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Entrevue avec Brent Potskin – Deuxième partie BP: Eh bien, je viens à Batoche depuis, euh, 1989. Euh, je suis venu ici pour participer à la compétition de gigue et je n’ai pas gagné cette année-là mais c’était mon objectif de revenir et de gagner et, en effet, en 1990 tout mon groupe de danse est venu et finalement j’ai fini par concourir dans le concours de gigue, mais pas cette fois-là, j’avais seulement 14 ans, je n’ai pas participé, je n’ai pas participé dans la catégorie junior. Je suis allé dans la catégorie adulte. Et surprise j’ai gagné et j’ai gagné trois années de suite après ça. Et c’est, aujourd’hui c’est la première fois que je gagne depuis 1994 je crois alors c’est vraiment spécial pour moi. Je suis, euh, je suis extrêmement content d’être ici et c’est, euh, c’est bien qu’on soit là depuis si longtemps et c’est comme revenir chez nous. Chaque année on vient ici et je reste sur place parce que j’aime réfléchir, j’aime réfléchir au fait d’avoir mes vieux grands-pères assis ici qui campent, qui s’amusent avec les autres ici. C’est quelque chose qui me tient à coeur parce que j’aime, euh, j’aime promouvoir ce que je fais et j’adore mon peuple et vous savez c’est une manière super de se retrouver et, vous savez, de partager notre culture avec tout le monde, vous savez, surtout les gens qui font de gros efforts pour apprendre qui ils sont, et en venant ici ça aide, ça les aide à apprendre leur identité. Alors, ça me rend heureux parce que, à chaque fois que je danse, les gens me disent : «Je n’ai jamais vu de gigue avant et je suis vraiment heureux de pouvoir vous voir danser la gigue.» Alors, je suis ravi vous savez. Je suis content d’être ici. Je peux partager ma culture de cette manière. Interviewer: Parlons un peu de la danse. Euh, ce n’est pas tout le monde qui comprend ce que c’est que la danse carrée et la gigue. Pouvez-vous expliquer ce que vous faites pour vous préparer pour une danse comme ça? Combien de pas devez-vous faire? Donnez-moi un peu plus, vous savez un peu plus de détails sur le protocole de la compétition. BP: Eh ben, le protocole de la compétition: Tout le monde doit, tout le monde doit porter le même costume je pense ou les mêmes atours. Euh, tout le monde doit porter des chaussures de danse sans fers ou claquettes. Ce n’est pas culturel de porter ça et, euh, alors je pense que c’est pour ça qu’ils encouragent ça. Mais, euh, bref, ce qui arrive aussi c’est vous qu’on vous note sur votre sens du rythme. Si tout le groupe est sur le même pied quand ils dansent la gigue, ça donne des points en plus. Vous obtenez des points pour vos enchaînements et, euh, surtout pour vos danses culturelles. Si vous, euh, si vous connaissez vos danses culturelles alors c’est bon. Interviewer: Pouvez-vous me dire les danses que vous devez faire? BP: Ouais. Euh, eh bien pour un premier changement c’est comme un pas de gigue de base plus lent. Alors vous faites ce genre de pas en suivant le câleur de danses. On n’utilise jamais de câleur ici mais plusieurs d’entre nous avons appris à câler, et on danse généralement avec des câleurs alors pour le premier changement et un breakdown il y a toujours des câleurs. Alors euh, quand on danse sur la scène, euh, pour aider les autres danseurs, on câle quand ils dansent. Alors quelquefois ça aide avec les points aussi, mais, euh, euh, dans tout ça il y tout un tas d’enchaînements. Il faut qu’il y ait des enchaînements culturels parce que euh, par exemple, pour la danse du canard, il y a trois couples qui font ça et il font un huit, alors il font le signe du drapeau métis et aussi, les gouttes de brandy. Les, les hommes font un élément avec la dame et puis ils vont vers les autres dames, alors il forment un huit comme ça. Alors euh, beaucoup de danses qui montrent qu’elles sont des danses métisses, ce sont celles qui sont reconnues et ce sont celles qui nous aident de toute manière. Interviewer: Alors vous avez, vous avez trois pas que vous faites n’est-ce pas, pour la compétition. Pouvez-vous expliquer ça? BP: Ouais. Pour un gigue de la rivière Rouge? Interviewer: Ouais, pour les trois. Je comprends que vous avez comme une valse que vous devez faire, un deuxième changement et un troisième changement pour la gigue de la rivière Rouge. N’est-ce pas? BP: Oh, y'a pas de valse. Interviewer: Oh, y’en a pas. Bon. BP: Ouais, il y a… Interviewer: Alors, quels sont les changements? BP: Et bien, les différents changements, comme l’élément à gauche, vous faites un élément à gauche pour commencer et puis un premier couple, un premier couple, euh, mène la première partie de la danse ici. Alors il n’y a pas de changements qui vont avec la musique, mais tous les changements se font par l’intermédiaire d’un enchaînement. Ces enchaînements ont été préparés pour identifier notre culture, alors, alors dans ça il n’y a pas beaucoup de changements. Mais quand nous passons à d’autres danses comme la danse du balai ou un reel de quatre ou la gigue de la rivière Rouge, ce sont les danses principales dans lesquelles vous changez vos pas selon la musique ici, heu. Et ouais, votre synchronisation, si vous commencez vos pas exactement avec la musique, dès que la musique change vous changez de pied, ça vous aide à obtenir des points aussi. Et euh, et bien ça prend longtemps à maîtriser parce qu’il faut connaître vos violoneux et il faut, il faut vraiment bien écouter. Écouter c’est votre clé même pour euh danser. Vous devez vraiment écouter dès qu’il y a un changement, vous devez changer et s’il joue vite, vous devez accélérer vous savez. S’il joue lentement, vous pouvez y aller doucement. Mais euh, il y a toujours une petite rivalité entre les violoneux et les danseurs de gigue parce que les danseurs aiment taquiner les violoneux et dire, vous savez, je vais continuer, je vais te battre au jeu et ils sont toujours en train de se mesurer et c’était comme ça dans le temps. Mais ce n’est plus vraiment comme ça maintenant. On s’aide les uns les autres, on danse comme ça et on s’amuse et, euh, vous savez c’est la partie la plus importante. Comme les danseurs de pow-wow ont leurs joueurs de tambours et leurs danseurs, nous les Métis on a nos violoneux et nos danseurs de gigue. Et c’est, c’est comme ça que c’est depuis, euh, depuis les voyages de découverte je crois.