RACINES195 - mai09
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RACINES195 - mai09
Magazine Racines, le temps de vivre près de chez vous Par Christine Grandin L’osier vivant au jardin Eh ! non, l'osier ne sert pas qu'à la confection des paniers ! On le façonne aussi au jardin en clôture vivante ou pour la décoration. Tour d'horizon avec Olivier Huré, osiériculteur à Bouchemaine. eaucoup d'entre vous se souviennent encore des “oisils” (osier jaune) dont on faisait des paniers à la veillée. Les habitants des marais conduisaient des saules pour cet usage(1), et il a perduré longtemps. Il demeure un peu aujourd'hui chez les jardiniers à l'ancienne, pour fournir des liens solides nécessaires aux travaux du jardin potager, ou à l'attache pour le tuteurage des plantes en tout genre. La mode de l'osier au jardin est de retour et, depuis quelque temps, on voit fleurir des réalisations en osier vivant (brin en sève), façonné en petite clôture en arche, en croisillons pour les massifs, ou en hutte de treillis pour les enfants. Et si vous fréquentez les jardineries, vous n'aurez pas manqué de remarquer parmi les tuteurs standards, l'arrivée de totems, de cônes, de coupe-vent, de palissades, réalisés en osier sec. B Olivier Huré, osiériculteur de 38 ans installé à La Pointe (à Bouchemaine, aux portes d'Angers) en connaît un rayon sur le sujet. Cultivateur d'osiers et vannier dans son atelier d'expo-vente, il a appris ce métier dans la seule école qui dispense encore ce savoir-faire en France, en Haute-Marne, à Fayl-Billot. “Il y a encore un siècle, il en existait plus de 300 variétés pour la culture. Et dans notre région, c'était le métier qui rapportait le plus après la viticulture ! Moi, je cultive depuis 2003 sur 1 000 m2 à Rochefort-sur-Loire, une vingtaine de variétés de saules dans mon oseraie, sans traitement. Le Salix 'alba' (saule blanc), le plus commun, que l'on appelle aussi osier jaune, le 'purpurea' (écorce rouge) ou le 'viminalis' (autre osier blanc, appelé saule des vanniers) et d'autres espèces comme le 'fragilis' (à croissance rapide) que l'on nomme dans le coin RACINES 36 le "purvil", la luce verte ou la gavranche nantaise.” La culture se réalise sur souche plantée serrée en l'espaçant de 10 à 20 cm sur la ligne, pour obtenir des brins bien droits. Car un pied de saule en solitaire courbera plus naturellement ses branches. On les coupe au ras du sol une fois par an, après les premières gelées entre décembre et janvier. “Après la repousse de mars, je récolte au sécateur 20 à 30 brins par pied de 60 cm à 3 m de haut (la coupe est mécanisée lorsque la culture de l'osier est plus intensive).” Contrairement à l'idée reçue, et même si le saule aime tremper ses racines en terre humide, il est conseillé de ne pas trop arroser sauf pour l'enracinement la première année. “Mieux vaut pailler pour garder un sol frais, prévient notre osiériculteur. Si le pied a trop les pieds dans l'eau, il fera beaucoup de moelle et moins de bois. mai 2009 La reproduction ou l'utilisation sous quelque forme que ce soit de nos articles informations et photos est interdite sans l'accord du magazine Magazine Racines, le temps de vivre près de chez vous Comment le travailler ? Donc moins de brins utilisables.” Après la récolte, on le mettra en bottes par taille. Séché au moins un an dans un endroit frais et aéré, il servira pour confectionner des objets de vannerie. “Pour les paniers en osier blanc, on écorce les brins en les retrempant dans 20 cm l'eau aussitôt la récolte, c'est plus facile. Et lorsqu'on le retravaille après la période de séchage, on le remouille pour l'assouplir. Pour ce qui est de l'osier vivant, on gardera les plus beaux brins, les plus longs, d’un diamètre assez gros.” On peut cultiver soi-même son osier ou acheter des brins prêts à l'emploi chez un osiériculteur (environ 0,50 € le brin). Ces professionnels ont aussi la technique et le savoir-faire pour mettre en place clôture ou plessis d'osier vivant si vous n'osez pas vous lancer (comptez environ 40 € le mètre linéaire). La technique est simple puisqu'elle s'apparente au système du bouturage : couper les brins entre décembre et janvier sur pied, ou à la repousse de mars. Dès début avril (pas plus tard), enfoncer en terre les brins juste coupés de 20 à 30 cm en profondeur, dans un sol profon- ✓ Atelier expo-vente, Olivier Huré, 2 rue des Saulniers, La pointe, 49080 Bouchemaine. Contact au 02 41 73 26 71. Stages d'initiation, 2 jours, en mai (9 et 10, 23 et 24), en juin (20 et 21, 27 et 28), en juillet (11 et 12, 18 et 19), en août ( 8 et 9, 22 et 23) et en septembre (12 et 13, 19 et 20). Autres dates possibles. Tarif 165 € par personne.. À lire : Réalisation en osier pour le jardin de Christina Sjöberg, Artémis éditions (2006) ; L'osier en plein air de Marianne Mortensen, éditions Actes Sud (2004). (1) On appelle osiers tous les saules qui peuvent servir pour la vannerie. dément labouré, en coupant le bout enterré en biseau. Relier solidement avec une écorce d'osier au croisement de quatre brins, à intervalles réguliers et au départ à 40-50 cm au dessus de la base. Arroser copieusement jusqu' à la reprise et à l'apparition des premières feuilles sur la tige. Les brins doivent avoir au minimum 1,40 m de longueur. La première année, un arrosage au goutte-à goutte sera parfait pour l'enracinement et palliera les fluctuations de la météo (sécheresse surtout). On peut réaliser cette haie vivante en croisillon simple, mais on utilise généralement les brins en double voire en triple pour l'étoffer. Lorsque le feuillage va apparaître, il sera plus dense, surtout s’il sert de séparation entre deux espaces, de coupevent ou de coupe-vue. Entretien : cette haie vive en saule peut tenir facilement plusieurs années, il suffit de tailler chaque année les résurgences sur les côtés, en laissant un ou deux bourgeons, pour lui garder sa forme. On peut aussi réaliser de la même manière, un fauteuil de jardin, une cabane pour les petitsenfants, une bordure en fascine vivante pour un massif… ou laisser libre cours à sa créativité jardinière. (Photo : Olivier Huré) 2 1 1 Petit cabanon rudimentaire appuyé contre un mur, pour ranger les outils l'été, ou pour jouer à cache-cache… 2 3 Haie vivante à deux brins en croisillon. Séparation en osier vivant, juste réalisée, avec un passage, étayé par des piquets en bois. RACINES 3 37 mai 2009 La reproduction ou l'utilisation sous quelque forme que ce soit de nos articles informations et photos est interdite sans l'accord du magazine