Maillot, É. (2014). Compte rendu de S. Rojstaczer et C. Healy, 2012

Transcription

Maillot, É. (2014). Compte rendu de S. Rojstaczer et C. Healy, 2012
Maillot, É. (2014). Compte rendu de S. Rojstaczer et C. Healy, 2012. Where A is
ordinary: The evolution of American college and university grading, 1940-2009.
Teachers college record, 114(7), 1-23.
Dans cet article, les auteurs tentent d’expliquer la différence de notation utilisée pour les
années situées entre 1940 et 2009, plus précisément chez les élèves fréquentant le collège
et l’université aux États-Unis. Pour ce faire, les auteurs ont comparé des notes allant de «
A » à « F » auprès de 335 collèges et universités américains, soit auprès d’environ 1,5
million d’élèves sur une période de 70 ans. Leurs recherches démontrent que la quantité
de « A » octroyée a grandement augmenté soit de 28% depuis 1960 ce qui fait d’elle,
aujourd’hui, la note la plus commune dans les collèges et universités américains.
Inversement, les notes « D » et « F » ont diminué et sont attribuées de nos jours moins de
10% du temps.
Pour ce qui est de la différence de notation en fonction du temps, Rojstaczer et Healy
affirment que c’est la combinaison de plusieurs évènements qui ont mené à la
banalisation des « A » et à la quasi-disparition des échecs. À partir de leurs recherches,
les auteurs ont remarqué une inflation des notes débutant dans les années 60. Ils ont donc
identifié la guerre du Vietnam (1963-1975) comme l’élément déclencheur de ces
changements. Les auteurs proposent que les professeurs aient tenté de garder leurs
étudiants en élevant leurs notes. De ce fait, leurs élèves semblaient ne faire que du bon
travail scolaire et étaient moins recrutés pour l’armée. Quelques années plus tard, les
femmes faisaient leur entrée sur les bancs d’école, ce qui a légèrement augmenté les
notes. Ensuite, l’éducation est devenue beaucoup plus dispendieuse et aurait changé de
statut. Elle est désormais considérée comme un produit et non plus comme une simple
source de savoir. Dès lors, l’attitude des professeurs change, ils sont désormais
responsables de la réussite comme de l’échec des étudiants. De plus, comme tout bon
produit, l’éducation doit désormais être plaisante pour les élèves, qui sont les
consommateurs. De facto, les élèves expriment une plus grande satisfaction lorsqu’ils
obtiennent de bons résultats scolaires. En plus, les professeurs doivent prendre en
considération que l’ensemble des notes qu’ils émettent influencera la réputation du
collège ou de l’université où ils travaillent. Tout ceci peut sembler anodin, mais si les
notes ne sont pas assez fortes et si les élèves sont peu satisfaits, les compétences du
professeur à bien enseigner et à faire de bonnes évaluations seront remises en cause et
pourraient même conduire à son congédiement. Pour toutes ces raisons, les professeurs
baissent leurs standards d’évaluation.
Pour votre information personnelle :
Provient de : Rojstaczer, S. et Healy, C. (2012). Where A is ordinary: The evolution of American
college and university grading, 1940-2009. Teachers college record, 114(7), 1-23.