alla turca - Turquie News

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Festival « Les Nuits du Monde » 2012
ALLA TURCA
Musiques de Turquie
Genève et Rhône-Alpes, du 3 au 20 octobre 2012
Genève
Théâtre Cité Bleue
46, avenue de Miremont
Festival « Les Nuits du Monde » 2012
ALLA TURCA
Musiques de Turquie
Genève et Rhône-Alpes du 3 au 20 octobre 2012
PROGRAMME
Projet au 10 janvier 2012
1. Musique ottomane.
Ensemble de Musique Classique d’Istanbul
sous la direction de Murat Salim Tokaç (7 musiciens)
2. Musiques tsiganes
Ahırkapı Roman Orkestrası (8 musiciens)
Zurna-davul (6 musiciens)
3. Musique et danse des Alevi
Erdal Erzincan, chant des aşık (3 musiciens)
Cem alevi, ensemble Dertli Divani (9 musiciens et danseurs)
4. Les voix du soufisme d’Istanbul
Ensemble Mehmet Kemiksiz (7 musiciens)
5. Grands solistes turcs
Trio Çağrı–Özkök–Borazan (3 musiciens)
Trio Ertan Tekin (3 musiciens)
6. Musique d’Urfa . Ensemble Urfa Ahengi.
Halil Altıngöz (8 musiciens)
7. Musique de la mer Noire
Muhabbet pontique (5 musiciens)
Musique de la mer Égée
Trio des Yayla de Denizli (3 musiciens)
1. Musique ottomane
Ensemble Murat Salim Tokaç (7 musiciens)
Murat Salim Tokaç : tanbur, dir.
Sadreddin Özçimi : ney
Emre Erdal : kemençe
Atilla Akıntürk : kanun
Ahmet Tacoğlu : daire
Murat Irkılata : chant
Tuba Akyol : chant
Istanbul demeure la capitale de ce qu’on appelle la musique classique ottomane, cet
art raffiné qui s’est développé à la cour des sultans à partir du XVe siècle. Fondée sur
l’art du makam, cette musique appartient à la grande tradition des musiques modales
qu’on rencontre aussi dans le monde arabe, en Iran et en Asie Centrale. Elle
comporte de nombreuses compositions vocales (şarkı, beste, karçe...) et
instrumentales (peşrev, saz semâî...), parfois regroupées en cycles (fasıl) et
entrecoupées d’improvisations vocales (layali) ou instrumentales (taksim).
Murat Salim Tokaç est un grand maître du luth à long manche tanbur. Son ensemble
est aujourd’hui reconnu comme un des meilleurs de Turquie. Il puise son répertoire
aux anciennes sources, dont il propose une interprétation tout en finesse, propre à
mettre en évidence les timbres des voix et des instruments.
2. Musiques tsiganes
Zurna-davul (6 musiciens)
Ensemble du village de Lüleburgaz, Thrace
Le couple constitué par le hautbois zurna et la grosse caisse davul est l’animateur de
nombreuses célébrations villageoises, notamment les fêtes de mariages. On le
rencontre aussi bien en Thrace, dont viennent les musiciens invités, qu’en Anatolie et
dans la région de la mer Noire. Ensemble à géométrie variable, souvent l’apanage
de musiciens Tsiganes, il peut comporter un hautbois et un tambour ou plus d’une
dizaine de chacun des deux instruments.
Cette musique très entraînante est une invitation à la danse. Celle-ci se pratique
parfois en solo, mais également en longues farandoles collectives sur des rythmes à
la métrique souvent impaire, qu’on appelle aksak, boiteux. Ses principales formes
sont le zeybek (à 9 temps lents), le karşılama (à 9 temps rapides) et la hora ou horon
(à 4 temps). Originaire de Thrace, l’ensemble du village de Lüleburgaz jouit d’une
réputation qui dépasse largement les frontières de la région.
Ahırkapı Roman Orkestrası (8 musiciens)
Ömer Yoldaş : klarnet (clarinette)
Kenan Kayacı : klarnet (clarinette)
Cemal Daulcuoğlu : garmon (accordéon)
Osman Dursun : kanun
Zeki Kayacı : cümbüş (banjo)
Nuri Baytan : def
Cüneyt Karabulut : darbuka
Yalgın Görgülü : chant, zil
Ahırkapı est le nom d'un quartier d'Istanbul où se sont succédées des générations de
Tsiganes. La culture musicale y est foisonnante et tout enfant qui y vient au monde
se destine un jour où l'autre à jouer d'un instrument pour accompagner en musique
les grands moments de la vie de sa communauté. Les membres du groupe Ahırkapı
Roman Orkestrası ont tous grandi dans ce célèbre quartier, situé tout près de la
Mosquée bleue et du Palais de Topkapi.
La population d’Ahırkapı, venue en grande majorité de Salonique, s'est installée à
Istanbul au début du siècle dernier. Depuis, trois générations de musiciens se sont
succédées dans ses ruelles tortueuses. Leur musique opère un étonnant
syncrétisme entre éléments tsiganes, balkaniques, et orientaux. Elle nous plonge
dans l'ambiance festive et colorée d'un quartier dont les habitants entretiennent une
remarquable spontanéité musicale.
3. Musique et danse des Alevi
Erdal Erzincan, chant des aşık (3 musiciens)
Erdal Erzincan : chant, bağlama
Mercan Erzincan : chant, bağlama
Ufuk Şimşek : kaval
Dans le sillage des troubadours (aşık ou ozan), ces poètes et musiciens itinérants
qui ont laissé une empreinte considérable dans la culture d'Anatolie, Erdal Erzincan
allie à merveille technicité et sensibilité. Virtuose novateur passé maître dans l'art de
l'improvisation, mais aussi de la composition, il excelle dans le jeu du luth à long
manche bağlama. Désireux à la fois de perpétuer une tradition ancestrale dans son
plus grand respect tout en l'ouvrant à la modernité et à d'autres horizons, il est l'un
des plus brillants musiciens de sa génération.
Formé à l'école du grand maître Arif Sağ et travaillant souvent avec lu, il se produit
actuellement en solo, avec l'orchestre de bağlama qu'il a créé, ainsi parfois qu'en
duo avec le joueur de kamancha iranien Kayhan Kalhor ou le guitariste flamenco
Juan Carmona. C’est avec la complicité de son épouse Mercan, également
chanteuse et joueuse de bağlama, et du frère de celle-ci Ufuk Şimşek, joueur de flûte
kaval, qu’il nous emportera dans l’univers poétique des aşık.
Cem alevi, ensemble Dertli Divani (9 musiciens et danseurs)
Veli Aykut (Dertli Divani) : zakir (chant)
Ahmet Aykut : zakir (chant)
Hüseyin Güvercin : zakir : (chant)
Fatma Güvercin : danseuse
Harun Özdemir : danseur
Ferhat Karaca : danseur
Hikmet Tezerdi : danseur
+ 2 danseuses
Le cem alevi représente certainement le rituel le plus marquant de cette
communauté de l’Islam hétérodoxe anatolien, rassemblant plus de 20% de la
population turque. Il reconstitue symboliquement le voyage céleste du Prophète
Mohamed, au cours duquel celui-ci aurait accompli la danse mystique du sema en
compagnie des quarante saints cachés de l’alevisme. Au son de chants mystiques
accompagnés au luth bağlama, hommes et femmes effectuent des danses souvent
tournantes et tourbillonnantes qui rappellent le mouvement des planètes autour du
soleil.
Dertli Divani est lui-même l’un des aşık les plus marquants, conjuguant avec brio les
sources vives de la foi alevie et son statut d’artiste moderne. Issu d’un prestigieux
lignage spirituel qui lui permet de diriger des cem en Turquie comme dans le monde,
il a composé certains des plus beaux poèmes alevis de ce dernier quart de siècle, où
il n’a de cesse d’évoquer la recherche de la vérité, la séparation d’avec l’Ami divin,
l’exil terrestre : « L’amour du Bien-aimé me fait errer dans des terres étrangères… »
nous confie-t-il ainsi dans un de ses récentes compositions…
4. Les voix du soufisme d’Istanbul
Ensemble Mehmet Kemiksiz (7 musiciens)
Mehmet Kemiksiz : hafız (chant)
Ahmet Uzunoğlu : hafız (chant)
Zinnuri Kurt : hafız (chant)
Ahmet Şahin : ney, hafız (chant)
Furkan Resuloğlu : tanbur
Caner Can : kanun
Mert Nar : bendir, def
Le soufisme est intimement lié à la société turque comme à ses musiques,
populaires ou savantes, instrumentales ou vocales. Les instruments emblématiques
du soufisme rappellent constamment cette infinité de l’amour mystique, que ce soit la
flûte ney, sur le mode nostalgique de la séparation d’avec l’Etre aimé et de l’errance
de l’âme solitaire, ou le luth tanbur dont les sons où « résident les mystères des deux
Mondes… mettent les sphères en mouvement » (Aynî).
La voix humaine demeure cependant l’axe central du soufisme turc, u’elle s’exprime
dans les poèmes chantés (ilahî, nefes et kaside) ou la remémoration du nom de Dieu
dans le zikr. Réunissant instrumentistes de renom – en particulier le joueur de ney
Ahmet Şahin – et chanteurs (hafiz) réputés autour de l’illustre Mehmet Kemiksiz, ce
programme nous ouvrira les portes d’un voyage musical au tréfonds de l’âme
mystique…
5. Grands solistes turcs
Trio Çağrı-Özkök-Borazan (3 musiciens)
Serkan Çağrı : clarinette
Savaş Özkök : kanun, chant
Suat Borazan : derbuka
Ce programme rassemblera exceptionnellement trois solistes, tous largement
reconnus en Turquie, autour de leur instrument de prédilection.
Virtuose de la clarinette, Serkan Cağrı a toujours été au carrefour d’influences
diverses. Son désir d’explorer toutes les possibilités de son instrument, découvert
dès l’enfance, l’incite à mener d’intenses recherches quant aux différentes
techniques de jeu de la clarinette, en Turquie comme en Europe, revisitant avec brio
les répertoires traditionnels.
Jeune maître du chant et de la cithare kanun, Savaş Özkök a exploré les mille et un
horizons du répertoire classique turc. Membre de groupes prestigieux comme les
Derviches tourneurs de Konya ou le New Istanbul Oriental Ensemble de Burhan
Öçal, il joue aussi fréquemment en soliste, se signalant par sa grande connaissance
du répertoire et ses dons d’improvisateur.
Suat Borazan a su enrichir son art au gré de ses voyages. Entre sa Turquie natale,
l’Allemagne, où il a grandi et l’Egypte, où il a notamment travaillé avec des grands
noms de la chanson populaire arabe comme Muhammad Fouad, il a su explorer
toute la musicalité de la derbuka, à travers un style mêlant à la fois fougue, précision
et subtilité. Il a été à l’origine de “Harem“, un des tous premiers ensembles turcs
entièrement dédié à la percussion, voie qu’il continue à explorer actuellement.
Trio Ertan Tekin (3 musiciens)
Ertan Tekin : duduk, mey, zurna
Engin Arslan : yaylı tanbur, dede bağlama, lavta, chant
Abbas Karacan : daire, davul
Musicien de référence dans tout ce qui touche à la famille des hautbois, zurna, mey
et duduk, Ertan Tekin est un précurseur dans l’introduction de ces instruments à vent
dans des ensembles de musique de concert, alors qu’ils étaient essentiellement
joués dans des fêtes populaires. Il a su leur donner des lettres de noblesse qu’il
enrichit avec bonheur dans cet ensemble, auquel participent le virtuose Engin Arslan
aux luths yaylı tanbur, dede bağlama et lavta, et Abbas Arslan au tambourin daire et
à la grosse caisse davul.
6. Musique d’Urfa
Ensemble Halil Altıngöz (8 musiciens)
Ibrahim Halil Altıngöz : chant, ud
Y. Feridun Yüzgen : bağlama
M. Bakir Karadaglı : bağlama
I. Halil Sezgin : chant
Mustafa Sucu : chant
M. Mercan Özcan : chant, keman (violon)
M. Nedim Karadaglı : kanun
Ibrahim Ocakoğlu : percussions
A Urfa, ville du sud-est Anatolien à la frontière syrienne et à l’ambiance fort orientale,
« la terre est délicieusement parfumée de musique », dit-on… De la naissance au
départ vers l’au-delà, la musique est là, pour accompagner chaque étape de la vie
des Urfalis, ces habitants de l’antique Edesse, lieu de naissance d’Abraham selon la
tradition… Dans cette ville, aux riches comme aux très sombres heures, la musique
joue un rôle central, notamment lors des fameuses sra geces, longues veillées
hivernales, véritables « conservatoires populaires » où les jeunes se forment à
l’écoute des anciens, assurant la pérennité d’un chaîne immémoriale...
C’est dans cette atmosphère baignée de musique qu’a grandi Halil Altıngöz, un des
plus fameux citoyen d’Urfa, tout à la fois musicien de grand renom, chanteur,
chercheur, collecteur passionné de cette musique qu’il fait dorénavant sillonner de
par le monde et les ondes.
7a. Musique de la mer Noire
Muhabbet pontique (5 musiciens)
Nikos Mixailidis : kemençe, voix
Adem Ekiz : kemençe, voix
Ilknur Yakupoglu : voix
Eyup Eyuboglu : kemençe, voix
Yasar Taskin : voix
Dans les montagnes pontiques (région de Trabzon), les hommes chantent au son du
kemençe – une vièle de bois à trois cordes à la forme et aux timbres reconnaissables
entre tous. Cet instrument se joue seul, sans aucun accompagnement – à part peutêtre les pieds frappés sur le sol pour accentuer le rythme –, et n'est là que pour
soutenir le chant (plus rarement la danse) lors de ces longues réunion de chanteurs
que l'on nomme muhabbet : quelques amis, des provisions, un kemençe qui passe
de main en main... Autour d'une table, chacun chante à tour de rôle, conversation
musicale où l'on brode complaintes, chansons des temps anciens et airs de danse.
Ce muhabbet-là est un peu particulier : Nikos Mixailidis est né en Grèce – où le
kemençe et son répertoire ont émigrés après l'échange de populations gréco-turc il y
a près d'un siècle – et joue avec Adem Ekiz depuis des années, indifféremment dans
les deux langues historiques de la région : turc et grec. Ensemble, ils ont contribué à
rapprocher les musiciens des deux pays, justement autour de ce moment de
convivialité qu'est le muhabbet.
7b. Musique de la mer Égée
Trio des Yayla de Denizli (3 musiciens)
Zafer Dev : saz, üçtelli bağlama, chant
Kısmet Dev : saz, violon, chant
Mehmet Genç : saz, üçtelli bağlama, chant
Ces trois musiciens viennent des montagnes du Taurus occidental (région de
Denizli-Fethiye) ; ils sont issus de lignées de nomades turkmènes qui ont fini par se
sédentariser sur leurs anciens campements d'été (yayla), au début du XXe siècle.
Leur musique, disent-ils, trouve son origine dans le « chant de gorge » des femmes,
aujourd'hui disparu, que les hommes imitaient à l'instrument, et les « faisant
tourner » pour la danse : en résulte tout un répertoire d'airs vifs, formulaires et
répétitifs, sur un rythme boiteux lancinant. Cette région est aussi celle des zeybek,
airs à danser lents et solennels, évoquant les figures des bandits d'honneur du
passé.
Ces répertoires, autrefois destinés aux réunions pastorales dans la montagne, ou
aux veillées d'hiver, ne sont plus joués désormais que dans les fêtes de mariage, ce
qui assurent à nos musiciens des revenus régulier pendant toute la belle saison
(avril-octobre). Parmi les instruments traditionnels de la région, deux singularités : le
üçtelli bağlama à trois cordes, sans doute le plus petit des luths du monde, et le
düdük, ou çam sipsisi, « sipsi de pin », petit hautbois fabriqué au printemps avec
l'écorce des jeunes branches de pin. Les autres instruments sont plus courants : le
saz de taille standard, et le violon.