C`est mon plaisir - Elevage du Val de Cèze

Transcription

C`est mon plaisir - Elevage du Val de Cèze
Portrait
Photo David DELANNOY
CAR ze Sukova Kraje
Raymond Garcia :
“C’est mon plaisir !...”
Nous avons voulu dans ce numéro donner la parole à Raymond Garcia, pour
différentes raisons. Tout d’abord, en cette année post-cinquantenaire, c’est un
des plus anciens adhérents du CFBA, particulièrement bien placé pour juger de
son évolution au fil des années ; de plus, les succès des chiens de son écurie,
présentés par André Fusillier, sont pour beaucoup dans l’année royale que vient
de connaître notre élevage dans les épreuves nationales et internationales !
Enfin, sa connaissance et son expérience de l’élevage et de la sélection dans des
pays étrangers lui permettent d’avoir un point de vue élargi sur ces
questions fondamentales pour l’avenir.
Par Gilles Tournier
16 - Club Français du Braque Allemand
BRIT ze Svibince
Quand avez-vous eu votre premier braque
Allemand ?
Je l’ai acheté en 1966, chez un éleveur de Saint
Jean d’Angély. J’habitais alors la région de
Cognac, et j’avais pour chasser des pointers qui
étaient dressés par M. Poidevin. J’ai adhéré au
CFBA en 1967, et je me suis alors intéressé à la
compétition après avoir vu mes premiers fieldtrials.
Votre premier champion ?
En 1969, j’ai acheté Upsy des Cigogneaux, de
l’élevage de R. Ohl. Avec ce chien, que je présentais moi-même, j’avais remporté le Championnat
de France d’automne – ancienne dénomination
de la Coupe de France. J’avais été sélectionné
pour le Championnat du Monde de 1976, dans
une équipe qui comprenait aussi R. Fougerat,
avec Titan de la Haille au Loup, et M. Morin avec
le fameux Tintin de Keranlouan ! Upsy était un
chien très styliste, avec un nez moyen, mais
lorsqu’il prenait un point, il gagnait : il compensait ce côté négatif par une intelligence exceptionnelle !
Vous vous êtes très tôt intéressé à l’élevage
tchécoslovaque ?...
Oui, je suis allé voir, avec A. Chauveau, les grandes compétitions tchèques, les Mémoriaux Knoll
et Podhajsky, sept ou huit ans de suite. Nous
avons été impressionnés par la qualité du
dressage obtenu, ainsi que par la polyvalence,
l’intelligence et l’équilibre de ces chiens. Leur
modèle était en outre excellent à une époque ou
les chiens produits en France manquaient un
peu de substance et d’équilibre nerveux … Nous
avons fait la connaissance du dresseur slovaque
Oto Banas, et, grâce à lui, nous avons importé
plusieurs champions tchèques, notamment
Bojar z dvorov (A. Chauveau) et Jaz z Surian. J’ai
VANILLE du Pied du Mont
TANIA du Mas de l’Arbre
VESUVE du Pied du Mont
par la suite continué d’importer régulièrement
des chiens de Tchécoslovaquie, dont plusieurs
sont d’ailleurs devenus Champions de Travail ou
de Beauté en France, comme Hoky z
Nemilanskych Haju ou Brit ze Svibince.D’après
mes critères de jugement personnels, le seul
point faible relatif de ces chiens était le nez, à
une exception près : Car ze Sukova Kraje, qui a
produit une portée exceptionnelle chez M.
Oudin, aux Sources du Mézenc, avec Andine de
la Rue Fleurie : Hardy, Hermine, etc.
Ensuite est arrivée Tania …
Tania du Mas de l’Arbre m’avait été signalée par
André Fusillier comme une chienne d’exception,
et j’ai eu la chance de pouvoir l’acheter. C’est un
véritable phénomène, avec plusieurs victoires ou
places d’honneur en Coupe de France ;
aujourd’hui, elle a plus de 40 CAC, toutes disciplines confondues. Nous avons fait une portée
avec Reggae de la Haille au Loup, qui donne des
résultats d’exception. Les dix chiots sont devenus
champion de travail et ont accumulé la plupart
des titres nationaux ou internationaux. Cette
portée est née à la maison, même si elle porte
l’affixe d’André Fusillier - du Pied du Mont. Je le
lui ai accordé amicalement et bénévolement,
pour le remercier de la qualité de son travail.
Tous ces chiens ont hérité de la passion de leur
mère et du style de leur père, avec de très
grandes qualités de nez, de prise de point et de
galop. Parmi ceux que j’ai conservés, le meilleur
mâle est sans doute Vico : c’est le plus
passionné, le plus chasseur. En-dehors des
concours, il a fait tuer de nombreuses bécasses à
André Fusillier. Vésuve est aussi excellent, mais
un peu moins performant en compétition. Chez
les chiennes, Vanille est la plus brillante,
peut-être un peu plus masculine dans ses allures.
Violette a un galop plus fluide, plus félin …
VICO du Pied du Mont
VIOLETTE du Pied du Mont
Club Français du Braque Allemand - 17
Portrait
Quelle satisfaction peut-on tirer d’une telle écurie
de “course” ? Quel contact pouvez-vous avoir
avec des chiens qui sont en compétition une
bonne partie de l’année ?
Il faut préciser que les chiens sont à la maison,
chez moi, dès que la saison est terminée. J’ai un
grand chenil et un espace de détente important.
Je les sors le plus souvent possible, à la chasse ou
en promenade. En-dehors de la famille et du
travail, les chiens constituent
mon seul plaisir, ma seule
détente : mes parents avaient
des chevaux, et je retrouve
quelque chose de similaire. Je
ne suis pas éleveur, cependant
je suis avec intérêt la carrière
des descendants de mes chiens.
En fait, ce qui m’intéresse, dès
qu’un chien est champion, c’est de trouver un
nouveau talent, un futur crack pour prendre la
relève ; actuellement, par exemple, j’ai un fils de
Vico, Chivas, qui promet énormément.
La grande difficulté aujourd’hui, vu la qualité des
dresseurs et les moyens mis en œuvre, c’est de
savoir ce qui fait gagner un chien, quelles sont
ses qualités intrinsèques réelles. Il y a des chiens
« fabriqués », qui gagnent certes, mais qui
risquent de ne pas avoir un très grand intérêt en
terme d’élevage. Il y a aussi les concours sur
gibier tiré, qui intéressent surtout les dresseurs,
mais qui n’ont pas une très grande valeur en
terme de sélection. Pour moi,
la classe travail en exposition
ne devrait d’ailleurs être
attribuée qu’à un trialer de
printemps.
“ce qui m’intéresse, dès
qu’un chien est champion,
c’est de trouver un nouveau
talent, un futur crack”.
Photo David DELANNOY
Ne pensez-vous pas qu’une sélection telle qu’on
la conçoit aujourd’hui en France, axée presque
uniquement sur la compétition, puisse entraîner
certaines dérives ?
Pour terminer, de tous les
chiens que vous avez connus,
quel est celui qui vous a fait la
plus forte impression ?
Inti de la Mare au Loup, incontestablement !
Il avait tout : le nez, le style, la prise de terrain,
l’autorité, une rapidité suffisante mais pas
excessive… J’ai d’ailleurs récemment commandé
une photo de lui pour décorer mon bureau !
Propos recueillis par Gilles Tournier
Raymond Garcia et VANILLE du Pied du Mont
18 - Club Français du Braque Allemand

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