentale… Ils le sont également selon que l’on vise une clientèle d’hommes ou de femmes. Vous devez donc réfléchir au type d’uni tés à développer en tenant compte de ces aspects. Bon nombre d’organismes ayant développé des projets ont initialement réalisé des sondages auprès de leurs usagers en appui à leur réflexion. Il ressort notamment de leur expérience que les espaces de vie communautaire (salle commune, cuisine ou autre) et les aires de circulation (hall, corridors, escaliers, etc.) sont aussi à analyser. En l’absence des premiers, les seconds deviennent des lieux de socialisation. De façon générale, les projets d’achat et rénovation de bâtiments existants offrent parfois moins de latitude pour créer les locaux communautaires nécessaires. À CHAQUE TYPE SES AVANTAGES La chambre permet de répondre à des besoins spécifi ques et offre plus d’unités dans des espaces restreints ; la rénovation des maisons de chambres et leur transformation en logement social participe à la sauvegarde d’un parc déjà fragile et contribue à la revitalisation du milieu. 10 TABLE DES MATIÈRES BAIL OU ENTENTE DE SÉJOUR Différentes pratiques ont cours. Ainsi, certains groupes privilégient le bail qui offre des avantages, car les conditions légales y sont claires et c’est un bon outil d’accompagnement. D’autres préfèrent l’entente de séjour, généralement as sortie d’un Règlement d’immeuble (ou d’un contrat de services), car ces outils renforcent et complètent les autres stratégies mises en place par l’organisme. Le bail Le bail est souvent associé au logement permanent – qu’il s’agisse de logements ou d’une maison de chambres – dans une perspective de stabilité à long terme. En cas de litige entre un organisme et un locataire, la cause sera entendue à la Régie du logement, selon une procédure relativement simple. La formule du bail est prescrite par la loi, mais certaines conditions peuvent être ajoutées. EXEMPLES DE CONDITIONS ASSOCIÉES AU BAIL - Personnes seules - Consommation tolérée ou pas - Présence ou non d’animaux « L’AVENUE HÉBERGEMENT COMMUNAUTAIRE a une formule m ixte. Pour les logements de transition, il y a une entente de séjour et un contrat de service et pour le logement social permanent, c’est un bail. » L’entente de séjour Quand il est question de logement de transition, l’entente de séjour est souvent privilégiée. Il s’agit d’une entente individuelle, qui fournit certaines balises au locataire et précise le rôle de l’organisme. Le logement y est plutôt vu comme un levier d’une intervention en suivi ou en soutien d’autres formes d’accompagnement. Les conditions énoncées dans cette entente reflètent la philosophie de l’organisme et peuvent donner ouverture à des recours en cas de situation problématique. EXEMPLES DE CONDITIONS ASSOCIÉES À L’ENTENTE DE SÉJOUR - Poursuite d’un projet personnel ou d’un programme de réinsertion - Règles de conduite particulières « LE TOURNANT offrait jusqu’à tout récemment du logement permanent avec bail. L’organisme a changé pour une entente de séjour désirant ainsi ramener l’offre de logement à un levier de l’intervention de l’organisme. Le bail ne se gère pas de la même manière et ne suppose pas la même approche. » Le règlement d’immeuble Le règlement d’immeuble est un ensemble de règles s’appliquant à tous les locataires d’un projet. Il cons titue un cadre destiné à faciliter la cohabitation et le maintien d’un environnement sécuritaire. L’application souple des règles visera à obtenir la collaboration de toutes les parties pour assurer le bien-vivre ensemble. Les locataires sont eux-mêmes en faveur d’un tel enca drement et diront : « on ne veut pas de trouble dans nos bâtisses ». Ce commentaire exprime bien l’aspiration des locataires et le sentiment d’appartenance développé. aide-mémoire Assurez-vous de bien connaître les besoins des personnes que vous voulez rejoindre Choisissez votre projet : logement de transition ou permanent Évaluez votre capacité à porter le projet : type de suivi offert et effectifs nécessaires Déterminez le type d’unités : chambre, studio ou 3½ Établissez le nombre idéal d’unités Décidez des conditions associées au bail ou à l’entente de services TABLE DES MATIÈRES 11 PREMIÈRES GRANDES QUESTIONS CONSTRUIRE OU RÉNOVER Une construction neuve pose évidemment le défi de trouver un espace constructible dans un environnement qui convient aux futurs occupants du projet. Cela étant, une construction neuve rend possibles des aménagements augmentant la qualité de vie des personnes : terrasse, jardin, ascenseur pour les personnes vieillissantes ou handicapées… Une nouvelle construction permet de fournir des réponses à des besoins particuliers qui s’ins crivent plus difficilement dans les immeubles existants. Sauvegarder un immeuble existant permet par contre de contribuer à la revitalisation d’un milieu, tant par l’amé lioration du cadre bâti que par l’ajout d’une ressource communautaire. Certes, un projet d’achat et de rénova tion d’un immeuble doit composer avec les limites du cadre bâti en place, mais il a l’avantage des espaces déjà connus : il est plus facile d’imaginer comment notre organisme s’y installera. L’âme d’un lieu habité peut inspi rer… De plus, un projet de rénovation s’effectue souvent « de plein droit », c’est-à-dire sans que des changements au zonage soient nécessaires, et donc plus rapidement. Les promoteurs sont unanimes. Quand il s’agit de rénovation, il est important de bien la faire, d’avoir pris soin de procéder à une évaluation minutieuse des travaux à entreprendre, des correctifs à apporter. Nous reviendrons plus en détail sur cet aspect dans la prochaine section. CHOISIR LES QUARTIERS CENTRAUX OU S’EN ÉLOIGNER Développer hors du centre-ville ou des quartiers centraux demande réflexion et doit s’appuyer sur la dispo nibilité des services qu’offre le nouveau milieu. Les besoins des personnes rejointes par votre projet devront être au cœur des choix et des décisions à prendre. 12 RECHERCHER DES SITES ET DES IMMEUBLES Il peut arriver qu’un organisme ayant identifié un terrain ou un bâtiment dans un quartier où il aimerait ins taller un projet de logement initie le contact avec un GRT. De leur côté, les GRT exercent une veille permanente de sites disponibles et pourront contacter des organismes qu’ils savent intéressés à développer pour leur faire la proposition d’un site disponible. D’une manière ou d’une autre, compte tenu de leur ex pertise, les GRT réalisent une première analyse lorsqu’un terrain ou un immeuble est dans la mire : en tenant compte du prix de vente, du potentiel du site et des besoins d’un projet (type de logement, populations visées, nombre d’unités), ils sont donc en mesure d’évaluer si les démarches subséquentes peuvent s’engager. Pour votre organisme, la question est de savoir si la pro position est suffisamment intéressante pour répondre aux besoins. Entre le projet rêvé par le promoteur et les sites présentés, il y a des ajustements nécessaires. Mais si la proposition ne satisfait pas les besoins de votre organisme, il ne faut pas hésiter à poursuivre la recherche, d’autres opportunités se présenteront. Dès l’identification d’un site, les rencontres s’accélèrent. Déjà, à ce stade, des décisions sont à prendre. Vous devez donner une orientation claire des contours de votre projet : nombre d’unités, salle communautaire ou bureau. L’architecte responsable des premiers plans et devis en aura besoin. Votre conseil d’administration devra être partie pre nante dès le début et tout au long de la réalisation du projet. Il en sera question régulièrement au cours de vos rencontres. Comme votre organisme est porteur du projet, il est essentiel que vos membres se l’approprient et s’impliquent dans les décisions à chaque étape. TABLE DES MATIÈRES ESPACES COMMUNAUTAIRES Le programme AccèsLogis, Volet III, oblige normalement les projets à offrir des espaces communautaires. Selon la réalité et les besoins de votre organisme et des personnes visées par le projet, ce sera un bureau ou une salle communautaire, ou les deux ! Certains immeubles à rénover posent toutefois des défis pour l’aménagement d’espaces communautaires ; de même, les coûts de construction peuvent imposer des limites. Vous pourriez avoir des choix à faire qui dépendront notamment de la dynamique de votre organisme, de la localisation de vos services existants par rapport au site du projet, et de vos autres choix architecturaux. Le programme AccèsLogis ne finance pas nécessairement tous les coûts liés aux espaces communautaires. Vous pourriez avoir besoin d’apports financiers exter nes au programme d’habitation. Votre organisme devra peut-être approcher des bailleurs de fonds additionnels, d’où l’idée d’avoir une compréhension réelle de vos besoins. Certains organismes animent la vie communautaire à partir de leur maison d’hébergement ou de leur centre de jour. L’absence d’un local dédié a alors moins d’impact pour la cohésion souhaitée et le sentiment d’appartenance. « Pour le Sac à Dos, la proximité de l’organisme a joué en faveur de la recherche du site. En ayant le projet de logement en face du centre de jour, il était aisé d’y associer les espaces communautaires de l’organisme. » aide-mémoire AU MOMENT DE CHOISIR UN SITE OU UN BÂTIMENT : Vérifiez l’adéquation du milieu en fonction des besoins de la population pour laquelle vous développez ce projet Gardez votre conseil d’administration informé des propositions de sites et de bâtiments et de la réception de la communauté Définissez l’espace communautaire souhaité en fonction du type de soutien communautaire, de l’animation, et de la fréquentation prévue TABLE DES MATIÈRES 13 DE LA CONCEPTION À L’OCCUPATION Tout au long du cheminement de votre projet, FAIRE ÉQUIPE sera le maître mot ! C’est de manière unanime que tous les acteurs rencontrés l’affirment. Votre organisme est le porteur du projet et son maître d’œuvre et ce, de l’idée initiale jusqu’à l’entrée des locataires dans les logements. Les différents acteurs se grefferont au fur et à mesure des avancées. D’abord le GRT, dont le travail de veille permet de déni cher des sites et des immeubles à acquérir. La meilleure connaissance et le lien de confiance qui se développent entre vous seront des facilitants tout au long du proces sus. L’architecte sera chargé de traduire une idée en plans, et ce, tout en tenant compte des paramètres objectifs liés au cadre bâti ou au site, en fonction des con traintes budgétaires. Les ingénieurs seront responsables de l’analyse des structures et de la qualité du terrain. L’entrepreneur engagé sera responsable de la réalisation du chantier et de la supervision des sous-traitants dont il aura retenu les services. C’est votre projet et il faut qu’il demeure fidèle à vos objectifs, mais l’entrepreneur a également des contraintes dont vous devrez tenir compte. Pour g arantir la cohérence entre les travaux en cours et le projet souhaité, il faut des allers-retours constants entre les parties concernées. Vous n’êtes pas un expert en cons truction, mais le GRT vous accompagnera et vous avez l’expertise concernant les besoins de votre clientèle. Seul le dialogue permet de trouver les solutions ! LES PHASES D’UN PROJET De la réflexion à la finalisation d’un projet, les différen tes étapes que vous franchirez peuvent se diviser en qua tre phases, chacune préalable à la suivante. Tout au long de chacune d’elles, vous serez accompagné par votre GRT. Certaines sont déterminantes et peuvent entraîner une révision (voire, un abandon) du projet déposé. Il peut s’écouler de dix-huit mois à quatre ans entre la première formulation du projet et la prise de possession de l’immeuble. C’est un projet d’envergure. PRÉPARATION LE PROJET PREND FORME ! Votre GRT vous propose un site et en fonction du projet anticipé, vous en évaluez conjointement le potentiel. À ce stade, tout peut être interrompu ou se poursuivre. Une première étude de viabilité est alors réalisée par le GRT, généralement à partir d’esquisses préliminaires demandées à un architecte. Un des enjeux est d’établir si le projet est viable au plan financier : peut-être devrezvous ajuster quelques éléments en discutant avec le GRT et l’architecte. C’est une étape excitante : le projet se précise ! Il est aussi nécessaire d’avoir de premières discussions avec la Direction de l’habitation de la Ville de Montréal et le service d’urbanisme de l’arrondissement, pour savoir si ce projet apparaît recevable. L’appui de l’arrondissement est essentiel. PREMIÈRES DÉMARCHES OFFICIELLES ! Vous élaborez, de concert avec le GRT, l’offre d’achat et la déposez auprès du propriétaire actuel. En général, l’offre d’achat est formulée « sous condition de l’obtention du financement AccèsLogis », ce qui donne un certain délai avant l’achat proprement dit. L’OFFRE D’ACHAT EST ACCEPTÉE ? C’est le moment de dépo ser une demande d’aide financière dans le cadre du programme AccèsLogis ; ceci se fait auprès de la D irection de l’habitation de la Ville, qui vérifiera l’admis sibilité de votre demande et, le cas échéant, pourra vous réserver les « unités » qui seront attribuées à votre projet. Cette étape d’analyse de votre demande prendra quelques semaines. En parallèle, vous parlez de votre intention de développer un projet de logement social aux partenaires dans la communauté. Une stratégie de communication vous aidera à faire ces démarches de façon efficace. aide-mémoire L’étude de viabilité est concluante Vous déposez l’offre d’achat Vous déposez une demande d’aide financière au programme AccèsLogis Vous sollicitez des appuis à votre p rojet auprès de l’arrondissement et des partenaires du milieu 14 TABLE DES MATIÈRES DÉVELOPPEMENT L’OBTENTION DU FINANCEMENT – PRISE UN ! Les démarches s’accélèrent en vue de faire confirmer le finan cement de votre projet par la Direction de l’habitation de la Ville de Montréal. Pour ce faire, votre GRT aura constitué le dossier du projet, incluant l’analyse finan cière et une proposition architecturale plus précise. Afin d’éviter les mauvaises surprises puisque les marges de manœuvre financières sont très limitées, des examens divers sont réalisés à cette étape. Dans le cas d’une ré novation, cette évaluation peut, par exemple, requérir de faire des ouvertures dans certains murs pour vérifier les structures, la présence d’amiante, de moisissures… La présence de problèmes de contamination entraîne des coûts additionnels, qui peuvent demander d’avoir recours à des programmes complémentaires. Ici aussi, votre GRT et la Direction de l’habitation de la Ville vous accompagneront dans de telles démarches. Lorsque la viabilité et la qualité de votre projet auront été démontrées, la Ville pourra produire la « lettre d’engagement conditionnel » : comme son nom l’indique, c’est une annonce de subvention qui précise des conditions (budgétaires et autres) à rencontrer. Par exemple : Vous devez présenter des garanties concernant le soutien communautaire offert à vos futurs loca taires : que ce soit par de l’argent neuf ou par un réaménagement de vos budgets existants, vous devrez assurer cette présence essentielle dans le futur projet. Vous devez rendre votre Charte et vos lettres paten tes conformes aux exigences d’AccèsLogis : votre charte doit faire mention de votre volonté d’inclure du logement social avec soutien dans votre mission, et doit aussi assurer la présence, au sein de votre conseil d’administration, de locataires ou de membres de la communauté représentant les intérêts de ces derniers. L’OBTENTION DU FINANCEMENT – PRISE DEUX ! À cette étape, votre architecte travaille à préparer les plans définitifs qui devront correspondre au budget établi. Celui-ci peut poser des contraintes importantes. Avec votre architecte, il vous faut veiller à ce que les plans correspondent à vos attentes et besoins. Une fois ces plans finalisés, la Ville de Montréal (avec la SHQ) vous signifie alors un « engagement définitif de subvention », ce qui vous permet de passer à l’étape suivante : c’est le moment de lancer un appel d’offres public. Si les soumissions reçues dépassent le budget, il faudra recommencer le processus, mais avec des plans révisés pour réduire les coûts. Vous aurez à réfléchir aux priorités, et sans doute à faire des choix difficiles avec votre architecte et votre GRT. Par contre, si les soumissions reçues sont conformes au budget et aux autres exigences de l’appel d’offres, un entrepreneur général peut alors être retenu. Chantier en vue ! aide-mémoire Vous suivez de près les démarches n écessaires pour répondre aux conditions énoncées dans l’engagement conditionnel : recherche de financement complémentaire, ajustements du projet, changements à votre Charte, demande de changement de zonage, etc. Vous validez les plans préparés par votre architecte Vous recevez un engagement définitif de financement AccèsLogis Vous lancez l’appel d’offres pour le choix d’un entrepreneur Si votre projet requiert des changements au zona ge ou autres règles d’urbanisme, ce sera le temps de présenter ces demandes à l’arrondissement. Ces chan gements impliquent un processus d’approba tion public de votre projet, par le conseil d’arron dissement ou, selon la nature des changements, par le conseil municipal. À Montréal, les projets à caractère social peuvent bénéficier d’une procédure prévue à la charte de la Ville (« article 89 »), qui permet notamment de ne pas soumettre le projet à un référendum, advenant une contestation. TABLE DES MATIÈRES 15 RÉALISATION LA PREMIÈRE PELLETÉE DE TERRE… ET LE CHANTIER ! Les travaux de construction ou de rénovation du bâtiment s’entament une fois les différents permis obtenus (construction ou rénovation, occupation de l’espace pu blic pendant les travaux, etc.). Au cours de la période qui s’amorce, vous serez très solli cité. Conjointement avec les professionnels impliqués, vous assurez le suivi du chantier : certains imprévus pour raient demander des ajustements, et vous aurez à prendre des décisions. Vous suivez de près le calendrier des travaux. LE RELOGEMENT DES LOCATAIRES PENDANT LES TRAVAUX Le maintien dans les lieux, après la rénovation, est une notion reconnue par la loi québécoise. Les locataires initiaux ont la possibilité de revenir habiter dans l’immeuble à la fin des travaux. Toutefois, durant les travaux de rénovation, les locataires présents doivent être relogés. À cet égard, l’accompagnement offert par le GRT est précieux. Il est possible que les personnes déplacées pendant la durée des travaux préfèrent demeurer dans leur nouvelle installation, tandis que d’autres feront le choix de revenir. Une bonne communication avec les occupants de l’immeuble visé par votre projet est essentielle. En parallèle, vous développez des outils nécessaires à l’ex ploitation de votre projet une fois les travaux complétés : la comptabilité et les suivis budgétaires, les règlements d’immeuble et l’organisation du soutien communautaire. Vous prévoyez la sélection des nouveaux locataires et enfin, prévoyez la date d’occupation ! aide-mémoire Vous soutenez, avec votre GRT, le relogement des locataires dans le cas d’un projet de r énovation Vous suivez l’évolution du chantier Vous préparez les modalités de sélection des futurs locataires Vous planifiez la formation de vos membres en vue de la gestion future du projet Vous mettez au point les règlements d’immeubles et autres outils nécessaires à l’exploitation future de votre projet. 16 TABLE DES MATIÈRES EXPLOITATION La prise de possession de votre immeuble ! Vous complétez la sélection de vos locataires et commencez à les accueillir dans leur nouveau logis. C’est une période heureuse, mais aussi fort occupée : il vous faut voir à la création de ce nouveau milieu de vie. Vous avez à vous assurer que les mécanismes de soutien nécessaires sont bien en place. Il reste peut-être de la finition à compléter. Ne soyez pas inquiets, votre GRT vous accompagne encore après la prise de possession et vous offrira ses services-conseils, et ce pendant la période requise pour compléter les suivis du chantier, soit environ une année. En plus de vous assurer que l’entrepreneur a bel et bien complété, à votre satisfaction, tous les travaux prévus, vous aurez à produire divers documents financiers, notamment pour votre prêteur hypothécaire. Il faut se sou venir qu’un projet AccèsLogis bénéficie d’une garantie hypothécaire de la Société d’habitation du Québec, ce qui explique les vérifications finales demandées. Votre GRT pourra aussi vous appuyer lors du choix du mode de gestion de votre immeuble. Deux choix s’offrent à vous : conserver la gestion « à l’interne », ou la confier à un tiers. Cette dernière option entraîne certes des coûts, mais vous permet de vous libérer de certains aspects techniques. Cette question doit être tranchée avant que vous n’établissiez le budget définitif de vo tre projet. Sachez également que la Fédération des OSBL d’Habitation de Montréal (FOHM) et le Regroupement Québécois des OSBL d’Habitation (RQOH) offrent des services connexes tels des groupes d’achat, des réductions pour les assurances et les services de fournisseurs. La FOHM offre également formation et soutien aux organismes ayant développés des projets de logement social avec soutien communautaire. Pssst ! Peu importe l’option choisie, l’organisme devra procéder à la conservation systématique de ses documents budgétaires et de gestion. Ceux-ci comprennent tous les procès-verbaux (conseils d’administration et assemblées générales) de même que les documents tou chant la gestion des ressources humaines, les relations avec les locataires et, bien sûr, les pièces comptables. Ces documents seront nécessaires à la production des rapports annuels vérifiés à la SHQ. Il faut également conserver les plans et devis et autres documents liés aux travaux ; ceux-ci seront essentiels si des litiges ou pro blèmes survenaient. aide-mémoire Vous inspectez soigneusement votre nouvel immeuble ; au besoin, vous faites la liste des correctifs à apporter Vous poursuivez la formation des membres – nouveaux et anciens – de votre conseil d’administration Vous mettez en place vos outils de gestion Vous accueillez vos locataires ! Votre projet a le vent dans les voiles ! L’inauguration officielle pourra se planifier au cours de la première année. GESTION IMMOBILIÈRE À L’INTERNE OU À L’EXTERNE À L’INTERNE – Dans le but de leur assurer l’accès à des services-conseils lorsque nécessaire, le programme Accès Logis prévoit que les organismes promoteurs d’un projet soient membres de la FOHM pendant les premières années d’exploitation. La FOHM pourra vous aider à peaufiner vos outils de gestion, et répondre à nombre de vos questions concernant la gestion de votre immeuble. À L’EXTERNE – Si vous préférez confier la gestion immo bilière du projet à un tiers, votre GRT pourra vous four nir la liste des organismes compétents qui offrent des services de gestion immobilière. Assurez-vous de vous adresser à des organismes dont le travail est reconnu. Obtenir des références d’autres OBNL pourra aussi vous aider à faire votre choix. TABLE DES MATIÈRES 17 LE MONTAGE FINANCIER DU PROJET Le développement du logement social avec soutien communautaire subit les aléas des volontés politiques en ce qui a trait à la disponibilité et au niveau de financement des différents programmes. Au moment de rédiger ces lignes, certains des programmes complémentaires mentionnés plus haut ont été réorientés ou ont vu leur budget réduit. Ceci rendra sans doute plus difficile le montage d’un projet au cours des années à venir. Certains organismes choisissent de compléter eux-mêmes le financement d’un projet, par des activités d’autofinancement, la recherche de dons, etc. Ce choix, qui implique d’y consacrer des ressources humaines et du bénévolat, n’est pas toujours possible pour les petits organismes. AccèsLogis demeure l’outil de choix pour réaliser un projet. En voici les principales caractéristiques financières, ainsi que quelques informations sur les autres outils de financement existants. ACCÈSLOGIS QUÉBEC, VOLET III ACL-Volet III permet de financer des projets de construc tion neuve, de rénovation de logements existants ou la transformation de bâtiments non résidentiels. Les subventions (qui proviennent de la SHQ et de la Ville) couvrent une part importante – environ les deux-tiers – des coûts liés à l’acquisition du terrain, aux dépenses de réa lisation et aux frais et honoraires. Votre organisme devra contracter une hypothèque pour l’équivalent de 35 % des coûts du projet. Comme votre projet bénéficie d’une garantie de la Société d’Habitation du Québec (SHQ), il vous sera possible d’obtenir ce prêt d’une institution bancaire. Comme toute hypothè que, ce prêt est soumis au marché bancaire : vous aurez à tenir compte des taux d’intérêts en vigueur lorsque viendra le temps de renouveler l’hypothèque. PROGRAMME DE SUPPLÉMENT AU LOYER (PSL) Le programme AccèsLogis s’accompagne de suppléments au loyer, qui permettent que les locataires paient un loyer correspondant à 25 % de leur revenu. La gestion des unités PSL est confiée à l’Office municipal d’ha bitation de Montréal (OMHM) : l’Office vérifie si les locataires répondent aux conditions d’admissibilité établies par la SHQ (en particulier : les personnes doi vent être à faible revenu). 18 LE SOUTIEN COMMUNAUTAIRE Actuellement, lorsqu’un organisme en itinérance déve loppe un projet AccèsLogis, Volet III, il s’engage à offrir du soutien communautaire. Cette formule est reconnue par la SHQ et par le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS), depuis la publication en 2007 du C adre québécois de soutien communautaire en logement social. Le financement du soutien communautaire, par contre, ne fait pas l’objet d’un programme spécifique : à ce jour, les allocations du MSSS ont été irrégulières. À Montréal, l’ex Agence de santé et de Services sociaux (ASSS) a aussi déjà fourni des allocations à même ses fonds propres. Actuellement, on ne peut prévoir à quel rythme se feront les prochaines allocations. FINANCEMENT FÉDÉRAL (SPLI ) La stratégie des partenariats de lutte contre l’itinérance (SPLI) a permis, à travers les années, de compléter le montage financier de certains projets de même que d’assurer le soutien communautaire et l’achat d’ameublement. Les récentes réorientations de la SPLI ont tou tefois réduit les enveloppes budgétaires disponibles pour de telles dépenses. Notez qu’en date d’août 2015, tous les fonds disponibles pour les quatre prochaines années ont été octroyés (2015-2019) ; il faut donc pré voir d’autres fonds pour y pallier. TABLE DES MATIÈRES TABLEAUX SYNTHÉTIQUES DES PRINCIPAUX POSTES DE REVENUS/DÉPENSES BUDGET DE RÉALISATION – AVANT ET PENDANT LE CHANTIER REVENUS ACL-Volet III – contributions de la SHQ et de la Ville de Montréal Autres programmes complémentaires, selon les disponibilités et les besoins: • Programmes québécois (Novateur,Climat Sol, etc.) • Programmes municipaux (Adaptation de domicile, aide à la rénovation, etc.) • SPLI DÉPENSES Acquisition de terrain/immeuble Taxes Honoraires professionnels Permis Chantier : travaux de construction ou de rénovation et imprévus Assurances Réserves Partenaires privés (fondations, fonds de capital patient ou d’investissement social, communautés religieuses, mécénat etc.) BUDGET D’EXPLOITATION – JOUR I DE LA PRISE DE POSSESSION REVENUS Revenus de location, et apports du programme de supplément au loyer (PSL) lié à AccèsLogis Subvention du MSSS (ou d’autres sources) au soutien communautaire Partenaires privés (fondations, communautés religieuses, mécénat, etc.) DÉPENSES Remboursement hypothécaire (capital + intérêts) Taxes : foncières, scolaires, services… Assurances Énergie (logements et parties communes) Pertes locatives (mauvaises créances) Administration Services : déneigement, ascenseur… Conciergerie, entretien et réparation Réserves de remplacement exigées par le programme TABLE DES MATIÈRES 19 LA SÉLECTION DES LOCATAIRES Au moment de procéder à la sélection des locataires, même si les façons de faire varient, bon nombre d’aspects sont communs à l’ensemble des OBNL. BASSIN Vous approcherez les personnes en situation ou à risque d’itinérance visées par la mission de votre organisme. Il s’agit des candidats en processus d’insertion résiden tielle et désirant avoir un logement. Dans le cas d’acquisition d’une maison de chambre, il n’est pas rare de constater que l’OBNL promoteur du projet est déjà souvent en contact, dans sa pratique, avec les personnes vulnérables qui logent dans la maison de chambre. PROCESSUS ET SÉLECTION INITIALE Les personnes intéressées sont invitées à remplir un formulaire de candidature et/ou à se présenter à une ou des rencontres préliminaires. Peu importe la formule choisie, vous souhaiterez impliquer les requérants dès les premières étapes du processus afin de leur permettre d’identifier leurs besoins et objectifs et d’apprendre ainsi à mieux les connaître. LISTE D’ATTENTE Les OBNL doivent établir une liste d’attente, conformément aux procédures de la SHQ. La liste est constituée en fonction de l’ancienneté de l’inscription. Tous les organismes s’accordent pour dire qu’une liste devient rapidement obsolète et certains procèdent à sa révision à chaque année, car les personnes sans stabilité résidentielle deviennent souvent difficiles à rejoindre. Lorsqu’une unité se libère, il y a reprise du processus de sélection. « Dans la Rue a fonctionné par autoréférence des jeunes et de l’intervenant accompagnateur de l’organisme. Un formulaire est rempli par le jeune en p remier, de manière à l’impliquer dans la démarche réflexive de ses objectifs. S’ensuit une e ntrevue qui est en soi un moment d’intervention et d’évaluation pour identifier ses besoins. » Les informations recueillies permettront d’outiller le comité en vue des rencontres de sélection. Une grille d’évaluation des candidatures sert de base commune aux membres des comités lors des entrevues. COMITÉ ET MODALITÉS DE FONCTIONNEMENT La composition du comité de sélection des futurs loca taires varie d’un organisme à l’autre. Certains organis mes ont déjà, dans leurs règlements généraux, des clau ses qui balisent la composition d’un comité de sélection. D’autres OBNL mettent en place un comité de sélection « ad hoc » pour leur projet de logement social avec soutien communautaire. Généralement, un membre du conseil d’administration et un représentant de l’équipe d’intervention sont présents. Certains OBNL ajoutent un représentant des usagers. Parfois la direction de l’organisme ou un membre de la communauté se greffera au comité. Le représentant de l’équipe d’intervention n’a pas tou jours un droit de vote ; son rôle peut être celui d’un conseiller au comité de sélection. 20 TABLE DES MATIÈRES INTÉGRATION DANS LE MILIEU Depuis 2002, à Montréal, 1 800 logements et chambres ont été développés pour des personnes en situation ou à risque d’itinérance et s’inscrivent dans la trame urbaine de la collectivité montréalaise. Si c’est encore trop peu au vu des besoins, il s’agit néanmoins d’une avancée notable. La très grande majorité des projets atterrit en douceur dans le milieu. Il n’est pas rare que la venue d’un projet soit ouvertement souhaitée par les autorités ou les riverains, par exemple lorsqu’il s’agit de transformer un immeuble jugé nuisible ou occupé par des activités illicites. Cependant, un petit nombre de projets s’est heurté à des craintes et des résistances du voisinage. En particulier, lorsqu’un projet demande des changements au zonage, ces résistances se manifestent lors du processus public alors prévu et peuvent bloquer le projet. Cette situation – qu’on surnomme le « syndrome Pas dans ma cour » – demande des efforts pour rétablir les ponts avec les voisins, éviter les blocages et assurer l’acceptabilité sociale du projet. L’OUTIL QUI DEMEURE APRÈS LA CONSTRUCTION : LA COMMUNICATION À ce chapitre, les GRT seront de précieux alliés. Ils ont l’expérience et ont déjà rencontré des résistances lors de la réalisation de projets. Il sera impératif de déterminer rapidement avec votre GRT la meilleure stratégie à déployer. Mieux vous connaîtrez les craintes de vos futurs v oisins et mieux vous serez préparés pour y répondre et expli quer la valeur de votre projet. Il est possible que de fausses informations circulent au sujet de votre projet. Il est possible également que certaines personnes se sentent plus directement concernées. Il faut prendre le temps d’écouter, de savoir d’où viennent les craintes. Parmi les raisons invoquées pour s’opposer à un projet social, certaines reviennent plus souvent : « La valeur des propriétés va baisser » « La présence de la clientèle crée de l’insécurité ; ma qualité de vie va baisser » « Le projet attirera d’autres clientèles indésirables dans le quartier » TABLE DES MATIÈRES Il sera important de faire valoir qu’un projet social per met à la fois une amélioration physique des lieux et l’arrivée de ressources nouvelles. Les populations en difficultés sont déjà présentes dans les quartiers : dorénavant, avec votre projet, elle sera accompagnée et soutenue dans ses démarches d’intégration sociale. « Bâtir son quartier a développé un s ondage en vue du développement du projet Cap St-Barnabé pour travailleuses du sexe. De façon surprenante, ce sont les gens éloignés du périmètre qui ont manifesté le plus d’appréhension au projet. Les voisins immédiats savaient qui contacter en cas de difficulté, qu’il s’agisse de l’organisme communautaire ou des travailleurs de rue. » SE FAIRE CONNAÎTRE Prenez le temps de vous faire connaître et publiez sur différentes plateformes la mission de votre organisme, ses objectifs et ses projets. Parlez de vos succès et de l’impact de votre action. Faites la démonstration de vo tre capacité de développer et gérer un projet qui parti cipera à la vitalité de votre communauté actuelle ou d’adoption. Tôt dans le développement de votre projet, il est impor tant d’informer les élus locaux. Ils peuvent être des al liés d’importance. Vos interlocuteurs publics connaissent la réalité de leur arrondissement. Ils seront à même de vous indiquer les instances, les groupes d’influence et les personnes à rencontrer et à sensibiliser à votre mission. Il sera important de bien connaître la dynamique, l’historique et l’environnement de votre futur site, qui n’est peut-être pas celui de votre organisme. Alors, suivez l’actualité de l’arrondissement, participez aux tables de quartier, visitez les commerces des alentours afin de prendre le pouls et présentez-vous. 21 CONCLUSION À la question adressée aux promoteurs communautaires consultés, « feriez-vous un autre projet ? » l’écho du oui est fort. Tous et toutes s’entendent pour dire qu’un second ou plusieurs autres projets ne seront pas nécessairement plus faciles à réaliser, mais les étapes et les rôles des différents acteurs étant connus, ils peuvent être mieux planifiés et vécus plus sereinement. En somme, développer un projet immobilier demeure un défi… emballant ! « Atelier Habitation de Montréal dit que la première expérience est souvent fondatrice des suivantes, et ce, malgré les embûches. Il n’est pas rare de rencontrer un organisme, en phase de réalisation d’un projet, qui réfléchit au suivant. » 22 TABLE DES MATIÈRES ANNEXE 1 SYNTHÈSE DES PHASES DU CHEMINEMENT D’UN PROJET PRÉPARATION Recherche et analyse des sites potentiels Définition des paramètres du projet : taille, type de logement, type d’intervention Étude de viabilité préliminaire par le GRT Premières approches auprès de la Ville et de l’arrondissement Recherche des appuis dans le milieu Dépôt d’une offre d’achat conditionnelle sur le site ou l’immeuble visé Dépôt d’une demande de financement du programme AccèsLogis à la Ville de Montréal Obtention d’une « réservation d’unités » du programme DÉVELOPPEMENT Travail pour rendre le projet conforme au programme (viabilité financière et autres normes) Obtention d’un « engagement conditionnel de subvention » • Recherche de financement complémentaire si nécessaire (soutien communautaire, décontamination, ou éléments du projet non financés par AccèsLogis) • Ajustements architecturaux additionnels • Ajustements à la Charte ou règlements généraux de votre organisme Changement de zonage si nécessaire auprès de l’arrondissement • Processus public d’approbation par le conseil d’arrondissement ou le conseil de ville Obtention d’un « engagement définitif de subvention » Appel d’offres pour le choix de l’entrepreneur RÉALISATION Relogement des locataires présents dans l’immeuble, le cas échéant Démarrage du chantier • Suivi des travaux Sélection des futurs locataires et suivi des ententes avec les locataires actuels Formation de vos membres et employés en vue de l’exploitation de l’immeuble Préparation des procédures d’exploitation (ententes de séjour, règlement d’immeuble, outils de gestion, etc.) VOTRE CHANTIER VA DE L’AVANT EXPLOITATION RÉSULTAT Prise de possession de l’immeuble et entrée des locataires dans leur logement • Inspection détaillée, liste des correctifs à apporter, suivis de l’entrepreneur • Rapport financier du projet ; signature de l’hypothèque • Adhésion à la FOHM pour une période de 5 ans • Mise en place des outils de gestion et d’intervention LE PROJET A LE VENT DANS LES VOILES TABLE DES MATIÈRES VOTRE PROJET PREND FORME VOUS OBTENEZ VOTRE FINANCEMENT 23 ANNEXE 2 RÉFÉRENCES LES GRT MONTRÉALAIS Atelier Habitation Montréal Groupe CDH 514 270-8488 514 849-7800 www.atelierhabitationmontreal.orgwww.groupecdh.com Bâtir son quartier Romel 514 933-2755 514 341-1057 [email protected] www.batirsonquartier.com LECTURES UTILES Site de la SHQ - Programme AccèsLogis ANNEXE 3 ORGANISMES RENCONTRÉS POUR LE DÉVELOPPEMENT DE CE GUIDE Action-Réinsertion – Sac à dos (Jena-Philippe Brisson) 30 avril 2015 – Rencontre d’organismes membres du RAPSIM ayant développé des projets de logements sociaux avec soutien communautaire récemment Atelier Habitation Montréal (Robert Mannigham) Étaient présents : Étaient présents : Accueil Bonneau (David Pennors) Bâtir son quartier (Manon Bouchard) Le Chaînon (Érin Ness) Dans la rue (Isabelle Brisson) Dîners St-Louis (Gabriel Martin) Méta d’Âme (Kenneth Wong) L’Avenue Hébergement communautaire (François Villemure) Dianova (Bruno Ferrari) Méta d’Âme (Guy-Pierre Lévesque) PAS de la rue (Sébastien Payeur) 16 avril 2015 – Rencontre des GRT membres du RAPSIM Étaient présents : Atelier Habitation Montréal (Robert Mannigham) Bâtir son Quartier (Manon Bouchard) Groupe CDH (Marco Monzon) 24 TABLE DES MATIÈRES REMERCIEMENTS Ce guide a été produit dans le cadre d’une collaboration entre la Direction de l’habitation (Ville de Montréal) et le Réseau d’aide aux personnes seules et itinérantes de Montréal