Processus d`intensification et de comblement explosifs du cyclone
Transcription
Processus d`intensification et de comblement explosifs du cyclone
Sujet de stage M2 OASC Titre du stage : Processus d’intensification et de comblement explosifs du cyclone tropical Hellen Nom et statut du (des) responsable (s) de stage : Marie-Dominique LEROUX (Ingénieur des Travaux de la Météorologie Météo-France, chercheur), David Barbary (ITM, Météo-France, Ingénieur de recherche), et Sébastien Langlade (ITM, Météo-France, prévisionniste). Coordonnées (téléphone et email) du (des) responsable (s) de stage : [email protected] (02 62 92 11 85) [email protected] (02 62 92 11 84) [email protected] (02 62 92 11 80) Lieu du stage : Météo-France/DIRRE/CRC (Cellule Recherche Cyclones) intégré au Laboratoire de l'Atmosphère et des Cyclones (LACy, UMR 8105, CNRS/Météo-France/Université de La Réunion). Sujet du stage : La prévision d’intensité des cyclones tropicaux est un enjeu opérationnel majeur qui connaît encore de graves déficiences. Cette étude vise à mieux comprendre les mécanismes d’intensification et de comblement sur un cas d’étude particulièrement intense qui a défié les prévisions des modèles numériques mais aussi les records d’observation sur le bassin sud-ouest de l’Océan Indien. Il est d’autant plus important de comprendre les processus en jeu dans ces cas extrêmes puisqu’il est de plus en plus vraisemblable qu’ils deviennent la norme à l’horizon de quelques décades. L’enjeu est à la fois humain, sociétal et économique comme le démontrent régulièrement les cyclones qui s’intensifient rapidement à l’approche d’une côte habitée (exemple de Katrina qui toucha la Louisiane en 2005). Être capable de prédire correctement l’évolution de l’intensité d’un cyclone c’est permettre de mettre à l’abri une population à risque avec le plus grand délai de prévoyance possible. Ces recherches ont pour objectif de soutenir la fonction de Centre Météorologique Régional Spécialisé (CMRS) responsable du suivi cyclonique du sud-ouest de l'océan Indien qui incombe à la Direction Interrégionale de Météo-France à La Réunion (DIROI). Jusqu’ici les recherches sur les changements d’intensité se sont focalisées sur le rôle des deux agents principaux que sont : 1) Les facteurs environnementaux nommés « forçages externes ». Ils comprennent : a) Les flux de chaleur océanique (Shay et al. 2014) b) Les forçages atmosphériques de grande échelle (Leroux et al. 2014) qui incluent le cisaillement vertical de vent, l’air sec de moyenne troposphère, et les interactions avec d’autres systèmes météorologiques comme les thalwegs d’altitude originaire des moyennes latitudes qui peuvent déferler dans les tropiques et moduler l’intensité du cyclone. 2) Les processus internes se déroulant au cœur du vortex à petite échelle, qui sont susceptibles de modifier la structure et donc l’intensité du système (Stern et al. 2014). Si certains processus ont été identifiés, beaucoup de questions restent en suspens quant aux mécanismes physiques précis responsables de l’intensification rapide d’un cyclone. Les rapports cités ci-dessus du 8ème atelier de l’OMM sur les cyclones tropicaux (International Workshop on Tropical Cyclones, IWTC8) font le point sur les dernières avancées dans ces domaines. Il a été mis en évidence que processus internes et asymétries jouent un rôle dans les changements d’intensité observés, bien que les relations qui existent entre ces processus et les changements d’intensité demeurent encore incertaines. Les recherches se poursuivent pour tenter de comprendre leur impact global sur l’intensification cyclonique puisque l’on pourra dans un futur proche prévoir les instances individuelles de ces mécanismes internes, grâce à l’augmentation de résolution des modèles opérationnels. Le cyclone tropical Hellen, formé le 27 mars 2014 au voisinage de la côte Nord du Mozambique, a eu une rapidité d’évolution inédite, malgré des conditions de cyclogenèse non optimales. Enchaînant les différents stades de dépression à cyclone à un rythme effréné, Hellen culmine au stade de cyclone tropical très intense en fin de journée du dimanche 30 mars avec un vent maximal moyen sur 10 min évalué à 125 nœuds (soit des rafales maximales sur mer dépassant les 320 km/h). Les estimations d’intensité suggèrent un renforcement des vents maximaux explosif de 70 nœuds en 24h, répondant à un creusement du minimum de pression centrale de 70 hPa en 24h... En fin de journée du 31 mars, Hellen revient aussi brutalement qu’il s’était creusé au stade de dépression, en arrivant sur Madagascar. Sans conteste un des phénomènes les plus intenses qu’ait connu le Nord du Canal de Mozambique depuis le début de l’ère satellitaire (1967), Hellen figure aussi parmi les systèmes ayant connu les taux d’intensification et d’affaiblissement les plus extrêmes observés ces dernières décennies, tous bassins cycloniques confondus. L’équipe Cyclones du LACy a développé sa propre configuration recherche du modèle Arome de Météo-France pour l’océan Indien, à 2.5 km de résolution et avec assimilation de données 3DVar et couplage océanique 1D. Des simulations à haute résolution du cyclone Hellen avec Arome-Ocean Indien et/ou Méso-NH, en mode couplé à l’océan, seront réalisées dans le cadre de ce stage pour tenter de comprendre les processus mis en jeu dans l’évolution débridée du cyclone. Ni le contenu énergétique de l’océan associé à la vitesse de déplacement du système, ni l’amplitude du cisaillement vertical de vent, ne paraissent a priori suffisant pour expliquer ces taux d’intensification et d’affaiblissement hors normes et éloignés de la limite maximale sur l’échelle d’intensité de Dvorak, surtout pour un affaiblissement non lié à un atterrissage sur un continent ou sur une île ! Outre l’analyse des paramètres environnementaux, nous diagnostiquerons les changements de structure d’Hellen (ondes de Rossby de vortex notamment), généralement corrélés aux changements brusques d’intensité cyclonique. Par des tests de sensibilité aux paramètres du modèle, au couplage océanique ou encore à la structure initiale du vortex cyclonique, nous mettrons aussi en évidence le rôle des conditions initiales pour la prévision cyclonique. Un poste de travail informatique sera fourni sous Linux. L'étudiant aura accès au serveur LACY974x de l'équipe avec tous les logiciels et moyens de calculs afférents. Le stagiaire devra utiliser un ou plusieurs logiciels informatiques (NCL, Python, awk) et une bonne connaissance de la programmation est ainsi requise. References : Leroux, M.-D., and coauthors, 2014. Intensity change: external influences. Rapporteur Report, Topic 2.5, Eight WMO International Workshop on Tropical Cyclones (IWTC-VIII), 2-10 December 2014, Jeju, Republic of Korea, Publication no. WMO/TD-No. 2.5.0–2.5.8, Disponible sur http://www.iwtc8.org/documents/Topic2.5_IntensityChange_ExternalInfluences.pdf Shay, L.K., M. Ali, S. Chen, I. Ginis, G. Halliwell, H-S Kim, M.-D. Leroux, I-I Lin and A. Wada, 2014. Oceanic influences and the air-sea interface. Rapporteur Report, Topic 4.4, Eight WMO International Workshop on Tropical Cyclones (IWTC-VIII), 2-10 December 2014, Jeju, Republic of Korea, Publication no. WMO/TD-No. 2.5.0–2.5.8, Disponible sur http://www.wmo.int/pages/prog/arep/wwrp/new/documents/topic4.4_AirSeaInterfaceandOceanicInfluences.pdf Stern, D., Dunion, J., and coauthors, 2014. Intensity change: internal influences. Rapporteur Report, Topic 2.6, Eight WMO International Workshop on Tropical Cyclones (IWTC-VIII), 2-10 December 2014, Jeju, Republic of Korea, Publication no. WMO/TD-No. 2.5.0–2.5.8, Disponible sur http://www.wmo.int/pages/prog/arep/wwrp/new/documents/Topic2.6_IntensityChange_InternalInfluences.pdf