Evolution et profil de la population active occupée

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Evolution et profil de la population active occupée
Observatoire bruxellois de l’Emploi
Juillet 2013
L’évolution de la population active occupée à Bruxelles, entre
effets démographiques et changements structurels de l’emploi
Au cours de cette dernière décennie, la population bruxelloise à l’emploi a augmenté de manière
nettement plus marquée que celle des deux autres Régions du pays. Néanmoins, ces bonnes
performances en termes d’évolution de l’emploi ont eu peu d’impact sur la résorption du chômage ou
sur la hausse du taux d’emploi en Région bruxelloise. En effet, les dynamiques démographiques
caractérisant la Région bruxelloise ont pour effet d’accroitre également la population en âge de
travailler. Le marché du travail bruxellois se distingue donc par une dynamique très marquée de son
emploi mais sans que cette évolution ne se reflète par une amélioration des indicateurs classiques qui
sont le taux de chômage et le taux d’emploi comme nous le verrons dans la première partie.
Dans la deuxième partie, cette évolution sera examinée selon les caractéristiques des travailleurs et du
type d'emploi occupé. On y verra un accroissement plus marqué des formes atypiques de l’emploi.
Le focus se clôturera par rapport au défi démographique et les liens avec l’emploi. En effet, les
perspectives démographiques pour Bruxelles prévoient sur 10 ans un accroissement de la population
en âge de travailler de 85.000 unités, ce qui pourrait représenter environ 55.000 nouveaux actifs sur le
marché du travail signifiant que l’emploi continuera à constituer un défi crucial pour Bruxelles.
1.
Une évolution contrastée de l'emploi
Le premier tableau montre que la population active occupée bruxelloise connait un accroissement
relatif plus important qu’en Flandre et qu’en Wallonie. En effet, sur les dix dernières années (20022012), la population active occupée bruxelloise a augmenté de 18,6% tandis qu’en Flandre et en
Wallonie la hausse est respectivement de 9,1% et de 11,7%. Sur les cinq dernières années, les écarts
relatifs sont encore plus marqués puisqu’on enregistre une hausse de 9,5% pour les Bruxellois, de 2,0%
pour la population flamande et de 3,3% pour la population wallonne.
1
Tableau 1 : Évolution de la population active occupée par région (15 à 64 ans)
Région bruxelloise
2002
2007
2012
350.085
378.971
415.030
Var. 2002-2012
en v.a.
en %
64.945
Var. 2007-2012
en v.a.
+18,6
36.059
en %
+9,5
Région flamande
2.503.737
2.678.121
2.730.645
226.908
+9,1
52.524
+2,0
Région wallonne
1.193.458
1.290.963
1.333.360
139.902
+11,7
42.397
+3,3
Belgique
4.047.280
4.348.055
4.479.035
431.755
+10,7
130.980
+3,0
Sources: SPF Économie - DGSIE (EFT), calculs Observatoire bruxellois de l'Emploi
Cette hausse de l’emploi est à contextualiser par rapport aux évolutions démographiques caractérisant
la Région bruxelloise. En effet, les évolutions démographiques sont fort contrastées entre la Région
bruxelloise et les deux autres Régions. On constate un accroissement important des nouveaux
arrivants sur le marché du travail bruxellois qui se traduit à la fois par une hausse marquée des
travailleurs mais également des chômeurs.
Tableau 2 : Évolution de la population en âge de travailler par région (15 à 64 ans)
Région bruxelloise
2002
2007
2012
642.297
692.041
769.198
Var. 2002-2012
en v.a.
en %
126.901
+19,8
Var. 2007-2012
en v.a.
77.157
en %
+11,1
Région flamande
3.941.901
4.049.974
4.144.125
202.224
+5,1
94.151
+2,3
Région wallonne
2.173.887
2.265.796
2.328.632
154.745
+7,1
62.836
+2,8
Belgique
6.758.085
7.007.813
7.241.954
483.869
+7,2
234.141
+3,3
Sources: SPF Économie - DGSIE (EFT), calculs Observatoire bruxellois de l'Emploi
Etant donné que la Région bruxelloise connaît un accroissement marqué de sa population en âge de
travailler (+20% sur dix ans), l’augmentation du nombre de travailleurs bruxellois n’est pas suffisante
pour réduire son taux de chômage ou accroître son taux d’emploi. Malgré une hausse nettement plus
marquée de l’emploi à Bruxelles, on constate en effet une légère réduction de son taux d’emploi
durant la période considérée tandis qu’il a augmenté dans les 2 autres Régions. Pour voir augmenter
son taux d’emploi, la Région bruxelloise aurait dû enregistrer un taux de croissance annuel de son
emploi supérieur à 2%.
Tableau 3 : Évolution du taux d’emploi et du taux de chômage BIT par région
Taux d'emploi
2002
Région bruxelloise
54,5
2007
54,8
Taux de chômage (BIT)
2012
54,0
2002
14,7
2007
17,2
2012
17,5
Région flamande
63,5
66,1
65,9
4,9
4,4
4,6
Région wallonne
54,9
57,0
57,3
10,6
10,5
10,1
Belgique
59,9
62,0
61,8
7,6
7,5
7,6
Sources: SPF Économie - DGSIE (EFT), calculs Observatoire bruxellois de l'Emploi
2.
Caractéristiques de cette croissance : augmentation de la flexibilité et de l'entreprenariat
Les graphiques qui suivent examinent l’évolution de l’emploi bruxellois sur la dernière décennie en
s’intéressant aux caractéristiques des travailleurs (sexe, âge et niveau d’études) et ensuite aux
caractéristiques de ces emplois : le statut professionnel des travailleurs, le régime de travail (temps
complet ou temps partiel), le type de contrat (durée indéterminée ou temporaire) et le lieu de travail.
2
Graphiques 1 à 4 : Taux de croissance de la population active occupée par région (2002 – 2012)
1. Par sexe
2. Par âge
30,0
20,0
60,0
20,5
17,0
22,5
16,6
9,1
10,0
3,4
11,7
4,1
36,5
28,0
17,0
20,0
9,2
0,0
0,0
Hommes
45,3
40,0
18,6
Femmes
RBC
RF
-20,0
Total
- 7,9
- 15,3
<25 ans
3. Par niveau d’études
15,2
20,0
0,0
-20,0
-40,0
19,7
25-45 ans
RF
32,1
32,8
33,7
50,0
30,0
20,0
- 21,7
- 28,4
21,1
17,0
10,0
15,1
13,3
10,7
1,4
0,0
RBC
Haut
RF
RW
41,5
40,0
11,9
Moyen
45-64 ans
4. Par statut
1,0
Bas
- 2,0
RBC
RW
40,0
- 5,6
2,8
- 3,5
-10,0
RW
Salarié
Indépendant
RBC
RF
Employeur
RW
Sources: SPF Économie - DGSIE (EFT), calculs Observatoire bruxellois de l'Emploi
L’emploi féminin a augmenté de façon assez similaire dans les 3 Régions du pays. Par contre, la
croissance marquée de l’emploi masculin est spécifique à la Région bruxelloise (+17%) tandis qu’il
augmentait de 3 à 4% dans les deux autres Régions. La hausse de l’emploi féminin est liée à différents
facteurs comme une hausse de leur taux d'activité, la tertiarisation de l'économie, l’évolution des
titres-services ou encore le développement des emplois à temps partiels (cf. graphiques 5 et 6).
Le graphique 2 montre que l’emploi dans les 3 Régions a surtout augmenté dans les tranches d’âge
supérieures (45 à 64 ans). La Région bruxelloise se caractérise également par une hausse importante
de l’emploi (+17%) dans les tranches d’âge intermédiaires (25 à 45 ans) alors que sur la même période
celui-ci a diminué en Flandre (-5,6%) et en Wallonie (-2%). La diminution de l’emploi observée chez les
jeunes s’explique succinctement par une plus grande sensibilité des jeunes à la conjoncture
défavorable observée ces dernières années mais également par le fait que, si le nombre de jeunes
augmente à Bruxelles, la part d’étudiants dans cette tranche d’âge s'accroît également, signifiant que
ces derniers entrent plus tardivement sur le marché du travail.
Suite aux évolutions de la structure de l’emploi, on constate que l’emploi devient de plus en plus
qualifié. Le graphique 3 indique que les travailleurs hautement qualifiés ont encore augmenté de
manière importante dans les 3 Régions du pays (+/- 33%). Par contre, si on constate une diminution de
l’emploi des faiblement qualifiés en Flandre (-28%) et en Wallonie (-22%), le niveau est resté stable en
Région bruxelloise (+1%).
Le graphique 4 montre l’évolution de l’emploi selon le statut (salariés, indépendants et employeurs). Si,
quel que soit le statut, on note une hausse relative plus marquée à Bruxelles par rapport aux deux
3
autres Régions, la hausse est nettement plus marquée pour les indépendants et les employeurs,
reflétant un entreprenariat croissant.
Graphiques 5 à 8 : Evolution des salariés par régime de travail et type de contrat (2002–2012)
5. Taux de croissance par régime de travail 2002-2012
6. Taux de travail à temps partiel par sexe
RW
54,3
60,0
48,9
46,2
1,3
0,0
5,8
Temps plein
RBC
Temps partiel
RF
RW
80,0
29,0
40,0
12,0
13,7
RF
12,7
0,0
- 5,0
-20,0
Emploi permanent
RBC
Emploi temporaire
RF
Femmes
Hommes
RW
46,3%
36,6%
9,5%
5,1%
48,2%
38,0%
9,7%
4,6%
Femmes
Hommes
12,5%
8,4%
31,7%
25,1%
2012
2002
20,0%
40,0%
60,0%
8. Taux de travail salarié temporaire par sexe
RW
63,3
60,0
Hommes
0,0%
7. Taux de croissance par type de contrat 2002-2012
20,0
RBC
10,9
RBC
20,0
RF
40,0
Femmes
11,7%
12,4%
9,0%
Femmes
Hommes
6,8%
7,6%
Femmes
Hommes
10,8%
5,6%
5,1%
Femmes
10,3%
Hommes
0,0%
13,0%
10,8%
6,9%
5,0%
10,0%
15,0%
2012
2002
20,0%
Sources: SPF Économie - DGSIE (EFT), calculs Observatoire bruxellois de l'Emploi
Le travail à temps partiel a connu une forte augmentation au cours des dix dernières années.
L’évolution a été légèrement moins importante en Région bruxelloise (+46%) qu’en Flandre (+49%) et
qu’en Wallonie (+54%). Par contre, l’emploi à temps plein a crû plus sensiblement pour les Bruxellois
que pour les travailleurs des deux autres Régions. Le graphique 6 montre que l’on assiste à une hausse
des travailleurs à temps partiel dans les 3 Régions du pays. La proportion des femmes salariées à
temps partiel reste néanmoins moins importante à Bruxelles qu’en Flandre ou en Wallonie.
Le graphique 7 enseigne clairement que l’emploi temporaire a connu une croissance nettement plus
importante en Région bruxelloise de 2002 à 2012, en comparaison aux autres Régions. Les niveaux
d’emploi temporaire (graphique 8) sont devenus plus importants en Région bruxelloise, aussi bien
pour les hommes (10,8%) que pour les femmes (13%), que dans les autres Régions (soit 5,6% et 7,6% en
Flandre et 9,0% et 11,7% en Wallonie).
4
Le graphique ci-contre montre que la mobilité
Graphique 9 : Taux de croissance de l’emploi bruxellois
par lieu de travail (2002 – 2012)
des Bruxellois a augmenté durant la décennie
puisque l’emploi exercé à l’extérieur de la Région
bruxelloise
(en
Flandre
et
en
Wallonie)
a
augmenté de manière plus marquée que l’emploi
exercé au sein de la Région bruxelloise. Il est à
noter
que
si
l’emploi
en
valeur
relative
a
40,0
30,0
20,0
augmenté plus vers la Wallonie (+33%) que vers la
10,0
Flandre (+26%), par contre en valeur absolue, il a
0,0
davantage augmenté vers la Flandre (environ +
10.000) que vers la Wallonie (environ + 5.000). Le
taux de navette sortante a ainsi augmenté sur la
période considérée passant de 15,5% à 16,8%.
3.
33,0
26,2
17,2
En RBC
En Flandre
En Wallonie
Source: SPF Économie - DGSIE (EFT), calculs Observatoire
bruxellois de l'Emploi
Perspectives démographiques – 5.500 nouveaux actifs chaque année
Si la croissance démographique marquée à Bruxelles entraînera une demande considérable en termes
de logements, d’équipements scolaires (crèches, écoles…) et d’infrastructures (notamment de
transports…), elle exercera également un effet très important sur la population en âge de travailler. En
effet, l’accroissement démographique ne concerne pas uniquement la population jeune mais aussi les
tranches d’âge dites actives (15 à 64 ans), soit une population qui devra s’insérer sur le marché du
travail. Ainsi, sur la base de l’hypothèse d’un accroissement de la population totale d'environ 140.000
personnes d’ici 2022, la population en âge de travailler augmentera de 85.000 personnes.
En partant du taux d’activité actuel (65%), on peut ainsi estimer qu’en moyenne 5.500 nouveaux actifs
de plus arriveront chaque année sur le marché du travail (soit 55.000 sur 10 ans). Ceci entraîne donc
un besoin important de création de postes de travail. Or on sait que la création de nouveaux postes
dans un territoire confiné et dans un contexte de concurrence croissante de l’espace liée aux
différentes fonctions de la ville (logement, équipement, travail, mobilité, loisirs…), peut se révéler
complexe. L’augmentation de l’emploi des Bruxellois peut se faire également par une amélioration des
mouvements pendulaires, c’est-à-dire une augmentation de la navette sortante et une réduction de la
navette entrante. Au vu de la raréfaction de la main-d’œuvre dans les années à venir (principalement
en Flandre), les besoins en main-d’œuvre vont s’intensifier dans la périphérie au cours de la prochaine
décennie. On peut donc espérer une évolution favorable de ces mouvements pendulaires.
En guise de conclusion
La croissance de l’emploi en Région bruxelloise au cours de ces dix dernières années s’explique par la
hausse marquée de la population en âge de travailler mais elle découle également de l’augmentation
des formes de travail atypiques, de la hausse de l’entreprenariat et de la plus grande mobilité des
Bruxellois. En effet, on a assisté sur cette période à une hausse marquée des temps partiels, des
emplois temporaires, des travailleurs sous statut d’indépendant et de la mobilité vers la Flandre et vers
la Wallonie.
5
Si sur cette période, la Région bruxelloise a connu une croissance de l’emploi proche du double des
deux autres Régions, elle a toutefois été simultanément confrontée à une légère décroissance de son
taux d’emploi alors qu’il augmentait en Flandre et en Wallonie.
Enfin, le défi de l’emploi continuera à constituer un enjeu majeur pour Bruxelles au vu de ses défis
sociaux actuels et des perspectives démographiques indiquant que la population en âge de travailler
continuera a connaître une croissance soutenue dans les années à venir.
Observatoire bruxellois de l’Emploi
Place De Brouckère 12, 1000 Bruxelles
http://www.actiris.be, rubrique Marché de
l’Emploi
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