Discours Rencontre avec les partenaires

Transcription

Discours Rencontre avec les partenaires
Fort-de-France, le
Martinique Rencontre
avec les
Acteurs et Partenaires
de
santé
santé de la Martinique
des Congrès
Jeudi 29 avril 2010
Palais
XX/XX/XX
de Madiana
Discours de
Monsieur Christian URSULET
Directeur général
Centre d’Affaires « AGORA » - ZAC de l’Etang Z’Abricot – Pointe des Grives - B.P. 656 – 97263 FORT DE FRANCE CEDEX
Standard :05.96.39.42.43 – Fax 05.96.60.60.12
Courriel : [email protected]
INTRODUCTION : La loi HPST du 21 juillet 2009 a mis en place les 26 ARS, entités uniques rassemblant les gens de l’Etat et de l’Assurance maladie, elles ont en charge la mise en œuvre des Politiques Nationales de Santé, l’élaboration et la mise en œuvre de la Politique de Santé dans les régions, des politiques ambitieuses et adaptées aux attentes et aux besoins des populations ! C’est en substance ce que disait notre Ministre, Mme BACHELOT‐NARQUIN, pour présenter les ARS à la Mutualité le 8 avril dernier. Alors, depuis le 1er avril, les ARS sont en place… et le défi est si grand qu’il m’inspire 2 images : d’abord celle de Césaire qui, dans un poème où il est question de l’impossible ! de bâtir avec… Vous vous souvenez ? « Avec des bouts de ficelle Avec des rognures de bois… Avec des restants de draps… » et puis, celle ensuite qui vient d’une de mes passions, la mer, l’image de la traversée… Mais quel défi là encore l’ARS !?… « juste » comme disent les jeunes… 9 juste un radeau que nous n’avons jamais essayé et que nous venons de construire, 9 juste pour aller en face mais nous n’avons jamais traversé, 9 juste sans moteur mais avec une seule voile, probablement trop petite, 9 juste avec la science du Vent inconstant qui ne cesse de tourner, 9 juste avec un équipage, mais qui rêve de mutinerie parce‐que chacun sait ramer mais voudrait ramer lorsqu’il faudrait la voile et la voile lorsqu’il n’y a pas de vent et qu’il faudrait ramer !... Ah ! drôle d’équipage ! …drôle de Radeau ! …drôle de Rame ! …drôle de Vent !!! et malgré cela, je vous dis de venir sur le Radeau, non parce‐que tout est possible, mais juste « parce qu’il faut connaître les limites du possible pour tenter l’impossible dans les meilleures conditions » disait R. GARY. Malgré tout ça en effet, j’ai la prétention de vous dire de monter sur le radeau, PAS PAR EVEUGLEMENT PUERIL ! NI PAR ENTETEMENT IRRESPONSABLE !... juste parce qu’un minimum de lucidité, de clairvoyance, d’intelligence et de responsabilité montre à l’évidence que nous n’avons pas le choix !... Rencontre avec les acteurs et partenaires de santé de Martinique – 29 avril 2010 – Palais des Congrès de Madiana
Discours de Monsieur Christian URSULET, Directeur général
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Ou nous faisons le PARI du STATU‐QUO, nous laissons l’organisation de la Santé telle quelle et nous nous attaquons aux moyens, dans une course sans fin du « toujours plus », sans garantie que ce plus serve bien l’intérêt public, et je vous assure que le statu‐quo nous mènera à des difficultés très importantes (je donnerai quelques chiffres édifiants tout à l’heure !)… Ou nous cherchons, sans davantage d’ambition d’ailleurs, à rattraper un certain retard par rapport au national et nous nous attaquons aux dossiers chauds, visibles, pour éteindre les feux ! Mais nous devrons dans ce cas recommencer périodiquement, car notre vrai défi n’est pas de surfer sur le statu‐
quo dans un éternel recommencement, d’éteindre les incendies, mais avec toujours une, si ce n’est deux à trois longueurs de retard, à la remorque d’un modèle qui a échoué, notre réel défi est de nous attaquer au fond des choses : Pour offrir une réponse satisfaisante à l’ensemble des problèmes de santé des martiniquais et mettre, dans les deux ans, la Martinique sur une courbe ascendante de l’ensemble de ses indicateurs de santé, Pour casser les cloisonnements stériles de compétences (la DSDS, l’ARH, le GRSP, la MRS, l’URCAM et la CRAM, le RSI de la CGSS, la DRSM et le GRSP), et nous attaquer efficacement aux inégalités persistantes d’accès à la santé, Pour ancrer sur chaque territoire au plus près des populations, dans ce qu’elles ont de spécifique, notre nouvelle politique de santé, associant tous les partenaires dans un travail coordonné et prolongé, évalué, Pour rééquilibrer fortement et durablement la place de chaque champ (celui de la Prévention, des Soins et du Médico‐social) et par voie de conséquence le poids des différentes enveloppes de crédits Prévention, Soins hospitaliers, Soins de ville, Personnes âgées, Personnes handicapées, Pour faire de la Sécurité et de la Qualité, à tous les niveaux, une préoccupation essentielle de tous les professionnels de santé Ö Sécurité et Qualité !! - Sécurité et Qualité en réa et au bloc, - Mais aussi aux Urgences, mais aussi Qualité du relationnel de l’infirmière, de l’aide‐soignante ou du brancardier dans son colloque singulier avec le malade, - Qualité de la prise en charge de la personne âgée ou du malade Alzheimer, - Qualité encore dans la prise en charge à domicile ou le suivi des enfants handicapés, polyhandicapés, autistes ou malentendants !!! C’est aussi cela mettre l’Humain, le Patient, au cœur de nos préoccupations ! Cela passe Oui, Oui, Oui ! c’est évident, par des actions de sensibilisation et de formations ciblées et prolongées, donc par des Moyens !!! Mais cela s’appelle d’abord à mon avis « le Respect basique de l’Humain et la mise en œuvre de principes éthiques de haut en bas de l’échelle » : le « libéral » face à la CMU, face aux toxicomanes, Rencontre avec les acteurs et partenaires de santé de Martinique – 29 avril 2010 – Palais des Congrès de Madiana
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les chirurgiens et anesthésistes et les blocs fermés à 14 heures, certains psychiatres et leur temps réel à l’hôpital et dans leur cabinet privé !... certains soignants infirmiers ou aides‐soignants et les chevauchements de planning… les praticiens hospitaliers et les gardes, Bref ! je pourrais multiplier les exemples et le chantier est considérable devant nous : aucun terrain de complaisance ! aucune rente de situation ! aucun intouchable ! Si nous devons Aller de l’Avant et nous devons Aller de l’Avant… Alors, évidemment que le chantier est difficile, la traversée risquée, Mais je suis convaincu, intimement convaincu, que comme dit Senèque, « ce n’est pas parce‐que les choses sont difficiles que nous ne devons pas oser, c’est parce‐que nous n’osons pas qu’elles sont difficiles !... » Sans méconnaître les atouts considérables qui sont les nôtres car il ne faut pas non plus exagérer les difficultés : - un système de Protection sociale qui repose sur la solidarité et la redistribution, - les professionnels de santé de grande qualité, formés dans les meilleures universités du monde, - des Etablissements publics et privés et des plateaux techniques que nous envie toute la caraïbe, - une organisation de la veille et de la sécurité sanitaire et des plans de gestion des risques épidémiques qui servent de modèle dans la caraïbe et l’océan indien (cette semaine le Dr CABIE du CHU est missionné pour aider la Réunion et Mayotte à faire face à une épidémie de Dengue), - une certaine dynamique du travail de Prévention, coordonné entre partenaires associatifs et institutionnels dans le cadre du GRSP, - et au bout, une espérance de vie à la naissance égale à celle de la métropole pour les femmes et légèrement supérieure pour les hommes. Sans méconnaître tous ces acquis, nous devons être lucides sur tout ce qui ne va pas et qui rend aujourd’hui assez inopérante notre organisation de la santé : 1. Il y a une inégalité de l’accès aux soins qui ne doit plus durer : les indicateurs en matière de Mortalité infantile et périnatale, d’obésité, de maladies cardio‐vasculaires, de prévention du cancer, d’IVG et d’accouchement prématuré, de risque de handicap sont très défavorables dans certaines couches de la population défavorisées culturellement, précaires matériellement et probablement relativement isolées socialement.. Toute la science de notre nouvelle politique d’Education, de Prévention, de Promotion de la santé sera d’aller, de trouver les voies et moyens d’aller à la rencontre de ces populations… 2. Un retard d’équipement important : Rencontre avec les acteurs et partenaires de santé de Martinique – 29 avril 2010 – Palais des Congrès de Madiana
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Plus de 200 lits de SSR nécessaires, -
Les soins ambulatoires publics très en retard, -
L’hospitalisation de jour et l’hospitalisation à domicile, -
Les moyens médico‐sociaux à la hauteur des enjeux, notamment la Santé Mentale, l’autisme, les troubles du comportement, tous handicaps, -
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Les moyens pour l’accueil des personnes âgées à hauteur des enjeux pour la Martinique où notre population vieillit plus vite que dans les autres DOM : les plus de 65 ans x 3 entre 67 et 1999 et seront 145.000 en 2030 (c’est demain !) et aujourd’hui la maladie d’Alzheimer touche entre 5000 et 6000 personnes pour 48 places réellement installées. Insuffisance démographique de professionnels de santé : - 5 communes sans médecins (Grand‐Rivière, Macouba, Ajoupa‐Bouillon, Fonds‐Saint‐Denis, Prêcheur) - 2 communes avec 1 médecin : Lorrain, Morne‐vert - et nombre de praticiens libéraux non loin de l’âge de la retraite !... Des pathologies spécifiques à forte prévalence qui nécessitent des plans d’action ciblés et des moyens de recherche : -
Maladies cardio‐vasculaires ++ 1 DC/4 Diabète : entre 20 et 30.000 personnes soit 7,5 % contre 2 % en métropole AVC : + 40 % par rapport à la moyenne nationale (1ère cause de mortalité et de handicap chez les plus de 45 ans) Obésité : femmes (plus de 77 % sont hypertendues et plus de 66,5 % des hommes ; 1/3 des adultes sont en surpoids et 1/5 obèses ; 16 % d’enfants en surpoids et 8 % obèses) Mortalité infantile : 8,8 ‰ et périnatale : 22,7 ‰, taux supérieur à la Guadeloupe et à la Réunion Asthme aux traitements spécifiques (n’est‐ce‐pas, Mme LAFOSSE‐MARIN ?) Insuffisance rénale chronique Drépanocytose (1 nouveau‐né sur 200) La toxicomanie au crack et les co‐morbidités, Le poids de la dépression sévère et la progression des psychoses débutantes et des tentatives de suicide. Rencontre avec les acteurs et partenaires de santé de Martinique – 29 avril 2010 – Palais des Congrès de Madiana
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Absence de travail en réseau intégrant aux soins les dimensions de l’amont et de l’aval, de la Prévention et du Médico‐social, au‐delà de la dimension Réseau Ville‐Hôpital !... Coûteux et peu efficients : Seuls soins (hors médico‐social) = 856 ME en 2009 9 le seul CHU : déficit corrigé de 36 ME en 2009 9 Compte d’exploitation de – 29,5 ME, soit – 80.908/jour 9 Où la « sur DMS » ou « DMS contrainte » coûte > 15 ME sur 8 hôpitaux en 2009. Déséquilibré : 7.1. Sur recours à l’hôpital : ‐ Urgences entre 40 à 70 % des hospitalisations Martinique ‐Hôpital 54 % ‐ Ville 46 % Métropole 48,6 % 51,3 % 7.2. Sous‐développement de la dimension Prévention : 2009 = 5,8 ME = 0,7 % 8. Dépendant : L’insuffisance de cotisations, pour couvrir nos dépenses de soins aujourd’hui est de 624,57 ME, soit l’équivalent de 3929 maisons de 159.000 € chacune. Je sais, c’est dur d’aligner ces chiffres et de les regarder en face, surtout qu’à cette dépendance structurelle où notre système tient grâce aux transferts sociaux, au rôle de substitution des hôpitaux publics et au rôle polyvalent des infirmiers libéraux sur le terrain auprès de la population, notamment des personnes âgées… A cette dépendance structurelle, il faut ajouter le ralentissement de la croissance relative de la Martinique qui a décroché de la Guadeloupe et de la Réunion, alourdissant le poids relatif des dépenses de santé et le degré de dépendance aux transferts sociaux ! C’est donc dans ce contexte, je dirai, mais à cause de ce contexte où chacun sait la dimension du déficit de l’Etat, le poids du déficit de l’Assurance maladie (23,6 milliards d’euros) autour de 30,6 milliards d’euros environ fin 2010, soit + 27 % du montant des dépenses de santé hôpitaux et soins de ville, C’est donc à cause de ce contexte que nous ne pouvons plus agir comme avant : nous tous !!! ¾ Nous laissons filer ! ¾ Nous veillons à être bien vus de bas en haut de l’échelle et sacrifions ce qui devrait au contraire nous interpeller, ¾ Nous faisons en sorte de profiter chacun du système et surtout de ne rien lâcher sur nos intérêts personnels, parfois injustifiés, même s’ils plombent l’institution, Rencontre avec les acteurs et partenaires de santé de Martinique – 29 avril 2010 – Palais des Congrès de Madiana
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Et, de fil en aiguille, nous nous perdons en oubliant que c’est l’Humain, le Patient, l’Enfant, la Personne âgée, la Personne handicapée, toutes ces personnes qui, elles seules, en tout cas elles d’abord, doivent être au centre de toutes nos décisions !... Et elles seront au centre de toutes les décisions de l’ARS de Martinique qui veillera toujours à ce que 3 conditions soient réunies pour décider : 1) Est‐ce‐que c’est bien l’intérêt de la population de l’unique territoire de santé de la Martinique (il n’y a pas 3, 4 ou 6 territoires), même si nous irons dans des territoires de proximité pour le travail de Prévention ou de Permanence des Soins par exemple, 2) Est‐ce que nous garantissons la Qualité et la Sécurité des actes, des installations, de l’activité pour la population ? 3) Est‐ce que nous utilisons au mieux chaque Euro que nous dépensons, est‐ce que nous sommes dans l’efficience ? Vous aurez compris que notre volonté à l’Equipe de l’ARS de Martinique est de nous attaquer à faire bouger en profondeur l’organisation de la Santé pour que nous soyons capables de répondre aux enjeux d’aujourd’hui et aux défis de demain, car, comme en matière d’Education, de transport, d’urbanisme et d’aménagement du territoire, c’est 10 ans, 20 ans avant qu’il faut savoir prendre les bonnes décisions… Alors, voilà ce que nous ferons, Voilà notre feuille de route, en résumé : NOUS ENVISAGEONS DE REBATIR LA MAISON SANTE AUTOUR DE 5 IDEES FORCES : I. Réorganiser l’Offre de soins II. Développer l’AVAL, l’AMONT, car le problème de l’hôpital, c’est d’abord ce qu’il doit y avoir APRES et ce qu’il doit y avoir AVANT !... III. Rééquilibrer de façon importante et durable le poids de la prévention, de la promotion de la Santé, en amont des soins et modifier donc en profondeur l’implication de la collectivité martiniquaise dans le développement de comportements éduqués pour la Santé de chacun et respectueuse de l’environnement Vous pensez ! la Prévention : 5,8 ME contre 955 ME pour les soins ! 0,374 ME pour la Prévention du cancer, 0,328 ME pour les programmes Nutrition et prévention contre l’obésité et les maladies cardio‐
vasculaires !!... Notre projet est SIMPLE et CONCRET : coordonner sur chaque arrondissement, avec une équipe de 3 à 5 permanents, un travail de terrain, associant tous les acteurs (associations, CCAS, PMI, libéraux, Education Nationale, hôpital, médico‐social, ARS) sur des thématiques ciblées, avec des moyens renforcés, pendant 5 ans ; ainsi de suite ! C’est un chantier dont le chef de projet est Dominique SAVON. Rencontre avec les acteurs et partenaires de santé de Martinique – 29 avril 2010 – Palais des Congrès de Madiana
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IV. Demander, apprendre ou imposer aux acteurs récalcitrants à travailler ensemble en réseaux : que dire du soignant peu soucieux de prévenir le mal ? que dire du libéral qui ignore l’hôpital ou des structures d’aval complètement déconnectées de l’hospitalisation active ?... V. Ouvrir la Martinique sur l’espace caribéen pour mieux faire face à nos défis communs en matière de santé et de gestion des catastrophes naturelles, de veille et sécurité sanitaire. Il s’agit en réalité de 7 chantiers structurants pour la Santé Publique à la Martinique : 1. la prévention ++ 2. le travail en réseaux 3. la démographie médicale et paramédicale 4. la permanence des soins 5. le défi du vieillissement 6. la réorganisation hospitalière 7. la coopération avec la caraïbe ƒ
La coopération avec la Caraïbe se développera dans 4 domaines prioritaires : 1.
la lutte contre les maladies infectieuses 2.
la Prévention 3.
la coopération hospitalière 4.
la gestion des catastrophes naturelles. ƒ
Mais bien sûr certains axes de Recherche et le Projet d’Institut Interrégional de Formation aux métiers de la Santé figurant dans le CIOM devrait avoir une dimension caribéenne nécessaire ! ƒ
Je voudrais insister maintenant sur le lourd chantier de la réorganisation hospitalière : Nous pouvons laisser filer comme on dit !... et gérer crise après crise ; je vous garantis que assez vite nous aurons à gérer des PLANS sociaux entiers parce‐que l’organisation en place est obsolète et que les établissements (entre autre) n’ont pas suffisamment anticipé la tarification à l’activité (la T2A) comme ils ne l’avaient pas fait pour la Dotation globale en 1983‐84, occasionnant des millions de francs à l’époque de créances irrécouvrables, tirant par le bas durablement les trésoreries, car trop lourdes à l’actif de leurs bilans ! La vérité c’est que la T2A est pleine de vérité ! que nos structures hospitalières n’ont aucune chance de survie séparément, voire en se faisant la guerre, La vérité, c’est que chaque jour certaines activités, dans le cadre actuel, plombent littéralement les établissements qui ont trop peu d’actes pour des moyens surdimensionnés ; c’est le cas de la maternité du Lamentin à 7 kms de la MFME du CHU qui créé un déficit de 14.000 € par jour, soit plus de 5 millions d’euros par an pour 800 accouchements alors qu’il en faudrait 2000 pour garantir la sécurité des patientes et l’équilibre… Mais c’est aussi le cas du Pôle Urgences/Réanimation/Anesthésie de la Meynard : ‐ 10,12 ME par an (‐ 28.000/jour)… C’est aussi le cas du CH de Trinité aujourd’hui avec des pertes globales estimées à 800.000 €/mois, soit 27.000 €/jour, dont une perte de 1600 euros pour chaque patient accueilli dans le service de chirurgie avec un déficit de 1,6 ME en valeur annuelle. Rencontre avec les acteurs et partenaires de santé de Martinique – 29 avril 2010 – Palais des Congrès de Madiana
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Je sais, ça fait mal de regarder ces chiffres en face, mais c’est la réalité ! Combien d’emplois qualifiés de soignants, d’équipements performants avec ces moyens perdus, si notre dispositif hospitalier était au moins équilibré ??? Mais il y a plus grave : Plus grave, les coûts corrigés de fonctionnement des principaux établissements (correction faite des 40 % et des autres surcoûts de fonctionnement), j’insiste là‐dessus, dépassent en moyenne de 17 % les coûts de références pour les mêmes activités, bref ! pourtant c’est vrai, il n’y a pas assez de médecins, d’infirmiers, d’aides‐
soignants auprès des malades, mais dans le même temps nous avons autant, voire plus de personnels toutes catégories confondues qu’ailleurs !... Le seul CHU a d’ailleurs créé, en pleine situation de déficit, plus de 200 postes en 2 ans ; comment expliquer cela ?... Cela nous imposera donc des choix dans l’avenir, non de suppression d’emplois mais : 1. de restructuration de l’emploi au fur et à mesure au profit des postes de soignants ! 2. de modernisation des équipements et des organisations pour être plus efficaces ! 3. de mise en place de procédures et de coopérations pour stopper, dans les 2 ans, la pente glissante actuelle où 7 établissements de la Martinique créent ensemble chaque jour un déficit d’exploitation, au sens comptable du terme de 140.000 euros, chaque jour et + de 50 ME par an !... Que faire ? I. Créer dans les 3 ans le grand CHU dont la Martinique a besoin ! Un établissement qui fusionnera La Meynard, le Lamentin et Trinité ! a) Cela permettra de répondre aux besoins de la population en intégrant les filières de soins et les équipes soignantes en évitant par exemple que les 9 urgentistes de Trinité soient sous‐
utilisés au moment où le service des Urgences du Lamentin arrête faute d’urgentiste par exemple ! b) Cela permettra à ce CHU d’être attractif et d’avoir des postes de PUPH et PH dont manque la Martinique parce que ce CHU sera attractif et qu’ils auront une autre perspective de carrière ! c) Cela permettra par voie de conséquence d’avoir les enseignants et les encadrants pour installer ici l’ensemble des années de médecine à la faculté et d’agir ainsi sur la formation complète de jeunes médecins antillo‐guyanais et avoir demain les effectifs qui nous manquent. Dans l’intervalle, il nous faudra contractualiser là aussi, avec la Région, pour favoriser l’installation des jeunes médecins, mettre en œuvre les outils d’intéressement de la loi HPST et faire évoluer la réglementation concernant les médecins étrangers ; c’est, je rappelle, le 3ème chantier structurant de l’ARS… d) Cela permettra aussi à ce CHU de décentraliser par convention les consultations spécialisées dans les hôpitaux de proximité afin d’éviter que la population attende des semaines, voire des mois un spécialiste et ne se concentre à l’excès sur la Meynard ! Rencontre avec les acteurs et partenaires de santé de Martinique – 29 avril 2010 – Palais des Congrès de Madiana
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e) Cela permettra enfin de gérer dans le temps l’évolution et la reconversion des effectifs des 3 établissements actuels pour que les ressources soient mises en priorité auprès de malades et là où on en a besoin (802 agents pour 180 lits installés à Trinité et pourtant pas assez de soignants auprès du Malade ! Vous imaginez ? II.
Donner une vraie place aux hôpitaux de proximité en élargissant leur implication dans les actions de santé : 1.
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Il y aura une activité de médecine de proximité au plus près du domicile des patients lorsque ceux‐ci ne nécessitent pas de moyens médico‐techniques lourds ! Ils contribueront à installer, dans le cadre du SROS SSR, des lits d’aval nécessaires (203 sur la Martinique) ! Il pourront développer les activités nécessaires participant à la prise en charge des personnes âgées (EHPAD, hôpital de jour, SSIAD, équipes mobiles partagées dans le cadre de la coopération et de la filière gériatrique) ! Les hôpitaux de proximité pourront répondre, de façon concertée, sur chacun des 4 arrondissements de la Martinique, aux besoins de l’accès aux soins et contribuer à l’installation, soit d’une MMG, d’une Maison pluridisciplinaire de santé ou d’un centre de santé ! La population aura accès aux urgences médicales dans chaque sous‐territoire de santé et l’on mettra fin à la confusion paralysante pour le système entre Urgences médicales et Urgences hospitalières ! Ils seront appelés à multiplier les consultations spécialisées dont j’ai parlé tout à l’heure ! Et enfin, ils prendront une part active au travail renforcé de la Prévention et à la réponse aux situations de crise épidémique, en lien avec les professionnels de santé, les CCAS et les communes, les centres de PMI du département, l’Education Nationale et les associations de quartiers ! Les hôpitaux de proximité devront en quelque sorte s’ouvrir davantage sur l’extérieur, Etre un axe de territorialisation des nouvelles actions de Santé Publique en même temps que le pivot de la PDS ! Elie BOURGEOIS, assisté de Jacques VESTRIS et de Guy DALIN, est chef de ce projet pour l’ARS. La réorganisation hospitalière, c’est aussi la mise sur la table, dès maintenant, du dossier des urgences de la Martinique sur lequel j’ai donné MANDAT au Conseiller Médical de l’ARS, Dr Christian LASSALLE, pour ouvrir une concertation associant Fort‐de‐France, Lamentin, Trinité mais aussi Carbet, Saint‐Pierre et Marin, Lorrain, le SAMU, le SDIS, lorsqu’utile la Protection civile, la gendarmerie, les ambulanciers, pour qu’une feuille de route soit tracée dans les 3 mois et pour que les décisions soient mises en œuvre avant la fin de l’année pour ce qui sera possible. Rencontre avec les acteurs et partenaires de santé de Martinique – 29 avril 2010 – Palais des Congrès de Madiana
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La réorganisation hospitalière c’est aussi le chantier de la Santé Mentale et des Addictions où, pour la première fois figurez‐vous, les psychiatres qui travaillent au deux extrémités de la planète (au CHU et à Colson), vont se réunir avec l’ARS, comme avant‐hier soir au CHU, pour écrire ensemble une feuille de route destinée à donner forme, dans les 3 ans, à une Psychiatrie rénovée à la Martinique : -
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où les affections psychiques chroniques non aigues, stabilisées, devraient être partout (MAS, FAM, CHRS, Accueil familial, appartements thérapeutiques… au plus près de la population, encore hélàs récalcitrante, comme s’il ne s’agissait pas de nous‐même !) PARTOUT SAUF A L’HOPITAL PSYCHIATRIQUE !!! où le cœur du dispositif de soins reposera sur un triptyque Centres Médico‐Psychologiques rénovés sur les secteurs, unités d’accueil et d’orientation (UAO), en lien avec le 15 et le service des Urgences du CHU et l’hospitalisation active (infanto‐juvénile, ados, adultes), répartie entre Mangot‐Vulcin et bientôt le CHU avec un Pôle d’enseignement et de recherche universitaire martiniquais renforcé et de haute valeur ! Jeanne‐Marie GERCE, en lien avec Claude SYLVIUS, Elie BOURGEOIS et le Dr Dominique MEFFRE, est chef de ce projet pour l’ARS ! Voilà, je vous ai longuement parlé de nos 7 chantiers prioritaires et de quelques autres ! J’imagine tout de suite les sceptiques, un sourire narquois aux lèvres profilant 3 questions : 1.
Epi ki lagen missié kaï fè tout bagail ta là ? 2.
ki manniè yo kaï fè pou fè tou ça avant 10 ans ? 3.
Epi ki moun ça kaï fèt Martinique ? Je vais répondre aux 3 questions ! même si vous ne les aviez pas posées d’ailleurs : I. Epi ki lagen ? a) Les moyens mis à disposition de la Région Martinique par l’Etat : - « Objectifs régionaux de dépenses » (soins, médico‐social, prévention, réseaux…) - Plan Hôpital 2012 : plateau technique du CHU + Trinité - Plan Santé Outre‐Mer : 9 Coefficient géographique 9 Créances irrécouvrables 9 MIGAC spécifiques - les autres plans nationaux : Cancer, Alzheimer etc… b) Les fonds européens mal et sous‐utilisés en Martinique (moins que dans les autres DOM !) c) Les fonds de la Région additionnés à ceux de l’ARS, le nouveau Président m’ayant déjà assuré la semaine dernière de son engagement auprès de l’ARS pour accompagner des projets prioritaires d’investissement : 9 le Plan Métiers couplé au Plan Personnes âgées et Personnes handicapées de 1750 places en 5 ans, 9 le projet de l’Institut Interrégional de Formation aux métiers de la Santé, acté dans le CIOM (Conseil Interministériel de l’Outre‐Mer), Rencontre avec les acteurs et partenaires de santé de Martinique – 29 avril 2010 – Palais des Congrès de Madiana
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et aussi d’autres projets plus particuliers de recherche et coopération dans la Caraïbe. d) Mais surtout les moyens les plus importants, nous les gagnerons par nous‐mêmes, prouvant ainsi notre sens des responsabilités et notre volonté d’efficience pour ceux qui viennent après nous, rompant ainsi avec ce que Césaire qualifiait « d’Assistanat arrogant » !... Filières de soins rapprochant et intégrant progressivement les équipes, Fusion et coopération arrêtant la spirale mortifère des déficits dans les 2 ans ! Un consultant a calculé que cela seul apporterait un gain de 15 ME, « Fluidification » de l’activité MCO par le développement des structures d’AVAL et des alternatives à l’hospitalisation : les assistantes sociales ont calculé que les séjours prolongés à l’hôpital inutilement coûtaient en un an plus de 15 ME, Mise en place par étape, dans les deux ans, d’un système intégré d’informatisation du dossier médical partagé des patients (nous sommes région pilote pour toute la France) ; cela doit conduire à des dizaines de millions d’euros d’économie. -
Marie‐Claude CAPITAINE est chef de projet pour l’ARS. Et enfin la responsabilisation de tous ! davantage que des mesures contraignantes, j’appelle toutes les directions dans les établissements sanitaires, comme dans le médico‐social, à ouvrir au plus tôt des chantiers de la performance, associant toutes les parties sans exclusive et où tout sera passé au crible et toutes les idées examinées pour arrêter les doublons, les gaspillages, les abus, les rentes de situations, les gardes fictives, les transports sanitaires injustifiés etc…, profitant chaque fois à quelqu’un, mais pas au Malade, ni à la Personne âgée, ni à la Personne handicapée !… Ce qui doit nous importer, c’est, dans un premier temps, de freiner la chute : nous nous donnons 2 ans pour cela ! et dans un deuxième temps, nous nous occuperons de remonter la pente ! II. Ki manniè ? Et bien, Tous au boulot !!! C’est l’affaire de tous ! La Commission Régionale de Concertation (CRC) sur la réorganisation hospitalière, mise en place à l’initiative de Joseph BALTIDE et de l’ex‐Directeur de l’ARH, est relancée avec la participation de toutes les parties et des objectifs plus ambitieux tenant compte de la loi HPST et du nouveau contexte : ARS, directions, soignants, représentants du personnel et consultants dans les groupes de travail. Nous avons une feuille de route générale (je viens d’en tracer les grandes lignes !) Chaque fois que nous arriverons à un point de consensus, nous le mettrons en œuvre sans attendre la fin parfaite de chaque projet… Rencontre avec les acteurs et partenaires de santé de Martinique – 29 avril 2010 – Palais des Congrès de Madiana
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Je fais appel aux personnes ressources et volontaires pour mener ce travail à nos côtés et enrichir notre réflexion… DE FACON PLUS GENERALE : Nous rencontrerons les syndicats tous les trimestres pour examiner tous les dossiers importants de la Santé… Nous tiendrons autant de rencontres avec les directions et les présidents de CME, vice‐présidents des prochains Conseils Exécutifs ! J’ai de plus proposé aux Présidents des Conseils Général et Régional de présenter aux élus de la Martinique chaque année un bilan de la Santé en Martinique, pour recueillir par la même leurs suggestions et propositions, quand bien même la loi HPST prévoit leur participation aux diverses instances : Conseil de surveillance de l’ARS, CRSA, Commission de Coordination et Conférence de Territoire… III. Epi ki moun ? Epi zot tout !!! Ce projet ambitieux est à la hauteur des besoins de la Martinique ! Alors c’est vrai que nous ne pouvons pas le porter seuls. Nous avons essayé de convaincre et de rencontrer pas moins de 35 institutions et partenaires !... Nous sommes les seuls sans doute des 26 DGARS à avoir fait ce parcours du combattant, mais combien enrichissant ?!... peut‐être il nous faudra être un surhomme, un « surhomme collectif », pourquoi pas ? En Afrique, on dit que « pour qu’un enfant grandisse, il faut tout un village » ! CONCLUSION : Je reviens en conclusion à mon équipage : si nous avançons en ce sens, il pensera peut‐être moins à la mutinerie qu’au travail collectif pour sécuriser la traversée ! Chacun veillera à ramer dans le même sens ! Et nous arriverons de l’autre côté, même si c’est long et difficile, avec parfois le mal de mer, mais sans laisser personne en rade !... J’ai une confiance en vous tous, en nous tous ! nous avons une détermination absolue ! mieux, une claire conviction que cette route est la bonne, même si nous ignorons le nombre de virages, de chaos, Mais peu importe ! mon Professeur Edouard GLISSANT dit que « seule la route connaît le chemin ! » Alors avançons !!! -
Rencontre avec les acteurs et partenaires de santé de Martinique – 29 avril 2010 – Palais des Congrès de Madiana
Discours de Monsieur Christian URSULET, Directeur général
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Vous vous souvenez ? Je voudrais partager avec vous pour finir, ces mots qui me portent de « parole due » de Césaire, récitée par Daniel MAXIMIN au stade de Dillon : « De tout ce que de montagne Il s’est bâti en toi Construit chaque pas Déconcertant la pierraille sommeilleuse Ne dépare pas ce pur visage de l’avenir Bâtisseur d’un insolite demain Que ton fil ne se noue Que ta voix ne s’éraille Que ne se confinent tes voies Avance ! Avance ! Avance ! » Rencontre avec les acteurs et partenaires de santé de Martinique – 29 avril 2010 – Palais des Congrès de Madiana
Discours de Monsieur Christian URSULET, Directeur général
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