CES DISQUES ONT UNE HISTOIRE... (19)
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CES DISQUES ONT UNE HISTOIRE... (19)
CES DISQUES ONT UNE HISTOIRE... (19) - Elvis Presley : In The Ghetto (SP RCA 49606) Le Presley nouveau est arrivé ! Ce tube conte le parcours, pénible, d’un Afro-américain, de sa naissance à sa mort. Cet énorme succès ramène Elvis au premier plan après une relative éclipse des hit-parades. « In The Ghetto » est un titre considéré comme engagé. Ce que son imprésario, le Colonel Tom Parker, lui a catégoriquement interdit d’enregistrer : Une chanson porteuse de message, c’est comme un engagement politique : tu feras plaisir à une moitié du public mais tu t’attireras les foudres de l’autre moitié. Si Elvis avait refusé de l’interpréter, elle aurait certainement été immédiatement reprise par Dolly Parton. - Christine Sèvres & Jean Ferrat : La Matinée (EP Barclay 71346) Un fort joli duo, niché au cœur d’un disque portant pour titre principal « Au Printemps De Quoi RêvaisTu ? ». Toujours engagé politquement et socialement, Ferrat propose, avec le recul d’un an, une réflexion sur les événements de Mai 68. Mais les programmateurs radio, qui commencent à en avoir marre de se prendre la tête, abandonnent cette mission à Michel Lancelot (Campus), et préfèrent diffuser, extrait du même super 45 tours, « La Matinée », que Jean Ferrat chante en duo avec la femme de sa vie, Christine Sèvres. De son vrai nom Jacqueline Christine Boissonnet (1931-1981), la jeune fille est attirée par le théâtre mais, pour ne pas faire de peine à ses parents qui voient en elle un écrivain, elle prend un pseudonyme tiré du nom de la station de métro la plus proche de son domicile, Sèvres-Babylone. Elle n’aura qu’un seul succès, « La Matinée », enregistré en duo avec son second mari, Jean Ferrat. Il est vrai que la chanteuse-culte de la Rive gauche sort peu de disques : trois chansons en 1961, huit en 1962, douze en 1968 (son premier 33 tours est paru le 10 mai 1968 et personne, évidemment, ne l’achète, les magasins étant fermés), dix en 1970 (dont, de Brigitte Fontaine, « Le Beau Cancer », maladie dont mourra Christine Sèvres à 50 ans). - Léo Ferré : C’Est Extra (EP Barclay 71347) C’est le type même du tube auquel personne ne croyait ! En effet, ce titre est tout à fait à l’opposé de ce que Ferré fait (généralement qualifié de chanson à texte), notamment dans la forme : il remplace piano et accordéon par guitare électrique et orgue. En plus Léo n’est ni jeune ni beau, ce qui pourtant semble nécessaire pour avoir un tube ! Excessivement honorés d’être cités dans les paroles de cette chanson, les Moody Blues décident de le rencontrer pour jouer ensemble. Mais la réunion au sommet est annulée à la dernière minute, et Léo engage, à leur place, le groupe rock français Zoo. - Henri Mancini : Love Theme From Romeo & Juliet (SP RCA 49611) Deux héros dus à la plume de William Shakespeare retrouvent une nouvelle jeunesse dans le film Romeo & Juliet mis en scène par Franco Zefirelli, qui connaît un incroyable succès dans le monde entier. C’est pourtant loin d’en être la première adaptation cinématographique. On en compte 32 de 1900 à 1972. Mais celleci présente la particularité d’être interprétée, 28 Divers ouvrages proposent des discothèques idéales... sans parvenir à l’établir. Ces livres se limitent à une centaine d’albums, rarement des 45 tours, et évitent de mélanger torchons et serviettes. Trop conceptuels, ils omettent de présenter simultanément le « Double Blanc », « Les Copains D’Abord », « L’Ecole Est Finie » ! Pourtant, les trois font partie de la mémoire des années 60. Sans nous restreindre, voici des centaines de disques qui ont marqué leur temps. Et il ne s’agit pas là des sempiternels disques à emporter sur une île déserte. Au contraire, il faut les partager, les écouter entre amis. 1969 pour une fois, par des acteurs dont la jeunesse correspond véritablement à celle des personnages imaginés par le dramaturge britannique. Son romantisme ouvre la voie au film à venir : Love Story. - J.J. Light : He-Ya (SP Liberty C006-90272) Avec le lancinant tube « He-Ya », d’inspiration indienne, J.J. Light décroche un succès qu’il aura du mal à renouveler, tant ce genre ne laisse guère d’ouverture pour une suite, si ce n’est d’en réaliser une copie démarquée, ce qu’il fera avec « Na-ru-ka » à la fin de l’année, sans, comme on s’en doute, rééditer le même exploit. - Zager & Evans : In The Year 2525 (SP RCA 49613) Il existe deux adaptations en français, « L’An 2005 », par Dalida et Richard Anthony, de ce tube américain, le seul du duo Zager & Evans. La V.O. adresse un avertissement sur les risques technologiques encourus par la race humaine, poussant jusqu’à prédire sa fin. Il est intéressant de noter que la chanson est déjà installée à la première place du BillBoard quand, le 20 juillet 1969, le premier homme marche sur la lune. Ecrite en 1964, publiée sur un petit label, c’est une radio du Texas qui la popularise avant que RCA ne s’en empare et n’en fasse, cinq ans plus tard, ce tube vendu à plus de 10 millions d’exemplaires dans le monde. - Jean-François Michaël : Adieu Jolie Candy (EP Vogue EPL 8684) Après plusieurs essais sous son vrai nom, Yves Roze, il prend le pseudonyme de JeanFrançois Michaël et décroche le slow de la fin de l’été grâce à « Adieu Jolie Candy », soit l’été indien de l’automne 1969 ! - Elvis Presley : Suspicious Mind (SP RCA 49623) L’histoire a maintes fois été colportée, mais il est utile de l’authentifier en citant un crédit digne de foi. En l’occurrence Marty Lacker, un fidèle ami du King : Elvis, laisse-moi te dire pourquoi depuis des années on ne te propose plus de bonnes chansons... Des tas d’auteurscompositeurs seraient heureux de t’en présenter mais hélas, à chaque fois, on leur demande d’envoyer leurs maquettes au bureau du Colonel Parker, et ils savent pertinemment que pour que leur chanson soit acceptée ils devront céder un pourcentage de droits au Colonel et à Freddie Bienstock. Or les bons compositeurs n’ont pas besoin de ça pour voir leurs morceaux enregistrés par de grands artistes. C’est pour ça que tous les bons titres sont enregistrés par d’autres que toi. Grâce à cet avis judicieux, Elvis écoute la maquette de « Suspicious Mind » par Mark James, proposée par Chips Moman. L’émancipation de son poulain est mal perçue par son manager qui déclare : Laissons Elvis faire ce qu’il veut, il va se retrouver sur le cul. Mais au contraire, pour l’idole c’est la fin de sa période hollywoodienne. Il enregistre 36 chansons en douze jours, et parmi elles quatre tubes : « In The Ghetto », « Kentucky Rain », « Don’t Cry Daddy » et « Suspicious Mind » que de nombreux DJ hésitent à diffuser en raison de sa fausse fin (mais quand le disque se classe, ils sont bien obligés de plier). En 1973 « Suspicious Mind » devient « Soupçons », en français sur l’album de Johnny Hallyday « Insolitude ». Et, en anglais, elle fait l’objet d’un duo inédit entre Johnny et Sylvie. - Kenny Rogers : Ruby, Don’t Take Your Love To Town (SP Reprise RV 20216) Aux Etats-Unis, la contestation est à son apogée, entre émeutes raciales et contestation de la guerre au Viêt-nam. Cette chanson (N°6 US, N°2 GB) raconte l’histoire d’un vétéran G.I. revenu au pays les jambes paralysées, qui entend claquer la porte de la maison chaque fois que son épouse part draguer en ville. Une première version, country, est réalisée en 1966 par Johnny Darrell. Il en existe deux adaptations françaises : « Ruby Tu Reviens Au Pays » par Eddy Mitchell, et « Ruby, Garde Ton Cœur Ici » par Nana Mouskouri. - Beatles : Something/ Come Together (SP Apple C006-04266)/ Abbey Road (LP Apple C062-04243) Deux tubes, au moins sur le 45 tours, car l’album en offre un troisième, « Here Comes The Sun ». Avec « Come Together », John Lennon a (un peu trop) tiré sur la corde. Il a aussi failli appuyer sur la gâchette : dans la version prévue initialement, il chantait shoot me, shoot me (tirez-moi dessus). Ce que fera l’assassin Mark Chapman en décembre 1980. Mais George Martin, producteur des Beatles, considère que, là, c’en est trop et il gomme le me. Dès lors, on entend uniquement shoot, qui passe pour une onomatopée. Quant à la mélodie, elle est pompée sur celle de « You Can Catch Me » de Chuck Berry. Ce plagiat aura pour conséquence un arrangement à l’amiable mettant John dans l’obligation d’enregistrer, en 1975, le 33 tours « Rock’n’Roll », dans lequel il interprète