THESE DE MEDECINE GENERALE EVALUATION
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THESE DE MEDECINE GENERALE EVALUATION
UNIVERSITE DE PICARDIE JULES VERNE FACULTE DE MEDECINE D' AMIENS ANNEE 2012 N° 2012 - 96 EVALUATION DU RECOURS AUX MEDECINES COMPLEMENTAIRES ET ALTERNATIVES EN MEDECINE GENERALE DANS LE DEPARTEMENT DE L' OISE THESE DE DOCTEUR EN MEDECINE SPECIALITE MEDECINE GENERALE PRESENTEE ET SOUTENUE PUBLIQUEMENT LE 05 SEPTEMBRE 2012 PAR AIT M' HAMMED MOLOUD PRESIDENT DU JURY : Monsieur le Professeur Jouanny JUGES : Monsieur le Professeur Schmit : Monsieur le Professeur Fardellone DIRECTEUR DE THESE : Monsieur le Docteur François 1 A notre Président de Jury, Monsieur le Professeur Pierre JOUANNY Professeur des Universités - Praticien Hospitalier (Gériatrie) Responsable du Service de Médecine Gériatrique Coordonnateur adjoint du Pôle Autonomie Nous sommes très sensibles à l'honneur que vous nous faites d'assurer la présidence de notre jury de thèse. Soyez assuré de l'expression de notre profond respect et de notre sincère reconnaissance. 2 Aux membres de notre jury, Monsieur le Professeur Jean-Luc SCHMIT Professeur des Universités - Praticien Hospitalier (Maladies infectieuses et tropicales) Responsable du service des maladies infectieuses et tropicales Pôle "Médico-chirurgical digestif, rénal, infectieux, médecine interne et endocrinologie (D.R.I.M.E)" Vous avez bien voulu nous faire l'honneur d'être parmi nos juges. Soyez assuré de notre infinie gratitude et de notre profond respect. Monsieur le Professeur Patrice FARDELLONE Professeur des Universités - Praticien Hospitalier (Rhumatologie) Responsable du service de Rhumatologie Pôle "Autonomie" Vous nous faites l'honneur de juger notre travail. Recevez ici le témoignage de notre infinie gratitude et de notre respectueuse reconnaissance. 3 A notre directeur de thèse, Monsieur le Docteur Gabriel FRANCOIS Médecin généraliste Précy sur Oise Nous vous remercions de la confiance que vous nous avez témoignée en acceptant de diriger ce travail. Vous nous avez guidé sans relâche et conseillé souvent. Vous nous avez fait partager vos connaissances et votre expérience lors de nos passages dans votre cabinet médical. Veuillez trouver ici l'expression de notre profonde gratitude et de notre éternelle reconnaissance. 4 TABLE DES MATIERES INTRODUCTION p9 1. Rappels sur les médecines complémentaires et alternatives explorées dans cette étude : 1.1 L'Homéopathie p10 1.2 L'Ostéopathie et la chiropraxie p10 1.3 L'Acupuncture p11 1.4 La Mésothérapie p12 1.5 Phytothérapie et l'aromathérapie p13 1.6 Autres p13 2. Patients et méthodes : 2.1 Mode de réalisation de l'étude p14 2.2 Le questionnaire patient(cf.annexe 1) p15 2.2.1 Les informations socio-professionnelles p16 2.2.2 Le recours aux médecines complémentaires et alternatives p16 2.2.3 La relation au médecin traitant p17 2.3 Le questionnaire médecin(cf.annexe 2) p18 2.4 Mode de traitement des données p19 3. Résultats : 3.1 Généralités 3.2 3.1.1 Participation des médecins p19 3.1.2 Participation des patients p19 Résultats du questionnaire patient 3.2.1 Sociologie de l'échantillon de population étudié p21 3.2.2 Etat de santé de l'échantillon p23 3.2.3 Taux de recours aux MCA et caractéristiques socio-démographiques des patients des deux groupes p24 5 3.2.4 Quelles MCA les patients choisissent-ils? p27 3.2.5 Motifs de recours aux MCA p28 3.2.6 Mode d'orientation vers une MCA p29 3.2.7 Objectifs des patients qui recourent aux MCA p30 3.2.8 Satisfaction des MCA p31 3.2.9 Relation avec le médecin traitant p31 3.3 Résultats du questionnaire médecin 3.3.1 Sociologie de l'échantillon médecins p33 3.3.2 Estimation du taux de recours dans leur patientèle p34 3.3.3 Orientation vers les MCA p35 3.3.4 Evaluation des connaissances des médecins participants vis-à-vis des MCA p35 3.3.5 Evaluation de l'intérêt que portent les médecins quant au taux de recours aux MCA chez leur patientèle 3.3.6 Portez-vous un intérêt pour les MCA ? p35 p35 3.3.7 Evaluation de la relation médecin/patient dans le recours aux MCA p37 4. Discussion : 4.1 Biais d'étude p38 4.2 Prévalence du recours aux MCA p38 4.3 Quelles sont les attentes des patients à l'égard des MCA ? p41 4.4 Les indications de recours aux MCA p42 4.5 Communication médecin/patient au sujet des MCA p44 4.6 L'appréciation des médecins p46 5. Conclusion : p49 Annexes : 6.1 Annexe 1 : Questionnaire adressé aux patients p51 6.2 Annexe 2 : Questionnaire adressé aux médecins p55 Références bibliographiques p58 6 Introduction : Selon le code de déontologie médicale, article 70 (article R.4127-70 du code de la santé publique) : Tout médecin est, en principe, habilité à pratiquer tous les actes de diagnostic, de prévention et de traitement. Mais il ne doit pas, sauf circonstances exceptionnelles, entreprendre ou poursuivre des soins, ni formuler des prescriptions dans des domaines qui dépassent ses connaissances, son expérience et les moyens dont il dispose. Cet article pourrait justifier un exercice de la médecine se voulant « holistique » tout en responsabilisant les praticiens quant à la légitimité des moyens entrepris dans la démarche de soin. Cette légitimité étant essentiellement fondée sur les connaissances et les aptitudes du praticiens. Les questions qui viennent à l'esprit sont alors : quelles sont les limites à un tel exercice ? Toutes les pratiques de la médecine se valent-elles ? Ainsi, on distingue une médecine dite éprouvée, basée sur le principe de « la médecine fondée sur les preuves », une médecine identifiée également comme conventionnelle ou classique et enseignée dans toutes les facultés de médecine. Puis, il existe une autre pratique de la médecine, inéprouvée et appelée communément « médecine parallèle » ou encore « médecine douce ». Cette médecine nonconventionnelle est elle-même partagée entre d'une part une médecine dite « traditionnelle » faisant appel à la spiritualité et au mystique et d'autre part une médecine se voulant comme un complément ou une alternative à la médecine conventionnelle et se réclamant d'une base scientifique commune à cette dernière [1,2]. Cette dernière catégorie est actuellement appelée médecine complémentaire et alternative(MCA). Les MCA sont définies par le National Center for Complementary and Alternative Medicine(NCCAM) comme étant « un groupe de systèmes médicaux et de santé, de pratiques et de produits divers qui ne sont actuellement pas considérés comme faisant partie de la médecine conventionnelle » [3]. 7 Les MCA connaissent un essor important depuis ces dix dernières années dans les pays occidentaux comme le montrent les études évaluant la place des ces techniques dans le parcours de soin des patients. Pour exemple, aux Etats-Unis, le taux de recours aux MCA, dans la population générale, était de 38% en 2007 contre 9,4% en 1997 [4]. De même, en Irlande, ce taux est de 27% en 2002 contre 20% en 1998 [5]. En France, les premières études remontent à 1984 [6] avec des modes de recueil des données très disparates en terme de qualité et de représentativité des échantillons par rapport à la population générale. De plus, les taux de recours variaient entre 3,4% [7]et 67% [8]. Puis, à partir de 2007, les études évaluant le recours aux MCA se penchent davantage sur la question particulière du patient cancéreux [9, 10, 11]. Ainsi, aucune étude n'avait encore évalué ce recours dans un échantillon de population représentatif de la population générale et n'avait non plus étudié l'appréciation de ces techniques par les patients et leurs médecins. Néanmoins, une première étude explora ce champ en région parisienne en 2010 [12], auprès d'une patientèle de médecine générale ouvrant ainsi le champ à une nouvelle voie d'approche des MCA. Un taux de recours de 42,6% était alors observé. Toutefois, il reste difficile d'évaluer la dynamique de ce recours à l'échelle nationale et, en particulier, en province. La province offrant aussi l'avantage de pouvoir évaluer le recours aux MCA auprès d'une patientèle urbaine et rurale. De plus, le rapport des médecins généralistes à ces techniques n'a pas encore été, à ce jour, clairement apprécié. Ainsi, l'objectif de cette étude est de faire un état des lieux du recours aux médecines complémentaires et alternatives, en médecine générale, en Picardie, dans le département de l'Oise : taux de recours, motifs de recours, caractéristiques sociologiques, géographiques et de santé de cette population consommatrice de MCA. 8 D'autre part, nous évaluerons l'appréciation des MCA par les médecins généralistes : connaissance sur les MCA, investissement dans l'orientation et l'intégration de ces techniques au parcours de soin, relation patient-médecin traitant. Nous tenterons enfin de proposer une explication à ce recours croissant aux MCA, une rupture de confiance avec la médecine conventionnelle ? Ou bien une dynamique globale d'autonomisation progressive du patient dans son parcours de soin ? Nous proposerons une définition succinte des quelques techniques évaluées dans cette étude avant d'en exposer ses résultats. Il ne sera évidemment pas question de discuter de la validité scientifique de ces thérapeutiques, ce travail étant purement descriptif. 1. Rappels sur les médecines complémentaires et alternatives explorées dans cette étude. 1.1 L'Homéopathie : Cette discipline fut créée par Samuel Hahnemann, médecin allemand, en 1807. L'homéopathie a pour principe fondateur,"la loi de la similitude"empruntée à Hippocrate: toute substance susceptible de déterminer chez l'homme sain certaines manifestations peut, chez l'homme malade, guérir des manifestations semblables. La substance(minérale, végétale ou animale) sélectionnée bénéfice alors d'une série de dilutions successives dont le nombre et le type seront décidés en fonction de l'effet souhaité, de l'ancienneté des troubles voire même de la personnalité de l'individu. L'homéopathie s'est répandue en Europe et aux Etats-Unis où elle remporta un vif succès au milieu du XIXe siècle [13]. L'homéopathie occupe actuellement une place grandissante : en 2004, 39% des foyers français avaient eu recours à l'homéopathie. En 2012, ils sont 56% [14]. Quant à l'exercice médical de l'homéopathie, auparavant toléré, il est reconnu depuis 1997 par le conseil de l'ordre des médecins. La CNAM (Caisse nationale d'assurance maladie) recense 1 397 médecins homéopathes [15]. Après une forte croissance(500 praticiens en 1980 puis 1400 en 1990), 9 le chiffre reste stable depuis le début des années 1990 [16]. Néanmoins, de source syndicale, le chiffre serait de 5.000 généralistes à " orientation homéopathie" comme cela est cité dans la rubrique "orientation homéopathie" dans les annuaires des Postes. Mais beaucoup de médecins généralistes et spécialistes prescrivent aussi des médicaments homéopathiques. Toujours de source syndicale, ils seraient respectivement 13.000 et 2.500 (dont 2.000 chirurgiens dentistes). En Picardie, on dénombre actuellement 56 médecins homéopathes dont 24 dans le département de l'Oise contre 145 sur Paris. Par ailleurs, en France, les médicaments homéopathiques sont remboursés à hauteur de 35 %. En 2004, sous l'égide de Mme Bachelot, alors ministre de la santé, une proposition de loi visant à bannir l'homéopathie de la prise en charge par l'assurance maladie provoqua des remous dans la profession. Néanmoins, l'arrêt du remboursement de ces spécialités pouvant provoquer un afflux massif vers des spécialités remboursées à 100%, cette proposition fut abandonnée évitant ainsi une aggravation du déficit de la sécurité sociale. 1.2 L'Ostéopathie et la chiropraxie Créée en 1874 par un médecin américain, Andrew taylor Still, l'ostéopathie est fondée sur des techniques manuelles visant à la conservation ou la restauration de la mobilité des différentes structures de l'organisme. Méthode thérapeutique à visée préventive et curative, elle se base sur l'idée selon laquelle toute perte de mobilité naturelle des organes les uns par rapport aux autres apparaît au niveau des muscles, des tendons, des viscères, du crâne ou des enveloppes et induit des dysfonctionnements [17]. Depuis la loi Kouchner de mars 2002(art. 75), qui reconnaît le titre d'ostéopathe et de chiropracteur, l'ostéopathie pratiquée par les non-médecins n'est plus illégale en France. La formation est cependant sous contrôle du Ministère de la Santé. Les médecins, quant à eux, peuvent la pratiquer comme une orientation d'exercice, tout comme un homéopathe ou un acupuncteur. 10 En France, l'ostéopathie bénéfice d'un engouement croissant auprès des médecins avec en janvier 2010, 11608 ostéopathes dont 1120 médecins et en janvier 2012, 17156 praticiens dont 1372 médecins soit une hausse, chez ces derniers,de 22,5% en deux ans. Les autres praticiens étant représentés par les sage femmes, infirmières et ostéopathes non professionnel de santé. La Sécurité sociale ne rembourse pas les actes liés à l'ostéopathie. La consultation d'un ostéopathe non-médecin n'est pas prise en charge par la Sécurité sociale, puisqu'il s'agit ni d'un praticien médical, ni paramédical. Toutefois, depuis l'apparition d'un cadre légal en 2002, dans le cadre de contrats spécifiques, certaines assurances complémentaires remboursent les frais liés à la consultation d'un ostéopathe. En picardie, on dénombre 194 ostéopathes non médecins et 22 ostéopathes médecins. L'essentiel des ostéopathes se concentrent dans l'Oise avec 107 ostéopathes non médecin et 8 médecins. A Paris, les chiffres sont de 705 non médecins et 67 médecins. Dans ce même registre, on peut citer une autre technique manuelle, la chiropraxie, qui voit l'explication de toutes les manifestations pathologiques dans l'existence d'une subluxation vertébrale. Néanmoins, la chiropraxie fonde son principe sur une théorie plus ésotérique en considérant que l'énergie vitale naît du cerveau, transite par la moelle épinière avant de se répandre à l'ensemble de l'organisme par l'intermédiaire des nerfs [18]. Il est difficile d'évaluer le nombre exact de chiropracteur mais l'association française de chiropratique estime à 400 praticiens en France. 1.3 L'Acupuncture L'acupuncture serait née selon les historiens et spécialistes, en Chine, plusieurs siècles avant l'ère grégorienne. Dans la pensée traditionnelle chinoise, l'acupuncture aurait pour effet d'interagir avec des flux d'énergie circulant au sein d'un individu et permettant ainsi de rétablir une 11 fonction altérée de celui-ci. Cette notion d'équilibre énergétique inspire, par ailleurs, des domaines aussi divers que la morale, la science et la médecine. Son introduction dans le monde occidental est le fait d'un diplomate, George Soulié de Morant, consul de France et sinologue reconnu, à travers son ouvrage "Précis de la vraie acupuncture chinoise", en 1935 [19]. L'acupuncture fait appel à des aiguilles métalliques à usage unique(essentiellement) introduites au niveau de points spécifiques nommés points d'acupuncture, il en existe plusieurs centaines. D'autre part, un courant plus moderne affirme que l'acupunture agirait sur des fibres nerveuses nociceptives justifiant ainsi l'analgésie attendue. En France, l'acupuncture ne peut être exercée légalement que par un docteur en médecine, une sage-femme ou un chirurgien dentiste. On dénombrait 750 acupuncteurs en 1980 puis 2196 en 1991. Par la suite, on constate une décroissance progressive avec 1833 praticiens recensés en 2002, le chiffre est stable depuis [16]. Actuellement, on compte 51 acupuncteurs en Picardie dont 21 dans le seul département de l'Oise. A Paris, ils sont 154 médecins acupuncteurs. 1.4 La Mésothérapie : Cette technique repose à la fois sur l'injection intradermique de substances diverses et sur la stimulation concomitante des sites d'injections. La mésothérapie est apparue en France, au début des années 1950 sous l'égide du dr Michel Pistor. Le nom de mésothérapie fut alors proposé pour désigner cette technique qui semblait particulièrement agir sur les pathologies touchant les tissus d'origine mésodermique(articulations, vaisseaux, muscles et tendons). La liste des médicaments utilisables est vaste: anesthésiques locaux(procaïne), antiinflammatoires non stéroïdiens, myorelaxants... Si les premières indications de cette technique restaient limitées à l'antalgie, elles se sont rapidement orientées vers des pathologies plus diverses telles que l'insomnie, le 12 psoriasis, la cellulite... On estime à 5000, le nombre de médecins qui ont été formés à la mésothérapie en France. La Société Française de Mésothérapie regroupe environ 1000 praticiens tous les ans , pour des actions de formation continue et de recherche [20]. Depuis 2003, la mésothérapie est validée par la Sécurité Sociale et l’Ordre des Médecins. Sa pratique nécessite donc un diplôme interuniversitaire de mésothérapie (DIU), dispensé à l’heure actuelle par quelques universités françaises. Seuls les médecins titulaires de ce diplôme sont reconnus et autorisés à faire rembourser leurs actes de mésothérapie par les caisses primaires d’assurance maladie. Elle n'est toutefois remboursée par la Sécurité Sociale que sur la base d'une consultation dans le domaine de la douleur mais non dans le domaine de l'esthétique. En Picardie, on dénombre seulement 12 praticiens de la mésothérapie dont 5 dans l'Oise. Oise. 28 sont recensés sur Paris. 1.5 La Phytothérapie et l'aromathérapie Dans un bulletin paru en 1986, l'Organisation Mondiale de la Santé estimait que 80% de la population mondiale avait essentiellement recours aux plantes médicinales pour se soigner [22]. Le champ d'investigation de la phytothérapie est étendue: plus de 22000 plantes sont recensées au sein des médecines traditionnelles. La plante peut être utilisée telle qu'elle(infusion, décoction, macération) ou bien le phytothérapeute utilise les extraits végétaux(alcoolats, hydrolysats, sirop...). 1.6 Autres La sophrologie et l'hypnose intègrent le cadre des disciplines liées à la relaxation et sont nettement moins représentées que les techniques précédemment citées. 13 Quant aux guérisseurs et autres rebouteux, leur recours n'a pas été évalué dans ce travail. En effet, seules les techniques bénéficiant à l'heure actuelle d'une réglementation d'exercice en France et d'un enseignement spécifique universitaire ou inter-universitaire ont été incluses. 2 Patients et méthodes 2.1 Mode de réalisation de l'étude Trois cents vingt patients de Médecine Générale ont été interrogés sur la base d'un questionnaire anonyme (voir annexe1) inspiré des modèles utilisés dans les différents articles de la littérature médicale internationale sur ce thème [9, 22]. L'étude s'est déroulée entre mars 2011 et février 2012. Afin de vérifier la clarté du questionnaire, un premier recueil a été réalisé auprès de 20 patients dans le cabinet du directeur de thèse et avec la collaboration de sa secrétaire. Ce premier essai a permis d'apporter quelques changements au questionnaire : rajout d'un niveau d'étude(certificat d'étude) et présentation du questionnaire sous forme de 2 pages distinctes(le risque d'oublier de remplir le verso étant soulevé). Les cabinets servant de terrain d'investigation ont été déterminés par tirage au sort aléatoire parmi l'ensemble des médecins généralistes répertoriés dans les pages jaunes dans le département de l'Oise.Toutefois, ont été exclus les cabinets portant l'indication "Médecine Générale à orientation Homéopathie/Acupuncture". Les médecins concernés ont été contactés par téléphone puis, s'ils acceptaient, vus en entretien préliminaire, le jour du recueil, pour recevoir des compléments d'informations sur le déroulement de l'étude. En tenant compte des convenances des praticiens, il était décidé d'effectuer le recueil, en semaine, durant une journée pleine ou une demi-journée, dans la salle d'attente, 14 selon l'une des trois manières suivantes : – interrogation des patients par nos soins, méthode privilégiée à chaque fois que possible afin d'obtenir un meilleur taux de réponse(en expliquant l'intérêt de l'étude et en aidant au remplissage) – recueil délégué à la secrétaire puis récupération des questionnaires remplis auprès de celle-ci. – recueil délégué au praticien lui-même qui fournissait les questionnaires dans la salle d'attente puis les récupérait en fin de journée. Un nouveau rendez-vous était alors convenu afin de récupérer les documents remplis. Ainsi, 15 à 25 questionnaires étaient remplis par cabinet. Les questionnaires ont été remplis par les patients eux-mêmes, après accord de ceux-ci, en l'absence de leur médecin traitant et avec l'assurance que celui-ci n'aurait pas connaissance des réponses individuelles. De même, un questionnaire était remis à chaque médecin participant à l'étude(cf.annexe 2) afin d'évaluer ses connaissances sur les MCA et son implication dans l'intégration de ces techniques au parcours de soin du patient. Comme précisé plutôt, seules les médecines complémentaires et alternatives faisant l'objet d'une réglementation d'exercice et bénéficiant d'un enseignement universitaire ou inter- universitaire en France ont été répertoriées dans l'étude: Homéopathie, Acupuncture, Ostéopathie(et Chiropraxie), Phytothérapie, Hypnose, Sophrologie et Mésothérapie. Toutefois, les patients et les médecins pouvaient remplir la case "Autres" pour les techniques non citées dans le questionnaire. La base de donnée ainsi constituée a été traitée au moyen de Microsoft Excel. 2.2 Le questionnaire patient(cf.annexe 1) Le questionnaire comprend quatre volets principaux: – Informations socio-professionnelles(question 1 à 5) 15 – Etat de santé général(question 6) – Recours aux médecines complémentaires et alternatives, motifs et satisfaction(questions 7 à 12) – Relation avec le médecin traitant(question 13 à 15) Pour plus de clarté pour les patients, le terme de "Médecines complémentaire et alternatives" a été remplacé par une dénomination plus commune : "Médecine douce". 2.2.1 Les informations socio-professionnelles L'objectif de ces premières questions est d'établir le profil démographique de la population étudiée(âge, sexe) mais aussi son niveau socio-culturel car ces facteurs se sont avérés prédictifs dans le recours aux MCA, dans des études nationales et internationales [9, 10, 23]. D'autre part, les MCA étant souvent soumises à des dépassements d'honoraires en France, il était intéressant d'évaluer le rôle du facteur économique dans le recours à ces techniques. Ainsi, nous avons interrogé les patients sur leur situation professionnelle actuelle et leur type de couverture sociale. 2.2.2 Le recours aux médecines complémentaires et alternatives L'objectif de la question 7(" Avez-vous déjà eu recours à une consultation de Médecine Douce?") est de quantifier la proportion de patients de l'échantillon ayant recours à une ou plusieurs MCA ainsi que les MCA concernées. Nous avons distingué parmi les utilisateurs de MCA, les utilisateurs dits "actifs"(ayant consulté dans les 12 mois) des utilisateurs anciens ou occasionnels("au moins une fois dans ma vie"). Lorsque les patients répondaient "non" à la question 7, ils étaient invités à rejoindre directement la question 14 au sujet de la relation au médecin traitant. Le but de la question 8 ("La personne que vous avez consultée pour cela est-elle 16 médecin?") est de savoir si les patients utilisateurs de MCA s'intéressent ou non à la formation médicale de leur(s) soignant(s). Pour les utilisateurs de plusieurs MCA, nous avons considéré que la réponse était oui lorsque au moins un des praticiens des MCA était médecin. A noter, qu'il peut exister un biais dû au fait que les consultations de MCA chez un médecin sont remboursées par la Sécurité Sociale. La question 9("Pour quelle(s) pathologie(s) avez-vous initialement consulté en Médecine Douce?") permet de faire l'inventaire des pathologies pour lesquelles notre échantillon de patients consulte en MCA. Dans la question 10 ("Comment avez-vous été amené(e) à consulter en Médecine Douce?"), nous avons souhaité connaître le mode d'entrée en MCA: par le médecin traitant, le bouche-à-oreille ou les médias. En effet, le présupposé se dégageant des études sur le sujet est que les patients consultent rarement en MCA suite à l'indication de leur médecin traitant [9, 24]. L'objectif de la question 11("Pour quelle(s) raison(s)?") est d'évaluer quelle est l'intention des patients concernés lorsqu'ils consultent en MCA, en particulier si cela constitue pour eux une échappatoire, une autre option thérapeutique ou un complément visà-vis de la médecine conventionnelle. A noter, que dans cette étude, nous n'avons pas connaissance des patients ne consultant qu'en MCA, en lieu et place de la médecine conventionnelle. Enfin, la question 12 ("Dans l'ensemble, avez-vous été satisfait(e) de votre prise en charge en Médecine Douce? - Si oui, y feriez-vous de nouveau appel si la situation se présentait?"), nous avons souhaité estimer quel était le degré de satisfaction des utilisateurs de MCA, qu'ils soient réguliers ou occasionnels. 2.2.3 La relation au médecin traitant Les questions 13 à 15 concernent la relation au médecin traitant. Nous avons souhaité grâce à ces questions savoir si le recours aux MCA était ou non le fruit d'une insatisfaction du patient dans sa relation avec son médecin. 17 Ainsi, dans la question 15("Votre médecin traitant: à quelle fréquence le voyezvous? Quel temps vous accorde-t-il en moyenne à chaque consultation? Ce temps vous convient-il?"), le temps de consultation et sa perception par le patient nous ont paru être des critères importants. Avec la question portant sur la fréquence de consultation, nous voulions distinguer les patients ayant un suivi régulier en médecin générale, en particulier pour déterminer si un suivi régulier limitait le recours aux MCA. La question 14(" Si ce n'est pas déjà le cas, souhaiteriez-vous pouvoir parler de la Médecine Douce avec votre médecin traitant?") est destinée aux patients non-utilisateurs de MCA et ceux, utilisateurs, qui n'en parlent pas à leur médecin traitant, afin de savoir s'ils souhaiteraient que le sujet puisse être abordé en consultation. Dans la question 13("Votre médecin traitant sait-il que vous avez eu recours à une Médecine Douce?"), nous avons souhaité évaluer globalement la place que pouvait avoir la MCA dans la relation médecin-patient en médecine générale: est-ce un sujet tabou? Cette place est-elle claire et bien définie dans le parcours de soin classique? Les MCA posentelles problème dans la relation médecin-patient? 2.3 Le questionnaire médecin(cf.annexe 2) L'objectif de ce questionnaire était d'évaluer les connaissances des médecins participants à l'étude au sujet des MCA ainsi que leur degré d'investissement dans l'intégration de ces techniques au parcours de soin de leur patientèle mais aussi leur attitude personnelle vis-à-vis des MCA. En effet, y a-t-il une volonté d'approfondir ses connaissances au sujet des MCA afin de les proposer au patients en bonne et due forme? Ou bien les MCA sont-elles bannies de l'arsenal thérapeutique et intégrées dans le seul souci de préserver la relation de confiance médecin-malade? Les MCA sont-elles considérées comme des thérapeutiques à part entière ou bien des techniques dont la seule efficacité relève du placebo? La place particulière du médecin traitant en tant que premier acteur et coordinateur du parcours de soin mais aussi en tant que conseiller soulève ici une problématique intéressante: quel doit-être l'investissement personnel du médecin traitant face à ces 18 techniques inéprouvées alors qu'il se place au centre du dispositif d'information et d'orientation du parcours de soin de ses patients? Par ailleurs, leur évaluation du recours aux MCA parmi leurs patients est-elle conforme à la réalité des résultats recueillis? Enfin, dans le but d'évaluer la qualité de la relation médecin-malade, nous avons voulu comparer leur estimation du temps moyen de consultation à celui perçu par les patients. 2.4 Mode de traitement des données Les données ont été recueillies et traitées sur un tableau Excel généré pour l'étude. Les calculs de khi-2 et de p-valeurs ont été réalisés par nos soins au moyen de tables statistiques de référence. Les tests de khi-2 ont été utilisés pour évaluer les différences de caractéristiques entre les populations des utilisateurs et non-utilisateurs de MCA. Un p<0,05 était considéré comme statistiquement significatif. 3. Résultats 3.1 Généralités 3.1.1 Participation des médecins Vingt-trois médecins généralistes de l'Oise ont été tirés au sort puis contactés en vue de l'étude. Parmi eux: – quinze ont accepté de participer et ont été inclus dans l'étude(soit 65,2%) – trois ont refusé en raison d'une surcharge de travail et de la crainte de perturber l'organisation de leur cabinet soit (13%) 19 – un a refusé car ne souhaitait pas participer à un travail de thèse indépendamment du sujet abordé soit (4,3%) – un n'a pas répondu aux messages laissés à son secrétariat en vue d'un entretien préliminaire soit (4,3%) – un s'est rétracté après qu'il ait accepté, sans motiver son refus soit (4,3%) – deux sont restés injoignables malgré plusieurs relances soit (8,7%) Les quinze médecins participants exerçaient dans 13 cabinets. Parmi ces derniers, 9 exercent en zone rurale et semi-rurale(<10000 habitants) soit 60% et 6 en zone urbaine(>10000 habitants) soit 40%. 3.1.2 Participation des patients 320 questionnaires ont été remplis dans les salles d'attente de ces cabinets, selon l'une des trois méthodes précisées plus tôt, soit 21,3 patients par cabinet. – 311 questionnaires ont été correctement remplis(97%) dont 157 en zone urbaine soit une moyenne de 26 questionnaires par cabinet. Puis 154 questionnaires en zone rurale-semi/rurale soit une moyenne de 17 questionnaires par cabinet. – 9 questionnaires étaient remplis(3%) mais ininterprétables soit car le verso a été omis soit les réponses étaient incohérentes 20 3.2 Résultats du questionnaire patient 3.2.1 Sociologie de l'échantillon de population étudié Sur les 311 patients ayant rempli le questionnaire, 11 n'ont pas renseigné leur âge. Le sex ratio (homme/femme) de la population étudiée est de 0,54. Ainsi 65% (n=202) de la population étudiée est représentée par des femmes et 35% (n=109) par des hommes. L'âge moyen est de 48,38 ans, équivalent pour les deux sexes, avec un écart type de 16,23(cf. figure 1). Figure 1 : Age de la population étudiée 25% 20% 15% 10% 5% 0% moins de 20 à 30 20 ans ans 31 à 40 ans 41 à 50 ans 51 à 60 ans 61 à 70 ans 71 à 80 ans 81 à 90 ans Population totale Le niveau d'étude(dernier diplôme obtenu) de l'échantillon(cf. figure 2) fait apparaître une majorité de CAP, BEP, BEPC(29%). Figure 2 : Niveau d'étude de la population étudiée 35% 30% 25% 20% 15% 10% 5% 0% sans diplôme Certificat d'études CAP, BEP,BEPC Baccalauréat Bac +2/+3 bac +5 et plus Population totale 21 A noter que sur les 311 patients, 2 n'ont pas renseigné leur niveau de formation. Les catégories socio-professionnelles représentées dans l'échantillon(cf. Figure 3) sont avant tout les salariés à poste fixe(44% de CDI et fonctionnaires) puis les retraités(27%). La catégorie "libéral" inclut les professions libérales et les travailleurs indépendants(commerçants, artisans...). La catégorie "Autres" comprend les femmes au foyer et les sans profession. Figure 3 : Catégorie socio-professionnelle de la population étudiée Population totale 50% 45% 40% 35% 30% 25% 20% 15% 10% 5% 0% A noter que sur 311 patients, 4 n'ont pas renseigné leur situation professionnelle. Concernant la couverture sociale de la population étudiée, une très large majorité des patients(93%) souscrivent à une mutuelle(cf. figure 4) Figure n°4 : Couverture sociale de la population étudiée 3% 4% Mutuelle Mutuelle 93% Sécurité sociale sans complémentaire CMU / AME 22 En terme de répartition géographique, on dénombre 157 patients vivant en zone urbaine(51%) et 154 patients vivant en zone rurale et semi rurale(49%). 3.2.2 Etat de santé de l'échantillon 154 patients ont indiqué prendre un traitement au long cours soit 49,5% de l'échantillon étudié. On remarque une proportion plus importante de traitement au long cours chez les hommes de l'étude(54,1%) comparativement à la population féminine(47%) mais cette différence n'est, statistiquement, pas significative(p>0,05). (cf. figure 5). Figure n°5 : Avez-vous un traitement au long cours ? 54,1% 50,5% 53,0% 49,5% 47,0% 45,9% Population totale Total hommes sans traitement au long cours Total femmes avec traitement au long cours Parmi eux, 111 ont indiqué leur traitement (soit 72%). En moyenne, chaque patient prend un traitement pour 1,3 indications.Nous avons regroupé celles-ci dans le graphique ci-dessous( cf. figure 6). Figure n°6 : Catégorie d'indications pour lesquelles les patients prennent un traitement au long cours : 40% 13% 9% 8% 8% 7% 7% 3% 2% 2% 1% 1% 23 Définition des différents intitulés: Sous l'intitulé "Cardio-vasculaire", nous avons regroupé tous les traitements anticoagulants, anti-hypertenseurs, anti-agrégants plaquettaires anti-arythmiques. Sous l'intitulé "Neuro-psy", nous avons regroupés les traitements anti-épileptiques et neuroleptiques. Sous l'intitulé "Dépression", nous avons regroupés les traitements antidépresseurs et anxiolytiques. L'intitulé "Rhumato" recouvre les traitements anti-arthrosiques, antalgiques aux longs cours et traitement de fond des arthropathies(Méthotrexate). L'intitulé "Gynéco" correspond aux traitements hormonaux de la ménopause, antioestrogéniques et contraceptifs oraux. L'intitulé "Digestif" inclut les inhibiteurs de la Pompe à Protons, antispasmodiques. L'intitulé "Urologie" correspond aux traitements des troubles prostatiques. Par ailleurs, à la question " Avez-vous eu besoin de soins cancérologiques ? ", 5% de la population intérrogée a répondu positivement (soit 17 patients). 12 d'entre eux ont eu recours aux MCA ( soit 71%). Sachant le recours important aux MCA chez les patients bénéficiant de soins cancérologiques, cette question paraissait importante afin d'évaluer un événtuel biais d'étude. Cependant, étant donné la faible proportion de patients aux antécédents de cancer dans notre étude, ce biais peut être considéré comme négligeable. 3.2.3 Taux de recours aux MCA et caractéristiques socio-démographiques des patients des deux groupes Nous avons défini comme utilisateurs de MCA, les patients ayant eu recours à au moins un type de MCA. Dans l'échantillon étudié, nous avons pu mettre en évidence 13,5% d'utilisateurs 24 "actifs" de MCA(ayant consulté au moins une fois dans les 12 derniers mois) et 20,6% d'utilisateurs plus anciens ou occasionnels. Soit un total de 34,1% de recours aux MCA dans l'échantillon. a) influence du sexe On constate(cf. figure n°7) un taux de recours aux MCA particulièrement important auprès des femmes (43%) comparativement aux hommes(18%) avec une différence statistique très significative (p<0,001). Figure n°7 : Comparatif par sexe des utilisateurs de MCA et non-utilisateurs dans notre étude 82% 66% 57% 43% non utilisateurs MCA 34% utilisateurs MCA 18% Population totale Total femmes Total hommes b) influence de l'âge Il semble exister globalement une croissance du recours aux MCA avec l'âge(cf. figure 8). Si l'on distingue, dans la population étudiée, les individus âgés de moins de 50 ans de ceux âgés de 50 ans et plus, les pourcentages d'utilisateurs sont respectivement de 43,4% et 52,8%(soit 46/160 et 56/140), différence non significative(p>0,05), rejetant notre hypothèse. 25 Figure n°8: Utilisateurs de MCA par tranches d'âges utilisateurs MCA 50% 40% 30% 20% 10% 0% moins de 20 ans 20 à 30 ans 31 à 40 ans 41 à 50 ans 51 à 60 ans 61 à 70 61à 70 ans 71 à 80 ans ans 81 à 90 ans utilisateurs MCA c) influence du niveau d'étude, du niveau socio-professionnel et de la couverture sociale Le niveau d'étude, le niveau socio-professionnel et la couverture sociale n'apparaissent pas dans notre étude comme des paramètres statistiquement différents entre les deux groupes(p>0,05). d) influence de la fréquence de consultation 93% consultent leur médecin traitant une à plusieurs fois par an et 7% consultent leur médecin traitant moins d'une fois par an. Parmis ceux qui consultent leur médecin traitant une à plusieurs fois par an, 34% ont recours aux MCA contre 30% pour ceux qui le consultent moins d'une fois par an. Il n'y a pas de différence statistique significative(p>0,05). e) influence de la satisfaction du temps de consultation Quant à la satisfaction du temps de consultation, 98% ont répondu être satisfaits du temps accordé par leurs médecins traitants dont 33% d'entre eux ont eu recours aux MCA. 26 Tandis que 2% ne sont pas satisfaits du temps accordé par leurs médecins(soit 6 patients) dont 67% ont eu recours aux MCA. L'hypothèse d'une possible corrélation entre la satisfaction du temps accordé et le recours aux MCA pourrait être soulevée. Toutefois, le test statistique ne permet pas de mettre en évidence de différence significative(p>0,05), rejetant ainsi l'hypothèse. f) influence de la prise ou non d'un traitement au long cours On note que 40,6% des patients sans traitement au long cours ont recours aux MCA contre 59,4% chez les patients avec un traitement au long cours(respectivement 43/157 et 63/154) , différence statistiquement significative(p<0,05). g) influence du lieu d'habitation On remarque un taux de recours aux MCA plus élevé chez les patients vivant en zone rurale et semi-rurale(localités de moins de 10000 habitants) soit 42,2% contre 26,1% pour les patients vivant en zone urbaine(respectivement 65/154 et 41/157), différence statistiquement significative(p<0,05). h) conclusion On constate dans le groupe des utilisateurs de MCA, une prédominance statistiquement significative de femmes, la prise d'un traitement au long cours et la vie en zone rurale/semi-rurale(p<0,05). Néanmoins, l'âge, la situation professionnelle, le type de couverture sociale, la fréquence et la satisfaction du temps de consultation apparaissent comme n'étant pas des paramètres statistiquement différents entre les deux groupes(p>0,05). 3.2.4 Quelles MCA les patients choisissent-ils? Les patients avaient la possibilité de choisir plusieurs réponses d'où un total supérieur à 100%. On note que les utilisateurs de MCA ont recours principalement à l'Homéopathie (49% des 27 patients), l'Ostéopathie (46%) et l'Acupuncture(34%), (cf. Figure 9). La mésothérapie arrive en 4e position(14%) puis la sophrologie(8%) et la phytothérapie(5%). Par ailleurs, aucun patient de l'étude n'a eu recours à l'hypnose. Dans la catégorie "Autres", les patients ont mentionné: un naturopathe, un magnétiseur et un praticien de la médecine énergétique. Les patients utilisateurs ont déjà consulté en moyenne 1,6 MCA chacun : 1,6 pour les femmes et 1,4 pour les hommes. 57% des patients utilisateurs ont consulté pour une spécialité de MCA, 28% en ont consulté deux, 13% ont en consulté trois et 2% en ont consulté quatre et plus. Précisons aussi que 67% des patients utilisateurs de MCA déclarent qu'au moins un des praticiens consultés était médecin, 25% ont consulté un "non-médecin" et 8% ne savent pas. Figure n°9 : Type de MCA utilisés par les patients interrogés Homéopathie 49% Médecine manuelle/Ostéopathie/Chiropraxie 46% Médecine chinoise/ Acupuncture 34% Mésothérapie 14% Sophrologie Phytothérapie/ Aromathérapie autres 8% 5% 3% 3.2.5 Motifs de recours aux MCA(cf.figure 10) Les raisons médicales pour lesquelles les patients utilisateurs consultent en MCA sont largement dominées par les douleurs ostéo-articulaires, musculaires et 28 neuropathiques(arthrose, lombalgies, sciatiques, névralgies, entorses, tendinites, etc...). Elles représentent 69% des motifs de recours aux MCA. En seconde position, on retrouve les troubles anxieux et la dépression qui représentent 20% des motifs de recours. Auxquels on peut ajouter les troubles du sommeil(2%). En troisième position, on note la motivation diététique/amaigrissement qui représente 8% des indications. Puis viennent: les troubles digestifs chroniques(troubles fonctionnels intestinaux, reflux gastro-oesophagien...), l'aide au sevrage tabagique, les troubles ORL chroniques(sinusites, infections récidivantes...) mais aussi les troubles du sommeil, la migraine et les allergies. Enfin, nous avons regroupé dans "Autres": asthme, troubles urinaires, troubles dermatologiques et soins complémentaires de cancérologie. Figure n°10: Pathologies pour lesquelles les patients de l'échantillon ont consulté en MCA Douleurs ostéo-articulaires 69% Anxiété / Dépression 20% Diététique /Amaigrissement 8% Autre 7% Troubles digestifs 5% Sevrage tabagique 3% Troubles ORL Chroniques 2% Troubles du sommeil 2% Migraine 1% Allergies 1% 3.2.6 Mode d'orientation vers une MCA 65% des patients interrogés déclarent avoir initialement consulté en MCA sur les conseils 29 de proches et seulement 19% sur les conseils de leur médecin traitant(cf.figure 11). Par ailleurs, malgré la médiatisation des MCA, ce mode d'entrée ne concerne que 9% des recours. Figure n°11: Mode d'orientation vers une consultation de MCA 65% suite à une recommandation d'un proche 19% adressé par mon médecin traitant 9% suite aux médias 7% autres 3.2.7 Objectifs des patients qui recourent aux MCA 45% des patients interrogés consultent ou ont consulté en MCA en complément de leur traitement conventionnel et non à ses dépens(cf. figure 12). Au contraire, 14% des patients ont eu recours à ces techniques pour échapper au parcours de soin habituel. 17% ont consulté en MCA après un échec des thérapeutiques conventionnelles. 8% l'ont fait à visée préventive et 7% recherchaient à travers ce recours aux MCA, un soutien psychologique. L'aide au sevrage alcoolo-tabagique représente 3% des objectifs de recours. La catégorie "Autres" est représenté par des patients voulant tester l'efficacité des MCA et donc à visée expérimentale. 30 Figure n°12: Objectifs du recours aux MCA dans l'échantillon cela va m'aider à guérir en complément de mes traitements habituels échec de la médecine conventionnelle pour me soigner 45% 17% peur des médicaments classiques 14% prévention 8% soutien psychologique 7% autres 4% aide au sevrage ( tabac, alcool… ) 3% 3.2.8 Satisfaction des MCA On note globalement une satisfaction importante des utilisateurs des MCA(79%) quant à ces techniques(cf. figure 13). Par ailleurs, un nombre tout aussi important de ces derniers se dit prêt à recourir à nouveau à ces thérapeutiques(80%). Figure n°13: Satisfaction du recours aux MCA Etes-vous satisfait de votre prise en charge en MCA? Y ferez-vous de nouveau appel ? 18% 21% 2% 79% 80% non oui non non renseigné oui 3.2.9 Relation avec le médecin traitant a) Votre médecin traitant sait-il que vous avez eu recours à une "médecine douce"? Les patients utilisateurs de MCA ont en majorité répondu que leur médecin traitant était au courant de leur suivi en médecine douce(59%)(cf.figure 14). 31 Parmi les patients qui abordent le sujet avec leur médecin traitant, une grande majorité(40%) reçoit son appui dans cette démarche. Cependant, seuls 19% des patients utilisateurs de MCA bénéficient d'une collaboration entre leur médecin traitant et leur autre praticien. D'autre part, 39% d'entre les utilisateurs de MCA n'ont pas informé leur médecin traitant de ce recours dont la majorité(33%) ont volontairement tu ce recours, jugeant pour la plupart(25%) l'inintérêt à lui en parler. Figure n°14: le médecin traitant est-il au courant du recours aux MCA? oui, et il approuve cette prise en charge sans pour autant collaborer avec mon autre soignant 36% non, je ne vois pas l'intérêt de lui en parler 25% oui, et il travaille en collaboration avec mon autre soignant 19% 8% non, je pense qu'il n'apprécierait pas non, autre motif 6% oui, mais il désapprouve cette prise en charge 4% non renseigné 4% b) Souhaiteriez-vous en parler à votre médecin traitant? Les patients ayant recours aux MCA ont dans 60% des cas déjà abordé la question avec leur médecin traitant. 25% d'entre-eux veulent franchir le pas et 10% seulement ne souhaitent pas en parler avec leur médecin. 5% n'ont pas répondu à la question. Les patients n'ayant pas recours aux MCA sont quant à eux mitigés avec 46% d'entre-eux souhaitant aborder le sujet avec leur médecin traitant et 45% s'y refusant. 9% n'ont pas renseigné leur position. c) Temps de consultation 72,5% des médecins interrogés consacrent 15 à 30 minutes pour leurs patients et 27,5% , moins de 15 minutes. 32 De même, 70% des patients ont répondu que le temps de consultation accordé par leur médecin traitant était en moyenne entre 15 et 30 minutes et 28% d'entre-eux ont répondu que ce temps était en moyenne inférieur à 15 minutes. Pour 1% d'entre-eux, ce temps de consultation était supérieur à 30min. 1% n'a pas répondu à cette question. On note ainsi une bonne superposition entre le temps de consultation réel et l'appréciation des patients quant à celui-ci. Par ailleurs, il n'y a pas de différence statistique significative dans le recours aux MCA selon l'appréciation du temps de consultation par les patients(p>0,05). 3.3 Résultats du questionnaire médecin 3.3.1 Sociologie de l'échantillon médecins Notre échantillon de médecins participants comprend 13 hommes (87%) et 2 femmes (13%). Leur moyenne d'âge est de 53,6 ans. Tous les médecins interrogés exercent en secteur 1. Comparativement aux données statistiques récentes de la démographie médicale de la région Picardie(Ordre National des Médecins, Atlas de la démographie médicale en Picardie, janvier 2009), on retrouve des chiffres du même ordre de grandeur : un âge moyen équivalent à 52 ans, 73% d'hommes et 27% de femmes, 92% en Secteur 1 et 8% en Secteur 2. 3.3.2 Estimation du taux de recours dans leur patientèle A chacun des médecins participants, nous avons demandé d'estimer globalement le taux de leurs patients qui consulteraient par ailleurs aux MCA. Leurs réponses allaient de 3% à 75% avec une moyenne de 35,4% . Notons que 45% d'entre-eux ont évalué ce recours à moins de 15%. 3 médecins n'ont pas répondu à cette question. 33 3.3.3 Orientation vers les MCA a) Résultats globaux Les médecines complémentaires et alternatives vers lesquelles les médecins participants orientent leurs patients sont par ordre décroissant : l'ostéopathie(73%), la mésothérapie(54%), l'acupuncture(53%), l'homéopathie(40%), la sophrologie(33%), l'hypnose(27%) et la phytothérapie(14%). b) comparaison entre zone rurale/urbaine Nous avons jugé intéressant de comparer ces chiffres entre les praticiens exerçant en zone rurale/semi-rurale et ceux exerçant en urbain. On remarque qu'en zone urbaine, le trio de MCA plébiscité par les médecins participants sont l'ostéopathie, l'acupuncture et l'homéopathie. En zone rurale, la mésothérapie occupe la première place dans l'orientation en MCA tandis que l'homéopathie n'arrive qu'en 5e position, après la sophrologie. En urbain, l'orientation des médecins aux MCA est par ordre croissant: ostéopathie(86%), acupunture(57%), homéopathie(57%), mésothérapie(29%), sophrologie(14%), phytothérapie(14%), hypnose(0%) En rural/semi rurale, l'orientation des médecins aux MCA est par ordre croissant: mésothérapie(73%), ostéopathie(63%), acupunture(50%), sophrologie(50%), homéopathie(27%), hypnose(27%), phyothérapie(13%) 3.3.4 Evaluation des connaissances des médecins participants vis-à-vis des MCA Résultats sur 14 médecins sur 15 car 1 médecin en milieu rural n'a pas répondu à cette question. On constate que l'ostéopathie et la mésothérapie correspondent aux MCA pour lesquelles les médecins participants qualifient leurs connaissances de moyenne à bonne, respectivement 50% et 40% des médecins. 34 Quant aux autres techniques, la majorité des médecins interrogés juge cette connaissance faible ou nulle avec des taux allant de 74% à 86% selon les MCA. Par ailleurs, les médecins exerçant en rural semblent avoir, en moyenne, plus de connaissances (moyennes à bonnes) au sujet des MCA que leurs confrères urbains avec respectivement 29,4% et 14,1% . 3.3.5 Evaluation de l'intérêt que portent les médecins quant au taux de recours aux MCA chez leur patientèle Il nous semblait important de connaître la part des médecins interrogés dans notre étude qui manifestait leur intérêt de connaître le taux de recours aux MCA chez leur patientèle. 73% d'entre-eux ont répondu « oui » et 27% ont répondu « non ». 3.3.6 Portez-vous un intérêt pour les MCA ? A cette question, 26,7% ont répondu « non » et 26,7% ont répondu « oui ». La moitié d'entre-eux, 46,6%, sont mitigés et ont répondu « oui » et « non » ce qui contraste avec les 73% des médecins soucieux de connaître le taux de recours aux MCA parmi leurs patients. Les médecins interrogés étaient ensuite invités à justifier la raison de leur intérêt ou désintérêt vis-à-vis des MCA(cf.figure 15 et 16). Une réponse multiple était possible d'où un total supérieur à 100%. Ainsi, seulement 9% d'entre-eux sont convaincus de la crédibilité scientifique des MCA tandis que la majorité, 73%, avancent un effet placebo attendu dans le recours à ces techniques. Viennent ensuite la volonté de préserver la relation médecin/malade(64%) puis l'idée de déléguer un temps d'écoute, faisant défaut au praticien, à un autre professionnel de santé(55%). 35 Figure n°15 : les raisons avancées par les médecins portant un intérêt aux MCA effet placebo attendu 73% réponse simple à une demande du malade, coopération en vue de préserver la relation médecin / malade 64% psychothérapie déguisée, déléguer le temps d'écoute des patients, faisant défaut aux praticiens, à un autre professionnel notions scientifiques ou expérimentales attestant de l'efficacité de ces techniques 55% 9% Quant aux médecins interrogés et manifestant un désintérêt à l'égard des MCA, on constate que les 4 réponses proposées ont été sélectionnées de manière identique avec un taux de réponse à 36% pour chacune d'entre elles. 9% ont coché « Autres ». Il apparaît ainsi que pour un groupe d'entre eux(72%) le rejet des MCA est d'ordre purement scientifique : croyance en l'inefficacité des MCA et opposition au principe de la médecine fondée sur les preuves. Tandis que pour un autre groupe(72%), c'est la contrainte de temps qui est avancée : pas le temps de s'y intéresser et difficulté liée à la formation. Figure n°16 : les raisons avancées par les médecins ne portant pas d'intérêt pour les MCA pas le temps de s'y intéresser 36% en tant que scientifique, ces techniques semblent s'opposer au principe de l' Evidence Based Medecine ( médecine basée sur des preuves) 36% croyance en l'inefficacité de ces techniques 36% difficulté liée à la formation : problème de temps, de coût, d'accés à des centres de formation 36% autres 9% 36 3.3.7 Evaluation de la relation médecin/patient dans le recours aux MCA On constate que seulement 7% des médecins interrogés souhaitent pratiquer et intégrer les MCA dans le parcours de soin de leurs patients. On voit ensuite une proportion équivalente entre les médecins acceptant d'intervenir indirectement dans un parcours de soin impliquant les MCA, en étant à l'écoute de la demande du patient(40%) et les médecins ne souhaitant pas interférer dans le recours de leur patientèle aux MCA jugeant le patient apte à décider de lui-même de l'intérêt ou non à consulter en MCA(40%). Enfin, 13% des médecins interrogés se disent indifférents quant au recours de leurs patients aux MCA. Figure n°17 : relation médecins/patients dans le recours aux MCA Comment évaluez-vous votre relation médecin-malade dans le recours aux MCA ? simple conseiller et oriente si besoin vers un professionnel en MCA 40% indifférent, le patient est libre de ses choix, volonté de ne pas interférer ou peur d'être pris au dépourvu si le patient interroge au sujet des MCA 40% non investi car non intéressé ou non sollicité par ses patients volonté de pratiquer et d'intégrer les MCA au parcours de soin 13% 7% 37 4. Discussion 4.1 Biais d'étude Pour rappel, seuls 65,2% des médecins sollicités ont accepté de participer à l'étude, essentiellement par défaut de disponibilité de leur part. De plus, comparativement à la population de l'Oise [25], on remarque que la proportion des femmes dans notre étude est plus grande. En effet, la part des femmes dans notre étude représente 65% de l'échantillon contre 51% dans la population de l'Oise, différence très significative (p<0,001). Dans la littérature, les femmes sont en général plus consommatrices de MCA que les hommes [10, 24] et consultent aussi davantage en médecine générale [26, 27]. De même, en terme de niveau de formation, notre échantillon est constitué à 30% d'études supérieures(bac+2 et plus) contre 20% dans l'Oise, différence significative(p<0,05). Concernant le niveau de formation, cette différence n'interfère pas avec les résultats obtenus dans le recours aux MCA car ce paramètre n'est pas significatif dans notre étude. Quant à la sur-représentation des femmes dans notre échantillon, étant donné que le sexe féminin est un paramètre significatif dans le recours aux MCA, il est possible nous ayons surestimé le taux de patients utilisateurs de MCA. Ceci doit, toutefois, être mis en parallèle de tous les utilisateurs de MCA échappant au parcours de soin habituel et à la médecine conventionnelle et dont on ne peut estimer le taux. Ceci dit, notre étude est la seule de ce type réalisée en province française. Le caractère anonyme du questionnaire, l'intégration de plus de 300 patients dans l'étude et l'excellent taux d'exploitation des résultats(97%) sont en faveur d'une bonne fiabilité de nos résultats. 4.2 Prévalence du recours aux MCA D'après notre étude, 34,1% des patients de médecine générale, dans le département 38 de l'Oise, ont déjà consulté en MCA. Un patient interrogé sur cinq(20,6%) s'est défini comme un utilisateur occasionnel et 13,5% d'entre-eux ont eu recours aux MCA dans les douze derniers mois. Dans la littérature internationale, on retrouve des taux de recours aux MCA du même ordre : 35-50% aux USA et en Croatie [10, 22], 48,5% en Australie [28], 36% en Grande Bretagne [29]. L'étude européenne de Molassiotis en 2005 mentionne également une moyenne de 35,9% de recours aux MCA chez des patients cancéreux [30]. En France, les quelques études réalisées sur ce thème mettaient en évidence, chez une population de patients hospitalisés, un taux de recours en moyenne plus élevé : 55,9% à Saint Etienne [23] et 67% à Lyon [8]. Il est toutefois possible que le recours aux MCA ait été sous-estimé dans notre étude. En effet, l'automédication pour certaines MCA telles que l'homéopathie et la phytothérapie n'a pu être évaluée ici. De plus, une catégorie de médecines parallèles prisées des français de province n'a pas été incluse dans notre recueil : le recours aux rebouteux et autres guérisseurs. En effet, un sondage effectué en 1992 révélait un taux de recours de 22% aux guérisseurs dans la population française et notamment dans le sud de la France [31]. Dans une thèse de médecine de Saint-Etienne en 1993, ce taux était de 38,2% [23] et 25% sur un autre travail de thèse en 2000, à Lyon [8]. Nous avons distinguer trois paramètres statistiquement significatifs dans le groupe utilisateurs de MCA : le sexe féminin, l'habitation en zone rurale/semi-rurale et la prise d'un traitement au long cours. Le premier paramètre est retrouvé dans toutes les études nationales et internationales réalisées sur le thème des médecines parallèles [8, 9, 10, 12, 22, 30, 32, 33] illustrant ainsi la prédisposition particulière des femmes au recours aux MCA. De même, l'habitation en zone rurale et semi-rurale est un facteur prédictif, de consultation en MCA, retrouvé dans de nombreuses études [31, 34, 35, 36] avec des chiffres allant de 53% [23] à 76,5% [8] de recours aux MCA chez ces populations. Pour Zhang, la difficulté à obtenir un rendez-vous en médecine générale influerait 39 sur le recours aux MCA [10]. Ainsi, pour Adams, le recours élevé aux MCA en zone rurale est lié, entre-autre, à la difficulté d'accès à la consultation de médecine générale et met en avant un lien étroit entre la démographie médicale et ce recours [37]. A cet effet, la région Picardie occupe la première place des régions les moins bien dotées en médecins généralistes avec une densité moyenne de 239 médecins en activité régulière (pour 100000 habitants) contre 330 en ile de france. Bien que nous n'ayons pas pu le mettre en évidence dans ce travail, la pénurie de médecins généralistes pourrait expliquer au moins en partie le recours aux MCA dans notre étude et plus particulièrement en zone rurale. La prise d'un traitement au long cours est, quant à lui, un paramètre moins mentionné dans la littérature [32, 38]. Contrairement aux données de la littérature, nous n'avons pas retrouvé de lien avec l'âge [8, 9, 22], le niveau d'étude [10, 12, 22], la situation professionnelle [8, 22, 23], la satisfaction du temps de consultation [24] et la couverture santé [10, 38]. A ce sujet, Mayer Levy évoque la forte probabilité que la couverture universelle procurée par la Sécurité Sociale en France aplanisse, pour les MCA, les différences d'accès aux soins [12]. Les trois MCA plébiscitées par les patients de notre échantillon sont l'homéopathie, l'ostéopathie et l'acupuncture. Rappelons que selon la législation française, l'homéopathie et l'acupuncture ne peuvent être pratiquées que par un docteur en médecine (article L41611 du code de la Santé Publique). Quant à l'ostéopathie, elle peut être exercée soit par un médecin ou un non-médecin ayant reçu une formation spécifique. Ce trio est également retrouvé en tête des consultations en MCA aux USA et en Croatie [10, 22]. Toutefois, en Allemagne, les études mettent davantage en avant l'homéopathie et l'acupuncture [39]. Il en est de même en France où l'ostéopathie apparaît même en 4e position après le recours aux rebouteux dans des études réalisées en 1993 [23] et en 2000 [8]. Une étude parisienne de 2010 [12] montrait quant à elle un recours important à l'ostéopathie(54,5%). 40 Il apparaît ainsi que l'ostéopathie est une discipline dont l'engouement est plus récent que l'homéopathie et l'acupuncture. 4.3 Quelles sont les attentes des patients à l'égard des MCA ? 62% des patients utilisateurs des MCA incluent ces techniques dans leur parcours de soin soit en complément de la médecine conventionnelle(45%) ou bien après l'échec de celle-ci(17%). D'autre part, 14% d'entre-eux substituent d'emblée les MCA à la médecine classique en invoquant la peur que suscitent les médicaments(toxicité, dépendance...). 11% ont recours aux MCA à titre préventif dont 3% espèrent une aide au sevrage(tabac, alcool...). Enfin, 7% recherchent avant tout un soutien psychologique. Bien qu'il soit communément admis que les utilisateurs de MCA sont avant tout des déçus de la médecine conventionnelle [40] par l'inefficacité de celle-ci, ses effets indésirables voire aussi son coût important [41], il apparaît aussi une volonté d'autonomisation du patient à l'égard du parcours de soin classique jugé parfois trop autoritaire et contraignant [42]. Ainsi, selon Thompson, la plupart des utilisateurs de MCA consultent en MCA sans consulter leur médecin traitant au préalable [33]. Néanmoins, la plupart d'entre-eux souhaitent avant tout optimiser leur traitement et en diminuer la toxicité. Ainsi, l'étude de Simon en 2007 [9], portant sur des patients français de cancérologie, retrouve les motivations suivantes au recours aux MCA : diminution des effets secondaires des traitements, renforcer les défenses immunitaires et aider au traitement du cancer. De même, une étude réalisée en 2001 montrait que 79% des patients américains recourant aux MCA pensent qu'il existe une synergie d'action entre la médecine conventionnelle et les MCA [43]. 41 Enfin, le recours aux MCA à visée préventive est également d'actualité. Une étude américaine portant sur 50 millions d'utilisateurs de MCA montre que tous aspirent, par ce biais, à maintenir un état général satisfaisant. 41,5% d'entre-eux espèrent stimuler leur défense immunitaire, 30,6% souhaitent stimuler leur performance physique et 19,4% veulent faire le plein d'énergie [44]. Par ailleurs, en terme de satisfaction, on remarque dans notre étude un taux particulièrement élevé d'utilisateurs de MCA qui se disent satisfaits(79%) et un taux tout aussi élevé prêts à y recourir de nouveau(80%). Il existe donc une forte adhésion à ces techniques chez leurs utilisateurs. 4.4 Les indications de recours aux MCA La principale indication de recours aux MCA est le contrôle de la douleur dans les pathologies musculo-squelettiques(69%). La recherche d'une co-analgésie voire d'une alternative thérapeutique aux antalgiques usuels est une donnée retrouvée abondamment dans la littérature [5, 39]. Ainsi aux Etats-Unis, plus de 80% des patients souffrant d'arthrite [45] et 52% des patients atteints de douleurs chroniques [24] ont déjà essayé au moins une forme de MCA. Cet engouement pour le recours aux MCA dans le contrôle de la douleur est tel que dès 1997, 83,7% des services anti-douleur britanniques interrogés par C.H.N. Woollam et A.O Jackson déclaraient disposer d'une consultation en MCA, en acupuncture en l'occurrence [46]. Il nous semble possible d'étayer ce fort recours pour les pathologies musculosquelettiques au fait que l'arsenal thérapeutique reste limité dans ces indications et en raison d'une iatrogénie réelle. Ce « vide thérapeutique » expliquerait dès lors l'orientation privilégiée vers les MCA. La seconde indication citée par les utilisateurs de MCA dans notre échantillon est la dépression et l'anxiété(20%). Les nombreux effets secondaires des anxiolytiques et la dépendance à ces traitements permettent de comprendre au moins en partie l'importance de 42 ce recours. Par ailleurs, au delà de toute alternative thérapeutique, 8% d'entre-eux affirment rechercher avant tout un soutien psychologique dans ce recours. Dans la littérature, on remarque que les patients dépressifs et anxieux sont plus enclins à consulter en MCA [5, 39, 47], les techniques de relaxation et l'acupuncture semblant particulièrement appréciées dans ces indications [48]. Aux USA, Bystritsky met en évidence sur un échantillon de 1000 adultes âgés de 18 à 75 ans et atteints de diverses pathologies anxio-dépressives, un taux de recours aux MCA de 43%. Il précise par ailleurs qu'il apparaît important d'identifier ce recours chez ces populations habituellement polymédiquées afin de contrôler tout risque d'interaction médicamenteuse [49]. Les indications suivantes concernent les mesures diététiques(8%) et les pathologies digestives fonctionnelles(5%) puis à une moindre mesure le sevrage alcoolo-tabagique et les allergies. Bien que sous-représentées dans notre échantillon(5%), les pathologies cancéreuses sont l'une des indications les plus importantes de recours aux MCA. Sur les 17 patients aux antécédents de cancer dans l'échantillon, 12 ont eu recours aux MCA soit un taux de 71%. Ainsi, 28 à 35% des patients cancéreux français ont recours aux MCA [11]. Selon Martinez [8], le cancer prédispose à l'utilisation des MCA dans une fourchette de 25 à 50% des patients, le plus souvent en association avec les traitements classiques. En effet, pour les pathologies dont les pronostics de la médecine conventionnelle sont réservés, le recours aux MCA apparaît souvent comme une ultime alternative entretenant dès lors l'espoir d'une guérison et la récupération d'une autonomie suffisante pour les activités de la vie quotidienne [50]. Enfin, remarquons que les indications citées par les patients utilisateurs de MCA ne concernent pas des pathologies pouvant engager le pronostic vital à court ou moyen terme(diabète, dyspnée, douleur thoracique...) ce qui laisse supposer que les patients savent ce qui ressort d'une consultation de médecine classique et ce qui ressort d'une consultation de médecine non conventionnelle. 43 A cet effet, 92% des patients utilisateurs de MCA dans notre étude savent si leur praticien en médecine parallèle était médecin ou non d'où nous déduisons leur attachement quant à la qualification de leurs soignants. 4.5 Communication médecin/patient au sujet des MCA Dans notre étude, 39% des utilisateurs de MCA ont volontairement dissimulé ce recours à leur médecin traitant : 25% ne voient pas l'intérêt de leur en parler, 8% pensent qu'il n'apprécierait pas et 6% n'ont pas motivé leur refus. Dans la littérature, on retrouve des chiffres similaires. Simon [9] relevait qu'un tiers des patients cancéreux utilisateurs de MCA n'en informaient pas leur oncologue. Pour Cizmesjia [22], ils sont 40% à taire ce recours à leur médecin traitant et 58% dans l'étude de Hori [32]. Le principal obstacle avancé dans la littérature est l'indifférence voire l'opposition des médecins aux MCA. Selon Tasaki, dans son étude incluant des patients cancéreux, le fait que les MCA soient perçues par les médecins comme étant en opposition au principe de la médecine fondée sur les preuves est à l'origine de leur refus d'initier une discussion sur celles-ci. Il ajoute que la preuve scientifique n'est pas ce qui compte le plus pour un patient dont la vie est menacée par une maladie grave, il semble ainsi nécessaire que le praticien aborde le sujet des MCA afin de préserver la relation médecin/malade [51]. Ainsi, selon Shelley, le silence du médecin sur la question des MCA et l'expression de son indifférence vis-à-vis de celles-ci, devant ses patients, est un élément compromettant l'initiation d'une communication au sujet des MCA. Cet élément apparaît plus déterminant encore que l'expertise supposée ou perçue par les patients, de leur médecin, sur la question des MCA [52]. On comprend dès lors que l'anticipation, par les utilisateurs de MCA, d'une réponse négative du médecin puisse être un obstacle à la communication sur les MCA [12, 24]. De même, dans une étude portante sur des patientes cancéreuses, Navo mentionne que lorsqu'une discussion au sujet des MCA était abordée avec leur oncologue, la moitié 44 des utilisatrices étaient satisfaites de sa réponse même si celui-ci n'était pas particulièrement avisé sur les MCA [53]. Il est donc intéressant de noter que les patients souhaitent avant tout partager avec leur médecin, sur la question des MCA. Un deuxième obstacle à la communication médecin/patient fut évoqué dès 1998 par Astin [41] :l'autonomisation progressive du patient à l'égard du parcours de soin classique. Ceci est également la position, plus récente, de Derey(2003) [50] et Lazarus(2010) [2]. Ainsi, selon Thompson, la plupart des utilisateurs de MCA consultent en MCA sans consulter leur médecin traitant au préalable [33]. Le thème de l'autonomisation du patient dans sa démarche de soin est intéressant en soi bien que difficilement appréciable. Il apparaît, en effet, que plusieurs facteurs peuvent être incriminés dans cette recherche d'autonomie : – le temps d'écoute accordé au malade se réduit en raison des progrès diagnostics et thérapeutiques comme le rappelait l’ancien président de l’Ordre National des Médecins, B.Glorion « Il semble bien qu’aujourd’hui la médecine se laisse guidée par le seul progrès, en oubliant de prendre en compte l’indispensable dimension humaine bien qu'elle soit devenue une médecine plus sûre, plus rapide et plus efficace » [54]. – l'accès facilité à l'information médicale sur différents supports dont internet mais aussi la possibilité pour le patient de consulter le dossier médical sont autant d'éléments remettant en question la détention exclusive du savoir médical par le médecin [2] – L'intrusion du tiers social, contrôleur à la fois du malade, du médecin et du soin est venu effriter davantage la relation, autrefois privilégiée, médecin/malade [50]. On peut, de même, remarquer que 65% des patients interrogés dans notre étude déclarent avoir initialement consulté en MCA sur les conseils de proches(famille, amis, conjoint) et seulement 19% sur les conseils de leur médecin traitant(cf.figure 12). Néanmoins, lorsque l'on interroge les patients de notre étude « souhaitez-vous en parler à votre médecin traitant », parmi les utilisateurs de MCA, 60% disent avoir déjà abordé le sujet et 25% souhaiteraient partager ce thème avec leur médecin. Seuls 10% d'entre-eux se refusent à communiquer ce recours. Quant aux non utilisateurs de MCA, ils 45 sont également 46% à vouloir aborder les MCA avec leur médecin traitant. Cette autonomisation n'apparaît donc pas comme une volonté de fuir un parcours de soin coordonné par le médecin traitant ni comme une crise de confiance proprement dite mais plutôt comme une volonté de participer plus activement dans ce parcours et de s'impliquer davantage dans sa démarche de soin. On comprend dès lors la nécessité pour les médecins de porter une attention particulière à ces techniques en plein essor afin d'assurer pleinement le conseil, le contrôle et la coordination de ce soin et du soin en général. 4.6 L'appréciation des médecins Les médecins participants ont évalué à environ 35,4%, le taux de recours aux MCA dans leur patientèle ce qui est superposable au taux constaté de 34,1%. Néanmoins, 45% d'entre-eux ont évalué ce recours à moins de 15%. On peut donc considérer que près de la moitié des praticiens sous-estiment le recours aux MCA chez leur patient. Par ailleurs, bien que la majorité des médecins souhaite connaître le taux de recours en MCA(73%) et se dit prête à répondre à la demande des patients(87%), seulement un médecin sur quatre est intéressé par les MCA. La moitié d'entre-eux, en effet, sont mitigés(46,6%) sur la question de la légitimité de ces techniques. Dans le reste du monde, les médecins généralistes sont plus impliqués que leurs collègues français. Ainsi, dans une enquête réalisée en Australie, 68% des médecins généralistes interrogés intègrent les MCA dans leur arsenal thérapeutique [55]. Parmi eux, 40% ont motivé ce recours par l'échec de la médecine conventionnelle et 25% ont fait suite à la demande de leurs patients de recourir à ces techniques. Aux Pays-Bas, ils sont 60% à orienter leurs patients en MCA en avançant dans 50% des cas, un effet placebo attendu [56]. En Allemagne, on retrouve aussi 60% de médecins de famille qui déclarent inclure les MCA dans leur pratique courante [57]. Cette discordance, observée dans notre étude, entre l'intérêt porté au taux de recours 46 en MCA et l'implication réelle des médecins généralistes semblent ainsi révéler un malaise quant à l'appréciation de ces disciplines. Il est donc utile de voir quels sont les facteurs pouvant inciter ou dissuader les praticiens à s'investir dans ce champ. Dans notre étude, il apparaît que l'effet placebo attendu(73%) et la volonté de préserver la relation médecin/patient(64%) sont les arguments ayant motivés les médecins à porter un intérêt aux MCA. Ces deux facteurs sont également retrouvé par Visser [56]. Quant à ceux qui refusent de s'investir dans le champ des MCA, nous avons distingué deux groupes : ceux qui relèvent le manque de temps et le souci de formation et ceux qui avancent la rigueur scientifique comme frein à cet investissement. Le manque de temps et le souci de formation sont des arguments cités à plusieurs reprises dans la littérature. Ainsi, selon Joos [57] la charge de travail réduite et une satisfaction du praticien à l'égard de son exercice sont des facteurs prédictifs de recours aux MCA. Quant à la formation des médecins généralistes aux MCA, on remarque que dès 1987, Visser mettait en évidence une volonté de formation dans les MCA pour 75% des généralistes interrogés(échantillon de 600 médecins) [56]. Ce besoin de formation se retrouve également chez les étudiants en médecine. Hopper [58] rapporte que 51% d'entre-eux souhaitent une formation élémentaire consacrée aux thérapeutiques alternatives au cours de leur cursus universitaire. Pour Awad, 89,6% des étudiants en médecine et en pharmacie veulent un enseignement complémentaire consacré aux MCA afin de les aider dans leur exercice futur [59]. Enfin, la rigueur scientifique est un argument avancé par certains médecins pour justifier le désintérêt porté aux MCA. On peut d'ailleurs remarquer que bien qu'avouant leur méconnaissance des MCA(74% à 86%), celles qui intéressent le plus les médecins, dans notre étude, sont aussi celles qui se réclament le plus d'une base de connaissance commune à la médecine conventionnelle : l'ostéopathie et la mésothérapie puis l'acupuncture à une moindre mesure. 47 La littérature fait mention d'innombrables études sur la question des MCA mais les plus sérieuses d'entre-elles peinent à justifier un intérêt supérieur au seul placebo [8]. Quant à Sarris, une meilleure transparence des résultats au sujet des MCA reste nécessaire [60]. D'autre part, Eastwood soulève la difficulté pour les médecins d'opposer une légitimité clinique à une légitimité scientifique [61]. Néanmoins, vu le fort intérêt suscité par les MCA : un patient sur trois a recours à ces techniques et un sur deux souhaite aborder cette question avec son médecin, il apparaît tout aussi nécessaire que les omnipraticiens se penchent sur cette question. En effet, le principe même de l'éducation thérapeutique du malade incite fortement les médecins généralistes à s'informer sur les MCA afin de pouvoir prodiguer un conseil avisé et objectif à leur patient mais aussi assurer pleinement leur rôle de coordinateur et de contrôle du soin. Ainsi, pour Zhang, les médecins généralistes avouent leur besoin d'accroître leur connaissance sur les MCA les plus courantes afin d'optimiser leur relation médecin/malade [10]. Sur la question des MCA, Schofield [62] rappelle également l'importance de saisir la particularité ainsi que la diversité culturelle et ethnique du patient puis de discuter des priorités de soin. Le médecin module ensuite le recours aux MCA en y apposant les éléments scientifiques éprouvés permettant de légitimer ou non telle ou telle discipline. 48 5. Conclusion Cette étude est la première réalisée, en province française, sur l'évaluation du recours aux médecines complémentaires et alternatives(MCA) par les patients de médecine générale et leurs médecins traitants. 34,1% des patients interrogés dans le département de l'Oise ont déjà consulté en MCA et plus de la moitié d'entre-eux souhaite aborder ce sujet avec leur médecin généraliste. Les trois disciplines les plus consultées sont l'homéopathie (49%), l'Ostéopathie (46%) et l'Acupuncture (34%). Le sexe féminin, la prise d'un traitement au long cours et la ruralité apparaissent comme des facteurs prédictifs de recours aux MCA. Les principales indications pour lesquelles les patients consultent sont les douleurs ostéo-articulaires (69%) et les pathologies anxio-dépressives (20%). Nos résultats soutiennent l'existence d'une dynamique globale de recours aux MCA, notamment à l'échelle nationale, et viennent corroborer une volonté croissante d'autonomisation du patient dans son parcours de soin. Néanmoins, il ne semble pas exister de crise de confiance en la médecine conventionnelle, la majorité des patients (62%) voyant dans les MCA l'occasion de pallier au vide thérapeutique de celle-ci voire de renforcer leur organisme. D'autre part et bien que la majorité des médecins interrogés (73%) souhaite connaître le taux de recours aux MCA dans leur patientèle, seulement 26,7% d'entre-eux manifestent leur intérêt pour celles-ci. En effet, le manque de preuve scientifique pour certains (72%) et la difficulté d'accéder à une formation pour les autres (72%) sont les obstacles à cet investissement. On comprend dès lors que pour assurer l'éducation thérapeutique du malade en bonne et due forme, sur la question des MCA, il sera nécessaire aux médecins généralistes de mettre à jour leurs connaissances, à la lumière des données actuelles de la littérature. 49 Par ailleurs, l'inclusion des MCA dans l'enseignement classique de la médecine apparaît aussi comme une solution à plus long terme afin d'homogénéiser les connaissances sur ces techniques. Il ne sera évidemment pas question de justifier ce recours étant donné que les preuves scientifiques sur cette question font actuellement défauts mais plutôt d'initier les futurs médecins à ces disciplines. Nous serons ainsi peut-être les témoins, en France, d'une nouvelle perspective d'inclusion des MCA dans le schéma thérapeutique classique, principe émergeant déjà dans les pays anglo-saxons : la médecine intégrative [63, 64, 65]. Elle aurait pour effet de positionner le médecin généraliste au centre de la démarche d'accès aux MCA avec pour objectifs : un meilleur contrôle de ces techniques, une plus grande transparence de leur recours et un suivi personnalisé des patients. Il persisterait le problème de coût que pourrait générer la démocratisation du recours aux MCA et leur remboursement. Néanmoins, une étude suisse, menée par Studer montre que ce coût serait équivalent voire inférieur au coût de la médecine conventionnelle [66]. Quant aux établissements privés d'assurance, ils prennent déjà en charge la plupart de ces disciplines [67]. 50 Annexes Annexe 1 : Questionnaire adressé aux patients 51 Enquête en vue d'une thèse en médecine: Evaluation du recours aux "médecines douces" en médecine générale, dans le département de l'Oise (questionnaire patient) 1. Vous êtes: Un homme Une femme 2. Votre âge: I_I_I ans 3. Votre niveau d'études: Sans diplôme Certificat d'études CAP, BEP, brevet des collèges Baccalauréat Bac +2/+3 Bac +5 et plus 4. Votre situation professionnelle: Profession libérale Salarié(e) en contrat fixe(CDI, fonctionnaire) Titulaire d'un CDD, intérimaire Au chômage Etudiant(e) Retraité(e) En invalidité Autre:....................................... 5. Votre couverture sociale: Avez-vous une mutuelle? Oui Non Etes-vous bénéficiaire de la CMU ou de l'AME? Oui Non 6. Votre état de santé: Prenez-vous un traitement au long cours? Oui (médicaments pris:........................................................................................) Non Avez-vous déjà eu besoin de soins cancérologiques? Oui (année: I_I_I_I_I ) Non 7. Avez-vous déjà eu recours à une consultation de "médecines douces"? Oui, dans les douze derniers mois Oui, au moins une fois dans ma vie 52 Non(auquel cas, passez directement à la question n°14) Si oui, laquelle? homéopathie Médecine chinoise/Acupuncture Médecine manuelle/Ostéopathie/Chiropraxie Phytothérapie/Aromathérapie Hypnose Sophrologie Mésothérapie Autre:.................................................................................................................... 8. La personne que vous avez consultée pour cela est-elle médecin? Oui Non Je ne sais pas 9. Pour quelles pathologies avez-vous initialement consulté en "médecines douces"? .................................................................................................................................................. ………………………………………………………………….............................................. .................................................................................................................................................. ……………………………………………………………….................................................. 10. Comment avez-vous été amené(e) à consulter en "médecine douce"? Adressé(e) par votre médecin traitant Suite à une recommandation d'un proche Vous en avez entendu parler dans les médias(TV, radio, internet...) Autre:................................................................................................................ 11. Pour quelle(s) raison(s)? Cela va m'aider à guérir, en complément de mes traitements habituels Echec de la médecine conventionnelle pour me soigner Peur des médicaments classiques(effets secondaires, toxicité...) Aide au sevrage(tabac, alcool...) Soutient psychologique Prévention Accès difficile au médecin traitant(carence en médecins, éloignement...) Autre:........................................................................................................................ 12. Dans l'ensemble, avez-vous été satisfait(e) de votre prise en charge en "médecine douce"? Oui Non Si oui, y ferez-vous de nouveau appel si la situation se présentait? Oui Non 13. Votre médecin traitant sait-il que vous avez eu recours à une "médecine douce"? Oui, et il travaille en collaboration avec mon autre soignant 53 Oui, et il approuve cette prise en charge sans pour autant collaborer avec mon autre soignant Oui, mais il désapprouve cette prise en charge Non, je ne vois pas l'intérêt de lui en parler Non, je pense qu'il n'apprécierait pas Non, autre motif:.............................................................................................................. 14. Si ce n'est pas déjà le cas, souhaiteriez-vous pouvoir parler de la "médecine douce" avec votre médecin traitant? Oui Non 15. Votre médecin traitant: A quelle fréquence le voyez-vous? Une à plusieurs fois par an Moins d'une fois par an Quel temps vous accorde-t-il en moyenne à chaque consultation? Moins de 15 minutes Entre 15 et 30 minutes Plus de 30 minutes Ce temps de consultation vous convient-il? Oui Non Si non, pourquoi? ................................................................................................................................... ................................................................................................................................... Merci de votre participation ! 54 Annexe 2 : Questionnaire adressé aux médecins 55 Enquête en vue d'une thèse de médecine: Evaluation du recours aux "médecines douces" en médecine générale, dans le département de l'Oise (questionnaire Médecin) 1. Sexe : Homme Femme 2. Age : I_I_I ans 3. Lieu d’exercice Urbain Semi-rural Rural 4. Secteur de tarification : Secteur I Secteur II 5. Temps moyen de consultation : Moins de 15 minutes 15 à 30 minutes Plus de 30 minutes 6. D'après vous, quelle proportion de vos patients a recours à une médecine alternative ? ------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------7. Orientez-vous volontiers vos patients vers une consultation de médecine alternative ? Jamais Parfois Souvent Homéopathie Acupuncture / Médecine chinoise Phytothérapie / Aromathérapie Hypnose Médecine manuelle / Ostéopathie Mésothérapie Sophrologie Autres …………………………………… 56 8. Comment qualifieriez-vous votre connaissance des médecines alternatives suivantes ? Nulle Faible Moyenne Bonne Excellente Homéopathie Médecine chinoise /Acupuncture Phytothérapie / Aromathérapie Hypnose Médecine manuelle /Ostéopathie Mésothérapie Sophrologie Autres ……………………………… 9. Vous paraît-il important de savoir si vos patients sont suivis par ailleurs en médecine alternative? Oui Non 10. Portez-vous un intérêt pour les médecines complémentaires et alternatives(MCA) ? a) oui car: notions scientifiques ou expérimentales attestant de l'efficacité de ces techniques effet placebo attendu psychothérapie "déguisée", déléguer le temps d'écoute des patients, faisant défaut aux praticiens, à un autre professionnel réponse simple à une demande du malade, coopération en vue de préserver la relation médecin /malade effet de mode autre: .......................... b) non car: croyance en l'inefficacité de ces techniques en tant que scientifique, ces techniques semblent s'opposer au principe de l'Evidence Based Medicine(médecine fondée sur des preuves) pas le temps de s'y intéresser difficulté liée à la formation: problème de temps, de coût, d'accès à des centres de formation... autre: ........................... 11. Comment évaluez-vous votre relation médecin /malade dans le recours aux MCA ? volonté de pratiquer et d'intégrer les MCA au parcours de soin volonté d'être le seul référent sans volonté de pratiquer une MCA, en tant que coordinateur du parcours de soin(volonté de transparence, contrôle) simple conseiller et oriente si besoin vers un professionnel en MCA indifférent, le patient est libre de ses choix, volonté de ne pas interférer ou peur d'être pris au dépourvu si le patient interroge au sujet des MCA? non investi car non intéressé ou non sollicité par ses patients(probable recours à l'insu du praticien) Merci de votre participation ! 57 Références Bibliographiques 1. GRUNWALD D. Pratiques médicales non éprouvées Session du Conseil National de l'Ordre des Médecins, sept.1997 2. LAZARUS A. Médecines complémentaires et alternatives : une concurrence à l'assaut de la médecine des preuves ? Sève n°15, été 2007 3. 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Les 3 MCA les plus citées étaient l'Homéopathie, l'Ostéopathie et l'Acupuncture. Les principales indications à ce recours étaient les douleurs et les pathologies anxio-dépressives. 62% des utilisateurs y recouraient en complément de leur traitement. 39% des utilisateurs n'ont pas informé leur médecin traitant. 73% des médecins interrogés souhaitaient connaître le taux de recours aux MCA chez leurs patients mais seuls 26,7% d'entre-eux portaient un intérêt à ces techniques. Près de 80% des médecins jugeaient leurs connaissances des MCA insuffisantes. Discussion :Il existait un manque de communication entre les médecins et les patients à ce sujet. Les premiers étaient partagés entre le manque de preuves en faveur des MCA et la difficulté d'accès à une formation. Les seconds semblaient s'inscrire dans une dynamique d'autonomisation. Conclusion :Comme dans la littérature, notre étude a retrouvé un taux important de recours aux MCA parmi les patients de l'Oise. Afin d'optimiser la relation médecin-malade, il nous apparaissait nécessaire que le médecin s'investisse davantage sur cette question. Mots clés : Médecine Complémentaire et Alternative – MCA - Médecine Générale – Recours – Province – Homéopathie – Ostéopathie – Acupuncture Evaluation of complementary and alternative medicine (CAM) use among primary care patients in Oise, France Abstract : Introduction: In France, the use of CAM was only partially appreciated. Our study aimed to assess the prevalence of that use among primary care patients in the district of Oise and the determinants of their choice. Patients and Methods: 320 patients were interviewed on the basis of an anonymous survey in 15 primary care offices randomly-selected in the Oise. Results: 34.1% of patients have used CAM. Sex, taking a long-term treatment and rurality were statistically significant factors in CAM use. The three CAM most frequently cited were Homeopathy, Osteopathy and Acupuncture. The main indications were pain and anxiety and depressive disorders. 62% of users used it as a supplement to their treatment. 39% of users did not inform their physician. 73% of physicians surveyed wanted to know the rate of use of CAM among their patients but only 26.7% of them were interested in these techniques. Nearly 80% of physicians felt their knowledge of MCA insufficient. Discussion: There was a lack of communication between doctors and patients about it. The first were shared between the lack of evidence in favor of the CAM and the difficulty of access to training. The latter seemed to be part of a dynamic empowerment. Conclusion: As in the literature, our study found a high rate of CAM use among patients of the Oise. To optimize the patient-physician relationship, it seemed necessary that the doctor invest more on this issue. Key words: Complementary and Alternative Medicine – CAM - Primary care – use – province – Homeopathie – Osteopathie – Acupuncture 64