IGNASI ABALLÍ To Show

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IGNASI ABALLÍ To Show
REZ-DE-CHAUSSEE PREMIER ETAGE WUNDERKAMMER
IGNASI ABALLÍ
To Show
Demostrar, 2008, impression digitale sur papier marouflé sur
aluminium, 165 x 120 cm
Manipulaciones, 2002
Quatre séries de 17, 20, 23 et 29 images.
Impression digitale sur papier, 31 x 22 cm chaque image.
Revelacions, 2005, vidéoprojection, DVD, 120 min.
Pour sa première exposition personnelle en Belgique, Ignasi Aballí a choisi de montrer deux séries importantes de
photos ainsi qu’une vidéo. La première série, nommée Manipulaciones, est composée de 4 séquences d’une vingtaine de
photos chacune et reproduit des images anonymes issues d’encyclopédies ou de manuels techniques de photographie.
Ces illustrations rassemblées par l’artiste représentent des conseils pratiques censés aider l’apprenti photographe à
exécuter correctement les gestes de base (comment nettoyer un objectif, comment changer une pellicule, etc…).
Aucune valeur esthétique ne réside dans ces clichés puisque leur rôle unique est la description d’une action arrêtée. On
tend vers une photo objective, neutre, dénuée d’affect. Tout le monde doit pouvoir comprendre ces séquences.
Dans sa série Demostrar, Aballí puise dans l’iconographie abondante de notre époque en récoltant (et ce depuis des
années) des coupures de presse issues de grands quotidiens espagnols. Il a découpé des centaines de photos qui
exhibent une personne qui montre quelque chose. Cela va de la mère du martyr qui porte la photo de son fils défunt,
d’un policier qui exhibe une preuve à la presse, de manifestants qui revendiquent une cause et qui en portent le symbole,
d’un sportif qui brandit un trophée,… L’artiste, en privilégiant la série sur l’unicum, fait ressurgir l’universel en recueillant
des centaines de documents passés dans le domaine public. L’œuvre finale, de format 165 x 120 cm, se compose de
plusieurs dizaines de photos scannées et juxtaposées consciencieusement. Ce travail de réappropriation puise dans le
réel pour paradoxalement s’en échapper dans la mesure où ces clichés sont sortis de leur contexte et cette
décontextualisation, souvent, ne permet plus de comprendre la situation originelle. Le sens de la photo est dissimulé sous
une information qui nous est incomplète puisque nous n’avons aucune légende, aucune date, aucun élément sur lesquels
nous appuyer. La photo d’une main nous montrant un médicament ne peut en rien nous indiquer le contexte. Ce
médicament est-il neuf, le lance-t-on sur le marché, a-t-il servi à sauver ou à tuer quelqu’un ? Est-ce un produit dopant
retrouvé dans la valise d’un sportif ? On peut évidemment allonger cette liste de questions.
En nous enlevant la possibilité de donner une explication intelligible, Aballí nous contraint à nous poser des questions et
à redonner du sens à une image orpheline. Il nous propose de considérer comme sujet de la photo le fait même de
montrer et non plus l’objet montré. La monstration devient le sujet même du travail.
Ce qui l’intéresse ici est évidemment de porter une réflexion sur l’acte photographique et sur la notion que toujours
plus d’images tuent le sens de l’image.
On peut considérer qu’avec des artistes tels que Tacita Dean, Peter Friedl, Hans-Peter Feldmann pour n’en citer que
quelques-uns, Ignasi Aballí développe une photographie conceptuelle comme genre à part entière dans l’art
contemporain.

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