Sélection au format pdf - Bibliotheque de Seyssinet

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Sélection au format pdf - Bibliotheque de Seyssinet
DEGUSTATION DE ROMANS 2015-2016
Carole Martinez. La terre qui penche
L'avis de Monique : Situé en 1361, ce roman nous narre l’histoire de Blanche 12
ans qui va être conduite par son père Martin seigneur de la Chaux, au domaine
des murmures, pour être mariée à Aymon, petit garçon simple et innocent qui vit
dans les arbres, nage dans la rivière. Blanche est une enfant rebelle qui veut
apprendre à écrire et à lire à une époque ou apprendre à lire et à écrire aux filles
c'était faire entrer le diable dans la maison. Blanche raconte son histoire et lui
répond en écho la voix de sa vieille âme plus de 6 siècles après. Carole Martinez
nous entraîne dans un conte jalonné des famines, de la peste, des serfs et
seigneurs, des tournois et gentes dames. Le récit est ponctué par des chansons
populaires et de troubadours. Bref, un enchantement, il suffit de se laisser
emporter au fil du courant de la rivière Loue qui abrite une fée aux cheveux , aux
confins de cette terre qui penche.
Joydeep Roy-Bhattacharya. Une Antigone à Kandahar
L'avis de Gillette : Magnifique livre qui vous tient en haleine et vous bouleverse.
A lire absolument.
Cécile Curiol. Les vieux ne pleurent jamais
L'avis de Marie-Claude : C'est avec un immense plaisir que nous suivons Judith
70 ans dans ses dernières années de vie . Veuve depuis un an, elle végète
jusqu'au jour où elle découvre la photo jaunie d'un jeune homme dans un roman
de Céline que son mari lui avait conseillé de lire et que sa trépidante voisine Janet
lui propose un petit voyage organisé. A partir de là au fil des pages nous
découvrons la vie de Judith et ses secrets.Un pur bonheur que cette lecture tout
en finesse au style érudit .L'auteure nous fait passer du rire au larmes tout en
délicatesse. Un roman remarquable à lire sans modération.
Henri Gougaud . Les voyageurs de l’aube
L'avis de Danielle : C'est un conte merveilleux qui nous emmène dans un Orient
disparu, loin, très loin d'aujourd'hui. Plusieurs voyageurs, un joueur de luth
arménien, une prostituée qui attend un enfant, un serviteur en fuite, un moine
soldat grec et d'autres encore se rencontrent dans un modeste ermitage au cœur
du désert égyptien. Les circonstances les font se dévoiler et l'histoire de chacun
est un conte à elle seule ; terreurs, espoirs, drames, joies ... L'auteur retient notre
attention, attise notre curiosité en ne dévoilant qu'en fin de roman qui est Hilarion
le moine soldat grec qu'on retrouve tout au long du récit.
Paula Mac Lain. . L'Aviatrice
L'avis de Jeannine : Portrait passionnant d'une femme qui décide de vivre
libre,assumant ses choix et ses échecs.J'ai été happée par cette biographie
romancée qui retrace l'histoire d'une femme de passions,d'un pays, d'une époque
et d'une société sur le déclin. Je recommande également : Baronne Blixen de
Dominique de Saint Pern.
Edward Abbey. Seuls sont les indomptés
L'avis de Danny : Edward Abbey : Seuls sont les indomptés. L’histoire : Jack
Burns est un cow boy solitaire, un homme qui vit hors du temps, alors qu’on est à
la fin des années 50 au XXe siècle. Il va de petits boulots en petits boulots et dort
à la belle étoile dans ce désert du Nouveau Mexique qu’il aime tant. Mais il a un
passé, et dans celui-ci il y a son ami Paul et la femme et le fils de celui ci. Paul,
fidèle à leurs convictions de jeunesse a refusé la conscription, alors que la guerre
du Vietnam s’annonce. Il est en prison. Jack, qui lui-même n’a pas répondu à la
conscription, se fait arrêter pour le rejoindre. Son objectif c’est leur évasion.
L’évasion est réussie, mais commence une traque de grande ampleur et
implacable. Ce que j’en pense : Voilà un livre magnifique, remarquablement écrit
et traduit, qui fait vivre au rythme lent mais déterminé de Jack .Ce cow boy, a
choisi sa vie, et la vit à son rythme, heureux, libre et en harmonie avec ce
Nouveau Mexique dont l’auteur fait un personnage à lui seul. Mais Jack c’est
surtout un ami, à la vie , à la mort. On vit la traque avec intensité, on est du côté
de Jack et sa nouvelle jument, elle aussi un vrai personnage, Jack est fort dans sa
tête et dans son cœur,mais le shérif qui le traque est un homme d’exception dans
ce milieu et cette époque. Inexorablement ils se rapprochent l’un de l’autre. On
halète avec Jack, le shérif et la jument jusqu’à l’issue de cette chasse impitoyable.
Voilà un livre magnifique, qui vous transportera et vous subjuguera grâce à son
style, grâce à cette histoire très simple, mais pas tant que cela. Un grand livre. Il a
été adapté au cinéma dans les années 60, et le titre du livre en français, reprend
celui du film. Kirk Douglas interprétait le rôle de Jack Burns. Lui qui a joué tant de
grands rôles, dit que « Jack » est son rôle préféré ! Comme on le comprend !
Pierre Lemaître .Trois jours Une vie
L'avis de Françoise : Antoine, 12 ans, se retrouve bien seul lorsque tous les
copains vont jouer à la console chez l'un d'eux. Sa mère préfère qu'il joue dehors.
Il va alors s'attacher au chien des voisins, courir les bois avec lui... jusqu'au jour
où une voiture renverse le chien, le blesse. Le voisin, son maître, le ramène chez
lui. Antoine l'observe : il va appeler le vétérinaire ! Non, il ressort de chez lui avec
son fusil et tue le chien, le met dans un sac puis sur un tas de gravats au fond du
jardin. Antoine est triste, en colère, révolté. Le lendemain, le fils du voisin, Rémi, 6
ans, le rejoint dans les bois. Antoine, fou de douleur et de colère, ramasse un
bâton et se venge en frappant l'enfant... qui ne se relèvera pas ! Alors commence
pour Antoine une course contre le temps que des évènements viendront freiner ou
accélérer. Mais que sera la vie d'Antoine, comment s'en sortira-t-il ? Se
dénoncer ? Fuir ? Malgré tout, je me suis prise d'empathie pour lui. J'aurais voulu
l'aider, moi qui savais, le conseiller. Le roman démarre très vite et il est impossible
de le lâcher : un bijou !
Evan S. Connel. Mrs. Bridge
L'avis de Marie-Pierre :
Etats-Unis, années 30. Mrs Bride, épouse et mère de famille, s'ennuie.Elle n'a
pour seule occupation que la contemplation des événements qui se déroulent
sans qu'elle ne semble avoir sur eux la moindre emprise.Sans cesse indécise sur
la conduite à tenir,paralysée par l'hésitation, sa vie se déroule sans elle, sans lui
laisser ni le temps ni l'occasion d'intervenir. Telle est la vie de Mrs Bridge : une
succession d'occasions ratées, de conversations rejouées à posteriori. Un
personnage si flou, si passif ne mérite à première vue que notre agacement, voire
notre mépris. Et pourtant... Quelques décénnies plus tôt, cette femme n'aurait-elle
pas été...nous ?
Kimberly McCreight. Amelia
L'avis de Mariane : L'intrigue est bien menée, on ne verse pas (trop) dans les
larmes, bon après lecture, on ne regarde plus son ado comme avant...
Giulia Enders. Le charme discret de l'intestin
L'avis de Laetitia : Voici un essai médical sur un sujet pour le moins "sombre"
qu'est la digestion, et là on va suivre du début à la fin le morceau de gâteau,
croyez le bien ! Un très bon livre de vulgarisation médicale à mettre entre les
mains (propres) des adultes mais aussi des ados. C'est clair (pas raffiné mais pas
loin, il y a une certaine poésie), plein d'humour, facile à comprendre. Le langage
est adapté à une lecture fluide et cerise sur le gâteau il y a des dessins ! On y
apprend donc l'importance de l'intestin, parent pauvre si souvent délaissé par le
corps médical. Et bien sachez que notre "machine à caca" est peut être le siège
de plus d'émotion que notre cerveau et ça, ça en bouche un coin, pourvu que ce
ne soit pas ce coin là, car en outre un petit carnet scatologique (à étudier en toute
intimité avec sa production), vous en apprendrez sur les mécanismes de survie et
dérèglement de notre organe. Si vous êtes comme moi un peu curieux du pipi,
caca, vous ne vous ennuierez pas.
Zoe Valdes. La femme qui pleure
L'avis d'Anne-Marie : Zoe Valdes nous transpose dans la période vécue (1940
1950) par Dora Maar, photographe connue, avec Picasso et ses conséquences
sur son destin d'artiste et de femme. Le roman est construit en alternance entre la
parole de Dora et celle de l'auteur ce qui perturbe parfois la lecture. Le lecteur
plonge dans cette relation entretenue entre le grand génie et cette belle femme
talentueuse, intelligente qui s'abdique dans une relation amoureuse ambigue,
maso et destructrice. En pleine époque surréaliste, de nombreux personnages
gravitent et pas des moindres : Eluard, George Bataille, de Noailles, etc...Roman
passionnant même si l'on reste un peu nauséeux devant un Picasso brutal,
cynique et dominateur pour qui Dora Maar reste "la femme qui pleure" et un
célèbre tableau.
Linda Olsson. Au premier chant du merle
L'avis de Babeth : Un roman plein de poésie et de délicatesse autour de 3
personnages solitaires qui vont finir par se rencontrer et former un trio attachant. Il
y a Elisabeth, qui s'est retirée du monde et qui "survit" recluse dans une solitude à
faire peur ! Elle est dépressive et vit hantée par les visions d'une étrange "dame
en vert". Il y a Elias , son voisin d'immeuble, artiste et dessinateur talentueux qui
lui aussi mène une vie plutôt solitaire. Puis il y a Otto, sexagénaire touchant, lui
aussi dans le même immeuble , dans l'appartement au dessus de celui d'Elias.
Libraire à la retraite , il vit au milieu de ses livres et va finir par redonner à
Elisabeth le goût de vivre. De ce roman se dégage une réflexion philosophique
profonde sur le sens de la vie au travers de ces 3 âmes bien esseulées qui finiront
par découvrir le bonheur tout simple qu'est le partage. Et c'est tellement vrai .....
J'ai aimé la profondeur du message et l'écriture.
Richard Flanagan. La route étroite vers le nord lointain
L'avis de Nadine : Magistral ! Ce roman est bouleversant ! Déjà parce qu'il m'a
appris un fait historique que je ne connaissais pas du tout, parce qu'il raconte une
magnifique histoire d'amour mais aussi parce qu'il invite à une réflexion sur ce
qu'il y a de noble en l'homme et ce qui l'en reste quand il est réduit à l'animalité la
plus cruelle. Dorrigo est un jeune médecin australien qui sera capturé avec son
unité pendant la seconde guerre mondiale, par les japonais. L'Empereur leur fait
construire une ligne ferrée reliant le Siam à la Birmanie. En filigrane, une passion
dévorante avec Amy, l'épouse de son oncle. Le calvaire des conditions de vie des
prisonniers sont d'une description sans concession : coups, violences, blessures
putrides, châtiments ... opérations à la limite du supportable. Et pourtant, on
parvient à dégager une réflexion universelle après la lecture de ce roman très
puissant : qui sommes-nous face à la culpabilité, que deviennent les causes
nobles quand il faut sauver sa vie ? Comment survivre dans la culpabilité d'en être
revenu ? Rien de manichéen dans ce roman, bien au contraire: nous en sortons
rincés, lessivés avec nos certitudes endommagées. C'est tant mieux ! "Ce n'est
pas que vous ne sachiez rien de la guerre, jeune homme. Simplement, vous n'en
avez appris qu'une seule chose. Or la guerre c'est beaucoup de choses".
Harper Lee. Va et poste une sentinelle
L'avis de Marine : L’héroïne de "Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur " rentre dans
son Alabama natal . Elle est rapidement confrontée aux questions raciales qui
déchirent son pays, et la mettent en conflit avec sa famille. C'est un roman fort,
drôle, sensible, émouvant et remarquablement bien écrit. Harper Lee est décédée
en février dernier.
Christian Chavassieux. Les Nefs de Pangée
L'avis de Gabriel : La 9ème Chasse est un échec. Durant le quart de siècle
nécessaire à la préparation de la 10ème, toutes les volontés se retrouvent unies
dans un même élan. Pourtant, lorsque enfin les Nefs appareillent, un doute
subsiste. Et si l'Odalim survivait ? Si celle-ci était encore un échec ? Pangée ne
s'en relèverait pas et le continent entier exploserait en guerres intestines, famines
et maladies. Pièce par pièce, Christian Chavassieux édifie ce qui est finalement
un récit à couper le souffle. Un vent épique souffle sur les embruns de l'Unique,
cet océan immense qui entoure Pangée. Un parfum de légende parcourt les
pages, à travers le récit des Ghioms, les rencontres avec l'Odalim ou Les
Flottants. Tout est fait pour donner au récit une puissance hors du commun et
pour dépayser le lecteur, sans toutefois le noyer ou le perdre. Sans doute un des
meilleurs romans de l'année !