1. « Le catalogue de l`historien de l`art : iconographie

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1. « Le catalogue de l`historien de l`art : iconographie
GIULIA PUMA
BIBLIOGRAPHIE
THÈSE
La thèse de doctorat (2012) intitulée « La Nativité italienne : une histoire d’adoration (1250 –
1450) » présente une étude sérielle de cette scène emblématique de l’Incarnation qu’est la Nativité du
Christ, dans les retables et les fresques peints en Italie centrale (Ombrie, Toscane, Latium, Abruzzes,
Émilie-Romagne, Marches). L’iconographie de la scène y est étudiée dans son évolution
diachronique, à partir de l’observation des figures qui la composent (Marie, Jésus, Joseph, l’âne et le
bœuf, les bergers, les sages-femmes, etc), prises isolément mais aussi dans leurs interactions. La
dynamique d’ensemble est l’augmentation progressive du nombre de figures en adoration dans la
scène, qui détermine son passage de simple image narrative à celui d’image complexe intégrant une
dimension dévotionnelle. La thèse s’efforce de montrer que la présence même de personnages en
adoration dans l’image peinte fonctionne en réalité comme un indicateur des pratiques dévotionnelles
réalisées devant et à l’aide de cette même image dans l’Italie contemporaine des peintres.
Le fichier d’images de la thèse est consultable en ligne, à l’adresse du carnet de recherches
http://nativita.hypotheses.org/.
La publication de la thèse est en cours de préparation.
ARTICLES
1. « Le catalogue de l’historien de l’art : iconographie sérielle et enjeux de la mise en ligne »,
Rencontres de l’École du Louvre, à paraître.
Le format du catalogue semble l’outil le plus pertinent pour mener à bien une analyse d’iconographie
sérielle, c’est-à-dire, dans le cas présenté ici, de l’évolution de la Nativité du Christ, une des scènes
majeures de l’iconographie chrétienne, sur la longue durée (200 ans). À quels problèmes se confronte
l’historien de l’art lorsqu’il doit constituer un catalogue rassemblant plusieurs centaines d’images ? La
phase initiale de recensement soulève le problème de l’accès aux catalogues dans leur version
imprimée et dans leur version électronique. Les œuvres reproduites en ligne ainsi que les
informations techniques et scientifiques qui les accompagnent sont un outil de travail fondamental du
point de vue de l’historien de l’art : le catalogage des reproductions en particulier permet un travail de
comparaison des œuvres, central pour la démarche d’iconographie sérielle. Dans la phase finale de
publication du catalogue, l’historien de l’art doit affronter l’épineuse question de la reproduction de
plusieurs centaines d’images provenant d’autant d’institutions différentes. Dans la mesure où la visée
de ce genre de catalogue est scientifique, son existence en ligne, sous la forme d’une base de données,
apparaît comme la meilleure voie pour sa diffusion.
2. « Per ispazio di buon pezzo dimorando. La prière de Giovanni di Pagolo Morelli : scansion,
durée, métamorphose (Florence, 1407) », Chroniques italiennes, 27, à paraître.
Dans ses Ricordi, Giovanni di Pagolo Morelli (1371-1444), rapporte la mort de son premier fils
Alberto à l’âge de 9 ans, en 1406. Cet événement constitue un tournant dramatique d’autant plus
qu’Alberto est mort sans recevoir l’extrême-onction. Morelli se décrit enfermé dans la douleur
obsessionnelle de la perte jusqu’au jour du premier anniversaire de la mort de son fils, où il accorde
une place particulièrement grande à sa prière, soulignant sa scansion lente et ordonnée. L’article se
penche tout spécialement sur le rôle central que tient dans la prière l’image peinte possédée par
Morelli dans le chambre où il prie : par sa qualité méditative, l’observation longue de l’image permet
au père endeuillé d’accéder à son for intérieur, de s’ouvrir à un travail de pénitence qui débouche sur
le réconfort et la consolation. En reconnaissant la valeur salutaire du « temps surnaturel », négligée un
an plus tôt en ne faisant pas administrer l’extrême-onction à son fils mourant, il retrouve son « temps
naturel » et parvient à s’extraire de la douleur immobile du deuil.
3. « D’Assise à Santa Croce. L’empreinte franciscaine sur l’iconographie de la Nativité
(fin Duecento – début Trecento », Chroniques italiennes, 26, 3/4 (2013) [URL :
http://chroniquesitaliennes.univ-paris3.fr/numeros/Web26.html].
L’empreinte de saint François, puis du franciscanisme, sur les arts visuels dans l’Italie centrale du
Duecento et du Trecento, est d’une portée telle qu’il est difficile d’en offrir une vision d’ensemble.
On prend ici le parti de proposer une étude de cas, celle de l’iconographie de la Nativité du Christ,
maintes fois représentée, sur fresque et sur retable, aussi bien dans les cycles de la vie de la Vierge que
du Christ, dans les églises de l’Italie centrale du bas Moyen Âge, au premier chef desquelles la
basilique assisiate décorée par Giotto. En mêlant l’analyse détaillée des images en elles-mêmes, selon
la méthode préconisée par D. Arasse, à la convocation des textes franciscains fondamentaux que sont
le Cantico, les Fioretti ou les Laude de Iacopone, on veut démontrer les changements notables qui
adviennent dans l’iconographie de la scène représentant la venue de Jésus sur terre. Ces changements
trouvent dans la pensée franciscaine un moteur puissant, dans la mesure où ils vont dans le sens
d’une exacerbation de l’affectivité montrée en peinture, de la place de choix réservée aux pauvres (les
bergers) et aux créatures dans leur ensemble, pas uniquement humaines. On examine, en outre, le cas
de l’inclusion de la figure de François en personne dans la Nativité comme modèle de dévotion pour
le fidèle qui se recueille devant l’image.
4. « La Nativité italienne : une histoire d’adoration (1250 – 1450) », Bulletin du centre d’études
médiévales d’Auxerre – Bucema, 17, 2 (2013) [URL : http://cem.revues.org/13207].
Cet article est une présentation synthétique des grands enjeux du travail de thèse, qui porte sur
l’iconographie de la Nativité du Christ dans la peinture italienne médiévale (300 images environ) entre
1250 et 1450. L’étude porte autant sur l’évolution de chacune des figures de la scène – Marie, Jésus,
Joseph, l’âne et le bœuf, les bergers, les sages-femmes – que sur la scène comme ensemble, à partir du
motif figuratif du personnage agenouillé en adoration. Le titre, « La Nativité italienne : une histoire
d’adoration (1250 – 1450) », rend hommage à L’Annonciation italienne. Une histoire de perspective (Paris,
1999) de D. Arasse ainsi qu’à sa démarche. Absent de l’iconographie de la Nativité jusqu’à la toute fin
du Duecento, le geste de l’adoration – la position de prière qui consiste à se tenir à genoux les mains
jointes, appelée genuflexio recta – y devient, en l’espace de quelques décennies, un motif courant
pratiqué aussi bien par Marie que par Joseph, les anges, les bergers, voire l’âne et le bœuf.
L’hypothèse qui préside à ce travail est que ce geste dévotionnel, employé par les peintres comme
outil figuratif, acquiert, à l’égard de la Nativité une efficacité heuristique comparable à celle de la
perspective pour l’Annonciation : si celle-ci est, du point de vue figuratif, la scène du mystère de
l’Incarnation, celle-là est la preuve de son effective réalisation. Le geste de l’adoration vient précisément
signifier, dans le langage pictural, sa reconnaissance. La thèse retrace donc l’histoire de l’entrée puis
de la propagation de l’adoration dans la Nativité, ce geste devenant à ce point central dans la scène
qu’il finit même par la transformer (en Adoration des bergers, Adoration de l’Enfant). L’irruption du motif
d’adoration dans le langage figuratif contribue en définitive à la compréhension de l’usage
dévotionnel des images.
5. « Le désert des anachorètes dans la forêt des ermites : trois Adorations de Filippo Lippi
(1450-1465) », Arzanà – Écritures de l’exil dans l’Italie du Moyen Âge, 16-17 (2013), p. 157-178.
On propose l’étude de trois Adorations, peintes entre 1450 et 1465, que Filippo Lippi peuple de
pénitents, qu’il s’agisse d’anachorètes antiques (Jean-Baptiste, Hilarion, Jérôme, Marie l’Égyptienne)
ou d’ermites médiévaux (Romuald, Bernard). Lippi lui-même, formé au Carmine de Florence,
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possède la culture carmélite dont le nom rend précisément hommage à Élie, ayant vécu sur le mont
Carmel et considéré comme le premier des ermites. Il travaille pour des commanditaires très proches
de communautés érémitiques, en particulier à Camaldoli. Il s’agit d’analyser trois pale aussi bien pour
le traitement des ermites eux-mêmes que du « désert » représenté comme une forêt, semblable à
celles des régions centrales de l’Italie qui abritèrent de nombreux ermites durant les siècles centraux
du Moyen Âge. Ces tableaux érudits tissent, à travers les attitudes des saints et des éléments
symboliques des paysages, un éloge de la pénitence et une invitation à sa pratique dans la solitude.
Les compositions de Lippi offrent un témoignage visuel proche de ce que les Vitae Patrum de Cavalca
disent de la réactualisation et de la revalorisation du pénitent comme homme vertueux, exilé loin de
la ville, qui, depuis sa position favorable et retirée, offre un modèle de vie idéale en Dieu.
6. « Sainte Brigitte de Suède et Alfonso de Jaén : une « amitié spirituelle » à la fin du XIVe s. »,
Arzanà – Écritures et pratiques de l’amitié dans l’Italie médiévale, 13 (2010), p. 329-364.
Par « amitié spirituelle », on entend au Moyen Âge l’unisson des amis dans l’amour du Christ. Or,
qu’en est-il d’une amitié mixte, entre une femme et un homme ? Les mots employés par sainte
Brigitte de Suède (1303-1373) dans ses Révélations pour décrire son rapport à son dernier confesseur,
Alfonso de Jaén (1329-1389), constituent des documents précieux pour la connaissance de l’amitié
mixte à la fin du XIVe siècle. Ils se rencontrent à Rome puis séjournent ensemble auprès du pape.
Alfonso sert à la fois à Brigitte de confesseur et d’interprète lors de son entrevue avec Urbain V
(1370) visant à le persuader de rentrer d’Avignon à Rome. Alfonso a une très bonne connaissance du
latin, ce qui conduit Brigitte à rendre encore plus étroite leur collaboration. Elle reçoit plusieurs
révélations où la Vierge et le Christ lui ordonnent de confier à l’ermite espagnol le travail de révision
et de publication des Révélations. Brigitte est ainsi la dépositaire de la parole divine et Alfonso son
récipiendaire. Si l’ami est traditionnellement un alter ego, la relation de Brigitte et d’Alfonso est fondée
sur leur similitude morale et la complémentarité de leurs rôles : leur amitié mixte est légitimée et
formalisée par les interventions divines, qui président à sa mise en pratique, pour que le message oral
des Révélations accède au statut de livre.
COMPTES RENDUS
1. « Giovanni Careri, François Lissarrague, Jean-Claude Schmitt, Carlo Severi (dirs.),
Traditions et temporalités des images, Paris, EHESS, 2009 », Annales. Histoire, Sciences Sociales, 68/3
(2013), p. 851-853.
2. « Jean Wirth, L’image à la fin du Moyen Âge, Paris, Cerf, 2011 », nonfiction.fr, 3 novembre
2011 :
http://www.nonfiction.fr/article-5161-p1-limage_medievale_devoilee.htm
La somme sur l’iconographie du XIIe au XVIIIe siècle, publiée entre 1898 et 1932 par Émile Mâle,
demeurait inégalée jusqu’à ce que Jean Wirth entreprenne d’écrire sa propre synthèse sur l’image
médiévale en trois volets. Après L’image à l’époque romane (1999), puis gothique (2008), Jean Wirth fait
paraître le volume sur la fin du Moyen Âge. Il y effectue une véritable mise à jour de la bibliographie
du XXe siècle sur l’image médiévale, tous courants et pays confondus. Plus important encore, et fait
inédit, l’auteur propose ce qu’il appelle une « mythologie chrétienne », une explication rationalisée des
principaux enjeux théologiques du christianisme. Son étude ne néglige aucun grand thème
iconographique de la période et explore les deux sujets centraux que sont la Vierge à l’Enfant et le
crucifix. Son livre s’achève avec une analyse brillante et fouillée de la rupture brutale que constitue la
destruction organisée et volontaire des images au début du XVIe siècle dans les territoires réformés,
entérinant la séparation entre l’art des collectionneurs et la production d’images pieuses.
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3. « Gil Bartholeyns, Pierre-Olivier Dittmar, Vincent Jolivet, Images et transgression au Moyen
Âge, Paris, PUF, 2008 », nonfiction.fr, 15 septembre 2009 : http://www.nonfiction.fr/article2776-la_transgression_mise_en_image_par_le_pouvoir.htm
4. « Gérard Mordillat, Guillaume Prieur, Jésus sans Jésus. La christianisation de l’Empire romain,
Paris, Seuil-Arte, 2009 », nonfiction.fr, 9 février 2009 :
http://www.nonfiction.fr/article-2161-au_temps_des_premiers_chrétiens.htm
5. « Jérôme Baschet, L’iconographie médiévale, Paris, Gallimard, 2008 », nonfiction.fr, 23 juin
2008 :
www.nonfiction.fr/article-1247-un_aggiornamento_pour_liconographie.htm
Alternant chapitres théoriques et exemples appliqués, L’iconographie médiévale propose une réflexion
approfondie sur comment faire l’histoire des images médiévales aujourd'hui. Jérôme Baschet y
critique le mésusage de notions telles que « Bible des Illettrés » mais surtout propose de nouvelles
catégories d’analyse qui invitent à voir l’image dans sa matérialité (l’« image-objet »), dans son lieu, et
aussi en série (définir des « hyperthèmes »). L’iconographie qu’il propose s’articule alors autour des
deux notions de « sérialité » et d’« inventivité », qui permettent de rendre compte à la fois de la
répétition de même scènes (l’Annonciation, la Crucifixion...) et de leur constante évolution. L’iconographie
médiévale est le fruit de nombreuses années de recherche en histoire de l’image et fournit de précieux
outils méthodologiques et épistémologiques à cette discipline.
Le compte-rendu s’accompagne d’un entretien avec l’auteur :
« Pour l’iconographie : entretien avec Jérôme Baschet », nonfiction.fr, 23 juin 2008 :
www.nonfiction.fr/article-1248-pour_liconographie__entretien_avec_jerome_baschet.htm
TRADUCTIONS DE L’ITALIEN VERS LE FRANÇAIS
1. Annastella Carrino et Biagio Salvemini, « Sur les espaces pluriels du marché : les trafics
tyrrhéniens au XVIIIe siècle », Wolfgang Kaiser (éd.), Entre Loggia et Funduq. Les dimensions
spatiales des pratiques marchandes, Paris, Karthala, sous presse [avec Guillaume Calafat].
2. Barbara Carnevali, « L’esthétique sociale : un programme entre philosophie et sciences
sociales », Tracés. Revue de Sciences humaines, n. hors série « Philosophie et sciences sociales »
(2013), p. 29-48.
3. Antonio Menniti Ippolito, « Compte-rendu : Francesco Guidi Bruscoli, Papal Banking in
Renaissance Rome : Benvenuto Olivieri and Paul III, 1534-1548, Aldershot (Hampshire), Ashgate
Publishing, 2007 », Annales. Histoire, Sciences Sociales, 66/3 (2011), p. 859-861.
4. Luigi Lacchè, « Compte-rendu : Geneviève Massard-Guilbaud, Histoire de la pollution
industrielle. France, 1789-1914, Paris, EHESS, 2010 », Annales. Histoire, Sciences Sociales, 66/1
(2011), p. 312-314.
5. Renata Ago, « Compte-rendu : Tessa Storey, Carnal Commerce in Counter-Reformation Rome,
Cambridge, Cambridge University Press, 2008 », Annales. Histoire, Sciences Sociales, 65/3
(2010), p. 806-808.
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6. Simona Cerutti, « Travail, mobilité et légitimité : suppliques au roi dans une société
d’Ancien Régime (Turin, XVIIIe siècle) », Annales. Histoire, Sciences Sociales, 65/3 (2010),
p. 571-611, [avec Guillaume Calafat].
7. Angelo Torre, « Spatial Turn in History ? Paysages, regards, ressources pour une
historiographie de l’espace », Annales. Histoire, Sciences Sociales, 63/5 (2008), p. 1127-1144,
[avec Guillaume Calafat].
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