fiche Brevet le déserteur.odt
Transcription
fiche Brevet le déserteur.odt
Le déserteur (1954) BORIS VIAN (1920-1959) Monsieur le Président ent je vous fais une lettre Que vous lirez peut-être être si vous avez le temps. Je viens de recevoir mes papiers militaires Pour partir à la guerre avant mercredi soir. Monsieur le Président je ne veux pas la faire Je ne suis pas sur terre pour tuer des pauvres gens C´est pas pour vous fâcher il faut que je vous dise Ma décision est prise je m´en vais déserter . Depuis que je suis né j'ai vu mourir mon père J´ai vu partir mes frères et pleurer mes enfants Ma mère a tant souffert qu'elle est dedans sa tombe Et se moque des bombes et se moque des vers. Quand j´étais prisonnier on m´a volé ma femme On m´a volé mon âme et tout mon cher passé Demain de bon matin je fermerai ma porte Au nez des années mortes j´irai sur les chemins. Je mendierai ma vie sur les routes de France De Bretagne en Provence et je dirai aux gens « Refusez d´obéir Refusez de la faire N´allez pas à la guerre refusez de partir. » S´il faut donner son sang allez donner le vôtre Vous êtes bon apôtre Monsieur le Président Si vous me poursuivez prévenez vos gendarmes Que je n´aurai pas d´armes Et qu´ils pourront tirer. Nota: La version initiale des 2 derniers vers était: "que je tiendrai une arme, et que je sais tirer..." Boris Vian a accepté la modification de son ami Mouloudji pour conserver le côté côté pacifiste de la chanson! A) INTRODUCTION : Création de la chanson «Le Déserteur» Il s’agit de sa chanson la plus célèbre. C’est une chanson anti-militariste écrite à la fin de la guerre d'Indochine (soit le 15 février 1954), juste avant la guerre d'Algérie. Il en a également co-composé la musique avec Harold Berg. Elle fut enregistrée le jour de la défaite de l'armée française lors de la bataille de Dien Bien Phu qui sonna le début de la fin de la guerre d'Indochine. Bien que Boris Vian la chante lui- même quelques temps plus tard, c'est Marcel Mouloudji qui en est le premier interprète. Il modifia certaines paroles avec l'accord de Boris Vian. Il s’agit d’une lettre adressée à « Monsieur le Président » par un homme ayant reçu un ordre de mobilisation en raison d’un conflit armé. B) ANALYSE DES PAROLES de la Chanson: Il s’agit d’un texte de poésie engagée. C’est un chant de protestation composé de 12 quatrains en rimes embrassées (ABBA) (ou 3 strophes musicales) et symbole de la liberté d’expression. Il s’agit d’une lettre ouverte adressée à « Monsieur le Président » (le président à cette époque est René Coty) par un homme ayant reçu un ordre de mobilisation militaire en raison d’un conflit armé (une guerre). C’est une lettre argumentative dans laquelle on retrouve tous les procédés pour convaincre : des répétitions , des phrases injonctives et une stratégie argumentative. L’homme y explique qu’il ne veut pas partir à la guerre, et justifie sa décision par les décès survenus dans sa famille proche à cause de la guerre, et par le fait qu'il ne veut pas tuer de pauvres gens. Il révèle son intention de déserter et surtout incite les gens à suivre son exemple (il prône donc la non-violence, c'est un appel à la paix). Il est conscient que son acte aura de lourdes conséquences ; il ne fuit pas et s'attend à être arrêté ou bien tué. "Vous pourrez dire à vos gendarmes, que je n'aurai pas d'arme et qu'ils pourront tirer". Vocabulaire : – Déserteur : soldat qui a quitté son unité militaire sans y être autorisé / personne qui abandonne une cause, un parti. – Censure : Fait de censurer, d’interdire un livre, un film... C/ ANALYSE MUSICALE : Formation instrumentale : Un petit orchestre de Jazz ou Jazz Band (piano, contrebasse, batterie, guitare, trompette). Le choix d'un accompagnement instrumental très léger (peu d'instruments et dans une nuance(intensité) piano/mezzo-forte) permet de rendre audible le texte qui porte un message important, lequel doit être entendu et compris par tous. Tonalité : Do Majeur. Le choix d'une tonalité neutre pour porter une mélodie simple facile à retenir, permettant de porter avec simplicité un message difficile à entendre, à faire accepter "je m'en vais déserter". Structure : Introduction / Strophe 1 / Transition / Strophe 2 / Transition / Strophe 3 / Coda ( conclusion) Introduction et Coda : L'introduction est jouée par des instruments à vent avec une prédominance de la trompette (avec sourdine). L'utilisation de cet instrument de la famille des cuivres fait référence au côté militaire (martial) . Elle introduit sur un tempo lent et avec un caractère grave et solennel rendu par cette introduction pourrait évoquer des funérailles militaires. Chaque strophe se divise en deux parties . Strophe 1 : L accompagnement du chant est écrit pour le piano, la contrebasse et la batterie ( les balais sur la cymbale, mode de jeu en jazz) . Un contrechant à la trompette est présent dans la deuxième partie . La mélodie de la transition est jouée par la guitare. Strophe 2 : L'accompagnement instrumental change pour illustrer musicalement les paroles (on parle alors de figuralisme) : "Quand j'étais prisonnier, on m'a volé ma femme, on m'a volé mon âme et tout mon cher passé", L'accompagnement n'est plus mélodique mais au contraire très rythmique. En effet, les instruments jouent tous en homorythmie (=même rythme) et le batteur n'utilise plus les balais mais les baguettes pour marquer le rythme et accentuer la nuance forte( timbre de la caisse-claire ). Cet accompagnement semble évoquer la détention, la souffrance physique, affective et morale de cet homme qui a souffert des précédentes guerres et qui ne veut plus revivre ces moments- là. Le piano adoucit cette sensation en fin de deuxième partie . La deuxième transition est la reprise de l'introduction. Strophe 3 : On retrouve l' accompagnement de la strophe 1 avec un contrechant dans l'aigu joué par un vibraphone . Le contrechant final est basé sur une mélodie descendante jouée par les instruments à vent . La coda : Elle comporte deux mesures . Le tempo ralentit et le piano joue le dernier accord en égrenant les notes vers l'aigu . La musique est, avant d’être engagée, un moyen pour celui qui l’écoute de s’évader, d’échapper à la réalité, de méditer. Elle constitue un moyen très immédiat d’atteindre le public qui est en permanence exposé, volontairement ou non, comme par exemple dans les supermarchés, les aéroports, les salles d’attente, à la radio entre les programmes, les boîtes de nuit. Cependant, la musique possède un pouvoir qui n’est pas toujours exploité, celui d’un pouvoir politique, qui peut être révélé : non seulement par les paroles accompagnant certains types de musique, mais aussi dans la musique elle-même et dans l’univers qui l’entoure. C’est ce pouvoir politique qui est révélé par l’engagement de certains artistes, que cet engagement corresponde à une critique, à un soutien à un parti politique, une cause ou des idées, ou simplement à une constatation subjective de l’état actuel du monde ou d’une situation précise. > REPRISES DU DESERTEUR Ce chant fut repris par de nombreux artistes dont la militante pacifiste Joan Baez pendant la guerre du Vietnam. Déserteur (1983) de Renaud extrait de l'album « Morgane de toi ». Sa reprise (titre paroles) est fortement inspirée de la chanson de Boris Vian mais la mélodie est entièrement différente. Les paroles sont beaucoup plus familières mais la contestation et le message de non violence restent conservés. Le texte est un appel à la paix et à l'amour "Je n'suis qu'un militant du parti des oiseaux, des baleines, des enfants, de la Terre et de l'eau".
Documents pareils
LE DESERTEUR Extrait 1 : version de Boris Vian 1. Le tempo est
Dans la strophe 2 de la chanson le Déserteur, l’accompagnement instrumental change pour illustrer musicalement les paroles (on parle alors de figuralisme) : « Quand j’étais prisonnier, on m’a volé ...
Plus en détail3e Fiche HDA Le déserteur
Formation instrumentale : petit orchestre (piano, contrebasse, trompette, hautbois, guitare, batterie, cordes). Le choix de l’accompagnement instrumental est très léger (peu d’instruments et dans u...
Plus en détail