Orchestre à l`Ecole : percussions, cordes et danse
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Orchestre à l`Ecole : percussions, cordes et danse
CEFEDEM Bretagne-Pays de la Loire Réalisation Artistique avec des Elèves Orchestre à l’Ecole : percussions, cordes et danse Nom : Fleury Formation Initiale Prénom : Bérengère Promotion 2009-2011 Diplôme d’Etat Session juin 2011 Professeur de Musique Spécialité : violon 1 SOMMAIRE: Introduction I- Présentation du dispositif p3 p4 a) Classe orchestre cordes, percussions, danse p4 b) Objectifs du projet p5 II- Création artistique p7 a) Projet initial p7 b) Présentation de la réalisation finale p7 c) Méthode mise en œuvre lors des séances de travail p9 III- Bilan du projet p11 a) Compétences acquises par les élèves p11 b) Limites du projet p13 c) Réinvestissement et suite p14 Conclusion p15 Annexes p16 2 INTRODUCTION : Ma Réalisation Artistique avec des Elèves s’inscrit dans un projet que j’ai proposé au sein de l’école de musique où je travaille (Ecole de Musiques et de Danse du Penthièvre à Lamballe). Ce projet est né de l’envie que j’ai de faire découvrir la musique à des publics qui n’auraient jamais franchi les portes d’une école. La pratique artistique développe chez l’élève toutes sortes de notions utiles dans d’autres domaines des apprentissages cognitifs et sociaux comme la concentration, l’effort, la mémorisation, l’organisation et la dynamique groupales. C’est un lieu de rencontres, d’interactions entre les élèves, les professeurs, les parents d’élèves… Je suis très attachée à ce que l’apprentissage de la musique s’accompagne de cette valeur éducative sociale. Je constate que la pratique de disciplines artistiques reste réservée à peu de monde, soit pour des questions financières, soit pour des raisons de méconnaissance ou d’a priori (les habitants d’une ville ne connaissent pas toujours l’emplacement de l’école de musique, se font souvent de fausses idées-représentation élitiste- sur ce qui s’y passe). C’est pourquoi il est important de faire découvrir la musique, à des publics qui n’ont pas l’idée de franchir les portes de l’établissement, par préjugé, absence de tradition familiale ou faiblesses des ressources. Les Orchestres à l’Ecole sont des dispositifs qui ont vu le jour il y a une dizaine d’années. Un orchestre à l’école –appelé aussi classe orchestre- est le plus souvent un projet qui touche une classe d’une école primaire ou d’un collège. Il est proposé aux enfants de cette classe de découvrir pendant généralement deux années une famille d’instruments (cuivres, bois, cordes…) et plus particulièrement de pratiquer un instrument qu’ils choisissent. Ce sont les professeurs d’école de musique qui se déplacent une fois par semaine dans l’établissement scolaire. L’orchestre à l’école dans lequel je m’investis depuis la rentrée de septembre 2010 est assez particulier car il associe des disciplines instrumentales et chorégraphiques, ce qui est rarement proposé. Cette classe orchestre propose de découvrir les percussions, les cordes frottées (violon ou violoncelle) et la danse contemporaine. 3 I- PRESENTATION DU DISPOSITIF : a) Classe orchestre cordes, percussions, danse L’orchestre est attaché à la première année du cycle des approfondissements (CE2). Le projet a lieu sur une année scolaire. Un groupe unique et cohérent a donc été constitué par tous les enfants de ce niveau, par delà la répartition en classes différentes. En septembre, trente huit enfants étaient concernés. Mais certains enfants ont été désinscrits de l’école Beaulieu à la fin du premier trimestre. Trente deux enfants ont suivi les séances tout au long de l’année et ont participé à la création. Les séances ont lieu le vendredi de 13h à 15h à l’école Beaulieu. Nous avons eu l’obligation, de la part de l’Education Nationale, d’avoir un créneau sur le temps scolaire et un autre en temps périscolaire. Le groupe d’élèves a été divisé en quatre groupes tournant sur quatre ateliers liés deux à deux : danse-percussions (une heure par semaine) et violon-violoncelle (une heure par semaine). Selon les projets que nous avons eus tout au long de l’année, cette organisation a changé et évolué. Des séances ont été consacrées à des mises en commun du travail en cours. Nous avons demandé que les professeurs des écoles qui participent au projet prennent part aux ateliers de la manière la plus active possible (découverte d’un instrument et participation au même titre que les enfants). Le travail du groupe a fait l’objet d’une réalisation finale sous la forme d’une création artistique mais la classe orchestre a participé à d’autres projets pendant l’année : spectacle de Noël de l’EMDP, stage de percussions 100% recyclé et collaboration avec la classe orchestre « cuivres ». Les enfants ont eu un premier mois de découverte des instruments et de la danse. Ces quatre premières séances, nous les avons eues en petit groupe et par discipline, pour leur permettre d’expérimenter. Ils ont ensuite fait le choix d’un instrument à cordes (violon ou violoncelle). Nous avons eu quelques craintes que les choix soient déséquilibrés (beaucoup d’un instrument et peu de l’autre) car nous étions limités par le parc instrumental (dix violons, dix violoncelles) mais cela s’est fait assez naturellement. Nous avons alors fait quatre groupes en fonction de cette nouvelle donnée ; les enfants n’ont pas un instrument chacun 4 mais doivent le partager avec un camarade. Les séances qui ont suivi se sont organisées de la manière suivante : Première heure : groupe 1 percussions-danse groupe 2 violon-violoncelle Deuxième heure : les groupes permutent. La préparation du spectacle de Noël a permis de réunir tous les participants et, pour la première fois, de les faire travailler ensemble. b) Objectifs du projet Le premier objectif visé est de faire découvrir à des enfants trois disciplines artistiques inconnues pour la plupart. La variété des pratiques a enrichi le dispositif, car les enfants ne se sont pas « spécialisés » ; nous avons tenu à ce que les enfants évoluent toute l’année dans les trois disciplines. Les enfants ont pu expérimenter sur un même projet des manières différentes de l’aborder selon qu’ils étaient percussionnistes, danseurs ou instrumentistes à cordes. La transversalité a été pour eux immédiate. L’apprentissage s’est fait entièrement en collectif : soit par discipline soit en orchestre. Cela a nécessité tout d’abord de notre part d’adapter une organisation très claire et d’avoir une vision à long terme de nos séances. Nous comptant quatre professeurs et une dumiste pour intervenir en même temps (le nombre d’intervenants a évolué pendant l’année à cause d’un congé de maternité et de l’arrivée de la dumiste au second semestre), il a fallu définir précisément les rôles de chacun. J’ai été nommée coordinatrice du projet. Mais ce travail en collectif est aussi très formateur pour les enfants. Ils étaient réputés pour être très turbulents, indisciplinés voire même violents entre eux et avec les instituteurs. Cette expérience leur a permis d’être beaucoup plus tolérants et de développer certaines qualités de vie de groupe comme la patience ou l’entraide par exemple. Accorder neuf violons, cela prend du temps, pendant lequel j’ai exigé le calme. Il 5 a fallu trouver des stratégies pour qu’ils se sentent investis et attentifs pendant ce genre d’action : j’accordais un premier violon et lorsque je passais au suivant, le violoniste accordé me donnait le la (corde à vide) et ainsi de suite. L’entraide a aussi été beaucoup sollicitée. Je ne pouvais pas toujours être présente aux côtés de tous et les corriger un par un sur leur posture générale ou sur la tenue de l’instrument. Naturellement, les élèves se sont observés et se sont faits des remarques sur des points à améliorer. Cela n’était pas très bien vécu au début, car l’enfant « critiqué » l’acceptait mal. Mais assez rapidement ils ont compris que cela n’était pas dit pour blesser et c’est même devenu un jeu de deviner ou déceler ce qui était positif et à améliorer chez l’autre. Enfin, ce projet a changé l’image et le caractère de certains enfants. Un enfant, qui a participé à la classe orchestre, était très en retrait en début d’année. Il est très petit par rapport à ses camarades et a des difficultés scolaires. J’ai remarqué rapidement qu’il était souvent seul et osait à peine s’exprimer en groupe. Il a choisi de jouer du violoncelle et a montré rapidement des facilités de jeu. Nous l’avons complimenté et encouragé. Tous les enfants ont été surpris de découvrir ses aptitudes pour la musique et cela lui a donné confiance en lui. Il a changé radicalement sa manière d’être et même de s’habiller et se coiffer. Il s’est affirmé dans le groupe et à présent, il n’a plus du tout cette posture en retrait. Au contraire, un enfant très extraverti, en apparence sûr de lui, aimait se moquer et taquiner ses camarades. Il s’est retrouvé quelques fois en difficulté face à ces nouvelles disciplines à aborder, et n’a pas apprécié que ses condisciples lui rendent la monnaie de sa pièce. Il s’est beaucoup calmé par la suite et est devenu beaucoup plus tolérant. Ce projet dépasse le champ strictement musical et chorégraphique. Il s’agit tout autant d’un projet d’éducation citoyenne que d’éducation artistique. Former des individus unis dans la coopération artistique. Jouer de la musique ensemble dans un but de partage. La pratique d’un tel ensemble éduque à l’écoute et au respect d’autrui. 6 II- CREATION ARTISTIQUE : a) Projet initial Lorsque j’ai élaboré ce projet de classe orchestre, la création a été mise au centre du dispositif. Il s’agissait de travailler pendant une année scolaire avec les mêmes enfants et que ceux-ci soient les premiers acteurs dans la création de leur spectacle. Chaque année, l’école Beaulieu organise un spectacle avec tous les enfants de l’école dans la grande salle de concert de la ville de Lamballe. Habituellement, ce sont surtout des prestations de chorales. Nous avons donc profité de ce cadre pour en faire le lieu de la création de l’orchestre à l’école. Mais nous ne voulions pas être dans des répétitions tout au long de l’année dans le but unique de cette prestation en public. Il était important pour nous que la découverte artistique et l’apprentissage des disciplines soient à égalité. C’est pourquoi nous avons amené progressivement cette création en passant par d’autres étapes qui ont servi finalement à la construction de ce spectacle. Enfin nous avons été attentifs à ce que les enfants aient le premier rôle dans l’élaboration de cette création même si nous ne nous sommes pas interdits de faire des propositions. Nous les avons guidés dans ce cheminement pour éveiller en eux leur création artistique. b) Présentation de la réalisation finale Le spectacle s’est organisé autour de cinq tableaux symbolisant chacun un espace géographique différent. 1. Les explorateurs partent de France en bateau : tableau chorégraphié et chanté. Les enfants partent des coulisses et entrent sur scène en se déplaçant selon un chemin prédéterminé par chacun. Ils miment leur personnage d’explorateur. Ils 7 s’immobilisent et chantent en question/réponse avec des gestes associés. Puis ils se déplacent en deux groupes en formant deux bateaux. Enfin ils chantent tous ensemble une chanson (voir annexes) avant d’arriver dans un premier pays qu’ils vont visiter. 2. L’Amérique : tableau instrumental et chorégraphique Chaque enfant a rejoint sa place soit en tant qu’instrumentiste soit en tant que danseur. Une grille de blues commence à tourner aux percussions. Les violoncellistes et violonistes entrent à la suite. Les danseurs sortent des coulisses et traversent la scène d’une certaine manière, à chaque fois différente selon les petits groupes qu’ils ont formé (deux, trois ou cinq enfants). Ils se retrouvent tous sur scène en claquant des doigts sur les deuxièmes et quatrièmes temps. 3. Le pays imaginaire : tableau instrumental et chorégraphique Après avoir repris la mer, les explorateurs arrivent sur une terre inconnue. Le capitaine du bateau guide les explorateurs dans leur découverte de ce nouveau pays. Le soundpainting est utilisé pour les instrumentistes. Les danseurs réagissent corporellement aux sons qu’ils entendent. Ils ont dans leur main un petit bateau en papier de couleur. 4. La Chine : tableau instrumental et chorégraphique Les explorateurs reprennent leur route et font une dernière escale en Chine. Les danseurs prennent leur place sur scène. Quelques enfants leur posent à leurs pieds des baguettes chinoises. Les violoncellistes et violonistes entament un motif qu’ils font tourner en boucle ; les percussionnistes les rejoignent en jouant une mélodie aux sonorités asiatiques. Les danseurs exécutent une chorégraphie en deux groupes sur cette nouvelle musique en utilisant les baguettes chinoises. 8 5. Retour des explorateurs en France : tableau chorégraphié et chanté Le voyage a été long mais les explorateurs sont heureux d’avoir découvert autant de choses. Les enfants, danseurs et musiciens, se retrouvent pour chanter tous ensemble la chanson initiale. c) Méthodes mises en œuvre lors des séances de travail Nous avons tout d’abord abordé le sujet de ce spectacle avec eux. Ils y ont déjà participé les années précédentes mais de manière différente. Nous avons relevé leurs envies et les remarques qu’ils ont faites. Ce qui était récurrent, c’était leur souhait d’avoir sur scène, la danse et la musique en même temps représentées. Autres idées qui ont été formulées : le voyage, des pays à visiter, les musiques à danser (rock, hip hop…), la science fiction, raconter une histoire, faire une vidéo, fabriquer les décors, projeter un film, chanter… Nous avons repris ces idées et les avons organisées avec eux pour qu’ils inventent une histoire : « il était une fois des explorateurs qui partent en voyage en bateau. Ils visitent plusieurs pays dont l’Amérique et la Chine. Entre temps, ils découvrent une terre inhabitée et inconnue de tous, un pays imaginaire. Après un long voyage, ils reprennent la mer et rentrent en France ». Une fois cette histoire inventée, nous leur avons demandé ce qu’évoquaient musicalement et chorégraphiquement Amérique, Chine et pays imaginaire. Il a été décidé que les enfants feraient un blues pour l’Amérique, une mélodie chinoise pour la Chine et du soundpainting pour le pays imaginaire. Avant de travailler plus en détails et de créer la mise en scène, il a fallu déterminer quel enfant serait danseur ou musicien. Notre premier souhait était que les enfants fassent tour à tour chacune des trois disciplines sur scène, mais pour des raisons pratiques (instruments à se passer sur scène, risque de le faire tomber…), nous en avons abandonné le projet. Nous avons tout de même gardé l’idée que tous seraient chanteurs et danseurs au début et à la fin. Les tableaux intermédiaires seraient effectués soit en danse, soit aux percussions, soit au violon ou violoncelle. 9 A partir de cette histoire inventée par les enfants, nous avons travaillé par tableau. Nos séances se sont agencées de la manière suivante : une heure en atelier, une heure en collectif. Les premières séances en collectif ont permis de travailler sur les paroles de la chanson et sur la mise en scène du premier tableau : le bateau. Les paroles ont été composées par les enfants sur une chanson proposée par la dumiste. Tout un travail chorégraphique s’est construit autour des moyens d’évoquer la mer et un bateau. Les propositions ont été faites par les enfants en atelier danse. Parallèlement, nous avons initié le travail sur le blues instrumentalement et chorégraphiquement, en atelier percussions, cordes et danse. Ce sont les professeurs de musique qui ont choisi la forme du blues et la tonalité par rapport aux envies formulées par les enfants. Ces ateliers sont les moments privilégiés pour approfondir des aspects propres à chaque discipline. De plus, les groupes ont été refaits pour l’occasion, ce qui a allégé les groupes d’instrumentistes (quatorze enfants danseurs, huit percussionnistes, cinq violoncellistes et cinq violonistes). Nous avons mis en commun notre travail au fur et à mesure avant de passer au tableau suivant. Nous nous sommes ensuite concentrés sur le tableau en Chine. Les enfants ne maitrisant pas suffisamment le langage musical pour composer eux-mêmes la mélodie qui illustre ce pays, c’est toujours à partir de leurs impressions et de leurs remarques que nous avons composé cette mélodie. Nous l’avons travaillée tout d’abord en atelier, chacun de notre côté, puis avons réuni tous les enfants musiciens et danseurs pour voir et entendre le résultat. Le tableau sur le pays imaginaire a nécessité moins de travail à ce moment de la création car nous avions déjà abordé le soundpainting avec les enfants pour un autre projet (collaboration avec l’orchestre à l’école « cuivres »). C’est d’ailleurs pour cela que les enfants ont souhaité reprendre ce langage et qu’ils ont fait le rapprochement avec le pays imaginaire. Chacun des intervenants a travaillé le soundpainting dans sa discipline avec les enfants. En atelier « cordes », les enfants ont inventé des gestes propres à leurs instruments. J’ai étudié les gestes codifiés du soundpainting pour leur apporter quelques bases (et surtout des gestes communs à tous les instruments en vue d’un morceau avec les cuivres), puis nous les avons éveillé à des nouveaux modes de jeux (col legno battuto, glissandi, tape sur la caisse de l’instrument…). Pour chaque résultat sonore, les enfants ont 10 cherché le geste qui le décrivait le mieux possible. Nous les avons aussi initiés à la direction par le biais du soundpainting. Les enfants ont beaucoup apprécié le fait de pouvoir décider ce qu’ils voulaient entendre. La création ne s’arrête pas seulement à la partie musicale et chorégraphique car les enfants ont aussi construit les décors. C’est avec leur institutrice, pendant la classe, qu’ils ont conçu trois panneaux qui ont servi de décor sur la scène. L’institutrice les a souvent pris en photo pendant les séances de travail. A partir de ces clichés, ils ont fabriqué un panneau représentant les différents continents avec leur image tout autour. Un autre panneau a été réalisé à partir de la forme du violoncelle et matérialisé avec des bouts de papier froissé. Un dernier panneau représente les différents pays visités et les instruments qu’ils ont découvert cette année. III- BILAN DU PROJET : a) Compétences acquises par les élèves Le projet ne s’est pas arrêté au soir de la représentation car c’est un dispositif qui continue jusqu’à la fin de l’année. Nous pouvons tout de même faire le bilan des neuf mois qui viennent de s’écouler. Proposer à trente deux enfants de découvrir pendant un an les percussions, la danse et un instrument à cordes frottées est un défi que nous avons relevé. Le projet était surtout de lier et de mettre en relation ces différents apprentissages. Chaque discipline n’était pas isolée et bénéficiait des apports des autres. L’apprentissage n’a pas du tout été abordé comme nous le concevons dans une école de musique. Les enfants n’ont par exemple jamais lu une partition jusqu’à maintenant. C’était une volonté de notre part de faire découvrir la musique sans support, en expérimentant directement sur leur instrument. Nous avons par contre abordé des notions théoriques en les nommant : les hauteurs de notes, les altérations, les rythmes, la pulsation. Mais le travail principal s’est effectué sur le groupe et l’écoute : jouer ensemble, juste, en pulsation, se repérer par rapport aux autres. 11 Nous avons été exigeants sur la tenue de l’instrument et sur leur posture. Cela leur a demandé beaucoup d’efforts : au début, ils n’arrivaient pas à se tenir correctement sur une chaise (pieds à terre, dos droit…). La tenue de l’instrument a aussi entrainé des difficultés ; les violonistes avaient mal au cou, les violoncellistes aux genoux. Une autre difficulté que nous avons rencontrée repose sur le fait que les enfants ne pratiquaient peu ou pas en dehors des deux heures le vendredi. Ils avaient la possibilité de s’entraîner le mardi sur l’heure du midi mais cela était très insuffisant. Certaines choses s’acquièrent essentiellement par la répétition fréquente comme la qualité des changements de cordes, la rapidité de la pose des doigts de la main gauche ou même une certaine aisance à tenir l’instrument. Le professeur de percussions a porté son attention sur la prise des baguettes (pince et 2/3cms de l’extrémité du manche), sur les mouvements des poignets (souples, verticaux, avec rebond), sur le placement des baguettes sur le marimba (au centre des lames). En général, nous avons demandé aux instrumentistes d’être capables de mémoriser une phrase rythmique et mélodique entendue, de jouer de mémoire un morceau court et simple, de différencier pulsation et rythme, de combiner des rythmes à base de noires et de croches, et enfin de connaître le placement des notes sur un marimba, sur un violon ou sur un violoncelle. Les ateliers de danse, menés par le professeur de danse et la dumiste, ont permis aux enfants d’explorer corporellement l’espace en utilisant différentes parties de leur corps. Il leur a été demandé un travail sur la précision du geste (lent, répété, synchronisé), seuls, ou par rapport à la production sonore de leurs camarades. Les enfants ont aussi approfondi le chant car ils souhaitaient intégrer une chanson dans leur spectacle. Nous leur avons demandé de travailler particulièrement l’interprétation et l’expression collective. De manière générale l’invention, la mémorisation et la concentration ont été au centre de l’apprentissage des enfants. Nous avons construit le spectacle avec eux et avons sollicités leur imaginaire. La mémorisation des différents 12 enchainements a été essentielle pour le bon déroulement du spectacle. Enfin, la concentration a été une de nos principales exigences. Nous nous sommes aperçus que les enfants avaient des difficultés à rester attentifs pendant deux heures d’ateliers. Mais une telle démarche artistique demande une concentration très importante. Leur motivation liée à la création d’un spectacle a permis de dépasser cette difficulté. Au-delà des aspects techniques, les enfants ont appris à respecter le matériel que nous avons mis à leur disposition. Manier des instruments n’est pas chose facile et nous avons eu quelques frayeurs à cause d’instruments qui sont tombés. Ils ont pris conscience que ce sont des objets fragiles et précieux. Enfin, ils ont acquis une ouverture d’esprit face à la musique et à la danse qu’ils n’avaient pas. Plus aucun garçon ne sera taquiné parce qu’il fait de la danse. Les enfants sont demandeurs d’explications et d’informations. Ils ont regardé par exemple des documentaires en classe sur l’orchestre, les instruments qui le composent. Nous avons vu aussi la progression lors de concerts en tant que spectateurs. Au premier, les enfants ne tenaient pas en place, ne comprenaient même pas l’intérêt d’écouter des gens faire de la musique ou de regarder des danseurs. Au dernier concert auquel ils ont assisté, ils étaient beaucoup plus calmes et attentifs à ce qu’ils entendaient. b) Limites du projet Nous avons vu tous les bénéfices que peut apporter une classe orchestre. Reste quelques points critiques : Un tel projet qui se construit avec l’Education Nationale, nécessite une entente et un lien étroit avec les différents acteurs du dispositif. Nous avons joué de malchance au début, car l’institutrice en charge de la plupart des enfants a été remplacée quatre fois pendant l’année. Je pense que le succès d’un projet conséquent comme celui-ci repose pour beaucoup sur la cohésion qui se forme autour de l’instituteur. Nous avons été aussi confrontés aux rythmes et aux règles d’une école. Nous avons peu l’habitude dans notre métier de devoir faire la 13 discipline, d’user de la contrainte. Malheureusement, nous avons du adopter une certaine sévérité pour la bonne marche des séances. Travailler à quatre intervenants de manière suivie requiert aussi une bonne organisation. Il faut se mettre d’accord sur des objectifs communs, sur la conduite des ateliers, sur les envies et les attentes de chacun. Nous avons mis un peu de temps à trouver chacun notre place et avoir une confiance réciproque. L’orchestre à l’école était un projet nouveau pour nous tous. Nous avons un peu idéalisé les résultats que nous pouvions obtenir. Les bienfaits sont indiscutables. Mais la progression proprement instrumentale et chorégraphique est moins importante que ce que nous espérions. Je ne pense pas que ce soit lié à l’apprentissage en collectif mais plutôt au nombre d’enfants. Se retrouver seule avec neuf violonistes néophytes nécessite beaucoup d’astuces et d’improvisation. Il me semble qu’il faudrait des moments plus privilégiés pour prendre le temps de régler certains points techniques individuellement. c) Réinvestissement et suite Lorsque le projet a été accepté par l’EMDP, il a été convenu qu’il se ferait sur trois ans. Nous recommencerons donc l’année scolaire prochaine avec de nouveaux enfants de CE2. Cela concernera un nombre d’enfants équivalent mais le directeur de l’école Beaulieu sera l’instituteur référent. Nous allons faire le bilan de ce projet du côté école de musique, ainsi que du côté éducation nationale et confronter nos remarques pour améliorer le dispositif. Nous devons aussi réfléchir à ce que vont devenir les enfants qui ont suivi cette classe orchestre cette année. Certains d’entre eux demandent à continuer un instrument ou la danse. Même si notre but n’était pas de « récupérer » des inscriptions à l’école de musique, nous devons informer ceux qui sont intéressés des possibilités qui leur sont offertes à l’école de musique. Il faut aussi penser à la manière de les intégrer. Certes, ils auront eu un an de cours de danse, percussions et cordes. Mais cela ne correspond pas à une année d’enseignement dans une école de musique. Ils auront certaines lacunes par rapport aux élèves de l’école. Par contre, ils auront certainement aussi des capacités que les élèves qui suivent 14 un apprentissage « traditionnel » n’ont pas, car une de leurs forces est d’avoir abordé un apprentissage artistique avec trois disciplines différentes. CONCLUSION : Le spectacle ayant été filmé, nous avons regardé la prestation avec les enfants. Nous avons tous été agréablement surpris par leur concentration et leur implication. Ces deux notions n’étaient pourtant pas leurs qualités premières il y a quelques mois. Notre collaboration ne s’achève pas après ce spectacle. Nous avons encore quelques séances jusqu’à la fin de l’année scolaire. Après un travail en collectif pour cette prestation, nous allons privilégier des activités par discipline. Cette première expérience d’une classe orchestre a été très enrichissante tant humainement que pédagogiquement. Cela a été très intéressant de suivre ces trente-deux enfants tout au long de l’année, de voir leur évolution et leur changement de comportement. Le dispositif, par son originalité, a demandé beaucoup d’adaptation et d’innovation que je pourrai mettre à profit dans ma pratique pédagogique, au sein de l’école de musique ainsi qu’à l’école Beaulieu, l’année prochaine avec un nouveau groupe d’enfants. 15 ANNEXES : Blues en ré utilisé pour le deuxième tableau Les cordes ont suivi la basse de cette grille en faisant des blanches. Mélodie chinoise jouée par les percussionnistes Motif des cordes accompagnant la mélodie chinoise Les cordes jouent en même temps ce motif en boucle. Ils ont la possibilité de varier le rythme en utilisant des croches. 16 Paroles de la chanson écrites par les enfants Les bateaux sortent Les ancres rentrent Les marins chantent Vagues géantes Douze mois et quatre saisons C’est le voyage dans ma chanson 17 18 Décors fabriqués par les enfants Les décors ont été fabriqués par les enfants et leur institutrice pendant des ateliers d’arts plastiques. Ces trois panneaux ont été utilisés pendant le spectacle pour servir de décor. Ils ont été positionnés au-dessus de la scène. 19 Plan de scène Percussionnistes Violonistes marimba Violoncellistes Danseurs 20 Programme du spectacle (recto) 21 (verso) 22